Bonjour!

Li'life0108: Vraiment félicitations pour avoir fini le ramadan, vous êtes des warriors xD. Oui au pire, raconte-moi tout ça par mail :). Oui, le fait que toutes les filles soient blondes aux yeux bleus n'est pas un hasard. Pour le rougissement, je mets ça sur le fait que le baiser a eu lieu dans la pénombre, à l'abri du public tandis que là c'est à l'extérieur et en public. Bref, le brevet s'est-il bien passé?

Bonne lecture :)


Le temps passe très lentement quand on est seul. Mais c'est avec appréhension que je vois la nuit tomber de l'autre côté de ces murs.

Edward n'est toujours pas revenu, je doute même qu'il le fasse ce soir. Peut-être vaut-il mieux pour lui de rester avec son petit frère. Je ne saurai dire combien d'heures j'ai passées à regarder les flammes consumer difficilement le métal. Je m'ennuie…Et si je sortais faire un tour?

Mh…Edward n'apprécierait pas s'il l'apprenait. Puis, s'il revient alors que je suis absente, il risque vraiment de me buter.

- Bah…Au moins, on ne mentira pas sur mon état.

Je refais un état des lieux pour m'aérer l'esprit mais au bout du dixième engin volant, je commence réellement à tourner en rond. Je suis seule et l'air est irrespirable par ici. Bon, après tout, je ne vais pas non plus me volatiliser, je peux bien sortir faire un tour sans trop m'éloigner.

Sur cette pensée, je retourne à l'entrée et pousse la porte. Celle-ci grince sous la pression et le vent froid et glacé de l'hiver s'engouffre dans l'usine ainsi que sur ma peau. Je frisonne mais ne recule pas. Le ciel s'assombrit progressivement et le chemin de terre relié à la route disparait peu à peu de mon champ de vision. J'inspire à plusieurs reprises, m'adossant à la façade dure et froide de l'entrepôt. L'odeur n'est pas plus agréable qu'à l'intérieur mais c'est déjà un bon début.

Finalement, j'entreprends de m'éloigner un peu plus que convenu, en direction des lampadaires de la ville. Mon souffle s'échappe sous forme de vapeur, tout se refroidit en ce moment et ça ne m'étonnerait pas s'il neigeait dans les prochains jours. J'enfonce mes doigts glacés dans les poches de ma veste, l'une d'elles rencontre le carnet d'Edward.

Je vais me faire tuer.

Bon, maintenant qu'on est plus proche du centre-ville, pourquoi ne pas y prendre la température? Je ne me vois pas retourner dans cet endroit lugubre et nauséabond, du moins pas tout de suite. Je m'aventure jusqu'à la place principale, où la vie continue son cours. L'atmosphère est plus détendue que quelques heures plus tôt, des rires éclatent par-ci par-là et les ragots vont de bon train. Je dois me pincer pour vérifier que je ne rêve pas.

Presque tous les bars sont ouverts, de nombreux étudiants entrent et sortent comme dans un moulin. J'hésite un moment à me mélanger à eux mais j'arrive assez vite à une autre idée: aller voir un peu plus loin.

En parcourant la place, je me rends compte qu'un groupe de policiers monte la garde. Ils contrôlent toute personne souhaitant emprunter la rue menant à l'immeuble de Valentina. S'ils ont été déployés à des fins de sécurité du périmètre, peut-être sont-ils moins nombreux à surveiller la prison de l'Etat?

Soudain, un des hommes m'appelle. Mon cœur s'emballe, m'ont-ils reconnue? Je n'aurais pas dû rester aussi près, quel idiote. Le policier réitère son appel, j'obéis le plus lentement du monde. Mon visage s'abaisse dans ma veste, dissimulant partiellement ma bouche.

- Hé, petite, qu'est-ce qu'une gamine comme toi fait seule un soir comme celui-ci?

Ses collègues rient. Il n'a pas l'air méchant, du moins, je ne détecte aucune once d'ironie dans sa voix. Méfiante, je réponds à demi-mot.

- Je me promène.

Je ne regarde personne dans les yeux, je me contente de fixer leur uniforme. Un détail qui n'échappe pas à mon interlocuteur.

- Les gens de cette ville sont de plus en plus insouciants mais certains continuent de se méfier. Déclare-t-il un peu plus bas.

Je relève la tête et croise son regard. C'est un homme atypique: très large d'épaules, deux longues moustaches noires et un crâne en partie rasé. On dirait une véritable armoire à glace qui pourrait me broyer un os en un claquement de main.

