Notez bien que seule l'intrigue de cette fanfiction m'appartient. Les personnages et la plupart des lieux décrits sont tous issus des romans de la saga Harry Potter de J.K. Rowling.

Merci à nouveau à vous, mes lecteurs. En particulier pour ceux d'entre vous qui ont commenté ce premier chapitre (et son prologue évidemment) et qui se sont abonné à cette histoire. Je suis désolée pour l'attente que je vous fait subir : je ne suis pas une auteur très rapide, je l'avoue. Mais j'essaie de respecter une certaine cohérence tant dans le style que dans le récit lui-même. Et l'inspiration me vient souvent à des moments impromptus et vraiment pas pratique : dans les transports en commun, à l'heure du coucher ou lors de rendez-vous/soirées diverses.

Eliie Evans : Merci j'espère que la suite te plaira ;)

keloush : Merci :)

Miss No Name : Si une bouteille te surprenait... ;) Ce chapitre est un peu plus long que les précédents (beaucoup de dialogue, ceci dit), j'espère qu'il te plaira. Merci pour ton avis, et bonne lecture ! ;)

la-ptite-souris : Je ne peux pas t'en dire trop tout de suite, alors j'espère que la suite de cette fanfiction te plaira. Moi aussi j'ai toujours eu du mal à accepter la disparition de Sirius, mais bon, les choix de l'auteur sont indiscutable. Bonne lecture !

Guest : La voilà ! La voilà ! J'espère que ce chapitre te plaira.

Bonne lecture à tous ! E.


CHAPITRE 2

Harry avait rejoint l'appartement familial. Alors qu'il s'était attendu à y retrouver sa femme, l'endroit était vide. Les bagages de Ginny étaient pourtant disposés négligemment dans le hall d'entrée, ce qui laissait deviner un passage éclair dans la journée. Elle avait certainement dû se rendre au Ministère pour rendre compte de son expédition auprès de ses supérieurs. Harry était quelque peu surpris qu'elle ne soit pas passée le saluer à son bureau, mais elle avait du être retenue.

Alors qu'il traversait le salon en tirant la valise de sa femme, il aperçut son balai sous la table basse. Un rictus amusé prit place sur son visage alors qu'il imaginait la mine excédée de Ginny, qui l'avait forcément remarqué en utilisant le réseau de cheminée. « Ça fait une semaine que je suis partie, et ce sacré balai est encore sous la table ?! Pourquoi ? », lui aurait-elle demandé, entre le dépit et la colère s'il avait été là à ce moment. Il tira donc sa baguette de sa poche de veste et fit léviter le balai jusqu'à son emplacement, dans la chambre d'amis.

Après avoir rangé les affaires de Ginny, Harry s'affaira à préparer le dîner. Ou plutôt à réchauffer le dîner. Il était déjà vingt heures et il n'avait aucune envie de cuisiner seul. Il sortit donc un plat surgelé du congélateur de l'arrière cuisine, le plaça sans ménagement dans le four à micro-ondes, avant de lancer le cycle de cuisson. Quelques minutes plus tard, il sortit la barquette du four, avant de l'engloutir en une fraction de seconde, avachi dans le canapé, en regardant les informations moldues à la télévision.

Harry était fatigué. Si fatigué qu'il s'endormit sur le canapé, dans une position improbable. Si fatigué qu'il ne réalisa pas que sa femme n'était toujours pas rentrée…


Sirius ne savait pas réellement à quoi s'attendre, en foulant le pas de porte du 12 square Grimmaurd. Hermione avait été relativement silencieuse sur le chemin. Elle paraissait même un peu tendue. Elle avait préféré utiliser une entrée peu surveillée pour quitter le Ministère et Sirius, même s'il s'était demandé pourquoi, l'avait suivie sans broncher. La situation lui semblait étrange et cocasse. Il était sur ses gardes et incapable de déterminer la cause : la bataille qu'il ressentait avoir eu lieu quelques minutes auparavant ou le fait qu'il était « mort » pour la plupart de ses amis depuis des années.

