La Rumeur

Bonjour ! Il fait beau et j'ai des examens la semaine prochaine, alors je me suis dis : "Pourquoi ne pas rester à l'intérieur et écrire ?". Normalement cette fanfiction était censée sortir après la fin de l'autre mais bon, on est pas à quelques chapitres près...

Pairing : [LevixEren]

Pour simple précision, les titres des chapitres n'ont aucun rapport avec le chapitre lui-même ; c'est juste le nom de la chanson que j'écoutais en écrivant. Je vous souhaite une bonne lecture !


01 – Wires - The Neighbourhood

L'appartement embaumait le thé et le renfermé lorsqu'Hanji parvint à ouvrir la porte avec le double des clefs qu'elle s'était fait fabriquer – sans l'accord du propriétaire des lieux, évidemment. Pas du tout satisfaite de voir les volets encore fermés à dix heures du matin, elle se hâta de les relever et ouvrit les fenêtres. Une bourrasque de vent frais – on était en plein mois d'Avril – s'engouffra dans le salon et ce fut suffisant pour entendre quelqu'un remuer et grommeler dans la pièce adjacente. Fière de son effet, elle pouffa et fit de même avec les fenêtres de la chambre, provocant cette fois des exclamations d'indignations par le dormeur des lieux.

« Putain saleté de binoclarde, tu t'es encore introduite dans ma maison sans mon accord !

- Bon matin, Levi ! Salua-t-elle tout sourire. Tu t'es couché tard dit donc, il est déjà presque onze heures ! C'est cela aussi, de mater du porno jusqu'à tard le soir…

- Ne prend pas ton cas pour une généralité, idiote, rétorqua Levi tapit tout au fond de son lit, loin de la lumière et du vent frais d'Avril. »

Il s'était couché tard, certes, mais pas pour les raisons qu'elle avait évoquées. Il y avait des nuits comme celle-ci où il lui était tout simplement impossible de trouver le sommeil. C'était comme ça, on y pouvait rien.

« Allez Levi, fait moi voir ton mignon petit visage~ Ouh la ! C'est moche. Déjà que t'as une tête de déterré d'habitude, le matin ne te réussis pas…

- Va te faire foutre. »

Hanji fit mine de ne rien entendre – elle était très forte pour ça – et laissa courir ses doigts le long de la table de chevet parfaitement propre. En général, cela précédait toujours une demande extravagante de sa part.

De toute façon pour Levi, quelque soit sa demande, la réponse était claire : « Hors de question. »

« Tu sais qu'un nouveau locataire arrive dans le quartier aujourd'hui, commença-t-elle innocemment.

- Je sais. Tu me casses les oreilles avec ça depuis des semaines. »

Le concept de vie privée était quelque chose qu'Hanji Zoé ne connaissait pas. Elle voulait tout savoir, sur tout le monde, sur n'importe quoi, et peu importe les moyens employés pour y parvenir. Il n'était même pas surprenant de la voir débarquer dans votre chez-vous – alors que vous avez bien pris soin de fermer la porte à double tour – pendant que vous vous trouvez nu comme un ver sous la douche. Pour ce qui était de l'anatomie humaine, c'était clair qu'Hanji Zoé en connaissait désormais un rayon. Elle avait aussi des os incroyablement solides, parce que supporter les attaques de Levi sans finir à l'hôpital relevait de l'exploit. Le pire c'était lorsqu'elle vous prenait en affection : elle ne vous lâchait plus d'un pouce. Pour Levi, qui était dans ce cas, c'était un enfer…

Aujourd'hui, et ce depuis quelques semaines déjà, son nouveau jouet, c'était le nouveau voisin de Levi qui était censé arriver dans la matinée. Elle voulait tout savoir sur sa vie avant même d'avoir vu son visage.

« J'ai entendu quelques ragots pas très net à son sujet hier… Pour quelqu'un qui n'est même pas encore arrivé dans le quartier, il fait déjà parler de lui !

- C'est de ta faute si tout le monde parle de lui ; tu n'arrêtes pas de poser des questions. Maintenant sors de chez moi. » La voix de Levi était tellement cassante que n'importe qui à part Hanji aurait pris ses jambes à son cou.

« Tu ne veux pas savoir ce qu'elles disent, ces rumeurs ?

- Non. Maintenant. Sors. De. Chez. Moi !

