Bonsoir !
Bonsoir et bienvenue ! Enfin ! Tout ce temps et ces projets avortés qu'il a fallu pour que je retrouve enfin un scénario capable de me motiver jusqu'à la fin de son écriture ! Le résultat est sous vos yeux, mes amis, ce début d'histoire que, je dois dire, je suis assez fier de pouvoir enfin publier.
J'espère que ce premier chapitre saura vous faire envie. La suite est prévue pour dans deux semaines maximum. Je me fixe entre deux et quatre chapitres par mois, et ceux qui me connaissent savent à quel point je suis réglo sur les délais.
Quelques précisions sont de rigueur, après quoi je ne vous embête plus. Déjà, cette fiction est classée M, et ce n'est pas pour rien. Ensuite, le monde de Harry Potter et les personnages appartiennent à J. , la grande. Troisièmement, l'histoire est un Univers Alternatif, mais les personnages sont, je le pense, plutôt dans le canon. Et pour finir, l'idée originelle m'a été inspirée par l'œuvre de Bryan Lee O'Malley. Si vous connaissez pas, foncez !
Une dernière chose : cette histoire est corrigée par la très talentueuse Mandala7338 que je salue et qui fait un travail d'enfer.
Bonne lecture, et encore bienvenue dans la petite vie précieuse de Harry Potter.
- La petite vie précieuse de Harry Potter -
Chapitre 1 : Harry Potter versus la fille de seize ans
Mesdames, mesdemoiselles, messieurs ! L'histoire que nous allons avoir l'honneur et le plaisir de vous conter est une histoire parfaitement véridique. Ses protagonistes et leurs déboires vous apparaîtrons dans un tel éclat de vérité qu'il serait superflu d'en garantir l'authenticité. Et qui de plus à même pour narrer cette épopée, ces combats, cette aventure rocambolesque, que votre désiré serviteur.
Ouvrons donc ce jour l'un des contes les plus grandioses de ce troisième millénaire. Je tiens à vous le dire, cette histoire narre parfois crûment les épreuves auxquelles furent soumis nos héros mais leur bonté, leur passion exaltée et leur amitié inébranlable saura vous faire oublier les effusions de sang ! Car, si l'on peut mettre en cause sa valeur historique ou encore même culturelle, je vous prie de croire, mes très chers amis, que cette histoire est le plus pur condensé de ce qu'est la jeunesse du début du vingt-et-unième siècle. C'est bien simple, si je n'avais pas eu peur de paraître trop pompeux ou même orgueilleux en nommant ce conte « L'Hymne à la Jeunesse », c'est ce que vous liriez en ce moment même !
Enfin, ne saluons pas ma modestie. Profitons-en plutôt pour plonger dans l'univers de Harry James Potter et sa précieuse petite vie. Si, dans votre tête, pendant mon discours que j'espère avoir su écourter tant que nécessaire, vous vous imaginiez la Terre flottant seule, dans l'espace, je vous propose de faire un zoom vers l'Europe.
Car, en ce moment même, il existe une rue. Une petite ruelle sympathique mais ô combien ignorée dans la grande métropole qu'est Londres. Dans cette rue résidentielle, de nombreuses maisons de briques rouges traditionnelles s'alignent les unes à côté des autres. Parfois séparées par des transformateurs électriques, parfois par des accès aux égouts ou encore de petits jardins outrageusement chers au mètre-carré, je vous prie de vous concentrer sur l'un de ces locaux.
Entre les numéros onze et treize, on remarquait assez peu cet incongru bloc de béton gris qui jurait contre le rouge des briques. Pourtant, en y regardant bien, le toit haut d'à peine deux mètres et quelques était équipé comme les maisons mitoyennes. Une antenne de télé, des gouttières et même un petit compteur d'électricité sur le côté. La porte de métal grinçait sur ses gonds lorsqu'on l'ouvrait mais on y avait percé une petite ouverture munie d'un clapet qui faisait office de boite aux lettres.
Mesdames, messieurs, il est temps que je me taise. La voix cabotine d'un narrateur est bien trop grandiloquente pour rendre avec précision les aventures à venir. Que la narration commence, alors. Car, croyez-le ou non, dans cet espèce de local vivent deux garçons d'une vingtaine d'années. Et l'un d'entre eux s'apprête à prononcer une phrase dont les conséquences seront contées dans les chapitres à venir.