La maison de la famille Black était toujours protégée par le sortilège Fidelitas, semblait-il. Son perron et sa porte semblait plus défraichis que jamais. L'entrée, elle, n'avait pas vraiment changé. Il y pesait toujours une atmosphère désagréable. La poussière s'y entassait en petit nuage recouvrant le sol ça et là. Kreattur avait dû quitter les lieux.

Sirius s'avança vers les rideaux qui abritaient le portrait de sa mère. Il espérait qu'on l'ait retiré. Mais la chance n'était pas de son côté : Walburga Black, d'abord étonnée par la vision de son fils aîné, se mit à hurler de terreur ou de colère, Sirius n'en était pas bien sûr. Il était cependant clair qu'aucun n'était pour ainsi dire ravi de revoir l'autre.

Sirius tira le rideau et reporta son attention sur Hermione, qui n'avait pas bougé et observait ses réactions. Son silence lui pesait et le rendait nerveux. Il se souvenait de la jeune fille volubile et un peu « je-sais-tout » dont son filleul se plaignait parfois. Cette femme alerte et sérieuse lui semblait être une toute autre personne. Cependant, elle était pour l'instant la seule à pouvoir lui apporter des réponses.

- Kreattur est mort ? finit-il par demander, en tentant de couvrir les hurlements de sa mégère de mère.

- Oui, répondit laconiquement Hermione.

- Je m'en doutais, continua-t-il, sur le même ton. Même s'il me détestait, il adorait cette maison et n'aurait jamais laissé la poussière s'y répandre de la sorte.

Il sentit Hermione tressaillir et rosir légèrement. Elle leva sa baguette et par un sort informulé rendit aux planchers leur lustres et aux candélabres leur brillance.

- Ce n'était pas un reproche, s'empressa Sirius alors qu'Hermione levait de nouveau sa baguette.

- Je sais. J'imagine que la situation est aussi déroutante pour vous que pour moi. Il y a tellement de choses que vous ne savez pas…

Sa voix se brisa et ses yeux s'emplirent de larmes. Sirius s'approcha d'elle et posa sa main sur son épaule. Un sanglot secoua sa poitrine et elle renifla bruyamment.

- Tu me raconteras.

Hermione leva les yeux vers lui, mais Sirius ne comprit pas son regard implorant.

- Je ne sais pas si je serai capable de revivre tout ça. Ces années, après que nous vous ayons perdu, ont été très difficiles. Meurtrières. Nous avons perdu tant d'amis, de membres de nos familles.

De grosses larmes perlaient sur son visage fin. Le temps n'avait que peu transformé ses traits, finalement, Sirius s'en rendait compte à présent. La voir dans cet état le peinait et il compatissait. Cependant, il ne réalisait pas bien l'importance des disparitions auxquelles Hermione faisait référence.

Tout en essayant de se préparer aux révélations d'Hermione qu'il pressentait difficile, il poursuivit l'exploration de la maison en se dirigeant vers la cuisine. La pièce semblait avoir été laissée l'abandon à la hâte : des plats poussiéreux s'entassaient sur la longue table et des torchons étaient éparpillés ça et là sur le plan de travail et le dos des chaises. Sirius leva sa baguette afin de libérer la table et Hermione s'occupa de la poussière. En quelques secondes, la pièce retrouva son allure d'autrefois. Sirius tira alors une chaise et fit signe à sa partenaire de nettoyage de s'asseoir. Son attente n'avait que trop duré : il avait besoin de savoir, de comprendre. Hermione ignora son invitation et s'approcha de la gazinière.

- Je vais préparer du thé, expliqua-t-elle.

- N'avait-on pas parlé d'alcool ? s'étonna Sirius.

- Je ne crois pas qu'il en reste une goutte ici. J'imagine que tout à été vidé depuis longtemps, rougit Hermione.

