Réponses aux RAR à la fin du chapitre


Épilogue : le bonheur tout simplement.


- « Non, papou, c'est pas nous », répondent en chœur deux voix enfantines.

Les deux fillettes en tout point identiques se tiennent droites comme des i, les bras derrière le dos et le visage empreint de ce mélange d'innocence propre à leur âge. Les cheveux blonds comme les blés, Kendra et Kayla font front commun face à l'un de leurs deux pères. Un père qui hésite sérieusement entre les réconforter pour avoir osé les croire coupables ou les réprimander parce que bien évidemment, elles sont peut-être en train de le mener en bateau. Ce qui ne serait pas la première fois.

Un peu plus loin, Kensei lâche un soupir à fendre le cœur. Il a compris que ses deux filles sont bel et bien responsables d'avoir envoyé le ballon en direction de la maison, brisant au passage le carreau de la salle à manger. Mais le pire reste encore qu'il voit venir le moment où sa douce moitié va se faire avoir en beauté et fondre devant les deux anges diaboliques. A ses côtés, ses amis se gaussent de la situation.

- « Arrêtez de vous marrer ! Vous croyez que ça m'amuse d'aller jouer les gendarmes ? »

- « Qu'est-ce que tu veux Kensei, ton mari est une chiffe-molle quand il est face à vos deux gosses. »

- « Merci Grimmjow, j'avais vraiment besoin que tu exprimes tout haut le calvaire de mon quotidien ! », soupire l'argenté en se levant pour se diriger vers les trois amours de sa vie.

- « Tu aurais pu être un peu plus diplomate, Grimmjow », intervient Sosûke.

- « Je dis juste les choses comme elles sont. Et ces gamines, elles lui feraient battre la merde avec un bâton à Kisuke. »

- « Oh, c'est élégant ça, Grimm ! »

- « Yumichika, je pense que Grimmjow se fiche bien d'être élégant », lâche Ichigo en continuant à faire passer les plats d'amuse-bouche. « Cela dit, il n'a pas complètement tort. Elles sont infernales avec Kisuke, et nous savons tous très bien pourquoi. Il manque d'autorité. Il n'y a qu'à voir comment ça se passe avec Kensei. »

Tous se retournent vers l'endroit où Kensei vient de rejoindre les trois membres de sa famille. Ils voient l'argenté croiser les bras et darder sur les deux fillettes un regard sévère. Les gamines tentent bien une dernière bravade, mais échouent lamentablement. Faire tourner en bourrique leur papou adoré est une chose, berner leur papa en est une toute autre. Vaincues, elles baissent les yeux, admettant aux yeux de tous et de ceux effarés de Kisuke Urahara-Muguruma, leur responsabilité pleine et entière dans la destruction de la vitre. Vexé de s'être fait avoir, Kisuke se met à faire des grands gestes avant de lever le doigt en signe de conclusion pédagogique, les deux fillettes buvant ses paroles sous l'œil acerbe de leur autre père.

Les autres voient les deux gamines filer, l'air contrit le temps que leurs pères tournent le dos pour revenir vers eux. Parce qu'une fois qu'elles ne sont plus surveillées, elles se mettent à pouffer de rire et rejoindre les autres enfants, probablement avec l'idée de commettre d'autres méfaits du haut de leurs quatre ans.

- « Je pense avoir été juste mais sévère », décrète Kisuke alors que lui et Kensei viennent s'asseoir sur le petit canapé d'extérieur.

- « C'est l'moins que tu puisses faire après t'être fait embobiner », crache un certain bleuté.

- « Grimmjow, tu n'y connais rien en éducation, alors je te saurais gré…

- « Toi non plus. Si Kensei n'était pas intervenu, elles t'auraient encore fait marcher… quoique courir serait plus approprié », s'esclaffe Grimmjow, rejoint par la plupart des adultes présents.

Interdit pendant quelques secondes, Kisuke passe d'un visage à l'autre et finit par s'arrêter sur celui de son époux, qui s'il n'est pas du tout amusé, semble être gêné.

- « Toi aussi, tu penses que je m'y prend mal ? »

- « Kisuke, vois la vérité en face. Tu es incapable de leur résister. »

Le blond est déçu. Bien sûr, il est conscient de ne pas parvenir à se faire respecter comme Kensei, mais de là à remettre en cause ses compétences dans l'éducation de leurs filles, ça lui fait mal de l'entendre à haute voix.

- « Eh bien, je ne pensais pas que tu doutais à ce point de moi », finit-il par murmurer.

- « Je ne doute pas de toi, mais tu manques d'autorité avec elles et elles l'ont bien senti. C'est toi l'adulte, et parfois tu dois leur refuser certaines choses. Leur mettre un cadre sinon ça débordera toujours. »

- « Elles sont en train de grandir et te tester. Ryoko et Seiichi ont fait la même chose avec nous », explique Ichigo en se tournant vers Sosûke qui confirme d'un hochement de tête.

- « Mais je les vois toujours comme mes bébés. Je me souviens encore lorsqu'on est allé les chercher à l'orphelinat. Elles étaient si petites… »

Le blond est ému, perdu dans des souvenirs pourtant pas si lointains. C'était il y a quatre ans, plus d'un an après leur mariage et après de longs mois de démarches pour obtenir l'aval des services sociaux, ils pouvaient enfin adopter deux enfants, des jumelles nées cinq jours plus tôt.

Beaucoup de choses avaient changé au cours des sept dernières années. Comme bon nombre de pays, le japon avait légalisé le mariage entre personnes de même sexe et quelques années plus tard, autorisé ces couples à adopter. Un bond en avant dont avaient profité en premier lieu Ichigo et Sosûke. Le brun n'avait pas attendu bien longtemps avant de demander à Isshin la main de son fils, entérinant par la même occasion le partage de paternité de Ryoko et Seiichi avec un Ichigo aux anges. Un instant mémorable autant pour le père que pour le gendre.