— Avant que tu ne l'apprennes autrement, oui, je sors avec une fille et oui, c'est une lycéenne de seize ans.
Harry Potter venait à l'instant de rentrer chez lui. Il terminait d'accrocher sa parka au porte-manteau et de retirer ses baskets.
Chez lui… C'était presque beaucoup dire. Il partageait ce petit local en plein centre-ville de Londres avec Théodore « Théo » Nott. Théo venait d'avoir vingt-et-un ans. C'était un jeune homme calme, plutôt réfléchi. Il parlait peu mais souvent avec à-propos, d'autant que sa voix grave et raisonnante facilitait la confiance de ceux qui ne le connaissaient pas.
Harry avait toujours été un peu jaloux de la beauté de ce garçon. Théo était plutôt séduisant dans son genre : le visage fin, les cheveux blond-brun. Il avait horreur de l'expression « blond vénitien ». A l'entendre, c'était une crétinerie inventé par les roux – les moches, pas les jolis – pour justifier leur état. Il avait un petit nez un peu trop long et des lèvres au sourire ravageur. Il gardait les cheveux courts mais jamais coiffés. Selon lui, rien ne venait à bout de ses épis. Théo était plutôt grand, un mètre quatre-vingt-sept, et plutôt gay aussi.
Dire qu'il était à l'aise avec sa sexualité était réducteur. Rien en lui ne laissait paraître ce trait, il était légèrement musclé mais autrement relativement… normal. Théo avait la sagesse de ne jamais avoir fait de cette particularité un trait de son caractère. Si on le lui demandait – bien que poser des questions à des inconnus à propos de leur sexualité relevait d'une certain audace – il avouait sans complexe qu'il était homo. Si on ne lui demandait pas, ce n'était pas la première chose qu'il disait après s'être présenté.
Toutefois, il aimait jouer de ce trait avec ceux qui le connaissaient bien. Tout particulièrement Harry, qu'il prenait un malin plaisir à tourmenter, lui qui n'avait jamais été attiré par un garçon. Du moins, qui ne l'avait jamais été auparavant.
Au final, c'était quelqu'un de plutôt joli mais pas exceptionnel ni très original. À première vue. C'était lorsqu'il parlait que Théo laissait transparaître les plus fins aspects de son être.
Il leva les yeux de son magazine et fixa Harry droit dans les siens depuis son fauteuil.
— Seize ans ? C'est trop jeune.
C'était un beau fauteuil.
Voilà, justement, l'un des aspects les plus agréables de la personnalité de Théo : c'était là un garçon fondamentalement généreux. S'entend, envers ses plus proches amis. Lui-même était d'ailleurs un ami de qualité, on lui vouait une confiance totale et on appréciait sa grande éloquence.
Généreux, donc. Tout, dans leur petit local, appartenait à Théodore Nott. Même le bail.
Il gagnait peu d'argent. Et Harry encore moins. Bien que ce dernier fusse très correct au sujet du loyer qu'il payait sans faute et à temps, Théo avait dû prendre en charge l'ameublement. Le petit local avait été une occasion en or, merveilleusement placé aux abords du centre-ville, un peu restreint en espace, certes, mais tout y était. L'unique pièce centrale servait de salon, salle à manger, chambre et pièce à vivre. Sur la gauche, une porte de bois donnait sur une minuscule salle de bain.
Ainsi, face à la porte d'entrée se trouvait un confortable fauteuil en cuir que Théo avait récupéré pour une bouchée de pain dans une brocante. A sa gauche, une arcade ouvrait sur un bar derrière lequel se trouvait une petite cuisine. Un frigo (à Théo), un micro-onde (à Théo), un grille-pain (à Théo), des plaques de cuisson électriques (au propriétaire, tout de même) et plein d'autres choses (globalement à Théo) meublaient les deux mètres carrés de la pièce. Au centre du salon, un épais tapis violet-fuchsia surplombait la moquette et, malgré sa couleur hideuse, il était très confortable, surtout entre les doigts de pied. Tout de suite à la droite du fauteuil se trouvait un épais matelas deux-places, posé à même le sol, sans sommier. Ni Théo ni Harry n'avait les moyens de se payer un lit et encore moins un second matelas.
— Tu trouves ? Trop jeune, vraiment ? Questionna Harry, assis contre la porte de métal qui faisait l'entrée et occupé à défaire l'énorme nœud de lacet coincé sur sa basket droite.
