Une histoire n'a ni commencement ni fin. Nous choisissons arbitrairement un point de notre expérience et, partant de ce point, nous regardons en arrière ou en avant.
(La fin d'une liaison, Graham Greene)


Son cœur battait la chamade dans sa poitrine. Il se sentait nerveux. Une anxiété qui n'avait pas lieu d'être, pourtant.

Ils attendaient leurs valises. Eren n'avait pas lâché sa main depuis qu'ils étaient sortis de l'avion, ce qui leur avait gagné quelques regards insistants. Pas obligatoirement mauvais. Curieux, peut-être. Levi s'en foutait.

Il savait que chaque minute qui passait le rapprochait un peu plus de sa réunion avec Hange. Celle en chair et en os.

Une voix féminine annonça leur vol en français. Cela lui faisait étrange d'entendre sa langue maternelle parlée par quelqu'un autre que sa mère.

Enfin, il vit sa valise sur la tapis roulant. Celle d'Eren était juste après. Ils s'approchèrent du tapis. Eren lâcha sa main pour pouvoir attraper la valise. Il fit de même, grimaçant au poids. Cela faisait plutôt beaucoup de vêtements, une semaine.

« Tu as tout ? » Lui demanda Eren.

Il hocha la tête.

Ils marchèrent jusqu'à la sortie. Eren regardait tout autour de lui, les yeux brillants. Il semblait jeune, soudainement, ressemblant au gamin de quinze ans qui était venu à lui, dans une autre vie, des étoiles dans les yeux en voyant l'extérieur des murs.

Il ne savait pas vraiment à quoi il s'attendait, mais lorsqu'ils arrivèrent à la sortie, il était impossible de rater Hange.

Elle cria leur nom, agitant les bras dans tous les sens, attirant les regards tout autour d'elle. Elle avait un grand sourire, des grosses lunettes perchées sur son nez, et avait à peine changé physiquement par rapport à leurs vies précédentes.

C'était différent de ne pas la voir dans un écran d'ordinateur, pour une fois.

Elle se mit à courir vers eux les bras grands ouverts. Levi, résigné, lâcha sa valise pour ouvrir les bras, lui aussi. Hange se jeta sur lui, l'attrapant par la taille.

Le prenant par surprise, elle le souleva, et il se retint de justesse de faire un bruit proche d'un couinement. Son rire joyeux dans son oreille, et celui d'Eren qu'il pouvait entendre venant de derrière lui, le retint de lui ordonner, en termes peu amicaux, de le reposer.

Il resserra sa prise autour de son cou. Hange le fit tourner quelques secondes, comme un enfant, riant et joyeuse, et Levi cacha son sourire dans le creux de son cou.

Finalement, Hange le laissa partir. A peine ses pieds au sol, elle le bombarda de paroles.

« Je suis tellement contente de te voir, Levi! Toi aussi, Eren, ne t'inquiète pas. C'est pas pareil de vous voir dans l'ordi. Regarde-toi, Levi. Tu es si jeune, et tout léger. J'arrive pas à croire que je puisse te porter maintenant! Tu étais tout compact avant. Tu manges assez, n'est-ce pas ? »

Elle tata son flanc, et se tourna brusquement vers Eren.

« Il mange assez, Eren ? Demanda-t-elle. Et ne me mens pas!

— Oui Hange, il mange assez, la rassura Eren, avec un sourire amusé.

— Oh, c'est bien alors, marmonna-t-elle en hochant la tête. Et toi Eren, si beau. Et ces yeux, un vrai charmeur. Tu pourrais avoir toutes les filles, c'est un miracle que Levi ait réussi à t'attraper.

Levi croisa les bras, et lança un regard meurtrier à son amie.

— Tu devrais avoir un peu plus confiance en mes capacités, grommela-t-il.

— Oh mais j'ai confiance en tes capacités, Levi, contra-t-elle. Je sais juste que tu n'es pas exactement ce qu'on pourrait appeler charmeur.

Il lui donna un coup de pied dans le tibia. Eren rit.

— Ça m'avait manqué de vous voir vous chamailler comme ça, avoua-t-il avec un sourire affectueux.

— Tu m'as manqué aussi! S'exclama Hange, avant de jeter ses bras autour de ses épaules.

Eren lui lança un sourire, et tendit un bras vers lui.

— Câlin de groupe ?

Levi soupira, mais accepta silencieusement. Il s'approcha, glissant un bras autour de la taille d'Hange, et se collant à Eren. Celui-ci prit sa main dans la sienne, et la serra gentiment.

C'était bon de retrouver sa meilleure amie.


Le voyage de l'aéroport de Bordeaux jusqu'à l'hôtel ne dura qu'une grosse demi-heure. Il fallait dire que la conduite d'Hange était pour le moins… efficace. Voire dangereuse. Levi était tout sauf surpris.

L'hôtel où ils devaient rester était charmant. Il n'était pas grand, seulement deux étages, en blanc et rouge bordeaux, typique de la région. Devant, il y avait un jardin parfaitement entretenu, et très mignon, avec une balançoire au fond, une jolie arche sur laquelle un rosier grimpant s'était entortillé, du lierre sur la façade gauche du bâtiment. De l'autre côté, un véranda en fer forgé. Pour faire simple, une maison sortie d'un conte de fée.

Ils suivirent Hange à l'intérieur du bâtiment, Levi l'écoutant distraitement parler de ses dernières recherches sur une créature marine dont il était incapable de se souvenir du nom. Il était habitué à l'entendre divaguer sur diverses sujets, et cela arrivait à Eren aussi de monologuer lorsque le sujet l'intéressait particulièrement.

Elle ne s'arrêta même pas à la réception, déclarant qu'elle savait déjà dans quelle chambre ils restaient. Elle sortit une clé de la poche arrière de son jean pendant qu'ils attendaient dans l'ascenseur de monter jusqu'au deuxième.

Chambre six. Au moins, raisonna Levi, il y avait peu de chances que l'un d'eux se perde dans l'hôtel.

« Je vais vous laisser vous installer, alors, » leur dit Hange avec un clin d'œil.

Levi lui lança un regard noir, mais après une vie et quelques mois maintenant, il n'avait plus vraiment d'effet. Eren rit silencieusement, et tira les valises dans la chambre.

Il y avait un grand lit deux places contre le mur, aux draps blancs brodés, simples et élégants. Deux tables de nuits en bois, des lampes avec un abat-jour orange, pour aller avec le thème de la chambre.

Levi enleva ses chaussures avant de s'assoir sur le lit. Avec un soupir de plaisir, il se laissa tomber en arrière. Il entendit le rire amusé d'Eren sur sa gauche.

« Il est confortable ? » Lui demanda-t-il.

Levi hocha la tête.

Eren fit le tour du lit, et posa ses lunettes de soleil sur la table de nuit. Suivant l'exemple de Levi, il abandonna ses chaussures au sol, avant de grimper sur le lit. Il s'avança vers son petit-ami, lui souriant en voyant que celui-ci le regardait à l'envers, la tête en arrière pour le suivre des yeux.

Eren se pencha, jusqu'à que leurs nez s'effleurent. Finalement, il déposa un baiser sur les lèvres de Levi, avant de se relever. Une main lui attrapa la nuque l'en empêcha, collant leurs bouches de nouveau ensemble. Ils s'embrassèrent pendant une poignée de minutes ainsi, à l'envers, avant qu'Eren, dans un mouvement presque gracieux, se tourne, passant une jambe au-dessus de Levi pour se mettre à califourchon sur son ventre.

Levi devait avouer qu'il aimait beaucoup la position dans laquelle ils se trouvaient. Il n'hésita pas à faire remonter ses mains le long des cuisses d'Eren, jusqu'à les glisser sous ses fesses, faisant sourire son petit-copain contre ses lèvres.

Au moment où Eren était bien parti pour débarrasser Levi de son t-shirt, il y eut des toquements. Confus, ils se séparèrent, encore incertains de s'ils avaient bien entendu. La personne toqua de nouveau, les assurant que oui, il y avait bien quelqu'un qui les attendait sur le palier.