Sirius sourit. Il émit même un petit rire.

- Personne n'aura trouvé les meilleures bouteilles, assura-t-il, un rictus satisfait accroché à ses lèvres, en levant sa baguette.

Sans qu'il n'ait à prononcer la formule d'attraction, il fit venir à eux deux bouteilles poussiéreuses mais pleines. L'une contenait du rhum brun et son étiquette lui attribuait 16 ans d'âge, auxquels s'ajoutaient plus des deux décennies d'absence de Sirius. La seconde ne portait pas d'étiquette, mais deux poires flottaient à l'intérieur : il s'agissait d'une liqueur de poire maison offerte par Mondingus des années auparavant.

- Accio shooters, lança Hermione, sans ciller.

Sirius haussa les sourcils.

- Je vais avoir besoin de beaucoup de courage, justifia Hermione.

Les verres vinrent s'aligner sur la table alors que les deux sorciers s'asseyaient de part et d'autre de celle-ci, de façon qu'ils se faisaient désormais face. Sirius saisit la bouteille de rhum. Il la déboucha et des arômes suaves et épicés s'en échappèrent. Il remplit six shooters et en bu deux immédiatement. Hermione l'imita.

- À ceux que nous avons perdu, souffla-t-elle en portant le troisième à ses lèvres.

Sirius l'observa alors que les couleurs reprenaient place sur son visage.

- Que s'est-il passé ce soir là au Ministère ? finit-il par demander, en tentant de ne pas se montrer trop pressant.

- Vous avez disparu en traversant l'arche, dit sobrement Hermione, en lançant un regard appuyé vers les verres que Sirius remplit à nouveau. Harry ne voulait pas y croire. Puis quand il a finit par comprendre, il a voulu s'attaquer à votre cousine, Bellatrix. Et Voldemort est arrivé. Puis Dumbledore. Et Fudge. Et enfin, le Ministère a admis qu'il était revenu. Ca n'a pas changé grand-chose. Les Mangemorts étaient forts et les deux années qui ont suivi ont été difficiles. Nous avons perdu tant…

Hermione saisit un nouveau shooter de rhum et l'avala difficilement. Elle réprima un sanglot.

- Harry et Dumbledore ont découvert la raison le l'immortalité de Voldemort, reprit-elle. Il avait divisé son âme et placé les fragments dans des Horcruxes. Ils en ont détruit plusieurs pendant notre sixième année avant que… Que…

- Avant que ? la pressa Sirius.

Hermione prit une longue inspiration.

- Avant que Rogue ne tue le professeur Dumbledore.

Un silence de mort s'abattit dans la cuisine. Sirius, bouche bée, était pétrifié par l'annonce. Hermione avait, elle, posé les yeux au sol alors qu'ils s'emplissaient de larmes. Sirius s'était attendu à ce genre de révélation, mais pas à ce genre de trahison. C'est lui qui rompit le silence, en s'écriant :

- JE LE SAVAIS ! CE SALE FILS DE HARPIE ! JE VAIS LE TUER ! JE TE JURE HERMIONE, JE VAIS LE TUER ! OÙ EST-IL ? JE VAIS LE…

- Non ! Attendez ! Écoutez-moi, l'interrompit-elle en levant la tête. Asseyez-vous, s'il vous plait.

Sirius, toujours bouillant, obéit.

- Rogue ne nous a pas trahis, essaya de tempérer Hermione.

- Il a tué Dumbledore ! s'exclama Sirius, au bort de l'explosion.

- Je sais. Mais il n'a pas eu le choix, vous comprendrez plus tard.

- On a toujours le choix, grogna le sorcier. Dumbledore ! Qui lui a tou…

- Sirius ! Tu veux savoir, oui ou non ?!

Hermione avait abandonné le vouvoiement, et elle s'en rendit compte un peu trop tard.

- Pardon, je me suis laissé emporter. Mais soyez patient, s'il-vous-plait.