Face au matelas se trouvait une petite table sur laquelle reposait un ordinateur connecté à Internet. Juste à sa droite était la porte en bois de la salle de bain et juste à sa gauche, un meuble soutenait une lourde télévision à tube cathodique. Sur les étagères se trouvait une Playstation 2 et deux manettes ainsi qu'une Nintendo Wii. A côté, une étagère soutenait de multiples DVD, des jeux-vidéo, quelques BD et des livres. Tout cela appartenait à Théo. Il payait aussi l'abonnement Internet.
De fait, il apparaissait plus simple de lister les possessions de Harry dans le petit local. Citons donc de multiples vêtements sales éparpillés dans plusieurs endroits incongrus du salon, une bouteille de shampoing et ses affaires de toilettes, des habits propres, des lettres de la banque encore scellées et une magnifique guitare basse Rickenbacker 4001 : sa fierté, sa pupille. À elle seule, elle valait plus d'argent que tout l'appartement et son contenu. Un cadeau de son parrain avant qu'il ne meure, quand il n'avait que quinze ans.
Tout, absolument tout le reste appartenait à Théo. La nourriture, la vaisselle, le matelas, Internet, tout ! Et lorsqu'on lui demandait s'il n'en avait pas marre de payer pour un squatteur, il intimait singulièrement l'ordre au contrevenant de bien vouloir fermer sa sale gueule, s'il vous plaît.
Théo aimait profondément Harry et l'inverse était vrai. C'était le genre d'amitié solide, réelle et basée sur une confiance mutuelle sans faille. Une amitié franche, de celles qui faisaient douter les autres de sa propre sexualité. Ce qui, dans le cas de Théo, n'induisait même pas en erreur. Et partager l'argent qu'il possédait, par un simple concours de circonstance, en plus grande quantité que Harry était une manière simple d'exprimer cet amour tout platonique. Son ami comptait beaucoup car sa petite vie précieuse ne l'avait pas toujours été. C'est pourquoi il était ravi, avec ses moyens, d'y participer aujourd'hui.
― T'as vingt ans ? Elle en a seize ? Faut pas être un génie, Harry. Est-ce que ça veut dire qu'on ne doit plus dormir ensemble ?
― Tu vois un autre lit, ici, toi ? grogna-t-il.
― Merveilleux. T'es toujours ma salope attitrée.
Harry était venu à bout de son nœud de lacet et il se dirigeait à présent dans la salle de bains en roulant des yeux. Le miroir juste au-dessus de l'évier lui renvoya une image singulière, bien qu'il y fût habitué. Un garçon petit, brun, aux cheveux trop longs et emmêlés, aux yeux vert bouteille et portant une paire de petite lunette ronde le regardait, l'air ahuri. Vingt ans, ça ne lui semblait pas si vieux.
Et pourtant, il constata avec un soupir que c'était déjà trop vieux pour une fille de seize ans, vu la réaction des gens en général. Théo avait sans doute raison…
― Tu sais, expliqua Harry après s'être laissé tomber sur le matelas, ce n'est pas comme tu crois, hein.
― Ah. Et que crois-je, mon vieux ?
Harry eut un petit ricanement.
― Que je suis un salaud en manque ?
Théo réfléchit un instant avant de parler. Puis il questionna :
― Ça fait, quoi, un an que celle-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom t'as quitté ? C'est normal que tu veuilles te remettre avec une fille. Mais bon sang, seize ans ? Fais un effort quoi !
― Ça fait onze mois, une semaine et quatre jours.
Théo observa son ami avec des yeux ronds. Celui-ci fixait ses pieds, les bras autour de ses genoux relevés contre son torse et le regard vitreux.
― Harry, tu connais la règle… soupira-t-il.
Cela eut le mérite de lui faire relever la tête et sourire.
― Mon âge, par deux, plus sept ?
― Ton âge, par deux, plus sept.
― C'est trop con, admit Harry avec un rire provocateur.
― Ton âge, vingt, divisé par deux, dix, plus sept, dix-sept. Tu peux te taper des filles de dix-sept ans, pas moins ! asséna Théo avec un ton judiciaire.
― Et qui te parle de se taper qui que ce soit ? interrogea Harry, l'œil malicieux.
Théo le fixa, l'air accusateur.
