« Peut être que tu devrais l'écouter, » avait dit Dean. « Peut être que tu devrais suivre son conseil... »
Sam ruminait les paroles de Dean dans sa tête depuis déjà plusieurs heures. Il étaient en chemin pour une ville ou s'étaient produite plusieurs morts mystérieuses -comme d'habitude- et il n'avait pas décroché un mot depuis qu'ils étaient partis. Il ne réalisa que la nuit était tombée et que Dean s'était garé sur le bas côté et avait arrêtée son affreuse musique métal que lorsqu'il lui frappa violemment la cuisse. Il sursauta.
-Aouch ! Qu'est ce qui te prend !?
-Ça doit faire déjà dix minutes que je t'appelle et que je me suis arrêté et tu ne répondais toujours pas, donc maintenant tu vas me dire ce qu'il y a, qu'on puisse repartir au boulot.
-C'est rien, Dean, laisse tomber.
-Mais bien sur. T'es au courant qu'on est pas frères pour rien ?
-Quoi ? Demanda Sam d'un air perdu.
Dean haussa les épaules.
-T'arrête pas de dire que quand je dis que tout va bien, c'est qu'il y a un problème. Ça vaut aussi pour toi, tu sais ?
Sam soupira.
-Je sais. C'est juste que tu m'énerve.
Dean prit un air faussement surpris.
-Moi, je t'énerve ?
Sam lui sortit sa bitchface numéro 12. Dean reprit un air sérieux.
-Ok, qu'est ce que j'ai fait.
-Qu'est ce que tu as dis, plutôt. Et qu'est ce que tu ne fait pas.
Dean hocha la tête.
-Je vois. C'est encore à cause de cette histoire de contrat, c'est ça ?
Sam explosa. Comment Dean pouvait-il encore prendre un air fatigué et exaspéré ? Alors que tout était de sa faute ?
-Bien sur que c'est à cause de cette histoire de contrat ! Depuis le début je dois te tirer et te pousser pour que tu fasse ne serait-ce qu'envisager de trouver un moyen de te sauver ! Et maintenant, tu voudrais que je fasse comme le doc et que je te laisse partir !? Non mais tu te fous de moi ou quoi !? Tu m'as laissé partir toi !? Tu as accepté ma mort !?
Dean fit la moue. Sam ne le laissa même pas ouvrir la bouche.
-Et ne me sors pas une connerie du genre « Tu est mon frère et je dois te protéger », Ok ? Oui, je sais, c'est ce que papa t'as demandé lorsqu'il m'a mit dans tes bras pour que tu me sorte de la maison en flammes, et c'est ce que tu as toujours fait jusqu'ici, mais justement Dean ! Tu crois quoi, que moi je ne suis pas prêt à tout pour te sauver ? Que comme je suis le cadet, je dois me laisser bien gentiment protéger ? Tu oublie que tu n'es pas le seul à avoir été élevé comme un soldat, Dean ! Moi aussi je sais me battre, moi aussi, je PEUX me battre ! Moi aussi, je me BATS, Dean ! Pour toi ! Et toi, tu t'en fous, et tu voudrais que je te « laisse partir » !? Est-ce que tu te fous de moi !? Moi aussi, Dean, je suis prêt à faire n'importe quoi pour toi, même la pire des conneries ! Et tu sais que la pire des conneries n'a pas marché, donc je fait de mon mieux pour trouver autre chose ! Toi, pendant ce temps, tu glande, et c'est vrai que j'apprécierais que tu te bouge un peu plus les fesses de temps en temps, parce qu'au cas ou tu ne l'aurais toujours pas remarqué, C'EST QUAND MÊME DE TON ÂME QU'IL S'AGIT !
Sam avait terminé son petit discours en hurlant, et semblait à deux doigts de frapper Dean, qui le considérait d'un air surpris.
-Ok Sammy. Est ce que t'as fini ?
Sam, essoufflé d'avoir tant crié, considéra la question un moment. Non, il n'avait pas fini, il lui restait encore des tas de choses à lui dire, mais tout se mélangeait dans sa tête et il n'arrivait pas à reprendre le cours de ses pensées. Avec un dernier soupir, il réalisa qu'il s'était calmé.
-Ouais. Je crois. Pour l'instant.
Dean le considéra d'un air prudent.
