Yay, chapitre 3! Alors, déjà, désolée pour le retard x) Je vais essayer d'update au moins une fois par semaine, ça me semble faisable. Merci à Emma Atchoum, eiko, EtincelleBleue, Melancholia Malfoy, Riska, Mel, Melusine Oriki, Mocassin et Matsuyama d'avoir reviewé les premiers chapitres.

Chapitre 3

« Eh bien vas-y, touche-moi. Qu'est-ce que tu attends ? »

Pendant que Potter prenait sa douche, Drago sortit enfin ses affaires de sa valise et les organisa dans l'armoire. Potter n'avait pas beaucoup de vêtements, il restait bien suffisamment de place pour ses affaires à lui. Il observa les jeans et les t-shirts avec attention, se disant qu'il ferait bien de porter des choses similaires pour éviter d'attirer l'attention. Il n'avait quasiment plus rien qui puisse passer pour Moldu, ses vêtements de la veille étant fichus. Il baissa son regard sur sa robe de sorcier, qui bâillait sur son torse amaigri.

« Je suis sûr que nous faisons à peu près la même taille, » se dit-il.

Avec une pointe d'hésitation, il enfila un t-shirt gris et un jean de Potter, puis s'observa dans le miroir. Ce n'était pas trop moche. Bizarrement, lui qui ne demandait jamais la permission avant d'emprunter les affaires des autres, commença à se sentir gêné. Entrer dans les vêtements de Potter, c'était un viol supplémentaire de son espace personnel. L'autre choisit ce moment précis pour pénétrer dans la chambre.

« Malefoy ? »

Potter se séchait distraitement les cheveux avec une serviette et Drago sentit l'odeur du shampooing qu'il avait lui-même utilisé la veille. Une goutte d'eau tomba de ses cheveux, plongeant directement entre ses clavicules, et l'ancien Serpentard sentit son estomac se réchauffer. Terriblement embarrassé, il regarda ses chaussures, incapable d'affronter le regard de son nouveau colocataire.

« Tu portes mes vêtements, maintenant ?

-C'est que je n'ai que des robes. »

Potter haussa les épaules. Ou du moins c'est que Drago crut apercevoir entre ses cils.

« Drago, ne te conduis pas en imbécile et regarde-le dans les yeux, bon sang »

« Bon, ça ne fait rien. C'est même une bonne idée, on sort aujourd'hui.

-Quoi, c'est tout ? » Ne put-il s'empêcher de remarquer, levant la tête.

Harry haussa un sourcil.

« Comment ça, 'tout' ?

-Je me pointe chez toi, je te chasse de ton lit, je porte tes vêtements et tu me dis que c'est une bonne idée ?

-Et tu voudrais que je te dise quoi ? s'exclama Harry en levant les bras au ciel, excédé. On a déjà établi que tu étais le bienvenu ici. À moins que tu n'aies vraiment envie que je te foute dehors. C'est ça que tu veux ?

-Non…oui…enfin...-

-Pffffff, » se contenta de siffler Harry en cherchant ses chaussures.

Mortifié, Drago fit un pas en avant et lui prit la main d'un geste impulsif. Il regretta aussitôt son action lorsqu'Harry se dégagea tout aussi vite de son étreinte et lui lança un regard froid. Plus blessé qu'il ne voulait l'admettre, Drago recula et sentit son sang se refroidir sensiblement. Toutefois, une sombre partie de lui souriait d'un air cynique : « Tu vois, même Saint Potter ne peut pas cacher son dégoût.»

« Potter, j'apprécie ce que tu fais. Mais s'il te plaît, ne te force pas. Tu fais plus de mal que de bien. »

Harry le regarda d'un air étonné puis embarrassé, ne sachant que répondre. Sans un mot, il laça ses baskets et se rendit dans le vestibule où sa veste l'attendait sur le porte-manteau. Drago le suivit, la tête pleine de gribouillis, les méninges enrayées par l'effort intensif de changer la conversation. Puis, claire comme de l'eau de roche, une question stupide lui vint à l'esprit :

« Et où va-t-on ?

-Ministère de la Magie. Je t'ai promis qu'on trouverait une solution, non ?

-Mais…si vite ? Ce n'est pas comme si on avait eu le temps de préparer une plaidoirie ou quoi que ce soit de ce genre !

-Pas besoin ! Tu ne devrais pas avoir à demander la permission pour accéder à ton propre compte chez Gringotts.

