Chapitre 4: Mises au point


PDV Mélanie

Jared dort encore à poings fermés lorsque je m'éveille. Les réveils avec lui ont toujours été… torrides. Jamie a certes déserté la chambre avant moi mais je ne tiens pas à prendre le risque de le voir débarquer à tout instant. Je jette un dernier regard à la silhouette alanguie contre le matelas, à cette peau bronzée, zébrée des reflets du jour qui filtrent au travers des crevasses et m'éclipse comme une voleuse, sur la pointe des pieds.

La cuisine est animée, une odeur délicieuse de café flotte dans l'air. Les gamelles tintent près du grand four, Trudy s'attaque à une vaisselle monumentale tandis que quelques travailleurs s'attardent aux différentes tables, désireux de repousser un peu leur corvée aux parcelles. Jamie discute joyeusement avec Jeb. Un sourire illumine le visage du patriarche lorsque je m'assoie avec eux, déposant un bol de café fumant et une tartine de pain devant moi.

_ Bonjour Gab- Mélanie.

Je me fige, tout aussi surprise que lui à en juger son air. Il gratte son crâne dégarni, gêné :

_ Désolé.

Inconscient de ce léger malaise, Jamie me sourit, d'un sourire qui illumine son visage et remonte jusqu'à ses oreilles.

_ Mélanie ! Tu as bien dormis ? Je ne t'ai pas réveillé tout à l'heure ?

_ Ne t'inquiète pas Jamie. J'ai très bien dormis.

_ Comment te sens tu ? Ça va ?

_ Bien, je t'assure.

J'avale une gorgée du breuvage chaud et sucré avec délectation. Je tente de me souvenir de la dernière tasse que j'ai avalée, sans y parvenir. Le café ici est déjà rare, sans compter que Gaby ne l'appréciait pas du tout. Par excès d'humilité, elle n'aurait de toute façon jamais accepté cette denrée rapportée au prix d'une dangereuse expédition.

_ Jared n'a pas trop ronflé ? lance Jeb avec une drôle de mimique aux lèvres : il a un sacré nombre d'heures de sommeil à rattraper.

_ Jared ne ronfle jamais, proteste aussitôt Jamie en se renfrognant : mais il a beaucoup bougé cette nuit.

_ Tiens donc, relève Jeb en me jetant un regard appuyé.

La situation me parait gênante, je change de sujet :

_ Combien de temps suis-je restée inconsciente ?

Jeb pensif, passe une main dans sa barbe :

_ Pratiquement quarante-huit heures.

Je termine mon bol, silencieuse. Jared a donc passé tout ce temps à me veiller. Je comprends mieux pourquoi il ne s'est pas réveillé lorsque j'ai quitté la chambre. Son sommeil est d'ordinaire très léger. Le moindre bruit, le moindre mouvement le réveille. Rester plusieurs jours, voire plusieurs semaines en expédition l'a conditionné à être en alerte constamment. Il a du mal à perdre cette habitude une fois rentré.

_ J'étais inquiet, avoue Jeb. Nous l'étions tous pour toi.

Jamie grimace, puis fronce les sourcils :

_ Mais Gaby était gentille ! Maintenant tout le monde sait qu'elle n'a pas menti : tu étais bien là, avec elle.

_ Oui, j'ai toujours été là.

Je souris mais ma poitrine se serre. Gaby ne savait pas mentir. Elle était la bonté même. Nos larmes sur le lit de l'infirmerie me reviennent en mémoire. Sa tristesse, sa mélancolie à l'idée de nous quitter, de s'éclipser après ces retrouvailles. Son malaise à l'idée de ne jamais trouver sa place. Ses remords envers Ian. Je frémis. Gaby…

_ Gamin, tu es déjà en retard pour l'école. Sharon va te passer un savon si tu n'y vas pas tout de suite.

_ Mais oncle Jeb…

Jamie marmonne, proteste, mais Jeb se montre inflexible.

_ Mel on se verra tout à l'heure?