-Ok. Préviens moi juste la prochaine fois que tu te mettras à hurler comme ça.
Sam soupira d'un air agacé.
-Bordel, Dean. Après tout ce que je viens de dire, c'est ta seule réaction ? Tu ne crois pas que de temps en temps il est possible, et même nécessaire, de faire quelque chose qui s'appelle « parler sérieusement »? Et je te jure que si tu me sors encore une de tes blagues vaseuses, je te fais avaler tes dents…
Dean referma prudemment la bouche, puis la rouvrit.
-Ecoute, Sammy, je sais tout ça Ok ? Je sais que tu fais tout ce que tu peux pour moi, je sais que je t'énerve parfois, mais que veux tu que je fasse ? Depuis presque un an qu'on cherche autant qu'on peut, on ne trouve rien, et peut être bien qu'on ne trouvera rien… Ce que j'ai dit tout à l'heure, ce n'était pas pour te faire abandonner ou quelque chose du genre, c'était pour que tu comprenne qu'on ne pourra peut être rien y faire… Concrètement parlant, il ne me reste que quelques mois à vivre, et si ça trouve, passés ces quelques mois, tu te retrouvera seul, sans espoir de me revoir… Et ce jour là, tu devras l'accepter, Sam…
Sam secoua la tête.
-Jamais. Je ne pourrais jamais te laisser partir.
Dean fronça les sourcils.
-Ce médecin y est bien arrivé pourtant.
-Mais il a eu des années pour ça ! Callie était aux portes de la mort depuis des années ! Et son message passé, leurs deux esprits se sont apaisés ! Je ne pourrais jamais, Dean ! J'en sais rien moi ! Peut être que c'est de famille ? Papa n'y est jamais arrivé après tout…
Dean considéra prudemment son frère, son Sammy. Sa respiration était lourde, agitée et précipitée, et il ne tenait pas en place. Pour une raison qu'il ignorait, il semblait au bord de la panique.
-Des milliers de gens meurent tous les jours, Sammy. Leurs proches acceptent, ou non, mais tous savent qu'ils ne reviendront pas.
Sam lui sortit sa bitchface numéro 53. Oui, forcément, c'était un peu con ce qu'il avait dit…
-Et pourtant, je suis la. Tu voudrais que j'accepte ta mort alors que tu n'as jamais accepté la mienne, et que tu as sauté sur l'occasion pour me sauver encore une fois. Tu t'es damné pour moi, comme papa l'a fait pour toi. Tu n'as jamais accepté ça, pourquoi le devrais-je ?
Dean soupira longuement. Puis, il se retourna vers le volant et remis le contact.
-J'en sais rien, Sam. Peut être parce que tu l'as dit : même les démons n'ont pas voulu me sauver, et je ne vois pas vraiment d'autre solution… Si je vis, tu meurs, Sam, rappelle-toi. Je ne dis pas que j'ai envie de mourir, mais tu me connais, pour l'instant, je n'ai pas le choix.
Sam renifla de dépit.
-C'est bien ce qui m'emmerde, Dean. Tu te débrouille toujours pour ne jamais avoir le choix…
Dean ne répondit rien et réengagea la voiture sur la route. Ils allaient continuer à chercher, et à chasser, mais pas ce soir. Ce soir, ils allaient se trouver un motel, minable, comme d'habitude, ils allaient passer une mauvaise nuit sur un matelas probablement infesté de puces, puis, demain, il allaient se lever, aller déjeuner, -un burger pour lui, une salade pour Sam- et puis ensuite, seulement, ils allaient se remettre à enquêter. Les démons et esprits pouvaient bien attendre une nuit. C'était peut être un peu facile de penser comme ça, mais il y aurait toujours des gens qu'ils ne pourraient pas sauver. Et avec un peu de chance, il ne se passerait strictement rien cette nuit…
Pourtant, alors qu'il se garait devant le motel qu'ils avaient choisi, Dean ne pouvait s'empêcher de penser que Sam ne lui avait pas tout dit. Il avait fouillé dans ses pensées pendant tout le trajet. C'était rare de voir Sam en colère. Très rare. Presque autant que de le voir sourire. Evervé, oui, agacé, oui, outré, oui, mais en colère, jamais. A chaque fois que Sam et lui s'étaient sérieusement disputés, il avait été question de lui, et de son comportement autodestructeur. A chaque fois, c'était parce qu'il avait manqué d'y rester. Comme aujourd'hui. Oui, il était son frère, et Dean savait parfaitement que Sam tenait à lui. Autant que lui tenait à Sam. Mais pour la première fois, Dean avait l'impression qu'il y avait quelque chose d'autre. Que Sam ne lui disait pas tout. Rien d'étonnant à cela, ils avaient tous les deux leurs secrets après tout. Mais là, c'était quelque chose d'important, Dean le sentait. Ça le concernait. C'est pour ça qu'il rattrapa Sam par le bras alors qu'il s'apprêtait à sortir. Sam avait raison, ils devaient parler. Maintenant.
