VIOLIN- Part 2

Me voilà pour la suite et la fin de cette courte mais très plaisante aventure !

Voici, pour commencer, les réponses à vos reviews :

Laura-067 : Merci beaucoup ! J'avais peur justement d'avoir bâclé les relations mais apparemment non, donc tu me rassures. Pour ce qui est de ta question avec Himuro, Takao et Daiki, la réponse est plus bas ) et pour Kise, bien tenté, mais ce n'est pas lui xD.

Voici la suite, bonne et agréable lecture !

Efirg : Quelle longue review, tu me combles ! Donc, merci, merci et encore merci, heureuse que ça te plaise !

Je suis contente d'avoir respecté les personnages alors, j'en suis même soulagée, et, représentant les cracks pairing, je me devais de sortir le grand jeu xD (c'est, en vérité, une autre fanfiction qui m'a inspiré ce couple)

Dans tous les cas, je ne peut pas répondre à tes questions, car toutes les réponses sont dans le chapitre ) J'espère ne pas te décevoir, bonne lecture et merci encore !

Bien, alors merci encore aux lecteurs et bonne lecture à vous !

Cinq ans aprés le concert à Londres d'Himuro, c'est partit ! Bonne lecture, on se retrouve en bas ! (clin d'œil étoile)

xxx

Les deux jeunes adolescentes en fleur gloussaient doucement en feuilletant ce qui semblait être un magazine féminin, le dernier numéro de la version anglaise de Glamour apparemment. Elles étaient assises sur le canapé du salon de ce vieux bâtiment, les genoux se touchant, habillées dans leur uniforme scolaire. Le bouquin était posé sur leurs cuisses, entre elles, et l'une des deux, une brunette, passa la deuxième page et leurs commentaires sur les photographies sous leurs yeux redoublèrent. Elles furent rejoint par une belle jeune femme blonde qui avait l'air d'avoir la quarantaine mais avec toujours une certaine fraicheur dans son caractère et son physique. Elle se mit derrière elles en s'appuyant sur le dossier du canapé et siffla d'appréciation en observant elle aussi les clichés.

Quelques minutes plus tard, la porte en bois de l'entrée s'ouvrit dans un grincement épouvantable mais les trois filles ne bougeaient pas de leur magazine et le nouveau venu dû s'avancer de lui-même dans le salon. Ça ne le dérangeait pas plus que ça évidement, vu le temps qu'il avait passé dans cet internat. Il connaissait donc ces couloirs poussiéreux comme sa poche.

Il s'approcha des trois filles en laissant tomber doucement son sac de sport sur le parquet abimé et demanda :

«Qu'est-ce que vous regardez pour être si excitées ?

-Oh, Taiga~ Come here ! » Lui dit la grande blonde alors que les jeunes filles le saluaient et qu'il leur frottait les cheveux fraternellement.

Il se pencha au dessus du magazine et l'autre étudiante de 17 ans (qui n'avait donc pas encore quitté l'internat), aux cheveux châtains, le ferma et le lui glissa sous le nez. Il lu donc avec un effarement amusé le titre en blanc de la couverture : "SEA, SEX AND SUN" écrit sur une photo en noir et blanc d'un très bel acteur américain. Il prit le magazine dans ses mains, alors que la jeunette lui le secouait devant le nez pour qu'il le prenne, et l'ouvrit sur le sommaire : "En couverture- Le top des 15 hommes les plus sexy des cinq dernières années.". Il lança un regard interrogatif aux filles qui acquiescèrent en lui chuchotant de regarder les photos, qu'il y avait "quelque chose qu'il ne devait pas rater.". Avant de passer aux articles, était marqué « "L'homme idéal est un mythe" dit-on, en voici pourtant quelques aperçus. »

Le premier s'appelait...hm...James? Non, Jamie! Don...nuts? Il ne s'en rappelait déjà plus et il s'en fichait complètement (il avait haussé un sourcil aux chuchotements des filles sur ce ..."Mister Grey", avaient-elles dit?). Le second, un anglais, était un acteur ayant repris un personnage très connu de la littérature anglaise et Taiga devait bien avouer qu'il appréciait la série dans laquelle il jouait (bien qu'il n'arrivait jamais à mémoriser son nom…Ben ? Il l'appellerait Ben.). Le troisième lui posa bien plus de problèmes: un blond (MA-GNI-FI-QUE blond) mannequin depuis le lycée apparemment, aujourd'hui homme d'affaire dans l'aviation, avec un sex-appeal indiscutable, au vu notamment de la pause dans la "lecture" du pompier, qui était littéralement subjugué par la photo du jeune blond, torse nu. Il baissa tout de même les yeux et lu son prénom : Kise Ryouta… Un japonais en plus ? Il cligna quelques instants des yeux et revint sur Terre grâce à la main d'Alexandra qu'elle secouait devant son visage. Il sursauta et sentit ses joues brûler délicatement alors qu'il passa rapidement à la page suivante devant les rires discrets des trois filles. Sans le vouloir, il pensait qu'elles l'avaient fait exprès, ce type étant tout à fait son genre…

Le quatrième ne l'intéressa pas autant et il passa à la page suivante : à ce moment là, il rit aux éclats en voyant qui était le cinquième homme à être qualifié de "l'un des plus sexy de ces cinq dernières années". Son ami d'enfance, Tatsuya, avait été fabuleusement photographié en train de jouer du violon, dans une position gracieuse, avec un petit paragraphe : « En plus d'être un enchanteur, Tatsuya Himuro est clairement d'une beauté fine, gracieuse et lointaine. » puis, suivait ensuite une petite présentation succincte du musicien. Pouffant encore, il se fit piquer le magazine des mains par les deux jeunes filles qui ne comprenaient pas son éclat de rire et qui finirent par quitter les deux adultes, devant aller faire leurs devoirs. Alex fit un signe au jeune homme pour qu'il s'asseye à ses côtés alors qu'elle contournait le sofa.

Elle posa sa main sur la cuisse de Taiga et lui demanda :

« Alors, comment ça va toi ?

-Plutôt pas mal, j'adore mon boulot. Sourit-il.

Elle reprit avec un sourire taquin :

-Et…toujours pas de garçon en vue ?

Il sursauta, un peu mal à l'aise avec ce genre de discussion, puis répondit en se frottant la nuque :

-Non, pas du tout.