- Hermione, tu dois avoir à peu près le même âge que moi aujourd'hui, non ? Ne crois-tu pas qu'on peut oublier la politesse ?

- J'imagine.

- Alors reprends s'il te plait, j'ai besoin de comprendre.

-Oui, acquiesça Hermione. Donc, je disais, Dumbledore est… Mort. Et Harry a décidé de ne pas revenir à Poudlard pour sa septième année. Il a voulu retrouver les Horcruxes que Dumbledore n'avait pas réussi à détruire. Mais avant, il a fallu le sortir de chez les Dursley.

- A cause du sort de protection qui allait disparaitre.

- C'est ça. Maugrey est tombé ce soir là.

- Même Fol-Œil… Qui d'autre ?

- Personne ce soir là. Et nous l'avons échappé belle lors du mariage de Bill et Fleur, poursuivit la sorcière.

- Weasley ? Ils ont réussi à se marier malgré le chaos ? Ce sont bien des Weasley…

- Nous avons dû transplaner loin du Terrier pour éviter à Harry d'être capturé. Nous sommes venus ici. Puis nous sommes partis à la recherche des Horcruxes. Pendant ce temps là, Voldemort à mis en place son propre Ministre de la Magie et a fait nommer Rogue directeur de Poudlard. Nous avons dû nous rendre au Ministère malgré les risques pour Harry afin de trouver un Horcruxe. Mais comme nous ne savions pas comment les détruire, nous avons du le porter sur nous, ce qui nous a rendu amers, méchants, parfois même violents. Ron nous a laissé en plan. Puis nous sommes allés à Godric's Hollow en espérant trouver de nouveaux indices. Nous avons échappé de justesse à Voldemort et à son serpent, Nagini.

- Je vois que vous aviez toujours le même goût pour les situations dangereuses, souffla Sirius, en remplissant à nouveau les verres.

Il en poussa un vers Hermione qu'elle s'empressa de boire. Une goutte dégoulina au coin de sa bouche et Sirius tendit la main pour l'essuyer. Hermione rougit alors qu'il passait son pouce sur son menton. Et le sorcier se rendit compte de ce qu'il venait de faire.

- Pardon. Continue s'il te plait.

- Nous avons dû nous cacher à nouveau, dans la forêt, dit-elle, en essayant de reprendre contenance. C'est là qu'un Patronus en forme de biche a guidé Harry jusqu'à l'épée de Gryffondor, qui était capable…

- De biche ? s'étonna Sirius. Tu veux dire que… Le même que celui de Lily ?

Hermione acquiesça, avant de reprendre :

- Le Patronus a guidé Harry jusqu'à l'épée de Gryffondor, qui était capable de détruire les Horcruxes. Ron, qui a finit par nous rejoindre, a détruit l'Horcruxe que nous avions volé au Ministère. Plus tard, nous avons appris que Ted Tonks était mort. Et par imprudence, nous avons été capturés par des rafleurs. Ils nous ont emmené au manoir des Malefoy, devenu le QG des Mangemorts.

- Évidemment…

- Bellatrix Lestrange m'a torturé pendant un moment. Je ne sais plus trop comment, mais Harry a réussi à faire venir Dobby. Il a fait sortir les autres otages : Gripsec, Ollivander, Dean Thomas et Luna Lovegood, deux de nos anciens camarades. Pettigrow s'est rendu compte qu'ils s'évadaient. Mais il n'a pas réussi à tuer Harry… Heureusement… Il est mort ce soir-là. Dobby aussi, alors qu'il nous avait tant aidé… Ressert-moi, s'il-te-plait.

Sirius s'exécuta. Il sentait à présent l'effet de l'alcool. Il le rendait mélancolique. Comme si toute cette histoire n'était qu'un conte ou un souvenir, triste mais lointain. Il n'avait même pas l'envie de commenter le décès de Peter, qui ne lui faisait ni chaud ni froid.