Je tente de reprendre contenance.

_ Oui Jamie. Bien sûr.

Il quitte la cuisine, morose tandis que je le suis des yeux. Il a grandi plus vite qu'il n'a grossi. Son corps est filiforme et ses jambes noueuses. Il passe l'ouverture qui mène aux galeries et je remarque alors une silhouette postée dans l'ombre. Ce regard bleu je le reconnais. Ian se fige. Une brève seconde s'écoule avant qu'il ne rebrousse chemin et disparaisse à son tour. Je reste interdite et confuse.

_ Je me suis posé des questions ces derniers temps. Beaucoup de questions, reprend Jeb en me dévisageant avec une curiosité non feinte : Tu le sais, j'ai longtemps été le seul à vous croire, Gaby et toi. Les autres sont devenus complètement hystéros lorsque l'on a ramené Gaby avec nous. La théorie du complot, les traqueurs… Mais toute cette histoire ne tenait pas la route. Qu'est-ce qui aurait poussé une âme à quitter la civilisation et risquer sa vie dans le désert pour retrouver des humains qu'elle n'avait jamais connu ? Quelle motivation pouvait-elle avoir ? Ca n'avait pas de sens. Il devait y avoir une raison. Elle devait avoir un moteur.

Ses yeux, qui vagabondaient distraitement depuis quelques secondes dans la cuisine, se posent à nouveau sur moi. Il croise les mains contre son menton, pensif :

_ Comment as-tu pue l'amener jusqu'à nous ? Comment a-t-elle réussie à te faire confiance ? Toi, une humaine.

Je termine mon bol de café :

_ Elle était dans mon corps. Elle avait accès à mes souvenirs, elle connaissait mes sentiments.

_ Dès le début ? Elle avait accès à ton passé ? Elle savait où nous étions et elle n'a rien dit ?

_ C'est plus compliqué que ça. Je tentais de faire écran, de l'empêcher de voir, mais c'était impossible de me contrôler tout le temps. La… cohabitation n'a pas été facile, au début. Je lui menais la vie dure, à cette étrangère, à ce mille-pattes qui prenait possession de mon corps.

Je repense à nos rêves, à mes souvenirs brusquement étalés à ses yeux, aux moments avec Jared… et à cette horrible traqueuse. Un frisson me secoue.

_ Elle faisait son boulot. On l'avait inséré pour obtenir des informations. Elle a joué le jeu au début, elle répondait à leurs questions, mais elle à finit par comprendre que si elle continuait, ils tueraient Jamie, Jared et vous tous. Un jour, la traqueuse a insinuée qu'ils allaient mettre enfin la main sur vous et…

Je déglutis, Jeb hausse ses sourcils.

_ Et ça a été plus fort que moi. Gaby n'a pas réussi à m'arrêter.

_ Qu'est-ce que tu as fait ?

_ Je suis passé au-dessus, j'ai réussi à reprendre le contrôle quelques secondes. J'ai tenté d'étrangler la traqueuse.

Jeb lâche un rire nerveux. Ses yeux demeurent graves.

_ Il a alors été question d'ôter Gaby, de la placer dans un autre corps car le mien était trop résistant pour une âme néophyte, non initiée aux pulsions humaines. La traqueuse voulait prendre sa place pour obtenir votre localisation avant de me tuer. J'ai supplié Gaby de partir et elle a acceptée à la condition que nous allions rejoindre son soigneur.

_ Son quoi ? Ils leur attribuent des soigneurs ? Comme dans les zoos ?

_ C'est un peu ça. Comme tu le sais, lorsque les traqueurs me sont tombés dessus, j'ai tenté de leur échapper en sautant dans un puit d'ascenseur. Mon corps était dans un état critique. Leur médecine est très efficace comme tu as pu le voir avec Jamie, il ont pu me remettre sur pied mais j'étais une rebelle et Vagabonde venait d'un autre univers, elle avait habité dans d'autres corps mais qui – d'après elle – étaient loin d'être aussi compliqué à intégrer. Les soigneurs sont là pour guider les nouveaux arrivants. Ils sont là pour que les âmes apprennent à apprivoiser leur nouveau corps.