Eren se leva avec un grognement, et expira un bon coup pour rassembler ses esprits. Levi se releva sur le lit, choisissant de commodément placer un coussin entre ses jambes croisées.

Hange leva un sourcil, souriant avec amusement en voyant un Eren aux cheveux ébouriffés et aux joues légèrement rouges lorsque la porte s'ouvrit.

« Désolée de vous déranger dans vos… activités, s'excusa-t-elle, son ton indiquant qu'elle ne l'était absolument pas. Mais j'aimerais t'emprunter Levi. Je dois lui présenter deux personnes importantes.

— C'est quoi ça comme genre d'explication, binoclarde, se plaignit Levi, se levant du lit. C'est vague et on sait toujours rien.

Hange eut un sourire malicieux.

— Je ne peux pas te dire plus ou je gâcherais la surprise, se défendit-elle.

— J'aime pas les surprises.

— Je te promets que tu vas aimer celle-ci.

Levi croisa les bras et lui lança un regard suspicieux.

— Est-ce qu'Eren peut venir ?

Hange rit et fit un clin d'œil à Eren.

— Bien sûr qu'il peut venir, assura-t-elle.

— Ok, concéda Levi, je veux bien venir. »


Levi n'avait pas menti quand il avait dit qu'il n'aimait pas les surprises. Contrairement à Eren, qui était impulsif et adorait qu'on le surprenne, Levi n'était pas vraiment à l'aise avec l'inattendu, l'impossibilité de contrôler les évènements.

Eren voyant ça, attrapa sa main pour passer un pouce sur ses phalanges.

« T'inquiète pas, Lee, le rassura-t-il. Tu connais Hange, elle ne te ferait pas de mal.

Levi fronça des sourcils, fixant le dos de sa meilleure amie qui sautillait presque d'excitation.

— Je sais, » admit-il à contrecœur.

Ils suivirent Hange jusqu'à l'arrière de l'hôtel, au rez-de-chaussée, dans ce qui semblait être un petit appartement privé. Elle sonna à la porte. Pendant quelques secondes, il n'y eut que du silence, jusqu'à que des bruits de talons se fassent entendre à l'intérieur.

La porte s'ouvrit sur une femme éblouissante. Ses yeux se posèrent directement sur Levi, et elle ouvrit de grands yeux de surprise, portant la main à sa bouche.

Elle était bien plus âgée que dans ses souvenirs, probablement plus vieille d'une douzaine d'années, et bien différente de la gamine dont il se souvenait. Ses yeux émeraude, qui avaient semblé lui manger le visage lorsqu'elle était encore une adolescente, donnait maintenant à son regard mature une touche malicieuse et charmeuse. Ses cheveux roux tombaient en grosses boucles flamboyantes sur ses épaules et dans son dos comme des flammes venant lécher le bois.

« Grand-frè… Levi, » s'étrangla-t-elle.

Elle leva la main, comme si elle voulait le toucher, mais laissa retomber son bras. Levi était pétrifié. Il entendit Eren murmurer quelque chose qui ressemblait à : « Je crois que je reviendrais plus tard. » Il n'y fit pas attention, envouté par la femme devant lui. Elle lui fit un petit sourire hésitant.

« Tu es… bien plus jeune que ce dont je me souviens, blagua-t-elle gentiment. Et peut-être plus petit ?

— Je… (Il hésita, et souffla profondément.) Je ne suis pas plus petit, grogna-t-il. C'est toi qui est plus grande, Isabel.

Ils se fixèrent pendant quelques secondes. Finalement, elle éclata de rire, et ses yeux verts s'illuminèrent.

Oh, pensa-t-il, comme Eren. Il se demanda distraitement si cela avait quelque chose à voir avec l'affection qu'il avait toujours ressenti pour lui, même dans leurs vies précédentes.

Il n'eut pas l'opportunité d'y penser plus car Isabel l'attira dans ses bras pour une étreinte étouffante. Il se crispa quelques instants avant de se laisser faire et glissa ses bras autour de sa taille.

« Est-ce que…, commença-t-il, mais s'arrêta.

— Est-ce que Farlan est aussi là ? » Finit Isabel pour lui, et Levi hocha la tête.

Elle le lâcha, s'écartant de lui de quelques pas, et cria le nom de Farlan. Ils n'eurent pas besoin d'attendre longtemps avant qu'une tête apparaisse par une des portes de l'appartement.

« Quoi Isa- Oh. »

Farlan fit quelques pas dans l'entrée, les yeux posés sur Levi. Et avec ses yeux gris, sa mâchoire anguleuse, ses épaules ses pommettes hautes, il était attirant. Ce n'était pas que Levi ne remarquait jamais le charme d'autres hommes, mais c'est qu'en général, ils ne se trouvaient pas être son protégé d'une vie précédente qui avait toujours été un adolescent lorsque qu'il avait été…

Il essaya de repousser la pensée intruse, mais une fois dans son esprit, il ne pouvait pas l'oublier, et elle envahit son cerveau, sournoisement, je les ai tués, retournant son estomac, je les ai tués, c'est ma faute, le noyant dans sa culpabilité, c'est ma faute, je les ai tués, je les ai tués, je les ai tués-

« Pardon, pardon, pardon, c'est ma faute, je… je vous vous ai tués, tout est ma faute, » s'étouffa-t-il presque sur les mots.

Lui qui se comportait bien plus mature que son propre âge, sentit qu'il n'était vraiment qu'un gamin à ce moment précis. On n'est pas adulte à dix-huit, on fait seulement semblant d'en être un.

Deux mains attrapèrent gentiment son visage, et un pouce caressa sa joue.

« Non, non, Levi, non, refusa Isabel d'un ton net. Regarde-moi. Ce n'est pas ta faute, et ni moi, ni Farlan avons pensé cela ne serait-ce qu'une seconde.

— Mais c'est à cause de moi que vous êtes sortis des murs, tenta-t-il de rappeler.

Farlan posa une main sur son épaule.

— Non, Levi, ce n'est pas à cause de toi, mais grâce à toi, déclara-t-il.

— Vous êtes fait bouffer par un titan, souffla Levi, mais il n'y avait plus vraiment de conviction derrière ses mots.

— Et on est monté à la surface pour la première fois, on a pu voir le ciel, on a pu voler, même si c'était court, contra Farlan. Et si c'était à refaire, je n'hésiterais pas.

Isabel lui frotta la tête et lui fit un sourire encourageant.

— Tu ne nous as pas tué Levi, promit-elle. Tu nous as rendu libres. Tu nous as donné un futur, un vrai, pour la première fois de nos vies. Tu nous as donné de l'espoir. »

Elle glissa ses doigts entre les siens, lui serra la main, et embrassa sa joue.

« Ça va mieux ? Demanda-t-elle d'une voix étonnamment douce.

— Mouais, marmonna-t-il, embarrassé.

— Besoin d'un petit réconfort? » Proposa-t-elle avec un grand sourire, les bras ouverts.

Il jeta un coup d'œil à Farlan qui le regardait lui aussi en souriant.

Isabel le prit dans ses bras, et Levi glissa un bras autour de sa taille, laissant l'autre ouvert pour Farlan qui les rejoint, entourant leurs épaules. Levi en profita pour enfouir son visage dans le cou de Farlan, et de rattraper la main d'Isabel.


Lorsqu'ils arrivèrent tous les trois dans la véranda de l'hôtel, ils trouvèrent Eren étalé sur un des sofas, apparemment bien plus intéressé par ce qui se passait dehors que les explications excitées et difficilement compréhensibles de Hange. Il fallait dire que l'exosquelette des crevettes n'était probablement pas le plus intéressant des sujets.

Il leva la tête dès qu'il les entendit arriver, ses yeux se fixant directement sur Levi. Il y avait une question dans son regard, et Levi s'obligea à lui faire un petit sourire pour le rassurer. L'effet fut immédiat : il put voir la tension quitter les épaules d'Eren, et ses poings se desserrer.

