Chapitre 6 - Quand les réalités commencent à résonner
Gauche. Gauche. Tourner. Esquiver. Tournoyer. Sauter.
Le corps de Harry bougeait automatiquement, faisant les mouvements qu'il avait vu tant de fois avec facilité.
Mais son esprit cherchait frénétiquement d'autres options.
Des options qui pourraient le conduire plus prêt de Tom et de la fille blessée. Ironiquement, c'était exactement ce que le Héros voulait aussi. Mais ça ne comptait pas, c'était impossible.
Le basilik était partout. La danse si complexe, si rapide et si resserrée, que Harry n'avait pas d'autre choix que de bouger précisément en accord avec les pas choisis. Et même ça se révélait être plus dur qu'attendu, au milieu des mouvements toujours changeant du corps serpentin.
Et parfois la tête se précipitait sur lui, sortie de nul part, lui donnant seulement un quart de seconde pour décider dans quelle direction il sauterait pour s'évader. Un mauvais choix l'enverrait contre le corps du serpent, blessant possiblement une douzaine de danseurs.
Il n'avait pas de contrôle sur où il allait et peu de visibilité sur la masse flou des danseurs. Parfois le basilik l'amenait assez près de Voldemort, les némésis seulement séparés par la queue du serpent, avant que Harry ne soit forcé de tournoyer en arrière, à l'autre bout de la scène.
Alors qu'il faisait son chemin à travers les mouvements rapides du serpent en tournant et tournoyant, Tom se tenait immobile juste à côté de la fille, ne faisant toujours rien pour l'aider. Au lieu de ça, il la regardait, entrant et sortant de son champ de vision entre le basilik.
Harry essaya de garder ses yeux sur lui aussi, mais la danse intriquée demandait beaucoup de concentration. Son coeur battait aussi intensément que la musique.
Et puis soudainement, inopinément, à tort, Tom était en face de lui.
Harry se figea. Lord Voldemort n'était pas supposé être là, il n'était pas supposer bouger du tout avant que le Héros n'ait tué le basilik.
Il n'y avait pas d'espace pour lui ici, au milieu des lignes mouvantes de danseurs.
"Qu'est-ce que tu fiches ?" lui cria Harry par dessus la musique.
Il ne savait pas s'il lui demandait pour la fille ou pour lui étant ici, ignorant la chorégraphie.
Tom sourit, son expression excitée. "Je raconte l'histoire."
Harry put l'entendre, mais il ne le comprit pas. Rien de tout ça ne faisait sens et pourquoi Snape n'arrêtait-il pas la danse ? Tom était clairement en dehors des clous.
Eh bien si Tom ignorait son rôle, qu'il en soit ainsi. Deux danseurs avec le basilik terminerait horriblement quoiqu'il en soi, il n'y avait plus de raison pour lui de suivre les pas. Ainsi il commença à sprinter vers la fille, ne tenant plus du tout compte de la chorégraphie.
Il ne fit pas trois pas avant que Tom ne l'attrape par derrière, le tirant en arrière juste avant qu'il ne faillisse rentrer dans la tête du serpent.
Il y eut un gloussement enchanté à son oreille. "Attention."
"Va te faire foutre !" gronda Harry, se tordant en dehors de la poignet et se précipitant à nouveau vers l'avant.
Une main attrapa son poignet droit et le fit tournoyer, le sauvant de nouveau d'une collision avec le basilik.
Et Harry réalisa que Tom pouvait prédire entièrement les mouvements du serpent. Ce qui devait être pratiquement impossible. La scène entière était bien trop complexe pour que ça soit possible.
La danse fonctionnait parce que chaque danseurs faisaient exactement ce que la chorégraphie imposait. Pas un seul faux pas de quiconque et soudainement tout marchait comme sur des roulettes. Si tout le monde se concentrait sur sa propre danse alors tout marchait. La danse n'était pas faite pour que les danseurs regardent les mouvements des autres, après tout tout le monde était aveugle sauf deux danseurs.
Mais Tom semblait capable de garder une trace de tous les danseurs, sachant exactement quelle partie du serpent allait être là.
C'est ce qui avait dû lui permettre de se faufiler en premier lieu.
Parce que Harry avait essayé de s'en aller, mais il avait été forcé de bouger d'une manière particulière uniquement, la danse ne lui donnant pas d'autres options. Il réalisait qu'il ne pouvait pas voir ces passages, mais que Tom le pouvait.