-Si ! Tu écoutais quand j'expliquais qu'ils n'avaient pas fini de le fouiller ?

-Bordel, Malfoy ! Ce n'est pas comme s'il leur était impossible de sécuriser quelques milliers de gallions en attendant. De quoi as-tu peur ?

-R-Rien. »

Drago s'enfonça les mais dans les poches de son j- non, du jean de Potter- pour cacher ses paumes moites. La vérité était qu'il avait la trouille de retourner au Ministère. Mais au moins, il avait toujours le trajet pour se calmer, non ? Il déchanta rapidement en voyant Potter sortir sa baguette et le regarder dans l'expectative.

« Quoi, on transplane ? Ne me fixe pas comme ça, tu sais très bien que je n'ai pas de baguette.

-Tu ne m'as pas dit pourquoi, d'ailleurs. On te l'a confisquée ? Bon, ce n'est pas le sujet, attrape-moi.

-Non, toi attrape-moi ! » S'entendit-il répondre automatiquement.

Roulant des yeux, Potter lui saisit le bras fermement et ils disparurent dans un craquement. Transplaner avec lui était vraiment, vraiment très inconfortable, nota-t-il en se sentant compressé. Il fut rassuré lorsqu'ils atterrirent dans une sorte de cabine isolée par un rideau. Potter lui lâcha immédiatement le bras et le toisa.

« Plutôt pas mal, on ne s'est même pas désartibulés, dit Malfoy d'un air moqueur.

-Tu es sûr ? » Rétorqua Potter en regardant le haut de son crâne d'un air critique.

Drago se passa rapidement une main dans les cheveux, s'assurant que tout était encore là.

« Ha-ha, très drôle, Potter. Et au fait, quelqu'un lui a marché dessus.

-Qui?

-Ma baguette. »

Potter le regarda avec des yeux amusés et quelque chose passa entre eux. Ils pénétrèrent ensuite dans une vaste salle de conférence vide où était accroché le portrait de Fol-Œil. Drago crut faire une crise cardiaque lorsque l'œil magique du vieux sorcier vint se poser sur lui et que les coins de sa bouche se crispèrent de manière fort déplaisante.

« Où est-ce qu'on est, Potter ? demanda Drago, le souffle court.

-Bureau des Aurors, deuxième étage C'est toujours par là que je passe.

-Et il n'y a personne ?

-Tout le monde est généralement mobilisé les samedis.

-Intéressant. »

Ils sortirent de la pièce. Dehors, en revanche, le Ministère grouillait de vie. Des dizaines de sorciers s'activaient dans les couloirs, à croire qu'une grande partie de leur travail consistait à se déplacer d'un endroit à l'autre d'un air pincé. Potter entraîna Drago dans un ascenseur bondé et ils se retrouvèrent presque collés contre les portes. En réalisant que le grand Harry Potter se trouvait parmi eux, les employés se tassèrent au fond de l'appareil pour lui laisser de la place. En revanche, ils regardèrent Drago avec tellement d'acrimonie que ce dernier sentit les poils fins de sa nuque se hérisser. N'ayant rien manqué de leur petit manège, Potter se rapprocha de lui pour lui murmurer à l'oreille :

« Je comprends mieux, maintenant. »

Drago fut légèrement troublé lorsque son souffle tiède lui caressa la peau, et encore plus lorsque les autres sorciers leur lancèrent des regards complètement sceptiques. Enfin, les portes s'ouvrirent et la totalité des employés s'engouffra par la sortie, les laissant seuls.

« Eh bien, pas trop tôt, souffla Harry en pressant le bouton du dernier étage. Tu sais où on va, j'imagine.

-Dernier étage ? Tu veux dire qu'on va voir Shacklebolt en personne ?

-En effet. Je lui ai écrit, hier. »

Drago retint un petit soupir de dépit en mesurant l'influence de Potter. Un rictus s'installa sur son visage.

« Pourquoi tu fais cette tête ? lui demanda Potter.

-Rien. Enfin, si. Je me disais que nos positions étaient diamétralement opposées, maintenant. »

Le « ding » de l'ascenseur leur signifia qu'ils étaient arrivés. Ils pénétrèrent dans un couloir vide à l'exception du bureau d'une petite secrétaire brune aux cheveux frisés que Drago ne connaissait que trop bien. Mlle Zoïle leva la tête et ses narines frétillèrent de déplaisir lorsqu'elle posa les yeux sur l'ancien Serpentard.