Hermione semblait elle aussi s'être calmée. Son débit de parole était désormais régulier et sans sursaut. Elle continua de lui raconter comment ils avaient trouvé l'Horcruxe suivant mais perdu leur moyen de le détruire, comment Abelforth les avait sauvés, comment ils avaient finit par trouver le dernier Horcruxe et comment le détruire.

- Ron a vraiment eu une très bonne idée ce jour-là. J'étais impressionnée par son raisonnement, et j'avais peur. Nous nous étions beaucoup éloignés durant l'année, mais dans la chambre du Basilic, j'ai enfin compris la raison à toutes nos disputes. Je me suis dit que si tout devait finir bientôt, je voulais au moins qu'il sache à quel point je l'aimais.

Sirius sourit. L'amour que les deux partageaient n'avait jamais été un secret que pour eux-même.

- Pendant ce temps, Voldemort et les Mangemorts ont attaqué Poudlard. Voldemort à attaqué Rogue. Harry a assisté à la scène, il pourrait mieux t'en parler. Voldemort voulait la baguette de Dumbledore, parce qu'il pensait qu'il s'agissait de la baguette de Sureau. C'est la baguette…

- Je sais ce que c'est.

- Toujours est-il qu'avant de mourir, Rogue a confié ses souvenirs à Harry, dans une fiole. Voldemort nous a alors donné une heure pour le lui livrer. Nous avons pu panser nos plaies et compter nos morts. Nous avons payé cher notre espoir ce jour là : des élèves et des professeurs, Fred…

- Weasley ?

- Oui… Tonks…

- Oh non… Remus a dû être dévasté, ils étaient proches.

Les lèvres d'Hermione se mirent à trembler et elle ne pu contenir ses larmes. Sirius comprit immédiatement et, alors qu'il avait réussi à garder contenance jusqu'ici, laissa lui aussi s'échapper un long râle de désespoir. Remus, le dernier de ses amis, avait péri des années auparavant, en ayant lui-même déjà perdu tous ses amis.

Les deux sorciers restèrent un long moment muets, tentant de surmonter leur chagrin. Une fois de plus, c'est Sirius qui reprit la parole le premier.

- Comment est-il mort ?

- En duel. Tué par Dolohov.

- Il est mort ?

- Oui.

- Bien.

Plusieurs minutes s'écoulèrent à nouveau avant qu'Hermione, après une grande inspiration, ne reprenne son récit.

- Harry a été voir les souvenirs de Rogue dans la Pensine de Dumbledore. Il a toujours été du côté de Dumbledore. En tous cas dès qu'il a eu connaissance de la prophétie. Il était amoureux de Lily et a juré de les protéger elle et Harry. C'est Dumbledore qui lui a demandé de le tuer pour plusieurs raisons : éviter à Drago Malefoy de devenir un meurtrier, abréger les souffrances causées par une brûlure à sa main, faites par un Horcruxe, renforcer sa propre position auprès de Voldemort et ainsi avoir un coup d'avance sur lui.

- Severus amoureux de Lily, dit difficilement Sirius. On aura tout vu…

- Ils se connaissaient depuis leur enfance.

- Oui, je sais…

- Harry a aussi découvert qu'il était lui-même un Horcruxe et qu'il devait mourir pour que Voldemort meure également.

- Alors Harry… commença Sirius. Harry…

- Oui. Enfin presque.

- Comment ça « presque » ? s'exclama Sirius, entre peur et colère.

- Harry a décidé de se rendre. Mais il avait la Pierre de Résurrection sur lui.

- Tu veux dire que cette histoire de Reliques de la Mort est vraie ?

- Parfaitement. Harry a encore survécu au sortilège de Mort de Voldemort. Mais il a réussi à se faire passer pour mort grâce à Narcissa Malefoy.

- Ma cousine Narcissa ? Mais pourquoi ?