Et par simplement être là, Tom avait détruit efficacement le seul passage qu'il connaissait.
Le seul qui pouvait toujours les guider à travers la danse sans blessure était Tom. Pour Harry, privé de sa chorégraphie, il était laissé à ses seules réactions. Le serpent était aveugle de toute façon et inconscient de la situation, ils continuaient juste de danser leur rôle.
"Va te faire foutre !" cria-t-il encore.
Tom se saisit de ses hanches et le projeta hors du chemin alors que la queue du serpent changeait sa direction.
"J'ai peur qu'avant que tu ne puisse la sauver, il faille que tu finisses la danse."
Harry tourbillonna, prêt à arguer, mais les mots restèrent coincer dans sa bouche quand il rencontra les yeux de l'autre. Ils étaient rétrécis, cruel et rouge.
Ce n'était pas Tom, l'élève star de Hogwarts. C'était Lord Voldemort.
Harry regarda autour, ne voyant rien d'autre que des lignes et des lignes du basilik, s'enroulant autour d'eux. Il tenta de se rappeler où exactement ils étaient dans la scène, mais c'était sans espoir. Il savait que le Héros dansait dans son sommeil, mais il n'y avait aucun moyen de prédire les mouvements des autres autour de lui, peut importe combien de fois il l'avait vu.
Sa respiration était maintenant des inspirations rapides, sa poitrine s'étranglant de panique. Au lieu de faire confiance en ses instincts, il se gela momentanément et seul l'intervention joueuse de Voldemort le tira une fois de plus du chemin du serpent.
"Idiot," soupira le plus âgé. "Je te l'ai dit, tout ce que tu as à faire est de réagir à moi."
Et puis ils dansaient.
Harry ne pouvait même plus se préoccuper du basilik, son entière attention était focalisé sur le fait de ne pas finir renversé par Voldemort.
Mais alors même qu'il sautait et tourbillonnait autour de l'autre, alors même que le basilik dessinait des cercles plus près, alors même que la tête du serpent les avait raté de quelques millimètres, une pensée se cramponnait à son esprit.
Ils devaient arrêter. La fille avait besoin d'aide.
Il vit une petite ouverture apparaître dans les lignes du corps du basilik et il s'y précipita. Il put entendre Voldemort siffler derrière lui, lui donnant la chasse. Ils étaient toujours entourés du serpent, mais il n'était plus qu'à un pas de son but.
Il était sur le point de piquer un autre sprint, mais Voldemort lui bloqua le chemin. Il tenta de tourner autour de lui, mais dut changer de direction quand le serpent s'avança plus près.
Il fut à nouveau attrapé et jeté dans les airs, avant qu'il n'atterrisse brutalement sur le sol.
Il sauta et vit qu'il avait été poussé loin de Voldemort, créant un espace entre eux. Avant que l'autre ne puisse s'approcher encore la tête du serpent les chargea depuis la fauche et les sépara efficacement.
Devant se débrouiller désormais par lui même, pas quelques centimètres mais bien plusieurs mètres de là où il était supposé se trouver, toute la chorégraphie mise de côté. Il sauta et tournoya entre la queue du serpent, son corps frôlant le matériel du costume. Il pouvait sentir les écailles contre sa peau.
Il courait entre les lignes, le large animal ressemblant plus à un labyrinthe qu'à autre chose. Un labyrinthe bougeant constamment. Et pourtant, il devait bien y avoir une sortie.
Au moins il était seul, loin de Voldemort. Maintenant qu'il avait combattu le basilik et Voldemort en même temps, échapper au serpent seul semblait facile en comparaison.
Il repéra la queue du serpent et la suivit tout en tournoyant hors du chemin du reste du corps, jusqu'à un dernier saut le conduisant à côté de la fille.
Il atterrit sur le sol dans sa lutte pour venir jusqu'à elle.
"Gin... Non pas Ginny. S-Salut ?!"
Il toucha sa tête, ne se souciant pas de ses mains moites. Il ne trouvait pas une trace de sang, mais elle n'avait pas réagi aussi, peut importe la façon dont il l'avait secoué. Son visage était anormalement pâle.
"Oh dieu, pitié ne sois pas morte, s'il te plaît-..."
