Titre : L'enfant de la nuit

Rating : M

Note : Salut tout le monde ! Cela fait une éternité que je n'ai rien posté sur cette fanfiction. J'en suis navrée mais il m'était impossible de vous prévenir, car ce site ne me permet pas réellement de faire des annonces comme sur Wattpad par exemple. En tout cas, j'espère que vous êtes toujours partant pour cette aventure car celle-ci est sur le point de s'achever !

Bonne lecture !

Disclaimer : Les personnages appartiennent à James Dashner et à la franchise du Labyrinthe.


Chapitre 9 : Souffrir de ses erreurs

Même s'il n'était pas une personne très entreprenante, Gally restait quelqu'un de très déterminé et de passionné dans tout ce qu'il faisait, cherchant toujours à améliorer ses pièges anti-professeur ou anti-surveillant, ou approfondir ses connaissances dans une certaine matière. Pourtant, la seule chose qu'il ne parvenait pas à faire évoluer, c'était sa relation avec Teresa. Elle était restée complètement à sens unique, dénuée d'intérêt, sans espoir de voir le jour, et cela lui brisait toujours le cœur de la voir avec d'autres garçons.

La jeune fille semblait toujours s'amuser énormément avec eux, souriant, discutant sans retenue, plaisantant sur des sujets banales et se battant gentiment pour prouver sa supériorité, comme le feraient de vrais amis dans la vie de tous les jours. Toutefois, quand elle se trouvait près de lui, elle devenait silencieuse, un peu plus … distante. À croire que la seule présence du garçon la mettait mal à l'aise. Qu'elle ne parvenait pas à l'encadrer ou à décoder les expressions qu'il arborait. Et c'était dur à encaisser pour Gally, lui qui n'avait jamais voulu de mal à personne et qui avait toujours été considéré comme la brute épaisse de la classe. De toute façon, il commençait à avoir l'habitude d'être craint.

Avec sa carrure et son visage grave, il effrayait toujours les plus jeunes et n'était pas spécialement apprécié des enfants ou des bébés. Lorsqu'il était encore au primaire, dès qu'il poussait un enfant pour diverses bonnes raisons et qu'il ne maîtrisait pas sa force, ce-dernier s'écorchait légèrement et les maîtresses ne cherchaient pas à comprendre s'il avait eu tort ou raison, et lui collaient un avertissement. Et bien entendu, ses parents se faisaient une joie de le recadrer dès qu'il revenait de l'école, puisqu'ils en étaient toujours informer par le Directeur. Ainsi, le pauvre garçon ne s'était jamais senti à sa place au milieu des conversations entre adolescents et il ne devait surtout pas prendre part à une baston, auquel cas il serait le premier visé dans cette affaire. Il n'avait par conséquent jamais eu une réelle amitié jusqu'à l'arrivée de Minho et Thomas dans sa vie. Pour un enfant, ce n'est jamais facile d'apprendre à s'amuser seul et ce qui a forgé le caractère froid et brute du jeune homme. Rien ne devait l'atteindre et surtout pas la crainte de la solitude. Toutefois, il se demandait très souvent à quoi ressemblerait sa vie s'il n'avait pas eu ces deux petits zigotos avec lui. Peut-être qu'elle aurait été plus noire, moins colorée et rythmée.

Il était reconnaissant que le destin les ait placé sur sa route.

Ce soir-là, Minho embarqua Teresa et Gally avec lui afin de rentrer en petit comité. Il trouvait cela plus amusant et plus convivial, même s'il n'était pas dérangé par l'absence de compagnie lors de ses trajets jusqu'à la maison. L'asiatique fut placé inconsciemment entre les deux aimants négatifs qui ne cessaient de se repousser. Le blond regardait à sa droite tandis que la brune, fixait ses pieds avec un intérêt des plus certains. Au centre de cette tension presque palpable, le coureur commençait à perdre son sourire. Lui qui était un Don Juan, avait l'habitude de draguer des filles et de faire des avances sans gêne. Il avait acquis certaines techniques au fil des années, dressant une liste de conquêtes qui n'en finissait plus. Il n'avait jamais eu honte de son libertinage puisque toutes les séparations avaient été consentante. Soit le problème venait de lui avec son sarcasme et son attachant bien trop important à son sport, soit il s'agissait du sexe opposé qui ne cessait de lui faire des reproches et de le reprendre sur tout ce qu'il faisait. Du coup, personne ne lui plaisait vraiment et la vie qu'il menait lui correspondait très bien.
Cependant, il savait que ce n'était le cas pour aucun de ses amis. Teresa n'avait eu qu'une relation qui s'était mal terminée, Thomas venait à peine d'entamer la sienne avec Newt et Gally … avait toujours été célibataire. Et c'était pour cette raison, que Minho devait jouer les entremetteurs pour leur permettre de se rapprocher. Mais à cette allure, ce n'était pas vraiment gagner.

