Un ovni dont je ne savais pas quoi faire...
Corrigé le 28/02/2016)
Les jours de misère
Derek, le regard perdu, était debout face à l'immense baie vitrée. Il observait le ciel grisonnant qui s'assombrissait à mesure que la nuit tombait. Cela faisait des heures qu'il n'avait pas bougé.
Trois années qu'il était revenu dans sa ville natale. Cet antre de deuil et de tristesse qui gardait son passé dans chacun de ses coins, chacune de ses fissures, de ses pans de béton.
Derek avait passé son après-midi là, à contempler cette flore de bâtisses en contrebas. Cette faune d'humanité qui vaquait à un destin insipide. Cette forêt qui s'étendait jusqu'à l'horizon, ne ressemblant guère qu'à une touche automnale apposée pour rehausser le ton.
L'homme regardait le vent jouer avec les bonnets des passants, avec la cime des quelques rares arbres implantés en ville. Il observait le courant chahuter avec les sachets et papiers qui traînaient sur les chemins de goudron. Avec les quelques feuilles multicolores qui parvenaient à danser sans contraintes.
— Que t'arrive-t-il, neveu ? s'était inquiété son oncle.
— C'est un jour de misère, avait-il répondu à la mine inquiète de Peter.
— Et tu en as beaucoup, des comme ça ? avait questionné celui-ci en haussant un sourcil.
— C'est pour ainsi dire devenu mon quotidien, avait soufflé Derek presque imperceptiblement.
Derek distrayait sa vue pour s'efforcer à penser à autre chose, mais son esprit ne se contenta bientôt plus de cette poésie désolée que lui offrait le monde qui s'étalait sous lui. Le visage d'un jeune homme finissait toujours par s'imposer de sourires, de regards, de gestuelles que le loup avait l'impression de connaître par cœur.
Il soupira, ferma les yeux, détestant se sentir la proie de toutes les émotions qui l'animaient quand il songeait à lui. Mais en trois années, il ne fut pas un jour démuni de cet être, pas une nuit où Derek n'y pensa pas, pas une heure de camisole pour ces sentiments omniprésents. Cette ombre le suivait partout, à la fois rassurante et angoissante, faisant indubitablement partie de sa vie. Son cœur, qu'il avait cru si longtemps mort après le massacre de sa famille, s'était remis à battre un jour de septembre et n'avait plus jamais cessé ses tambours abîmés.
— Si c'est ton compagnon, tu ne peux pas l'ignorer en espérant continuer à vivre ! s'était emportée Cora.
— Je fais ce qu'il y a de mieux pour lui comme pour moi ! s'était-il défendu durement.
— Ouais, bien sûr, Derek, continue à faire ce qu'il y a de mieux pour toi en te laissant mourir ! avait craché l'impétueuse petite sœur.
— Ça pourrait bien lui sauver la vie, avait-il murmuré si faiblement qu'il doutait de l'avoir prononcé.
Il l'aimait. Depuis ce premier jour dans la forêt, depuis qu'il avait croisé son regard, depuis qu'il avait compris que son odeur lui serait indispensable. Il l'aimait autant qu'on puisse aimer l'impossible, autant qu'on peut souffrir l'improbable en épousant le désespoir.
Il l'aimait. De ses défauts à son rire cristallin, de ses yeux d'ambres à sa peau pâle, de ses sarcasmes à ses grains de beauté, de sa maladresse à ses qualités. Il était tout. Ses humeurs, sa lumière, ses étoiles et sa terre. Il était autant de rêves en couleur, de pensées épuisées. Autant de besoins écorchés. Derek aimait jusqu'à la torture enviable que tout ce qu'il était lui infligeait.
Et Derek aimait aimer Stiles, cet être qui bouleversait sa vie par sa simple existence. Stiles était un péché né pour le tenter, sans doute pour le détruire sans même avoir à y penser. Le détruire de cet effluve exécrablement attirant, de ce corps musclé diablement attrayant, de cette peau pâle parsemée d'éclats chocolat, de ce nez revanchard, de cette bouche…
Ses yeux n'étaient que miel, whisky... De l'ambre liquide pétillant de malice. Derek rêvait de les voir s'assombrir de désir, de plaisir, les voir ivres d'envie, absents, perdus, éperdus… Entre ses mains, sur sa peau, sous ses lèvres, par ses mots à lui susurrés sur son être.
— Mais c'est quoi ton problème avec moi ? s'était défendu Stiles face à la menace du lycan.
— Tu traînes sans arrêt dans nos pattes, Stiles, à croire que t'as rien d'autre à foutre que de venir nous emmerder ! avait pesté Derek, agressif. Rentre chez toi, tu nous freines, avait-il grondé en lâchant le pull de sa victime.
— C'est pas pour toi que je suis là, Derek, et si ça t'emmerde je m'en balance, t'es pas l'alpha. J'ai prouvé mon utilité plus d'une fois, j'ai même sauvé ton cul poilu. Pas mal pour un misérable humain hein !? avait rétorqué hargneusement Stiles, blessé.
— Quand je te vois, j'en arrive à le regretter, avait balancé Derek à la mine déconfite du jeune. Tu me pourris la vie, avait-il murmuré entre ses dents, mais pas assez doucement pour une oreille humaine.
Après ces trois années, Derek n'en pouvait plus. Tout devenait une épreuve, quelque chose à encaisser pour ne pas sombrer. Éprouvé d'avoir à se lever, de devoir avancer sans lui. Éprouvé de se cacher, de s'emmurer en lui. Éprouvé d'exister loin de lui. N'approuver sa vie que quand Stiles en partageait une infime partie.