- Elles disent – ah, c'est trop drôle pendant que j'y pense – qu'il a emménagé ici après le décès de ses parents. Parait qu'ils sont morts dans un incendie. Et tu connais pas la meilleur ? (Levi rétorqua qu'il s'en fichait comme de sa première branlette. Hanji l'ignora.) Parait que c'est lui, qui a déclenché l'incendie ! »

Levi leva les yeux au ciel, tout en claquant les fenêtres que la binoclarde avait ouvertes. Il se demandait bien ou cette idiote avait entendu des conneries pareilles, mais c'aurait été lui faire trop d'honneur que de lui demander. Il s'en moquait bien de son nouveau voisin, il faisait ce qu'il voulait, pourvu qu'il ne soit pas aussi envahissant et bruyant que l'autre cinglée. Hanji était juste une pauvre fille qui avait tellement peu de vie active qu'elle ne pouvait que s'intéresser à celle des autres. Ce n'était pas son cas à lui.

« J'ai vraiment hâte de voir qui ça peut bien être ! Piailla-t-elle. Tu crois qu'il arrive dans combien de temps ? Je vais l'attendre !

- Eh bien va l'attendre dehors, j'ai du travail moi.

- Je ne peux pas rester ici plutôt ? Mon appartement n'est pas à un endroit stratégique lui !

- Dégage ! »

Il avait beau atteindre avec peine le mètre soixante, Levi n'eut aucun soucis à user de la force pour la mettre dehors. Il espérait juste qu'elle soit trop absorbée par le nouveau voisin pour penser à utiliser ses clefs…

Il soupira et se prépara de quoi petit déjeuner. Une demi-heure plus tard, il avait fini de se doucher et d'astiquer les meubles recouverts de quelques grains de poussières. Hanji n'avait pas frappé à la porte, signe qu'elle était sans doute partie.

Dieu, faites qu'il ait raison…


Après avoir été salement jetée à la rue, Hanji se laissa glisser le long de la porte en marmonnant. Pourquoi fallait-il qu'elle soit autant incomprise de ce monde ? Pour se distraire, elle pensa au nouveau voisin. Etait-il musclé ? Il devait sans doute être très viril, un peu comme Erwin ! Comment parlait-il ? Quel était le timbre de sa voix ?

Elle voulait immortaliser ce moment où il grimperait les escaliers et s'arrêterait sur le seuil de son nouveau chez-lui. Il fallait qu'elle prenne son appareil photo. Son appareil photo ! Elle l'avait oubliée chez elle !

Sans perdre de temps, elle se précipita dans les escaliers et les dévalèrent avant de se mettre à courir le long de la rue jusqu'à chez elle. Heureusement qu'elle n'habitait pas loin ! Elle repartit en courant jusqu'au point-stratégique-devant-la-porte-de-Levi, en priant pour ne rien avoir loupé.

Lorsqu'elle grimpa à nouveau les escaliers, rouge et essoufflée, elle se prit les pieds dans un carton et s'étala de tout son long sur le sol, avec toute la grâce et la distinction dont elle était capable.

« Bordel de merde ! Cracha-t-elle au sol. »

Dans sa chute, elle avait veillée à ce que son appareil ne tombe pas. Elle avait levée les bras au-dessus de sa tête, qui rencontra le sol la première, et envoya ses lunettes valser à des mètres de là.

« Vous allez bien !? S'inquiéta une voix juste au-dessus d'elle. »

Elle leva les yeux, mais l'absence de verres correcteurs rendait l'image toute trouble et lumineuse.

« Un ange… Souffla-t-il. »

L'inconnu au-dessus d'elle l'aida à se redresser. Il avait les mains toutes douces et duveteuses… Comment ça, douces et duveteuses ?

« Mes lunettes, réclama-t-elle en agitant les mains. »

Elle sentit l'inconnu lui poser la paire dans les mains. Soulagée, elle les posa sur son nez et ne put retenir une exclamation en distinguant nettement son sauveur.

C'était cela, le nouveau voisin ? Ce n'était pas du tout l'image qu'elle s'était faite de lui !

Tout d'abord, il n'était ni blond, ni viril. Malgré sa veste de cuir plantée de petites pointes, son slim noir et son piercing sur l'arcade sourcilière, son visage d'enfant et ses mitaines roses pâles le rendait tout, sauf effrayant ! Ses doigts étaient longs et fin, sa peau lisse et basanée et bon sang, elle n'avait jamais d'yeux aussi grands et brillants !