Quelque chose de dur lui rentra dedans, le plaquant au sol à quelques pas sur le sol. Le basilik trembla, puis chancela avant de tomber sur son côté gauche. Synchroniquement, pas accidentellement.
Une partie de lui enregistra que ça aurait dû être le moment précis pour enfoncer l'épée dans sa gorge.
Une partie plus grande de lui s'en fichait, entièrement concentré sur le visage qui le chargeait.
Son premier instinct fut de fuir mais quelque chose qui reposait sur le sol attira son attention. Le journal.
Il se jeta dessus, mais Voldemort fut plus rapide, l'interceptant dans les airs et le jetant sur le sol.
Sa vision devint noir alors qu'il reprenait sa respiration.
L'autre marche au-dessus de lui, mais Harry attrapa sa cheville, le faisant chuter. Il se releva et put finalement attraper le journal. Avec ses mains tremblantes il le déchira en deux.
Il put entendre Voldemort haleter et il sut que c'était la fin. Le monde s'éloignait du flou de son esprit alors qu'il rampait vers corps immobile gisant près de lui.
Elle était toujours mortellement pâle. Harry fronça les sourcils, confus. Ce n'était pas supposé arriver, c'était fini, elle devait se réveiller maintenant.
Pourquoi est-ce que ça ne marchait pas ? Voldemort était mort, n'est-ce pas ? Il leva le regard, clignant des yeux sous la douleur qui traversa son crâne.
Voldemort était toujours debout, à peine, tremblant à chaque pas qu'il faisait au travers de la scène.
Scène.
Harry cligna à nouveau des yeux et soudainement se fut Tom, son visage figé en agonie alors qu'il se tenait la poitrine.
Abasourdi, Harry regarda le livre déchiré dans ses mains, ses yeux écarquillés d'horreur.
Son crâne palpitait, l'empêchant d'avoir une seule pensée claire et Harry sentit des larmes lui monter aux yeux à cause de la confusion et de l'impuissante qu'il ressentait.
Le monde semblait se remettre en ordre de force, mais cela faisait encore moins de sens qu'avant.
Paniqué, il regarda la seule personne qui venait juste de vivre la même chose que lui.
Il vit juste à temps Tom tomber la tête la première de la scène.
Harry cria.
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.
"Bordel de merde ?"
"Il est entrain d'hyperventiler !"
"Appeler l'infirmière !"
"Elle ne bouge pas !"
"Est-ce qu'il a de l'asthme ?"
"Qui a crié ?"
"Poussez-vous idiots !" Severus poussa deux septième années pour arriver jusqu'au garçon entrain d'hyperventiler sur le sol. "Laissez lui de l'espace !"
Il claqua ses doigts en face du visage du garçon. "Potter. Hey, Potter ! Regardez-moi !"
Le garçon aux cheveux noirs ne l'écouta pas, sa respiration peu profonde et trop rapide.
Il était entrain d'avoir une crise de panique. La question était pourquoi ?!
Severus maudit silencieusement Minerva pour le tirer de ses observations.
Il n'avait pas regarda pendant quelques minutes et soudainement la scène entière était plongée dans le chaos. Initialement il avait pensé que le basilik les avait écrasé, mais non, les danseurs du serpent allaient bien. Les autres étaient le problème.
Les étudiants s'amassaient autour d'eux, se marchant sur les pieds pour avoir une meilleure vue. Les étudiants qui avaient été occupés avec la danse des maisons s'étaient aussi arrêtés, regardant avec incertitude la scène.
"Draco !" jappa-t-il avec irritation.
Il ne donna pas plus d'instruction, mais le garçon avait assez de bon sens pour le comprendre. Il avança entre la foule et Potter et commença à les pousser, leur donnant un peu plus d'espace nécessaire.
Severus prit fermement le visage du garçon et il le força à le regarder. "Potter, vous faites une crise de panique. J'ai besoin que vous respiriez profondément," lui expliqua-t-il calmement.
Le garçon prit une respiration tremblante avant qu'il ne commence à marmonner de manière incohérente. "S'il vous plaît, ne me faites pas faire ça, je ne peux pas- s'il vous plaît. Tom."
Il regardait autour de lui frénétiquement, cherchant clairement quelque chose. Severus n'avait aucune idée de ce que voulait dire le garçon, mais sa priorité était de le calmer, alors il garda ses questions pour plus tard.