Alors qu'ils longeaient une grande rue qui menait vers la maison de Gally, qui se trouvait en ville contrairement à celle des deux autres, l'asiatique décida que c'était le moment rêver pour s'éclipser.

-J'ai une petite course à faire, ça ne vous dérange pas de continuer sans moi. On se revoit demain, à plus !

Et sans laisser le temps à ses compagnons de le retenir ou d'exprimer leur désaccord, le jeune homme à la carrure sportive remonta tout le chemin qu'ils venaient de faire afin de prendre une autre route pour rentrer chez lui. Au fond de lui, il espérait que son petit stratagème leur donnerait l'occasion de se décoincer un peu.

De leurs côtés, les deux abandonnés se jetèrent un regard plein d'incompréhension avant de rediriger leur attention vers des points différents. L'air devenait lourd autour d'eux. La tension devenait pesante et Teresa s'éloignait le plus possible de son ami, lui brisant une fois de plus le cœur. Depuis cette sortie avec Thomas, elle ne tenait jamais longtemps la conversation avec lui et prétextait toujours un empêchement quand il cherchait à l'accompagner en cours. Et encore une fois, elle tentait de le repousser alors qu'il n'avait encore fait aucune démarche pour se déclarer. Le haïssait-elle tant que ça ? Qui avait-il chez lui d'aussi repoussant ? D'aussi effrayant ? Il n'en avait pas la moindre idée. La seule chose dont il était sûr, c'est que la rage qui bouillonnait en lui, finit par exploser quand il arriva près de chez lui et que la jeune fille continua sa route sans s'arrêter.

-Pourquoi est-ce que tu m'ignores comme ça Tess ? Qu'est-ce que je t'ai fait pour que tu me hais autant ? Donne-moi une bonne raison et je te laisserais tranquille.

Son ton était cassant et il peinait à maîtriser la tristesse qui le submergeait. Le blond n'était pas un de ces émotifs que l'on voit dans les films de romances, il connaissait le contrôle sur lui-même et en avait besoin dès qu'on lui faisait du mal. Par contre, lorsque le sujet s'avérait être la fille qu'il aimait le plus, cela devenait un peu plus tendu. Cette dernière ne répondit pas à ses différentes questions. Elle s'arrêta seulement dans sa longue marche jusque chez son beau-père. Toujours dos à lui, on aurait pu penser qu'elle luttait contre elle-même pour ne pas se retourner, pour rester statique et rigide sur son point d'ancrage. Comme si le simple fait de le voir, lui donnerait une raison de s'en aller plus vite. Gally n'était pas prêt de lâcher l'affaire. Il désirait comprendre, il ne lui restait que ça comme option pour essayer de l'oublier, pour ne plus souffrir de cet amour à sens unique qui ne cessait de s'amplifier jour après jour.

-Teresa ! Dis-moi pourquoi tu m'évites ? Pourquoi tu peux parler si simplement avec Minho et Thomas, alors qu'avec moi, tu essayes toujours d'esquiver la conversation. Réponds-moi !

-Je ne peux pas … murmura-t-elle dans un souffle à peine audible.

-Mais pourquoi putain ? Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Qu'est-ce qui a changé pour que tu ne sois plus comme avant ?

-Je ne sais pas … Je n'en ai aucune idée …

Les réponses étaient vagues et répétitives. La brune était en train de jouer avec ses nerfs, sa patience et son calme. S'il continuait dans cette voie, il finirait par réellement devenir violent. Alors, pour éviter ça, il ne lança qu'une dernière remarque.

-Si tu ne veux plus me voir, qu'il en soit ainsi. De toute façon, c'est pas comme si tu avais été une amie pour moi …

C'est à ce moment précis, que la jeune fille se retourna mais il était déjà trop tard. Gally s'était retranché dans son jardin, fermant le portail métallique avec brutalité, claquant la porte de l'entrée sans faire attention si ses parents étaient déjà rentrés ou non. La gorge de la demoiselle se noua en comprenant que ses indécisions venaient de lui coûter un ami … et elle regrettait déjà ses actions.

De : Tess

'S'il te plaît Gally … réponds-moi.'