-Allons, il y a bien quelqu'un à ton boulot qui doit te faire de l'effet, les pompiers, c'est sexy… Oh, (sur un ton faussement naïf, elle rajouta) et ce jeune homme, là, le blondinet très sexy dans le magazine, tu as apprécié, non ? … »

Il rougit furieusement, le visage tourné complètement sur le côté et bougonna :

« Oui, il était peut être se-sexy mais sans plus… »

Elle claqua sa main sur sa cuisse et se leva en riant, pas certaine de la réponse de son ami. Elle savait qu'il était intéressé par les garçons, elle l'avait deviné il y a bien longtemps et ils avaient eu une discussion dans laquelle Taiga avait avoué se sentir mal de cette attirance qu'il jugeait malsaine. Elle le laissa donc en plan, rougissant comme un pauvre diable. Il soupira et se leva, se disant que, de toute manière, même s'il savait draguer un minimum, il ne rencontrait pas le beau blond d'ici là. Autant rêver…

xx

Les premiers rayons du soleil tranchaient les épais nuages de Londres et faisaient briller délicatement les routes mouillés, les feuilles, la pelouse des parcs et des Châteaux ou encore les fleurs en pot au bord des fenêtres. La capitale se réveillait doucement alors que les rayons dévalaient la courbe gracieuse de Big Ben.

Un beau jeune homme était accoudé au balcon de son appartement deBloosmbur, placé merveilleusement non loin du British Museum. Il avait dans la main un mug rempli d'un raffiné Earl Grey, de la marque Tiptree (1), et regardait avec plaisir la vie s'éveiller dans cette belle ville. Glissé dans un pantalon beige lâche et un simple t-shirt blanc, il ferma les yeux en réfléchissant à son programme de la journée alors que le vent soulevait ses mèches noires. Il fut interrompu dans ses pensées par deux bras fins qui se glissèrent autour de sa taille et une douce odeur de savon. Il sourit doucement après que deux lèvres fines se posèrent sur sa nuque gracile et pâle. Il se tourna donc doucement, la hanse de sa tasse glissée habilement entre deux doigts et posa son autre main sur la joue du nouveau venu pour venir l'embrasser avec douceur. L'autre posa sa main sur son bras et la fit glisser jusqu'à sa main en approfondissant le baiser. La tasse fut récupérée ainsi avec agilité alors que le baiser se rompit. Le noiraud sourit doucement en envoyant un regard interrogatif et amusé à l'autre pour savoir quel était ce petit jeu. Celui-ci lui répondit seulement par un haussement d'épaule, en portant la tasse de thé encore fumante à ses lèvres et en se décalant pour appuyer ses cuisses sur la rambarde en pierre taillée.

Le noiraud soupira discrètement, embrassa une dernière fois la tempe de son compagnon, puis rentra dans l'appartement en soulevant les rideaux en soie beige. Ses pieds nus rencontrèrent le parquet neuf et il récupéra une feuille de partition qui s'était malencontreusement retrouvée par terre à cause d'une brise. Il s'assit sur l'épais tapis blanc du salon, devant la table basse jonchée de feuilles comme celle qu'il avait ramassé et de carnets, et un étui bleu abîmé reposait contre le pied de la table en bois noir. Un superbe violon reposait sur le couffin blanc. Alors qu'il récupérait un stylo à plume pour continuer sa composition, son téléphone cellulaire émit une légère vibration qui résonna sur la table. Il récupéra l'appareil et sourit en voyant l'envoyeur.

Bonjour ! Message pour vous faire part des résultats de mon audition, j'arrive toujours pas à y croire… Je suis accepté à Philharmonia et je joue dans trois semaines, les répèt' commencent dés demain ! J'ai hâte ! (2)

De : Daiki Aomine

xx

Les semelles de ses chaussures claquaient contre les couloirs carrelés du bâtiment de répétition, des papiers coincés entre ses bras fins, alors qu'il courait à s'en faire un point de côté jusqu'à la salle de répétition générale. Arrivé devant la porte, il se stoppa d'un coup pour reprendre son souffle en trottinant sur place puis l'ouvrit sans attendre. Le jeune homme –dont les cheveux châtains décollaient du sommet de son crâne dû à sa course- s'avança et découvrit son –jeune- patron en train de ficher littéralement de ce que lui faisait remarquer le chef d'orchestre devant lui. Chef d'orchestre que tous respectaient mais que son entêté musicien de patron s'était mit en tête de ne pas écouter. Pourtant, l'assistant savait que ça ne durerait pas… Les rumeurs sur son regard qui vous glaçait le sang étaient bien fondées. Et maintenant, le pauvre châtain devait rectifier les bêtises du musicien à sa charge, étant donné qu'il avait dû impérativement récupérer ces papiers et qu'il n'avait pas salué avec lui le chef d'orchestre aujourd'hui –il aurait pu tenter de le faire taire sinon... Ca allait barder.

« D-daiki (le susnommé leva les yeux vers lui et soupira en se frottant la nuque), Monsieur Akashi (le châtain se courba), je suis vraiment confus de mon retard et de l'attitude de Daiki, désolé. »

A la fin de ses mots, il se redressa en envoyant un regard qui se voulait noir au jeune homme qui se frotta de nouveau la nuque en bougonnant et en se dirigeant vers le piano. Le châtain ne put retenir son soupir : arriver à se faire respecter pour lui était déjà compliqué dût à sa personnalité très introvertie et son enquiquinante manière de s'excuser tout le temps –qu'il essayait de calmer-, mais arriver à "dompter" un type tel que Daiki Aomine… Mais, au final, l'assistant avait compris qu'il suffisait de dire ce qu'il pensait et d'arrêter de se laisser marcher sur les pieds, tout en laissant de la liberté à l'ancien orphelin, pour que leur relation soit plus agréable pour tout le monde. Akashi Seijuro -car c'était bien lui- observa quelques minutes le visage du châtain mais secoua légèrement la tête :

« Ce n'est rien, Ryo, vous faites votre travail, et plutôt à merveille. »

Il ponctua la fin de sa phrase avec un fin sourire, très rare, plissant ses prunelles rouges. Cela fit rougir légèrement l'assistant qui répondit pourtant par un sourire poli et qui le quitta en s'excusant une nouvelle fois pour aller parler avec Daiki.

« Daiki, que vous arrive-t-il, enfin, désolé mais je vous avais demandé de ne pas être aussi déplacé face à Monsieur Akashi… Annonça l'assistant les sourcils froncés mais sa voix aigue empêchait encore de lui procurer un côté trop sévère.

-Eh, je ne lui ai rien dit !

Le châtain soupira. Ce garçon avait-il réellement vingt-trois ans ?

-C'est justement ça le problème, on ne reste pas autant indifférent devant un homme tel que lui… »

Le métis resta dubitatif un instant en marmonnant quelque chose comme quoi ce que lui disait le chef d'orchestre, il le savait déjà, puis un sourire narquois et suffisant gagna son visage. Il rajouta donc d'une voix ni trop basse ni trop forte mais avec un visage justement indifférent.

« Ce n'est pas trop ton cas, hein, "Ryo" ? Tu n'es pas trop indifférent face à cet homme… »

Gagné. Rougissant furieusement, le susnommé aurait voulu répondre mais, trop tard, il se fit interrompre par la voix du fameux homme qui annonçait que l'orchestre allait reprendre la répétition. Il dut quitter le musicien qui sourit dans sa barbe, content de cette technique de "mettre mal à l'aise" que lui avait appris Kazunari –il l'avait utilisé tellement fois sur lui en plus… Ronchonna t-il encore-.