Eren se leva, marchant jusqu'à eux. Levi prit une inspiration et fit un pas vers lui.

« Eren, je voudrais te présenter Isabel et Farlan.

Les yeux d'Eren s'écarquillèrent. Même s'il ne savait pas les détails, il savait qui ils étaient, et qu'ils avaient été tués bien avant qu'Eren rencontre Levi dans leurs vies précédentes. Il sourit, tendit une main.

— Ravi de vous rencontrer, salua-t-il. Levi m'a beaucoup parlé de vous.

— Vraiment ? S'étonna Farlan, avec un petit rire. Je suis Farlan.

Il prit la main d'Eren, et la serra, un sourire poli sur le visage.

Eren, répéta Isabel, les sourcils froncés, les bras croisés. Levi n'a jamais parlé de toi, par contre.

— Isabel, grogna Levi.

Farlan posa une main sur l'épaule de la femme.

— Voyons Izzy, ce n'est pas une façon de rencontrer des nouveaux gens, la réprimanda-t-il, gentiment.

Elle hocha des épaules.

— Pas mon problème, déclara-t-elle. Je veux savoir qui t'es.

— Son petit-copain, révéla Eren, déterminé.

— Quoi !? S'exclama Isabel, stupéfaite.

Hange, qui avait vu que la conversation commençait à dégénérer, posa une main sur les épaules d'Eren et Isabel.

— Voyons, voyons, pas la peine de se battre, tenta-t-elle de les calmer. Vous ne voulez pas un petit gateau? Farlan les a faits, ils sont délicieux!

— Qu'est ce qu'un… gosse comme toi veut avec mon Levi ? Cracha Isabel, ignorant les tentatives d'Hange.

Ton Levi ? Persifla Eren. Il n'a pas été ton Levi depuis que tu t'es fait bou…

— EREN! » Cria Levi.

Tous les regards se tournèrent vers lui. Eren, maintenant qu'il s'était rendu compte de ce qu'il avait failli dire, n'osait plus le regarder dans les yeux, mordillant sa main, une habitude qui lui était restée de sa vie précédente. Les yeux d'Isabel voyageaient entre Levi et Eren, oscillant entre confus et énervés. Farlan secouait la tête, embarrassé. Hange semblait juste désolée, tenant la boite de biscuits contre sa poitrine.

Levi soupira.

« Farlan, Isabel, comme je vous l'ai déjà expliqué, après… après votre mort, je suis resté dans le Bataillon d'Exploration. Eren était l'un de mes subordonnés, révéla-t-il.

— Il était absolument adorable! Lança Hange, pour diffuser la tension.

Levi ricana en voyant Eren rougir.

— Donc Eren, tu es aussi un… réincarné, déduisit Farlan.

— Hum, oui, confirma-t-il. Mon vrai nom est Will. William.

Isabel parut un peu rassurée. Jusqu'à qu'elle fronce les sourcils, et regarde Levi avec un air suspicieux.

— Attends mais Eren est ton petit-copain, et il était ton subordonné, et en général les nouvelles recrues ont à peine quinze ou seize ans, raisonna-t-elle. Oh mon dieu, Levi! J'arrive pas à croire que t'aies fait ça!

Eren pencha la tête légèrement, montrant qu'il ne suivait pas. Il lui fallut deux secondes pour comprendre.

— Non, non! Ce n'était pas comme ça entre Levi et moi! Balbutia-t-il. Il était plus intéressé par Erwin que par moi de toute façon…

— Erwin !?

— Oh, pour l'amour de Dieu, » soupira Levi, sentant déjà un mal de tête pointer le bout de son nez.

Isabel le regardait avec un air horrifié, Eren avec un air désolé, et Farlan et Hange tentaient juste de retenir leurs ricanements.


Il fallut une bonne demi-heure à Levi pour tout expliquer et calmer Isabel. À la fin, elle n'était plus sur le point d'étrangler Eren et semblait un peu plus calme, même si elle continuait régulièrement de lui envoyer des regards noirs, qu'Eren lui rendait sans hésitation.

Farlan fit remarquer, intelligemment (comme souvent), que c'était probablement parce qu'ils se ressemblaient autant qu'ils se battaient comme ça. Levi, en repensant à Jean, était plutôt d'accord avec lui.

Ils se chamaillèrent toute la journée, décidant de se battre sur des choses ridicules, et finalement, retombant sur un jeu de Monopoly pour se départager. Farlan, Levi et Hange jugèrent bon de ne pas les déranger et allèrent discuter dans la cuisine.

Lorsqu'ils revinrent, une heure et demi plus tard, ils trouvèrent les deux endormis sur le canapé, la tête d'Eren sur l'épaule d'Isabel.

Hange se retint de laisser échapper un cri excité pour de ne pas les réveiller. Elle sortit son portable, et prit une photo (ou quinze, c'était impossible de savoir avec elle).

Ils étaient mignons l'un contre l'autre, devait avouer Levi. Il était content qu'ils aient enfin réussi à faire la paix, et il n'avait pas vraiment envie de les réveiller. Farlan, voyant son hésitation, lui proposa de le rejoindre sur le balcon de sa chambre, expliquant qu'il avait besoin d'une cigarette. Hange s'excusa, expliquant qu'elle était fatiguée.

Elle leur fit un bisou sur la joue, leur souhaita bonne nuit, et disparut dans la cage d'escalier. Levi suivit Farlan.

Son ami s'appuya sur la rambarde, allumant une cigarette. Il prit une inspiration, puis expira doucement la fumée. Levi la regarda s'envoler doucement dans la nuit claire.

« Tu as l'air heureux dans cette vie, dit-il au bout d'un moment.

— Je le suis, avoua-t-il, d'une petite voix. Eren est… Pas parfait, mais… Je… Je l'aime.

Farlan eut un petit rire, et la fumée de sa cigarette s'échappa de sa bouche en petites bouffées.

— Levi, amoureux. Qui y aurait cru ?

— Pas moi, admit Levi.

Farlan lui regarda du coin de l'œil, puis sourit.

— Je suis content pour toi. »

Levi détourna les yeux avec un air renfrogné, les joues rouges. Il regarda le ciel. Il n'y avait pas un nuage en vue, et il était plein d'étoiles en vues. Elles semblaient légèrement différentes de celles qu'il pouvait voir à Wilburton.

« Toi et Isabel ? Demanda-t-il.

Farlan secoua la tête.

— Ça n'a pas vraiment marché entre nous, lui apprit Farlan. Je l'aime, vraiment. Et je sais qu'elle m'aime aussi mais… Les sentiments qu'on a l'un pour l'autre ne sont pas romantiques.

Levi le regarda du coin des yeux. Farlan avait l'air calme, et il ne semblait pas déranger ou triste. Il était rassuré.

— C'est…hum…cool que ça se passe bien entre vous, marmonna Levi.

Farlan rit, et se tourna vers son ami.

— Je vois que tu es devenu un peu plus sentimental dans cette vie, » se moqua-t-il, gentiment.

Levi fit la moue, heureux que la pénombre de la nuit cache ses joues rouges. Farlan le décoiffa, frottant le haut de sa tête dans un geste affectif, et il lui lança un regard meurtrier qui ne fit que sourire plus grand son ami.

Il secoua la tête, croisa les bras, et d'un pas décidé, rentra dans l'hôtel. Eren était toujours endormi mais sa tête était tombée de l'épaule d'Isabel sur le canapé. Il s'approcha en quelques pas, et s'accroupit devant lui. Conscient du regard de Farlan sur lui, il hésita à le réveiller en le pinçant. Il décida contre, finalement. Ce n'était pas comme si son ami ne savait pas qu'ils sortaient ensemble.

Il passa une main dans ses cheveux, en profitant pour passer son pouce le long de son sourcil. Eren ne bougea pas, ne laissant qu'un expiration plus profonde s'échapper. Il laissa ses ongles gratter gentiment la nuque, sachant très bien que la base de son crane était sensitive. Eren grogna, et ouvrit deux yeux plein de sommeil.

« Hey, marmonna-t-il, d'une voix plein de sommeil.