** Petit flashback **

La nervosité est un sentiment qui se sent et parfois se transmet. Isshin devient d'un coup inquiet. Face au petit ami de son fils, il se demande pourquoi l'homme qu'il a appris à apprécier malgré des débuts difficiles, se tient face à lui et sa femme, mal à l'aise et cherchant visiblement des mots qu'il manie pourtant si bien. Et comme trop souvent, l'impulsivité du brun dépasse la raison.

- « Vous allez quitter Ichigo ! C'est ça hein ? Oh mon dieu ! Tu vois Masaki, je le savais qu'on ne pouvait pas faire confiance à cet homme-là. Il va encore abandonner notre bébé, après deux ans d'un bonheur sans nuage. Mais comment Ichigo va le prendre, hein ? Il va encore sombrer. Oui, c'est ça, il va de nouveau tomber dans une déprime sans fond… »

- « ISSHIN ! Si tu laissais Sosûke-san nous dire ce qu'il a à dire, au lieu de débiter des âneries aussi grosses que toi !»

- « Mais enfin Masaki, je ne suis pas gros ! Je suis bien fait de ma personne et… »

- « Et tu vas te taire ! », assène la rouquine avant de se tourner vers l'autre homme. « Sosûke-san, il n'y a aucun problème avec Ichigo ou avec les enfants ? »

- « Pas du tout, Masaki. Je vous assure que tout le monde se porte bien et qu'il n'est pas dans mes intentions de quitter Ichigo. Je l'ai, je le garde. »

- « Ah tant mieux ! Tu vois, Isshin, tout se passe bien dans le couple de notre fils. Pas la peine de partir dans tes délires ! »

Bien évidemment, le brun n'a rien trouvé à répondre à sa femme, alors il se contente de bouder comme un gamin.

- « En fait, notre couple est en partie l'objet de ma visite… Monsieur et madame Kurosaki, me feriez-vous l'honneur de me donner votre bénédiction dans le projet qui est mien d'épouser votre fils ? »

La demande un peu pompeusement tournée prend vite les deux parents à contre pied. Une fois la surprise passée, Masaki affiche un sourire et s'apprête à répondre, émue qu'elle est de savoir que le premier de ses enfants va convoler en juste noce. C'était sans compter son imprévisible époux qui se met à pousser de gros sanglots. Alerté par les reniflements, elle et son futur gendre se retournent vers le grand homme dont le visage est barbouillé de larmes.

- « Enfin Isshin, qu'est-ce qui te prend ? », demande-t-elle abasourdie alors que Sosûke attend toujours sa réponse.

- « Masaki, notre fi... notre fi… notre fifils…il va se marieeeer. »

Et le voilà reparti à pleurer comme une madeleine bien mouillée. La vision fait peur à voir et Sosûke n'ose rien dire, de peur de déclencher une autre réaction étrange. Celle-là le met déjà amplement mal à l'aise, même s'il estime, compte tenu de sa connaissance du bougre, qu'elle est positive.

- « Isshin, tu te rends compte que si nous ne donnons pas à Sosûke-san de réponse, il n'y aura pas de mariage, n'est-ce pas ? »

Et là, comme par miracle, les larmes se tarissent d'elles-mêmes et le brun redevient grave.

- « Mon dieu comme tu as raison, Masaki. Heureusement que je l'ai avec moi », lance-t-il avec un clin d'œil à Sosûke, vers lequel il se dirige en lui tendant la main. « C'est un plaisir pour moi de vous accueillir dans la famille, Sosûke. Bien sûr que nous vous accordons la main d'Ichigo, hein Masaki ? »

La rousse vient enlacer son gendre entre ses bras.

- « Oui, bienvenu dans cette famille, Sosûke. Quand est-ce que vous comptez faire votre demande ? »

- « Demain soir. J'avais pensé vous amener exceptionnellement les enfants… »

- « Oh, vous allez lui faire la surprise ? Comme moi, avec Masaki. Un bon dîner aux chandelles, quoi de mieux dans le genre romantique, hein ? »

- « Oui, sauf lorsque votre prétendant renversent les chandelles en voulant s'agenouiller devant vous et met le feu à la nappe. »

Malgré la solennité du moment, Sosûke ne peut s'empêcher de rire en imaginant la scène. Un truc à ne pas omettre de raconter à son future et tendre.

- « Oh, c'est pas gentil ça Masaki. », se met à bouder le grand dadais. « Et puis, tu as quand même dit oui ? »

- « Evidemment, tu m'as fait tellement rire ce soir-là et pendant toutes ces années », répond la femme attendrie par son gaffeur de mari. « Sosûke, nous garderons les enfants avec plaisir. »

** Retour au présent **

La demande fût romantique en tous points et aucune catastrophe n'arriva ce soir-là. Les larmes aux yeux, Ichigo ne put qu'hocher frénétiquement la tête, incapable d'aligner le moindre mot, ce qui a fait songer à Sosûke que le fils tenait un peu du père.

Après de longues minutes à lui faire l'amour, Sosûke a fini par vendre la mèche de la demande en mariage quelque peu chaotique de son paternel, provoquant une hilarité jouissive chez le plus jeune qui s'est empressé de raconter plus tard l'anecdote à ses deux sœurs, au grand dam de leur papa !

Le mariage fût certainement le plus fleuri qui soit, avec des mariés aussi émus l'un que l'autre et deux enfants, alors âgés de deux ans et quatre ans, heureux de lancer des pétales dans l'allée centrale, emplis du sérieux de la tâche qui leur incombait ce jour-là.

Oui, un beau mariage qui a donné des idées aux deux K qui les ont imités un an et demi plus tard dans un genre très différent. Fier de sa profession autant que de celle de son compagnon, Kisuke a souhaité les mettre en évidence avec toute l'extravagance dont il est coutumier. A l'inverse, Kensei a tenté de réfréner l'imagination débridée de son promis, essayant de saupoudrer un soupçon de sobriété au-dessus des idées un peu folles que le blond n'a cessées d'émettre pendant l'année préparatoire au grand jour. Il a réussi à arracher un accord ferme au blond de ne pas faire de son métier de kiné un thème à ce grand jour. Pour le reste, bah disons qu'il a subi !