Sam le considéra d'un air surpris.
-Qu'est ce qu'il y a ?
Dean haussa les épaules, et ne lâcha pas son bras.
-Je ne sais pas trop. J'allais te poser la même question.
Sam fronça les sourcils.
-Comment ça ?
-Tu ne m'as pas tout dit, n'est ce pas, Sam ? Quelque chose me dérangeait et j'ai enfin réussi à mettre le doigt dessus. C'est rare que tu t'énerve contre moi comme ça, très rare. Et à chaque fois, c'est parce que je manque d'y passer. Tu es mon frère, tu t'inquiète pour moi, d'accord. Tu as peur de me perdre, d'accord. Mais il y a autre chose, j'en suis sur. Je ne sais simplement pas quoi.
Sam dégagea son bras et déglutit, incapable de nier. Il se contenta de fixer Dean, incapable de sortir une excuse plausible. Dean le vit et tenta de l'aider.
-Allons, Sammy… Tu me connais, tu peux tout me dire…
Sammy secoua lentement la tête, sans le quitter des yeux. Il déglutit à nouveau.
-Non, Dean. Pas ça.
Pas ça. Jamais. Plutôt mourir que de lui avouer ça. Plutôt mourir que de souffrir de la séparation avant l'heure. Plutôt mourir que de devoir l'abandonner dans ses derniers mois et de précipiter sa chute…
Dean, en le voyant si terrifié et convaincu, fronça les sourcils.
-Est ce que ça concerne les démons ? Tes pouvoirs ou Ruby? Est-ce que…
-NON ! L'interrompit Sam.
-Non, ça n'a rien à voir avec les démons… Enfin, je crois…
Il se détourna, et continua de parler, comme à lui même…
-Non, ce n'est pas possible… Ça fait trop longtemps… Mais les démons sont sur moi depuis que j'ai six mois… Enfin, il est mort maintenant, mais… Non… Non, j'ai déjà envisagé ça et je n'arrive pas à y croire… Ce n'est pas comme ça…
Sam porta une main à sa bouche et commença à se mordiller l'ongle du pouce, dans un réflexe nerveux que Dean n'avait vu que lorsqu'il était ultra-stressé, ce qui n'incluait même pas d'être à deux doigts de se faire égorger par un vampire ou bien énucléé par un Dieu païen sadique… En fait, c'était comme lorsqu'ils étaient plus jeunes et qu'il rentrait d'une chasse, à laquelle leur père l'avait exceptionnellement autorisé à aller seul, avec deux jours de retard. Dean se souvenait encore de la silhouette de son frère, mort d'inquiétude, épuisé et frigorifié, qui se rongeait les ongles, emmitouflé dans une couverture sous le porche, attendant son retour dehors depuis deux jours. Sam, assis sur une chaise horriblement inconfortable pour s'empêcher de dormir, au centre d'un pentacle de protection et d'un cercle de sel, un fusil à pompe serré contre lui, avait semblé hésiter entre le serrer contre lui à l'en étouffer en pleurant de joie, et lui coller une rouste à son retour… Il avait d'abord choisi la deuxième, puis la première solution…
Maintenant franchement inquiet face à son frère qui marmonnait toujours, comme perdu dans son monde, Dean décida de le ramener à la réalité. Il posa une main sur son épaule et le secoua doucement.
-Sam ? Est-ce que ça va ?
Sam sursauta et releva brusquement sa tête vers lui, bouleversé. Ses yeux débordaient de larmes.
-Je ne te laisserais jamais partir Dean. Jamais.