Il fit un petit sourire, inconsciemment, à la simple vue de Levi.

— Hey, répéta Levi, à son tour. Tu t'es endormi sur le canapé. Il faudrait que tu montes dans notre chambre.

Eren se frotta les yeux, et bailla.

— Ok, » murmura-t-il.

Il se leva, jetant un regard confus autour de lui, comme s'il ne savait pas vraiment où il se trouvait. Levi prit sa main, et le tira gentiment vers l'ascenseur. Eren suivit sans protester, apparemment trop ensommeillé pour vraiment comprendre ce qu'il se passait. Levi se tourna vers Farlan et lui fit une petite vague de la main pour lui souhaiter bonne nuit. Son ami lui répondit d'un hochement de tête.

Levi guida Eren jusqu'à leur chambre. Il le lâcha quelques secondes pour pouvoir ouvrir la porte. Eren laissa tomber sa tête sur son épaule. Il caressa ses cheveux, puis trébucha à l'intérieur, le poids d'Eren sur lui.

Il le porta à moitié jusqu'au bord du lit, puis le poussa sur le matelas. Eren avait les yeux fermés, et semblait sur le point de se rendormir assis.

« Eren, l'appela Levi. Il faut que tu enlèves ton jean au moins pour dormir.

— Mmmh, Levi, souffla Eren. Je t'aime, tu sais ?

Levi secoua la tête, et déboutonna le jean d'Eren.

— Oui je sais. Moi aussi je t'aime, répondit-il, affectueusement. Maintenant si tu pouvais m'aider et lever tes fesses pour que je t'enlève ton pantalon. »

Son petit-ami se souleva légèrement, et Levi en profita pour faire glisser son jean le long de ses jambes, et enleva son t-shirt. Les nuits étaient encore légèrement fraiches, mais le lit avait un drap. Cela suffirait. Il poussa son épaule, et Eren se laissa tomber sur le matelas, trop fatigué pour résister.

Levi se déshabilla à son tour, et se glissa sous les draps, se collant contre le dos d'Eren. Celui-ci se retourna avec un grognement, et glissa un bras autour de sa taille. Alors qu'il pensait qu'Eren était bel et bien endormi, son petit-ami murmura :

« Est-ce que tu veux sortir avec moi ?

Levi ne put s'empêcher de rire.

— On sort déjà ensemble, Eren.

— Oh, cool, j'ai de la chance… »


Levi se réveilla frissonnant. La nuit avait refroidit l'atmosphère, et il n'y avait pas la présence d'Eren et de sa peau naturellement chaude pour le réchauffer. Il se releva, resserrant les draps autour de lui. Il chercha son petit-ami des yeux, mais il ne se trouvait pas dans la chambre. Il n'y avait aucun bruit venant de la salle de bain, c'est pourquoi Levi jugea qu'il n'y était probablement pas non plus.

Il se leva et attrapa le pull d'Eren, qui était confortable et dont les manches étaient trop longues, lui permettant de recouvrir ses mains. Il remarqua alors que le courant d'air qui l'avait réveillé venait de la porte-fenêtre ouverte de la chambre.

Eren se trouvait sur le balcon, habillé d'un vieux t-shirt et de son caleçon, fumant tranquillement, appuyé sur la rambarde.

« Hey, le salua Levi.

Eren se tourna vers lui, et lui sourit. Il éteignit sa cigarette dans le cendrier, puis tendit la main pour caressa sa tête.

— Tu as un épis, dit-il, amusé.

— T'as tête entière est un épis, Eren, » rétorqua Levi.

Le brun rit, et il sentit les coins de ses lèvres se recourber sans pouvoir rien y faire.

Eren glissa ses bras autour de sa taille, le tirant vers lui, et Levi posa ses mains sur ses épaules par habitude. Il fit un petit son de contentement en sentant les lèvres d'Eren contre les siennes.

« Merci pour le show, mais on en avait vraiment pas besoin! »

Surpris, ils se séparèrent, et regardèrent en bas. A l'entrée de l'hôtel se tenait Armin avec un sourire satisfait, Annie blasée comme toujours, et Mikasa les bras croisés, un sourcil arqué dans un geste si Ackerman qu'il ne put s'empêcher de rire.

« Contente de voir que toi et ton gnome vont bien, dit-elle.

Elle avait un accent japonais quand elle parlait anglais que Levi trouvait très drôle et n'avait pas hésité à pointer depuis qu'Eren et elle avaient commencé à communiquer, quand elle faisait des blagues moqueuses sur sa taille.

— Hey, Armin, hey, Annie! Moi aussi je suis content de te voir Mikasa! » Les salua Eren avec une vague de la main et un grand sourire.


Connie et Sasha arrivèrent une heure plus tard, habillés pour l'été, les deux semblant sortir d'une pub pour les années 80 avec leurs couleurs fluo, accompagnés des lunettes de soleil en forme d'étoile de Sasha, et des bracelets multicolores au poignet de Connie.

Levi jugea que cela ne pouvait pas être pire que les chemises hawaïennes d'Hange.

Une fois les affaires de tout le monde installées, il faisait chaud. Il était presque midi, et le soleil était haut dans le ciel. Levi avait depuis longtemps abandonné le pull d'Eren pour un simple t-shirt et son maillot.

Ils avaient tous prévu d'aller à la piscine à l'arrière pour se rafraichir, à l'exception de Farlan qui devait préparer le repas. Plusieurs lui avaient proposé de l'aide, y compris Levi, Eren et même Annie, mais il avait strictement refusé. Ils avaient finalement abandonné, le laissant à ses poêles et casseroles.

Levi avait opté pour flotter paresseusement dans l'eau à l'aide d'un bouée. Bras croisés sur le tube, son corps dans l'eau, il regardait Eren jouer au badminton contre Connie. Il avait abandonné son t-shirt, et Levi ne se gênait pas pour profiter de la vue de son dos musclé, et de ses longues jambes.

Les filles n'étaient pas encore arrivées, prenant un peu plus de temps pour enfiler leurs maillots. Levi suspectait qu'elles devaient juste discuter de leurs copains, ou frères, ou connaissance masculines respectives.

Armin lisait tranquillement sur un des transats au bord de la piscine. Blanc comme il était, une fois qu'Eren avait fini de couvrir Levi de crème, Armin avait demandé à son meilleur ami de lui faire son dos également. Levi devait avouer qu'il était secrètement un peu jaloux de la peau caramel d'Eren.

Il tourna sur lui-même dans la piscine en entendant des voix. La première à sortir de l'hôtel fut Mikasa. Même s'il n'était pas intéressé par les filles, Levi était obligé de reconnaitre que dans son bikini rouge, elle était éblouissante.

« Attention, on a un top model dans l'hôtel! Cria Eren en la voyant arriver.

Mikasa le tapa gentiment dans l'épaule.

— Tu vas rendre ton petit copain jaloux, crétin.

— Il sait que je n'ai d'yeux que pour lui, » déclara Eren, d'un air faussement solennel, une main sur la poitrine.

Mikasa leva les yeux au ciel, et regarda Levi du coin de l'œil comme pour lui demander pourquoi il sortait avec cet idiot. Il haussa les épaules en réponse.

Sasha choisit ce moment pour sauter sur le dos de Connie, le surprenant, et ils tombèrent tous les deux en arrière, leurs rires résonnant tout le long de leur chute, et même une fois par terre.

« Hey, sexy, gloussa Sasha, la tête de Connie entre ses jambes, sur le sol.

— Je crois qu'un ange m'est tombé dessus, » lui répondit-il avec un clin d'œil.

Les deux pouffèrent, parfaitement conscients du ridicule de leur situation. Ils n'avaient vraiment pas changé, réalisa Levi. Cela lui faisait plaisir de les voir aussi souriants.

Il suivit des yeux Annie et Isabel qui sortirent ensemble, discutant tranquillement. Annie vint s'assoir sur le transat d'Armin qui se releva pour l'embrasser rapidement, puis lui proposa de lui mettre de la crème solaire. Annie accepta.

