Chapitre 8 :)
Attention: ce chapitre est assez long comparé aux autres alors préparez votre café ou votre tisane et un petit moment tranquille :)
Un grand merci pour les reviews du chapitre précédent, c'est juste magique d'avoir un tel fandom autour de soi. Si vous voulez vous sentir soutenue comme je le suis, allez donc faire un tour sur le forum "Où les francophones rodent" peuplé que de gens biens - un peu taré sur les bords, mais qui ne l'est pas?
J'espère vous retrouver en bas et vous lire tous encore une fois :)
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« Bienvenue au Séminaire Interne, disait pour la trentième fois Jaimie avec un grand sourire plaquée aux lèvres. »
Debout depuis cinq heures le matin même, elle avait eu le temps de tout mettre en place avant l'arrivée des participants. A présent, elle se tenait dans le lobby de l'hôtel de charme repéré à une trentaine de kilomètres d'Atlanta pour accueillir la grande messe annuelle de l'entreprise. Sa situation isolée et son grand parc en avaient fait le choix tout trouvé. Une musique classique en fond sonore complétait l'ambiance feutrée de la grande salle lambrisée.
« Pourrais-je avoir votre nom ?»
« Scott McConnel. »
Elle parcourut rapidement sa liste avant de cocher le nom.
« Trouvé, sourit-elle. Du service comptabilité, n'est-ce pas ? Le programme ainsi que la clé de votre chambre se trouve dans ce paquet, dit-elle en lui tendant un sac en papier au logo de la société. Vous avez une demi-heure de répit avant le début de la séance. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à me contacter ou un de mes collègues. Je suis Jaimie Shaw. Mon numéro de portable est sur la liste des contacts. »
« Merci, sourit Scott amusé par la diatribe cent fois répétée sur un ton tellement enthousiaste que l'on aurait pu se croire le premier. Bon courage pour la suite. »
Il put voir pendant une fraction de seconde le sourire de la jeune femme se figer un peu, clairement surprise par sa phrase.
« Avec l'organisation de tout ça, ajouta-t-il en englobant la pièce d'un geste de la main. »
« C'est gentil, merci. »
Il lui fit un signe de tête et s'éloigna à grands pas alors qu'elle le suivait des yeux. Il était la première personne à y avoir pensé.
« Alors, on drague déjà ? »
Elle se retourna aussitôt pour faire face à son amie.
« Rachel ! En avance en plus, on croit rêver, ironisa Jaimie en l'étreignant quelques secondes contre elle. »
« Qui est ce beau blond ? »
« Trop vieux pour moi. Est-ce que tu veux bien arrêter d'essayer de me caser avec chaque mec qui me sourit ? »
« Un peu d'indulgence pour moi, ok ? Tu sais que j'ai failli ne pas venir ? »
« Pourquoi? Sourit Jaimie à la recherche du nom de son amie sur la liste, sachant très bien que Rachel n'attendait que ça pour continuer son histoire. »
« Un gars complètement taré dans la rue ce matin. Il a tenté de se jeter sur moi et heureusement qu'un taxi venait d'arriver. J'ai pu m'échapper à temps ! »
« Sérieux ? Mais tu vas bien ? S'inquiéta aussitôt la brune en relevant la tête de sa feuille. »
« Oui, oui. Il a réussi à arracher la manche de ma chemise mais j'ai pu me réfugier dans la voiture avant qu'il ne fasse plus que ça. »
« Tu es sûre que tu ne veux pas rentrer chez toi ? Je suis sûre que tout le monde comprendrait. »
« Ne t'inquiète pas. Je n'ai que quelques griffures, rassura Rachel en montrant son bras barré de trois longues marques rouges, rien qui ne justifie un arrêt de travail en tout cas. Et puis, ce n'est pas le premier psychopathe sur lequel je tombe. Je t'ai raconté la fois où j'étais à Chicago ? »
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Le regard de Scott fut attiré par du mouvement un peu plus loin. Une silhouette venait de sortir d'une des ruelles attenantes à la grande avenue, tremblante et frêle, et s'avançait avec lenteur sur la grande avenue. Un zombie. Il allait détourner le regard pour se concentrer de nouveau sur la station-service où il venait d'envoyer Jaimie lorsqu'une deuxième apparut. Puis une autre, et encore deux. Et deux autres à gauche. La menace était réelle à présent. Il fallait s'en charger. C'est alors qu'un coup de feu retentit à l'intérieur de la boutique et vint se répercuter sur les façades des immeubles de l'avenue. Les zombies se tournèrent immédiatement vers eux. Un autre coup de feu. Et d'autres zombies rejoignirent l'avenue. Un dernier coup de feu. Et ils furent encerclés.
Aussitôt, tous ses compagnons commencèrent à se défendre toutes armes à feux dehors, les cadavres tombant un à un sans pour autant diminuer la foule qui se pressaient vers eux dans tous les sens.
Il entendit Rick crier à l'intention de leurs amis encore dans la station alors que la tête d'un zombie explosait à quelques mètres de lui sous l'impact d'une balle.
Il perçut du coin de l'œil l'ancien shérif courir vers la station mais n'eut pas le luxe de regarder pourquoi, trois décharnés s'en prenaient à lui.
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« Faut qu'on bouge ! S'exclama Glenn en tournant déjà les talons, suivi de près par Jaimie. »
Un cri étouffé les alerta aussitôt. Daryl, grimace de douleur sur le visage, se tenait la cheville entre les mains.
« Tu te fous de moi là… T'es pas mordu au moins ? Demanda la brunette»
« Non, j'ai dû mal tomber. »
« Glenn, ouvre le passage. »
Elle fit demi-tour et vint passer son bras sous le sien, s'accrochant à son dos, et attrapa sa main de la sienne pour le maintenir en place, puis elle réussit à les relever tous les deux. Ainsi soutenu, Daryl claudiqua jusqu'à la porte alors que Jaimie soufflait déjà sous son poids.
