Note : Oui, voilà, j'ai craqué. Je veux dire, bien sûr que j'ai craqué parce que Kingsman regroupe absolument tout ce qu'il faut selon moi pour obtenir une putain d'histoire, avec : deux protagonistes aussi complexes que sexy, des flingues, de l'action, des Putain et Bordel de merde à foison, du tweed et du whisky.
Patient Wolf se concentrera en un nombre indéterminé de chapitres sur les leçons données par Harry à Eggsy pour devenir un Kingsman - très globalement inspirées par le film mais que vous pourrez néanmoins lire sans l'avoir vu, pour les curieuses et curieux. Les chapitres ne se suivront pas forcément mais il y aura quand même une trame de fond et une progression (parce que je reste SomeCoolName malgré tout ;) ).
Le titre est inspiré de la citation de Lana Turner "A gentleman is simply a patient wolf" ("Un gentleman est simplement un loup patient.")

Rating : M, vu que je ne vois pas comment je pourrai faire autrement avec tous les jurons, les scènes de combat et bien évidemment le smut prévu. Il y aura donc une histoire entre Harry et Eggsy, à tendance DomSub (oui, ma marque de fabrique habituelle). Comme dans chacune de mes histoires, cette relation est entièrement saine et consentante et pour celles et ceux qui ne voudront pas lire les chapitres comprenant du smut, ils seront notifiés en introduction.
Pour celles et ceux qui m'ont déjà lu, Patient Wolf sera infiniment plus smutty et corsée que mes autres écrits.

Bêta : Pour une fois, je fais sans (j'aime vivre dangereusement). Des fautes se glisseront donc dans mes chapitres mais croyez-moi, je les condamne autant que vous. Aussi, je n'ai pas de rythme de publication précis prévu, ce qui veut dire que je peux finir par publier trois chapitres la même semaine si le cœur m'en dit. La longueur des chapitres peut aussi varier selon la leçon abordée.

Mais aussi : Je remercie tout d'abord Maya Holmes pour son soutien précieux.
Je me permettrai d'utiliser quelques mots en anglais (principalement des insultes) parce que, pourquoi pas ! Je pense aussi accepter certaines de vos propositions de leçons qu'Harry devrait inculquer à Eggsy donc n'hésitez pas à me proposer vos idées (du simple cours de jardinage, à une leçon impliquant une partie plutôt intime de son anatomie) par MP ou en review. En parlant de review, si cette histoire vous plait, faites-vous plaisir et n'hésitez pas à mettre un commentaire, vous feriez de moi la fille la plus heureuse de mon quartier ! (Et être heureuse parce qu'on écrit des fanfics par passion et que des gens vous lisent, c'est quand même la classe).


S'il avait été donné l'occasion à Harry Hart de résumer en deux mots l'essence même de ce qu'être un Kingsman était, il aurait tout d'abord pris son verre de Talisker de 18 ans d'âge en main, aurait fait tourner le liquide ambré en deux mouvements de poignet dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, puis en aurait savouré une gorgée tiède avant de répondre de sa voix si sophistiquée :

« Les bonnes manières. »

Évidemment, il y avait tellement plus de choses à dire sur ce métier, si le mot métier pouvait être utilisé pour décrire la raison qui poussait ce groupe d'Anglais à traquer, espionner, torturer, nuit et jour, jour et nuit, jusqu'à ce que la mort ne les emportent. S'ils étaient assez chanceux.

Lorsqu'il devait passer ses soirées seul dans son bureau du troisième étage de cet immeuble de l'Ouest de Londres, Harry Hart aimait s'imaginer interviewé, assis face à une journaliste lui demandant de parler de ses missions et trouver les mots pour expliquer l'ensemble avec le plus retenue possible devenait alors un casse-tête sommes toutes assez plaisant - et qui avait au moins le mérite de faire passer le temps, avant que le devoir ne l'appelle.

Bien sûr, il n'aurait jamais accepté une telle invitation à parler de sa vie, même si, pour n'importe quelle raison, Kingsman était révélée au grand jour, avant que les médias ne se l'approprient avec la bénédiction du gouvernement. Un gentleman ne parlait jamais directement de lui.