Isabel vint le rejoindre dans l'eau, s'accrochant elle aussi à la bouée. Elle le regardait avec un grand sourire, ses yeux brillants d'un éclat malicieux, et Levi savait qu'elle préparait un mauvais coup.

« Alors, Eren et toi, ça fait combien de temps que vous sortez ensemble ? »

Levi grogna. C'était ce genre de question. Il ouvrit la bouche, lorsqu'il y eut un petit cri excité, et il leva la tête pour voir Hange sauter dans la piscine. Il se protégea des éclaboussures avec un bras.

Hange ressortit de l'eau à un mètre d'eux, et vint s'accrocher elle-aussi à la bouée. Elle souriait de toutes ses dents.

« Je suis très investie dans la vie romantique de Levi, se justifia-t-elle.

Isabel pouffa.

— On est deux alors.

Levi secoua la tête. Qu'avait-il fait dans une vie précédente pour avoir un karma aussi mauvais ? Il grimaça. Mauvais choix de mots.

— Qu'est-ce que vous voulez savoir ? Soupira-t-il.

Le plus vite il répondait à leurs questions, le plus vite elle le laisserait tranquille.

— Qu'est-ce que j'avais demandé tout à l'heure…? Ah oui! Depuis combien de temps vous sortez ensemble ? Répéta Isabel.

— Un peu plus de cinq mois.

Les deux femmes hochèrent la tête.

—Tu m'as jamais dit comment vous vous êtes rencontrés, accusa Hange.

Levi pensa à la nuit de ses dix-huit ans, de comment il était parti avec ce presque inconnu, la confiance inhérente qu'il avait eu en voyant ses grands yeux océan.

— À la patinoire, dit-il simplement, car cette nuit là était un trésor que seuls lui et Eren partageaient.

— Détails, détails! Réclama Hange.

Il la fixa avec un regard froid pour lui faire comprendre qu'il ne lui en donnerait pas. Hange fit la moue, mais abandonna.

— Ok, puisque tu veux pas nous donner de détails sur cette question, tu es obligée de répondre à la prochaine! Déclara Isabel.

— Je suis d'accord, » se rangea Hange avec elle.

Levi soupira, et se prépara à recevoir des questions vaguement indécentes, voire ignorant complètement le principe de vie privée. Il les regarda chuchoter l'une à l'autre, parfois hochant la tête, se mettant d'accord sur les meilleures questions à lui poser. Elles n'étaient pas très discrètes vu qu'elles se trouvaient à quelques dizaines de centimètres de lui.

Une fois décidées, elles se raccrochèrent à la bouée, des sourires satisfaits sur le visage.

« Première question, débuta Hange. Est-ce que toi et Eren avez déjà couché ensemble ?

Levi leva les yeux au ciel. Comme s'il ne s'attendait pas à cette question.

— Oui, dit-il, parce qu'il n'y avait aucune raison de le cacher.

Isabel jeta un regard noir à Eren qui le fit rire intérieurement. À quoi elle s'attendait ? Cinq mois, ce n'était pas étonnant. C'était même plutôt normal. Hange ne semblait pas avoir le même problème par contre.

— Est-ce qu'il est bon au lit ? Chuchota-t-elle, comme si quelqu'un s'intéresserait à leur conversation et les écouterait.

— Occupe-toi de ton cul, binoclarde, grogna-t-il, ça te regarde pas.

Hange fit la moue, battant des paupières comme pour l'amadouer. Il l'ignora royalement.

— Est-ce que… dit Isabel, puis elle hésita. Est-ce que tu es heureux ? »

Levi pensa à Eren. Il pensa à la façon sans gêne qu'il avait de chanter les morceaux de pop qui passaient à la radio, ou lorsqu'il tentait vainement de refaire les chorégraphies des clips coréens. Il pensa à sa mère et comment elle avait l'air plus heureuse ses derniers temps parce qu'elle le voyait parfois sourire dans le vide. Il pensa à lui-même, au fait qu'il se sentait bien dans sa peau maintenant, qu'il avait trouvé sa place.

« Oui, je suis heureux. »


Il sortit de la piscine une heure et demi plus tard. Il commençait à avoir froid, et flotter dans sa bouée sans rien faire finissait pas être légèrement ennuyant.

Il attrapa sa serviette et se sécha, puis mit son t-shirt. Il marcha vers l'hôtel, s'arrêtant juste quelques secondes lorsqu'Eren trouva marrant de le surprendre par derrière et de l'embrasser sur la joue. Il sursauta, et pour se venger, l'attrapa par le coup et colla un gros et maladroit baiser sur ses lèvres.

D'accord, ce n'était pas une revanche conventionnelle.

Il retourna dans la chambre qu'il partageait avec Eren, prit une douche, se changea, et redescendit. Il alla à la cuisine.

Farlan se tenait dans la cuisine, un livre de recettes dans les mains. Cela sentait divinement bon.

« Tu veux de l'aide ? Proposa-t-il.

Farlan leva la tête et lui sourit.

— Pourquoi pas, accepta-t-il. Tu peux m'aider à faire le gâteau. »

C'est ainsi qu'il se retrouva à mélanger une mixture de beurre, sucre, lait et farine avec un fouet, vêtu d'un tablier, pendant que Farlan faisait doucement fondre du chocolat dans une casserole.

Il pouvait entendre des éclats de voix venant de la salle multimédia de l'hôtel. D'après ce qu'il avait compris, Eren, Isabel, Armin et Hange avaient décidé de se lancer dans une partie de Mariokart. Au moins, de cette façon, ils pouvaient se battre l'un contre l'autre sans faire de mal à personne.

À part peut-être à leurs oreilles, vu le nombre d'insultes que Levi put entendre.

Une fois la mixture du bol formant une pâte compacte et sans grumeau, Farlan ajouta le chocolat, demandant à Levi de ne pas s'arrêter de mélanger.

Il put entendre Eren s'énerver contre le jeu, et rigola. Il était vraiment compétitif. Et peut-être un peu mauvais joueur aussi. Il remarqua Farlan le regarder du coin de l'œil.

« Quoi ?

— Rien, rien. Je ne t'ai pas entendu souvent rire, c'est tout. »

Il y eut soudainement un cri venant de l'autre salle.

« J'y crois pas! Fit la voix caractéristique d'Eren. C'était toi depuis le début, Armin! Tu nous as manipulé! »

Eh bien, ils semblaient ne pas s'embêter au moins.


Il s'était caché dans sa chambre à l'arrivée de son ancienne équipe. Il n'était pas vraiment sûr d'être prêt à les voir.

C'était peut-être enfantin, d'agir comme ça, mais il décida qu'avec qu'une seule enfance pour deux vies, il pouvait se le permettre. (Il ignora la petit voix de sa conscience lui disant que c'était ridicule.)

Eren le trouva sur le lit à jouer sur son portable. Il passa une main dans ses cheveux, ramenant tendrement derrière son oreille, les mèches tombées dans ses yeux.

« Tu sais, tu ne peux pas les éviter pour toujours, lui dit Eren.

Levi fronça du nez et lui lança un regard noir.

— Je peux toujours essayer, défia-t-il.

Cela fit rire Eren. Il s'allongea sur le lit, posa sa tête sur le ventre de son petit-ami.

— Donc tu ne veux pas les voir ? Demanda-t-il.

— Non… Si! Se corrigea Levi. Je veux dire… J'ai envie de les voir mais je ne vois pas pourquoi eux voudraient me voir.

Eren fit un petit son de compréhension.

— Tu ne peux pas savoir sans leur demander, pointa-t-il.

Levi baissa les yeux vers son petit ami avec un air renfrogné.

— T'es vraiment un petit con manipulateur, grogna-t-il, attrapant le nez d'Eren.

— Aïe, aïe, Levi! Geignit-il, mais il souriait de toutes ses dents. Est-ce que ça veut dire que tu vas leur parler ?

Levi soupira.

— Juste… un d'eux pour le moment, dit-il. Je ne suis pas prêt pour les voir tous ensemble.

Eren se releva d'un coup.