« J'peux plus rien faire là, alors tu me protèges. »
« Ca va aller, j'ai pas besoin d'toi. »
« Ta gueule, et tire. »
A peine sortis de la station-service, Daryl visa et tira sur une dizaine de zombie attirés par le mouvement soudain. Rick se précipita à leur rescousse.
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Scott continuait à tirer avec son fusil à pompe sur tout ce qui s'approchait. Il entendit un grognement derrière lui et eut à peine le temps de se retourner et éviter la mâchoire d'un zombie à deux centimètres de sa jugulaire. Le souffle fétide du mort lui brula pendant quelques secondes la peau. Il aperçut Carl à sa droite, à terre, se débattant contre une des créatures. Il courut aussitôt vers le gamin, attrapa le cadavre par le cou et le balança loin de lui.
« Ne reste pas à terre ! »
Il tira sur les quelques rôdeurs et sentit l'ado se mettre dos à lui.
« Reste avec moi, dit-il entre deux coups de feu, et tout ira bien. »
Il se remit à la tâche, prenant soin de garder le gamin à côté de lui.
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Silas ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Deux minutes plus tôt, il attendait tranquillement dans la rue qu'on lui fasse signe de repartir et maintenant il dégageait de son cou un zombie avant d'écraser son pied sur son crane déjà pourrissant. Merde. Ils étaient trop nombreux, et ça commençait à sentir le roussi. S'il en tuait un, trois autres se dressaient devant lui. Soudain, il sentit un corps s'affaler contre son dos. Déséquilibré, il se retrouva à plat ventre sur le bitume. Il se retourna aussitôt pour faire face aux dents jaunis d'un zombie, le bruit du claquement des mâchoires s'incrustèrent dans son cerveau, et pendant quelques secondes il n'entendit plus que ça. Jusqu'à ce qu'une lame vienne transpercer le crane du rodeur, ressortir par son œil, et s'arrêter à quelques centimètres du sien. Il sentit alors un liquide visqueux gouter sur sa joue avant que le cadavre soit repoussé loin de lui. Sasha se tenait à la place, les jambes solidement plantées au sol, elle tirait sur tout ce qui se rapprochait d'eux. A ses côtés, le jeune garçon noir dont il ne se souvenait pas du prénom.
« Relève-toi, il faut qu'on bouge ! Ordonna Sacha sans pour autant s'arrêter de tirer. »
« Les autres ? »
« Je ne sais pas. Il y en a trop. On les retrouvera une fois qu'on sera sorti d'affaire. »
« Jaimie ? »
« Je ne sais même pas où Glenn et Maggie sont. Il faut qu'on bouge ! »
La panique dans la voix de Sasha le fit enfin réagir.
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Scott attrapa le col de Carl et se mit à courir. Il y avait juste trop de zombies à présent pour qu'ils restent au milieu de la rue – cibles trop faciles pour les cadavres ambulants.
« Mon père ! Cria l'adolescent en tentant de s'échapper de sa poigne. »
« On le trouvera plus tard. Il faut que l'on se mette à l'abri ! »
Scott tira sur deux zombies.
« Mais… »
« Carl, on n'a pas le temps. Fais-moi confiance ! »
L'adolescent regarda autour de lui, paniqué à présent. Mais il ne voyait que des rôdeurs dans la rue. Et l'adulte qui l'obligeait à marcher représentait sa meilleure chance de survie. Il se mit à courir à son tour.
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« Il faut qu'on fasse demi-tour ! S'écria Jaimie. Ils sont trop nombreux. »
« Carl…, lâcha Rick en fouillant du regard l'avenue envahie de rôdeurs. »
« Pense à Judith pour l'instant, rétorqua-t-elle. J'ai vu Carl avec Scott. Il est en sécurité. Nous, non. »
Joignant le geste à la parole, elle tourna les talons, trainant Daryl avec elle, Glenn sur les talons. Elle poussa de son pied la porte de la supérette, et entra. Elle lâcha aussitôt Daryl qui se retint à l'une des étagères pour aller sécuriser la porte. Mais Rick se tenait encore au niveau de la pompe abandonnée.
« Bouge pas toi, grogna-t-elle à l'adresse du traqueur avant de sortir de nouveau dans la rue. »
Elle tira sur deux zombies sur sa droite avant d'atteindre l'ancien shérif qui tentait en vain d'avancer dans la rue.
« Rick ! Hurla-t-elle. Tu viens avec moi ! »
Elle attrapa un rodeur par la nuque et l'envoya valser dans le mur derrière elle. Elle posa sa main sur l'épaule du shérif pour attirer son attention.
« Tu veux te suicider ? Très bien ! Mais laisse-moi au moins la petite ! »
Elle croisa enfin son regard bleu, complètement perdu et désespéré.
« On les retrouvera. Je te le promets. En attendant, Judith a besoin de toi. »
Il hocha la tête, semblant enfin reprendre ses esprits. Ils éliminèrent encore quelques rôdeurs avant de pouvoir se réfugier dans la boutique. Sans perdre de temps, elle ferma la porte vitrée et fit glisser sur le carrelage l'une des étagères abandonnées. Les zombies commençaient déjà à affluer, butant contre la paroi de verre, rejoints rapidement par d'autres. L'ombre de leurs silhouettes envahit en quelques instants la boutique. Judith finit enfin par se réveiller pour hurler à la mort.