— Moi. Et tu sais que j'aime pas parler de se taper des filles !
― T'as vraiment un problème avec les filles ! se plaignit Harry avec un rire.
― Moi ? répéta Théo. Non. Je n'ai juste absolument pas confiance en des gens qui peuvent saigner cinq jours sans en crever.
Harry éclata cette fois d'un rire clair et franc. Cependant, cette discussion commençait à lui peser, il n'aimait pas être repris ainsi, surtout par Théo. De plus, il était persuadé que tous ces gens inventaient un problème qui n'existait pas vraiment. Rire lui faisait du bien, il voulait rester sur cette touche amusante et parler d'autre chose. Il reprit :
― Écoute, Théo, on ne fait rien avec Ginny. On ne s'est même pas encore embrassé et ça fait une semaine. Ses parents lui interdisent encore de sortir à la nuit tombée. Mais c'est une fille adorable, elle me raconte sa vie au lycée, moi la mienne et c'est tout. On s'entend bien et on passe de bons moments. C'est… simple.
― Ginny ? répéta Théo, se redressant vivement sur son fauteuil. Ginny Weasley ? La sœur de Ron Weasley ?
― Oui, avoua Harry en rougissant.
― Oh. Très bien. Et je suppose que tu as prévu d'en parler à Ron ?
― Oui, mais chaque chose en son temps. Ron Weasley sera au courant bien assez tôt. On a une répète ce soir, j'en profiterai. D'ailleurs, j'ai invité Ginny à y assister. Au fait : on a un concert-battle samedi soir au Roundhouse ! Tu viens ?
Le changement de sujet ne plut qu'à moitié à Théo. Mais il avait senti dans la voix de Harry qui avait brusquement abandonné toute rancœur, qu'il changerait bien de conversation à défaut d'avis. Théo le fixa alors avec un petit sourire.
― Bien sûr. Hors de question de manquer une séance de ridiculisation en public de mes chers Zombies. Tout le monde sera là ?
― Je crois. Jeune Colin sera là en tout cas, le groupe évidemment et peut-être Ginny. Et tu ne sais pas la meilleure ?
Harry sauta sur ses pieds et se saisit de sa guitare basse par le manche.
― C'est une battle organisée par le festival de Glastonbury. Ça fait partie de l'Emerging Talent Competition du Glastonbury ! Tu te rends compte ? Le gagnant aura une chance de signer avec Greengrass Records et jouera sur l'une des scènes du festival ! Mec, mec ! articula-t-il avec une excitation toute juvénile.
― Sérieusement ?
― Oui m'sieur.
― La vache ! Faut que je vienne alors. Ça ne va pas être votre simple ridiculisation du samedi soir. Vous allez vraiment avoir l'air stupide devant tous les meilleurs groupes montants de Londres ! Je crois que je vais inviter des amis.
― Connard.
La maison de Ronald Weasley se trouvait à une vingtaine de minutes de marche depuis le Local, dans un quartier bien moins cher de Londres. C'était une assez belle bâtisse, classiquement faite de briques rouges et de tuiles d'ardoise noire. Deux personnes suffisaient à payer le loyer assez raisonnable, ainsi, Ronald Weasley, issu d'une famille relativement pauvre et qui gagnait ridiculement peu via son travail à temps partiel dans une boulangerie française, payait sa part avec l'aide de ses parents. Son colocataire était un garçon somme toute assez singulier.
« Jeune Colin ! T'as pas vu mes chaussettes bleues ? »
Jeune Colin ! Et prononcé à l'anglaise, s'il vous plaît. C'était le fan le plus fidèle du groupe qui utilisait son salon pour ses répétitions. Un garçon de seize ans, cheveux blonds coupés au-dessus de ses yeux bleus. Discret, il parlait peu en public mais sa présence restait appréciée et dès que le groupe se retrouvait, Jeune Colin suivait. Peu à peu, malgré son âge, malgré sa quiétude, il en était devenu un élément à part entière.
En temps normal, la maison abritait donc deux personnes. Ronald Weasley et le « Jeune » Colin Crivey. L'un travaillait en tant qu'apprenti à mi-temps dans une boulangerie française, l'autre était étudiant en droit.