— Ça tombe bien, parce que j'ai quelqu'un qui attend depuis cinq bonnes minutes devant la porte. »

Levi voulut attraper Eren, mais celui-ci sauta du lit vers la porte lui lançant un clin d'œil joueur.

Il ouvrit la porte, laissant entrer un de ses anciens subordonnés, avant de se glisser par l'entrebâillure.

« Je vous laisse discuter! » Lança-t-il, avant de disparaitre.

Petra se tenait dans la chambre. Si son apparence physique avait changé, la douceur de ses yeux noisette était toujours la même. Là où Isabel avait gagné une beauté sensuel et explosive, Petra avec l'âge, avait développé une charme élégant, une beauté plus candide. Une peau pâle, des traits fins et féminins, des lèvres légèrement roses, une silhouette délicate, une apparence de poupée.

Levi ramena ses genoux contre sa poitrine.

« Tu es jolie, » marmonna-t-il, et immédiatement voulu se taper la tête contre un mur à la maladresse de ses mots.

Petra eut un petit rire, et vint s'assoir sur le lit du même côté que lui. Le tissu de sa robe fleurie vint se froisser sur ses jambes.

« Merci, » dit-elle, de sa voix douce.

Il ne s'était pas rendu compte à quelle point elle lui avait manqué, et soudainement il eut envie de pleurer. Il le regarda remettre une de ses mèches blond vénitien derrière son oreille. Ses ongles étaient peints d'un rose pastel.

« Tu es pas mal non plus, Levi, répondit-t-elle, lui lançant un petit sourire malicieux. Plus jeune que ce à quoi je m'attendais.

Levi cacha son visage dans ses genoux.

— T'es pas la première à me le faire remarquer, grommela-t-il.

Petra gloussa.

— Comment va Eren? Demanda-t-elle, un éclat dans ses yeux révélant qu'elle en savait bien plus qu'elle n'en laissait pas paraitre.

— Toujours aussi chiant, répondit Levi, détournant les yeux.

Petra hocha la tête.

— Je vois, » dit-elle, se prêtant au jeu.

Il y eut un petit moment de silence tendu entre eux. Puis Petra posa une main sur son bras.

« Je suis contente de voir que tu vas bien, admit-elle. Je me suis inquiétée pour toi. »

À ses mots, Levi ne put retenir ses larmes plus longtemps. Il se mordit la lèvre pour les empêcher de couler, mais il put les sentir rouler sur ses joues. Petra resta figée par la surprise quelques instants, avant de reprendre ses esprits.

Elle se rapprocha de lui, glissa un bras autour de ses épaules, et essuya tendrement ses larmes de son pouce. Levi put sentir l'instinct maternelle qu'elle avait toujours eu dans chacun de ses gestes. Elle caressa ses cheveux, murmurant des mots de réconfort.

Ils restèrent comme ça, dans les bras l'un de l'autre pendant une dizaine de minutes. Levi se sentit finalement prêt à sortir. Les retrouvailles avec Erd, Oluo et Gunther furent amusantes et joyeuses. Levi ne s'était pas rendu compte à quel point les quatre lui avaient manqué. Il fit aussi la connaissance de la fille de Petra et Olua, une petit beauté de trois ans aux grand yeux ambrés. Elle ne se gêna pas pour lui tirer les cheveux sous les rires de tout le monde.

Levi présenta Eren comme son petit-ami. Aucun d'eux ne fut surpris. Il leur en fit la remarque. Petra cacha son sourire derrière sa main.

« Tu as toujours été plus… doux avec lui, expliqua-t-elle. Ce n'était peut-être de l'amour romantique mais tu avais de l'affection pour lui, parfois même de la tendresse. »

Il s'était rendu compte avant qu'il avait une affection particulière pour Eren, mais il avait toujours pensé qu'il le traitait comme les autres. Ses souvenirs n'étaient probablement pas exactement objectifs.

Ses yeux suivirent Eren alors qu'il venait de se jeter sur Armin qui était tranquillement sur le canapé. Le blond lâcha un petit cri de surprise et essaya de faire tomber Eren de ses genoux mais en vain. Levi ne put retenir le petit sourire qui vint courber ses lèvres.

Oui, Petra avait sûrement raison.


Levi ouvrit les yeux. Il faisait noir dans la chambre. Il pouvait entendre la respiration régulière d'Eren à côté de lui.

Il s'assit et vérifia l'heure. Il n'était que trois heures. Il se demanda pourquoi il était réveillé. Le lit était confortable, il n'avait pas envie d'aller aux toilettes et Eren était resté de son côté. Malgré tout, il savait qu'il ne se recoucherait pas de suite. Il était bien réveillé.

Il jeta un coup d'œil à Eren sur sa gauche. Il dormait sur le ventre, le drap froissé dans le creux de son dos laissant visible sa peau doré. Levi suivit doucement du doigt la courbe de sa colonne vertébrale. Eren ne bougea pas.

Il se glissa hors du lit et attrapa un t-shirt au sol. Il avança à pas feutrés vers la porte-fenêtre. Il sortit, frissonnant à la température fraiche de l'extérieur.

« Levi! »

Il sursauta. C'était Hange qui venait de l'appeler d'un chuchotement peu discret. Elle souriait de toutes ses dents sur son balcon.

« Qu'est-ce que tu fais debout? Demanda-t-il.

Elle leva un carnet couvert de notes.

— J'étais en train de travailler, puis j'ai perdu la notion du temps, expliqua-t-elle.

Il soupira. C'était en effet bien le genre de choses qu'elle pourrait faire.

— Tu devrais aller te coucher, tu peux encore avoir une nuit correcte, conseilla-t-il.

Elle hocha les épaules.

— T'inquiète, c'est pas comme si ça sera la première fois que je fais une nuit blanche! »

Ce n'était pas spécialement rassurant.

Elle ferma son carnet et rangea ses stylos dans sa trousse.

« Tu devrais venir de ce côté! Suggéra-t-elle avec un grand sourire.

Il y avait peut-être un demi-mètre de vide entre leurs deux balcons.

— J'ai pas que ça à foutre, refusa-t-il.

Hange gloussa.

— C'est pas comme si t'avais un emploi du temps très chargé à trois heures du mat', » se moqua-t-elle gentiment.

Il lui lança un regard noir.

Pourtant, il grimpa tout de même sur la barrière pour sauter sur le balcon d'Hange. S'amusant à ses dépends, comme souvent, elle l'attrapa à son arrivée, souriant de toutes ses dents. Levi la repoussa, grimaçant.

Il s'assit sur des chaises sur le balcon, ramenant ses jambes contre sa poitrine. Hange prit place en face de lui.

« Tu travaillais sur quoi? Demanda-t-il.

Hange ouvrit son carnet pour lui montrer des schémas de créatures marines, des lignes de calculs et des notes.

— Tu sais que 90% des océans sont encore inexplorés? (Il hocha la tête.) Mon équipe et moi-même, on essaye de deviner à l'aide de la science, le genre de créatures qu'on pourrait trouver dans les bas-fonds.

— Ça ressemble un peu à de la science-fiction, remarqua Levi.

Hange rit.

— C'est vrai, j'imagine, admit-elle. Mais il y a tellement de science derrière que ce n'est plus vraiment de la science-fiction. »

Hange ne le regardait pas. Elle avait les yeux sur son carnet, mais elle semblait ne pas le voir. Elle était calme, presque douce. Ou aussi douce que Hange puisse être. Levi se demanda si c'était à cause de l'heure. Tout semble exagéré pendant la nuit, le moindre son, le moindre mouvement parait bien plus que ce qu'il est. Peut-être ne ressentait-elle pas le besoin d'afficher autant son excitation à cause de ça.

Elle ferma son carnet, mais son regard était perdu dans le vide.

« Je pensais à nous, avant que tu arrives, dit-elle.

Levi fronça des sourcils.

— Comment ça ?

Elle réajusta ses lunettes sur son nez.