De : Tess

'Je suis désolée pour ce qu'il s'est passé tout à l'heure … Je … je ne sais pas ce qu'il m'a pris'

De : Tess

'Je suis inquiète Gal' … Je n'ai jamais voulu que ça se passe comme ça.'

De : Minho

'Hey mec. Tess m'a dit que tu n'allais pas bien. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?'

Malgré tous les messages qu'il recevait, le concerné n'avait aucune envie de répondre à leurs expéditeurs. Ses parents venaient de lui faire des remontrances à propos de ses dernières notes catastrophiques ainsi que de son laissé allé récent au niveau du comportement. Il n'avait envie de parler à personne, ne voulait voir personne et ne supporterait pas d'apercevoir la moindre trace d'inquiétude sur le visage de ses amis. Thomas devait revenir ce week-end et il n'était pas question qu'il vienne perturber cet instant de paix dont il avait besoin ici. Il enfouit son visage dans son oreiller et resta dans cette position pendant presque toute la soirée, refusant de prendre son dîner et renvoyant sa mère dans le salon en lui disant qu'il n'avait pas besoin de leur compassion. De toute façon, qu'est-ce qu'ils en avaient à faire de leur fils ? C'était juste la petite brute de son bahut qui se devait de rester le plus calme possible pour ne pas étriper ses camarades, dont les parents n'étaient pas réellement fiers, et qui ne parvenait pas à se faire aimer de la fille qu'il avait toujours désiré. À quoi bon se torturer ainsi ? Il préférait encore se terrer dans un souterrain et se faire oublier de tous pour le moment. Le blond s'endormit encore complètement habillé, de fines gouttelettes perlant sur sa peau couverte de taches de rousseur, ses pensées vides et ses rêves informes, voilés et indistincts.

Plus de quatre jours passèrent avant que Gally ne se décide enfin à réapparaître au lycée. Si en apparence, rien n'avait changé, le jeune homme à l'aura imposante n'était plus le même garçon blagueur et rieur qu'il avait été auparavant. Thomas n'avait pas eu la chance de prendre de ses nouvelles afin de lui annoncer sa mise en couple avec Newt. Il lui avait été également impossible d'entrer en contact physiquement avec lui, puisque ce-dernier fermait la porte à clé derrière ses parents lorsqu'ils partaient travailler, prétextant qu'il n'était pas là et qu'il ne servait à rien de venir le déranger. Teresa avait retenté de lui envoyer des SMS pour essayer de s'excuser mais ses paroles tombaient dans l'oreille d'un sourd et elle abandonna très vite ses vaines tentatives. Minho quant à lui, savait que son camarade avait besoin d'être un peu seul pour le moment. C'était une période difficile de sa vie, en particulier à cause du manque d'attention de ses géniteurs et du jugement faussé des élèves autour de lui, et il le connaissait assez pour savoir que la solitude était son seul remède contre les différentes pensées qui l'assiégeaient. Gally avait toujours fait face à ses problèmes seul. Et même si on lui proposait de l'aide, il la déclinerait poliment en prétextant que les autres ne seraient pas capable de résoudre son problème.

