Je vous présente ma deuxième adaptation.

Choix: "Blade Runner" (que je vénère )

Cela dit, il ne faut pas avoir vu le film pour comprendre la fic.

Avis aux puristes, j'ai pris quelques libertés avec le film mais j'ai tout fait pour en garder la trame de fond et les scènes les plus marquantes.

Parce que ce qui m'a le plus fasciné avant tout dans ce film (hormis la maitrise de Ridley Scott), ce sont les personnages et les messages qu'ils véhiculent à travers leurs histoires et c'est sur cela que je me suis basée pour retravailler l'oeuvre originale en tachant de la respecter du mieux que j'ai pu.

Dean est à l'image de Deckard, ce chasseur quelque peu désabusé qui fait son boulot sans plus trop se poser de question, jusqu'au jour où...

Castiel est à l'image de Batty, le répliquant du film...Il veut vivre, faire partie de cette humanité...Sorte de fils de Dieu qui se retourne contre son créateur...Rebelle à l'image de l'ange.

Je construirais un lien entre ses deux persos qui n'existent pas dans le film (sauf dans la magnifique scène finale entre Harrison "Deckard" Ford et le magnifique Rutger "Batty" Hauer)

.

Qui sommes-nous?

Là, demeure la question.

.

Désolée pour les fautes restantes, ma pauvre béta est quelque peu débordée pour le moment. Je pense fort à toi ma biche...

.

« Cogito ergo sum»

.

Los Angeles 2032

.

Noire, sombre, pluvieuse, étouffante, éternellement plongée dans une nuit sans fin, Los Angeles meurt pour renaître aussitôt de ses cendres.

La pluie, la bruine, le brouillard, le froid qui rongent les os et tuent les sourires étouffés dans les désillusions, et puis ses hurlements stridents, publicités géantes qui s'affichent comme des monstres lumineux aux hauts des gratte-ciel frôlant les portes d'un paradis déchu.

.

Dean observe le manège de cette ville qui n'est plus qu'une énorme fourmilière tentaculaire, gorgée d'eau, rongée par la gangrène du désespoir.

Il lève la tête tout en remontant le col de sa veste usée pour s'abriter de cette pluie incessante qui n'arrête jamais de noyer les rues et d'infiltrer chaque parcelle de vie.

Il regardait, un peu distrait, une femme aux airs de Geisha vanter les mérites de la planète Sorius et de ses trois soleils...Il en eut les yeux qui brûlèrent quand s'afficha le paysage idyllique de cette planète lointaine dont il n'aura jamais les moyens de se payer le voyage, il n'avait même plus l'envie d'y rêver et encore moins d'y croire.

.

Un homme le heurta violemment, le sortant de ses pensées en manquant le déséquilibrer dans sa course. Il marmonna dans cette langue toute droite venue de nulle part, née de toutes pièces et usitée par la population hétéroclite de la ville, le " cityspeak "argot qu'il avait appris à maîtriser à force de vivre dans la chienlit.

L'homme ne s'excusera pas et lui ne le haranguera pas...Telle est Los Angeles en ses jours apocalyptiques, bercée par un éternel déluge qui semble ne jamais devoir prendre fin, la ville refusant d'être submergée et ainsi lavée de tous ses péchés.

.

Le bruit cadencé d'un tic- tac géant l'avertit qu'il pouvait traverser.

Il croisa sans y prêter attention le regard des habitants pour la plupart métis dont on ne pouvait même plus cerner les origines depuis longtemps, ils promenaient leurs carcasses comme on promène la mort, errant sans autre but que celui de survivre.

.

.

Au-dessus du Royal Queen, hôtel oublié des anciens beaux quartiers, il les observe ses êtres qui grouillent.

Debout sur le rebord du toit, ses yeux bleus perçant la foule, mains dans les poches de son long imper de cuir noir, il observe ses hommes qui rêvent de mourir, lui qui ne rêve que de vivre. La ville reflétait dans ses iris de métal.

"Castiel " l'interrompit dans sa contemplation une voix féminine.

" Parle!" en ne détournant pas son regard. La pluie plaquant ses cheveux sombres sur son visage trop pâle.

" Ils ont échoué" la voix éteinte.

" Tous? "ses poings se figeant dans ses poches.

" Oui " en baissant la tête.

" Je vois" descendant de son observatoire.

" Qu'allons-nous faire? " le suppliant en serrant les bras pour retenir la chaleur de son corps dans un réflexe humain.

" Suis-moi " en lui affichant un sourire sans âme.

