Chapitre 2 : Une terrible décision
Un mois plus tard, dans le bureau du directeur :
« Je suis désolé de vous annoncer ça » Disait Dumbledore d'une voix peinée au couple Potter.
« En êtes vous sûr Albus ? Vous avez vous même déclaré sa mort » Répondit la belle rousse en tentant de contrôler sa voix.
« Physiquement oui, mais son esprit erre toujours. Un puissant charme de magie noir est en action. Il ne reviendra pas tout de suite mais dans dix, quinze, vingts ans, un jour ou l'autre de toute façon il trouvera une manière de revenir, bien plus fort. C'est pourquoi il faudra être préparé. »
« Mon bébé » Murmura Lily.
« Il est l'enfant de la prophétie, le seul capable de vaincre le Seigneur des Ténèbres. » Déclara de nouveau le vieux sorcier.
« Mais il est si petit » Intervint James. « C'est incroyable qu'il est déjà des pouvoirs, surtout si puissants ! »
« En effet. Vous savez comme la magie accidentelle des enfants peut être dangereuse. » Il observa le couple par dessus ses lunettes en demi-lune. « Nous ne savons pas de quoi Gamaliel est capable, mais cela pourrais s'avérer catastrophique. »
Les parents prirent réellement conscience de ce qui les attendait à ce moment là.
« Nous le surveillerons de très près » Dit la mère du Survivant.
« C'est pour Harry que je m'inquiète » Continua le Président-Sorcier du Magenmagot.
« Pourquoi ? » Demanda James tandis que Lily ne semblait pas plus comprendre. De plus, depuis quelques semaines ils avaient perdus l'habitude que quelqu'un ne leur parle de leur second fils, Gamaliel étant au centre de toutes les discussions.
« Malgré lui, Gamaliel représente un danger pour son frère. Les enfants jouent entre eux vous ne pourrez pas toujours les surveiller et Gamaliel risque de blesser accidentellement Harry. Vous ne pouvez même pas imaginer les conséquences que cela aurait sur lui et sur vous tous. »
« Que nous conseillez-vous ? » S'enquirent alors les Potter.
« Cela va vous paraître horrible dans un premier temps, mais il faut absolument que vous y réfléchissiez calmement. » Il fit une pause. Il était très friand des longues poses dans ses discours, cela donnait un côté dramatique. « Il est primordial qu'Harry ne grandisse pas dans un environnement dangereux, c'est pourquoi vous devriez songer à le confier à sa tante. »
Ça y est, la bombe était lâchée.
« Quoi ? » Hurla Lily en se levant. « Il n'en est pas question ! Je refuse de me séparer de mon fils ! »
« Enfin Albus comment pouvez-vous suggérer une pareil chose ? » S'indigna son mari.
« Nous sommes leur parents, c'est à nous de faire en sorte que rien ne leur arrive ! Jamais je ne les laisserais tomber. » Finit-elle durement avant de partir en claquant la porte.
« Je suis d'accord avec Lily, Albus, vous ne pouvez pas nous demander ça. »
C'est un James un peu plus calme qui alla rejoindre sa femme en pleurs. Dumbledore n'était pas naïf au point de croire qu'ils allaient être enchantés de sa proposition. Il était d'ailleurs persuadé qu'ils finiraient pas se rendre compte que c'était la meilleur façon d'assurer la sécurité des enfants.
En effet, plusieurs mois plus tard, il reçut une visite de James. Lui et Lily étaient débordés par les journalistes qui les harcelaient, ils arrivaient à peine à s'occuper des jumeaux qui se réveillaient toutes les heures.
En se rendant à Godric's Hollow, il vit que Lily avait d'énormes cernes et paraissait exténuée. Elle essayait de nourrir Gamaliel, mais à peine elle approchait la cuillère de sa bouche que la nourriture s'envolait pour finir partout dans la pièce, sous les rires de l'enfant. Aucun des adultes présent ne remarqua que c'était Harry qui s'amusait à faire rire son frère en projetant magiquement la nourriture.
C'est donc deux parents harassés qui décidèrent à contre cœur de suivre les conseils de leur mentor. C'était beaucoup plus simple de se laisser guider, et puis Dumbledore était particulièrement sage donc il devait avoir raison.
Les adieux furent longs et déchirants. Ils avaient laissés Gamaliel à son parrain et avaient transplanés dans Privet Drive au beau milieu de la nuit avec Dumbledore et leur autre petit garçon dans les bras. Ils sentirent leurs cœurs se déchirer en posant une lettre sur les draps recouvrant Harry, et partir sans un regard en arrière – cela aurait été trop douloureux.
C'est ainsi qu'en allant récupérer ses bouteilles de lait, dès potron-minet, Pétunia Dursley trouva un bébé endormis devant sa porte. Elle eu tout de suite un mauvais pressentiment : cela n'était absolument pas normal, et il est de nature connu que les Dursley haïssaient tout ce qui n'était pas parfaitement conforme à la normalité. Elle se dépêcha donc de le rentrer à l'intérieur – il était hors de question que les voisins ne le vois – et lut la lettre sur laquelle l'enfant avait abondamment bavé durant son sommeil.