"Que quelqu'un me cherche Monsieur Riddle !" demanda-t-il, tenant le garçon maintenant tremblant quand il tenta de fuir.
Les jumeaux arrivèrent en courant à travers la foule des danseurs du serpent, leurs visages sérieux pour changer.
"Professeur ! C'est Tom, il s'est évanoui."
"Qu'est-ce que vous voulez dire par il s'est évanoui ? demanda Severus, incrédule.
"Nous l'avons vu tomber de la scène, mais ce n'est pas vraiment le problème..."
"Son poignet est..." il regarda son jumeau en cherchant ses mots.
"Eh bien, coupé."
"Il saigne beaucoup. Nous pensons qu'il s'est évanoui à cause de la perte de sang."
Tom Riddle tombant de la scène ? Impossible.
"Je l'ai tué," murmura Potter, "Oh mon dieu je l'ai tué- je ne voulais pas-... je ne savais pas !"
Le garçon ne se calmait pas du tout.
"Ne soyez pas stupide-..." commença Severus, puis il s'arrêta alors que ses yeux trainaient sur le journal détruit.
Impossible.
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"La fille a fait un choc diabétique. Depuis Poppy a pu augmenter son taux de sucre dans le sang avant que ce ne soit trop tard. Nous ne savons pas s'il y aura des dommages permanents tout de suite, mais elle devrait pouvoir se remettre complètement."
"Elle était diabétique ?" demanda Albus, fronçant les sourcils avec inquiétudes.
"Non, pas qu'elle sache. Mais les activités physiques accrus peuvent conduire à une augmentation de l'insuline. Son amie a dit qu'elle ne manquait jamais un repas, donc ça ne devait pas être le problème."
"Eh bien nous devrions être heureux que Poppy l'ait prise en charge à temps. Je suis sûr qu'elle examinera la fille minutieusement jusqu'à ce que nous soyons sûr que ça n'arrive pas à nouveau."
"Il y a un autre... évènement étrange qui m'a été reporté," continua Snape sérieusement, ne partageant pas l'optimisme du directeur. "Penelope Clearwater prétend que quelqu'un a volé ses médicaments plus tôt cette semaine. Elle doit prendre de l'insuline par injection régulièrement depuis qu'elle est enfant."
Albus le regarda au dessus de ses lunettes, mi-amusé, mi-alarmé. "Vous pensez que ces évènements sont liés ? Severus vous ne pouvez pas être sérieux."
"J'énumère simplement les possibilités. Nous n'avons aucun moyen de savoir comment l'excès d'insuline est arrivé dans son sang," répondit Snape d'un ton vif.
Albus soupira. "Les autres ?"
"Monsieur Riddle a repris conscience après avoir reçu du sang. Il aura besoin de point de suture, mais à part ça il se remettra parfaitement."
"Il doit s'être coupé en tombant de la scène. Quel malheureux accident."
Les lèvres de Severus se serrèrent. "Oui très... malheureux."
Le directeur ne sembla payer aucune attention à son ton douteux. "Et comment va notre nouvel étudiant ?"
"Poppy lui a donné un sédatif doux pour le calmer. Il semble incohérent. Pour maintenant."
Les sourcils de Dumbledore se levèrent. "Pour maintenant ?"
"Quand je l'ai vu il délirait complètement."
"Je suis sur que-..."
"Albus," insista Snape. "Il était tout à fait perdu."
Le directeur ne dit rien pendant un moment, avant de gentiment secouer la tête. "Ce n'est pas anormal même pour les danseurs expérimentés d'avoir les mêmes émotions que leur personnage. Vous les voyez souvent pleurer à la fin de leur performance."
"Je pense qu'il y a quelque chose d'autre, de plus extrême. Le rôle affecte clairement Monsieur Potter d'une manière trop mentale. Il a travaillé sur lui-même avec énergie durant les entraînements, Albus. Imaginez ce qui arrivera sur la vraie scène, où les émotions sont par défaut amplifiées."
"Allons, allons mon garçon, ne sautons pas aux conclusions ici. Monsieur Potter a juste vu deux de ses camarades perdre conscience. Ca a sûrement été la principale cause de sa panique. Vous avez l'air de dire qu'il est instable."
Albus s'était attendu à balayer les moqueries habituelles de Severus, mais l'homme restait stoïque.
"Ce n'est pas la sanité de Monsieur Potter que je mets en doute, Albus."