Dean fronça les sourcils à nouveau, et parla d'une voix douce qu'il n'aurait jamais cru posséder. Comme si il tentais de rassurer un animal apeuré. Un jeune louveteau terrorisé à l'idée de quitter sa meute, mais qui doit affronter le monde seul, pour trouver sa propre compagne et fonder sa propre meute… Il s'étonnait lui même, et peu importais si il ne croyait pas lui même à ce qu'il disait. Si cela pouvait rassurer Sammy, il était Ok...
-Je sais, Sammy. J'ai compris. Je te connais aussi, c'est moi qui t'ai élevé quand même. Je te connais assez pour savoir que, même si tu ne peux pas empêcher ma mort, tu trouvera un moyen de me ramener. Un moyen qui n'impliquera pas les démons, vu qu'apparemment, ils n'ont pas spécialement envie d'aider. Mais pour l'instant, il me -il nous- reste encore plusieurs mois, depuis cette histoire avec le docteur, tu te mets dans un état pas possible et je ne comprends pas pourquoi…
Sammy releva vers lui ses yeux larmoyant, et un instant, un instant seulement, Dean cru voir ce qu'il voulait y voir. Mais il se reprit rapidement et parla à nouveau, d'un ton calme et presque suppliant qui le surpris encore plus.
-S'il te plait, Sammy, dis-moi…
Il voulait savoir. Il voulait savoir ce qui dormait au plus profond du cœur de son frère. Ce serait sans aucun doute sa seule occasion avant les Enfers, et il se foutait d'avoir une discussion de fille « à cœur ouvert »… Il voulait juste connaître réellement son frère… Mais son frère le regardait toujours, semblant partagé, déchiré, entre l'envie d'enfin lui parler, et la terreur de le perdre, d'être rejeté… Ce que Dean ne comprit pas, car il savait pertinemment qu'il serait à jamais incapable de haïr Sammy, son Sammy… Lui en vouloir, oui, mais le haïr, jamais. Jamais il ne pourrait l'exclure de sa vie d'une autre façon que celle prévue dans quelques mois… Mais Sammy, peut être, ne le savait pas. Peut être avait-il été un mauvais grand frère. Peut être, son obstination à cacher ses sentiments derrière des moqueries, parce qu'il avait honte, avait-elle convaincu Sammy qu'il le rejetterai ? Que les propres sentiments étaient une faiblesse ? Que les paroles qu'il s'apprêtait à prononcer, quelle qu'elles soient, les détruiraient… Alors il fit quelque chose qu'il s'était juré de ne jamais faire, il écouta une impulsion qu'il s'était juré de ne jamais écouter… Il décida, pour une fois, d'écouter son cœur. Pour une fois, pour la seule et unique fois dans sa vie depuis la mort de leur mère, il se permit de laisser couler ses larmes. Plus d'une. Il tendit doucement la main et alla caresser la joue mouillée de son frère, qui le regardait d'un air ébahi.
-Sammy…
Sammy ferma les yeux et inclina la tête, recherchant désespérément le geste de tendresse, que Dean se maudit de ne pas lui avoir donné plus tôt…
Un instant, il fut tenté d'oublier, de laisser tomber, mais il ne pouvait pas, il ne pouvait plus…
-Sammy… Appela-t-il de nouveau.