« Je ne crois pas que vous ayez rendez-vous, Monsieur Malefoy, dit-elle froidement.

-Lui non, mais moi si, » intervint Harry, qui depuis leur arrivée au Ministère semblait de plus en plus mécontent par ce qu'il découvrait.

Les yeux de la jeune femme s'écarquillèrent en remarquant sa présence et, rougissante, elle tournicota distraitement une mèche de ses cheveux.

« Ah oui, Monsieur, Potter, c'est certain. Et à l'heure, en plus. Pourquoi ne patientez-vous pas sur l'une des chaises ? Je vais prévenir Monsieur le Ministre de votre arrivée, » gazouilla-t-elle avec bonhomie en attrapant un morceau de parchemin.

Son sourire servile dégringola immédiatement de son visage lorsqu'elle vit Drago et Potter s'asseoir l'un à côté de l'autre.

« Pardonnez-moi, mais… êtes-vous venus ensemble ? »

Drago ne savait pas qui de lui ou de la pouffiasse rougissait le plus.

« C'est exact. Cela pose-t-il un problème, Mademoiselle ? » Demanda Potter avec une froideur dont Drago aurait été fier s'il n'était pas déjà occupé à jeter mentalement un mauvais sort à cette crétine de Zoïle. On ne savait jamais, non ?

« Heu…attendez, » dit-elle en jetant un coup d'œil inquiet en direction de la porte les séparant du Ministre.

Elle griffonna un mot sur un morceau de parchemin, qui s'envola ensuite jusque dans l'autre salle en s'engouffrant sous la porte. Ne recevant aucune réponse au bout de cinq minutes, elle se leva sous les yeux sceptiques de Potter et de Drago et alla elle-même taper à la porte. Elle ressortit du bureau du Ministre après un assez court instant et revint se placer derrière son secrétaire. Son visage exprimait de la gêne lorsqu'elle s'adressa à Potter :

« Je suis vraiment navrée, mais Monsieur le Ministre a un empêchement de dernière minute et il ne sera pas en mesure de vous recevoir.

-Ce doit être une blague ! s'exclama Harry en se levant de sa chaise. Il m'a écrit pas plus tard qu'hier soir pour me signifier qu'il était libre ce matin.

-Je suis vraiment navrée.

-Un autre jour, alors ?

-Je ne suis pas en mesure de reporter. Monsieur le Ministre est très occupé en ce moment, avec la reconstruction de notre monde… détruit par certaines personnes, » souffla-t-elle en regardant Drago d'un air condescendant.


« Je n'arrive pas à le croire ! s'exclama Potter lorsqu'ils furent attablés dans un petit café moldu à l'extérieur.

La serveuse qui leur apporta les menus les regarda avec étonnement et continua de les fixer en nettoyant la table d'à côté. Potter dut la regarder sévèrement pour qu'elle arrête.

« C'est pourtant facile à comprendre. Ils se vengent sur les Sang-Pur, leur heure de gloire est enfin arrivée.

-Non, ça n'a rien à voir. Enfin si… Écoute, dès qu'on rentre, j'envoie une lettre à Hermione.

-Qu'est-ce que Granger vient faire là-dedans ?

-C'est elle qui s'en est rendu compte en premier. J'ai cru qu'elle exagérait, mais en fait c'est beaucoup plus grave que je ne le pensais.

-Mais enfin, de quoi tu parles ?

-De tes gallions, Malefoy. Et pas que des tiens. Il y a aussi les comptes des Goyle, des Rosier, des Perkins-

-Tous des anciens Mangemorts.

-Attends, laisse-moi terminer. Il y a les Greengrass aussi. C'étaient des Mangemorts, les Greengrass ? »

Drago se sentit pâlir en entendant cette ébauche de théorie.

« Tu veux dire que le Ministère pille notre argent pour se reconstruire ?

-On dirait bien que c'est le cas, mais on ne peut pas en être sûrs. En tout cas, ça expliquerait pourquoi Kingsley a soudainement refusé de me recevoir quand il a su que j'étais avec toi. Le seul moyen de le savoir serait-

-D'aller à Gringotts ?

-Ou du moins de contacter un briseur de sorts qui travaille pour la Banque. »

Les têtes lourdes de plans et d'hypothèses, ils se turent un instant et contemplèrent les menus sans rien y voir. Tout à coup, Drago sentit une vague de colère passer directement de son estomac à sa gorge.

