Hola ! o/

J'avoue, je me sentais d'humeur un poil dépressive... Ça fait longtemps que je voulais écrire un texte de ce genre, et c'est chose faite. Il n'est vraiment pas long, mais parfois, il n'y a pas besoin de beaucoup de mots pour exprimer ce qu'on ressent. Donc... je vous laisse avec mes états d'âme, et ceux de Sabo.

Bonne lecture !

Bisous cramés !

Pyro

Maître Oda, oh Grand Maître Oda, me donneras-tu les droits de One Piece ?... Comment ça "non" ?!


-LUFFY, C'EST MA BOUFFE ! hurle Zoro en essayant de planter sa fourchette dans la main de mon frère.

-Maaaaiiiiis ! J'ai la dalle, Zorooo ! geint le concerné en lui faisant ses yeux de chien battu.

Il y a un affrontement de regards entre le Capitaine et son second, avant que ce dernier ne cède et ne lui tende son assiette en soupirant. Luffy pousse une exclamation de joie et s'en empare avec un immense sourire. Crétin de petit frère. Personne ne peux lui résister, pas vrai ? Tu te souviens quand tu cédais en râlant à toutes ses bêtises ?

-Sabo... tu recommences, fait une voix à côté de moi.

Je tourne la tête, et Koala enfonce son doigt entre mes deux sourcils.

-Aïïïe ! Koala ! Je déteste quand tu fais ça !

-Arrête de froncer les sourcils !

-Si j'veux !

« On ne frappe pas les filles », c'est ce que Makino nous a toujours dis, et je jure que je me retiens de toutes mes forces quand elle m'étire les joues au point de me faire ressembler à un vieux chewing-gum. La vache, ça fait mal ! J'suis pas élastique, moi !

-Tsss... Doucement, les jeunes, soupire Hack en levant les yeux au ciel. Koala, laisse-le tranquille.

Elle me relâche et je me frotte les joues, en songeant brièvement que tu dois bien te foutre de ma gueule, de là où t'es. L'idée me fait sourire et je secoue la tête.T'as de la chance que je puisse pas t'en mettre une, tiens...

Ma gorge se serre soudain en pensant qu'en fait, je ne pourrais plus jamais le faire. On ne se battra plus pour savoir lequel de nous deux est le grand frère, on ne fera plus les quatre cent coups dans les rues de la ville, on ira plus jouer ensemble dans cette vielle cabane... Ça va me manquer, tout ça, tu sais ? Et toi, ça te manque là où tu es ?

Ça fait plus de deux ans, mais le vide est toujours là, et je n'arrive pas à le combler. Mon cœur me fait mal, à l'endroit où tu aurais dû y vivre. Juste à côté de Luffy, il y a un trou béant que je ne parviens pas à remplir, malgré tout l'amour que mes amis me donnent.

-Sab' ? Ça va ?

Je relève la tête pour voir Luffy me regarder avec de grands yeux inquiets. Je dois avoir eu l'air d'un martyr pendant quelques minutes, à en juger par son expression. Ma gorge se noue une nouvelle fois. Ses yeux ressemblent tellement aux tiens... Noirs et pourtant lumineux.

-Ouais, je... J'ai besoin de sortir. Le saké me monte à la tête. T'inquiète.

Il fronce les sourcils, mais acquiesce.

-SANJI ! ENCORE À MANGER !

Je pouffe malgré moi. Abruti... Mais son intervention a le mérite de détourner l'attention des autres de ma personne, et je peux m'éclipser sans sentir le poids de leur regards sur ma nuque. Je ferme la porte du salon à l'aquarium derrière moi, et je sors sur le pont herbeux du Sunny. Un bateau qui deviendra bientôt aussi célèbre que le Red Force, l'Oro Jackson, ou le Moby Dick, ne t'en déplaise.

J'avance jusqu'à la figure de proue, et je m'assois en tailleurs sur l'énorme tête de lion. Mon chapeau atterrit entre mes jambes, et je lève les yeux vers les étoiles.

Où es-tu, Ace... ?

Est-ce que tu as enfin embrassé ta mère ?

Est-ce que tu as mis une droite à ton père ?

Est-ce que tu as retrouvé Newgate ?

Et qu'est-ce que tu as dis quand tu as vu que je n'étais pas là... ?

Absent. Encore une fois. Je n'ai jamais été là quand il le fallait... Je n'étais pas là quand l'incendie de Grey Terminal s'est déclaré. Je n'étais pas là quand tu as pris la mer. Je n'étais pas là quand tu as été recruté par Barbe-Blanche, ni quand tu as retrouvé Luffy sur Alabasta. Je n'étais pas là quand tu as affronté Teach, pas là quand tu as monté les marches de l'échafaud. Pas là lorsque tu t'es mis entre Luffy et Akainu... Est-ce que ça aurait changé quelque chose, que je sois venu te sauver... ?

Et merde... Je pleure encore. Je pensais avoir tout laissé sortir, mais faut croire que non. Tch... Tu dois me regarder de haut et me traiter de pleurnichard, en ce moment, j'en suis certain.

-... Sab' ?

Je tourne la tête en essuyant mes larmes tant bien que mal.

-Hey, Lu', soufflé-je.