Et Sam ouvrit doucement les yeux et le fixa, ses larmes taries, à travers ses cils interminables, maintenant toujours la main de Dean prisonnière de sa joue… Il regarda Dean, qui avait arrêté de pleurer lui aussi et ne s'en était même pas aperçu. Il était prêt à parler, il allait parler, il lui manquait juste un petit quelque chose…
-Dis moi…
Alors Sam redressa la tête, libérant la main de Dean, et lentement, approcha son visage du sien. Doucement, il posa ses lèvres sur les siennes. Un simple contact, au goût salé par les larmes. Il se recula lentement, et Dean le regarda un moment, prenant le temps d'assimiler ce qui venait de se passer… Lorsqu'il eut compris, lorsqu'il eut compris qu'il connaissait enfin son frère, qu'il comprenait enfin ses inquiétudes lorsqu'il s'absentait trop longtemps, son amertume lorsqu'il sortait dans les bars pour draguer les filles, sa peur face à sa mort et aux Enfers… Lorsqu'il eut compris que ces inquiétudes étaient aussi les siennes… Lorsqu'il eut enfin compris, il empêcha Sam de s'éloigner plus et le ramena à lui, posa de nouveau ses lèvres sur les siennes… Il laissa Sam s'éloigner, et lui laissa le temps de réaliser lui aussi…
Et lorsque la bulle éclata, lorsque la douceur et la tristesse eurent disparu, il ne resta plus que l'impatience, la passion et la sauvagerie…
Sam et Dean se jetèrent l'un sur l'autre, leurs bouches se dévorant, s'explorant, leurs langues se battant, leurs dents se mordant… Dean ramena son frère contre lui et Sam passa par dessus le levier de vitesse pour s'asseoir à califourchon sur lui. Chacun découvrait le goût de l'autre et en redemandait avec plaisir… La position était difficile à tenir, inconfortable. Sam et son mètre quatre vingt-quinze étaient pliés contre le toit, coincés dans l'espace entre les deux sièges avant, forçant Dean à tourner la tête, mais la chambre d'hôtel, qui n'était qu'à quelques mètres, était définitivement bien trop loin pour eux...
Rapidement, Dean débarrassa Sam de son éternelle chemise à carreau, puis du T-shirt qu'il portait en dessous. Comme pour se venger, Sam lui enleva son perfecto et son T-shirt, et ils recommencèrent à s'embrasser… Dean picora le torse de Sam de baisers, lui laissant tantôt une morsure, tantôt un suçon, tantôt une griffure… Sam gémit, et aurait aimé relever la tête, mais l'espace plus qu'exigu l'en empêchait, et il exprimait sa frustration en labourant le dos de son frère…Son érection commençait à devenir atrocement douloureuse, et la sentir frotter contre celle de Dean était un supplice. Il ne put s'empêcher d'amorcer un mouvement de hanches qui arracha un Dean un long gémissement et le força à interrompre sa dégustation charnelle…
Il se tourna vers son frère pour l'embrasser à nouveau. Le goût de sa bouche était décidément divin et terriblement excitant, et il se sentit stupide d'avoir attendu si longtemps pour connaître une telle plénitude… Sam manquait d'air mais refusait de lâcher sa bouche, la reprenant dès qu'elle s'éloignait, l'empêchant de s'ouvrir pour laisser passer autre chose que des soupirs, mais Dean réussit à reprendre l'ascendant. Sam s'éloigna violemment de lui en gémissant lorsqu'il réussit à immobiliser ses hanches assez longtemps pour ouvrir son pantalon. Son sexe en érection pointa fièrement par l'ouverture du jean, comprimé dans un boxer rouge.
Dean détestait le rouge. C'était la couleur du sang. Pourtant, la, maintenant, tout de suite, ce que ça pouvait être excitant… Non, il ne venait pas d'imaginer son frère menotté aux barreaux d'un lit d'un motel minable, le torse et les cuisses marbrées de rouge par un martinet, non…
Dean gémit d'excitation en sentant les doigts de son frère déboutonner fébrilement son pantalon, en profitant pour masser sans vergogne son membre qui n'avait probablement jamais été aussi dur et douloureux…
Attirant Sam à lui pour l'embrasser encore, Dean glissa ses mains le long des hanches de son Sammy, qui, semblant comprendre, rompit le contact et s'éloigna quelque peu, se penchant encore plus entre les deux sièges, pour que Dean puisse lui baisser son pantalon et son boxer. A peine Dean l'avait-il fait se rasseoir, qu'il profitait de l'effet de surprise pour introduire deux doigts dans la bouche de son adorable frangin, pendant que de l'autre main, il baissait difficilement son propre boxer.
