Hello !

On se retrouve pour la suite et fin de ce Two Shot. Pour toutes questions, n'hésitez pas à me les poser par MP :)

En ce qui concerne le rating, il est passé de M à T, pour la simple raison qu'à la base je voulais y glisser un lemon. Après réfléxion, je me suis dis que ce serait pas vraiment utile.

J'espère que ce final vous plaira, et je vous souhaite bonne lecture !

Disclaimer : Sekai-ichi Hatsukoi ne m'appartient pas mais ça je pense que vous le savez déjà ;) (Boooouh, même pas Kirishima, ou Yokozawa TT_TT)

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La brise légère du printemps, bienveillante comme une mère aimante, caressa la nuque de Takano. Le brun entama un nouveau paquet de cigarette, duquel il en sortit une, le filtre blanc calé entre les dents. Tout en s'installant à sa droite, le vieillard observa Takano d'un œil discret. Les bras croisés et les jambes détendues, il se mit à penser que « seconde chance » n'était pas le terme exact à employer pour définir sa proposition. Dans l'esprit d'un Homme affligé par la tristesse et prêt à tout pour retrouver l'Être aimé, c'était une sacrée aubaine. Sur le papier en revanche, cela ressemblait davantage à un leurre, un piège pour les cinq prochaines années. Le vieillard ne forçait jamais les gens à accepter le dilemme. L'attrait de ce bonheur éphémère ne laissait aucune place à l'hésitation, pour personne. S'il pouvait faire autrement, le vieillard le ferait. « Cinq années, hein ? Je suppose que c'est déjà pas mal, papy... » Le sarcasme habituel de Takano avait disparu dans ses larmes, seul le doute persistait encore au fond de sa voix grave et blessée par le tabac. Il ne m'escroque pas au moins ? Ce n'est pas une arnaque ?

- Cinq ans, pas un jour de plus. Que choisis-tu ?

- Franchement papy, comment est-ce que je fais pour croire à cette connerie ? … J'accepte, en supposant que c'est de la folie. Cinq ans et pas un jour de plus, je ne négocierais rien.

- Très bien, dit le vieillard en sortant un formulaire plié en quatre de la poche intérieure de sa veste, il me faut juste une petite signature.

- Pas d'escroquerie, hein ?

- Aucune, ce n'est pas le genre de la maison. Mais… Tu ne veux aucun détail ? Ni même savoir comment cela est possible ?

L'éditeur tira une courte bouffée sur sa mentholée, le regard plongé dans le vide de l'horizon.

- Tout ce que je souhaite, c'est retrouver Ritsu au plus vite.

Après avoir résolu le pacte avec le plus âgé, Takano décida de ne pas tarder dans le parc et de rentrer chez lui le plus vite possible. Lorsqu'il retrouva enfin l'intimité de son appartement, il se dirigea vers son lit où trônait l'armoire entière de Ritsu. Chemises, pantalons, sous-vêtements, et même sa couverture. Conserver l'odeur de son cadet obsédait Takano. Cela faisait une semaine qu'il ne s'était pas étendu sur son matelas et il ne résistait plus à l'appel du confort. Une multitude de souvenir refit surface dans son esprit. Les vestiges du passé ainsi que ceux de l'instant. « Ritsu… Reviens-moi vite... »

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L'entrebâillement du rideau laissa l'occasion à de pénibles rayons de soleil de se frayer un chemin à travers la chambre. Ébloui par la clarté du jour, Takano se redressa en vitesse et se frotta les yeux afin de sortir de sa torpeur. Merde, j'me suis endormi… Comme tous les matins depuis une semaine, l'homme fit glisser son bras sur sa gauche. Seulement, cette journée là ne commençait pas comme toutes les autres. La peau de Takano ne rencontra pas le drap froid et intact, mais bel et bien une présence dans son lit. Lorsqu'il pivota légèrement la tête afin d'identifier la personne dormant à ses côtés, l'éditeur chuta en arrière et tomba comme une loque sur le parquet. Il se pinça la hanche afin de vérifier qu'il ne rêvait pas et en effet, cela n'avait rien d'un songe. Plutôt hésitant au début, Takano se releva sans se presser et jeta à nouveau un coup d'œil sur le matelas. Quand il réalisa enfin, son cœur s'emporta dans sa poitrine et des larmes de joies lui brouillèrent la vue. « Ritsu ! » Sans s'en rendre compte, l'homme plaqua aussi fort qu'il le put son amant contre son torse. Il se fichait de savoir s'il dormait encore ou non, le bonheur de revoir son visage emporta tout le mal-être de la semaine.