De ce fait, encore ce jour-là, le lycéen à l'expression sévère s'infiltrait discrètement dans la cour de son établissement, des yeux curieux et pleins d'interrogation tournés vers lui. Il n'avait aucune réponse à leur donner et il ne leur en devait aucune. Il continua son chemin vers sa première heure de cours, réajustant sa prise sur la lanière de son sac à dos pour ne pas qu'il chute de son épaule, croisant parfois des élèves avec qui il avait l'habitude de se bagarrer lorsqu'ils lui cherchaient un peu trop les poux dans les cheveux. Cependant, cette fois-ci, ils ne furent pas enclin à engager le duel, le bousculant simplement par l'épaule pour lui faire comprendre qu'il n'était qu'un looser à se renfermer de la sorte sur ses sentiments qu'il n'arrivait simplement pas à extérioriser. Enfin, ce n'était pas réellement cela qu'ils lui dirent, mais c'était ce que le blond pensait. Il s'installa dans sa chaise près de la fenêtre, à l'arrière de la salle, et jeta de brefs coups d'œil dans la cour pour admirer ce qu'il s'y passait. Bizarrement, au bout de quelques minutes à scanner les environs, il vit Teresa et Minho qui discutaient près de l'unique arbre du bahut. Ce qu'ils se disaient ne pouvait guère atteindre ses oreilles, mais ils avaient l'air très préoccupé. Peut-être parlaient-ils de lui ? Peut-être évoquaient-ils un événement qui s'était produit avec Thomas durant le week-end ? Peut-être avait-ce un rapport avec le dénommé Newt ? En tout cas, ce qui était sûr, c'est que la brune semblait particulièrement attentive. Gally s'affaissa dans son fauteuil, les bras croisés contre sa poitrine. Il ne s'agissait pas de lui, la conversation ne pouvait tourner autour d'un sujet aussi futile que ses problèmes de communication avec les autres. Le cours se déroula comme à son habitude, le grand blond gardant un regard statique sur son bureau et la feuille qui lui servait à prendre des notes, presque aussi vide que ses pensées. Le professeur ne semblait pas enclin à récupérer l'attention de son élève déconcentré, continuant sa leçon comme si le pauvre garçon n'existait pas, comme s'il n'était pas présent dans la pièce. De toute façon, le concerné ne fut pas gêné qu'on le laisse un peu tranquille. Ce n'était pas un adulte ignare qui allait l'aider dans la résolution de ses soucis.
Lors de la pause, l'adolescent rejoignit un coin à l'ombre de la cour, s'isolant de nouveau pour éviter que quelqu'un vienne l'aborder ou lui chercher des noises. À sa grande surprise, au bout de seulement quelques secondes, il vit la silhouette de celle pour qui son cœur battait se dégager de derrière un grillage, accompagnée par son groupe d'idiots. Ou peut-être était-il l'idiot pour être jaloux de ces garçons assez courageux pour rester près d'elle sans se sentir impressionné ? Malgré les rires qui faisaient écho dans ses oreilles, il ne distingua aucunement celui de Teresa et en la regardant, il comprit qu'elle avait l'air très préoccupé par quelque chose. Elle avait même l'air abattue. Pourquoi ? Que lui était-il arrivé ? Quelqu'un lui avait fait du mal ? Non. Elle était bien trop intelligente pour se faire avoir par les mots jetés en l'air d'une personne mal intentionnée. Alors qu'est-ce que c'était ?

Puis, alors qu'il se plongeait dans des questionnements sans queue ni tête, l'observée fit le contact visuel avec lui et une expression soulagée fit son chemin sur son merveilleux visage. Elle murmura quelques mots à ses amis et trottina vers lui, dans l'intention certainement de lui dire bonjour et de comprendre ce qui n'allait pas avec lui. Toutefois, n'ayant toujours pas changé d'avis, l'autre n'était pas enclin à lui donner des réponses.

-Bonjour Gally, est-ce que ça va ? On se fait du soucis avec Minho. Thomas aussi. Il n'a pas eu la chance de te voir et ça l'a rendu triste, déclara-t-elle une fois qu'elle fut en face de lui.

-Pourquoi est-ce que tu viens me voir ?

La question était brutale et sans émotion. Il l'avait posé sur un coup de tête, sa colère envers lui-même se déversant doucement dans les paroles qu'il prononçait à son encontre. Il n'avait aucune intention de lui faire du mal, il voulait juste des réponses à ses propres interrogations. Si elle le détestait, pourquoi venait-elle prendre de ses nouvelles ?

-Enfin Gal', je suis ton amie et en tant que tel, je veux savoir ce qui te chagrine tant … Je sais que j'ai merdé la dernière fois. J'aurai dû te répondre au lieu d'hésiter … Je ne sais pas ce qui m'a pris.

-Alors ? Tu es venu me dire que tu as peur de moi ? Que tu m'as toujours détesté ? Que tu ne veux plus me voir et que je reste loin de toi ?

-Mais qu'est-ce que tu racontes ?

Ses émotions commençaient à prendre le dessus sur le contrôle qu'il s'était imposé, le forçant à se redresser pour surplomber la jeune fille de quelques bons centimètres, lui donnant cette impression de petitesse à ses côtés. Les yeux de Teresa s'emplirent d'incompréhension plus que de peur, ne saisissant toujours pas la raison de cette tournure dans leur amitié. Ils s'étaient toujours très bien entendus même si Gally restait toujours assez renfermé à son égard, elle l'avait toujours trouvé amusant et délirait avec lui autant qu'avec Minho. Pourquoi tout cela avait changé en si peu de temps ? Avait-il évolué depuis ? Dans leur façon de pensée. Ou dans leur manière de se percevoir. Rien n'avait changé pour elle, le garçon restait le même qu'il était autrefois dans son cœur.