Le petit pianiste qui avait été récupéré dans son pauvre orphelinat de Londres par un maître dans l'Art de la musique était aujourd'hui le pianiste officiel pour l'un des plus importants concerts de l'année, fait dans un but caritatif. De grands noms de la musique seraient présents mais aussi de la politique, et du show-business. Il y a eu du chemin, n'est-ce-pas ? Mais, malgré sa personnalité confiante, il fallait dire que Daiki avait été rarement aussi excité et stressé à la fois. Kazunari, qui avait fait facilement ses preuves dans le monde de la musique, avait refusé de passer l'audition pour Philharmonia, voulant absolument voir Daiki jouer seul et se prétendant incapable d'être pris. Bonne blague, avait bougonné le pianiste. Pourtant, celui-ci avait rapidement pardonné au flûtiste qui avait rajouté avec un immense sourire et un clin d'œil:

« Je vais casser notre promesse volontairement pour cette fois-ci, promis, mais je te promet que je ne regarderai que toi, ok ? On est quittes ? »

Sortant de ses pensées, le métis se redressa pour faire face à son instrument et tourna sa tête pour regarder tout de même le chef d'orchestre et attendre son feu vert. Celui-ci jeta un regard à l'assemblée, un plus appuyé à Daiki, et finit par rajouter avec un micro-sourire que le pianiste pourrait qualifier de…mesquin.

« Bien, comme nous accueillons aujourd'hui Daiki Aomine, notre pianiste, nous allons lui demander de nous jouer, en l'accompagnant bien sûr, le Concerto Numéro 23 pour Piano de Mozart. Enfin, si ça ne le dérange pas.»

Et, bien évidement, il connaissait les bases de cette partition et elle était sagement posée sur son pupitre. Il fronça les sourcils mais répondit le plus poliment qu'il puisse, sous les regards amusés des autres musiciens.

« Ça ne me gêne aucunement, commençons. »

Et il ferma les yeux, écoutant attentivement le début du concerto pour ensuite commencer à jouer avec vivacité et grâce cumulées. Ses doigts bougeaient si rapidement et si parfaitement que seul un œil expert pouvait capter toutes les nuances de son jeu et réellement le commenter, sinon de dire "fabuleux".

Plus que satisfait, Akashi se tourna donc vers le reste de l'orchestre pour continuer et finir le morceau. Ce concert allait être une grande réussite et resterait aisément dans les esprits comme son concert d'il y a cinq ans déjà.

xx

« Kurokocchi ! »

Le susnommé se tourna vers la voix claire qui l'appelait et tomba face à face avec son ami de lycée qui lui faisait de grands signes et s'avançait vers lui avec un immense sourire. Le dynamique blond qui se posta devant lui manqua de le serrer dans ses bras tellement il était heureux de le revoir.

« Kurokocchi ! Ca fait si longtemps, tu m'as manqué !

-Bonsoir, Kise-kun, comment vas-tu ?

-Super bien ! Mon affaire marche du tonnerre, oh, et tu sais que j'ai été élu troisième homme le plus sexy ? C'est vraiment trop gentil de leur part ! Et… »

Ainsi partit, personne ne pouvait arrêter sa cascade de paroles, alors l'assistant l'écouta patiemment, en rajoutant quelques remarques parfois ou répondant aux questions de son ami. Il apprit que celui-ci était venu à ce concert pour l'apport monétaire qu'il voulait absolument apporter à cette cause et car il ne s'était pas lassé d'écouter du classique.

Lorsque les deux amis étaient au lycée, ils s'étaient découverts tout deux passionnés de deux choses : le basket et la musique. Dans le premier domaine, Tetsuya n'avait pas pu percer et Ryouta avait préféré se consacrer à ses études dans le second, les deux n'avaient jamais touché à un instrument, où du moins l'actuel assistant –malgré qu'il sache jouer du piano- ne se trouvait pas assez bon pour en faire son métier. Alors ils s'étaient consolés en écoutant beaucoup de morceaux, Tetsuya utilisant sa discrétion et son organisation en devenant assistant dans le monde de la musique et Ryouta en continuant à aller à des concerts et encourager par mail son ami.

Alors que le jeune homme se sentit sourire à ces souvenirs et que le blond continuait à papoter, une porte à côté d'eux s'ouvrit et en sortit un superbe homme, habillé d'un travaillé costume noir en queue de pie, ses mèches rouges ramenés en arrière. Le blond sourit grandement en voyant le nouvel arrivant qu'il avait déjà rencontré à maintes reprises lorsqu'il assistait aux concerts où se trouvait son ami de lycée :

« Akashicchi !

-Tiens, Ryouta, tu es déjà là. Sourit légèrement le chef d'orchestre. Tetsuya, as-tu vu tous les détails avec Ryo au sujet du départ vers le lieu du repas après le concert ?

-Oui c'est fait, les limousines ont toutes été vérifiées et les invités pourront commencer à partir dés la fin du concert, les musiciens auront assez de temps pour se remettre en ordre. Hm, voulez vous que je lui demande de parler à Daiki ?

L'autre soupira discrètement :

-Non, tu sais qui est le seul à pouvoir un temps soit peu le calmer… »

Alors que Tetsuya acquiesçait, Ryouta soupira avec un grand sourire en faisant une remarque du genre « Vous êtes tellement bien organisés tout les deux, c'est beau de vous voir travailler… » sous les yeux calmement amusés des deux autres. L'assistant baissa les yeux sur son carnet de notes mais sursauta soudainement en sentant une main se poser sur sa taille. Il tourna ses superbes pupilles turquoise vers le nouvel arrivant et rencontra les yeux malicieux d'un jeune homme bien trop beau pour sa santé. Pourtant, sa surprise fut rapidement passée et il lui sourit délicatement :

« Tatsuya. »

Le susnommé lui sourit tendrement, sa main toujours posée sur sa taille, et serra presque fraternellement la main de Seijuro qui le salua. Il se tourna enfin vers le blond qui, étonné, le reconnu rapidement et rougit :

« Ou-ouah ! Vous-vous êtes Himuro Tatsuya ? Je suis vraiment ravi de vous rencontrer, c'est-c'est…ouah ! »

Le musicien rit doucement et serra à son tour la main de l'ancien mannequin puis se tourna vers les deux autres :

« J'ai parlé avec Daiki, si vous vouliez me demander, et Kazunari a rajouté son grain de sel.

-Parfait, répondit le chef d'orchestre, soulagé malgré lui (le concert se passera à merveille si Daiki avait été calmé par son mentor ET son actuel petit-ami.)

-Quand arrive Taiga ? Demanda l'assistant.

-Il ne devrait pas tarder, mais tu le connais, il va encore être autant stressé qu'il y a cinq ans de devoir passer par les loges. Soupira avec amusement le violoniste.