- Taaaaakanooo… Pou'quoi tu m'réveilles si tôôôt ? J'suis encore fatigué !

- Je… Je m'en fiche ! Je veux que l'on déjeune ensemble, notre premier déjeuner après la réconciliation tant attendue !

- Hmm… Laisse-moi encore dix minutes, que je finisse ma n…

Le choc fût tellement fort que Takano peina à reprendre son souffle. « Profite Ritsu. Tant que tu restes avec moi, peu m'importe. » Habituellement, son premier réflexe aurait été de sortir son paquet de cigarette et de boire son café noir mais aujourd'hui, Takano ne voulait pas de cette routine. Aujourd'hui, il voulait apprendre à vivre avec Ritsu à ses côtés. Il ne se leva pas du lit et observa le torse du plus jeune se soulever au rythme de sa respiration. Sait-il qu'il s'agit là d'une seconde chance à durée limitée ? Se demanda-t-il en caressant le dos nu de son cadet. Dois-je lui dire ? Bien que ces questions ne cessèrent de le tarauder, l'homme décida de ne plus penser à cette affaire durant les cinq prochaines années. La seule chose qu'il fit une fois debout fut de noter sur un post-it la date du jour et de le ranger avec soin dans un coin de son bureau. « Je vais chercher de quoi déjeuner, ne bouge surtout pas. » Replongé à nouveau dans les méandres du sommeil, Ritsu ne donna aucune réponse, ce qui ne manqua pas rassurer Takano. Il lâcha un sourire béat en direction de son amant, avant de sortir de la pièce.

Le lendemain, personne ne se soucia du retour de Ritsu au sein de Marukawa. Même Yokozawa, à qui rien n'échappait à l'accoutumé, ne sembla pas noter ce gros détail. Takano en conclut que le pacte signé avec le vieillard incluait également que l'entourage du revenant perdrait la mémoire aussitôt fut-il réveillé d'entre les morts. Et puis, l'ours sauvage se rendit compte d'une autre chose bien plus importante à ses yeux. Le regard pétillant d'Onodera ainsi que le large sourire de Takano lorsque le deux échangèrent quelques mots. À la pause déjeuner, ce dernier attrapa son ami et le traîna jusqu'au fumoir. Il désirait en savoir plus sur la situation.

- Avec Onodera, c'est bon ? Vous vous êtes retrouvés ? Lui demanda le commercial en allumant une cigarette.

- Oui, pas plus tard que ce week-end. Nous avons mis cartes sur la table, la discussion a été longue mais bénéfique pour notre relation.

- Tu n'as pas peur ?

Takano recracha avec lenteur la fumée de sa mentholée, comme s'il réfléchissait à une quelconque réponse. Cependant, sa justification ne mit pas beaucoup de temps à venir. « Non, je n'ai plus peur. Je sais qu'il m'aime. » Au fond de lui, l'éditeur en chef voulut que cette raison soit la seule explication possible. Hélas, le destin en avait décidé autrement. Takano ne ressentait aucune angoisse à l'égard des cinq années à venir, il avait retrouvé son Ritsu. En revanche, il était bien conscient que de vivre une deuxième fois la mort de son bien-aimé lui serait fatal. Il préférait ne plus concevoir le pire et profiter de l'instant présent avec son premier amour.

Les trois-cent soixante-cinq premiers jours se passèrent sans problème, à une exception. Impossible pour Ritsu de ne pas émettre de réserve lorsque Takano entreprenait telle ou telle chose. Entre doute et angoisse, la liaison des deux collègues stagna au même stade. Tout comme un premier émoi sentimental, les papillons dans le ventre, les prunelles éclatantes, les pensées rivées sur la même personne vingt-quatre heures sur vingt-quatre, mais aussi les craintes, la jalousie. Le couple trancha sur la visibilité de leur histoire. Les seules personnes au courant de cette dernière furent Yokozawa, les parents de Ritsu ainsi que son ex-fiancée, An. La famille du plus jeune avait mit un certain temps avant d'encaisser la nouvelle, Ritsu étant le fils unique du grand patron des éditions Onodera. Ritsu n'accordait que peu d'importance à l'aval de sa mère, et se contenta finalement du strict minimum : Avoir réussi à les tenir informés.