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Scott devait trouver une solution, et vite. Il n'avait que Carl avec lui, et le gamin avait beau se débrouiller avec une arme, il n'en restait pas moins un enfant sans la force physique d'un adulte. Pour l'instant, ils avançaient en tirant sur tout ce qui ressemblait à des cadavres ambulants. Il aperçut une ruelle, et décida de tenter sa chance. Rester sur la grande avenue ne leur apporterait rien de bon. Il bifurqua aussitôt, entrainant Carl à sa suite. Mais à peine eut il fait quelques pas qu'il se rendit compte de son erreur. Il ne s'agissait pas d'une ruelle, mais d'un cul de sac. Il tourna aussitôt les talons pour les sortir de l'impasse, mais déjà des dizaines de zombies s'avançaient vers eux.
La retraite n'était plus une solution. Il jeta un coup d'œil autour de lui, décidé à trouver une solution et à ne pas mourir si près de son but, à cause d'une erreur de Jaimie, Daryl ou Glenn. La ruelle n'était pas bien large, à peine de quoi passer une voiture, mais le mur du bâtiment qui la terminait était trop haut pour tenter l'escalade, de même pour les édifices la bordant. Par contre, de grandes bennes à ordure se dressaient de chaque côté. Il avait sa solution. Enfin.
« Achève ceux qui n'ont pas réussi à bouger, ordonna-t-il à Carl en pointant du doigts les quelques cadavres qui tendaient leurs bras squelettiques vers eux, et protège moi. »
« Où tu vas ? Demanda le gamin paniqué de voir l'adulte s'éloigner de lui. »
« Ne t'inquiète pas. J'ai un plan. Fais ce que je te dis et tout se passera bien. »
Carl, un peu rassuré, se mit aussitôt à la tâche, enfonçant son couteau dans le crane des dormants de l'impasse qui n'avaient pas eu la force de rejoindre la meute.
Scott se précipita vers les bennes à ordure, son couteau à la main pour achever les zombies un peu trop entreprenant. Il réussit à pousser la première sans problème avant de bloquer les roues pour en faire une première barricade, placée en travers de l'entrée de la ruelle. Il se tourna aussitôt vers la deuxième et poussa de nouveau de toutes ses forces, mais elle refusait de bouger. Il en avait besoin, la première ne bouchait pas encore assez le passage. Il se baisa et entendit siffler une balle au-dessus de lui. Carl avait de nouveau prit son flingue et le protégeait.
« Dépêche-toi ! Cria-t-il au blond. Ils sont de plus en plus nombreux ! »
La peur faisait trembler la voix de l'adolescent, mais pas sa main qui se montrait précise et impitoyable. Scott mit un genou à terre et regarda sous la benne, un zombie à moitié décomposé se tenait entre les roues. Sans réfléchir, il planta sa lame dans le crane de la femme décomposée et l'extirpa aussi vite que possible. Enfin, la benne accepta de bouger et il put la pousser pour la positionner à côté de l'autre. A présent, l'entrée de la ruelle était presque entièrement bouchée, ne laissant qu'une ouverture pour réguler le flot des zombies.
« Tu restes derrière Carl, je m'occupe des charognards. Quoi qu'il se passe, tu ne t'en approches pas. Si tu vois un zombie et que tu as une chance, tire. Tout ce qui compte pour toi, c'est ta survie. Compris ? »
Le gamin hocha la tête et rechargea son arme, se tenant à quelques mètres des bennes à ordure.
Scott, long couteau à la main, la rage au ventre et le visage tendu, se posta devant l'ouverture.
Le massacre commença.
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« Merde, merde, merde, paniquait Jaimie en faisant le tour de la boutique. Ça ne va pas tenir. »
Les zombies se faisaient de plus en plus nombreux et leurs grognements couvraient la voix de la brunette qui n'attendait de toute façon aucune réponse. Les longues mains décharnées venaient frapper les parois vitrées, alors que leurs gueules décomposées se pressaient contre la vitrine.
Judith continuait de pleurer doucement alors que son père tentait de la consoler comme il pouvait tout en parcourant la pièce des yeux à la recherche d'une solution. La fuite n'était pas une option, pas avec Daryl et son pied en vrac. Mais ils ne pouvaient pas rester ici, proies trop faciles une fois que les vitres auront cédées. Et s'il y avait une chose que Rick avait apprise dans ce nouveau monde, c'est que les vitres finissaient toujours par céder.
« Faut qu'vous partiez, intervint le traqueur. Ou on va tous crever ici. »
« On va trouver, rétorqua Rick, on te laisse pas. »
« Pas comme si on avait grand choix. J'peux pas courir. »
« Sérieux ? T'es vraiment en train de nous donner le discours de partez sans moi, je ne suis qu'un poids pour vous ? Au lieu de raconter des conneries, aide-nous à trouver une solution ! Explosa Jaimie depuis l'arrière-boutique. »
Rick se surprit à sourire malgré la situation face à un Daryl complètement pris à dépourvu par la réplique de la jeune femme qui n'avait même pas pris la peine de se retourner.
« J'ai trouvé ! S'exclama Jaimie en sortant de l'arrière-boutique sans même prendre conscience du regard noir de Daryl sur elle. »
« T'accouches ou t'attends qu'on crève tous ? »
« Dis donc pour un mec prêt à se sacrifier il y a cinq minutes, t'es bien pressé de survivre. »
« C'est quoi ta solution ? Intervint Glenn, décidé à calmer le jeu. »
« Il y a une trappe qui mène vers le toit dans la pièce à côté. Il faut qu'on monte. On sera en sécurité là-haut, au moins le temps que la horde s'en aille. »
Rick jeta un coup d'œil par-dessus son épaule, les zombies s'accumulaient de plus en plus et n'allaient pas tarder à entrer.
