J'écoutais « dot coma » de Shaka Ponk.
Et mes neurones ont fondus. Genre, vraiment.
Il était tard, très tard, j'étais crevée, et ça fait toujours des mélanges bizarres (bon j'écris souvent la nuit, ceci explique cela je pense).
Fiction étrange et sans sens sur Mr Yéyé (qui j'espère ne passera jamais par ici, sinon sache que c'est pas ma faute, c'est celle de mes mains), sur fond de la musique que je viens de citer, et que je vous conseille vivement.
Et je précise, cette fic n'a pas été recorrigée par manque de temps. Je verrais ça plus tard.
Ombre
Je déambulais dans les rues, calme, ombre parmi d'autres. La nuit mouvante et douce me cachait sous son manteau obscur. Devant moi, les ruelles se voilaient, les avenues se vidaient, le pavé gris devenait noir, les murs s'ornaient d'étranges circonvolutions sombres.
J'étais sorti, parce que le sommeil me fuyait, parce que je n'avais pas envie de retourner à mon bureau, ou à mon téléphone. J'étais sorti, pour prendre l'air, cet air nocturne si particulier, si froid et pur, qui s'imprime dans toutes les cellules des corps des passants et se glisse dans leurs veines.
Je ne m'attendais certes pas à cela.
La brume, douce, qui, lorsque je la traversais, laissait sur ma peau des gouttelettes et une fraîcheur soyeuse, qui calmait la fatigue de mes yeux par ses voiles doux et froids. La solitude, complète, l'absence de bruit, la certitude d'être seul, cette certitude qui vous enivre, parfois. L'air glacial, vivifiant, qui s'engouffrait dans mes poumons en larges rafales, ressortait sous forme de nuage immaculé. Le froid, qui titillait ma peau, tantôt enjôleur, tantôt agressif. La voûte du ciel, qui me donnait l'impression d'avoir plongé sans le savoir dans un autre monde.
J'avais affronté la nuit bien des fois. Pourquoi celle-ci était-elle si particulière, si unique ? Le goût qu'elle laissait sur ma langue avait une toute autre saveur, certes appréciable, mais déconcertante.
Et au fil de ma marche, je sentais une envie étrange se glissait dans mes veines. J'étais si seul, qu'il me venait l'impression que j'étais le maître de ces rues, de ces heures sombres, de cette voûte nocturne, tout en ayant la conviction que je n'étais que le docile pantin de l'astre lunaire qui, caché, me toisait depuis les frondaisons du ciel.
Qu'importe. Je n'aurais échangé cette sensation de plénitude et de puissance contre rien d'autre au monde. Pourquoi voit-on si peu de passants, la nuit ? Ignorent-ils la volupté qui naît de chacun de nos pas dans son étreinte ? Ou la craignent-ils ? Ont-ils peur de ce que l'obscurité leur révèle d'eux ?
Mon errance finie, aurais-je peur, moi aussi ?
Soudain, un son parvint à mes oreilles, bien connu, apprécié. Shaka Ponk… D'où venait cette musique ? Qui osait perturber le calme froid et menaçant de cette nuit, semblable à nulle autre ? Pressant le pas, je suivis les notes, un peu envoûtantes, un peu stressées, comme bousculées par l'urgence, avant de doucement ralentir pour osciller entre le torride et le danger. Eblouissant.
Mais l'heure avancée apportait sans nul doute une certaine touche subjective à ma description. Sous son voile, il était facile de devenir prédateur, proie, de se laisser happer par sa beauté glaciale qui s'imprimait dans tout ce qui osait la faire vibrer.
La musique n'était qu'un exemple. Exaltante. Lancinante. Douloureuse. Elle faisait battre bien trop vite mon cœur, envoyait de l'adrénaline dans mes veines. L'impression était à la fois enivrante, et épuisante. Etait-ce seulement possible, de ressentir toutes ces choses-là à la fois ?
J'hésitai entre tuer le porteur du message, et l'aduler. Je déciderai lorsqu'on serait face à face.
Oui, dans la nuit, on pouvait se surprendre à rêver de sang. Ces songeries, au matin levé, étaient vites oubliées, mais il en restait un goût amer, doucereux, délicieux, tel un avertissement. Dans la nuit, tu es autre. La nuit te change, te transforme, te modèle à son image à moins qu'elle ne dévoile ce que tu es vraiment.
J'aimais la nuit, autant que je la craignais, finalement, comme tout être doué de raison.
Et la musique se faisait de plus en plus forte. Le coupable la lançait en boucle, comme un appel comme un messager flamboyant.
Je tournai au coin de la rue, et la découvris.
Elle était appuyée à un mur, vêtue d'un long manteau noir passé sur des collants effilés, des bottes militaires, une jupe rouge et noire et un tee-shirt sombre orné d'un dessin indescriptible, psychédélique, explosion de nuances pâles de bleu, kaléidoscope dément capturé sur le tissu.
Elle avait le visage plongé dans les ombres que j'avais cru maîtriser. J'arrivais à discerner, éclairé par la lueur rougeoyante d'une cigarette qu'elle portait régulièrement à ses lèvres et encadré par une houle de cheveux roux, un sourire étrange, qui me fit questionner sur mon identité de prédateur nocturne. Cette femme sans visage semblait mille fois plus dangereuse que moi.
Et, papillon de nuit, je me sentis attiré par sa lumière noire, plus étincelante que n'importe quel soleil.
Capture-moi dans ta toile, femme de la nuit, fais-moi voir les étoiles et dansons ensembles… Quitte à en tomber et mourir, touchons pour un instant le ciel du bout des doigts et rions-nous des dieux.
Dans sa main droite, libre de tout bâton de nicotine, un petit mp4, de bonne qualité à en juger le son en jaillissant. Un nuage bleuté s'échappait régulièrement de ses lèvres.
M'entendant approcher, elle releva la tête, me dévisagea fermement, plongeant ses yeux assombris dans les miens.
Il est exaltant d'être chassé, il est exaltant d'être chasseur. Jouons.
La musique prit un tournant tourmenté et elle tendit la main vers moi, sûre d'elle, son sourire s'agrandissant. Pourquoi ne le serait-elle pas ? La chanson m'a guidé jusqu'ici, je ne partirais pas. Je serais d'humeur romantique, j'aurais dit que l'argent lunaire, se reflétant dans la brume, nous avait rapprochés. Mais je suis chasseur, je suis chassé, et j'ai seulement envie de violence.
Alors, dansons, dansons sur notre animalité, dansons dans les ombres. Dansons sur la musique, sur nos âmes flouées, sur ce que nous aurions pu être, sur ce que nous ne serons jamais. Dansons en hommage à la lune, et prions pour ne jamais retomber au stade de simples mortels.
Bien qu'elle comme moi sachions pertinemment que cela arrivera. La nuit choisit rarement deux même victimes, deux mêmes consacrés. A nous de décider, suite à tout cela, si nous désirons continuer dans la lumière en tristes innocents ou revivre notre danse.
J'ignore quel sera mon choix.
En attendant que notre heure cesse, elle et moi tournoieront, ici et là, suivant le rythme de la musique, flammes dans l'obscurité.
Un peu… comme des marchombres.
La dernière phrase est totalement gratuite, et je lapide tous ceux qui n'ont jamais lu Pierre Bottero. Sauf Leïzzy. Parce que je l'aime. Dépo, tu m'aide ? (à les lapider, hein, pas à l'aimer, blblblblbl).
J'espère que cet os dément vous aura plus.