- Pour sauver son fils, répondit simplement Hermione, sans plus de détail, ce qui convenait à Sirius. Pour faire simple, les renforts ont fini par arriver, dont les Elfes de Maison, menés par Kreattur…

- Par Kreattur ? l'interrompit Sirius, interloqué.

- Oui, il suffisait d'être gentil et respectueux avec lui, finalement, lança Hermione en attrapant un nouveau verre de rhum.

Le niveau de la bouteille avait beaucoup baissé. L'alcool, même s'il faisait de l'effet aux deux sorciers, avait quelque peu perdu de sa puissance au fil des années. Tant et si bien qu'alors même qu'ils finissaient la bouteille, ils n'étaient pas encore saouls.

- Comme Voldemort pensait Harry mort, il a baissé sa garde. Mais finalement, puisqu'en fin de compte, Harry était maître de la Baguette de Sureau, il a pu en finir avec Voldemort. Tom Jedusor est mort par son propre sortilège de Mort.

- Il est mort ? Définitivement ?

- Les Horcruxes ont tous été détruits, donc j'aurai tendance à affirmer qu'il a en effet bien disparu.

- En ensuite ? demanda Sirius, plus par besoin d'éviter de penser aux décès qu'Hermione lui avait annoncé que par réelle envie de connaître le quotidien de chacun.

- Harry est devenu Auror. Ron aussi, avant d'aller travailler avec George dans sa boutique de farces et attrapes pour sorciers. Harry et Ginny se sont mariés, ils ont trois enfants : James, Albus et Lily. Ron et moi en avons deux : Rose et Hugo. Ils sont tous à Poudlard.

- Oh, félicitations Hermione ! s'exclama-t-il, d'une voix un peu trop aigüe, conséquence de son alcoolisation. Et toi, que fais-tu ?

- Je suis haut-fonctionnaire du Département d'Application des Lois Magiques.

- Ca te va bien, sourit vaguement Sirius, en versant la dernière goutte de rhum dans le verre de la sorcière.

Il ne savait plus s'il voulait de la compagnie ou s'il préférait être seul. Les révélations d'Hermione, surtout concernant Dumbledore, Rogue et Remus l'avait beaucoup ému, mais il refusait de se laisser submerger. La situation lui paraissait encore irréelle. Il était encore persuadé d'avoir quitté tous ses amis quelques heures auparavant. Et pourtant…

- Tu devrais peut-être rentrer chez toi, retrouver Ron, finit-il par dire à Hermione, hésitant néanmoins.

- Je ne pense pas qu'il m'attende, souffla Hermione malgré elle, avant de s'en rendre compte.

- Comment ça ?

- Oh ! Euh… Rien. Il m'a prévenu qu'il rentrerait tard, mentit-elle, si mal que Sirius s'en rendit compte immédiatement, mais préféra ne rien dire.

- Je vois. Devrais-je ouvrir la deuxième bouteille ?

Hermione acquiesça sans le regarder et Sirius s'exécuta, versant quelques centilitres de liqueur dans chaque verre.

La discussion qui s'ensuivit fut ponctuée de silence, entre lesquels Hermione tentait tant bien que mal de faire la lumière sur tous les événements des deux dernières décennies. Sirius sentait qu'il lui coûtait de devoir se remémorer ces instants difficiles et même si tout n'était pas encore très cohérent dans son esprit, il réussissait à saisir les moments importants. Après encore de longues minutes, quelques larmes d'Hermione et accès de colère de Sirius, ils en vinrent à s'interroger sur comment Sirius avait bien pu revenir.

- Je me suis retrouvé seul dans la Salle de la Mort.

- C'est absolument incroyable. Je me suis largement renseignée sur cette arche et je n'ai jamais rien lu ou entendu de tel, avoua Hermione. Et vous… Tu es certain que personne d'autre n'était présent ?

- En tous cas je n'ai vu personne.