Et Harry Hart était un gentleman, de sa façon d'ouvrir les paupières lorsque son réveil sonnait le matin, à sa manière de presser la gâchette de son para 9mm en visant la gorge d'un homme dont il se serait bien passé de récolter le sang sur ses chaussures Richelieu sans perforations.

Tout, absolument tout dans son métier - sa vie - se résumait aux bonnes manières.

Alors, lorsqu'il rencontra Gary 'Eggsy' Unwin à sa sortie de garde à vue, et que le jeune homme ne lui offrit ni un Bonjour, ni un Merci et qu'il se permit en plus de demander à son interlocuteur son nom avant de décliner sa propre identité, Harry comprit qu'il y aurait beaucoup de travail à faire.

Harry avait bien connu Lee, son père, et malgré la lecture du dossier plus qu'alarmant du jeune homme, l'espion avait tout de suite vu qu'au fond de lui, Gary était quelqu'un de bien. L'écrivain Frederick Douglass avait dit « Il est plus facile de créer des enfants solides que de réparer des hommes brisés » et même si Harry ne citait jamais d'Américain (question de principe), il avait pu voir au cours de sa carrière combien cet adage s'appliquait aux recrues des Kingsman. La grande majorité était sélectionnée parmi les meilleurs élèves d'Oxford ou de Cambridge, ce qui n'empêchait pas les trois-quart d'échouer, certains partant dès la fin du premier entretien, d'autres passant avec justesse la dernière épreuve avant de finir par refermer leurs lèvres autour de leur Beretta. Ce n'était jamais une réelle surprise pour Harry qui savait qu'il leur manquait le principal : les fondations.

Comme n'importe quel édifice, chaque Kingsman se devait d'être doté d'une base stable et d'une structure assez robuste pour tenir face aux intempéries et aux attaques de mortiers. En résumé, Harry Hart pensait sincèrement que chaque recrue potentielle devait avoir la même base solide et la capacité d'anticipation du dernier cochon du conte « Les Trois Petits Cochons ». Harry aimait particulièrement la version où le Loup tombait dans la cheminée et atterrissait dans la marmite de soupe bouillante avant de finir dévoré par le cochonnet. Mais ça, c'était un autre sujet.

Eggsy était donc la recrue attitrée qu'Harry avait choisie malgré la soixantaine de dossiers que Merlin avait posée sur son bureau un lundi matin. Ils préféraient toujours choisir la progéniture de ceux qui fut un temps un membre de leur équipe car s'ils se retournaient vers la nouvelle génération, cela voulait dire que l'ancienne avait fini les entrailles éparpillées un peu partout dans un hangar désaffecté à l'autre bout du monde. Et les orphelins faisaient toujours les meilleures recrues.

Mais la vie réservait encore quelques surprises et lorsque Harry était allé rendre visite à la veuve de Lee, pour lui offrir le traditionnel Cadeau de compensation enroulé d'un très officiel Avec toute notre gratitude, il avait dû faire face à une femme avec la fâcheuse tendance d'être intègre. Elle avait refusé sans ciller le chèque qui aurait permis à son fils de fréquenter n'importe quelle grande école et qui aurait aussi accessoirement permis de fournir l'électricité au Burkina Faso dans son intégralité, et Harry était parti, préparant son avenir au passage en donnant la médaille au fils endeuillé.

S'il avait su que cela serait si dur de lui apprendre dix-sept ans plus tard les bonnes manières, il aurait fait graver Bonjour, Merci et Au revoir au dos de cette putain de médaille.

« Eggsy... », appela Harry en fermant lentement ses yeux fatigués derrière ses lunettes.

« Quoi ? »

Les mains dans les poches, le plus jeune tourna sur lui-même et leva un sourcil, la bouche pincée dans un sourire insolent.

« Tu ne peux pas répondre 'Putain, ouais' à quelqu'un qui te propose un verre de Lagavulin de seize ans d'âge. », lui informa Harry en traversant son salon.