*** Petit souvenir ***

Les invités pénètrent un à un dans la salle, tous bouche bée. La pièce est vaste, entourée de murs plaqués de chêne, dominée de hauts plafonds pourvus de moulures en stuc et de lustres vertigineux en cristal. Des tables ovales sont disposées avec art et recouvertes de nappes d'un blanc virginal (même s'il est vrai que ce terme semble inadéquat aux deux hommes). Le choix du lieu fait monter d'un cran l'enthousiasme des invités car les jardins extérieurs valent déjà de loin l'architecture intérieure.

Malheureusement, la première impression ne dure pas, car les petits éléments de décoration frappent littéralement les gens. Çà et là, en lieu et place de vases et de bouquets de fleurs, ils découvrent des tubes à essais contenant des liquides aux couleurs étranges, certains émettant des vapeurs peu rassurantes. Oh, il y a bien des fleurs, mais elles sont rares. Quelques roses sans tige et sans feuille semblent flotter à l'intérieur de longs vases translucides. Ichigo a réalisé de véritables œuvres d'art même si ça lui a fait mal au cœur de dépourvoir ses belles roses d'une partie de ce que qui fait leur charme. Des lys jaunes et blanc viennent compléter le tableau, élégamment agencés par le fleuriste qualifié, car pour le reste, choisir de mettre des plantes grasses et des cactus n'est pas une idée bien commune pour un mariage. Comme Ichigo l'a si gentiment souligné à Sosûke, « De quoi veux-tu discuter avec cet âne bâté de Kisuke ? »

En attendant, l'assistance est circonspecte face à ce spectacle étrange. Si Yumichika regarde l'ensemble d'un air ouvertement dégoûté, Ichigo affiche un air inquiet, serrant près de lui le petit Seiichi qui, après un « Oh regarde papa Ichi, c'est bô ! », ne demande qu'à aller à s'amuser avec les jolis verres. Quant à Sosûke, il se gausse de la réaction des personnes autour de lui. Connaissant son meilleur ami, la suite risque d'être rock'n'roll.

[…]

Un bruit de verre brisé et tout la salle vient de sursauter. Soudain, la sono laisse filtrer à travers ses enceintes la musique du film Psychose. Tout le monde se regarde, chacun croyant à une blague du plus mauvais goût.

- « Qu'est-ce fou a encore prévu ? » fait Yumichika à l'attention d'Ichigo.

Le brun lance un regard acéré dans la direction du seul chimiste présent, à l'exception de son chéri. Assis à la table juste à côté de celle occupée par les mariées et les amis, il est très proche d'Ichigo qui, certes, lui tourne le dos, mais avec qui il a pu néanmoins converser tout au long du repas. Un repas composé de plats expérimentaux, surprenant dans leur présentation mais au demeurant, fort délicieux.

- « J'en sais rien, mais cette musique me fout les jetons. »

- « Allons, allons, Ichigo, ce n'est pas une musique qui va te faire peur. Et puis tu connais Kisuke, il adore en rajouter dans la représentation », fait Sosûke.

- « Justement, je le crois capable du pire, ton copain Kisuke. »

- « T'es au courant Izuru ? », demande Yumichika.

Le blond qui n'est plus l'assistant d'Urahara depuis maintenant un an, n'a pas le temps de répondre non de la tête que l'animateur de la soirée invite les convives à rejoindre les mariés au fond de la salle pour une surprise.

- « Bon sang, j'aime pas ça », murmure Yumichika en se levant.

Alors qu'il l'imite, Ichigo parvient à lancer : « Grimmjow, tu surveilles Ryoko. »

La fillette de six ans, encore accrochée au basque de son oncle préféré, était en effet sur le point de se rapprocher des deux héros de la soirée, au grand déplaisir de la mère poule aux cheveux roux.

- « Qu'est-ce que tu veux qui lui arrive ? »

- « Je ne sais pas, d'être la victime d'une expérience qui aurait mal tournée, par exemple ? On parle de Kisuke Urahara bon sang! »

- « Ichigo, tu dramatises. »

- « Sosûke, regarde-moi bien en face », demande Ichigo en attrapant son époux par le bras. Le brun s'arrête et obtempère, certain qu'ignorer les angoisses de la mère en Ichigo ne serait pas bon pour son matricule. « Peux-tu me garantir que ce qui va se passer est sans danger pour nos enfants ?... Mais au fait, où est Seiichi ? »

La panique commence à gagner le jeune homme. Surtout lorsqu'il retrouve son fils dans les bras de son parrain Kensei, palabrant avec Kisuke qui semble lui faire des confidences tout en lui faisant des 'chut' et des clins d'œil. Bref rien qui ne puisse rassurer le papa.

- « Oh, bon sang, il est au première loge ! »

- « Ichigo, calme-toi. Je sais bien que tu penses que Kisuke est un peu farfelu, mais il est très pro dans son métier. N'est-ce pas Izuru ? »

- « En effet. Bien qu'une expérience puisse toujours rater », ajoute l'autre de façon laconique.

C'est lorsqu'il croise les yeux de tueur d'Aizen que la pauvre blond réalise la bévue qu'il vient de commettre.

- « Tu vois, même Izuru qui le connait bien… »

- « Ichigo ! Kisuke ne mettrait pas sciemment notre fils en danger. Si tu ne le crois pas, sois au moins sûr qu'il ne prendrait pas ce risque avec moi », ajoute la voix du brun qui sonne comme une menace pour le pauvre Kisuke, marié peut-être pour un jour seulement.

A moitié rassuré et toujours avec cette sinistre musique de fond, le rouquin continue d'avancer jusqu'au fond de la salle, jusque devant l'estrade où est installée la sono. Alors que le rassemblement parait avoir atteint son objectif, les lumières s'éteignent brusquement, arrachant des cris de surprise de plusieurs convives et des gloussements de Ryoko qui s'amuse comme une petite folle.