Jeb approuve.

_ Donc elle voulait chercher de l'aide auprès de son soigneur. Il n'était pas sur place ?

_ Non, ils ont plusieurs patients et il avait été appelé à Fort Worth. Je l'ai aidé à s'évader du centre. Elle a pris la route pour tenter de le rejoindre mais je l'ai distraite pour lui faire perdre la notion du temps et l'empêcher de voir la route. Elle s'en est aperçue, a tenté de faire demi-tour, mais là encore je l'en ai empêché en provoquant un accident. Nous étions dans le désert, il fallait marcher et elle ne voyait pas d'autres solutions que de me faire confiance. Tu nous a trouvé juste à temps.

Je me rends compte à quel point elle a souffert par ma faute et ô combien ma conduite à faillit nous tuer à plusieurs reprises.

Jeb presse ses mains l'une contre l'autre sur la table, songeur.

_ Qu'est-ce que ça fait de vivre à deux dans le même corps? De rester bloqué à l'intérieur ?

Je sursaute. Ce n'est pas Jeb qui vient de poser cette question. C'est une voix grave dans mon dos : Kyle. Je me retourne, stupéfaite, constatant au passage que tous les autres présents dans la cuisine ont arrêtés ce qu'ils faisaient pour m'écouter : Trudy, Paige, Doc et même Maggie.

_ C'est frustrant de ne plus pouvoir s'exprimer, de ne pas être entendue, d'être invisible. Mais le plus dur c'est de gérer les émotions : celles de Gaby et les miennes. Nous étions influencées l'une par l'autre et la tristesse ou la peur s'ajoutent assez douloureusement.

Je m'arrête, la gorge nouée. Je n'ai pas envie de m'engager sur ce terrain devant eux. Je ne vais pas tenir. Je lis la culpabilité dans certains regards. Pas chez Kyle évidemment, mais Maggie touche le bout de sa tresse, comme si elle y épluchait quelque chose. Le silence qui me répond confirme le malaise général. Tous ont été méfiants et c'était légitime. Je ne veux pas les mettre dans l'embarras, ce serait profiter de la situation.

On dirait Gaby.

Je souris malgré moi à cette pensée. Elle serait surprise et fière de mon calme.

_ Est-ce que tu nous voyais ? lance Doc au bout d'un moment.

_ Oui. Je voyais ce qu'elle voyait, j'entendais et je ressentais tout ce que Gaby vivait. Mais ce n'était pas moi aux commandes et c'était ses yeux que vous voyiez. Je ne pouvais pas communiquer.

Jeb soupire près de moi. Après une brève hésitation, il s'approche pour poser sa main sur la mienne :

_ Je suis désolé Mélanie. Pour tout ce que tu as subi.

Ce n'est pas à toi de t'excuser pour les autres Jeb.

Voilà ce que j'aurais sans doute rétorqué à l'assemblée sans avoir eu Gaby dans la peau durant tous ces mois.

_ Il n'y a pas que moi qui souffrais de la situation. Ça n'a pas été facile pour Gaby non plus. Elle était terrifiée, au tout début.

Je préfère en rester là. Décidément, je vais devenir aussi gentille qu'elle. Les autres ont entendu et pour le moment, il semblerait que les remords les empêchent encore de me parler.

_ Doc ?

Il tourne son visage vers moi.

_ Que s'est-il passé exactement une fois Gaby endormie ?

_ Eh bien, peu après t'avoir endormi, Jared est arrivé et s'est montré disons… très persuasif.

_ Comment ça ? Qu'a-t-il fait ?