Il passa derrière son canapé Chesterfield en cuir beige ramené d'une mission en Écosse il y avait sept ans de ça (il s'était presque débarrassé complètement des traces de sang sur le pied arrière droit mais n'avait rien pu faire pour la rayure provoquée par la molaire du compte O'Neil sur l'accoudoir) et ouvrit un des placards de la bibliothèque rouge près du bow-window. Eggsy eut juste le temps de voir le reflet de la lumière dans les bouteilles et Harry referma la petite porte en lui présentant avec un sourire très sophistiqué la bouteille au liquide ambré. Il attrapa deux verres sur l'étagère à sa droite et revint au centre du salon, imité par Eggsy dont la langue vint presser la commissure gauche de sa bouche. Il tendit une main vers la bouteille et Harry recula la sienne.

« Sérieux ? Je suis majeur tu sais. », sourit Eggsy en levant un sourcil.

« Il manque le mot magique. »

« Fuck, j'ai 25 ans, Harry. », répéta-t-il dans un rire bruyant qui révéla à Harry autant la glotte du jeune homme que la nécessité de lui apprendre à rire comme un gentleman.

« Alors ta maman a déjà dû te dire quel était ce mot ; j'attends, Eggsy. »

Eggsy secoua sa tête sur le côté, une façon déguisée de répondre par l'affirmative et sortit une main de son jean pour inviter Harry à reprendre, ce qu'il fit avec plaisir :

« Eggsy, voudrais-tu un verre de Lagavulin, de seize ans d'âge ? »

« Oui s'il te plait, Harry. », répondit-il avec un sourire aussi impertinent qu'amusé, mais Harry estima que c'était déjà un très bon début.

Il agita une fois la tête en fermant lentement les yeux pour marquer son appréciation et lui tendit son verre avant de les servir tour à tour. Eggsy attendit à peine et fit cogner leurs verres en lui adressant un clin d'oeil appuyé (définitivement pas une façon de remercier, Harry nota mentalement cet autre point à évoquer) et se laissa tomber sur le canapé en cuir en poussant un profond soupir de contentement.

« Merde, je pourrai m'habituer à tout ça. »

« C'est le but, Eggsy. »

Harry prit place sur le fauteuil à sa gauche et croisa les jambes, les coudes posés sur les accoudoirs et le dos droit.

« Si tu vis ici à partir d'aujourd'hui, mon but est bien évidemment de faire de toi un Kingsman - un Kingsman sur, et hors du terrain. Je pense que tu te doutes ce sur quoi ta première leçon portera. »

Eggsy pinça sa bouche sur le côté et fronça grossièrement ses sourcils avant de tenter :

« Apprendre à tirer juste ? »

« Les bonnes manières, Eggsy. », corrigea l'espion dans un soupir à peine contenu qui trahit sa perte de patience. « Pour commencer, tu as ouvert la porte du salon et ne m'as pas invité à passer devant - je ne suis pas une femme comme tu as dû le constater, mais tu dois d'abord opiner légèrement du chef pour soit m'inviter à entrer, soit me faire comprendre que tu passes devant pour une bonne raison et que tu n'oublies pas la personne qui t'accompagne. Ensuite, tu ne m'as pas demandé S'il te plait, lorsque je t'ai proposé un verre la première fois et tu ne m'as pas remercié lorsque je t'ai servi. Et enfin, tu t'es assis sans que je ne t'invite à le faire. »

Eggsy grimaça légèrement et frotta ses baskets l'une à l'autre, prêt à s'excuser et remarqua la main de Harry l'invitant à se relever. Il soupira en levant les yeux au ciel :

« Vraiment ? »

Harry ne répondit pas et se contenta d'agiter une fois la tête avant de porter à ses lèvres son verre de scotch. Eggsy se releva, sourit à l'extrême et demanda en regardant son hôte droit dans les yeux :

« Puis-je ? »

« Je t'en prie, Eggsy. », répondit-il avec un sourire qui cacha très mal le plaisir de voir ainsi le jeune homme se plier à ses ordres.

« Merci beaucoup. », conclut Eggsy en lui adressant à son tour un sourire forcé, ponctué par un doigt d'honneur, avant de se laisser tomber dans le canapé.

« Il te reste beaucoup de choses à apprendre. Mais disons que c'est un début. », soupira Harry en appuyant son visage contre son poing fermé, ne trouvant même pas la force de frémir lorsque Eggsy avala d'un trait son Lagavulin sans même penser à le déguster.

Beaucoup à apprendre, indéniablement.