- « J'ai pas peur moi ! T'as peur tonton Grimmjow ? »

- « Nan, il a pas peur, j'suis là pour le protéger et lui il t'protège », explique la voix grave de Kenpachi.

- « Dis-donc, depuis quand je suis une princesse en détresse ?, regimbe le bleuté.

- « Grimmjow, c'est pas une princesse, tonton Ken ! »

- « Si, c'est ma princesse à moi », répond pour lui-même le géant. Si son bleuté l'entendait, pour lui aussi, ça chaufferait pour ses fesses.

Une porte s'ouvre, révélant une gigantesque structure de glace à l'image des deux mariés, que deux serveurs avancent sur une table à roulettes. L'ensemble est scintillant grâce à des lumières savamment disposées autour.

- « Ouah, c'est super joli. T'as vu tonton Grimmjow ? », demande Ryoko.

- « Ouais, ouais, ça en jette. Je me demande juste à quoi sert la bassine dans lequel ils ont foutu cette horreur. »

- « Moi aussi », reconnait Yumichika, qui d'un froncement de sourcils, se met à détailler l'œuvre d'art représentant les deux hommes enlacés. A travers, on distingue quelque chose mais ça reste flou à cause de l'épaisseur de la glace. La ressemblance n'est pas parfaite mais c'est assez ressemblant.

- « C'est pas trop mal fait », glisse-t-il à voix basse. « Enfin, si l'on aime ce genre de truc kitsch. »

- « Mais non, c'est pas une horreur », regimbe la petite. « C'est tonton Kensei et tonton Kisuke, tu vois pas ? »

- « Si, si, je vois. C'est juste que je trouve ça moche », répond le bleuté avec franchise, attirant des pouffements de ceux qui les entourent.

D'un même mouvement, les deux mariés avancent la main et verse un liquide fumant et carmin, rappelant le sang, sur la base de la structure.

- « Si ça se trouve, ça va nous péter à la gueule », murmure Grimmjow.

- « Faudrait mieux pas. Parce que si mon costume n'a, ne serait-ce qu'une tâche, je l'atomise le chimiste », chuchote sèchement Yumichika.

- « Je m'en fou de mes fringues, moi c'est pour Seiichi que je m'inquiète. »

- « Lâche-moi, tonton Grimmjow, je voudrais voir de plus près », demande la petite fille en se débattant pour échapper aux bras musclés qui la maintiennent.

- « Peux pas, sinon ta môman va me trucider. »

- « Non, Ryoko, tu ne bouges pas de là, ça pourrait être dangereux ! », s'exclame Ichigo sans même relever le terme moqueur du bleuté et attirant par le son de sa voix l'attention de tout le monde. Ce dont il se fiche royalement.

- « Vous pouvez vous approcher, ce n'est pas dangereux », croit bon de préciser Kisuke à ses invités.

Certains commencent à se mouvoir, pour s'arrêter aussitôt que la sculpture commence à émettre des bruits incongrus et des gaz de toute couleur.

- « N'ayez crainte, tout est sous contrôle », ajoute le blond tandis que Kensei lève les yeux au ciel et que Sosûke a mis la main devant sa bouche pour ne pas exploser de rire.

Petit à petit, la glace fond, faisant s'écouler l'eau dans la bassine qui trouve toute sa signification. Après quelques minutes de 'oh' émerveillés de la part des plus jeunes et d'intense inquiétude de la part d'Ichigo, la sculpture n'est plus. A la place, se dresse une structure en étage où reposent plusieurs gâteaux très appétissants.

- « Sacrément ingénieux », s'extasie Izuru.

- « Ouais, ouais, tout ça pour présenter des desserts tout ce qu'il y a de plus classiques. Franchement, je trouve ça ridicule. Et quand est-ce qu'il l'arrêter sa musique de merde l'autre ? », crache le brun en dévisageant le DJ.

- « Yumichika, soit honnête c'était plutôt réussi », fait remarquer Sosûke.

- « Sosûke, tu veux que je te dise : il n'y a que toi et son propre mari pour admirer les idées fantasques de ce grand malade. »

- « Entièrement d'accord », renchérit Ichigo, bien content que ses enfants ne soient pas blessés.

Reste à veiller à ce qu'ils ne soient pas malades avec tout ce sucre.

** Retour au présent **

Aujourd'hui, les deux hommes sont les heureux parents de deux filles aux prénoms commençant aussi par un K et que Kisuke a tendance à trop gâter.

- « Elles ne sont plus des bébés. Elles vont à l'école et sont plutôt intelligentes. »

- « Oui, très intelligentes, comme leur papou ! »

- « C'est pas ce que Sosûke a dit », fait remarquer Karin, agacée par l'air extatique du père.

La jeune fille revêche et un peu garçon manqué a fait place à une très belle jeune femme aux longs cheveux bruns. Mariée depuis trois ans et mère d'un petit Tôshirô, elle sait ce que cette responsabilité incombe et à chaque fois qu'elle voit le blond officier en tant que père, elle est anéantie par son manque de maturité.

- « Ouais, il comprend ce qu'il veut surtout quand ses 'bébés' sont concernés. »

- « Grimmjow, tu ne sais pas ce que c'est d'être un papa de nos jours. »

La plupart lève les yeux au ciel alors que Grimmjow se marre en confirmant : « Ouais, et j'ai pas l'intention d'en avoir. J'ai une belle-fille qui va bientôt accoucher alors ça suffit amplement. »

- « Je confirme », intervient la voix gutturale de Zaraki, occupé à cuire la viande sur le barbecue à gaz.

- « Au fait, quand accouche-t-elle Yachiru ? »

- « Dans un peu plus de trois mois », répond le géant.