— Tu sais, pour une scientifique comme moi, le monde, l'univers est régi par des probabilités, expliqua-t-elle. Cette planète est une probabilité. Tu es une probabilité. Ta combinaison génétique, tu avais une chance sur 2 puissance 46, ce qui fait plus de 700 000 milliards de possibilités! »

Elle pausa un instant. Levi se demanda où elle voulait en venir.

« Je refuse de croire en une destiné, déclara-t-elle, les sourcils froncés. La Terre, l'humanité, nous n'étions pas destinés à être vivants. Nous ne sommes que le fruit du hasard, de probabilités qui, sur cette planète, se sont alignées pour créer la vie.

« Et pourtant, je pense tout de même que cette univers, d'une certaine façon, aime bien les histoires d'amour. Il y a sept milliards d'humains sur cette planète. Tu aurais pu naitre n'importe où, et ta chance de trouver Eren aurait été de une chance sur sept milliards. Si on compte Armin aussi, et Petra, la chance pour que vous trois trouviez votre partenaire est de une chance sur 343 milliards. Mais si maintenant, on augmentait cette chance ? Eren et toi vous viviez proches. La probabilité pour que vous vous rencontriez était donc infiniment plus haute. Vous vous êtres rencontrés cette nuit-là, mais vous vous êtes déjà probablement déjà croisés auparavant. Vous auriez pu vous rencontrer plus tard, aussi. »

Elle s'arréta un instant, comme pour faire une pause dramatique. Levi connaissait assez Hange pour savoir que ce n'en était pas une. Elle avait juste besoin de penser une seconde, de choisir ses mots.

« Je ne crois pas en un Dieu, Levi. Mais si je dois croire en quelque chose, je veux croire en cette théorie un peu folle et un peu naïve. »

C'était joli de penser comme ça. Il avait envie de croire lui-aussi.

« Tu l'appellerai comment alors, cette théorie ? Demanda-t-il.

Hange lui jeta un coup d'œil surpris, comme si elle avait oublié pour un moment qu'elle n'était pas seule. Elle secoua le tête, puis sourit.

— La théorie des probabilités romantiques, souffla-t-elle.

Levi sourit.

— C'est un beau nom, dit-il. Mais peut-être que ton univers ne compte pas que l'amour romantique. N'importe quel amour peut marcher. Je t'ai trouvé, non ? »

Hange le regarda, estomaquée. Des larmes commencèrent à couler sur ses joues, et elle renifla bruyamment.

« Non, non, Hange! Ne pleure pas, » paniqua Levi.

Il lui caressa la tête avec hésitation. Le surprenant, Hange l'attrapa par la taille, et enfouit son visage dans son cou. Il se crispa d'abord, mais se détendit graduellement, allant même jusqu'à poser sa joue contre les cheveux de son amie.

Il faisait chaud à la plage. Levi fut content du chapeau de paille que lui avait donné Petra.


Même si donner était un euphémisme. Petra en le voyant l'avait réprimandé comme un enfant, puis avait forcé le chapeau sur sa tête.

« Tu veux que je te mettre de la crème dans le dos ? Lui proposa Eren.

Levi ricana, amusé.

— Je vais supposer que tu n'as aucune arrière-pensée.

Eren le regarda de ses grands yeux océan, souriant.

— Je ne vois pas de quoi tu veux parler, dit-il, innocemment.

Levi leva les yeux au ciel, et roula sur le ventre.

— C'est bon, éclate-toi, » céda-t-il.

Eren mit un peu de crème dans sa main, et s'appliqua à bien recouvrir la peau pâle de son petit-ami. Levi se laissa faire, profitant des mains d'Eren sur ses épaules et son dos.

« Levi ?

— Mmh ?

— Je te conseille de pas remonter ton maillot de bain parce que tu as un énorme suçon sur l'intérieur de la cuisse gauche, murmura Eren, directement dans son oreille.

— C'est pas vrai! » Cria Levi.

Mais Eren disait la vérité et il sentit son visage se colorer. Il lui cria des insultes en anglais et en français alors que le brun courait vers la mer se retournant une seconde pour lui tirer la langue. Levi lui dit un doigt en échange, gagnant le regard outré de quelques mères et personnes âgées autour de lui.

Il finit d'étaler la crème, puis s'installa sur sa serviette, sur le ventre, et ouvrit son livre.

Il se réveilla quand une main caressa doucement ses cheveux. Il ne se souvenait même pas s'être endormi. En même temps, il aurait dû s'y attendre. Il avait acheté ce livre deux jours plus tôt un peu au hasard pour avoir quelque chose à lire pendant les vacances, mais le bouquin était particulièrement ennuyeux.

Il ouvrit les yeux pour voir Eren lui souriant gentiment.

« Hey, dit-il.

— J'ai dormi longtemps ? Demanda Levi.

Eren haussa les épaules.

— Nah, t'inquiète, assura-t-il. Peut-être vingt minutes ? »

Levi hocha la tête et s'assit. Il s'étira, baillant. Il eut un petit sourire en coin lorsqu'il remarqua Eren qui le regardait. Le jeune homme croisa son regard et rougit mais lui fit un clin d'œil.

« Tu veux venir avec moi dans l'eau ?

— Oui, pourquoi pas. »

Eren lui fit un grand sourire et prit sa main. Levi se laissa tirer dans l'eau, grimaçant à la température.

Lorsqu'il n'eut plus pieds, il s'accrocha au cou d'Eren, enroulant ses jambes autour de sa taille. Son petit-ami attrapa ses cuisses pour le soutenir, même si avec l'eau il n'en avait pas vraiment besoin.

Eren déposa un baiser rapide sur son épaule. Levi allait l'embrasser lorsqu'ils se retrouvèrent tous les deux sous l'eau.

Ils ressortirent, toussant, cherchant le coupable. Ils n'eurent pas besoin de fouiller longtemps parce que Connie et Sasha pouffaient peu discrètement sur le gauche.

Levi se détacha d'Eren pour attraper Connie et entreprit de le couler en appuyant sur ses épaules, sous les cris du garçon. Il ne prit que quelques secondes à Eren pour se venger de Sasha, et vint aider Levi. A eux deux, Connie n'avait aucune chance.

« Bien joué, partenaire! » S'exclama Eren, souriant de toutes ses dents.

Il claqua un bisous mouillé et salé sur les lèvres de Levi, puis nagea jusqu'à ses amis d'enfance. Levi le regarda couler Armin sans aucun mal, le prenant par surprise, mais Mikasa ne se gêna pas et le poussa plusieurs fois sous l'eau, décrétant qu'elle le faisait payer pour avoir coulé le "pauvre Armin qui ne peut pas se défendre" avant de le laisser partir. Le blond avait fait la moue et avait déclaré qu'il était parfaitement capable de se défendre tout seul, entièrement rouge.

Ils quittèrent tous la plage environ une heure plus tard. Levi ne put s'empêcher de se plaindre du sable qui se glissait partout.

La peau d'Eren avait foncé. Il lui fit la remarque alors que le brun retirait son t-shirt pou aller prendre une douche. Eren lui fit un clin d'œil:

« Tu veux me rejoindre et voir jusqu'où mon bronzage va ? »

Levi grogna d'embarras et lui lança un coussin qu'Ere n'eut aucun mal à esquiver.

(Cinq minutes plus tard, il le rejoint quand même.)


La fin de la semaine approcha bien plus vite que Levi aurait voulu. Il passa le reste des vacances à aider Farlan à cuisiner, jouer à Mario Kart contre qui voulait, et se moquer d'Eren et de ses essais plus ou moins déplorables d'Eren de tenir debout sur une planche. Même s'il devait admettre qu'à la fin de la semaine il ne se débrouillait pas si mal pour un débutant.

Il fit ses affaires avec le cœur lourd. Il y avait quelque chose d'un peu magique à être au bord de la mer, comme si la réalité s'était arrêtée momentanément.

Dire au revoir ne fut pas plus facile. Hange faillit l'étouffer en lui faisant un câlin. Oluo pleura, reniflant horriblement et Levi lui tendit un paquet de mouchoirs qu'il promit de garder aussi longtemps qu'il le pouvait. Levi lui fit remarquer calmement qu'il lui avait donné pour qu'il l'utilise.