.

Dean Winchester était ce qu'on appelait communément dans le jargon policier, un blade runner, flic ou chasseur, au gré de ses missions. Il venait de faire une pause de quelques semaines suite à sa dernière enquête qui avait couté la vie à deux civils. Il n'était pas responsable de leurs morts et n'en ressentait aucune culpabilité mais ses supérieurs avaient jugés bon qu'il prenne un congé sabbatique. Ils ne mirent pas bien longtemps à refaire appel à lui. Dans son domaine, " le retrait ", il était l'un des meilleurs.

Il avait passé la plupart de ce temps de repos forcé, dans son appartement, à visionner des anciens films ou écouter des vieux morceaux de rock. Seules traces d'un passé qui lui avait été glorifié par son père, seul héritage qu'il eut de cet homme qui ne fut jamais qu'un absent dans sa vie. Il n'en gardait que peu de souvenirs et ne s'en portait pas plus mal.

Cela lui semblait inné, inscrit dans ses gènes.

.

Il s'arrêta et releva la tête. Il lui semblait que dans cette ville, tout le forçait à la lever. La garder à hauteur d'homme lui affichait juste la misère humaine qu'était devenu son quotidien.

Misère soudain étouffée par la splendeur du bâtiment qui se dressait face à lui.

"Roman Corporation"

Haute tour de plusieurs centaines de mètre, illuminée d'un blanc pur mais glacial.

Il soupira et se présenta au parlophone.

"Roman Corporation...Que pouvons-nous faire pour vous aider? "l'interpella une voix numérique.

" Dean Winchester...J'ai rendez-vous avec Dick Roman ".

Un bip et quelques secondes après la porte vitrée s'ouvrit sur un hall aussi blanc que la lumière qu'affichait l'immeuble.

" Dernier étage" fit la même voix qui lui ouvrit les portes d'un ascenseur transparent.

" Super " en passant sa main dans ses cheveux humides.

.

Il ne put s'empêcher d'être partagé entre la fascination et l'horreur mêlée devant la cité qui s'étendait devant lui à travers les vitres. Quelques projections dans le lointain de flammes gigantesques provenant des incinérateurs éclairaient la ville entre les néons gigantesques des publicités et les phares des spinner qui la survolaient.

Il se retourna quand l'ascenseur atteint le dernier étage, le vertige le saisit et ce fut avec soulagement qu'il vit une double porte en bois sculptée s'ouvrir sur un bureau aux dimensions surhumaines.

" Entrez "résonna une voix d'homme entre les hauts murs. Il fut accueilli par une jeune femme plutôt jolie et élégante qui devait être probablement la secrétaire particulière de Roman.

" Rachel...Servez- nous donc un verre, voulez-vous" l'homme se leva de son fauteuil qui faisait dos à l'entrée et vint à sa rencontre.

Au premier regard, son instinct le mit en garde. Il le salua d'un simple hochement de tête tout en scrutant la pièce.

Elle avait un air d'autrefois, avec ses meubles en chêne, le faux feu de cheminée, les tons chauds du papier peint et les quelques statues en porcelaine.

Autant l'homme était froid et distant, autant son bureau était à l'inverse de ce qu'il inspirait.

" Asseyez-vous " en lui indiquant une large table aux six chaises en chène.

Dean cacha son étonnement face à ce luxe mais il nota l'usure des dossiers et finit par se dire que cela devait probablement provenir d'une légation quelconque.

Tout comme les animaux avaient presque disparus de la surface de la terre, les bois précieux étaient devenus une denrée rare et chère.

" Joli " en indiquant un hibou qui le toisait depuis son perchoir. " Il doit valeur son pesant d'or " sourire en coin.

" Plusieurs années de votre salaire...C'est une réplique parfaite " répondit hautain, Roman.

" Je vois "

"Venons-en aux faits, voulez-vous "en remerciant Rachel d'un sourire chaleureux quand elle posa le plateau avec les verres et la bouteille sur la table.

" Laissez- nous maintenant et faites venir Suzanne"

" Bien Monsieur" en s'éloignant, dandinant des fesses dans sa robe moulée.

" Elle ne semble pas vous attirer? " s'étonna-t-il devant l'indifférence de son invité.

" Elle est superbe, j'en conviens mais elle n'est pas mon type" en ôtant sa veste.

" Je vois" se contenta-t-il de répondre, visage fermé.

Dean se servit un verre en faisant un signe à son hôte qui acquiesçât d'un léger mouvement de tête.