- « Et ça fait quoi de devenir grand-père ? »

Zaraki hausse les épaules, les yeux toujours fixés sur sa viande. Il faudra se contenter de cette réponse. Bien évidemment, voyant une opportunité de donner un avis qu'on ne lui a surtout pas demandé, Isshin se croit bon d'apporter sa vision des choses.

- « C'est merveilleux d'être grand-père. Si, si, je vous assure. Avec les enfants, vous avez la responsabilité de leur éducation, de leur montrer le chemin de la vie. Comme l'a dit Ichigo, ça signifie parfois de ne pas avoir le beau rôle. Celui du gentil qui cède tout. Non, être parent c'est être ferme et mature… »

Un échange visuel entre les deux seuls enfants Kurosaki présents en dit long sur ce qu'ils pensent de cette affirmation. Et si on ajoute le mini soupir détectée chez celle qui est marié à l'hurluberlu, il n'est pas insensé de penser que seule la présence de cette femme forte a permis à ses enfants de ne pas être traumatisés !

Et pendant ce temps, l'autre continue sur sa lancée.

- « Avec les petits-enfants, c'est complètement différent. Vous n'avez pas cette responsabilité. Vous faites ce que vous voulez. Vous leur apprenez pleins de petits trucs, les blagues à faire, les bons mots à ne pas dire… » Là, le brun de met à ricaner, puis sur le mode de la confidence, il ajoute à l'attention de Grimmjow qui se demande bien pourquoi l'autre lui porte de l'intérêt : « Vous avez toujours le beau rôle en les gâtant. De toute façon, les parents ne peuvent rien dire… »

Comme d'habitude, Isshin a oublié devant quel auditoire il se trouvait et les paroles ne passent dans l'oreille de sourds.

- « Est-ce à dire, mon cher Isshin », le coupe fraîchement Sosûke, « que c'est à vous que nous devons ce vocabulaire très fleuri sortant de la bouche de Ryoko et Seiichi ? »

Réalisant la gaffe qu'il vient de commettre, Isshin décèle bien vite les regards noirs de ses deux enfants, et en bon courageux, il cherche très vite son épouse dont les yeux ne sont pas moins courroucés.

- « Isshin, tu te rends compte de ce que tu dis ? »

- « Mais Masaki, je n'ai rien fait ! », tente de protester avec sa mauvais foi habituelle le grand brun.

- « Tu viens d'avouer, triple andouille ! », vocifère Karin. « Non, mais j'arrive pas à croire que tu sois aussi négligent. Tes petits enfants boivent tes paroles, tu le sais seulement ça ? »

- « Oh c'est vrai ? Tu crois qu'ils m'aiment bien ces petits… »

- « Là n'est pas la question ! », rajoute Ichigo.

Le jeune trentenaire est agacé par le côté désœuvré de son père, ce d'autant qu'il se souvient maintenant qu'à chaque fois que les enfants sont revenus de vacances passées avec leurs grands-parents, leur langage s'est systématiquement enrichi, et pas de la meilleure façon qui soit.

- « En tout cas, moi je serai plutôt du genre à les empêcher d'faire ça. Yachiru a toujours eu tendance à jurer et je l'ai toujours reprise. Et puis, j'lui ai rarement cédé. Faudra bien que quelqu'un veille au grain. »

- « Voilà une parole sage, Zaraki-san. Prends-en de la graine, Isshin », lance Masaki à son mari, qui a le bon ton de paraître coupable face à sa famille.

- « Et toi Izuru, ça ne te donne pas envie tous ces enfants ? »

- « Hola ! Nous sommes bien trop jeunes pour devenir parents. »

Cette déclaration péremptoire vient de sortir de la bouche du brun élégamment vautré contre le torse de son désormais fiancé, assis sur une balancelle à deux places. Les deux hommes sont plus amoureux que jamais. Les épreuves qu'ils ont subies les ont ressoudés aussi fort que les doigts de la main, après avoir failli les séparer définitivement.

- « Dois-je te rappeler Yumichika que vous avez tous les deux trente ans ? Tu as toi-même dépassé la trentaine de plus de … »

- « De seulement trois ans ! Et Izuru aura trente dans cinq mois, alors cesse de vieillir prématurément mon fiancé, Ichigo ! » assène l'interpellé sur un ton offusqué qui arrache un sourire à son blond.

- « T'es en terrain glissant, gamin », fait la voix de Zaraki, avant d'ajouter pour le rouquin qui de toute façon comprend déjà l'allusion : « Yumichika ne vieillit pas comme nous, pauvres humains. »

- « Il a peur qu'un marmot lui donne des cheveux blancs ! », raille son double aux cheveux bleus, provoquant l'hilarité quasi générale. Quasi car le visé ne semble pas goûté la blague.

Il est d'ailleurs effarant de constater à quel point le jeune chef puisse être sensible à tous le sujets se rapprochant de près ou de loin aux notions de vieillesse, de rides, de dépérissement…. Instinctivement, il se tend et arbore un air à la limite de la panique.

- « Cessez d'ennuyer mon chéri. Pour les enfants, nous ne sommes pas pressés. Ça viendra quand nous serons prêts. On a déjà un mariage à organiser. »

- « Et vous avez bien raison. Les enfants ont besoin de stabilité, c'est bien d'avoir une vie bien rangée avant de les accueillir. »

- « Merci madame Kurosaki. »

- « Yumichika, je t'ai déjà demandé de m'appeler Masaki. »

Le brun répond par un sourire à la femme qu'il a appris à apprécier au cours de ces dernières années. Rejetés par ses propres parents lors de son coming out, il l'a pratiquement adoptée comme mère de substitution. Il se renfonce confortablement entre les bras d'Izuru qui vient déposer un baiser sur sa tempe.

- « Et puis, il y a le petit Ikkaku. »

Le prénom a été lâché avec beaucoup de douceur. A un autre moment, une toute autre personne aurait provoqué une vive tension entre les personnes réunies par ce dimanche ensoleillé. Mais c'est Kensei qui a abordé le sujet, pas son gaffeur de mari. Sans doute l'a-t-il fait précisément pour damer le pion à Kisuke.