« Attrape Judith, je m'occupe de Daryl, s'exclama-t-il en tendant sa fille à Jaimie. »
Les bras tendus, elle prit le bébé sous les aisselles et resta quelques instants interdite face au nourrisson que le changement de porteur avait tout fait calmé. Elle se reprit rapidement et cala la petite dans le creux de son bras, collée contre son épaule et mena les trois autres dans l'arrière-boutique.
« Montez là-dessus, et poussez la trappe. Je ne suis pas assez grande, expliqua-t-elle en pointant du doigt une caisse en bois qu'elle avait positionné juste en dessous de l'accès au toit. »
« Je monte en premier, puis Glenn et Daryl, ensuite tu me passes Judith et on t'aide à monter. »
Rick ne perdit pas de temps pour prendre appui sur la caisse et atteindre la trappe. Il donna trois coups de poing avant qu'elle cède et qu'il voit enfin un bout de ciel bleu au-dessus de lui.
« Faut vraiment qu'on se dépêche là, intervint la voix de Jaimie. »
A l'entendre, l'ancien shérif réalisa qu'elle était morte de peur. Elle savait peut-être garder un masque implacable et envoyer promener Daryl mais le léger tremblement dans sa voix venait de la trahir.
Il prit appui sur le cadre de la trappe et se hissa jusqu'au toit plat de la station-service. Il se mit à plat sur les gravillons, sentant déjà les pointes des cailloux s'enfoncer dans sa poitrine, pour tendre la main vers Glenn qui le rejoignit rapidement et imita sa position pour monter le chasseur sur le toit.
En moins de deux, ce fut au tour de Jaimie qui se hissa sur la caisse de bois et tendit les bras pour amener Judith à portée de son père. A peine l'échange avait été fait qu'un bris de vitre se fit entendre.
Le temps se figea.
Jaimie, les bras encore tendus bien que libérée de la petite, vit avec effroi des dizaines de zombies s'avancer vers elle. Paralysée par la peur qui s'agrippait à chaque fibre de son être, elle n'entendit pas ses compagnons lui hurler dessus pour qu'elle bouge.
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Silas suivait Sasha et le garçon au pas de course. Complètement séparés du groupe, il ne pouvait compter que sur eux à présent pour espérer s'en sortir.
« Il faut qu'on prenne de la hauteur ! Lui hurla la brune en tuant un autre rôdeur. »
« Par ici ! »
Silas se précipita vers l'un des immeubles longeant l'avenue et enfonça la porte sans perdre un instant. Le jeune homme suivit aussitôt et se précipita dans l'immeuble alors que Silas maintenait la porte ouverte. Silas attrapa le bras de Sasha, trop concentrée à éliminer les rôdeurs, et la tira à lui alors qu'il claquait la porte d'un même mouvement. Emporté par son propre poids, il s'effondra contre le bois, la jeune femme dans ses bras. La porte se mit aussitôt à trembler, assaillie par les zombies affamés.
« Trouvez quelque chose pour coincer la porte ! »
Sasha se releva aussitôt. Il se trouvait dans un long couloir bordé de portes, toutes donnant sur des appartements. Au fond, un escalier étroit menait à l'étage, leur destination.
« Dépêchez ! Cria Silas en bloquant ses jambes contre les murs pour résister à l'assaut des rôdeurs alors que le jeune noir le rejoignait pour maintenir la porte fermée.»
« Je ne vois rien ! Je ne sais pas quoi faire, il n'y a rien ici pour bloquer la porte ! S'écria Sasha, sa voix montant dans les aigus »
« Ne panique pas. Ok? Tout va bien se passer, la rassura aussitôt Silas, trouvant même la force de plaquer son sourire éclatant sur ses lèvres. Y a plein d'appart ici, tu trouveras surement un bahut ou une commode. Fais gaffe en entrant, ils ne sont peut-être pas vides. »
« Ok. Ok, répondit-elle plus pour elle-même qu'autre chose. »
« J'ai une lampe de poche dans ma veste, attrape la et vas-y. »
Sacha revint aussitôt vers lui et tâta le blouson du brun à la recherche de l'objet.
« Hey, doucement, je suis chatouilleux. »
Elle lui envoya aussitôt un regard noir. Un autre tremblement de la porte repoussa Silas et son acolyte de quelques centimètres, assez pour que la porte s'entrouvre et que des doigts décharnés apparaissent. Silas tendit aussitôt aussitôt ses jambes et le bois vint claquer dans son cadre. Quatre doigts tombèrent sur sa tête avant de finir leur chemin sur le sol sous le regard dégouté de Sasha.
« Tu la trouves cette lampe ? Ou tu continues à profiter de mon corps ? »
De nouveau, un regard noir. Comment pouvait-il sortir des conneries pareilles alors qu'ils étaient sur le point de se faire bouffer ? Enfin, elle mit la main sur l'objet convoité. Elle ne perdit pas de temps et entra dans le premier appartement, heureusement vide. Le salon était modestement meublé mais une étagère montée sur roulette trônait sur la gauche. Elle se précipita dessus, faisant valser les livres et bibelots pour libérer le meuble avant de le pousser de toutes ses forces.
En quelques minutes, ils réussirent à bloquer la porte d'entrée grâce à l'étagère. Ils se lancèrent aussitôt vers les escaliers, poursuivis par les grognements des rôdeurs pour l'instant bloqués dans la rue. Silas n'avait aucune envie de s'attarder pour savoir si l'étagère suffisait à les retenir.
Ils montèrent les deux étages au pas de course avant de se retrouver devant l'issue de secours menant sur le toit. Un lourd cadenas bloquait l'utilisation de la porte.
« Merde, gémit le garçon en se prenant la tête entre les mains. »
« Poussez-vous, intervint aussitôt Silas prenant la place devant la porte. »
Il sortit son flingue de sa poche et visa le cadenas.