Colin était un garçon très intelligent, académiquement. Il avait passé ses A-Levels avec grand succès l'année précédente, alors qu'il avait à peine quinze ans. Désormais proche de ses dix-sept ans, il étudiait à la Westminster Law School de l'université de Westminster. Il avait ainsi remplacé sa sœur dans l'appartement qu'elle occupait alors, déjà avec Ronald Weasley. Voilà comment le Jeune Colin s'était retrouvé au milieu des Awaken Zombies. Le fier groupe était composé de trois membres ésotériques :
Ronald Weasley était le talent ! Garçon de vingt-et-un ans à peine, guitariste depuis ses huit ans, il avait appris à chanter dans la foulée. Amateur de rock punk bien alternatif, son langage imagé avait toujours été au diapason de ses origines campagnardes. Excellent camarade, il restait à ce jour l'un des plus anciens amis de Harry Potter. Il semblait depuis plusieurs années constamment chercher l'attention de sa batteuse, laquelle soit l'ignorait, soit ne s'en rendait simplement pas compte, ce qui, dans les deux cas était tout aussi pathétique, de l'avis général.
Hermione Granger ! Batteuse de vingt ans, elle avouait elle-même ne pas être la touche féminine des Awaken Zombies. « Le seul qui n'a pas de couilles, ici, c'est Harry, » avait-elle déclaré un jour. Belle dame qui aurait gagné à se coiffer plus régulièrement, elle usait de son art du langage comme le boucher de son couteau. Avec violence et précision. Fine de taille mais large de coffre, sa colère serait, de l'avis du chanteur et du bassiste, plus dévastatrice que Rambo avec une sulfateuse. Heureusement pour eux, Hermione faisait en tout temps preuve d'une patience à toute épreuve, solidement murée derrière un large béton de cynisme.
Harry Potter, enfin, complétait le trio.
Ces trois formaient le groupe de rock alternatif Awaken Zombies. Selon Hermione, qui avait trouvé le nom, c'était parce que leur bruit était plus terrible encore que leur look, comme un zombie de Resident Evil. Ronald Weasley composait et administrait, trouvait les dates, Hermione Granger écrivait, battait et ambiançait pendant les concerts et Harry, eh bien… Il était là. Et parfois, il jouait de la guitare basse, aussi.
Harry regardait nerveusement par la fenêtre du salon. De loin, il vit arriver une sombre chevelure rousse qui remonta la rue, puis l'allée de la maison. Il inspira profondément.
Derrière lui, Hermione était déjà installée à sa batterie, Ron accordait sa guitare et réglait le trépied du micro, Colin était confortablement assis sur le canapé du salon, face à eux, les pieds repliés sous ses fesses. Et Harry, pour finir, continuait à trépigner nerveusement sans savoir même pourquoi.
Lorsque Ginny Weasley fut assez proche sur le palier pour frapper à la porte, Harry lui ouvrit.
Ginny était la sœur de Ronald Weasley. Lorsque celui-ci avait appris qu'il sortait avec elle, il avait simplement haussé les épaules. Et il avait ajouté : « Bah ». Cependant, quand le débat avait inévitablement éclaté sur son âge, il avait tout de même exprimé quelques réserves. « C'est pas top, » avait-il dit avec force verve et conviction.
Elle était une belle fille, rousse (Théo l'aurait classée dans la catégorie des jolies rousses), son petit sourire ne quittait jamais ses charmantes lèvres. En vérité, seul son âge pouvait empêcher quelqu'un comme Harry de sortir avec une telle fille.
Sauf que cet Harry-là est Harry Potter et qu'il s'en fout.
― Tu seras sage, hein ? questionna-t-il avec un rictus nerveux.
― Bien sûr !
― Génial. Tu me promets, hein ? Sage, hein ?
― Oui, je te dis, répéta-t-elle, sans savoir si elle devait être inquiète ou agacée. Pourquoi, je ne suis pas sage d'habitude ?
― Si, si… fit Harry en se reprenant un peu. Mais, euh… Sage, quoi…
― Mais qu'est-ce que tu fais dire à ma pauvre sœur, Harry ?
Ron était arrivé derrière lui. Il ouvrit la porte en grand.
― Bien ! Ginny, je ne te présente pas Ron et Hermione. Par contre, voici le Jeune Colin, je ne sais pas si tu l'as déjà rencontré.
― Salut, murmura celui-ci.
― Hello, répondit Ginny d'une voix timide.
Elle s'adressa à Hermione :
― Tu sais... Je crois que c'est la première fois que je te vois à ta batterie. C'est… cool, murmura-t-elle, un peu intimidée.