Aujourd'hui, près de cinq ans après les évènements, seule une légère mélancolie gagne l'ensemble des amis. Car cela fait déjà cinq ans qu'un matin de juin, Zaraki s'est étonné de ne pas voir arriver ses deux chefs siamois, comme il aimait à les appeler. Les deux amis inséparables qu'il avait engagés en même temps : Yumichika Ayasegawa et Ikkaku Madarame. Cinq ans que le restaurateur a appris par un coup de téléphone strident que son premier chef venait de périr dans un accident de la circulation, bêtement fauché par un camion alors qu'il traversait une rue pour rejoindre Yumichika.

A l'époque le choc de la nouvelle s'est répercutée sur l'ensemble des personnes gravitant autour du chauve.

Ichigo a été touché plus qu'il ne l'aurait imaginé et surtout plus que Sosûke ne l'aurait voulu compte tenu de son antécédent dépressif. L'amour de son mari et la présence de ses deux petits anges n'ont pu empêcher le fleuriste de broyer du noir pendant plus d'un mois. A nouveau, ses parents et ses sœurs ont connu les affres de l'inquiétude, mais pire encore, Ryoko et Seiichi ont par mimétisme avec leur papa Ichi affiché une profonde mélancolie, eux qui étaient alors la joie de vivre personnifiée. Malgré sa compréhension quant à la perte de son ami, Sosûke a dû prendre le taureau par les cornes et bousculer son époux pour le sortir de sa dépression. Le couple a eu alors leur première dispute depuis leur séparation avant la tentative de suicide d'Ichigo. Effaré par son comportement irresponsable vis-à-vis de ses enfants, Ichigo s'en est longtemps voulu de s'être laissé abattre, d'avoir tout gardé pour lui. Encore une fois. Il a refait surface et aujourd'hui, il connait mieux ses propres faiblesses et sait qu'il peut compter sur son roc de mari.

Hanatarô Yamada, admirateur devant l'éternel et petit ami attitré d'Ikkaku, lui a été littéralement anéanti. Paradoxalement, il a su s'en sortir. Bien sûr, il a traversé des mois et des mois affichant une tristesse de circonstance, mais parvenant tout de même à exercer son métier. Le soutien de Zaraki, ainsi que celui de Grimmjow de plus en plus présent dans la vie du restaurateur, a permis à Yamada de dépasser la douleur qu'avait engendré la perte de son modèle et de son premier véritable amour. Il a su reprendre le cours de sa vie et a fait du bleuté son nouveau sensei, car Hanatarô ne saurait mener sa vie sans un modèle en ligne de mire. Au terme d'un deuil de trois longues années, il a rencontré une jeune femme qu'il a fini par épouser. À ceux qui ont été étonnés de son choix de compagne, il a répondu qu'il ne pourrait jamais tomber amoureux d'un autre homme qu'Ikkaku Madarame. Pour couronner ce nouveau départ dans la vie, il est devenu papa il y a cinq mois d'un petit Ikkaku, dont Yumichika s'est immédiatement décrété parrain, sans même demandé l'avis parents. Heureusement que ces derniers l'avaient choisi !

Et enfin, Yumichika. Le meilleur ami, le frère d'armes d'Ikkaku. Finalement, c'est lui qui a été le plus touché par le décès inopiné du chauve. Il a littéralement plongé, ne devant sa survie qu'à Hanatarô. Incapable de surmonter sa peine, le brun s'est laissé aller. Ça a commencé par un comportement irascible qui au début, lui a été pardonné. Puis, parce qu'il a bien fallu à Zaraki remplacer Ikkaku, ce furent les altercations avec Ashido Cano, le nouveau chef. Aussi posé qu'Ikkaku était impulsif, aussi respectueux qu'Ikkaku pouvait être sans gêne, tous les opposaient. Pourtant, ça n'explique pas pourquoi Yumichika l'a détesté. Non, peu importe la personne retenue, Yumichika l'aurait détestée parce qu'elle symbolisait le comble du vide créé par l'absence de son ami. Et Zaraki a dû alors faire un choix. Un choix difficile mais raisonnable étant donné que Yumichika mettait en danger la survie du restaurant. Il a pris le parti de l'autre, de celui qui osait prendre la place qui ne lui était pas destinée. En dépit des efforts d'Izuru pour expliquer cette décision, Yumichika s'est refermé, allant jusqu'à rejeter son blond aux yeux magnifiques. Au restaurant, le brun se ferma aux autres. Les retards devinrent de plus en plus fréquents, jusqu'aux premières absences, qui à leur tour, devinrent légion. En réalité, Yumichika menait à cette époque une vie de dépravé, s'abrutissant de musique dans les boites, buvant plus que de raison et couchant à droite et à gauche.

Puis, un soir, n'y tenant plus, Hanatarô a demandé à Zaraki et à Izuru de l'accompagner chez Yumichika, pour lui parler. Les deux hommes ont tenté de le dissuader, mais Grimmjow s'est mis du côté du serveur, leur crachant qu'ils baissaient les bras un peu trop vite à son goût. Le lendemain, sur le coup des vingt-trois heures, l'équipée s'est rendue dans le petit appartement, au moment où le locataire allait sortir, probablement pour s'enivrer.

Tous ont eu le choc de leur vie en voyant les marques sur le beau visage du brun. Les cernes sous les yeux, la peau cadavérique, certainement due autant à l'absence de sommeil que de nourriture saine. Yumichika s'est rebiffé face à cette invasion non désirée. En vain. En même temps, essayez donc de passer outre lorsque des gabarits comme ceux de Zaraki et de Grimmjow vous barrent le passage.

Boudant dans son coin, il a pourtant été obligé d'écouter ce que Yamada avait à lui dire car aucun de Zaraki ou d'Izuru n'a tenté de lui faire entendre raison. Ils ont bien fait, car ils auraient certainement échoué comme les fois précédentes, là où Hanatarô a réussi. Il lui a suffi de trouver les mots justes et de frapper là où ça fait mal.