Dumbledore fronça les sourcils, pensif. "J'ai peur de ne pas comprendre..."
Severus ouvrit la bouche pour répondre, mais quelque chose l'arrêta. Non, le vieil homme le ne croirait jamais, c'était trop absurde. Plus il y pensait, moins il y croyait lui-même. Pourtant un sentiment dans ses tripes persistaient.
"Il s'agit aussi des autres étudiants," répondit-il à la place. "Ils prennent leur rôle bien plus au sérieux qu'aucun autre senior avant eux."
"Ils étudient leurs personnages en profondeur, nous devrions nous réjouir d'avoir des étudiants si investis."
"Miss Black a poussé Monsieur Black depuis deux escaliers en disant qu'ils ne faisaient que répéter l'acte 5," lui rappela Snape attentivement.
"J'ai entendu dire. Poppy m'a assuré que Monsieur Black n'avait rien de plus que quelques égratignures."
Snape secoua la tête. "La situation nous échappe. Doucement, peut-être, mais sûrement."
Le directeur le regarda pendant un autre long moment avant d'acquiescer à contre-coeur.
"Alors nous aurons besoin de leur parler. Leur apprendre à séparer leurs sentiments de ce qu'ils ressentent pour une fiction de la réalité. Surtout Monsieur Potter. Faites en sorte qu'il ne se perdent pas lui-même dans le rôle du Héros pendant qu'il danse."
Snape n'était toujours pas certains de ce qui était arrivé pendant les répétitions, mais il avait un fort pressentiment que parler ne résoudrait pas leur problème.
"Nous n'aurions pas dû choisir 'Une Prophétie'. L'école toute entière est... trop proche de la réalité."
Dumbledore gloussa. "Ils sont ici pour apprendre à danser, pas à faire de la magie. Je suis sûr qu'ils l'ont remarqué."
Le ricanement moqueur de Snape revint finalement. "Potter a arraché un livre en deux et pensait que ça avait tué Monsieur Riddle. Je ne pense pas que nous devrions prendre ça à la légère."
"Et pourtant vous m'avez dit que vous ne doutiez pas de sa sanité," lui rappela Dumbledore, curieux. "Est-ce qu'il y a quelque chose que vous souhaitez me dire ?"
À nouveau Severus faillit répondre, mais il s'abstint.
"Rien," répondit-il finalement. Son visage resta sans expression et l'hésitation ne fut là que pendant une seconde.
Mais Albus connaissait l'homme depuis qu'il avait commencé dans la première division de Hogwarts. Pourtant, il savait que rien de bon ne sortirait s'il poussait à bout Severus Snape.
"Ne vous sentez pas responsable pour aujourd'hui, Severus. Rien de tout ça n'est de votre faute."
"Bien sur que non," renifla Snape. "Pas même moi aurait pu penser que ces imbéciles aurait pu réussir à créer autant de chaos en une poignée de minutes."
Dumbledore acquiesça avec apaisement.
Mais aussitôt que Snape fut parti, son expression calme changea pour une douce tristesse.
"Je sais que vous ne trouverez pas le sommeil ce soir, mon garçon. Vos inquiétudes sont plus fortes que vos ricanements," chuchota-t-il dans la pièce vide.
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"Que s'est-il passé, Monsieur Riddle ?" demanda Severus, ses yeux fixés sur le visage de l'étudiant, cherchant le moindre changement inhabituel dans l'expression du garçon.
Il était assis sur une chaise juste à droite du lit de Tom dans l'infirmerie.
Tom pencha sa tête sur l'oreiller pour le regarder. "Je ne pense pas que je m'en rappel professeur. J'ai dû me frapper la tête assez fortement."
"C'était une belle chute," acquiesça Snape.
"Oui, assez. Je me suis retrouvée soudainement plus près du bord de la scène que j'étais supposé l'être. Le combat avec le Héros -je veux dire, Harry- était bien plus intense que lors des entraînements."
"Pour tous les deux, évidemment," remarqua Severus sèchement.
L'expression de Tom était parfaitement concernée. "Oui j'ai entendu dire, comment va-t-il ? Et la fille ? Je suis désolé, j'aurai dû remarquer quelque chose. Je me tenais juste à côté d'elle après tout. Mais bon, je pensais qu'elle faisait semble d'être inconsciente."