Sam, les joues rouges, suçait ses doigts comme si il s'agissait d'autre chose et Dean ne put s'empêcher de déglutir difficilement à cette pensée. L'homme assit sur ses cuisses, son propre frère, était un appel à la luxure comme il n'en avait jamais entendu, et il se refusait à agir comme d'habitude, avec n'importe laquelle de ses conquêtes. Pour une fois, il voulait prendre son temps, mais il n'en avait pas l'habitude, et son sexe réclamait douloureusement une nouvelle prison plus étroite et chaude…
Retenant un gémissement en entendant celui de son frère lorsqu'il retira ses doigts, Dean fit taire ses envies de viol en appliquant un magnifique suçon sur la gorge de Sam. Il promena ses doigts humides dans son dos, le long de sa colonne vertébrale, puis utilisa le même chemin pour les redescendre entre les deux fesses musclées du chasseur -définitivement pas avocat- assis sur ses genoux. Il massa doucement l'endroit qui l'intéressait, se délectant des gémissements qui atteignaient ses oreilles, avant de les juger finalement insuffisants…
Sam gémit et donna un coup dans le levier de vitesse dans un mouvement spasmodique lorsque Dean poussa un doigt à l'intérieur de lui. La première phalange, puis la deuxième. La troisième passa un peu plus difficilement, mais, au pire, ils avaient du lubrifiant dans la boite à gants… Si Dean ne l'avait pas encore utilisé, c'était tout simplement parce qu'il était proprement incapable de se détacher de son frère pour une seconde…
Dean fit aller et venir son doigt, accentuant les gémissements de Sam, qui se frottait contre lui dans un mouvement indécent, accordé sur le rythme de ce foutu doigt qui se frayait en lui et qui était à la fois gênant, et insuffisant…
-Dean… Gémit-il, et c'était la première fois qu'il gémissait ainsi son nom, la première fois que Dean le trouvait aussi sexy…
Se mordant la joue pour ne pas jouir à ce simple son, Dean se vengea de ce que son frère lui faisait ressentir en introduisant son second doigt d'un seul coup. Sam se crispa et releva ses jambes sous la douleur pendant plusieurs secondes, avant de détendre ses muscles et de fixer Dean, haletant.
Dean comprit qu'il était prêt. Ou que si il ne l'était pas, il n'attendrait pas une misérable seconde de plus. Ça lui convenait parfaitement.
Il embrassa de nouveau Sammy -son Sammy et Dieu seul savait à quel point il adorait penser comme ça- et passa ses mains sur ses cuisses, les caressant, jusqu'à ce qu'elles passent en dessous. Sam compris et se suréleva à nouveau, laissant Dean le guider, le rabaisser, sur l'épieu de chair qui le transperça. Sam gémit sous la douleur, alors que Dean entrait en lui centimètre par centimètre. Dean gémit. Jamais il n'avait connu plus chaud et étroit fourreau de chair. Lorsque Sam, alors qu'il était totalement enfoui en lui, reposa de nouveau sur ses cuisses, Dean du fermer les yeux et se concentrer pour ne pas jouir. Pas qu'il en ait quelque chose à foutre de sa réputation de Winchester en cet instant. C'était son frère après tout, et il savait qu'il ne lui en voudrait pas le cas échéant (même si il le charrierait sans doute un peu), simplement, il méritait mieux que ça, et Dean voulait donner à Sam plus de plaisir que tout ce qu'il pouvait imaginer…
Dean revint à la réalité en sentant de petites dents taquines mordiller les siennes et un frottement langoureux contre son ventre. Sam, un air légèrement moqueur sur le visage, se caressait d'une main lascive. Il fixait Dean, qui eut l'impression de voir dans ses yeux quelque chose comme « t'attends quoi ? Je suis un chasseur, pas une de tes conquêtes… Peur d'être trop brusque ? Le plaisir serait-il trop grand pour toi ? »
Dean sourit à Sam d'un air carnassier avant de l'embrasser avec passion, et de faire bouger ses hanches…
Sam gémit, se détachant à regret de la bouche de son frère, accompagnant ses mouvements, toujours coincé entre les deux sièges. Foutue grande taille. Bah. Il se ferait pardonner dans la chambre. Sa grande taille aussi. Nul doute qu'elle serait très utile lorsqu'il prendrait Dean contre le mur de la douche...
Sam attendait depuis des années de sentir le sexe de son frère le labourer de l'intérieur et la sensation en était définitivement merveilleuse ! Il sentait Dean qui mordait, embrassait et léchait chaque parcelle de peau à sa portée, son épaule allait probablement être bleue de suçons dans les prochains jours… Et Dieu merci, ils ne chassaient pas de vampires, car l'odeur de ses blessures (et des griffures dans le dos de Dean) risquaient de les griller direct…
Sam poussait sur ses jambes à mesure que Dean soulevait ses hanches, il sentait son frère s'enfoncer encore et encore en lui et bordel ! La, maintenant, tout de suite, ils n'en avaient tous les deux plus rien à foutre des Enfers ou ils risquaient d'aller ! Cet instant était trop bon, trop parfait pour être démoniaque ! Il n'y avait que Dieu pour être à l'origine d'une telle plénitude.. !