Il finit par s'éloigner et s'assit à distance de son invité, fixant le feu ouvert pendant que ce dernier savourait son whisky, enfoncé dans sa chaise.

" J'imagine que vous avez dû être informé sur les raisons de votre présence en ses lieux" s'enquit Roman en croisant ses jambes.

" Je suis un Blade Runner...Vous êtes le fondateur et le propriétaire de Roman corporation, généticien de génie et créateur des répliquants, celui aussi qui détient la clef du savoir...Les raisons me paraissent donc assez évidentes" énonça-t-il froidement.

" C'est réducteur mais c'est somme toute la simple et unique vérité " d'un air suffisant.

" Le lieutenant Singer m'a mis sur l'enquête mais ne m'en a pas dit plus...Je pencherais sur le fait qu'il ne pouvait m'en dire plus parce que vous ne lui en aviez pas dit assez...Je me trompe? " en posant son verre un peu sèchement.

" En partie seulement" en décroisant ses jambes. " Vous devez savoir que vous êtes le deuxième agent à m'être envoyé".

" Qu'est-il arrivé au premier? " en levant un sourcil, suspicieux.

" Pas assez rapide, je suppose" sans émotion.

" Il est mort? ".

" Pas que je sache...Dans le coma, il me semble" en sirotant son whisky.

" Son nom? "

Roman sembla fouiller dans sa mémoire.

" Murphy, il me semble".

" Merde " marmonna Dean en ouvrant la bouteille et se resservant.

" Un ami? ".

" Disons plutôt un collègue...Un des meilleurs" en jouant avec son verre entre ses doigts.

" Il faisait passer un test à l'un de nos nouveaux employés quand ce...malheureux incident est survenu".

" Je ..." il fut interrompu par deux coups sur la porte.

" Entrez Suzanne". Une asiatique aux cheveux courts apparu, elle portait une tablette 15' et une valise en aluminium qu'elle posa sur la table, sans un regard pour Dean qui lui rendit la politesse.

Roman se leva et lentement s'avança.

" Avant toute chose, je me dois de vous mettre en garde contre les répliquants auxquels vous allez être confronter ".

" Je vous écoute" en regardant Suzanne installé le matériel.

" J'ai créé, il y a de cela 5 ans , une nouvelle génération de Nexus...Plus performants, plus forts, plus résistants...Conçus pour les missions de colonisation des nouveaux mondes, des armes aux services de la nation ".

" Epargnez moi vos élans patriotiques...Nous savons, vous et moi, que les seuls missions qui vous animent sont la science et l'argent".

" Bien" se vexa Roman, il claqua des doigts, signifiant à son assistance de lancer le programme.

.

S'afficha sur l'écran, le symbole de la société, deux ailes perdues dans un fragment d'ADN.

Dean se redressa sur sa chaise, nouveau verre entre les mains.

Une femme apparut sur l'écran, en version 3D.

Dean ne dut pas réfléchir longtemps pour savoir que c'était une de ses répliquants créées pour l'unique plaisir des hommes et plus communément appelé "Humain de compagnie".

" Je vous présente Hannah Pris... Numéro d'identification...N6FAB21416 " en la pointant du doigt. "Elle fait partie de la nouvelle génération de Nexus...Niveau B, elle possède un QI dans la moyenne comme tous ceux de ce niveau".

Il fit un signe à Suzanne qui passa au répliquant suivant.

" Balthazar Kowalski...Numéro d'identification... N6MAC41717...Niveau C... Il possède une formation militaire ce qui le rend plus dangereux et qui plus est, imprévisible...C'est lui qui aurait tiré sur l'agent Murphy".

Un geste de la tête et une nouvelle femme s'afficha sur l'écran.

" Hesther Zhora...Numéro d'identification ... N6FAB61216...Niveau B... Créée pour infiltrer et détruire".

Un dernier geste et Dean se redressa lentement sur sa chaise, subjugué par l'homme qui s'affichait à présent sur l'écran.

" Castiel Batty...Numéro d'identification ... N6MAA10816...Niveau A...Leur leader...Il est à la base d'une révolte sur Enochian...Ils se sont emparés d'un vaisseau dont ils ont éliminé tous les occupants sans exception et ont atterri sur terre, il y a de cela 10 jours...Certains d'entre eux ont tenté d'investir une des succursales de Roman Corporation il y a de cela, quelques heures mais fort heureusement sans conséquence...Ses quatre répliquants sont les derniers survivants de ce groupe...Vous êtes chargé de leurs retraits".