Comprenant qu'elle n'allait pas répondre une fois de plus, le blond décida de se retirer dans le centre de la cour, ses poings fermés avec ardeur pour éviter de frapper le premier élève qui lui passait sous la main. Son meilleur ami asiatique n'était pas loin de lui, quelques mètres seulement, et il avait l'air très attentif au prochain mouvement qu'il ferait. Il était un peu son catalyseur, la personne qui refrénait ses accès de rage et qui le calmait dès que les choses s'envenimaient. Cependant, Gally n'était pas sûr qu'il lui soit de la moindre utilité pour l'instant.

-Attends-moi Gal' ! Pourquoi est-ce tu réagis comme ça ! Pourquoi est-ce que tu penses que je te déteste ? S'exclama Teresa en le rattrapant.

-Parce qu'à chaque fois que je discute avec toi, tu as l'air effrayé ! Tu fuis mon regard. Tu n'es jamais à l'aise avec moi, alors qu'avec les autres garçons on dirait que tu les as toujours connu. Tu devrais être comme ça avec moi, et non avec eux !

-Mais ça n'a rien à voir. Si je suis comme ça c'est que … que …

-Que tu as peur de moi.

Sur ces-derniers mots, l'adolescent chercha à s'éloigner à nouveau pour rejoindre ses classes. N'étant pas réellement de cet avis et plutôt têtue dans son genre, la jeune fille agrippa son avant-bras pour l'empêcher de partir. Mauvaise idée. Dans un sursaut de colère, le blond se tourna avec un regard noir et la bouscula pour qu'elle lâche son membre. Le choc contre sa poitrine la fit chuter au sol dans un couinement de douleur à peine perceptible. En une seconde, tous furent autour d'eux, des expressions choquées et des yeux emplis de dégoût envers la cause de tout ce brouhaha. Minho s'approcha du garçon et posa une main sur son épaule pour lui demander de se calmer, mais n'obtint qu'un grognement en réponse. Il avait l'impression d'être un dompteur en face d'un animal tellement traumatisé et effrayé par sa propre force, qu'il en devient incontrôlable. Alors, au lieu de se préoccuper de lui, l'asiatique releva sa meilleure amie. Ses mains étaient légèrement écorchées et elle avait un peu mal au rein mais à part ça, elle n'avait rien de grave. Quand la brute se rendit compte de ce qu'elle venait de faire, une lueur terrorisée passa brièvement dans ses orbes claires avant qu'il ne baisse la tête en signe de résignation. Il n'avait vraiment pas envie de rester ici une seconde de plus. Tous ces regards accusateurs posés sur lui, tous ces murmures inquiets destinés à sa victime, et les battements rapides de son cœur alors qu'il réalisait qu'il venait de ruiner sa dernière chance pour dévoiler ses sentiments à la demoiselle. Et la seule chose qu'il put faire, fut de prendre la fuite. Il prit son sac, bouscula plusieurs personnes sur son passage et ne laissa guère le temps à Teresa de s'interposer. Tout ce qu'elle put faire, ce fut le regarder s'éloigner derrière les grilles du lycée, son cœur se serrant à l'idée qu'elle allait perdre sa seule chance d'avoir une vie heureuse.

Lorsqu'il fut chez lui, Gally ne put retenir sa haine plus longtemps et frappa le mur de sa chambre jusqu'à qu'il n'y crée une fissure irréparable, ses phalanges saignant doucement sous les impacts. Il se mordit la lèvre en se maudissant d'avoir si peu de self-control et finit par se calmer en s'asseyant sur son lit. Il posa sa tête entre ses mains, continuant de profaner des insultes à son égard, faisant face à une réalité qui l'effrayait plus qu'autre chose. À présent, comment allait-il se montrer devant Teresa ? Ou même Minho ? Ou expliquer la situation à Thomas ? Allait-il perdre ses uniques amis ? Ce n'était réellement pas une option qu'il voulait envisager. Toutefois, à sa grande surprise, quelqu'un frappa à sa porte et se permit d'entrer sans plus attendre, l'habitant de cette maison ayant oublié de fermer à clé en rentrant. En seulement quelques secondes, les silhouettes de ses deux camarades de classe se postèrent devant lui, l'asiatique croisant ses bras contre sa poitrine dans l'espoir de se donner un côté plus sérieux qu'à son habitude. Ce n'était pas réellement dans sa nature de démontrer un quelconque sérieux, mais il avait besoin de se séparer de son caractère blagueur pour le bien de son compagnon. Teresa semblait à peine à l'aise avec la situation qui se présentait à elle, l'atmosphère de plomb n'aidant en rien le petit groupe qui n'arrivait pas à entamer la conversation. Heureusement, le brun parvint à sortir de sa propre transe en donnant un coup de coude à la jeune fille.