Il a un sourire amusé :

_ Un couteau sous la gorge est assez dissuasif. Il m'a dit qu'il avait tout entendu, qu'il était resté dans le couloir, juste à l'entrée de l'infirmerie et qu'il n'avait pas l'intention de me laisser faire. Je ne voulais pas moi non plus en arriver là, il a été une bonne excuse. Ian est ensuite arrivé quatre à quatre, au bord de la crise de nerf et nous a trouvé, moi le scalpel à la main et Jared avec son couteau. C'est lui qui a procédé à l'extraction de Gaby.

Ian… évidemment. Si seulement Gaby le savait.

Je soupire, déstabilisée:

_ Elle était si déterminée, elle voulait en finir et je ne pouvais pas l'empêcher de dire ce qu'elle t'a demandé. Cela faisait plusieurs jours qu'elle y pensait. Elle se sentait de moins en moins à sa place, elle ne voulait pas vivre si cela me condamner à être prisonnière dans mon propre corps. J'étais triste, si triste de la perdre et tellement furieuse de ne pas pouvoir lutter, de ne pas réussir à passer au-dessus pour… pour…

J'en tremble et Jeb tend la main pour me frotter l'épaule tandis que je hoquète :

_ Pour l'arrêter. Pour l'empêcher de te dire toutes ces âneries.

Je dois la survie de Gaby à eux deux mais si Jared n'avait pas changé son fusil d'épaule à temps, Ian serait arrivé trop tard à l'infirmerie pour sauver Vagabonde. Tout cela s'est joué si vite. Elle a failli perdre la vie et le pire c'est qu'elle ignore encore cet état de fait. Elle ignore qu'elle est encore vivante, elle se croit scalpée ou écrasée par le pied de Doc à l'infirmerie puisqu'elle s'est endormie, comme moi, avec cette perspective affreuse.

Oh, Gaby…

J'espère que les âmes s'endorment lorsqu'elles sont placées dans leurs cuves, comme nous tombons dans le coma et qu'elle se réveillera bientôt dans un corps qui sera le sien. Nous devons lui en trouver un. Il faut absolument lui en trouver un. Je dois voir Ian, il faut que nous en discutions. Peut-être a-t-il des doléances à communiquer sur le corps qu'il souhaiterait voir attribué à Gaby ?

_ Mélanie, je t'assure que Gaby est en sécurité maintenant. Ian ne la lâche pas une seule seconde. Il ne la lâchera pas tant qu'elle sera dans cette cuve.

Il a raison. Elle ne pouvait trouver gardien plus dévoué pour assurer sa protection. Je hoche la tête. Il faut que je me reprenne. Jeb se lève pour gagner la cuisinière. Il revient quelques instants plus tard pour déposer deux autres tasses de café fumantes devant nous. Il claque légèrement la sienne contre la mienne, comme s'il trinquait.

_ A ton retour parmi nous.

Je lève ma tasse, avalant une gorgé du breuvage chaud.

PDV Jared

J'ouvre les yeux en sursaut. Il me faut quelques secondes pour comprendre où je suis. Dans ma propre chambre et non à l'infirmerie à veiller Mélanie. Pour la première fois depuis longtemps, la nuit a été calme. Pour la première fois depuis longtemps, j'ai réussis à m'endormir aussitôt et à me réveiller presque serein. Je cligne des yeux sur la chambre, baignée par les rayons du soleil qui zèbrent le sol et les murs de rayures dorées. J'étends le bras machinalement mais ce dernier ne rencontre aucun corps sur le matelas. Je me tourne aussitôt, constatant frustré que je suis seul dans la chambre. L'oreiller est vide, tout comme la deuxième paillasse accolée à la mienne. Mel a disparu sans que je l'entende.

Merde.

Un étrange mélange de déception et de soulagement m'envahit. Déçu de ne pouvoir me réveiller à ses côtés, pour la première fois depuis longtemps mais soulagé car je prends conscience de l'état dans lequel je suis. Il faut absolument que je prenne une douche.