La deuxième année fut celle du chamboulement. À la grande surprise de Takano, Ritsu lui demanda, avec les joues encore rougies par la timidité, de vivre ensemble. C'est ainsi que les deux hommes quittèrent leurs appartements respectifs pour emménager dans un tout nouveau. Celui-ci se situait un peu plus au cœur de la ville et ce changement de location réduisait de moitié la distance à parcourir pour arriver aux locaux de Marukawa. Les éditeurs se disputaient encore de temps à autre et cela se déroulait toujours sur leur lieu de travail. Takano prenait un malin plaisir à fournir toujours plus de boulot à son petit-ami. Leur amour n'était plus un secret pour personne dans la boîte, ce qui ne manquait pas de faire les choux gras de la section consacrée au Boy's Love. L'officialisation s'était faite par hasard, alors que Takano essayait d'obtenir un baiser de son amant dans la salle de réunion, ce qui embarrassa Ritsu comme pas possible durant deux mois et demi... Non. Cela l'embarrassait toujours autant.

La douceur du printemps, la chaleur de l'été, la grisaille de l'automne et les festivités de l'hiver le temps n'attendait ni Takano, ni Ritsu. La troisième année fut celle des promesses, et la quatrième celle des certitudes. La conviction d'être fait l'un pour l'autre depuis le début, de rester ensemble jusqu'au bout. Elles passèrent à une vitesse folle et malgré sa résolution de ne plus y penser, Takano angoissait déjà à l'idée de perdre cette personne qu'il aimait tant. Son appétit s'amoindrissait de seconde en seconde et les mégots de cigarette ne cessaient d'augmenter dans le cendrier. « Quelque chose ne va pas Masamune ? » demanda le plus jeune, toujours soucieux du bien-être de Takano. Il n'avait cependant pas besoin d'attendre la réponse, c'était toujours le même refrain. « Tout va bien, ne t'inquiète pas pour moi. Les aléas de l'édition. »

Takano eut à peine le temps de profiter de cet ultime mois que le trentième jour arriva. Quand il retrouva le post-it daté du quinze mai deux-mille dix sur le coin de son bureau, son estomac se retourna dans tous les sens. Le cauchemar l'avait enfin rattrapé et ne désirait qu'une chose : Se délecter de sa chair désespérée et de son cœur meurtri. Néanmoins, l'homme ne se laissa pas aller au chagrin et ravala ses larmes. Il décida que cette dernière soirée serait la plus formidable qu'ils n'eurent jamais connu.

Il invita Ritsu à manger dans le restaurant le plus chic du quartier, un français proposant de somptueux plat. Ensuite, les deux hommes allèrent au cinéma. Saisi par l'ambiance horrifique du film, Ritsu se blottit sur l'épaule de son amant. Dans la poitrine de Takano, un organe ne voulait plus se calmer et battait la chamade. « Ton rythme cardiaque est rapide Masamune.

- C'est normal Ritsu, je suis heureux »

À cet instant, Takano ne mentit pas. Les cinq années passées auprès de son premier amour furent les plus belle qu'il eut vécu et même si le pire l'attendait dans quelques heures, sa frustration n'était pas semblable à celle ressenti la première fois.

Lorsqu'ils rentrèrent chez eux, Takano ferma la porte à clef et amena Ritsu dans la chambre à coucher, sans même prendre la peine de retirer ses chaussures. Il le déshabilla avec rapidité avant de le pousser sur le lit comme s'il fut prit d'une soudaine exaltation. Cette fougue ne manquait jamais durant leurs rapports intimes, mais cette nuit là se devait d'être exceptionnelle. « Tu frissonneras comme jamais Ritsu » lui avait-il promis d'une voix suave au creux de l'oreille. Chaque parcelle de peau découverte passa sous les lèvres douces et gourmandes de l'homme et le dos de Ritsu se cambra à chaque frémissement. Ce dernier voulut se lever afin de dénuder à son tour son amant, mais Takano l'en empêcha en le plaquant contre le matelas froid.