- Le plus étonnant est que cela arrive aussi longtemps après ton passage de l'autre côté. Je m'interroge aussi sur le fait qu'Harry ait pu faire apparaître ton « fantôme » avec la Pierre de Résurrection.

Rien n'avait réellement de sens pour Sirius. Le fait même d'avoir disparu pendant vingt-et-un ans commençait tout juste à faire son chemin dans son esprit. La consommation de cette deuxième bouteille d'eau de vie n'aidait en rien. Celle-ci n'avait pas trop perdu de son titrage. Ils avaient déjà englouti un bon tiers de l'alcool et la fatigue commençait à se faire sentir.

- Je pense que je devrais aller me coucher, déclara Sirius, en avalant son dernier verre.

Cette dernière gorgée se répandit dans sa gorge en y laissant une sensation de chaleur à laquelle il n'avait pas encore prêté attention. Il se leva, légèrement vacillant. La liqueur avait fini par voiler les dernières heures. Il savait désormais, mais il n'avait plus besoin d'y penser immédiatement.

Hermione se leva à son tour et Sirius, sous le coup de l'ébriété, ne put s'empêcher de la détailler de la tête aux pieds – ce qu'elle ne manqua pas de remarquer. La jeune fille qu'il connaissait avait pris quelques centimètres et ses proportions étaient désormais parfaites, malgré deux grossesses. Ses tâches de rousseurs s'étaient estompées et elle avait réussi à discipliner sa chevelure. Son regard était vif et son sourire doux. Sirius pouvait voir en elle la jeune femme qu'elle avait été et la douleur qu'elle avait portée en elle durant toutes ces années. Pendant un instant, il se perdit à penser qu'il aimerait pouvoir l'en décharger.

Hermione détourna le regard de son compagnon alcoolisé.

- Cette soirée est parfaitement incroyable, dit-elle, comme si elle se parlait à elle-même. J'ai l'impression que c'est un rêve duquel je vais me réveiller.

Sirius s'approcha d'elle et posa sa main sur la joue de la sorcière. Hermione ferma les yeux.

- Est-ce que ça t'a l'air d'un rêve ? murmura-t-il, sans se rendre compte qu'il était bien trop près de sa partenaire pour qu'elle se sente à l'aise.

Hermione fit non de la tête. Sirius prit la main de la sorcière et la posa sur son cœur.

- Est-ce que ça t'a l'air d'un rêve ? insista-t-il.

Surprise, la sorcière ouvrit les yeux. De nouveau, elle agita la tête.

- Ca n'en a jamais l'air… se lamenta-t-elle, en s'écartant de Sirius. Je devrais renter.

- Tu devrais rester. Tu as beaucoup bu, justifia-t-il. Et je n'ai pas envie d'être seul.

Hermione ne chercha pas à répondre, alors Sirius sortit de la cuisine. Hermione le suivit. Ils montèrent les escaliers en soulevant la poussière qui s'y était accumulé. Hermione s'arrêta au premier étage, où elle avait séjourné à de nombreuses reprises.

- Je préférerais que nous dormions au même étage, lui lança Sirius, alors qu'elle tendait la main vers la poignée jaunie de son ancienne chambre. Par souci de sécurité.

- De sécurité ?

- On ne sait jamais, ajouta-t-il.

Il savait que pour Hermione, il n'y avait pas de question de sécurité, mais pour lui, Voldemort était encore bien vivant quelques heures auparavant. Et il lui était pour l'instant impossible d'ignorer la tension avec laquelle il avait vécu les derniers mois de l'existence qu'il connaissait.

- Je comprends bien que je n'ai pas de raison de m'en faire, mais je n'arrive pas à ignorer mon inquiétude.

- Ce n'est pas un souci. Si je me souviens bien, les deux chambres au troisième communiquent. On peut même laisser la porte ouverte si cela te rassure.