« Alors c'est pour ça que tu m'héberges ? Pour que Granger et toi puissiez tester votre petite théorie ? Cracha-t-il avec animosité. J'aurais dû m'en douter !

-Quoi ? Mais de quoi tu parles !

-Tu fais semblant d'être un bon samaritain, mais en fait tu m'utilises pour gagner encore plus de gloire. Comme si tu en avais besoin ! »

Dehors, il avait commencé à pleuvoir. Potter se leva, avec l'air de très sérieusement avoir envie de le gifler. Sans demander son reste, Drago se précipita hors du restaurant et sous la giboulée. La cloche de la porte tintant derrière lui lui indiqua que Potter le talonnait. Du feu dans les veines, il accéléra le pas.

« MALEFOY ! Reviens, putain ! »

Drago se mit à courir, mais Potter était plus rapide. L'ancien Gryffondor lui asséna un violent coup de coude qui les précipita tous deux dans une ruelle. Drago émit un gémissement étouffé lorsque son dos heurta une échelle de secours. Mais Potter n'en avait cure. Des flammes dans les yeux, ses mains saisirent des poignées de cheveux blonds pour forcer l'autre à le regarder dans les yeux.

« Alors tu crois que je fais tout ça pour la gloire ? Mon pauvre vieux, tu es vraiment pire que je le croyais.

-Ferme ta gueule ! Si c'est le cas, alors au moins dis-le franchement. Mais arrête de faire semblant que tu en as envie alors que tu ne supportes pas que je te touche, putain. »

Drago était en colère depuis des jours. Que dire, des mois ! Mais au feu de son courroux se mêlait immanquablement la tristesse d'être ostracisé. Des larmes d'énervement lui piquèrent les yeux et il fut content qu'elles fussent dissimulées par la pluie. Il leva les yeux vers les gros nuages gris qu'il pouvait apercevoir dans l'espace étriqué entre les deux immeubles. Dieu, il pleuvait à torrent.

« Mais enfin, de quoi tu parles ? reprit Potter avec plus de douceur, sans toutefois relâcher l'emprise qu'il avait sur les cheveux de Drago.

-Quand je t'ai pris la main pour te remercier, ce matin.

-Tu voulais me remercier ? Quoi, c'est à cause de ça ton cinéma ?

- Ça et puis plein d'autres choses.

-Pfff non mais je rêve. Eh bien vas-y, touche-moi. Qu'est-ce que tu attends ? »

Drago essaya de se défaire de son emprise, mais Potter refusait de le lâcher. Une main sur son torse, il poussa de toutes ses forces. Ils luttèrent quelques minutes, puis, à bout de force et à moitié noyés par la pluie, ils s'arrêtèrent et se mesurèrent du regard. L'adrénaline lui brûlait le corps et il put voir dans les yeux de Potter que ce dernier ressentait vraisemblablement la même chose. De l'excitation, une fièvre des muscles restés trop longtemps inactifs. Dans l'affrontement, Drago avait réussi à lui empoigner le col. Un fusible sauta dans son cerveau et sans réfléchir, il tira en avant de toutes ses forces.

Le peau-contre-peau fut douloureux. Les dents de Potter rencontrèrent maladroitement sa lèvre inférieure, qui se mit à se dégorger de son sang. Drago ferma les yeux. Le goût de ferraille dans sa bouche lui rappelait cette fois-là, dans la salle de bains, où Harry avait utilisé un sortilège dont il ignorait le nom pour lui taillader la peau. Le rouge avait coulé à flots, ce jour-là. Après -il s'en souvenait très bien, à présent- il avait eu envie de le retrouver pour lui faire du mal. Le griffer, le frapper, peut-être même le tuer. Mais ce n'était rien comparé à l'instant présent. Non, là tout de suite, Drago était trop occupé à se laisser marquer au fer rouge par une sensation qu'il savait qu'il n'oublierait jamais. Au bout de ce qui sembla être une éternité, ils se séparèrent pour reprendre haleine.

Sur les lèvres d'Harry, deux blessures rougeâtres indiquèrent à Drago que la défaite n'avait pas été complète. Alors, il y avait un peu de ce sang-là dans sa bouche, hein ?

Le ciel s'éclaircit peu à peu et bientôt un rayon de soleil anémique vint les trouver dans la ruelle. Drago leva les yeux au ciel. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas senti aussi soulagé.