J'attrape une pille d'affaires propres, encore épargnées par la poussière ocre des grottes, j'effleure ma repousse de barbe rêche et décide de prendre aussi un rasoir avant de filer à la salle de bain commune. Les couloirs sont désert, je bifurque et arrive à la salle des cuves. C'est en quatrième vitesse que je me déshabille pour me laver. Je plonge dans le bassin. L'eau me paraît fraiche comparée à la touffeur ambiante. Le savon rapporté par Gaby est tout de même appréciable. En plus du parfum, il est bien plus agréable de se savonner sans avoir les mains en feu. Il est vrai que ce décrassage n'est pas du luxe après les deux jours passés à l'infirmerie. Je me lessive copieusement, me rince puis me savonne les joues et le menton pour me raser.

Je suis à la fois excité, nerveux et terriblement inquiet. Mel est de retour, je ne parviens pas à l'intégrer, à le réaliser, même après une nuit passée à côté d'elle. J'ignore comment procéder. Je ne parviens pas à saisir son humeur. Quelle était la part des sentiments de Gaby là-dedans ? M'aime-t-elle encore malgré le temps passé et la cohabitation avec le mille-pattes ?

Elle doit m'en vouloir, c'est certain. Elle n'a pas voulu de moi hier soir. Elle a imposé une distance. Quoi de plus légitime ? Mel à vue à travers les yeux de Gaby la pire facette de ma personnalité, celle que je me suis toujours efforcé de lui cacher. J'ai été méfiant, froid, buté, manipulateur et violent. Je l'ai envoyé contre un rocher lorsqu'elle est entrée pour la première fois dans la grotte. Je songe à cet appel étranglé, ce « Jared », qui s'est échappé de sa bouche juste avant que je ne lui décoche cette baffe. Etait-ce un appel de Gaby ? Etait-ce le sien ? Comment pourrait-elle encore me supporter ? Comment pourrait-elle me tolérer après tous ces jours terrée dans son trou, à pleurer, à avoir peur et à se recroqueviller à mon approche.

_ Argh !

La lame du rasoir vient d'entailler ma joue.

_ Qui est là ?

Des bruits de pas résonnent dans la galerie menant à la salle de bain puis s'arrêtent. C'est Ian, je reconnais sa voix.

_ Jared. Je suis seul.

Le silence me répond tandis que je rince le rasoir avant de plonger tête la première dans la cuve, enlevant le reste de mousse sur mon visage.

_ J'ai terminé : la place est libre.

Je quitte le bassin pour m'enrouler la taille dans une serviette. Malgré la pénombre, je distingue sa silhouette qui avance lentement dans la salle circulaire. Il pose quelque chose sur le sol et un tintement métallique résonne. Une diode bleue clignote et répand un faisceau lumineux le long du sol. La capsule. Il l'a encore avec lui, même pour se laver.

Je m'essuie rapidement les cheveux et enfile mes affaires propres. Ian reste silencieux et attend visiblement que je sorte.

Au moment où je m'apprête à quitter la salle, il demande :

_ J'aimerai savoir quand est prévue la prochaine expédition ?

Le garde mangé est encore plein à craquer. Je devine sans mal qu'il ne compte pas ramener des denrées alimentaires… Cependant, il faut se montrer pragmatique. Nos récentes expéditions et les enlèvements successifs ont accru la méfiance des mille-pattes.

_ Je ne veux prendre aucun risque : puisque c'est une femme qu'il faut approcher, j'ai besoin d'une femme avec nous, dans l'équipe, pour éviter les soupçons. J'ignore quand nous partirons. Dans quelques jours, peut-être. Le temps de s'organiser et dès que Mel sera prêtre à reprendre du service. Elle doit reprendre des forces.

_ Oui, bien sûr. J'attendrai.

Sa voix est enrouée. J'ajoute :

_ Je sais que nos rapports n'ont pas été des plus cordiaux ces derniers temps. Je me suis comporté comme un con, je crois. Tu vas retrouver ta Gaby, Ian.

Il approuve d'un hochement de tête, sans me répondre avant de commencer à retirer son t-shirt. Je quitte la pièce.