La nuit était sombre et calme, et le silence seulement troublé par le cri des oiseaux nocturnes. De la rivière toute proche montaient des lambeaux de brume blanchâtres, pareils à des linceuls s'élevant doucement au dessus des prés.
L'homme transplana au bord d'un petit sentier et resta quelques instants tapis dans la pénombre, à l'affut d'une éventuelle présence hostile. Mais les seuls signes de vie qu'il entendit furent les grognements d'une laie et ses marcassins en train de se vautrer dans la boue d'un ruisseau tout proche. Mais cela ne suffit pas à le tranquilliser pleinement. Le Seigneur des Ténèbres avait beau avoir pris le pouvoir, les rebelles de l'Ordre du Phénix, mais aussi toute la vermine des sangs-de-bourbes et des traitres à leur sang représentaient un danger qu'il ne devait en aucun cas sous-estimer. Aussi prit-il quelques instants pour jeter quelques sorts de contrôle.
Hominem revelio ne lui révéla aucune présence humaine dans les environs immédiats. …. Une fois pleinement rassuré, il se remit en route, le silence seulement troublé par le bruissement de sa robe dans les herbes. Longeant une haie, il arrivât enfin à destination. Tandis qu'il levait le bras gauche en une forme de salut, la grille du manoir des Malefoy se volatilisa dans des volutes de fumée sombre pour se rematérialiser derrière lui.
Traversant à grandes enjambées le parc avant de contourner une pièce d'eau, il ne put s'empêcher de rire intérieurement du goût qu'avait Lucius pour la grandiloquence. Des paons albinos, un jardin à la française, …. Il ne manque plus que des canards. Les canards, c'est con, mais çà fait cossu, se dit-il en lui-même tout en arrivant au pied du manoir.
Sur le perron, Lucius l'attendait. En lui-même il ne put s'empêcher de penser que depuis qu'il avait perdu sa baguette, celui-ci semblait totalement désemparé. Les semaines qui s'étaient écoulées, les sarcasmes des autres mangemorts, tout cela avait fait de Lucius un autre homme. Fini la superbe, fini la morgue. A présent, il semblait aux abois. Pourtant celui-ci fit bonne figure en l'accueillant.
-« Soit le bienvenue, Cooper. Le Seigneur des Ténèbres t'attend avec grande impatience. Entre, je vais t'annoncer »
Une fois la porte du salon refermée derrière lui, il mit quelques instants à s'accoutumer à la pénombre qui régnait dans la pièce seulement éclairée par un feu qui brulait dans la cheminée monumentale.
-« Cooper » fit une voix sifflante venant du large fauteuil qui faisait face au feu « J'espère que tu es porteur de bonnes nouvelles, que tu as pu faire mieux que Yaxley qui, alors qu'il avait réussi à agripper un des intrus du Ministère, a seulement réussi à nous conduire au milieu d'un répugnant square moldu. »
L'homme pris une brève inspiration avant de s'approcher de Voldemort et le saluer. Du coin de l'œil, il pouvait voir Nagini qui se rapprochait lentement de lui.
-« Comme vous me l'avez demandé, je me suis rendu au domicile de la sang-de-bourbe Granger. De toute évidence, la maison est inhabitée depuis plusieurs semaines. Je suis resté sur place une partie de la journée et jusqu'à tard dans la nuit et aucune personne ne s'est manifestée. Rien, même pas un animal familier. La boite aux lettres déborde et le jardin est dans le plus complet des abandons.
Par contre, la maison est protégée par toute une série de sortilège de protection. Et, pour être parfaitement objectif, c'est monté d'une façon plus qu'ingénieuse. J'ai essayé d'analyser les sortilèges que j'ai pu identifier et c'est vraiment brillant. Les sortilèges repousse-moldus sont littéralement sélectifs afin de ne pas éveiller les doutes du voisinage moldu. Le tout venant des moldus, hostiles ou pas ne peut pas franchir la limite du jardin. Un deuxième sort, peut être ciblé sur des proches, semble plus « perméable ». A mon idée, il doit laisser avancer les personnes sur quelques mètres avant de les contraindre à rebrousser chemin. Quant aux sorciers, le sortilège est … »
- « A tes propos, on croirait que tu aimes les sangs-de-bourbe » fit Voldemort d'une voie glaciale tandis que Nagini qui semblait sentir la colère de son maître s'était rapproché doucement pour venir flairer les chevilles de Cooper.
Celui-ci fit face un instant à Voldemort, les yeux dans les yeux, l'esprit ouvert. Puis il reprit.