« Surtout, couvrez-vous les… »
Sa phrase fut interrompue par un bruit sourd venant de la cage d'escalier, l'étagère avait fini par céder et les rodeurs venaient d'entrer dans l'immeuble. Silas n'attendit plus et tira, le bruit se répercuta sur les murs trop proches d'eux, les assourdissants pendant quelques secondes. Derrière le sifflement aigu qui envahissait son cerveau, Silas entendit le cadenas tombé par terre. Il donna un coup contre la porte qui s'ouvrit enfin et il se précipita dehors, suivis par ses compagnons.
« La porte ! Fermez la porte ! Cria Sasha en entendant les zombies se rapprocher. »
Silas se jeta dessus et la claqua. De nouveau, il se trouva par terre à la maintenir de son poids avec l'aide de leur troisième comparse. Il chercha frénétiquement du regard ce qui pourrait les aider, mais le toit était désespérément vide. Ils n'allaient pas tenir longtemps comme ça.
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Scott voyait littéralement rouge. Il ne savait pas depuis combien de temps il levait sa longue lame pour l'abattre sur tout ce qui bougeait, tête, jambe ou bras, tout y passait et les morceaux de cadavres s'accumulaient dans l'ouverture laissée entre la benne et le mur. Il ne s'arrêtait pas, pas un seul instant, ni pour reprendre son souffle, ni pour se rendre compte de la situation. Il n'avait tout simplement pas le temps. Une fois sa stratégie mise en place, il n'avait plus qu'une chose à faire, l'appliquer. Son esprit était complètement vidé et concentré sur l'accomplissement de sa tâche: lever la lame, l'abaisser, la retirer si jamais elle se bloquait, recommencer. De temps en temps, il percevait le sifflement des balles de Carl à côté de lui et le bruit sourd de corps qui tombait sur les bennes à ordures.
Mais pour l'instant, tout ce qu'il voyait c'était du rouge, du rouge partout : sur la benne, sur le sol, sur le mur, sur ses mains et son visage, sur le tas de corps qui s'empilait devant lui alors que les zombies continuait à arriver et qu'il continuait à trancher.
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Jaimie se sentit soulevée dans les airs alors que des mains décharnées s'agrippaient déjà à son tee-shirt. Brusquement consciente de son entourage, elle se mit à battre des pieds tentant d'éloigner les zombies trop proches d'elle alors qu'on pinçait déjà son mollet. Elle se sentit arrachée à sa caisse de bois et atterrit lourdement sur une surface molle. La surface molle en question grogna sous elle et elle se releva aussitôt paniquée par ce bruit des plus fatals. Mais il ne s'agissait que de Rick, allongé sur le dos, le souffle court par le choc de leurs corps. Daryl se tenait assis à ses côtés, Judith dans ses bras, et Glenn, le visage rougi par l'effort, observait par la trappe les zombies cherchant à les rejoindre.
« Merde, merde, merde, souffla-t-elle en inspectant ses bras à la recherche de possible morsure. »
Sans cesser sa litanie, elle se défit rapidement de sa veste en cuir et de son gilet pour mettre à nus ses bras. Une fois rassurée, elle s'assit par terre et releva son jean, les sourcils froncés et les yeux un peu trop brillants, elle se mit à la recherche d'une quelconque blessure.
« Jaimie, tu… ça va ? Osa enfin Glenn. »
Les trois hommes l'observaient un peu plus loin, indécis face à la jeune femme clairement en panique.
« J'ai… J'ai senti quelque chose… j'ai senti… y a un truc… »
Sa voix était à peine audible, mais la question avait eu le mérite d'arrêter le chapelet d'injures qui sortait de sa bouche.
Elle tourna son tibia pour voir son mollet, et c'est là qu'elle la vit : une tâche rouge. Pas de sang, non, juste une ecchymose. Un « oh putain » s'échappa de ses lèvres, suivi d'un deuxième, et d'un troisième. Mais non il n'y avait pas de sang, juste cette trace rouge…Elle inspira profondément et expira, se forçant à rester calme, à reprendre contenance.
« T'as été mordue ? lui demanda Daryl derrière elle. »
« Non ! Non… Je… Je ne suis pas passée loin. »
Elle réalisa. Elle réalisa qu'elle venait de passer à ça d'une morsure de zombie. Elle réalisa qu'elle venait d'échapper de peu à une mort horrible. Elle se mit à trembler. De tous ses membres.
« Jaimie… Jaimie ! »
Rick attrapa les épaules de la brunette et la força à le regarder. Il rencontra enfin ses yeux bleus troublé par les larmes.
« Il faut que tu te ressaisisses, on n'a pas fini ici, d'accord ? »
Il sentait jusque dans ses mains les tremblements incontrôlables de la brunette.
« Tout à l'heure, je te promets qu'on soufflera. Et que je serais là si tu le souhaites. Mais, j'ai besoin de toi concentrée. On n'est pas encore sorti d'affaire. T'as trouvé une solution, et tu nous as tous sauvés la vie, mais on a encore besoin de toi avec nous. »
Il la vit se forcer à respirer lentement, les yeux fixés dans les siens, reprenant le contrôle. Et peu à peu, les tremblements finirent par se calmer.
« Voilà, comme ça, lui dit-il plus doucement, soulagé de la voir revenir à elle. »
« C'est bon, souffla-t-elle, je suis avec vous. »
Elle s'écarta d'un pas et se libéra de son emprise.
« Désolée, ça ne se reproduira plus. »
« Ce n'est pas… »
Un hurlement de l'autre côté de la rue l'interrompit.