Les bruits d'un pachyderme descendant les escaliers lui apprit que son mari venait prendre son petit-déjeuner.
« Qu'est-ce que s'est que ça ? » Demanda-t-il bêtement en voyant deux bébés dans la pièce.
« Vernon, lui répondit sa femme d'une voix blanche, lit ça. »
Elle lui tendit la lettre. Une fois qu'il l'eut survolé, Vernon devint rouge brique et se mit à hurler en postillonnant :
« Quoi ? Il n'en est pas question ! Comment osent-ils déranger ainsi d'honnêtes gens, il n'avait pas qu'à faire des gosses s'ils sont pas capables de s'en occuper ! Je refuse qu'un de ces monstres ne vive chez moi ! »
« Quand je pense qu'elle n'a même pas eu le courage de venir me voir » Enchaîna Pétunia, les lèvres pincées. « Pas que je l'aurais bien accueillit, loin de là ! Mais j'aurais pu lui dire en face que nous ne sommes pas un orphelinat ! » Râla-t-elle en allant s'occuper de son fils qui beuglait depuis un bon moment.
Vernon finit par partir travailler, particulièrement énervé par ces troubles matinaux, tandis que Pétunia nourrissait Dudley. Elle habilla ensuite Dudley, tout en jetant des coups d'œils exaspérés Harry. Se dernier était bien trop calme pour être un enfant normal, pensait-elle, en une heure elle n'avait toujours pas entendu le son de sa voix ; ce genre de miracle n'arrivait que lorsque Dudley était profondément endormi.
Elle n'eut cependant même pas le temps de chercher où se trouvaient les orphelinats ou les églises les plus proches que la sonnette retentit. Quel ne fut pas son horreur en découvrant un vieil homme habillait d'une longue robe bleue sur laquelle brillaient des étoiles argentées.
« Puis-je entrer ? » Lui demanda-t-il poliment.
« Il en est hors de question ! » S'offusqua-t-elle vivement.
« Les voisins risquent de me voir » Murmura-t-il alors malicieusement par dessus ses lunettes en demi lune.
La femme grinça des dents avant de finir par ouvrir la porte à contre cœur.
« Merci bien » Lança-t-il gaiement en pénétrant dans la maison.
« Que voulez-vous ? » Cracha son hôte. « Si c'est pour l'enfant, nous n'en voulons pas ! »
« Voyons, voyons, c'est votre neveu » Répondit-il avec son air de papy gâteau habituel, avant de reprendre plus sérieusement. « Il est capital qu'Harry reste chez vous. »
Avisant l'expression plus que septique de son interlocutrice, il ajouta « Il va sans dire que vous serez gracieusement rémunéré pour la gène occasionnée et que toutes les dépenses liées à Harry seront payées par ses parents. »
La visite de Dumbledore et de ses irréfutables éléments de persuasion eurent raison de la défiance des Dursley à l'égard de leur neveu.
C'est ainsi que pendant près de six ans les Dursley élevèrent Harry, certes, comme un elfe de maison mais au moins ils le gardèrent loin du monde magique et c'est tout ce qui importait au vieux directeur de Poudlard. Depuis le départ de son frère, aucun événement magique d'aucune sorte n'arriva à Gamaliel. Cela avait bien sur inquiété les Potter, qui avait de nouveau fait appel au vieux fou qu'ils se bornaient à écouter.
Après avoir passé quelques jours auprès de l'enfant, Dumbledore en avait conclu que c'était l'éloignement de son jumeau qui devait le perturber. Lily avait donc sauté sur l'occasion pour essayer de récupérer son enfant ou au moins d'aller lui rendre visite mais James et Dumbledore l'en avaient immédiatement dissuadé.
En effet – assez étonnamment d'ailleurs – James s'était rapidement adapté à la nouvelle situation et disait fièrement à qui voulait l'entendre que confier la garde de leur cadet à sa belle-famille était un coup de maître. Son attitude était en grande partie du au fait que, le Seigneur des Ténèbres étant mort, un mouvement parmi les plus suicidaires de ses mangemorts était apparut afin de chercher à le venger. Ce qui avait permis à James de reprendre bravement et arrogamment son service en tant qu'auror.
Au fur et à mesure des ans, James et Lily avaient totalement arrêté de parler voire même de penser au bébé qu'ils avaient abandonné dans une abominable famille pour des raisons qui semblaient de moins en moins pertinentes. Ils avaient réussit à se convaincre que les Dursley avaient très bien accueillit leur fils et qu'ils devaient le traiter comme un roi.
Or, Harry n'était pas Gamaliel et, pendant que l'un était un enfant choyait et sur-gâté par ses parents, l'autre dormait dans un placard en pensant être orphelin. De plus James, encouragé par les sorciers qu'il voyait au ministère et par les journaux qu'il lisait, avait développé une immense admiration pour son fils, dont il n'arrêtait pas de vanter les mérites.