-Quel idiot, ça fait pourtant plusieurs fois. » Répondit presque sans émotion Tetsuya en se rapprochant imperceptiblement vers le torse du noiraud –qui rit doucement à sa remarque.

Alors qu'ils parlaient de choses et d'autres, le blond, impressionné par la présence du violoniste, n'avait pas encore fait attention mais finit par faire la lumière dans son esprit. Il tendit son doigt vers l'assistant et le musicien en fronçant les sourcils, sous leurs yeux étonnés :

« Vous…vous ? Vous êtes... ?

C'est étonnement Tetsuya qui répondit le premier en posant ses lèvres sur le coin de la mâchoire de son amoureux :

-Ensemble ? En effet. » Sourit-il simplement.

La réaction du blond ne se fit pas attendre, tellement il était content pour son ami : après avoir formé un O parfait avec sa bouche, un sourire lui fendit le visage alors qu'il les félicitait mais qu'il reprit en se plaignant faussement que l'assistant ne lui ai pas dit plus tôt. Tatsuya se fit harponner par le blond qui décida de lui parler, au même moment où Tetsu reprenait de nouveau la discussion avec son chef sur les éléments de préparation de la soirée. Il s'était tellement démené pour ce jour, il fallait qu'il soit parfait.

Le violoniste, habillé parfaitement dans un costume noir avec un nœud papillon qui lui sciait plus que mieux, donnait la plupart des titres que l'orchestre jouerait ce soir sous le regard impressionné du businessman devant lui. Alors qu'il allait donner un nouveau nom de compositeur, une voix l'interrompit :

« Tatsuya ! »

Le susnommé se retourna vers la source et découvrit son meilleur ami, qui avait accepté de porter un costume –avec une cravate-, à cause de son invitation au repas de charité (il représentait la caserne dans laquelle il travaillait, une des institutions qui recevrait une partie des dons), s'avançant vers lui, un fin sourire sur les lèvres. Taiga, voulant absolument se moquer du violoniste pour l'article qu'il avait lu il y a quelques semaines, ne fit pas attention à la personne aux côtés du noiraud. Il lui frappa donc fraternellement l'épaule –il ne salua pas Tetsuya tout de suite, le laissant parler deux mètres plus loin avec des employés et son patron- en faisant remarquer :

« Alors, "Mister Sexy No.5", comment ça va ?

Le jeune homme soupira, alors que l'assistant derrière lui sembla tiquer et froncer légèrement les sourcils même s'il parlait au même moment, et répondit avec un sourire contrit :

-Alors tu as vu l'article ? Je vois… Sinon, Monsieur Kise ici présent m'a battu, tu as du le voir ? » Finit-il, ayant trouvé la solution parfaite pour changer de sujet, en pointant de la main le blond qui se décala pour sourire au pompier.

Oh.

xx

Daiki Aomine était ce qu'on appelait communément un "enfant terrible". Toujours fier, à faire les quatre cents coups pour mener la vie dure aux responsables des orphelinats où il avait été envoyé. Le jeune garçon avait perdu ses parents très tôt et, n'ayant aucune autre famille, il fut envoyé en orphelinat dés son plus jeune âge. Son désir de révolte était né entre ces murs poussiéreux. Toujours seul, les autres enfants étant soit trop faibles pour le suivre dans ses aventures, soit ils avaient trop peur de lui. C'est à quinze ans qu'un nouveau garçon arriva à l'orphelinat, un jeune garçon joyeux et spontané, qui réussit à craqueler la carapace de Daiki. Il s'agissait en effet de Kazunari qui devint donc le meilleur ami du pianiste et également son coup de cœur. Rougissant comme une fillette dés qu'il voyait sourire le flûtiste depuis huit ans déjà, le bronzé avait eu un crush total, autant le dire.

Aujourd'hui, après avoir avoué son attirance certaine pour le brun et la réponse positive de celui-ci il y a six mois, il était clairement stressé. Oui, Daiki Aomine, l'"enfant terrible", était stressé. C'était aujourd'hui son premier concert et son petit-ami, comme son mentor, étaient présents. Il n'avait jamais été autant stressé autre que lorsqu'il avait dévoilé ses sentiments face à Kazunari et ça l'énervait plus qu'autre chose. Et le brouhaha de la salle de concert qui se remplissait n'arrangeait rien. Alors qu'il triturait ses doigts, assis sur la banquette du splendide piano à queue de la salle, il sursauta en sentant une main sur son épaule qu'il découvrit être celle de Tatsuya. Rassuré, il se redressa puis se décala pour le laisser s'asseoir.

« Alors, stressé ? Demanda avec un léger sourire le violoniste.

-Vous ne pouvez pas vous imaginer… »

Seul le rire clair du musicien lui répondit alors que celui-ci lui tapotait paternellement l'épaule et reprenait au final, après le soupir du plus jeune :

« Si tu savais dans quel état j'était lors de mon premier concert… Satsuki venait de devenir mon assistante, elle avait tout organisé –son stress a dû m'influencer je pense- (Daiki sourit en pensant à l'assistante avec qui il avait beaucoup sympathisé) alors je ne voulais pas la décevoir beaucoup de personnes étaient présentes, je faisais la majorité des solos…

-Et vous avez tenu ? Demanda le métis d'un ton presque admiratif.

-Evidement, j'ai joué et tout est allé. » Répondit avec un amusement certain le noiraud.

Malgré que le pianiste bougonne de cette réponse, il se dit que ça devait être vrai et remercia son mentor qui dû le quitter pour retrouver Tetsuya. Alors qu'il soupirait en frottant ses cuisses, il sentit un poids soudain sur ses épaules et des bras entourer son cou. Souriant niaisement –aurait-il dit-, il tourna légèrement la tête sur le côté mais le nouveau venu l'interrompit avec un bisou claqué sur sa joue. Riant doucement, Kazunari s'assit à la place qu'occupait Tatsuya il y a quelques minutes mais ses jambes de l'autre côté, non pas sous le piano. Les faisant balayer le vent avec un côté enfantin, il sourit, taquin, à son amoureux qui le regardait de façon blasée, malgré sa joie de l'avoir à côté de lui.

« Comment va ? Se décida le brun.

-Comme ça peut aller dans cette situation.

-Donc pas trop bien. Rit le flûtiste qui lisait en Daiki comme dans un livre ouvert.

-Pas du tout ! » Rétorqua le métis en détournant les yeux.

Cela ne fit que plus rire l'autre qui, se levant dans un bond, lui offrit un vrai baiser bien mérité en finissant la discussion, un doux sourire sur les lèvres :

« Tout va bien se passer, mon chéri, tu es le meilleur… »

Il s'excusa également car il devait absolument aller rejoindre sa place mais, même si cette entrevue avait été particulièrement courte, Daiki avait été content de voir un peu Kazunari avant de commencer à jouer…. Bon, ça lui avait rappelé qu'il était là donc qu'il devait être encore meilleur que meilleur. Mais, d'un autre côté, ses encouragements lui avaient fait du bien. Se redressant, il souffla, entendant au même moment un gars de l'équipe technique annoncer le début imminent du concert.