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Silas se sentit glisser sur les gravillons du toit et il reprit appui sur ses jambes pour repousser la porte derrière lui. Les grognements s'intensifiaient derrière la paroi et Silas pouvait presque sentir leurs mains sur lui déjà. Le gamin à côté de lui était pâle comme un linge et n'en menait pas large, Sasha faisait frénétiquement le tour du toit à la recherche d'un poids qui tiendrait la porte en place.
« Ça va aller, dit-il à son comparse. On va s'en sortir. »
« Non, non, la porte ne tiendra jamais, et on n'aura pas le temps de se défendre, et on va se retrouver coincé comme des rats à ne rien pouvoir faire, et on va mourir dans cette foutue ville. »
« Juliette, la ville s'appelle Juliette, et elle est fleurie, tenta Silas avec un sourire. »
Le gamin le regarda avec des grands yeux, fous de peur et de désespoir.
« Attends, ne panique pas… ne fais pas ça… »
De nouveau, ils furent bousculés et la porte s'entrouvrit de quelques centimètres avant que le brun ait eu le temps de reprendre appui. Mais Silas ne lâchait pas des yeux le jeune homme à côté de lui.
« Reste avec moi, j'ai besoin que… »
Silas vit son visage se durcir à l'instant où il avait pris sa décision.
« Non ! »
Son cri se perdit sous les grognements sourds des zombies alors que le jeune homme s'éloignait en courant à l'autre bout du toit.
Le brun fut violemment projeté contre les gravillons par les zombies défonçant définitivement la porte. Il eut la chance d'avoir été repoussé sur la droite alors que les cadavres ambulants fixaient toute leur attention sur Sasha et le gamin droit devant eux. Ses compagnons commencèrent aussitôt à tirer dans tous les sens pour essayer de s'en sortir.
Le brun se releva en grognant un peu, son dernier jean potable déchiré au niveau des genoux, la joue gauche en feu. Il sortit son arme et tira à son tour, espérant pouvoir aider ses compagnons en mauvaise posture. Le bruit de son fusil attira l'attention de quelques zombies et il s'en débarrassa rapidement, mais leur nombre restait impressionnant. Il réussit à se déplacer pour pouvoir refermer la porte – qui de toute façon n'accueillait déjà plus de rôdeurs.
« Je suis à court ! Lui parvint la voix du gamin de l'autre côté de la barrière de zombie. »
Au même moment, son fusil s'arrêta. Il n'avait plus de munitions à son tour. Heureusement que les rôdeurs avaient cessé d'affluer, c'était bien la seule chose positive dans leur situation. Il sortit sa machette de sa gaine coincée dans son dos et tua les trois zombies qui lui tournaient le dos d'un seul mouvement, les crânes déjà pourris cédant avec une facilité impressionnante sous le fil de la lame. Il réussit à en tuer deux autres avant d'enfin apercevoir le gamin et Sasha.
« Prend celui de droite ! Cria-t-il à cette dernière avant de repousser du pied un zombie qui passa par-dessus le parapet. Il faut qu'on reprenne la formation ! »
Un hurlement de douleur le figea net. Le jeune homme venait de tomber sur ses genoux alors qu'un zombie s'acharnait sur son talon droit. Aussitôt, deux autres zombies lui tombèrent dessus et sous le regard impuissant de Silas, ils lui déchirèrent le ventre alors que leur victime se débattait encore hurlant de toutes ses forces.
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Jaimie et Rick se précipitèrent au bord du toit en entendant le cri de douleur de l'autre côté de la rue, rapidement rejoint par Glenn et Daryl – qui claudiquait déjà moins. L'ancien shérif pointa rapidement du doigt le toit d'un immeuble à gauche du leur. De là où ils se tenaient, ils n'apercevaient que des silhouettes mais pouvaient déjà faire la différence entre les zombies et les vivants.
Jaimie sortit aussitôt son fusil et s'allongea sur le sol. Une fois en position, elle posa l'œil sur la lunette et chercha le toit.
« Ce n'est pas Carl. »
Elle entendit le brun soupirer de soulagement derrière elle.
« Ni Maggie. Merde, souffla-t-elle. Silas et Sasha sont là-haut. Noah est à terre. »
« Est-ce qu'il est… ? Demanda Glenn sans réussir à lâcher le mot. »
« Pas encore… Mais il est foutu. »
Elle inspira un grand coup et bloqua sa respiration, la tête de Noah défiguré par le cri qu'il poussait s'afficha dans son viseur. Chassant toute pensée dans son esprit, elle s'obligea à détendre ses muscles et pressa la détente. Deux secondes plus tard, le visage du garçon se détendait alors que son corps sans vie tombait sur le sol. Elle rechargea aussitôt et reprit sa position, visant cette fois les zombies.
Les trois hommes restaient complètement figés derrière elle, incapables de dire quoi que ce soit. Noah était mort, ils avaient vu sa silhouette s'effondrer et n'avaient qu'à faire la connexion logique entre la jeune femme au sniper et la chute de leur ami. A présent, c'était au tour des rôdeurs de tomber un par un sous l'arme impitoyable de Jaimie, et eux… eux ne pouvaient que regarder, complètement impuissants, espérant que Sasha s'en sortirait au moins.
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Silas fixa le point rouge dans la tempe du gamin et releva aussitôt la tête pour repérer Jaimie entourée de trois autres personnes de l'autre côté de la rue. Enfin du renfort, pensa-t-il.
« Sasha, bouge ! Il en reste ! »
La jeune femme détacha enfin son regard du corps de son ami et se remit à la tâche d'éliminer les créatures. En quelques minutes, le toit était de nouveau un endroit sécurisé grâce à l'aide de Jaimie. Il nota dans un coin de sa tête de lui envoyer un bouquet de fleur de remerciement dès qu'Interflora rouvrirait ses portes. Sans elle, il n'était pas sûr qu'il s'en serait sorti. Dès que le dernier zombie toucha terre, il monta sur le parapet du toit et fit des grands gestes à son amie pour la rassurer, lui décochant un grand sourire, les doigts levés en signe de victoire. Il vivrait un autre jour, et c'est tout ce qui comptait.