"Vous ne pouviez pas savoir Monsieur Riddle. Et vous allez tous les deux bien après l'aide de Madame Pomfrey," lui assura Severus.
Il regarda le visage de Tom d'où la préoccupation disparaissait, mais une expression troublé persistait. Pour toute personne normale ses réactions paraîtraient parfaitement normales. Alors pourquoi Severus n'arrivait pas à se débarrasser de ce sentiment persistant ?
Il choisit ses prochains mots avec prudence. "C'est une coupure impressionnante que vous avez réussi à... acquérir."
Tom lui sourit avec ce qu'il fallait de regret et de nonchalance. "J'ai dû me couper pendant que je tombais de la scène. Peut être sur la rampe de l'escalier, ou sur le bord de la scène elle-même ? Je ne sais pas vraiment. Ca a même pu arriver pendant que nous dansions. Le papier peut être surprenamment coupant."
"Un accident alors." Il réussit à le faire entendre comme une constatation, mais la question était toujours là, sous-jacente.
Pour la première fois, Severus put voir une étincelle de prudence dans les yeux de Tom.
"Bien sur."
Severus se redressa sur sa chaise et son ton changea pour quelque chose de plus professionnel. "Monsieur Riddle, je suppose que l'immense pression qui vient avec le fait de remplir l'héritage de Salazar est constamment dans votre espr-..."
Le rire de Tom l'interrompit. "Vous pensez que je suis instable ? Pitié professeur, je vous assure que je ne m'embête pas à m'occuper des attentes des autres."
"Vous êtes très probablement la dernière personne qui croulerait sous la pression," acquiesça Snape. "C'est pourquoi je me trouve si déconcerté. Réalisez vous que vous auriez pu mourir ? Vous vous êtes coupés l'artère."
Le léger rétrécissement de ses yeux étaient la seule indication du mécontentement de Tom. "Je ne me suis rien coupé professeur."
"Bien sur que non," rectifia rapidement Severus. "Mais vous êtes un perfectionniste Monsieur Riddle."
L'expression de Tom était presque curieuse maintenant. "À vous entendre on dirait presque une accusation."
Snape ignora son étudiant et fit légèrement marche arrière. "Vous prenez cela très calmement."
"Je ne fais pas attention à ce qui aurait pu arriver, je me concentre sur ce qui est. Je me sens bien. En fait, Madame Pomfrey m'a dispensé pour pour les cours jusqu'à après demain," l'informa Tom, souriant à nouveau.
Ca pesait sur les nerfs de Severus. Les réactions de Tom étaient exactement celles qu'on pouvait attendre. En fait, il était presque trop prévisible.
Il fit attention à ce que son visage reste neutre. "Et si Potter n'est pas là ?"
Comme attendu, l'air concerné fut immédiatement de retour. "Est-il blessé ?"
"Pas physiquement, non," répondit Severus sèchement.
Tom sembla comprendre ce qu'il voulait dire. "Écoutez professeur, je ne sais pas ce qui s'est passé, donc je ne peux pas vraiment juger la situation. Cependant, je suis excellent juge de caractère et je sais que Harry est mentalement beaucoup plus fort que ce que semblez penser."
"Vous n'avez pas tardé à le défendre," remarqua Snape.
Tom haussa des épaules. "Je suis celui qui ait voulu qu'il soit le Héros."
Et c'était exactement pourquoi Severus ne pouvait se débarrasser de ce sentiment que quelque chose était fondamentalement mauvais dans toute cette situation.
"Qu'est-ce que vous avez vu en lui aux auditions ?"
Le sourire de Tom ne vacilla pas. "J'ai vu qu'il convenait parfaitement pour le rôle."
"À cause de ses compétences en danse, ou à cause de son endurance mentale ?" demanda-t-il prudemment.
Le sourire disparut, mais juste quand Severus pensa qu'il pouvait apercevoir quelque chose derrière, le visage de Tom devint complètement impassible.
"Parce qu'il comprendrait."
Après quelques autres minutes sans conversation où Severus joua le rôle du professeur prévenant et Tom celui de son habituel persona sans défaut, Snape quitta l'infirmerie.
Il était toujours plongé dans ses pensées alors qu'il marchait à travers Hogwarts et distrait comme il l'était, ses pieds le menèrent au bureau du directeur de leur propre volonté.
Il regarda la porte en fronçant les sourcils, débattant une nouvelle fois avec lui-même s'il devait le dire à Albus après tout.