** Petit retour en arrière **

- « Dis ce que tu as à dire, Yamada, et cassez-vous tous de chez moi ! »

- « Bien, je… euh… »

- « Je n'ai pas que ça à faire ! »

- « Quoi, t'es donc si pressé que ça de t'faire enculer ? »

- « Je t'ai rien demandé Grimmjow !... Ou alors, c'est peut-être ça le problème, que je ne t'aie rien demandé. Ça peut s'arranger si tu veux, tu connais le chemin jusqu'à mon lit… »

Blessé par les paroles de son ancien amant, Izuru se contente de fermer brièvement les yeux avant de les rouvrir et de regarder à sa droite. A voir sa mâchoire serrée, Zaraki se retient visiblement de commettre un massacre.

- « Arrête ça tout de suite, j'suis pas intéressé. »

- « Vraiment ? », fait le brun avec un sourire ironique.

- « S'IL VOUS PLAIT ! »

- « Qu'est-ce qu'elle a à hurler comme ça la demi-portion ? Je suis chez moi, ici, alors faudrait pas l'oublier ! »

- « Je le sais parfaitement », répond Hanatarô, le visage rouge de colère, ses deux petits poings serrés. « Et sache que je ne suis pas là pour toi, Yumichika Ayasegawa. Je me fiche bien que tu te fasses prendre par la moitié des hommes de Karakura. »

Même s'il n'est pas à proprement parlé impressionné par la véhémence du ton, Yumichika n'en reste pas moins touché de ne pas susciter d'intérêt chez le petit brun. En dépit de son comportement contraire, il est heureux de cette visite. Il sait bien qu'il est en train de foutre sa vie en l'air, tout comme il sait qu'il a perdu l'homme de sa vie, celui-là même qui se tient à sa droite et qui l'ignore. Alors, il passe de nouveau à l'attaque.

- « Alors qu'est-ce que tu fiches là ? »

- « Je suis venu parce que c'est ce qu'Ikkaku aurait voulu. »

- « NE PRONONCE PAS SON NOM ! », se met à hurler Yumichika en se prenant les cheveux à pleines mains.

- « Il le faut puisque tu fais n'importe quoi. S'il était là, il te foutrait un coup de pied au cul ! »

Grimmjow a un sourire de malade, fier de constater que la demi-portion en a dans le pantalon. Voilà comment faut dire les choses, selon lui. Zaraki ne dit rien, peut-être parce qu'il sait que ce n'est pas terminé et Izuru est à deux doigts d'aller enlacer celui qu'il aime encore comme un fou.

Il n'en aura pas besoin puisque Yumichika a bondi de fureur sur ses pieds.

- « TAIS-TOI ! Il ne le ferait pas parce que s'il était là, rien ne se passerait comme maintenant. Toi, tu ne serais même pas chez moi, je serais heureux… avec Izuru… et je n'aurais pas mal ici », fait-il en frappant son torse. « Tu comprends ça, je n'aurais pas mal ici ! »

- « Tu crois être le seul à avoir mal ici ? A sentir que ça se serre comme si tu étais pris dans un étau. A songer que jamais, ça ne s'en ira. Je sais ce que tu ressens, parce que moi aussi, j'ai mal à cet endroit. »

Yumichika pleure maintenant abondamment. Il essaie d'ouvrir la bouche mais les mots ne sortent pas. Hanatarô ne l'aide pas, et aucun des autres ne le soutient. L'abcès n'est pas creusé, ça ne servirait à rien.

- « Comment tu fais alors ? », demande dans un murmure la voix brisée de Yumichika.

- « Je pense à ce qu'il aurait fait et je sais qu'il m'aurait poussé à avancer. Tout simplement. »

Yumichika est KO debout, les bras ballants. Les larmes ruissellent sur son visage, sans qu'il ne se préoccupe de l'image peu ragoutante qu'il donne à cet instant.

- « Qu'est-ce que j'ai fait ? Bon sang, j'ai tout gâché », renifle-t-il après quelques secondes. « Hanatarô, j'ai tout bousillé si tu savais… »

- « Je sais, mais il n'est pas trop tard. »

Vaincu pour de bon, Yumichika s'assoit sur le canapé. Il semble pris dans ses propres réflexions, comme s'il se parlait à lui-même. Il a même oublié qui se trouvait dans la pièce.

- « Comme si Zaraki allait effacer toutes les conneries que j'ai pu faire… bon sang, je crois même que je l'ai traité de gros con… »

- « Je confirme », fait pour la première fois la voix du géant.

Cette interruption aura eu le mérite de ramener le jeune éploré sur la terre ferme. Il regarde chacune des personnes présentes, le sourire encourageant d'Hanatarô, l'amusement dans les yeux de Grimmjow, l'air sévère et le hochement de tête de son patron. Mais l'est-il encore ? Et surtout, le regard embué d'Izuru. La tristesse mais aussi le regain d'espoir dans les beaux yeux d'Izuru.

- « Je suis tellement désolé Izuru… »

Il n'en fallait pas plus pour que le blond ne s'agenouille face à son ancien petit ami et lui prenne le visage en coupe.

- « T'es enfin de retour, c'est tout ce qui compte. »

Retour au présent

Oui, Hanatarô Yamada a fait fort ce jour-là. Il s'est amendé d'une partie du soutien que son sensei lui avait apportée, et il réunit deux âmes qui s'étaient perdues. Il surtout gagné le respect de son boss, qu'il l'a félicité. Et ça, aux yeux de la demi-portion, ce n'est pas rien !