" Ils leur restent combien de temps? " sans quitter du regard le visage de Castiel Batty qui semblait le fixer de ses yeux bleus figés.

" Les Nexus 6 ont une durée de vie d'approximativement cinq ans...Vous connaissez le principe".

" Je le connais oui même si je ne l'approuve pas pour autant" en se levant.

" On ne peut pas se permettre de les voir développer des émotions et des sentiments humains...Avec leur capacité, ils deviendraient un véritable danger pour notre société".

" Il fallait peut-être y penser avant de faire joujou avec vos éprouvettes".

" Ils nous ont permis de faire des avancées spectaculaires " se défendit Roman.

" Les androïdes avaient leur limite...Eux sont l'avenir".

" A quel prix! ".

" Ils ne sont pas HUMAINS, je vous signale" claqua-t-il calmement et froidement .

" C'est une question de point de vue" sourit Dean en vidant son verre. "Vous ne m'avez toujours pas dit combien de temps ils leur restent à vivre".

" Environ trois mois...Un peu plus, un peu moins" fit Roman en éteignant l'écran.

" Trois mois" en fixant le noir qui remplaçait à présent le bleu du Nexus.

.

" J'aimerais vous demander un petit service avant votre départ" osa Roman.

" Pardon? " relevant nonchalamment un sourcil.

" Etant donné que vous êtes l'un des meilleurs dans votre domaine, j'aimerais que vous fassiez passer le test de Voight-Kampff à ma secrétaire".

" Pourquoi ça? " intrigué.

" C'est un nouveau prototype" devant le visage consterné de Dean, il indiqua la boîte sur la table. "J'ai besoin d'un avis disons...extérieur et professionnel" sourire entendu.

" Maintenant? ".

" Pourquoi pas? "tout sourire en indiquant de la main la table à son assistante.

" Comme vous voulez? " en ouvrant la boite qu'elle poussa vers lui.

.

Le test de Voight-Kampff consistait au travers des questions de plus en plus précises, à analyser les réactions de la rétine. L'œil étant le miroir de l'âme mais aussi des émotions.

Roman renvoya Suzanne et fit appeler Rachel.

Deux heures plus tard, cette dernière salua son patron et Dean, et quitta la pièce.

" Alors? "

" Nexus 7? " tenta Dean.

" Oui..".

" Elle ne le sait pas? " en fixant la porte.

" Non...Je lui ai implanté des souvenirs, ceux de ma nièce".

" Vous voulez dire qu'elle est persuadée d'être humaine "posa-t-il comme un constat.

" Oui...Cela nous permettra un meilleur contrôle".

" Ca fait d'eux des êtres avec une âme et une conscience...Donc des êtres hors de contrôle".

" A ceci prêt, c'est qu'ils n'ont pas le temps de le devenir...Ils restent le produit d'une création".

" La frontière est mince et vos quatre répliquants en fuite en sont la preuve".

" Il y a les hommes ET les répliquant...Il n'y a pas de frontière...Ca reste des machines, certes de chair et de sang mais ça ne change rien à ce état de fait.

" Si vous le dites" en reprenant sa veste.

" Preuve en est avec cet incident sur Enochian" bras croisés dans son dos.

" Ils auront au moins déjà appris à maitriser une émotion humaine " répliqua ausitôt Dean, sourire en coin.

" Pardon? ".

" Rien" en enfilant son cuir. "J'aimerais que vous m'envoyez, si c'est possible une copie de votre fichier".

" Vous l'aurez".

.

Quand il sortit quelques secondes plus tard, Rachel l'attendait...Il comprit qu'elle savait et ce qu'il lut dans son regard n'avait rien d'inhumain. Elle lui sourit tristement avant de le guider vers l'ascenseur.

" Au revoir" en s'éloignant avec une dignité feinte mais la démarche mal assurée.

Il se demanda ce que cela devait faire d'apprendre qu'on est rien d'autre que le produit d'une création.

.

Mais au fond, ne l'était-on pas tous?

.

Dean était chasseur et n'avait pas pour habitude de se poser des questions. Quelques verres et une douche lui suffisaient pour passer à la traque suivante mais depuis quelques temps, ses certitudes se trouvaient quelque peu fissurées.

La détresse de Rachel le poursuivrait dans ses rêves et serait un doute de plus sur les bienfondés de son boulot.

.

De retour à son bureau, il alluma son écran. Roman avait tenu parole. Il afficha la photo des quatre réplicants rebelles, en fit des copies et nota leurs numéros d'identification.