- Vous n'êtes pas nazis vous, non? Je demande un peu niaise.

Son sourire se fige un moment, ses collègues se tendent à vu d'œil. J'ai apparemment touché un point sensible.

- L'Allemagne faisait peine à voir après la guerre. S'il y a un moyen de la relever, le peuple et l'Etat doivent s'unir pour redorer son blason.

Il prononce ces mots, ils sonnent terriblement faux. Je le dévisage un moment puis reporte mon attention vers ses collègues. L'un d'eux retourne s'occuper d'un jeune tentant de traverser la zone sécurisée.

- Chaque jour des dizaines de jeunes s'enfuient par le convoi en direction de l'ouest. M'informe-t-il en m'examinant de la tête au pied.

C'est rassurant, tous les jeunes n'ont pas succombé à la folie. Au moins, nous avons une solution de secours.

- Allez, donne ton identité et on te laisse partir. Déclare le policier.

Je me fige un moment, eh merde j'avais oublié ce détail. Je suis obligée de leur dire mon nom si je veux partir. Allez, peut-être qu'ils ne savent pas qui je suis et que mon nom est toujours inconnu de leur service.

- Il y a un problème?

Lorène ou Laetitia?

- Lorène, dis-je en me mordant la lèvre inférieure.

Je sens un léger mouvement de recul de la part de ses collègues. L'homme avec lequel je parlais, lui, esquisse un sourire.

- Je me disais bien que ta gueule d'ange me disait un truc.

Hein? Je laisse mon visage exprimer ma surprise.

- T'es la gamine qui a assassiné trois policiers dans ce fourgon, non?

Cette appellation me fait froid dans le dos. Alors c'est ça le surnom qu'on m'a donné? J'aurais préféré quelque chose plus flatteur.

- N-non.

Je bégaie, ce n'est pas bon. Du coin de l'œil, un autre policier porte sa main à sa ceinture, dissimulant probablement une arme. C'est perdu d'avance, je n'ai rien pour me protéger. En outre, tirer en plein milieu d'une place publique n'est pas la meilleure idée que je puisse avoir. L'armoire à glace s'approche de moi et attrape fermement mon poignet. Je n'oppose aucune résistance. A vrai dire, j'ai envie de me pisser dessus.

- Les prisons de l'Etat sont plutôt agréables, tu vas vite t'en rendre compte. Je pense même qu'ils pourront te prêter une brosse à cheveux si tu leur demandes gentiment.

- Quel aubaine.

Une pression plus poussée sur mon articulation m'intime de me taire. Je m'exécute. L'homme ordonne à ses collègues de maintenir la sécurité du périmètre tandis que lui et un autre vont m'escorter jusqu'à la prison.

Il faut voir le côté positif, je vais peut-être croiser Russell là-bas.

Une de mes pensées va à Edward, je vais réellement me faire buter. L'arrestation se fait…discrètement, à l'abri des regards. C'est à peine si l'homme ne marche pas à côté de moi pour donner l'illusion d'une simple promenade entre amis. Je garde le silence, observant le calme des rues de Munich.

- Il faut être sacrément dérangé pour abattre de sang froid trois hommes d'une balle dans la tête.

Je ne relève pas. Ses accusations me paraissent improbables, elles me renvoient l'image d'une criminelle sanguinaire. J'ai juste voulu survivre, pas assassiner des innocents. Ils m'ont embarqué sans aucune raison.

- Un d'entre eux était le père de deux enfants, Falman. Les pauvres orphelins que tu as créés.

Je fais la sourde oreille et me contente de marcher au rythme qu'il m'impose. Son collègue reste muet, comme depuis le début de notre conversation. Au détour d'une rue, ses mains broient mes poignets. Je laisse s'échapper un râle de douleur.

- La ferme connasse.

Je lui lance un regard noir, il ne fait que renforcer sa poigne. Pour éviter de lui faire plaisir, je serre les dents, sans un mot.

Au bout de notre marche, un grand bâtiment administratif se détache du décor. Les lumières éclairent les étages et l'entrée est gardée par deux policiers armés. A mon plus grand désarroi, Maes Hughes est l'un d'entre eux. Nos regards se croisent assez rapidement mais je ne parviens pas à détecter son humeur tant il tient à rester neutre.

- La pêche est bonne ce soir? Demande l'autre garde.

Mon bourreau me présente à eux comme un marchand brandirait sa marchandise le dimanche.

- Une gamine qui se nomme Lorène, tu crois que je vais avoir une augmentation?