-Bon, si on est là, c'est pour toi Gal'. Ce qu'il s'est passé au lycée, ne s'est jamais produit auparavant et on commence sérieusement à s'inquiéter, dit-il en fronçant les sourcils.

-Je n'ai pas besoin de votre aide …

-À d'autres mon grand. Alors, puisque tu ne veux pas me parler à moi, tu vas t'expliquer avec Teresa pendant que je vais nous chercher de quoi grignoter.

Les yeux des deux concernés s'écarquillèrent alors qu'ils relevaient tous la tête vers le garçon en train de s'échapper, claquant la porte derrière lui. Il était au courant des sentiments de Gally et il allait mettre à profit cette situation pour le forcer à se dévoiler au grand jour. De ce fait, la jeune fille et son camarade restèrent silencieux pendant deux petites minutes, aucun d'eux n'émettant le moindre bruit. Seules leurs respirations troublaient le silence de la pièce, petite et meublée avec le strict nécessaire, une odeur d'amande flottant dans l'air, certainement à cause du shampoing que le garçon utilisait dans la pièce d'à côté, qui était sa salle de bain. Teresa connaissait les lieux. Elle était venue quelques fois pour jouer durant les jours de pluie, ou lorsqu'ils n'avaient pas envie de sortir. Alors, sans se faire prier, elle vint s'asseoir à côté de son ami, croisant ses doigts sur ses genoux et regardant ses pieds avec intérêt. Son voisin ne pipa mot également, fuyant tout contact physique ou visuel, souhaitant que rien n'aggrave les dégâts qu'il avait déjà causé. Puis, la brune soupira ouvrant doucement la bouche pour s'expliquer.

-Je ne sais pas ce que j'ai fait de mal pour te rendre aussi irritable. Je ne vois même pas pourquoi tu es énervé. Et je ne comprends pas non plus pourquoi tu penses toutes ces choses de moi. Tout ce dont j'ai conscience, c'est que tu me caches quelque chose … Alors dis-moi ce que tu as sur le cœur, et peut-être que je pourrai y remédier.

-Même si tu le voulais, tu ne pourrais rien faire.

-Tu dis ça seulement parce que tu me crois incapable d'agir en adulte !

Son ton était devenu autoritaire, froid et sec. Une intonation qu'elle n'utilisait que très rarement, seulement en cas de force majeur afin de se faire entendre ou de récupérer l'attention de quelqu'un en train de l'ignorer. Dans un sens, c'était une des raisons pour lesquelles il s'était épris de tels sentiments pour elle. Gally ne put s'empêcher de sourire pour lui-même, regardant du côté de la demoiselle sans réellement lever la tête. Sa colère disparaissait doucement, épuisé de toujours devoir fuir ce qu'il éprouvait pour elle. Il lâcha une grosse expiration qui attira l'attention de Teresa et elle attendit sa réaction avec impatience.

-Tu veux réellement savoir ce qui me tracasse ? Tu veux comprendre pourquoi je ne peux plus m'approcher de vous sans perdre les pédales ? Ou plutôt de toi ?

-Oui ! Si c'est moi le problème, alors je trouverai un moyen d'y remédier, murmura-t-elle avec un petit nœud dans la gorge, craignant que leur amitié ne s'achève à cause d'une pauvre erreur.

-Ce n'est pas toi le soucis. C'est moi. Depuis plusieurs années maintenant, je … j'ai …

Il marqua une pause. Il n'y avait plus un instant à perdre, s'il devait se confesser, c'était maintenant ou jamais. Ainsi, dans une grande inspiration, il laissa un flux d'émotions s'échapper d'entre ses lèvres à peine décollées. Sa voix rythmait à présent le silence de la salle, les coups contre sa poitrine se répétant à l'infini, l'alarmant d'une probable fuite de son organe vital à travers son torse.

-J'ai toujours eu des sentiments pour toi Teresa. Cela fait quelques mois que je m'en suis réellement rendu compte. Tout chez toi me semble parfait. Tes yeux me rappellent un ciel sans nuage et me réconforte les jours de pluie où tu viens me rendre visite. Tes cheveux sont doux au toucher et je suis content quand je vois que tu les as tressés ou attachés en queue de cheval. Ton côté garçon manqué m'a toujours impressionné et je n'ai eu de cesse de me dire que si je devais me mettre en couple avec une fille, ce serait quelqu'un comme toi. Et puis, j'ai compris que ce n'était pas une personne comme toi que je désirais, c'était toi.