- Tu ne te souviens pas de cette date Ritsu ?

- C'est… Ah oui ! Je…

- Oui, nos cinq ans ensemble.

Une myriade d'étoile brillèrent dans les yeux de Ritsu qui, pour répondre à son bien aimé, lui offrit un baiser. D'abord doux, avant que la langue de Takano ne prenne le relais de l'étreinte maintenant langoureuse.

La chaleur de l'autre, les pulsations de son cœur. Les soupirs brûlants contre la chair et le souffle erratique renversant les sens. Je t'aime, je t'ai toujours aimé. Les bras enlacés pour l'un, les mains audacieuses pour l'autre. Je ne sais pas si c'est à cause de l'occasion, mais il me semble plus amoureux que jamais, songea Ritsu, tandis Takano renia le flux de sa conscience. Ses sentiments à l'égard de son cadet furent les seules choses qu'il répéta sans se lasser.

Les deux hommes s'unirent jusqu'à ce que la forme ne suive plus. Encore et encore, Takano profita des dernières heures. Parfois, sa vue se noya d'émotion mais il ne s'écroula pas, pas devant Ritsu.

« Bonne nuit Masamune.

- Bonne nuit Ritsu…

- … Tu pleures ?

- Non. »

Dehors, une tempête éclata sur la ville. La raison de l'éditeur en chef craqua à l'instar du ciel et ses larmes tombèrent comme la pluie recouvrit l'asphalte. Cependant, Takano réprima sa peine pour ne pas troubler celui qu'il aimait à la folie. Il voulait que pour le final de son existence, Ritsu s'endorme en paix. « Ça te dérange si je dors contre toi ? » Le plus jeune remua la tête de droite à gauche. Takano n'avait aucune intention de tomber dans les bras Morphée. « Je t'aime Ritsu...

- Et moi donc, Masamune. Je t'aime depuis toujours ! »

La main posée sur le torse de Ritsu, Takano garda les yeux ouvert sans s'assoupir. L'inquiétude le pétrifia, il se sentait cerné par la mort. Les minutes défilèrent, le narguant, le rendant cinglé. Leurs souvenirs passèrent dans sa tête à la manière d'un film de famille. Eux deux, lycéens et innocents. La virginité prise à Ritsu dans sa chambre d'adolescent. La fracture douloureuse et incompréhensible de leur relation. Leurs retrouvailles chez Marukawa et le baiser qu'il lui avait volé devant cette mangaka. La patience de Takano avait été infini jusqu'à ce qu'ils trouvent un terrain d'entente. « Le premier amour, je ne peux qu'y croire dès à présent. »

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L'aube arriva au rythme des tic-tac de l'horloge, tout en lenteur. Recroquevillé sur lui-même, Takano frotta ses paupières endolories et prit à nouveau le poignet de Ritsu. Il vérifia encore son pouls, bien qu'il n'y croyait pas. Rien, inexistant. Il caressa ses cheveux, son cadet semblait s'être endormi dans une quiétude parfaite. Aujourd'hui était un jour de semaine où il devrait déjà être levé pour se rendre à Marukawa, mais il en avait décidé autrement. Yokozawa l'appela mais il ne décrocha pas. Il se sentit vide, sans but, sans espoir. Il en était conscient, conscient de la solitude qui l'enrobait désormais. Yokozawa persista, mais jamais il ne répondra. Jamais.

FIN

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Vooooooilà !

Euuuh que dire... J'espère que votre coeur n'est pas trop réduit en miette, je vous laisse méditer sur la fin. Sinon, je me suis rendue compte d'une chose : Pourquoi j'écris Takano, alors que cela devrait être Masamune ? Ben oui, je n'appelle pas Ritsu " Onodera "... Bref, là j'ai juste envie de penser à des choses joyeuses donc je dis n'importe quoi. Mais j'espère que ce détail ne vous a pas trop gêné dans la lecture.

N'hésitez pas à me laisser une petite trace pour me confier vos impressions, je serais ravie de les connaître et de vous répondre !

/Z'avez des mouchoirs à me filer ? J'aurais pas du mettre de playlist triste/

Bisous, et à bientôt :D