- « En aucun cas, Maître. J'essaye simplement d'être objectif, ne vous en déplaise. Quoiqu'il en soit, j'aurais pu essayer de briser les sorts de cette maudite sang-de-bourbe. Mais en plein jour, cela aurait attiré immanquablement l'attention du voisinage ou peut-être de membres de l'Ordre du Phénix. Il est notoire que la sang-de-bourbe Granger en est proche.
Donc je suis quand même resté sur place une partie de la journée, et mon attente n'a pas été vaine. Au bout d'un moment, la présence d'un étranger au quartier a été remarquée par une vieille commère qui sortait son chien. Par sa fenêtre, elle m'avait semble t'il remarqué tournant autour de la maison et m'a demandé tout de go si j'étais de la police et que ma présence ne l'étonnait pas depuis la disparition de la famille Granger.
Je n'ai pas jugé utile de la détromper quant à ma qualité supposée de policier, et cette brave dame m'a conté par le menu tout ce qu'elle savait de la sang-de-bourbe, depuis son caractère atypique jusqu'à son changement d'école soudain l'année de ses onze ans. En ce qui concerne les évènements de ces derniers jours, selon elle, les parents ont déménagé soudainement pour l'Australie courant juillet. Quant à la sang-de-bourbe, elle est restée invisible depuis cette date et elle n'a vu personne d'autre ».
- « L'Australie. Ce serait la Patagonie que çà serait pareil, ne nous attardons pas sur cette piste. Mais continue. J'ai l'impression que tu as une idée derrière la tête ».
- « Oui Maître. Au cours de notre conversation, j'ai pris la liberté de montrer à cette dame une photo de l'indésirable n°1 et une du jeune Weasley, photos que j'avais pris la précaution de stupéfixer ». Il sort deux photos de sa poche, figées en plein mouvement. « Je lui ai montré ces photos et lui ai demandé de bien les regarder, que cela avait une grande importance si elle les avait vu en compagnie de la sang-de-bourbe. Et la question que j'attendais aussi sur que 29 noises font une mornille n'a pas tardée. « La fille Granger et ces garçons, ils ont fait quelque chose de grave ? » Je lui est dit que je craignais le pire, lui demandant bien sur de rester discrète, … ».
- « Le jeune Weasley. N'est-il pas en train de mourir de l'éclabouille ? C'est du moins ce que disent les gens du Ministère. Mais toi, tu n'y crois pas, non ? »
- « Maître, avec ces traitres, on ne peut être sur de rien, …. »
Il est coupé dans sa phrase par un geste impérieux de Voldemort qui se lève brusquement de son fauteuil pour se tourner vers la silhouette qui semble attendre dans l'entrée du salon.
-« Lucius. Ne t'avais-pas demandé de me laisser seul avec Cooper ? », Fit-il d'une voix glaciale 'A moins que tu ne sois porteur de bonnes nouvelles, je te conseille de sortir de cette pièce, immédiatement ! »
Une fois la porte refermée, Cooper poursuit.
- « Et voilà ce à quoi j'ai pensé tout en suscitant la curiosité de cette moldue. Mon cousin Igor Alekseïevich Vanine a un proverbe qui dit : volk rossiyskikh ravnin dolzhny okhotit'sya s sobakami rossiyskikh ravnin , ce qui peut se traduire approximativement par: le le loup des plaines de Russie doit se chasser avec des chiens des plaines de Russie ». Puis il se penche à l'oreille de Voldemort pour exposer son plan. Il parle à voix si basse qu'il serait inaudible pour toute autre personne qui entrerait subrepticement dans la pièce, ou bien qui essaierait d'employer une oreille à rallonge.
Au bout de quelques instants, Voldemort esquisse un sourire.
« Astucieux effectivement. Si j'étais à sa place, c'est exactement ce que je ferai. Maintenant, es-tu certains que cela va marcher et nous conduire à Potter ?
Cooper s'attendant à cette question, il ne pouvait qu'être franc dans sa réponse.
« Rien n'est jamais certains, Maître. Granger est une née-moldue. Elle connait les codes, les us et coutumes des moldus bien mieux que nous. Pareil pour Potter qui a été élevé par des moldus. Mais, si j'étais à leur place, c'est ce que je ferrais moi aussi. Je me fondrais parmi les moldus et me tiendrais éloigné le plus possible de tout lieu magique.
En tout cas, si tout fonctionne comme je l'espère, et bien, disons que cela devrait leur compliquer singulièrement la vie. ».