À la fin de son discours, il finit par se redresser totalement afin de voir la réaction de la jeune fille. Elle avait l'air choqué, les yeux grands ouverts et la bouche pincée comme si elle se retenait de pleurer. Et c'était le cas, son regard bleuté se mit à briller d'une beauté sans pareille, des étoiles s'éparpillant sur sa pupille alors qu'elle serrait les poings sur ses genoux. Gally ne savait pas comment prendre cette réaction. Était-elle heureuse ? Choquée ? Dégoûtée ? Surprise ? Quelles étaient ces émotions qui se dégageaient de cette expression ? Il se mordit l'intérieur de la joue, tout en réfléchissant aux différentes possibilités qui s'offraient à lui. Soit il acceptait de se prendre un râteau en pleine face, soit il se mettait à rire pour faire croire qu'il s'agissait d'une blague. Dans les deux cas, il ne se sentait pas à même de subir de telles déceptions. Il allait ouvrir la bouche pour choisir l'une de ces deux portes de sortie, avant de sentir une violente douleur à sa joue. Teresa venait juste de le gifler ? Il n'avait pas rêvé ? Il allait certainement garder la marque de ses doigts pendant le reste de la journée, une brûlure intense se répandant sous sa peau alors qu'il se massait doucement le visage. Il la regarda avec incrédulité alors que deux larmes s'extirpaient de ses orbes si précieuses. Elle fut elle-même surprise de son geste et décolla ses lèvres avec incertitude, essuyant rapidement les gouttelettes salées comme si elle ne s'était même pas rendue compte de ce qu'elle venait de faire.

-Qu'est-ce que … Pourquoi est-ce que tu … ?

Et avant même qu'il ne puisse finir sa question, les lèvres de sa camarade de classe se retrouvèrent contre les siennes, lui procurant une sensation qu'il avait inconsciemment espérée pendant longtemps, sans jamais savoir à quoi s'attendre. La surprise l'avait tellement pris de court, qu'il mit du temps à réagir au baiser, sa main hésitante se posant sur la joue humide de sa compagne qui émit un faible sanglot et de son pouce, il retira les dernières marques de sa tristesse pour ne lui laisser que les bons souvenirs de ce moment. Ils n'allèrent pas très loin dans cet échange, seulement leurs lèvres qui se mouvaient à un rythme merveilleux, synchrones et totalement en harmonie. Puis, quand le besoin d'air se fit sentir, ils se séparèrent et baissèrent les yeux pour voir qu'ils avaient enlacé leurs doigts sans faire attention. Au grand dam de Gally, il avait l'impression de se retrouver dans une de ces comédies romantiques que sa mère avait l'habitude de regarder les soirs où elle était triste, des horreurs dégoulinantes de bons sentiments et de clichés bien trop gros pour ne pas être aperçus. Pourtant, il ne trouvait pas ça désagréable d'être au milieu d'un des plus grands clichés de l'histoire du cinéma.

-Si j'étais si distante avec toi … c'est parce que j'avais peur que tu ne partages pas les mêmes sentiments que moi. Je suis tellement désolée de t'avoir fait endurer ça pendant toute cette semaine et peut-être même plus … souffla Teresa en tentant vainement de se calmer.

-On peut dire qu'on a pas été très perspicace sur ce coup-là, pas vrai ?

Elle sourit avec entrain, resserrant la prise qu'elle avait sur sa main comme si elle ne voulait pas le laisser partir. Au moment où ils allaient s'embrasser à nouveau, afin de clore cette histoire et d'entamer cette relation que chacun avait attendu patiemment de son côté, Minho fit un bruit de dégoût au pas de la porte, un sourire mesquin plaqué sur son visage joueur. Lui qui attendait ça depuis si longtemps, il avait seulement servi d'entremetteur pour ces deux petits aimants beaucoup trop éloignés l'un de l'autre. L'asiatique secoua la tête pour montrer qu'il avait failli perdre courage avant de balancer deux paquets de gâteaux à la figure du nouveau couple, posant le plateau avec les verres sur le bureau qui était juste en face, avant de prendre son téléphone pour envoyer rapidement un texto à Thomas, qu'il tenait au courant de la situation depuis le début.

De : Minho

'Ta sœur et Gally sont enfin ensembles ! Hallelujah !'