Elle s'assit sur le canapé à côté de Colin et patienta. Harry se saisit de sa basse et passa la bandoulière sur ses épaules. Il ne se sentait pas à l'aise. Mais alors pas à l'aise du tout et pour une raison qui lui échappait totalement. Il avait l'habitude de jouer devant Colin et la présence de Ginny n'aurait rien dû changer – l'encourager, dans le meilleur des cas ! Jamais auparavant il n'avait eu si peu envie d'avoir sa Rickenbaker dans les mains.
Ron se pencha vers lui :
― Tu crois qu'elle peut faire la groupie ?
― Hein ? grogna vivement Harry, interloqué.
― Parce que ce serait cool qu'elle fasse la groupie, insista-t-il. Imagine la crédibilité en concert !
Ron avait l'air véritablement enchanté par cette possibilité.
― Euh… Oui, Ron Weasley, oui. Elle peut faire la groupie. Elle a la capacité pour, je crois. Tu la connais.
Il y eut un lourd silence. Harry se mordit la lèvre.
― On y va, annonça soudainement Ron avec force, brisant le silence. On commence avec Flagada Jones !
― Euh, ce n'est pas le vrai nom de la chanson, ajouta Harry à Ginny avec un ton d'excuse.
Cette répétition, ce petit concert personnel improvisé devait être à son image. Cool. C'était le seul moyen pour impressionner Ginny et la faire baver devant sa personne. Or, si Flagada Jones était une de leurs compositions favorites, le titre le faisait plus passer pour un geek que pour un rockeur cool.
Hermione leva ses baguettes au-dessus de ses épaules.
« ON EST LES AWAKEN ZOMBIES ! UN, DEUX, TROIS, QUATRE ! » hurla-t-elle en battant la mesure.
Immédiatement, un son grunge emplit la pièce, toute la maisonnée et même le jardin. Le rythme était rapide, la musique forte et saturée par les effets de la guitare de Ron. Hermione frappait si vite que le bout de ses baguettes était devenu invisible et…
Il y eut un horrible bruit de grincement, semblable au couinement des freins rouillés d'un très vieux train. Immédiatement, le silence retomba, lourd et chargé de reproches.
― Euh… Je… Je suis désolé, s'excusa piteusement Harry. C'est le truc qui a merdé le machin, là…
― On reprend !
Hermione leva de nouveaux ses baguettes ainsi qu'un regard noir que Harry accueillit en déglutissant.
« ON EST LES AWAKEN ZOMBIES ET HARRY POTTER EST UN GROS IMBÉCILE ! UN, DEUX, TROIS, QUATRE ! »
Cette fois, ils purent aller au-delà des dix premières secondes de la chanson. Ron eut même le temps de chanter ses deux couplets et trois refrains. Colin balançait rapidement sa tête en rythme avec les coups de baguettes de la batterie et tapotait l'accoudoir du canapé de quatre de ses doigts.
Ginny était abasourdie. Elle avait déjà entendu le groupe de son ainé, quand par exemple il passait à la maison pour faire écouter à ses frères leur dernier enregistrement studio. Mais les voir en live, c'était si différent, si incroyable ! Jamais elle n'aurait imaginé que son petit-ami jouerait un jour dans un groupe aussi bien, aussi... cool ! La musique semblait rayonner et Harry, en cet instant, les yeux baissés sur ses mains et les genoux pliés dans une position vulgairement pompée sur les plus grands bassistes de l'histoire du rock, était tout simplement génial à ses yeux.
Quand les dernières notes s'évanouirent, elle se mit à applaudir avec force. Harry, relevant les yeux, trouva qu'elle en faisait trop. Mais il sourit tout de même, heureux d'avoir un public neuf et dévoué à sa cause.
« C'était hyper méga giga trop cool ! Vous déchirez tout ! » cria-t-elle avec un soupçon d'hystérie.
Harry croisa à nouveau les yeux de Hermione. Celle-ci semblait à la fois exaspérée pour lui et désolé pour Ron. La voir tenter d'envoyer le même regard noir à l'un et l'autre en même temps était d'un comique assez réjouissant. Cela le fit sourire, en tous les cas. Il vit alors Colin qui observait Ginny avec des yeux ronds, comme choqué par les couinements qu'elle était capable de produire et cela le fit sourire de plus belle. En cet instant, tout malaise avait disparu, amusé qu'il était par la situation incongrue qu'il avait causée.