- « Papa, quand est-ce qu'on mange ? »

Interrompu dans ses pensées, Ichigo regarde son fils et sa fille. Seiichi et Ryoko se tiennent là tous les deux. Ils ont bien grandi. Seiichi est un petit garçon de sept ans, rieur et passionné de basket, là où Ichigo préférait les sports traditionnels. Grand pour son âge, il est d'ailleurs inscrit dans un club où il excelle pour le plus grand bonheur de son ancien sportif de parrain. Du haut de se neufs ans, Ryoko a beaucoup changé. Les rondeurs enfantines s'estompent au fil du temps qui passe. La tête bien faite, elle est très proche de Sosûke, même si à l'image de son frère, Ichigo tiendra toujours la place de leur maman, cette personne qui aura toujours pansé leurs bobos et qui aura toujours eu un câlin prêt pour eux.

- « C'est pratiquement cuit. On va pouvoir passer à table », répond Kenpachi.

- « Kayla, Kendra ! On va passer à table », s'époumone Kisuke.

Les deux petits démons arrivent en courant, suivi de loin de Tôshirô. Le bout de choux âgé de tout juste deux ans, n'est pas encore à l'aise quand il faut courir. Alors il marche, les yeux fixés sur sa maman qui le cueille au passage.

- « Bon les enfants, allez vous laver les mains. »

- « Je vais avec eux, Ichigo », lui propose sa sœur.

Ichigo regarde Karin partir avec le deuxième plus beau cadeau que la vie lui ait offert. Le premier est debout, en grande discussion avec son meilleur ami à la chevelure blonde. Un peu plus loin se tiennent Grimmjow et Kensei. Ses quatre hommes ont fait irruption dans sa vie plus de sept ans en arrière, et par cette seule action, ont chamboulé dans le bon sens du terme bien des vies. Ça n'a pas été tous les jours facile. Les épreuves ont été difficiles mais pour rien au monde, Ichigo ne le regrette. Et s'il devait encore en passer par là, il le ferait sans hésiter.

Debout dans le jardin, les mains dans les poches, un sourire doux sur les lèvres, il offre une drôle d'image aux personnes présentes.

- « Ichigo ? », l'interpelle Sosûke.

Le rouquin sort de ses pensées pour découvrir que tous le fixent.

- « Tu vas bien mon chéri ? », s'enquière sa mère.

- « Dans quel monde merveilleux te trouvais-tu, mon petit Ichigo ? »

Eh oui ! Kisuke a trouvé un remplaçant à Grimmjow pour arborer le sobriquet de 'mon petit'. Et comme le rouquin est effectivement légèrement plus petit que le blond, personne ne s'en offusque pas, y compris le principal concerné.

- « Je pensais à ce pari… »

Les visages de certains commencent à se renfrogner. Kensei et Grimmjow particulièrement n'aiment pas qu'on leur remémore cette erreur.

- « Non, non… pas dans un sens négatif », précise bien vite Ichigo. « Pour être tout à fait honnête, je suis ravi d'avoir vécu tous ces évènements, même les plus… dramatiques… »

- « Ichigo, tu aurais pu mourir… »

- « Sosûke, tu te rends compte que si Kisuke n'avait pas eu cette idée, si vous n'aviez pas toi et Grimmjow et Kensei adhéré, aucun d'entre nous ne serait probablement là aujourd'hui. Ce pari est à l'origine de quatre couples bien rangés. Vous ne trouvez pas que cela vaut bien un toast ? »

Encore surpris par la proposition, les quatre hommes échangent des regards, toujours hésitant à célébrer une action dont ils ne sont pas si fiers.

- « Ouais, j'suis pour », fait Zaraki.

- « J'en suis », ajoute Izuru, avant que son amant ne renchérisse : « Je suis d'accord. »

- « Il faut bien reconnaître qu'Ichigo a raison. D'habitude, j'aime mieux oublier ce passage de ma vie, mais une fois au moins, pourquoi pas. »

C'est Kensei qui vient de s'exprimer et l'assemblée attend toujours l'avis des trois autres. Soudain, Sosûke se dirige vers la maison et Ichigo commence à regretter d'avoir abordé le sujet. Du moins jusqu'à ce que son époux revienne avec une bouteille de champagne.

- « Faisons au moins les choses bien. Si nous devons fêter ce fameux pari une seule fois, du champagne s'avère nécessaire. »

- « Ouais, faut au moins ça », acquiesce enfin Grimmjow.

Il ne reste qu'à Kisuke de donner son avis.

- « J'ai bien fait d'avoir eu cette idée. Si l'on regarde les choses de plus près, c'est grâce à moi… »

- « LA FERME, KISUKE !», fait le cœur tandis que le bouchon vient d'exploser dans le jardin.

Les enfants sont de retour et Karin demande ce que l'on fête.

- « Le bonheur tout simplement » lui répond Masaki.


Voilà, je suis arrivée au bout de cette histoire qui me tenait à cœur, et parce qu'il faisait bien en finir, j'ai peut-être abusé des retours en arrières. Désolée pour ceux et celles qui n'aiment pas, mais avec autant de personnages, l'épilogue se devait d'être dans le futur. Encore un grand merci pour les reviews envoyées. J'apprécie énormément ces témoignages parce que ne regardant pas les statistiques, c'est pour moi le seul moyen de savoir si quelqu'un me lit. Ça et les favoris.

Pour la suite, je fais une pause. Quelqu'un, à qui je n'ai pas répondu, m'a demandé si j'avais une autre fiction en préparation. Si j'avais répondu, la réponse aurait été négative. Depuis le week-end dernier, j'ai eu une idée et j'ai d'ores et déjà plusieurs chapitres. Tout comme le Pari, ce sera un Bleach AU et je sais exactement où je vais. Reste à poursuivre l'écriture, car comme vous le savez, je ne commence la publication que lorsque j'ai quasiment terminé d'écrire.


Réponses aux reviews anonymes :

Shinigami95 : je ne lis plus de fictions anglaises Bleach depuis plusieurs mois et je n'ai pas l'intention de refaire de traduction de Bleach dans un futur proche. Tout simplement parce que maintenant j'écris les miennes. En fait, j'ai bien deux traductions en ligne de mire, mais elles sont sur Harry Potter. Désolée de te décevoir. Merci pour toutes les reviews que tu as écrites, j'apprécie ton soutien.