En regardant son écran, le brun sentit ses joues se tirer pour laisser apparaître un large sourire de contentement. Moins au point sur ce genre de chose, Thomas avait eu plus de mal à se rendre compte des sentiments qu'éprouvaient son meilleur ami envers sa demi-sœur. Mais maintenant, il pouvait être satisfait et heureux pour eux. Il verrouilla son portable et se leva pour rejoindre Newt, en attendant que sa mère ne revienne. Contrairement au récent couple formé, celui du vampire et de son partenaire l'humain avait du mal à tenir sur les bons rails. En effet, cela fait quelques jours que le blond n'a pas été capable d'aller s'alimenter, en particulier par respect pour son petit ami et ensuite, parce qu'il ne devait pas entrer trop en action. Des Chasseurs avaient investi la ville en sachant pertinemment qu'un buveur de sang s'y cacher, les disparitions et meurtres étant beaucoup trop nombreux pour une ville pareille. Ainsi, le plus jeune se rendait régulièrement chez lui pour prendre de ses nouvelles et le retenir de faire un acte qui pourrait mettre sa vie en péril.

En tout cas, jusqu'à ce soir-là.

Newt se trouvait assis sur son matelas, comme à son habitude, recroquevillé sur lui-même et grognant des phrases dans différentes langues connues. Il n'était pas vraiment d'humeur encore une fois et Thomas hésita à rester. Il avait peur oui seulement, ce n'était pas son partenaire qui l'effrayait, mais les pulsions qui lui dictaient sa vie. Et elles furent bien plus fortes que d'ordinaire ce jour-là.

-Bonsoir mon cœur, est-ce que ça va ? Demanda prudemment le brun en s'agenouillant devant lui.

-Ce n'est pas le moment Thomas !

Lorsqu'il l'appelait par son prénom, le concerné comprenait que ce n'était pas le moment de l'embêter ou de le raisonner. Il voulait le protéger sans réellement savoir comment, alors il faisait tout ce que les humains étaient capables à l'aide de leurs capacités de mortels. Il posa sa main sur l'épaule de son bien aimé et caressa sa peau par-dessus son vêtement fin, apaisant ses troubles pendant une demi-seconde.

-Recule ! Recule-toi immédiatement !

-Non Newt … Tu ne peux pas faire ça. Les Chasseurs sont toujours en ville, tu risques de te faire attaquer.

-J'ai besoin de boire. Pousse-toi ! Si je ne le fais pas, c'est toi que je mordrai !

À cette phrase, l'étudiant s'éloigna d'un bon mètre et le vampire se redressa pour prendre le chemin vers la porte. Malgré les nombreux avertissements qu'il lui avait donné, il ne pouvait empêcher sa soif de prendre le dessus et s'il voulait tenir son partenaire à l'écart du danger qu'il représentait, il était nécessaire qu'il s'attaquer à d'autres innocents. Cruel choix mais toujours meilleur que tuer celui pour qui son cœur battait encore.

Une fois dehors, il parcourut les différentes rues en évitant de se faire remarquer, prenant le chemin des terrasses, grimpant sur les murs pour apercevoir ses cibles plus facilement, écartant les victimes trop vulnérables ou trop jeunes pour croiser la proie potentielle. S'il y avait un Chasseur dans le coin, ce-dernier aurait déjà remarqué la présence de Newt. Ils étaient malins. Alors le garçon devait prouver qu'il l'était encore plus. Et il parvint à se faufiler tel un félin dans les arbres et sur les façades, avant d'apercevoir celle qui allait lui servir de ressource de vie. Avec des gestes agiles et fluides, il descendit à quatre pattes vers une rambarde en pierre et laissa ses yeux s'illuminer, ses ongles s'agrandir et ses dents pousser avant de sauter dans la direction de cette jeune femme aux cheveux blonds. Il la plaqua au sol avec une certaine brutalité, due à son besoin de sang, et planta ses longues canines dans le cou de la demoiselle qui poussa un hurlement strident. Sa soif l'avait tellement aveuglée, qu'il se rendit compte trop tard de celle qu'il venait de mordre. Quand il se rassasia un peu, il put sentir la fragrance qui s'échapper de ses cheveux.

Il avait cru être plus malin, mais Thomas avait raison.

Un autre cri le sortit de sa transe alors qu'il se retirait de la jeune femme, esquivant un coup de batte qui faillit le toucher à la tempe, et regarda avec terreur ce qu'il avait fait.

Il venait de s'attaquer à un Chasseur.

Il venait de boire le sang de la femme d'un Chasseur.