― On continue, Ron Weasley ? demanda-t-il joyeusement.
― On continue, Harry, répondit-il avec un large sourire.
― UN, DEUX, TROIS, QUATRE !
Lorsque la répétition fut terminée, Harry se sentait divinement bien. Il ne savait pas vraiment s'ils allaient réussir leur battle de samedi soir, mais ils jouaient bien et c'était l'essentiel. Pendant leur répétition, Colin avait fini par s'emparer de sa Nintendo DS et lorsque celle-ci fut terminée, Ginny lui proposa de le raccompagner chez lui, tandis que Hermione prétexta devoir rester pour charger son téléphone portable. Harry était persuadé que ce n'était qu'une lourde manœuvre pour rester auprès de Ron. Et, comme d'habitude, rien de croustillant n'allait arriver.
Si lui était heureux, Ginny semblait rayonnante. Elle sautillait dans l'allée en articulant :
« Ah ! Mon copain joue dans un groupe de rock trop classe ! C'est trop cool ! »
Harry trouvait cela à la fois pathétique et amusant. Il restait persuadé qu'elle en faisait trop car, de l'avis général, ils n'avaient jamais joué de manière exceptionnelle. Il savait, par exemple, que Théo n'assistait à leurs concerts que pour boire, sortir et chopper éventuellement un mec sans défense. Avec un petit sourire à cette idée, son regard alla se perdre sur un vulgaire panneau publicitaire pour un parfum. Il affichait un intriguant garçon.
Totalement blond, le visage exalté et une expression d'extase, torse nu, Harry trouva ce type fondamentalement beau. Ce qui était étrange, puisque jamais une telle réflexion ne lui était venue, surtout concernant un mec sans doute photoshoppé sur une affiche de pub pour Diesel.
Le feuillage massif d'un platane qu'ils croisèrent lui masqua un instant le panneau, et, lorsqu'il le vit à nouveau il s'arrêta avec un choc.
« Qu'est-ce qu'il y a ? » demanda distraitement Ginny.
Il se frotta les yeux, éberlué. Le mec sur l'affiche avait changé. Même position, même expression, mais ce n'était plus le beau garçon blond mais un italien brun complètement surfait. Harry resta planté là sans rien dire, mais rien ne changea plus. Il était pourtant sûr, à deux cents pour cent d'avoir aperçu ce mec blond ! Jamais autrement son regard n'aurait été arrêté par un italien aussi banal !
Finalement, Ginny se faisant pressante de questions auxquelles lui-même n'avait pas de réponse, ils reprirent le chemin. Ils parlèrent exclusivement de la répétition passée durant la vingtaine de minutes que prenait la marche de la maison de Ron Weasley au petit local de Harry Potter et Théo Nott.
― Alors, c'est ton repaire secret ? demanda-t-elle avec un sourire en coin en voyant le petit bloc de béton.
― Si on veut. On l'appelle le Local. On n'a pas besoin de plus, Théo et moi. Oh, au fait, si tu veux je peux venir te chercher à la sortie du lycée demain ? Théo sera avec moi, il a une course à faire en ville et puis on aura qu'à aller se balader !
― Entendu, Harry Potter.
Ils se séparèrent ainsi. Au moment où il s'apprêtait à pousser la porte en métal, elle cria :
― Au fait ! Pourquoi tu appelles mon frère par son nom complet en permanence ?
― Parce que ça le fait chier ! répondit-il en criant aussi.
Elle lui adressa un pouce levé en guise d'approbation, se retourna et partit. Harry sourit à nouveau, la joue appuyée contre le linteau de métal. Ginny lui rendait la vie simple. C'était une fille jolie, pas compliquée et au caractère facile. Sortir avec elle ne lui demandait pas trop d'effort pour que tous deux passent un bon moment, c'était parfait. Elle le faisait se sentir bien, à l'observer en permanence comme s'il était quelqu'un de grand.
« Tu as l'air affreusement con, Harry, » salua Théo depuis son fauteuil.
Merci de m'avoir lu ! N'hésitez pas à laisser une petite review d'encouragement ou pour me dire ce que vous en avez pensé !
Sans critique, on s'améliore jamais !
A vendredi dans deux semaines !
Cheers,
Vince.