- Ca m'étonnerait. Rétorque Hughes. Tu n'es même pas blond aux yeux bleus, ta gueule ne les intéresse pas Buccaneer.

Ils parlent comme si je n'étais pas là. J'hésite à me racler la gorge pour rappeler ma présence mais réflexion faite, je vais juste la fermer et attendre.

- On t'en débarrasse? Enchaîne le gendarme aux lunettes rectangulaires.

Il n'en faut pas plus au fameux Buccaneer pour me confier à eux comme on refile un chien aux voisins au début de l'été. Mon nouveau maître n'est personne d'autres que Hughes. Naturellement, il décide lui-même de m'emmener dans ma cellule tandis que ses collègues retournent vaquer à leurs occupations. J'avance donc à l'intérieur du bâtiment et attends patiemment les questions de mon cher ami de longue date.

- Au moins, tu es en vie. Dit-il simplement.

Bon, ça me change du "ta gueule connasse" que je me suis pris un quart d'heure avant. Il m'emmène à travers les couloirs jusqu'à un petit escalier, en parfait contraste avec l'ambiance accueillante du bâtiment. J'ai vaguement l'impression de descendre aux enfers.

- Pour combien de temps? Je demande au bout d'un certain temps.

Hughes ne sait me répondre, ça en dit long. Il me laisse descendre à mon rythme mais plus on avance, plus l'odeur de vieux et de poussière me montent au nez.

- C'est plus accueillant dans les films.

Mes mots se perdent dans le vide. Nous parvenons à un cul de sac, un couloir divisé en cellules, pour certaines occupées. Je sursaute vivement quand un mec se lève et s'élance sur ses barreaux. Il somme Hughes de le libérer. Ce dernier s'en fout totalement ouvre une cellule à ma gauche. Nous nous arrêtons un moment.

- Je suis supposée attendre là-dedans?

Ma question l'intrigue, non pas que je m'attendais à être aidée ou quoi que ce soit mais…vraiment?

- Dis-toi que tu ne finiras peut-être pas morte de faim ici.

Oui, j'avoue que c'est largement plus rassurant. Une main dans mon dos me force à rentrer puis referme la porte de ma nouvelle chambre. C'est pas le grand luxe tout ça. Bon, honnêtement, est-ce que c'est pas du même confort que l'usine dans laquelle je me trouvais en début de soirée?

- Saleté de nazis! Proclame l'anarchiste en donnant un coup de pied dans ses barreaux.

- Les nazis ne vous entendront même pas. Ils sont trop occupés à conquérir le monde.

Tiens, on dirait qu'il y a du monde par ici, une vieille dame se dandine dans son coin pour se plaindre à son tour.

- Regardez le visage de cette demoiselle. Elle est comme ils veulent: blonde comme les blés, yeux bleus comme la mer. Elle ne va pas mourir ici, elle. Ils peuvent encore s'en servir. Alors que nous…ils vont bien vite nous oublier si ce n'est pas déjà fait.

Debout à la fixer, je ne vois pas trop quoi répondre à ça. Sûrement a-t-elle raison mais au vu de la situation, je ne suis pas aussi sûre qu'elle en ce qui concerne ma survie. Je soupire et m'assois sur le sol sale, dos au mur.

Au début, je pense que la nuit va juste se passer de manière conviviale et que je finirai par bien vite m'accommoder de mes nouveaux colocataires. Cependant, au bout d'une heure de râles et de plaintes, je m'aperçois qu'ils laissent l'aveuglante lampe blanche allumée.

- Ils font ça pour nous rendre fous, dit la vieille comme si elle avait lu dans mes pensées. Ils nous empêchent de dormir comme ça on n'a plus la force de nous plaindre.

Ca tient la route.

- Depuis combien de temps vous êtes enfermés ici?

- Une semaine, répond-t-elle dans un soupir.

Elle a l'air vachement résistante pour tenir autant. De nouveaux coups portés aux barreaux me provoquent un nouveau sursaut. Si je ne meurs pas de faim ici, je vais crever d'une crise cardiaque causée par l'autre malade.

- Il a fait quoi pour se retrouver au trou lui?

- Absolument rien! Crie-t-il.

Mauvaise idée de poser la question, il a sûrement crié trop fort son envie de voir mourir les nazis et a fini ici.

Au fil des heures, ses cris alertent les gardes qui finissent par venir le chercher. Aucun d'eux ne nous accorde un regard et ils se contentent de transporter le fouteur de trouble en dehors du couloir.

- Je crois qu'il est mort, conclut la petite veille une fois le calme revenu.

La nuit va être longue, très longue.