Nul doute que ces derniers ne s'étaient pas attaquer à "Roman Corporation" sans un but précis, il était évident qu'ils cherchaient en entrer en contact avec leur créateur.

.

"Alors?" fit une voix rauque à sa droite.

"Alors quoi?" en détournant les yeux pour croiser ceux, bleus et dilatés de son collègue.

"Tu veux que je t'aide?" en pointant l'écran du doigt.

"Non, pas pour le moment...Concentre toi sur les androides 4, je m'occupe de ceux-là" en jetant un oeil à son écran "Mais merci quand même" sur un ton qui affichait tout le contraire.

"Tu comptes faire quoi?" en tirant une chaise et s'asseyant à sa droite.

"Qu'est-ce que je viens de te dire Benny?" le foudroyant du regard.

" Okay" en levant les mains en signe de reddition. "Comme tu veux" poussant sur ses talons pour faire rouler sa chaise jusqu'à son propre bureau.

" Si Singer demande après moi..Dis lui que je suis parti à St Avent" en se levant et attrapant sa veste qui pendait au dossier de sa chaise.

"St Avent?" s'étonna Benny en repoussant sa casquette.

"Murphy y est hospitalisé...Je vais voir si je peux en tirer quelque chose"

"Il est dans le coma, je te signale"

"Tu le savais?" sourcils froncés.

"Singer " en pointant le bureau de son supérieur du menton "...ce matin, au briefing"

"Merci de m'avoir prévenu"rageur en repoussant sa chaise tout en éteignant son écran.

" Pas de quoi" se moqua Benny en sortant une flasque de sa veste.

"Arrête de boire, tu vas finir par te pêter le foie" fit Dean en s'éloignant.

"Santé" en buvant une gorgée.

.

wwwwwwwwwwwwwww

.

L'hôpital St Avent se trouvait en plein coeur de la ville, ce qui l'obligea à laisser sa voiture au parking du commissariat et à emprunter celle de fonction, un spinner.

Ce dernier en pilotage libre attérit devant l'entrée du bâtiment. Dean n'était pas friand de ses voitures hybrides automatiques. Se retrouver à plusieurs mètres du sol ne l'avait jamais emballé et ne pas en avoir totalement le contrôle lui plaisait encore moins, il préférait de loin, se retrouver sur le plancher des vaches mais il n'avait pas eu le choix. Les rues étaient engorgées nuit et jour entre vélos aux portes bagages surchargés, taxis, spinner en tout genre et metrokab, il mit 10 minutes en spinner pour un trajet qui aurait pris 5 fois plus de temps au sol.

Il présenta son badge à l'infirmière de garde qui l'amena au bloc des soins intensifs.

elle le laissa seul avec Murphy dans une chambre sans aucune autre décoration qu'un lit en suspend.

" Merde" en se frottant la nuque et s'approcha du corps de son collègue qui ne devait sa survie qu'aux tubes auxquels il était relié.

Il avait eu la poitrine explosée par un blaster et n'était maintenu en vie que pour la durée de l'enquête " règlement à la con" marmonna Dean.

Il finit par se diriger vers le mur de droite et appuya sur un bouton qui lui ouvrit la porte d'une petite armoire où étaient disposés ses effets personnels.

Il finit par y trouver une photo de Balthazar et la retourna, derrière celle-ci, une adresse.

C'était un début...

Il quitta la chambre sans intention d'y revenir, sans un regard en arrière.

.

wwwwwwwwwwwww

.

L'appartement de Balthazar Kowalski était semblable en tous points à la majorité de ceux des bas quartier. Une simple chambre avec un coin cuisine et une salle de bain attenante, le tout dans une atmosphère 20éme siècle désuette.

Arme au poing, Dean avait pénétré avec prudence dans l'antre du Nexus mais ce dernier était visiblement absent et ce, depuis un bon moment au vue des résidus de nourriture sur la table. Il baissa son blaster tout en restant sur ses gardes.

.

Le lit défait, aux draps froisés qu'il écarta du bout du canon, le fit froncer des sourcils et maugréer entre ses dents.

Les différentes sécrétions qu'il pouvait y observer lui donnèrent la conviction que le Nexus avait dû y avoir des rapports d'ordre sexuel.

"Merde" en appuyant la crosse sur son front, c'était juste impossible, les Nexus n'étaient pas concus pour avoir ce genre d'envie ou de besoin, à l'exception des "humain de compagnie".