Un bruit d'explosion à quelques kilomètres de la ville retentit juste à ce moment-là, et Silas fut déséquilibré, il battit vivement des bras pour reprendre son appui avant de faire un saut en arrière et s'étaler sur le sol, pour la deuxième fois de la journée. Il ne put empêcher un éclat de rire qui secoua tout son corps. Il aurait eu l'air malin à mourir comme ça.
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Carl fixait de ses grands yeux bleus l'adulte à genoux à quelques mètres de là. De Scott, il n'en voyait que le dos et les larges épaules qui montaient et descendaient dans un rythme lent. Sa main droite un peu écartée de son corps tenait encore fermement son couteau rougi par le sang dont les gouttes s'échappaient une par une pour s'écraser quelques centimètres plus bas. Pas un son ne venait briser ce moment comme suspendu dans les airs.
Les zombies s'étaient détournés de la ruelle suite à une explosion plus loin, très loin d'eux, tout intérêt pour les deux bennes à ordures recouverts de cadavres et de membres complètement évanoui. A peine le dernier rodeur étripé, l'adulte s'était laissé tomber sur le bitume de la rue, et depuis Carl le fixait de ses grands yeux bleus, sans comprendre pourquoi la peur ne souhaitait pas lâcher enfin son ventre noué. Ce dos faisait courir son imagination, il voyait déjà un visage décharné se tourner vers lui si jamais il osait faire le moindre son.
« Scott ? Appela-t-il la voix un peu plus ferme qu'il ne l'aurait cru possible. »
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Les survivants, séparés par l'avenue, observèrent chacun de leurs côtés les zombies s'évanouir peu à peu dans la campagne environnante, leur cerveau – ou ce qu'il en restait – déjà concentré ailleurs, suivant la direction de l'explosion. Trente minutes plus tard, la ville avait retrouvé son calme comme si rien ne s'était passé. Seuls les corps des zombies sans vie sur le macadam témoignait de ce que venaient de vivre le groupe.
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Jaimie se laissa glisser dans l'ouverture du toit pour redescendre dans la boutique. Alors que ces hanches disparaissaient dans le trou noir, elle sentit deux mains puissantes les entourer doucement mais fermement.
« Tu peux lâcher, je te tiens, lui fit la voix de Rick plongé dans l'obscurité de la pièce. »
Un peu hésitante, elle finit par lâcher le rebord pour poser ses mains sur les épaules de l'ancien shérif qui, une fois de nouveau sûr de son équilibre, la laissa glisser jusqu'au sol.
Elle cligna un peu des yeux suite au brusque changement de lumière mais reconnut rapidement Glenn et Daryl. Judith avait rejoint le porte bébé dans le dos de son père et elle semblait plus calme à présent que toute l'agitation était finie. Sans vraiment les attendre, elle sortit de la station-service, pressée de retrouver son ami qu'elle avait vu en si mauvaise situation depuis son sniper. Elle le vit aussitôt de l'autre côté de la rue, sortant de son immeuble. Elle se retint de justesse d'hurler son nom - foutre la merde une fois ça suffisait - mais elle s'élança aussitôt vers lui.
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Carl, n'obtenant pas de réponse, prit son courage à deux mains et s'avança vers Scott. Doucement, il en fit le tour, prenant soin de garder une certaine distance avec l'adulte.
« Scott ? »
Enfin, le blond leva la tête. Il était vivant. Son visage était recouvert de sang ainsi que ses cheveux, son cou et ses bras. Mais il était vivant.
« Est-ce que tu vas bien mon garçon ? »
« C'est plutôt à toi que je dois poser la question… »
« Excuse-moi, je ne voulais pas t'inquiéter. »
Il se releva enfin, prenant appui sur sa machette, les jambes un peu tremblantes.
« Je suis juste un peu fatigué. »
Carl se tourna vers les cadavres des rôdeurs qui s'accumulaient tout autour d'eux. Il était difficile de les dénombrer entre les têtes et les membres arrachés, mais il y en avait au moins une trentaine.
« Tu m'étonnes, lâcha l'adolescent, impressionné et en même temps dégouté. »
« Ne t'approche, avertit Scott. Les têtes peuvent être encore aptes à mordre. Il serait de dommage de risquer sa vie maintenant. »
Carl recula aussitôt de deux pas.
« Mais, il faut bien que l'on sorte. »
« Nous allons attendre la cavalerie. Plus rien ne peut nous arriver maintenant. »
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Une fois l'avenue dégagée, Silas se précipita vers la porte de l'escalier, heureux de s'échapper de ce toit recouvert de cadavre, dont celui du gamin. Il ne s'attarda pas à savoir si Sasha le suivait ou non, elle était en sécurité de toutes façons et c'est tout ce qu'il comptait. Il dévala les marches de l'escalier, se rattrapant de justesse à la rambarde à chaque palier et surgit dans la rue. De l'autre côté, il aperçut Jaimie qui courrait déjà vers lui. La brindille était saine et sauve. Elle avait survécu. Il s'avança lui aussi, la vit perdre quelques secondes son équilibre après avoir buté contre le corps d'un zombie, avant de la réceptionner alors qu'elle sautait dans ses bras.
« J'ai eu si peur ! Souffla-t-elle dans son oreille. »
D'un bras il la soutenait contre lui alors que son autre main passa à l'arrière de sa tête, plongeant dans sa chevelure brune pour la serrer le plus fort possible. Il voulut sortir une vanne ou au moins un bon mot mais rien ne vint dans son esprit complètement vidé.