« C'est une blague ? S'exclama-t-elle. »

Il paraissait un peu gêné de sa réaction et s'abaissa à ses pieds, pour soulever un des gros cartons qui traînaient dans le passage. Il n'eut cependant pas l'occasion de le poser dans son nouvel appartement, puisque la binoclarde se jeta sur lui pour lui pincer les joues.

« Tu es trop mignon ! »

C'est ainsi que commença pour le nouveau voisin un long calvaire de plusieurs minutes, ou Hanji, en extase devant son apparence, s'amusa à tortiller sa frange pour mieux apercevoir ses yeux si verts, s'esclaffer devant la petitesse de son nez, tripoter ses doigts et caresser ses mitaines pelucheuses. Tout cela en veillant à ce que le carton qu'il transportait ne s'écrase pas sur ses pieds.

« S'il vous plaît, madame… Lança-t-il. »

A son grand soulagement, elle s'arrêta net.

« Madame ? Appelle-moi Hanji, Zoé ou même professeur si ça te plaît, mais pas de madame entre nous.

- Hum... C'est d'accord... Hanji, dit-il en esquissant un sourire, je suis…

- Ah ! Levi ! Le coupa-t-elle aussitôt, la tête tournée vers quelqu'un. »

Levi estimait n'avoir vraiment pas de chance. Dieu avait apparemment décidé de l'abandonner aux griffes d'Hanji et du nouveau voisin, pardi ! D'ailleurs ce dernier avait une allure quelque peu singulière. Qu'est-ce que c'était que cet accoutrement ? De plus, il ne semblait pas plus âgé qu'un lycéen. Et on voyait aussi à ses joues rouges qu'Hanji avait déjà commencée à le torturer. Ce qui agaçait le plus le petit homme, c'était son regard fuyant. Peu importe à quel point il était physiquement mignon, c'était surement une belle tête à claque.

« Tu ne vas pas le croire Levi ! Figure toi que j'allais à mon appartement chercher mon appareil photo, quand je me suis pris les pieds dans des cartons et…

- Abrège, par pitié.

- Voici Levi, ton nouveau voisin ! Le présenta Hanji au nouveau. Il est un peu grognon, mais il n'est pas méchant, il ne faut pas avoir peur.

- Je vois… Le voisin eut un rire gêné. Je suis Eren Jaeger, enchanté.

- Je sais ! Gloussa Hanji. » Bien sûr qu'elle savait. Elle avait enquêtée sur au moins un quart de sa vie avant même de le rencontrer. « Eren, tu as besoin d'aide, pour emménager ? Levi et moi allons t'aider ! Proposa-t-elle. »

Elle était comme ça Hanji, à tutoyer les gens dès la première rencontre, à s'incruster dans leurs vies jusqu'à prendre des initiatives que peu de monde prendre. Elle est chiante quoi, soupira Levi. Paix à ton âme, gamin.

« J'ai pas le temps d'aider qui que ce soit, déclara-t-il, je suis déjà en retard au boulot. »

Il fit un bref signe de tête au nouveau et sortit de l'immeuble sans demander son reste.

« Ah ! Attends-moi Levi ! Levi…

- Ne vous embêtez pas avec mes cartons, proposa Eren, qui, au fond, avait hâte de rentrer chez lui. Un ami va bientôt me rejoindre pour m'aider. »

Hanji sembla hésiter un quart de secondes et, finalement, donna une petite tape amicale sur l'épaule du jeune homme et sans crier garde, dégaina son appareil pour le photographier par surprise.

« Bienvenue dans le quartier Eren Jaeger ! J'ai hâte d'en savoir plus à ton sujet. On se voit demain, pas vrai ? Je ramènerai Levi ! »

Puis, sans laisser le temps au jeune homme de refuser – pourquoi devrait-il inviter cette fille et cet homme ? Ils avaient l'air trop flippant ! – elle s'enfuit à la poursuite de Levi. Pourtant, lorsqu'elle rejoignit Levi, Eren l'entendit très clairement hurler «Et je découvrirai bien si les rumeurs à ton sujets sont véridiques ! », le laissant perplexe quant à la normalité de ses futurs voisins.