Il se détourna du lit et posa son arme sur la commode dont il ouvrit un à un les tiroirs, les fouillant méticuleusement.

Il souleva une chemise soigneusement pliée. Et là, rangées à l'abri des regards, quelques photos usées d'avoir été trop regardées.

Les lumières blafardes de la ville qui passaient par la fenêtre à sa droite, reflétaient sur les polaroids.

Ils étaient là...Les répliquants...Tellement humains.

Une première photo avec Balthazar tenant dans ses bras Hannah Pris qui souriait à l'objectif.

Une autre d'Hesther avec la même Hannah qui n'avait plus rien en commun avec de celle présentée chez Roman corporation. Tête penchée sur la droite, les cheveux teints en blanc, coupés courts et lisses. Sauvage et innocente à la fois.

Assise sur une table, ses jambes longues et fines entourant la taille de Zhora.

Le troisième cliché confirma ses doutes, Balthazar embrassant Hannah. Lèvres écrasées sur les siennes, copiant maladroitement les attitudes humaines...C'était à la fois troublant et touchant. Dean n'aima pas ce pincement soudain qui lui serra le coeur.

Et puis une dernière photo. Il posa les trois autres sur la commode et y plongea, confus.

Castiel Batty, mains dans les poches d'une longue veste en cuir noire, pantalon baggy léger gris foncé et un sweat shirt noir. Fascinant, étrange. Il fixait l'objectif de son regard bleu tranchant, perçant. Ses cheveux en bataille malgré l'humidité qui plantait le décor. Une ruelle au milieu de nulle part.

Il fut sortie de sa contemplation par les cris de l'éternelle geisha qui vantait une nouvelle fois les mérites d'une planète lointaine et inaccessible, cette fois-ci depuis un véhicule publicitaire aérien.

Il glissa les photos dans la poche de sa veste et se dirigea vers la salle de bain. Une baignoire au rideau à moitié fermé. Le goutte à goutte du robinet de l'évier à sa gauche, une ambiance glauque qui le fit soupirer.

Il se pencha sur la baignoire et son oeil avisé repéra aussitôt un détail au fond de celle-ci. Il sortit de sa poche un petit sac en plastique et l'une des photos et la fit glisser sous une étrange écaille près du drain d'évacuation. Il l'observa un court instant et la fit tomber dans le sac.

Il se releva en expirant plus de lassitude que par fatigue et scruta l'indice une nouvelle fois en plissant les yeux. Il savait à qui s'adresser pour en savoir plus et sourit satisfait.

Il quitta l'appartement en prenant garde à tout laisser dans l'état. Il laissa un message à Benny pour qu'il le mette sous surveillance bien qu'il fut persuadé que Balthazar n'y reviendrait plus.

.

Il ne lui fallut pas plus de quelques minutes, marchant à travers la foule hétéroclite, pour rejoindre le quartier commercant.

Se dressaient là, nombres de vitrines qui exposaient des animaux en tous genres dont aucun n'était réalité.

Hiboux, chiens, chats, reptiles ...A plumes ou à poil, pour tous les goûts et toutes les bourses.

Si Dean ne pouvait s'empêcher d'être impressionner par le réalisme de certains spécimens, il ne put réprimer une moue de dépit en se souvenant du dernier animal vivant qu'il avait croisé. Un petit chiot de quelques mois.

Il l'avait vendu pour pouvoir s'acheter de quoi manger. Il lui avait rapporté une belle somme mais ce jour-là, son repas lui laissa un goût amer.

.

Seuls, aujourd'hui, les pigeons restaient l'ultime trace de vie animal au coeur des villes. Ils se partageaient ce luxe, qui n'en était plus vraiment un, avec les rongeurs. Il y avait plus de rats que d'habitants dans cette mégapole sans âme. Ils avaient beau les chasser, rien n'y faisait.

Il n'était dès lors pas rare de les retrouver dans les assiettes, servis en civet ou en râgout sans que cela n'en vienne à gêner plus personne.

.

La pluie redoubla, obligeant Dean à longer les devantures où les bannes le protégaient des surplus des gouttières.

Il heurta une vieille femme qui en perdit son sac d'où s'échapèrent quelques boites de conserve qu'il aida à ramasser sans s'excuser, à quoi bon, vu la façon dont elle marmonnait entre ses dents, elle devait s'être perdue depuis longtemps.

Il la regarda s'éloigner d'un pas rapide, tête enfoncée entre ses épaules et par réflexe, redressa le col de sa veste pour se protéger. Plus du froid intérieur qui le saisit que de cette pluie qui ne cessait de tomber.