Il me sourit, et s'assoit d'autorité entre mes jambes. Je retire mon chapeau de sous ses fesses de justesse alors qu'il s'installe, et je finis de sécher mon visage. Il enlève son propre chapeau, s'appuie contre moi, et lève les yeux, lui aussi.

-Il me manque, chuchote Luffy.

-À moi aussi.

-Tu crois qu'il nous regarde ?

-J'en sais rien, Lu'. Mais si c'est le cas, il doit se foutre de nous, à nous voir aussi malheureux.

-Ouais, c'pas impossible... Il nous en collerait une, s'il était là.

-Arrête, j'ai mal rien que d'y penser.

Il pouffe doucement, et baisse les yeux sur son chapeau, qu'il fait tourner entre ses doigts. Est-ce qu'il pense à tout ce qu'on a vécu tous les trois ? Ou est-ce que comme moi, il imagine tout ce qu'on aurait pu vivre ? Je le vois lever sa main devant ses yeux, et il la fixe longtemps. Qu'est-ce qu'il y voit ? Toi tu dois le savoir de là-haut...

Il referme doucement les doigts, et baisse son bras.

-Hey... Sab' ? Montre-moi.

Je ferme les yeux. J'enlève mon gant, et je tends le bras devant moi... devant nous. J'ouvre la paume, et dans un bruissement doux, tes flammes naissent dans ma main. Tes flammes. Pas les miennes. J'ai mangé ton Fruit, mais dans mon cœur, ce pouvoir sera à jamais tien. Ce n'est qu'un emprunt, un moyen de le mettre en lieu sûr... Pour qu'il ne soit pas souillé par ce monde qui te détestait tant.

Mes paupières se rouvrent, et je plonge dans cet univers ardent qui était le tien. Les flammes tourbillonnent, et les étincelles qui s'en échappent s'élèvent vers le ciel, points orangés sur un noir d'encre. Je serre les dents pour retenir mes larmes, et le brasier s'intensifie, chaud et réconfortant.

Et soudain, tu es là.

Forme indistincte dans un univers flamboyant. Je suis sûr que ce n'est qu'une hallucination, due à ma tristesse combinée avec un peu trop de saké. Mais peu importe. Je te vois une dernière fois, et c'est ça qui compte.

-Salut, grand frère, murmuré-je.

Tu me souris, à travers les flammes, et tu me pointes Luffy du doigt. Ouais, je sais. Je le protégerais, t'inquiète. Je te promet que rien ne m'empêchera d'être là pour lui.

-Je t'emmerde, Ace. Je peux très bien me débrouiller tout seul, marmonne Luffy dans mes bras.

Alors il te voit aussi... Où c'est encore moi qui hallucine ? Je ne suis même pas sûr qu'il ait vraiment prononcé cette phrase. Hey, Ace... Est-ce que tu me pardonnes ? D'être resté dans l'ombre tout ce temps ? De vous avoir laissé, Luffy et toi ?

Tu secoues la tête, envoyant une giclée d'étincelles dans l'air, et tu me fait un clin d'œil. Mon cœur et ma gorge se serrent un peu plus, et je me plaque une main sur les yeux, alors que mes larmes coulent une nouvelle fois. Merci...

Ton feu se réchauffe dans ma main, et je te regarde à nouveau. Tu ris, espèce d'enfoiré. Ton rire... On a mis tellement longtemps à le faire sortir de toi, ce rire heureux, Luffy et moi. Des semaines à essayer de te dérider un peu, gamin renfermé que tu étais. Je devrais t'engueuler, à te foutre de moi comme ça, mais je ne peux que te sourire.

Ton rire s'éteint, tes flammes s'apaisent, et tu me regardes à nouveau. Je n'aime pas ce regard. Il est doux, tendre... tout le contraire de celui que tu avais l'habitude de nous lancer, fier et pétillant. On dirait un « au revoir ».

-Ace...

Tu me fais un signe de la main, un dernier clin d'œil, et tu me tournes le dos.

-Pars pas... Ace...

Tu fourres tes mains dans tes poches, avec l'attitude nonchalante qui te caractérise tant, et tu t'éloignes lentement.

-ACE !

Un dernier signe, et tu t'évanouis dans les flammes, te mêlant à elles pour devenir une petite étincelle, plus brillante et lumineuse que celles qui t'ont précédées. Tu brilles un instant dans la nuit, tu tourbillonnes devant mon visage, avant de t'éteindre définitivement. Je referme le poing, et le feu de ma main se résorbe pour revenir en moi. Je sais que tu l'habites toujours, mais je sais aussi que tu ne te montreras plus à moi ainsi...

Tu m'as dis au revoir, tout est terminé.

Je baisse les yeux sur notre petit frère, qui s'est endormi dans mes bras, en regardant le feu. Je le serre contre moi, fort, et j'enfouis mon nez dans ses cheveux. Pas lui. Je ne le laisserai pas partir. Parce que s'il part, je n'aurais plus rien. Parce que s'il part le vide en moi va s'élargir avant de m'engloutir.

Un sanglot rauque roule dans ma gorge, et je laisse une dernière fois couler mes larmes. Je suis désolé, mais juste une fois... Est-ce que je peux ?

Juste une fois, est-ce que j'ai le droit de pleurer pour toi, Ace ?