*souffle sur la poussière*

Hé, vous allez rire, mais j'aurais pu publier plus tôt ! Par contre, j'ai pas assez avancé pour encore après, donc ça n'aurait pas changé grand-chose...

Baba (turc) : papa

Yunanistan (turc) : Grèce (réduit à Yuna', parfois)

Bon confinement ? ^^'

Bonne lecture !


- Mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi ? Répétait Turquie depuis une heure maintenant.

Le petit jouait bien tranquillement avec deux cailloux, à mille années-lumières des préoccupations du plus vieux. Il s'applaudit joyeusement après les avoir placé l'un sur l'autre.

- J'ai appelé ton gouvernement, ça n'a pas l'air de les inquiéter outre-mesure, continua-t-il.

Les bras croisés dans le dos, il faisait les cent pas sans discontinuer, les yeux rivés sur le sol. Quelques fois, il regardait Grèce qui s'amusait dans la poussière et ne pouvait s'empêcher un petit sourire de naître. Malgré les siècles de cohabitations, la séparation récente (trente ans, ce n'est rien lorsque votre âge se compte en siècles) avait taillé quelque chose entre eux. Leur relation avait changé malgré leur volonté, et l'adhésion de Grèce à l'Europe les avait un peu éloigné.

- Si seulement tu pouvais rester ainsi toute la vie, soupira-t-il en s'asseyant devant lui.

Intrigué, le petit lâcha ses cailloux et se rapprocha du Turc.

- Je sais très bien que tu sais marcher sur tes deux pieds seulement. Alors ne commence pas.

Il releva la tête et le fixa longuement avant de se décider à se mettre debout afin de marcher jusqu'à l'adulte et se pelotonner contre lui en souriant.

Turquie ôta son masque et le posa sur ses genoux, s'amusant à le regarder être attrapé par le petit qui le tourna alors dans tous les sens avant de tenter de le mettre, mais il était bien trop grand pour lui, ce qui était assez comique à voir.

- Faut vraiment pas que tu grandisses, toi...

Il le serra contre lui avec tendresse. Cette même tendresse qu'il devait cacher malgré leur voisinage et l'histoire qu'ils partageaient. Cette tendresse qu'il tentait de déverser sur Yian, TRNC, mais cet enfant était un peu trop blasé pour son bien, et il n'obtenait pas vraiment le résultat sur lequel il avait compté.

- Baba ?

Revenant à la bouille du petit Grec, il put assister à un long bâillement qui cachait une demande : faire la sieste.

- Et c'est reparti pour les siestes innombrables... Faut vraiment que je remette la main sur le rouleau de conseils te concernant... Mais pour le moment, au lit !

Le petit ne l'avait pas attendu, déjà profondément endormi, blottit contre le torse musclé et tenant avec fermeté la cravate.

- Mais lâche ça ! Tenta le propriétaire.

Mais il dut se faire une raison : ce que Grèce tenait, Grèce gardait. Il décida alors de dormir lui aussi. Ou du moins, de s'allonger contre lui, jusqu'à ce que sa poigne se desserre. Seulement, quelque soit son apparence physique, Grèce était toujours aussi têtu et Sadiq piqua du nez à son tour.


Affairé dans la cuisine, Turquie restait aux aguets, les oreilles grandes ouvertes, prêt à intervenir au moindre bruit anormal provenant du salon.

On devait approcher de la fin du mois, maintenant. Il avait fini par trouver le parchemin où il avait consigné toutes les habitudes du petit Grèce. Ses habitudes alimentaires, ses horaires de sieste, ses activités préférées...

Il avait surtout hâte de l'entendre dire autre chose que « baba ». Bon, c'était horriblement mignon, il fallait l'admettre, particulièrement lorsqu'il avait un chaton collé dans les bras et son pouce dans la bouche.

- Yuna' ! L'appela-t-il subitement. N'essaye même pas de grimper au rideaux !

Il entendit un « boum ! » suivit du trottinement léger de l'enfant qui vient pleurer dans les jambes de son tuteur qui soupira. Se penchant, il le fit grimper sur ses épaules et reprit la cuisson de son plat.

- Tu n'es pas un chat, Yuna. Combien de fois devrais-je te le rappeler ?

- Mais y'a Thalès qui est coincé, tout en haut de ton armoire ! Chouina-t-il.

Surpris par la phrase complète, Sadiq se brûla et dut ravaler un juron sanglant. Il était déjà un fin connaisseur du répertoire étendu de son voisin frontalier, il n'allait pas lui ouvrir de nouvelles entrées !

- Dis donc, toi là-haut, t'attendais quoi pour faire la conversation ? Râla-t-il.

Il expira lorsqu'il reçut un coup de poing sur le sommet du crâne, puis quand les petits pieds s'agitèrent, frappant son torse.

- J'ai compris, allons sauver Thalès, soupira-t-il de défaite.

De toutes façons, au vu de l'entêtement de la bestiole, il risquait de ne pas en tirer autre chose.

- Voilà, tu l'as ton satané chat. Maintenant, tu n'as même pas intérêt à continuer avec des monosyllabes, je n'y crois plus !

Héraclès le regarda avec de grands yeux trop verts et bordés de larmes.

Sadiq y résista. Au moins trente secondes, monte en main. Juste après, il le prit dans ses bras et le serra contre lui, gagatisant tel des siècles plus tôt.

Très difficile de rester maître de soi lorsqu'on vous regarde avec de si grands yeux, d'une couleur inoubliable et hypnotique, sans oublier cette petite moue si adorable...

Jusqu'à ce que Thalès se rappelle à eux, plantant résolument ses crocs et ses griffes dans l'épaule du pauvre Turc qui n'en demandait pas tant. Et qui les lâcha tout les deux sous la douleur.

- Foutu chat ! Couina-t-il.

Le propriétaire dudit chat le fusilla du regard. Les gros mots, c'est mal !

Grommelant dans sa barbe, Sadiq retourna dans la cuisine, histoire de terminer le repas. Si il ne se trompait pas, le gamin devenait irritable lorsqu'il avait faim. Voir insupportable si la nourriture ne lui plaisait pas.

Un vrai petit prince… Sérieusement, comment Eurydice avait-elle élevé son fils ?

Enfin, il disait ça, c'est vrai, mais à vrai dire c'est surtout lui qui s'en était chargé…

Se souvenir de cette époque reculée lui fit esquisser un mouvement de recul. C'était… si loin. Si vieux… Si… un autre temps où il n'était qu'un jeune chien fou, enivré par l'extension de ses territoires…

Il se laissa tomber dans un fauteuil, les épaules basses, sous le regard presque inquiet du plus petit.

Celui-ci s'approcha silencieusement, son chat déjà oublié. Il y avait plus important, là. Comme son tuteur ayant l'air soudainement plus vieux. Comment y était-il parvenu ?

Il attrapa une manche de la tunique brodée, tirant dessus afin d'obtenir son attention, ses grands yeux verts fixés sur le visage découvert.

- J'ai faim, marmonna-t-il lorsqu'il le regarda enfin.

Sadiq grommela, tout en se levant, s'extirpant de la prise molle, ne remarquant pas le regard inquiet qui ne le lâchait pas alors qu'il s'affairait dans la cuisine. Des fois qu'un couteau lui échapperait et tenterait de lui prendre quelques articulations.


Voracity Karn