Il se retourna rigidement et retourna à ses quartiers. Il n'y avait aucun moyen qu'il puisse dire cette absurdité. Aucun moyen qu'il puisse jamais expliquer ce qui était coincé dans son esprit avec une certaine irrationalité.
Que lorsque Harry Potter avait détruit le morceau d'âme de Voldemort, Tom Riddle avait tenté de se suicider.
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Harry se réveilla de sa somnolence pour se trouver allongé sur un lit dans les dortoirs. Deux visages identiques étaient penchés sur lui.
"Bon retour dans le monde des vivants !" sourit George.
"Et le monde des non-drogués," ajouta joyeusement Fred.
"Ugh," fut tout ce que Harry réussit à répondre.
"Ouai, il va bien," assura Fred à son jumeau.
"De retour à son inélégance habituelle," acquiesça George.
"Allez !" grogna Harry. "Donnez-moi du temps pour me remettre."
Ils continuèrent avec leurs taquineries pendant un moment et Harry ne put en être plus reconnaissant. Il savait qu'ils voulaient des réponses, mais ils ne firent rien pour le pousser. Le problème était que, il n'avait pas de réponse. Il n'avait pas idée de ce qu'il s'était passé.
Même après sa panique irrationnelle se soit calmée, il lui était resté un sentiment de malaise.
Ca avait été si réel. C'était tout ce dont il pouvait être certain.
Il y avait aussi le problème que à part Harry, personne n'avait vu Tom bouger en dehors de la chorégraphie. Apparemment pendant que Harry dansait avec lui parmi le serpent, pour le reste du monde il s'était tenu exactement là où il était supposé être.
Il avait besoin de parler avec Tom, ou il deviendrait définitivement fou. Mais ils lui avaient seulement dit qu'il allait bien et puis qu'on lui avait dit de rester au lit.
Harry ne les croyait pas. Il n'allait certainement pas bien. Tom Riddle n'était pas tombé de la scène.
Leur conversation fut interrompu par un coup sur la porte. Harry n'était pas certains de qui il avait attendu, mais certainement pas Draco Malfoy. Même les jumeaux semblaient surpris.
"Je suis venu prendre des nouvelles de ta tête," dit le blond, se tenant mal à l'aise au bout de son lit. "J'ai compris que je t'ai donné un sacré coup avec la tête du basilik."
"C'est bon, c'était de ma faute de toute manière, je me tenais à la mauvaise place."
"Je vois..." Draco ne fit pas plus d'effort pour parler, mais il ne bougea pas non plus pour partir. Il était clair qu'il voulait parler à Harry, mais qu'il avait espéré pouvoir le faire en cercle plus restreint.
Les jumeaux semblèrent remarquer sa réticence eux aussi. Il aurait été poli de juste s'excuser et de partir bien sur, mais les jumeaux ne croyaient pas en la politesse.
"Mon frère, nous nous immisçons," déclara pompeusement Fred.
"Eh bien, que devrions nous faire ?"
"Bien, nous devrions partir," suggéra Fred. "Ou nous pourrions rester et prétendre que nous n'avons rien remarquer."
Draco fit de son mieux pour rester impassible, mais il y rougissait de colère.
"Oh je sais !" s'exclama George avec enthousiasme. "Nous pourrions prétendre partir et puis écouter à la porte !"
"Les gars..." prévint Harry, fatigué.
Il était clair que Draco était réticent à être ici en premier lieu et Harry ne voulait pas transformer ça en quelque chose d'encore plus gênant.
"D'accord, d'accord," firent-ils, désappointés, et partirent, avec un peu de chance sans rester derrière la porte.
"Désolé pour ces idiots. Ils sont toujours comme ça... Enfin je suppose que tu le savais déjà." Harry tenta un sourire.
Draco semblait ne toujours pas trouver sa voix.
"Err, ma tête va bien," lui assura Harry.
Draco s'éclaircit la gorge. "La plupart des étudiants croient que tu es asthmatique. Les professeurs ne les ont pas contredit."
Harry cligna des yeux. Il pouvait entendre que Draco essayait d'insinuer quelque chose, mais il ne pouvait pas mettre le doigt dessus. "Uhm..."
Draco semblait légèrement exaspéré. "Écoute Potter, je sais que ce n'était pas une crise d'asthme. Mais si même les professeurs pensent que c'est une meilleure vérité alors tu devrais la prendre là."