Ça commençait…

xx

Un seul mot aurait pu décrire l'état du public : envouté. Une slave d'applaudissements avait bien sûr accueillit le soliste au piano lorsqu'il était entré pour s'installer mais beaucoup se demandaient comment un jeunot tel que lui pouvait faire partit d'un si grand orchestre. Enfin, les auditions étaient rudes, mais beaucoup d'habitués se posaient comme même quelques questions…

La litanie incessante, presque sombre mais exquise du début du morceau, le Concerto Numéro 1 pour Piano de Chopin, avait ravi les sens du public et tous étaient patiemment détendus à attendre de voir ce que vaudrait ce jeune pianiste. Celui-ci devrait être à la hauteur de la force et de la douceur combinée du jeu de l'orchestre Philharmonia.

L'étonnement fut tel qu'une peinture de surprise unique se dévoila sur tous les visages –à part les proches du musicien qui connaissaient tous son talent-. Surprise rapidement remplacée par de l'envoutement pur grâce à la pureté brute et délicate que Daiki faisait passer à travers des mouvements gracieux mais toujours timides et droits. Les sons ravivaient les sens du public, qui ne pouvaient que fermer les yeux et apprécier à sa juste valeur la tonalité de cette musique, dans laquelle on pouvait presque entendre des voix féminines chanter par-dessous le son du piano, qui ne cessait d'alterner entre lenteur et rapidité, jumelées par le talent pur et brute qui se dessinait devant eux. Le bronzé, simple dans son beau costume noir, métrisait parfaitement son art et ses mains avaient l'air d'être entrées d'elles même dans le ballet incessant du morceau créé par le génie de Chopin.

x

Tatsuya avait un doux sourire aux lèvres, heureux et comblé de voir son élève évoluer avec tellement de grâce dans le monde de la musique, et savait qu'il ne regretterait jamais cette après-midi dans l'arrière-cour d'un pauvre orphelinat londonien où il avait parlé de lui et fait parler avec toute franchise le talentueux jeune homme devant lui. Sa main entrelacée dans celle de son amant, qui se permit de déposer sa tête sur son épaule lors des phases du morceau qui lui rappelait les sonorités délicates d'une boite à musique, il se sentait heureux.

x

A ses côtés, Satsuki les avaient rejoint, une main sur son ventre rebondi et l'autre par-dessus le bras de Kazunari, et elle regardait avec amour son fiancé qui jouait aux côtés de ce garçonnet si insupportable mais tellement doué. Le brun lui, avait les larmes aux yeux. Pas qu'il soit étonné de ce qu'il entendait, il n'avait jamais douté, mais voir les caresses graciles des doigts de son ami sur les touches et entendre cette mélodie le faisait frissonner et il était impatient de pouvoir féliciter Daiki à la fin du concert.

x

A quelques mètres d'eux, Taiga, les mains dans les poches, était appuyé contre un mur des coulisses et regardait le dos de l'orphelin. Ce gosse n'avait jamais cessé de lui faire des misères étant enfant et le voilà, beau comme tout, à jouer, devant plus d'une centaine de personnes, un morceau de Chopin ! Il n'avait beau pas si connaître en musique classique, ce nom était bien trop connu pour que ses morceaux soient faciles. Emu bien malgré lui, il tourna un peu la tête et découvrit encore le profil de Ryouta. Le blond était plus qu'étonné de ce qu'il découvrait et avait un grand sourire aux lèvres, ne le rendant plus qu'attirant. Hm, il aurait le temps d'y penser plus tard…, se fustigea-t-il en se concentrant de nouveau sur le concert. Pour l'instant, il voulu juste apprécier, et encourager le petit…

x

A côté du couple composé du violoniste et de son collègue, Ryo lui aussi était immobile face à cette prestation, un discret sourire sur les lèvres. Heureux de voir son patron si concentré à la tâche et si doué, il put soupirer en voyant que tout se passait pour le mieux. Puis, son regard coula sur le chef d'orchestre, qui donnait ses directives avec calme, prestance et force. Seijurô était beau, il ne fallait le nier, et le voir ainsi, bougeant au rythme du morceau en conduisant sans défaut ses musiciens toute la durée que prendrait le spectacle, ne le rendait que plus attrayant. Rougissant, il ne put lâcher ses yeux de son profil parfait et surtout de ses magnifiques yeux rouges.

x

Aomine Daiki était jeune et avait encore des choses à apprendre. Mais il était talentueux et, au fond de lui, aimait passionnément la musique jusqu'à en faire toute sa vie. Lui aussi, transi dans son jeu et par la symbiose entre lui et l'orchestre, créée dans un lieu magique où se ressentaient, avec un sens de l'observation infini, les sentiments de toutes personnes présentes, il était heureux.

xx

A la fin du concert, les personnes de marque –majoritairement les quatre-vingt dix pourcents de la salle de spectacle- invités au bal de charité donné ensuite, rejoignirent taxis ou véhicules privés pour, du Royal Festival Hall, rejoindre le château d'un vignoble anglais reconnu. Les musiciens avaient pu se changer si nécessaire et boire un peu pour ensuite partir en vitesse dans les limousines et rejoindre le lieu de la fête.

Alors, Tatsuya se retrouvait là, dans ce château, comme il y a cinq ans avec, à la différence, un verre de vin en main et de la compagnie au bras (ou du moins –même s'ils ne se tenaient pas par le bras- à un centimètre de lui). Dans ses pensées, il souriait légèrement en écoutant d'une oreille Satsuki vanter les mérites du violoncelliste à ses côtés, un bras amoureux autour du sien, à quelques invités, lui et Tetsuya, patient comme à son habitude.

Le noiraud avait le regard fixé sur un groupe derrière le couple, composé de grands noms de l'industrie ou de la politique, qui félicitait avec ferveur le jeune soliste –qui priait sûrement pour fuir d'ici le plus vite possible et retrouver le doux sourire de son copain. Avec un rire intérieur, le violoniste de renom observa son élève sortir en vitesse vers le balcon, profitant d'envoyer indirectement son assistant et le chef d'orchestre du jour, qui passaient à côté d'eux, dans les bras du groupe. Comme lui cinq ans auparavant, Daiki voulait juste qu'on ne lui casse pas les pieds et qu'il puisse se reposer un peu de ses émotions. Jouez du Chopin pendant deux heures ou plus de concert, et on en reparlera… (3)

« Tout va bien, Tatsuya ? » L'interrompit son amant dans ses pensées, dardant sur lui un regard inquiet et impénétrable.

Ne voulant l'embrasser devant tout le monde, l'assistant étant plutôt timide par rapport à ça, il lui offrit juste un des sourires les plus amoureux qui soit pour le rassurer.