Sirius, qui n'avait jamais été d'un naturel peureux, se rendit compte du fait que son comportement pouvait passer pour enfantin. Hermione, qui était si jeune dans son souvenir, en était rendue à devoir le materner. Ce n'était pas ce qu'il voulait. Il ne voulait rien en particulier. Mais il ne voulait surtout pas être cette personne perdue et retrouvée qu'on souhaite réadapter et qu'on a peur de brusquer. Cette personne à laquelle on passe tout sous prétexte qu'on ne veut pas la perdre une seconde fois.

Sirius connaissait bien Hermione. Dans sa jeunesse en tous cas. Il savait pertinemment qu'elle était prête à tout pour aider ses amis et les amis de ses amis. Elle ne voyait certainement en lui que le parrain disparu de son meilleur ami, et c'est pourquoi elle se montrait si attentionnée avec lui.

Tout en réalisant à quel point sa demande tenait du caprice, il continua à gravir les escaliers jusqu'au troisième étage. Les portes des chambres étaient ouvertes. D'un coup de baguette il dépoussiéra les deux pièces. La première était la chambre de Regulus, le jeune frère de Sirius. Décorée de vert, noir et argent, en hommage à la Maison Serpentard à laquelle il appartenait, elle était tout à fait dans le ton du reste de la maison.

Juste à gauche, la chambre de Sirius semblait tout droit sortie d'un autre monde. Un grand tableau faisait face à la porte et un lion à l'allure féroce y faisait les cent pas. En apercevant son propriétaire, il s'assit sur ses pates arrière et commença à ronronner. Sirius avait toujours trouvé ce tableau particulièrement drôle. Il l'avait enchanté pour ne reconnaitre et n'accueillir docilement que les Gryffondors et rugir à l'entrée de tous les Serpentards. Sa mère avait souvent tenté de s'en débarrasser, sans succès. En parrallèle de l'enchantement, Sirius l'avait fixé au mur avec de la colle Antissor, qui le protégeait de tous les sortilèges de décollement.

Le rouge et l'or de sa chambre étaient presque éblouissants, depuis le couloir. Ce qui la différenciait réellement du reste de la maison et de la chambre de son frère, cependant, était la décoration. En dehors du tableau-lion, cette chambre aurait pu être celle d'un Moldu. Ses murs étaient recouverts de posters de femmes et bikini et de motos moldues, par conséquent parfaitement immobiles.

- Je peux dormir dans la chambre de Regulus, dit Sirius, gentleman malgré son dégoût pour la pièce.

Il savait que la plupart des membres de l'Ordre n'avait jamais été très à l'aise dans la maison de ses parents. Et encore moins dans la chambre de Regulus, qui n'avait pas été touchée depuis son décès.

Hermione hésita, mais finit par acquiescer. Elle s'avança pour entrer dans la chambre de Sirius. Ce dernier avait déjà ouvert la porte qui faisait communiquer les deux pièces. Il attrapa les oreillers de son frère et les déposa à l'opposé de la tête de lit. Ainsi, il pourrait voir Hermione dans l'autre chambre. Il sourit en s'apercevant que son amie avait eu la même idée.

Il s'assit sur le lit de son frère pour se déchausser et entendit Hermione en faire de même. Il avait l'impression d'avoir vécu plusieurs journées en une seule. Ou plutôt, il n'était pas capable de déterminer combien de temps avait passé depuis la dernière fois qu'il avait dormi. Il était las, épuisé.

Sirius s'allongea sur le dos, les bras sous la nuque et ferma les yeux. Il entendait Hermione bouger dans sa chambre. Ces sons de vie l'apaisaient quelque peu. Au bout de quelques minutes, il n'entendit plus que sa respiration. Il roula sur le côté pour s'apercevoir que son amie – était-ce le bon mot, il n'aurait su le dire – le fixait du regard.

Jamais il n'aurait pensé la voir de cette façon, elle qui n'était dans ses souvenirs qu'une enfant. Mais le fait était là. Elle avait vieilli et elle était incroyablement belle.


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