Ou le péché capital de la Luxure ? Qu'il aille chier celui la ! Aux dernières nouvelles, Dean l'avait renvoyé aux Enfers depuis plusieurs mois…
Et nom de Dieu que c'était bon ! Aucun d'entre eux ne pouvait en douter en entendant les gémissements et les suppliques de l'autre…
-Sam, Sam, Sam… Gémissait Dean, comme le Dieu qu'il aurait invoqué dans ses prières d'exorcisme.
-Dean… Répondait Sam. Ah… Dean…
L'un comme l'autre se sentaient au bord de la rupture. Les mouvements de Sam se firent de plus en plus rapides, tandis que ceux de Dean devenaient presque frénétiques. Il se libéra le premier dans un gémissement étouffé. La crispation de ses doigts dans les hanches de Sam, les petits croissants rouges qui ornaient sa peau à l'emplacement de ses ongles, le sang qu'il vit couler sur la bouche de son frère la ou il s'était mordu, entraînèrent Sam au fond de l'abîme. Se laissant couler, Sam sentit la jouissance le submerger comme une lame de fond. Il se cambra violemment, évitant par miracle le plafond, dans un gémissement absolument indécent qu'il n'aurait jamais cru pousser un jour…
Sam retomba contre son frère, le nez dans son cou, respirant et suçotant paresseusement sa peau, attendant de redescendre du petit nuage sur lequel il était, n'en ayant d'ailleurs aucune envie, pendant que Dean traçait de petit cercles apaisants dans son dos. Comme lorsqu'il était petit et que, ayant découvert ce que faisait leur père, il s'inquiétait de ne pas le voir rentrer et n'arrivait pas à dormir, ou faisait des cauchemars macabres qui le réveillaient en sursaut au milieu de la nuit…
Quelques minutes passèrent et bientôt, le froid poussa Sam à se déplier. Il gémit lorsque le sexe ramolli de son frère sortit de son corps, et gémit encore lorsque son fondement douloureux se rappela à lui alors qu'il se rasseyait sur son siège. Les deux frères se rhabillèrent en silence. Au moment de sortir de la voiture pour -enfin- rejoindre cette fameuse chambre de motel, ils échangèrent un regard. Un léger sourire se dessina sur leurs lèvres. La nuit était encore jeune, et loin d'être finie. Peut être que les fantômes et démons pourraient attendre encore un jour et une nuit de plus ?
Ils sortirent de la voiture et Sam prit leurs affaires, pendant que Dean ouvrait la porte. Une fois à l'intérieur, il procédèrent calmement aux vérifications et protections habituelles et commencèrent à s'installer.
Alors que Dean allait demander à Sam si il voulait prendre sa douche en premier, il surpris le regard de son frère sur la porte de la salle de bain. Sam tourna ensuite son regard vers lui et haussa un sourcil évocateur. Dean lui sourit, et commença à enlever son T-shirt. Le regard de son frère lui faisait comprendre qu'il allait passer à la casserole. Il s'en foutait. Si il y avait bien une seule personne sur Terre pour laquelle il pouvait abandonner son ridicule orgueil de mâle (qui a dit « de Winchester ? ») c'était bien son frère. Son Sammy. Son âme sœur. Celui qu'il avait toujours aimé dès lors qu'il avait été assez âgé pour mettre un nom sur ce foutu et embarrassant sentiment qu'il pouvait ressentir… Et dorénavant, il avait une réelle raison de tenter d'échapper à l'Enfer…
µµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµ
A quelques mètres de là, à peine, perché sur un lampadaire, un certain ange aux cheveux bruns ébouriffés et aux yeux bleus comme la mer arborait un air parfaitement impassible. Ce qui ne l'empêchait pas de sourire intérieurement. Il se jura d'obéir scrupuleusement aux ordres de son divin papa, parce que ces deux humains, qui allaient lui donner du fil à retordre, à n'en pas douter, s'étaient bien trouvés, même si cela leur avait pris des années...