« Tout va pour le mieux. »

En regardant son amoureux acquiescer lentement et se retourner de nouveau vers la jeune femme, qui n'avait pas cessé de parler, il se remémora comment tout cela avait commencé entre eux. Après avoir commencé à boire tous ces cafés ensemble le matin avant les répétitions, ils s'étaient bien rapprochés. Pourtant, alors que Tatsuya avait pour projet de rester à Londres, il dut partir de nouveau, pour la France cette fois-ci, pour de nouveaux contrats trop importants, avant de rejoindre définitivement un orchestre londonien. Pendant une année, il n'avait eu de nouvelles de l'assistant seulement par le biais de rares mails puis ils s'étaient revus finalement au détour d'un nouveau concert où, si Tatsuya venait seulement pour le plaisir, Seijurô était chef d'orchestre. Tout était allé très vite et ils avaient profité de leur présence dans la capitale française pour aller à Chartier et manger en tête à tête. Quelle délicieuse soirée… Encore deux mois de séparation puis ils se revoyaient ici, à Londres, pour ne plus se quitter et définitivement sortir ensemble, trois mois après rendez-vous sur rendez-vous.

S'il devait conclure cette histoire (qui n'est pas terminée, je vous assure), il reprendrait les mots qui lui étaient venus à l'esprit il y a cinq ans : Londres est vraiment une belle ville. Retrouvés pour ne plus se lâcher, Tetsuya et lui vivaient le parfait petit amour, sa chère Satsuki attendait son premier enfant et ne tarderait sûrement pas à se marier et son élève avait déjà son chemin de tout tracé dans le monde de la musique.

Avec un dernier sourire, qui lui valut un regard intrigué mais aimant de la part de Tetsu, il s'intéressa un peu plus à la discussion, s'accordant avec Satsuki pour dire que Daiki avait décidément très bien joué.

x

Un verre de blanc entre ses doigts fins, Ryouta regardait fixement un invité bien particulier, à travers ses soyeuses mèches blondes, alors même qu'il discutaillait avec quelques personnes. Cet invité, il s'agissait de Kagami Taiga, qui s'était fait présenter par son ami d'enfance quelques heures plus tôt dans les coulisses de la salle de concert, et qui était désormais appuyé sur un mur de la salle, stressé au possible, un verre également en main. Souriant avec amusement, le blond se rappelait trop bien du visage devenu rouge écrevisse du jeune homme lorsqu'il avait remarqué sa présence et avait déduit qu'il ne le laissait pas indifférent. Impression renforcée durant le concert, au cours duquel le noiraud n'avait cessé de lui jeter des regards empressés.

Réfléchissant quelques instants, en faisant couler ses yeux noisette sur la séduisante courbe des hanches de Taiga (apparue grâce au fait que celui-ci ait une main dans une poche de son pantalon et relève ainsi sa veste de costard), il se dit que celui-ci n'était si mal que ça et s'excusa auprès des invités qu'il quittait d'un signe de la main poli, se dirigeant vers le jeune homme plus loin.

Celui-ci avait abandonné ses amis, ne trouvant pas sa place entre les discussions des autres personnes trop guindées. Alors il était là, appuyé contre un mur blanc, à se morfondre et se disant qu'il allait se consoler avec le délicieux vin à disposition pour tous les invités. Tous ses collègues s'étaient désistés pour les représenter à cette soirée et, du fait qu'il connaisse quelques personnes présentes, il avait été pointé du doigt pour y aller. Ronchonnant intérieurement, il se promit de faire promettre à ses compagnons de travail qu'il ne mettrait plus les pieds dans un lieu tel que celui-ci. Encore dans ses pensées, il ne remarqua pas l'éphèbe qui se dirigeait vers lui, avec un sourire charmeur aux lèvres.

« J'ai l'impression qu'on s'ennuie un peu de ce côté de la salle ? »

Ryouta vit avec un sourire non feint son homologue sursauter et se tourner lentement vers lui, sans manquer de rougir. Ne sachant plus où se mettre, Taiga finit par se frotter la nuque et répondre avec un sourire avenant et discret:

« Hm, on peut pas dire que c'est la fiesta mais on s'occupe comme on peut.

-Vraiment ? Rit doucement le blond. Et comment ?

Se prenant au jeu comme il le pouvait, le pompier répondit en pointant la salle du doigt :

-En regardant les gens pas trop coincés. »

Il pointa un duo dans la salle pour appuyer ses dires et le blond se tourna dans la direction indiquée. Seijurô parlait avec un jeune homme châtain que Ryouta identifia comme étant l'assistant du soliste. Plissant les yeux, il sourit rapidement en voyant le châtain rougir de parler avec le charismatique chef d'orchestre et celui-ci en jouer sans vergogne jusqu'à ramener une mèche châtain du jeune homme derrière son oreille. Se tournant de nouveau vers le pompier, il l'observa de haut en bas, légèrement alanguit contre le mur, et sourit un peu plus.

« Et les gens coincés du coup ? »

Le noiraud ne répondit qu'en pointant un nouveau groupe. Des businessmen ou des politiques papotaient de choses et d'autres, mais leur façon de se tenir était tellement droite et rigide que, même d'ici, leur discussion avait l'air d'un ennui monstre. Grimaçant, il haussa les épaules en montrant qu'il avait bien compris puis finalement sourit de nouveau :

« Et moi, dans quelle catégorie je suis ? »

Ouvrant la bouche, Taiga se sentit rougir de nouveau et sembla réfléchir quelques instants en se frottant de nouveau la nuque. Mais, relevant la tête vers le blond qui était aussi séduisant que dans le magazine quelques semaines plus tôt, il finit par avoir un sourire taquin :

« Ça dépend de vous, ça. »

Etonné, Ryouta sourit, trouvant ce jeune homme de plus en plus intéressant. Déjà son physique assez massif ne correspondait pas aux physiques longilignes que l'on avait l'habitude de voir par ici, mais il osait dire parfaitement à l'un d'eux qu'ils les trouvaient profondément ennuyants. Il rit donc doucement :

« J'espère ne pas vous paraître trop coincé.

Comme son homologue avant lui, le pompier le regarda de haut en bas et répliqua avec amusement :

-Hm, désolé, mais vous avez l'air un peu trop sage. »

Bon, autant dire qu'il ne savait pas du tout pourquoi il avait dit ça. En vérité, en voyant cet air si souriant et taquin du blond, il avait voulu se prêter au jeu et ne pas montrer qu'il était décidément complètement tombé sous son charme en jouant les saintes-ni-touches alors, qu'au fond, Taiga était mort de honte et aurait voulu s'aplatir dans le mur derrière lui. Mais, ce n'était pas du tout son genre de se laisser faire ainsi alors il prenait son courage à deux mains, jouait le jeu et tentait de se montrer le plus séduisant. Il espérait réussir son pari…

Pari réussi mes amis, car Ryouta était ravi de la réaction de l'autre. Il avait toujours eu femmes et hommes à ses pieds en un claquement de doigt, et ce depuis le lycée, et voir quelqu'un réagir ainsi –même s'il savait qu'il faisait de l'effet au jeune homme- ça lui plaisait beaucoup. D'autant plus qu'il se disait que, si une relation sexuelle entre eux avait lieu, celui à la place de dominant serait compliqué à déterminer (le blond avait toujours dominé avec les hommes, et c'est pour ça qu'il évitait les hommes trop grands –malgré qu'il ait de la marge avec son mètre quatre-vingt neuf).