« Tu as vu Scott ? Lui demanda-t-elle »
Il la relâcha un peu la laissant reprendre appui sur ses pieds et attrapa son visage entre ses mains.
« Non. Mais il ne doit pas être loin, répondit-il en posant son front contre le sien. »
« Je suis sûre qu'il va bien, affirma-t-elle en posant ses mains sur les siennes. »
Il lui offrit un sourire qui ne l'engageait pas et la relâcha.
Rick arriva à ce moment-là et lui tendit la main qu'il accepta, sans vraiment comprendre le geste : est-ce qu'il le remerciait ? Mais de quoi ? Ou était-il juste rassuré de le voir en vie ? Glenn derrière lui adressa un sourire et Daryl se contenta d'un signe de tête. Sasha, elle, reçut des accueils plus chaleureux de la part de ses compagnons.
« Il faut retrouver les autres, annonça Rick reprenant son rôle de leader en un clin d'œil après avoir déposé un baiser sur le front de la jeune femme noire. Ils ne doivent pas être loin. Et je suis sûr que l'un d'eux est responsable de l'explosion. »
« Noah… Noah était avec nous, répondit Sasha. Mais il n'a pas… »
« Je sais, nous avons vu ce qu'il s'est passé. »
C'est comme ça qu'il s'appelait, Noah. Silas prit soin de garder le silence, cela ne servait à rien de râler sur un mort de toutes façons, mais il savait qu'il n'allait pas le pleurer.
« Ya plein d'morts là-bas, lâcha Daryl pointant du doigt une ruelle à une cinquantaine de mètres d'eux. Doit y avoir qu'que chose. »
En silence, ils se mirent en marche, Daryl boitant encore un peu mais pouvant se débrouiller seul à présent, Silas un bras sur les épaules de Jaimie, incapable de la lâcher maintenant qu'il l'avait retrouvée.
Ils arrivèrent rapidement devant l'entrée de la ruelle : Sasha plaqua sa main sur sa bouche étouffant un cri d'horreur devant le monticule de cadavres en plus ou moins bon état alors que Glenn détournait le regard.
Ils ne s'attendaient vraiment pas à voir autant de corps déformés par le manque de nourriture et démembrés s'empilant les uns sur les autres et sur deux bennes à ordures formant ainsi un mur qui atteignait deux mètres à son plus haut point. L'odeur pestilentielle se dégageant des cadavres en décomposition avancées les assaillit presque immédiatement et ils se dépêchèrent de ramener leur tee-shirt ou tout autre bout de tissus sur leur nez dans une vaine tentative de se protéger contre cet assaut.
« Faites gaffe, y a des têtes qui bougent, avertit Daryl en enfonçant son pied dans un crâne aux mâchoires encore vives malgré l'absence d'un corps. »
« Qui a envie de se lancer dans une séance d'escalade ? Demanda Silas. »
« On n'est même pas sûr qu'il y a quelque chose derrière, répondit Jaimie, peu désireuse de grimper sur les corps. »
« Y a qu'que chose, rétorqua le traqueur, sinon y en aurait pas autant. »
« Papa ? »
Une voix étouffée par le mur de zombies leur parvint au même moment.
« Carl ? S'exclama Rick. Tu vas bien ? »
« Oui ! On vous attendait ! »
« Est-ce que vous pouvez sortir de là ? »
« J'ai plus de munitions… »
« Nous pouvons sortir, intervint une autre voix derrière le mur. Je tenais à ce que vous soyez là pour nous aider à déblayer un passage. »
« Scott ! S'exclama Jaimie en entendant la voix de son ami. »
« Jaimie, ravi d'entendre ta voix ! Allez sur la droite, il y a un passage entre le mur et les bennes. Si nous travaillons de concert, nous devrions minimiser les risques de morsures et nous sortir de cette ruelle en quelques minutes. »
Silas leva les yeux au ciel, même pas trente secondes qu'ils avaient retrouvés Scott et il donnait déjà des ordres. Mais, secrètement soulagé de savoir son comparse sain et sauf, il s'attela aussitôt à la tâche de repousser les corps pour dégager le passage, faisant attention aux dents des zombies qui pouvaient encore poser problème. Comme Scott l'avait prévu, en quelques minutes, la voie fut dégagée et un Carl soulagé émergea. Il courut aussitôt vers son père qui le serra fortement contre lui, les larmes aux yeux.
Puis, ce fut au tour de Scott et un silence s'installa sur le petit groupe alors que Sasha et Daryl avaient même un mouvement de recul. Couvert de sang, le rouge se mêlant au blond de ses cheveux, les vêtements en sale état, il faisait peur à voir. Jaimie n'eut pas l'air de s'en rendre compte et à peine eut-il mis le pied sur l'avenue qu'il se retrouvait avec la brunette dans les bras. Il mit quelques secondes avant de réagir et resserrer son étreinte.
« Alors, on fait un remake de Carrie et on prévient pas les copains ? »
Pour une fois, Scott se permit de sourire à la remarque de Silas. Il libéra un bras pour l'attirer à lui et ils s'étreignirent quelques secondes.
« C'est… c'est toi qui les a tous tué ? »
« Carl m'a beaucoup aidé, répondit Scott à la question de Sasha. »
« Tu parles. Tu l'aurais vu Papa, c'était impressionnant. Il n'en a pas laissé un passer. Il ne s'arrêtait pas et ça partait dans tous les sens ! »
Rick hocha la tête, admiratif malgré lui et impressionné par ce qu'il voyait, tout comme le reste du groupe clairement surpris par cette facette du blond.
Silas ne put s'empêcher de renifler un peu, moqueur.
« Sérieux les gars, pourquoi vous croyez que je suis ce mec depuis le début ?»