Petra lui offrit son chapeau de paille, lui disant qu'il lui allait mieux à lui qu'à elle. Elle l'embrassa sur la joue, laissant une trace de rouge-à-lèvre, faisant glousser Hange.

Isabelle et Farlan lui firent promettre de leur donner des nouvelles régulièrement, allant même jusqu'à le menacer de prendre un avion pour les Etats-Unis s'ils n'avaient de nouvelles au moins une fois par semaine.

Eren et Armin pleurèrent quand il fallut dire au revoir à Mikasa. Les deux garçons se collèrent à elle, refusant de la laisser partir, pendant qu'elle leur tapotait le dos, murmurant que tout irait bien.

La scène était assez comique pour être honnête.

Hange insista pour lui tenir la main jusqu'à la porte pour son avion à l'aéroport. Levi grommela un peu au début, mais se laissa faire finalement. Eren les regarda avec un sourire amusé.

Lorsqu'il fallut se séparer, il la remercia, l'embrassa sur la joue. Elle caressa sa joue de son pousse, puis le poussa vers son petit-ami. Eren rit gentiment dans son oreille, déposa à son tour un baiser sur sa joue.

Il s'endormit sur l'épaule d'Eren dans l'avion.


San Diego en Californie était une ville de taille moyenne au bord de la mer. Elle correspondait exactement à ce que recherchait Levi et Eren.

Et il y faisait vraiment chaud en été.

Ils restaient dans la ville pour une semaine pour trouver un appartement. Aujourd'hui était leur premier jour de visite. Eren cherchait la location de l'appartement sur son portable.

Avec sa peau foncée, ses cheveux en bataille, son short, débardeur et ses tongs, Eren ne semblait absolument pas dépareillé avec le reste des habitants. Il n'y avait que son accent pour le différencier.

Le premier appartement était en haut d'une tour. Mais si l'intérieur était beau avec de grandes fenêtres, le prix n'était vraiment pas abordable. Techniquement, Eren aurait pu, mais Levi voulant payer la moitié, refusa.

Le deuxième, dans une résidence à une demi-heure de la plage à pied, était joli. Il avait trois pièces. Eren fit remarquer qu'ils pourraient inviter leurs amis facilement. La salle de bain était peinte d'un horrible vert d'eau, mais l'agente immobilier leur promit que les locataires actuels repeindraient en blanc. Levi n'avait pas spécialement envie de s'en occuper, donc cela tombait bien.

Ils le gardèrent en tête.

Le troisième et dernier de la journée était un peu plus proche de la plage mais n'avait que deux pièces. Il se trouvait dans un petit immeuble où tout le monde semblait se connaitre. Il y avait un petit parc derrière.

L'agent (dans un beau costume bleu) leur présenta l'intérieur. Il n'y avait qu'une chambre, mais elle possédait un balcon assez grand pour faire tenir une petit table et deux chaises. La cuisine avait une ouverture sur le salon et entrée dans le mur, comme une fenêtre.

Alors qu'ils sortaient, un garçon se cogna dans les jambes de Levi. Il leva la tête, clignant de ses yeux châtain presque dorés.

« Pardon, Monsieur! S'excusa-t-il en français.

C'est pas grave, » lui répondit Levi dans la même langue.

Les yeux du garçon s'écarquillèrent.

Un autre gamin vint, son nez et ses pommettes couvertes de taches de rousseur, et attrapa la main de son ami.

« Qu'est-ce que t'as encore fait?! Murmura-t-il, en anglais cette fois.

— J'ai pas fait exprès! Se défendit le premier garçon. Marco, habla el francés! (Il parle français!)

¿Dijiste que lo siento? (Tu as dit pardon?)

¡Desde luego! (Bien sûr!) »

Marco s'excusa une nouvelle fois pour son ami, puis le tira par la main à travers le couloir, les deux disparaissant au coin, se tenant la main. Eren les suivit des yeux, le regard écarquillé. Levi lui agrippa la main.

« Levi, chuchota Eren. Je crois que c'était…

— Jean?

Eren hocha la tête.

— L'autre garçon est probablement Marco, expliqua le brun. Il est… Tu ne l'as pas connu. »

Levi hocha comprenant ce qu'Eren avait voulu dire sans prononcer les mots.

L'agent immobilier leur laissa quelques minutes pour inspecter l'appartement. Alors qu'ils était seuls dans la chambre, Eren se tourna vers lui.

« Levi, je-

— Oui, Eren, l'interrompra-t-il. J'aime cette appartement aussi et… Ça ne me gênerait pas d'avoir ce crétin de Jean dans les parages. Même en temps que gamin de huit ans. »

Eren lui fit un grand sourire, l'embrassa rapidement.

Ils revinrent vers l'agent qui tapait sur son téléphone. Eren reprit une expression sérieuse, tournant rapidement vers Levi, pour lui faire un clin d'œil.

« Nous sommes intéressés par l'appartement. »


Levi se réveilla au bruit la porte d'entrée se refermant. Il cligna des yeux, se retourna pour échapper aux rayons du soleil. Il entendit les pas feutrés des pieds nus d'Eren.

Le jeune homme entra dans la chambre. Levi cligna des yeux. Eren lui sourit et se pencha vers lui pour frotter son nez contre le sien. Il sentait comme la mer et le soleil, et ses cheveux étaient encore humides.

« C'était comment?

— Super! S'exclama Eren. Mais l'eau était froide.

— On est en octobre et t'es parti à six heure du mat', tu t'attendais à quoi? Grommela-t-il.

Eren retira son t-shirt et le jeta dans le panier de linge sale.

— Tu m'accompagnes ? »

Levi bailla et sortit du lit. Il se déshabilla, et se glissa dans le douche. Il laissa tomber sa tête sur la poitrine d'Eren. Le rire d'Eren sonna grave contre son oreille. Il laissa Eren lui laver les cheveux, faisant un petit bruit de plaisir.

Ils finirent de se savonner puis sortirent. Levi tendit une serviette à Eren, puis commença à se sécher.

« Oh, d'ailleurs, j'ai promis de faire des pancakes à Jean et Marco, le prévint Eren.

— Tant que vous nettoyez derrière vous, je m'en fiche. »

Eren eut à peine le temps de commence la pâte que les deux gamins se jetaient déjà dans l'appartement. Eren attrapa Jean par l'arrière du t-shirt.

« Où est-ce que tu crois aller comme ça, sale gosse? Grogna-t-il. Tu toques pas et tu dis pas bonjour ? C'est comme ça que ta mère t'a élevé ?

Levi sourit à l'échange. Marco cacha son rire derrière sa main.

— Bonjour Levi, bonjour Eren, dit celui-ci avec un sourire.

— Bonjour Marco, bien dormi ? Demanda Levi, poliment.

Le garçon hocha la tête.

— Marco lui a dit bonjour, Jean, le réprimanda Eren, pointant sa cuillère en bois vers lui. Tu as intérêt à faire pareil ou t'as pas de pancakes.

— Quelle autorité, ricana Levi.

Eren lui lança un regard noir.

— Bonjour, » marmonna Jean.

Eren leva les yeux au soleil et le ébouriffa les cheveux. Il glissa un pancake dans son assiette et Jean lui fit un grand sourire.

Levi mangea tranquillement ses propres pancakes. Il vérifia l'heure. Il devait partir dans dix minutes. Il prit son sac, y mit ses affaires de sport, ses patins, et le reste de ce dont il aurait besoin. Eren l'accompagna à la porte. Il se mit sur la pointe des pieds et l'embrassa. Il put sentir le sourire d'Eren contre ses lèvres.

« Amuse-toi bien à donner tes cours, lui souhaita-t-il.

— Mmh, merci. »

Avant que la porte se referme, il put entendre les voix de Jean et Marco.

« Pourquoi il lui a fait un bisous ?

— Parce qu'ils sont a-mou-reux, Jean. »

Il secoua la tête, et ne put s'empêcher de sourire.