Alors, se rapprochant, le blond posa sa main contre le mur en face, à quelques centimètres du visage de Taiga, qui se figea d'étonnement mais qui ne quitta pas les yeux si beaux en face de lui, et murmura à son oreille :

« Ça te dirait que je te prouve que je ne suis pas si sage que j'en ai l'air, Taiga-kun. »

Frissonnant à l'entente de son prénom en japonais, le susnommé resta figé de surprise, perdant toute la figure séduisante qu'il avait voulu créer et, malgré qu'une voix lui dise de ne pas se laisser faire, il suivit le blond qui l'entrainait hors de la salle, sans un mot. Juste un fin et craquant sourire en guise d'explication.

x

Akashi Seijurô n'était pas le type de personne qui trouvait qu'avoir quelqu'un dans sa vie était très important. Il avait eu des relations, évidement –son physique aidant-, mais sans plus. Et ça lui suffisait. Il était plutôt partisan du "je verrais quand ça arrivera" et attendait la bonne personne. C'était plutôt les autres qui venait vers lui plutôt que lui qui draguait, à vrai dire.

Mais, en cet instant, il n'avait jamais autant voulu que quelqu'un finisse dans ses bras. Ce quelqu'un ne semblant pas du tout réceptif à ses tentatives d'approche. S'il était réceptif à son charme, ça c'était certain, mais il n'avait pas l'air de comprendre que ses gestes n'étaient pas seulement de la "franche camaraderie". Fixant son regard sur le visage de la personne en face de lui, il le fit peut à peut couler sur les fines lèvres qui se mouvaient gracieusement et timidement :

« Enfin, tout ça pour dire que…enfin que, je vous trouvais, hm, très doué, enfin…désolé.

-Il n'y a pas à être désolé, je vous remercie. » Répondit le musicien dans un petit sourire. Car oui, même dans ses pensées, Seijurô pouvait suivre une discussion en même temps.

Rougissant de plus belle, Ryo sourit et but une nouvelle gorgée de son rosé. Depuis un mois qu'il avait rencontré Akashi Seijurô, le jeune homme n'avait jamais osé faire le premier pas à l'inviter quelque part ou à lui parler, et ne pensait pas le faire durant cette soirée. C'est l'autre, à son grand étonnement, qui avait fait le premier pas. Il était alors en train de prendre un verre sur la grande table de banquet au centre de la salle, quand il avait remarqué du coin de l'œil son jeune patron se faire assaillir par un groupe d'invités. Il l'avait alors rejoint en vitesse, évitant ainsi un cataclysme, et avait forcé le pianiste à rester quelques minutes pour accepter les compliments. Pourtant, celui-ci avait réussit à s'échapper, le laissant aux mains du groupe et de Seijurô qui passait par là. Celui-ci les avait, avec brio et patience, remerciés à son tour, puis s'était éloigné avec le châtain, une main dans le bas de son dos. Et voilà que le pauvre assistant se retrouvait donc en tête à tête avec le talentueux chef d'orchestre –alors que celui-ci aurait très bien pu le laisser tout seul après lui avoir "sauvé la vie".

Pourtant, ce qu'il ne savait pas, c'est que Seijurô se torturait pour savoir si fondre sur les lèvres offertes devant lui était considéré comme un manquement à l'ordre ou non. Déduisant que oui, il se fustigea en se demandant pour il réagissait comme ça mais se dit que les yeux marron du jeune homme étaient beaucoup trop innocents pour son propre bien.

Celui-ci but une gorgée rapide de son verre en baissant les yeux, des mèches fines tombant contre sa joue. Seijurô plissa les yeux et ne put s'empêcher de ramener ces mèches taquines derrière l'oreille de son propriétaire –qui rougit bien évidement. Il décida donc de commencer l'offensive :

« Vous aimez la cuisine française, Ryo ?

Celui-ci sursauta et répondit avec un doux sourire, pensant que l'homme parlait des petits fours au fois-gras présents sur la table et ne s'imaginant pas être tombé dans son piège :

-Oui, bien sûr, j'ai habité à Bordeaux quelques années.

Sans savoir pourquoi, il vit le musicien sourire :

-Parfait, vous devez vous y connaitre en vin, alors…

Il sortit un papier de sa poche puis un stylo personnel Léman et demanda :

-Votre numéro ? »

Instantanément, et il se demanderait plus tard pourquoi il n'avait pas plus posé de questions, il lui donna. Se redressant, Seijurô rangea le précieux papier et, récupérant son verre, il s'éloigna avec un sourire :

« Bien, je vous contacterai, nous irons dîner tous les deux un soir. »

Le saluant, il s'éloigna pour aller voir des connaissances, sous le regard écarquillé de l'assistant, qui ne se remit qu'à bouger quelques minutes plus tard. Il n'avait pu rien dire, et c'était laissé faire comme un bleu –enfin, me direz vous, le regard de Seijurô voulait clairement dire qu'il n'y avait aucun autre choix possible-. Pourtant, souriant et rougissant, il rejoint lui aussi ses amis, sous le regard toujours fixé sur son dos du chef d'orchestre.

x

Ayant réussit à s'enfuir des invités qui voulaient absolument le complimenter et tout savoir sur lui, Daiki put enfin souffler, arrivé dehors. S'appuyant à la rambarde en pierre, il se rendit compte trop tard qu'il n'avait pas pris de verre et grogna en s'affaissant. Pas question de revenir là dedans…

Pourtant, il sentit rapidement une présence à ses côtés et un verre de vin arriva dans son champ de vision. Se redressant soudainement, il avait presque les larmes aux yeux et ne put s'empêcher de sourire en voyant le visage taquin de Kazunari. Gonflé de sentiments positifs, il prit le verre en remerciant son ami, qui avait aussi un verre entre ses doigts fins. Buvant une gorgée qu'il lui fit plus de bien qu'il ne le pensait, il vit du coin de l'œil le brun s'appuyer lui aussi contre la rambarde, le corps face à la grande porte fenêtre qui donnait sur la salle.

Un petit silence s'installa entre eux, quand le flûtiste rit discrètement, suivit de près par le bronzé.