"Tu... veux que je dise que... je suis asthmatique ?" demanda Harry, déconcerté.
"C'est mieux que l'alternative, n'est-ce pas ?"
Harry rit d'incrédulité. "Pourquoi est-ce que tu t'en soucis ?"
"Ma mère pense que je suis mort et que mon père prévoit de dominer le monde. Avec le professeur Snape en passant."
Harry le fixa. "Q-Quoi ? Excuse moi...?"
Draco soupira. "Je sais à quoi la folie ressemble Potter."
"Je ne suis pas-..."
"Ne finit pas cette phrase," l'interrompit Draco. "Pour ton propre bien, ne le fait pas."
"Je n'arrive pas à décider si tu veux m'aider ou si tu es ici pour te moquer."
"As-tu déjà entendu parler de ma mère ?"
"Tu veux dire à propre de sa... maladie mentale ? Non," répondit honnêtement Harry.
"Tu as entendu parlé de ma famille, certainement ?"
Harry renifla. "Bien sur."
Maintenant Draco semblait vraiment exaspéré. "Tu n'es pas très bon à ça, pas vrai ? Il y a une raison pourquoi presque personne ne le sait. La société a mis une grande stigmatisation sur les maladies mentales. Dis leur que tu ne peux pas marcher et ils t'aideront tous. Dis leur que tu es fou et ils seront prêt à te brûler vif.
"Ahh," fit Harry. "C'est pourquoi tu veux que je dise que je suis asthmatique ?"
Draco haussa des épaules. "C'est ta décision."
"Pourquoi tu m'aides Draco ?" demanda Harry avec lassitude.
"Eh bien nous ne pouvons jouer sans un Héros, n'est-ce pas ?" répondit l'autre avec nonchalance.
Harry savait que ce n'était pas la vrai raison, mais il décida de ne pas chercher plus loin. "Ne t'inquiète pas, je ne suis pas-... D'accord, je ne pense pas être fou. J'ai eu une crise de panique, il y a une différence.
Du moins il y en aurait une, s'il y avait eu la moindre cause de panique.
"Ma mère avait ses moments de clarté parfois," lui dit Draco. "Je déteste ces moments. Pour elle c'est comme si le monde avait été effacé et qu'un autre l'avait remplacé. Elle est complètement perdu entre les deux."
Harry remua inconfortablement. Il n'aimait pas la façon dont il comprenait les mots de Draco.
"Tu veux savoir pourquoi je suis ici ? J'ai reconnu ton cri. Mère crie quand la réalité et son illusion se troublent." Draco le regarda intensément. "On aurait dit exactement elle."
Harry resta silencieux, parce que vraiment, qu'aurait-il pu dire à ça ?
"Tu veux savoir le meilleur ?" lui demanda sèchement Draco.
Harry le regarda avec méfiance.
"Nous pouvons savoir exactement quand ma mère est devenu mentalement malade. Elle a juste craqué. Sur plusieurs mois. C'est arrivé il y a environ une décennie, tu sais, à peu près au moment moment de l'échec de Grindelwald."
Harry pouvait être mauvais pour comprendre les subtils sous entendus de Draco, mais même lui savait ce qu'il était supposé demander maintenant.
"Qu'est-il arrivé ?"
Draco lui offrit un sourire désabusé. "Elle a dansé 'Une Prophétie'."
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Aaah je suis désolée d'avoir mis autant de temps à traduire, vraiment je suis désolée il y a eu beaucoup de flemme et c'était aussi un chapitre assez dur à traduire, j'ai vraiment galéré sur la danse, qui a duré trois pages Il y avait beaucoup de passage compliqué à transposer, et je pense que ça se ressent. Puis j'ai eu la flemme de me mettre à la relecture (et il y en avait besoin !).
Pour couronner le tout, ff a pas arrêté de bugué et j'ai mis je ne sais pas combien de temps à poster o
En tout cas j'espère que ça vous satisfait !
Selon l'auteur, les personnages devraient revenir à leurs habitudes bientôt mais ils reviendront plus fréquemment à leur "mode fou" au fur et à mesure qu'on approche de la fin :p
Bref, j'attends vos réactions, commentaires, jets de fleurs, tout ce que vous voulez quoi ^^
À la prochaine !
Sedinette