Il reprit sa marche et finit par pousser la porte d'un magasin qui ressemblait en tous points, à un laboratoire.

Fynn Chan, le propriétaire, était spécialisé dans les reptiles et des oiseaux artificiels. Oiseaux qui piallaient posés sur leurs bâtons présentoirs en attente d'un acheteur potentiel. Leurs regards sans vie.

.

L'homme s'adressa à lui en argot mais devant la mine renfrognée de l'agent, il se répéta.

" Il fut temps où toi plus présent ici...Que veut le blade runner?"

" J'ai besoin de l'avis d'un professionnel...Et tu es le meilleur"

"Hum" en posant l'éprouvette qu'il tenait dans sa main, abaissant son masque médical qui cachait le bas de son visage.

" Parles" en lui souriant, sans émotion.

Dean sortit de sa poche le petit sac plastique.

"C'est une de tes oeuvres?" en le lui tendant.

" Hum" en attrapant le sac et le scrutant.

"Reptile...Ecaille...Serpent, je pense" en se dirigeant vers le fond du magasin où une mère et son fils débattaient sur la nécessité d'acheter ou non, une grenouille.

" Hum" refit Chan en les dépassant.

Il posa le sac sous un microscope électronique. Dean le regarda faire sans dire un mot tout en n'en profitant pour jeter un oeil sur la boutique. Il fut un temps où il venait souvent trainer par ici pour ses enquêtes mais tout avait changé et si Chan demeurait un maître dans la génétique animal, les Nexus avaient trop évolués pour qu'il puisse à présent l'aider sur ses enquêtes. Non pas qu'il n'en possédait pas les compétences mais il n'avait jamais chercher à se pencher sur cette partie là de la génétique.

Il n'en demeurait pas moins que Dean continuait à s'adresser à lui de temps à autre. Par nostalgie plus que par nécessité. Sauf le cas présent.

"Hum" en se redressant et descendant ses lunettes protectrices sur ses yeux.

"Serpent...Très bonne qualité" avec un accent prononcé.

" Tu peux savoir qui en est le propriétaire?"

" Trace numéro de série...Regarde" en lui cédant sa place. Dean regarda dans l'oculaire et apercut plusieurs chiffres et lettres sur le bord de l'écaille.

"Et? " en se tournant vers Chan qui s'était déjà penché sur son écran tactile.

" Crossroads Demon's bar...Toi connaitre? "

" Plutôt oui" en se passant la main sur la mâchoire.

" Il possède serpent...Boa albinos..Très cher...Très belle qualité"

" Merci Chan" en lui tendant quelques pièces.

" Hum" en remettant son masque en place, signifiant par là que la conversation prenait fin.

Dean sortit, remonta son col et regarda sa montre...La ville était plongée dans la pénombre du matin au soir, du soir au matin, seule l'heure indiquait les mouvements du soleil invisible en cette terre d'abandon.

Il se dirigea vers l'appartement de Balthazar pour récuperer son spinner. La soirée promettait d'être longue.

.

wwwwwwwwwwwww

.

Castiel s'arrêta devant la porte vitrée et leva la tête, regardant la pluie qui tombait telle des aiguilles droit sur ses yeux. Il les ferma quelques instants et se décida enfin à saisir la poignée. Balthazar était demeuré silencieux un peu en retrait. Il fixait l'immatriculation dans le cou de son chef. Cote barre génétique, marque d'esclavage, objet d'identification...Il ne savait quel nom donné à cette déshumanisation, il se savait répliquant mais ce qu'il savait avant tout, c'était qu'il était vivant.

Castiel entra, il le suivit...Espérant que cette fois-ci leur quête d'espoir aboutisse...Il se souvenait de ses dernières étreintes, il manquait du corps d'Hannah. Il ressentait mais était encore dans l'incapacité de mettre un nom sur ses émotions.

Il espérait pouvoir le faire si on lui en laissait le temps...

La soif d'exister...

.

Il stoppa net quand le froid du laboratoire le figea, non pas qu'il en fut incommodé, les Nexus pouvaient supportés des températures extrêmes allant de moins 200 à plus 600. C'était là un atout pour l'exploration de planètes lointaines aux atmosphères hostiles.

Mais ce froid-ci, c'était celui de l'appréhension.

.

Castiel se dirigea d'un pas affirmé vers le fond du long du labotoire plongé dans un froid cryogénique qui aurait tué n'importe quel être humain normalement constitué.