« Alors, il y a vraiment pas de bouffon du roi dans ce genre de soirée. Dommage, on se serait plus amusés… »

Riant de nouveau, ils se souvinrent d'une discussion qu'ils avaient eue avec les enfants de l'orphelinat, l'après-midi même. Voulant leur rendre visite avant le concert, les gamins s'étaient émerveillés de savoir qu'ils allaient à un bal et avaient sortit des remarques comme quoi il y aurait des énormes sangliers pleins de graisse sur des énormes tables en bois, des arlequins multicolores et des robes énormes, roses et dorées. Ces pauvres orphelins n'avaient connu les bals qu'au travers des livres sur le Moyen Âge et des contes de cape et d'épée. Et les deux musiciens avaient été éduqués à la même école… Alors, malgré la magie du lieu et l'éclat doré et pur de la salle, ils ne s'amusaient pas du tout –sauf quand ils étaient ensemble.

Buvant de nouveau une gorgée, Daiki fut rapidement suivit par Kazunari qui but lui aussi, après avoir calmé son rire. Se tournant vers le pianiste, qui regardait les immenses champs de vignes en contre bas, il réfléchit quelques secondes. Non, en réalité, il n'y avait pas à réfléchir. Un doux sourire fleurit sur ses lèvres, en repensant au concert et en observant le profil de son amoureux. Le brun s'avança et déposa un délicat et léger bisou sur la joue de son homologue qui leva un sourcil intrigué à son ami :

« C'était pour quoi ça ?

Il observa quelques secondes le visage niais mais adorable de Kazunari qui lui répondit par un clin d'œil amusé :

-Rien, juste pour te dire que je t'aime et – »

Il ne put pourtant pas continuer sa phrase, coupé par les lèvres féroces et tendres de son amant qui l'embrassait désormais à pleine bouche. Un peu sonné, il répondit pourtant avec plaisir au baiser, se fichant éperdument que quelqu'un puisse les surprendre, commençant un doux ballet avec sa langue et celle de son ami. S'écartant, Daiki laissa le brun retrouver son souffle, puis celui-ci demanda :

« Et ça, c'était pourquoi ?

-J'aime quand tu me dis "je t'aime". Répondit simplement le bronzé en haussant les épaules.

-Je t'aime. »

Et un nouveau fiévreux baiser ! Se séparant de nouveau, les deux jeunes hommes se regardèrent amoureusement et avec un amusement non fin. S'écartant et retrouvant sa position initiale, à la seule différence que sa main était entrelacée dans celle de son amoureux, Kazunari but de nouveau –pour se donner peut être meilleur contenance. Si Daiki l'avait embrassé de cette manière c'était pour une autre raison en vérité (bien qu'il adorait entendre son petit-ami lui dire ces petits mots) : lui rendre la pareille et se venger un peu. En effet, après son concert, Kazunari l'avait rejoint dans sa loge et l'avait embrassé comme si c'était la dernière fois qu'ils se voyaient, se frottant sans vergogne à lui. Puis, plus rien. Il s'était écarté et avait rajouté avec son éternel clin d'œil et en minaudant :

« Tu es un génie, c'était fabuleux. Et j'ai un petit cadeau pour toi…que tu auras ce soir… »

Immobilisé, Daiki n'avait rien dit et rien fait. Mais, contrairement à ce que vous pensez, la semi-érection qu'il se tapait à ce moment là parlait pour lui.

De nouveau, il y eut un petit silence agréable que le brun brisa d'une voix douce, alors qu'il caressait les doigts fins de son amant :

« Il y a eu du chemin fait depuis le pauvre piano de l'orphelinat, hein ? »

Acquiesçant, il ferma les yeux. C'est vrai qu'il ne se serait jamais cru donner un si important concert et se retrouver ici. En plus d'être rentré dans un monde qui ouvrait rarement ses bras à des enfants comme eux, il était aux cotés de la personne qui comptait le plus pour lui et ça, c'était décidément trop important, et il ne s'en sentait que plus heureux. C'est lui, son enquiquinant de meilleur ami et petit ami, qui l'avait toujours relevé et aidé, surtout dans sa phase de "blanc total". En repensant à cette période où il dénigrait totalement la musique- cette même musique qui lui avait permit de retrouver le brun à ses côtés-, il tourna son regard vers la salle de bal et sourit.

En vérité, il était comblé par une chose en plus : savoir que son mentor, un magicien, était toujours derrière lui et goûtait au même bonheur que lui. Alors…évidement la vie n'avait pas toujours été facile, qu'il y aurait encore des phases compliquées et des baisses de régime et que la vie ne serait pas toujours aussi rose qu'à cet instant, mais il s'en fichait. Pour l'instant, il voulait juste profiter de la joie que la vie lui offrait et qu'il tenterait de ne plus jamais laisser filer.

xxx

Et voici la fin, que d'émotions !

(1) Cette marque de thé appartient à la société "Wilkin & Sons"

(2) J'ai décidé de faire jouer Daiki dans trois semaines mais c'est peut être trop court pour s'entraîner pour un concert classique, je ne m'y connais pas donc j'ai mis ce qui me paraissait bien… N'hésitez par à me corriger !

(3) « Deux heures ou plus de concert » encore un fois, je ne connais pas du tout la longueur de ce genre de spectacle…

J'ai voulu faire ce chapitre un peu différent du premier. Le premier était plus concentré sur Himuro et la musique. Là, j'ai voulu plus me concentrer sur Daiki et les relations amoureuses entre les personnages. J'ai aussi préféré faire de Kise un dominant en général, pour donner plus de mystère (rire). J'espère avoir réussit mon coup ! Il a un peu tardé, mais je voulais vous offrir un chapitre à peut près aussi long que le précédent, merci de votre compréhension !

Avant de partir, sachez que j'ai une petite idée (oui, encore), qui n'arriverait évidement pas maintenant –pas avant que j'ai fini Loups et Lapins ! et ait commencé mon projet- et qui serait des sortes de OS suites : par exemple la suite des relations AkaSaku et KagaKise (ou KiseKaga ?) ou des moments de la vie de couple de HimuKuro et AoTaka ? Mais peut être préférez-vous que tout cela reste des fins ouvertes ? A vous de me dire !

Merci encore à vous et gros zoubis ! -s'en va avec l'OP se SS Soul of Gold dans les oreilles.-

Ps : Vous pouvez aussi répondre au sondage pour Quand un yakuza rencontre un autre yakuza que j'ai posté dans le chapitre 3 de Loups et Lapins ! dans les reviews ici:

Le sondage concerne donc Quand un Yakuza rencontre un autre yakuza (que l'on nommera YY) : malheureusement, malgré que je me force pour cette fanfic, je n'aime vraiment plus l'AoKuro, à part en en parlant deux lignes comme dans Marry You. Je ne peux vraiment plus le décrire à fond. Le problème est que j'annonce clairement avec YY une fanfiction uniquement AoKuro. Ayant déjà commencé à écrire la suite, je vous propose deux alternatives :

-soit je me concentre sur l'Aokuro, en prenant le risque d'avoir un chapitre court.

-soit vous me permettez de ne pas suivre ce que j'annonce et de parler d'autres couples.