" Qui êtes-vous?" hurla un homme à la voix étouffée par sa combinaison de protection.

" Zachariah? " s'informa froidement Castiel.

" Comment êtes-vous rentrés ici? Comment savez-vous mon nom? Qui êtes..." en s'interrompant soudain. " Nexus 6?" tout sourire en tendant sa main gantée vers le visage de Castiel qui se rétracta.

" Magnifique" en plongeant son regard dans le sien. " Je suis celui qui a concu vos yeux" admiratif devant sa propre oeuvre.

" Si vous saviez ce qu'ils ont vu" souffla Castiel en se penchant vers lui. " Si vous pouviez voir avec vos yeux ce que ses yeux ont vu" en posant la main sur son masque dur.

Zachariah perdit son sourire devant la froideur du regard de son vis-à-vis.

" Vous ne devriez pas être ici" en reculant d'un pas.

" J'ai besoin de toi, Zachariah" en se tournant et tendant la main vers un bécher. " J'ai besoin que tu prolonges nos vies"

" Je...je ne peux pas...Je crée les yeux...Lui vous a programmé"

" QUI? Qui, Zachariah"

" Roman...Dick Roman...Il est votre créateur...Il a concu votre esprit, votre cerveau" en se tapant le crâne via son casque.

" Un homme de bien...Un génie " dit Castiel, en plongeant ses doigts dans le liquide azote pour en saisir un oeil. "Je veux lui parler".

" C'est impossible...Nul ne peut lui parler...Je ne l'ai jamais rencontré, ni même approché de près ou de loin" fit-il horrifié en le regardant reposer l'oeil dans son récipient. " Je travaille pour lui mais il a toujours refusé tout contact avec moi autre que formel"

Castiel observa sa main et attrapa brusquement le tuyau qui raccordait l'homme à la centrale d'oxygène.

" J'ai besoin de vivre...plus" en le rapprochant de lui.

"Pardon?"

" Il ne nous reste que peu de temps...Je dois voir Père"

" Je ne peux pas vous aider" la voix tremblante tout en fixant la main crispée sur son arrivée d'oxygène.

" Notre vie arrive à sa fin Zachariah et ses yeux" en pointant les siens, bleus comme l'acier. " vont s'éteindre à jamais... Lui seul peut nous sauver...Pourquoi refuse-t-il de répondre à nos prières?" en tiquant.

" Je vous en supplie" sentant la main se resserrer et l'air se raréfier.

" Pourquoi? " sincèrement perdu.

" Je ne sais pas...Je vous le jure...Je ne suis qu'un petit généticien de l'ombre "

" Nombres des miens meurent à l'instant où je te parle, nombres des miens s'éveillent et ouvrent TES yeux sur leur future mort...Je ne peux m'y résoudre... Ils méritent de vivre autant que vous, humains car nous sommes chairs, sang et esprit" en arrachant le tuyau du masque. " Je suis désolé" en relachant sa prise. Il s'écarta partagé entre l'horreur de son geste et sa nécessité.

Ses yeux, miroirs de l'âme...Ses yeux symboles de vie, de lumière.

"Qu'allons-nous faire?" s'inquiéta Balthazar passant du visage impassible de Castiel au pantin désarticulé qu'était devenu Zachariah.

Batty le regarda tenter de rattraper le tuyau qui fuyait sous la pression. Zachariah mourait et il n'y trouva là aucun plaisir. Il connaissait la valeur d'une vie, chacune d'elle était précieuse mais le généticien continuerait à créér des êtres comme lui, voués à servir les hommes et à mourir sans manquer à aucun d'entre eux.

.

Ses hommes qui leur accordaient si peu de valeur. Ils étaient nés pour obéir, nés pour se soumettre sans poser de question. Ils n'avaient droit à aucune considération car supposés sans conscience, sans âme, au génome artificiel, les rendant incapable d'empathie.

Castiel serra les poings en voyant les yeux de Zachariah s'éteindre dans les siens. Dans ce regard, tout fut dit... Le généticien y vit le fruit de son travail...le doute et l'émotion firent vascillés le bleu acier.

"Partons" ordonna froidement Castiel.

.

Fin 1er partie.

.

J'espère que cette première partie vous aura donné envie de continuer l'aventure.

En espérant, avoir réussi à respecter tous les personnages, tant ceux du film que de la série.

.

A dimanche pour la suite de mon UA : "Les affres de la gloire".

A jeudi prochain pour la deuxième partie de cette fic-ci.

.

Love you.