Cette situation était en train de détruire Derek. Il se réveillait chaque matin avec le visage du jeune gravé dans les pupilles. Il l'aimait. Ce n'était plus physique, sexuel, c'était primordial, comme l'air. Ce qui avait été une myriade de couleurs se transformait en enfer de grisaille. Il n'arrivait pas à ne plus y penser et craignait chaque jour que ça ne se mue en obsession. Peut-être était-ce même déjà le cas…
L'homme n'avait plus la force de se battre contre son désir le plus cher, il l'encaissait, écrasé. Il accepterait tout de Stiles, jusqu'à son indifférence, juste pour espérer le voir, l'avoir dans son espace vital, obtenir la moindre intention. Plus le jeune homme changeait, plus ça ajoutait aux désirs impérieux de son loup, au besoin vital de son humanité.
— Putain ! Drek! Tu m'as fichu la trouille de ma vie ! lui avait reproché Stiles en le voyant dans sa chambre. Tu vas finir par me tuer, s'était-il plaint, une main sur son cœur erratique.
— On dirait que j'ai encore loupé mon coup, avait soupiré le loup, maussade.
— C'est une tentative d'humour ? avait halluciné le plus jeune. Non parce que vraiment, vieux, si tu cherches à me tuer, ton humour pourri est presque plus efficace, avait-il ragé en s'installant à son bureau.
— J'avais besoin de te voir, avait susurré Derek silencieusement.
Aujourd'hui, Derek était enchaîné à cette ville, à ses bâtisses ternes et aux souvenirs qu'elles transpiraient. Plus jamais il ne pourrait quitter cet endroit, craignant la déchirure de ce lien primordial.
Derek était enchaîné à Stiles.
Leurs aventures avaient su combler le vide de son existence, mais seul l'adolescent lui donnait réellement des sensations. Derek gravitait autour de lui pour pouvoir sentir son cœur battre, pour pouvoir donner sens à ses sens. Épouser la souffrance n'était qu'un simple dommage qui lui donnait l'impression de subsister.
C'est sur ces pensées qu'il décrocha son regard de la ville à présent voilée par l'obscurité. Cette nuit-là, Derek n'eut qu'à poser la tête sur l'oreiller pour s'endormir. Il imagina un rire, une remarque, une tape amicale et ce regard miel posé sur lui.
Derek se réveilla peu après huit heures et enfonça la tête dans son oreiller. Il ne voulait pas que le songe s'échappe. Il ne voulait pas que Stiles s'estompe. L'homme respira difficilement et ferma les yeux avec force. Il revit les mains pâles s'attarder sur ses reins, ressentit ce souffle chaud sur sa nuque, cette jambe sur la sienne. Et cette bouche... une caresse de son bras jusqu'à son épaule, un baiser sur son cou, entre ses omoplates.
Derek gémit, s'étouffant dans son coussin. Il ne voulait plus se réveiller.
Une farandole de baisers le long de sa colonne vertébrale. Nouvelle plainte assourdie. Un corps grimpa sur le sien, caressa son dos, goûta son épiderme qui frissonna entièrement. Tous les muscles de Derek se tendirent dans un désir grandissant.
Ça semblait tellement vrai que son cœur y croyait, s'éreintant à papillonner de plaisir alors que Derek respirait avec peine. Son corps devenait une zone érogène où le moindre courant d'air se transformait en frôlement électrique. Il mettait souvent des heures à sortir de cet état à fleur de peau.
Se lever, prendre une douche, déjeuner, s'occuper, sous cette étrange pression de son être extatique. Et ce matin ne fit pas exception, ternissant son humeur déjà morose.
— Le rejeter sera pire, neveux, et tu le sais, avait glissé Peter, le nez plonger dans son bouquin.
— Pire que quoi ? Pire que maintenant ? avait-il grogné entre ses dents serrées.
— Bien pire, Derek, bien pire, avait dit évasivement l'aîné.
— Ça ne peut pas être pire, avait-il craché malgré lui.
— Bientôt, tu ne penseras plus à rien d'autre, idiot. On ne rejette pas son âme sœur sans en payer le prix fort…, avait murmuré l'oncle dans un soupir.
Sous la douche, il plaqua ses mains sur le mur carrelé et laissa l'eau s'écouler sur sa peau toute en sensibilité. Oui, Derek n'en pouvait plus. Ce besoin de Stiles le rendait amorphe, triste, désagréable. Ça lui donnait l'impression que le monde était gris, que plus rien d'autre ne valait la peine. Que ce jeune à l'odeur agréable, à la parole facile, au sourire parfait, au regard envoûtant.
Il resta sous le jet sans nulle autre pensée que celle de le retrouver. Cette obsession prenait trop de place. Cet ado prenait toute la place. Derek aurait voulu le réconfort de ses sourires, faire de ses pupilles d'ambre un refuge, se lover dans son âme, se saouler de ses mots, goûter sa voix et se repaître de ses rires. Il aurait voulu se fondre sous sa peau, au creux de ses atomes, le composer tout entier telle une aubade à son souffle.
Le manque tiraillait chaque particule de son être et lui donnait envie de pleurer, à lui qui laissait se tarir les larmes pour s'éprouver et s'interdire la moindre liberté. Derek savait son instinct responsable de cet état laborieux qu'il s'efforçait de subir en silence, mais il avait succombé au loup depuis bien trop longtemps. Il partageait ses misères et le gouffre qui ne manquerait pas de les avaler tout entier.
— P-Pourquoi tu me détestes ? avait questionné Stiles, les mots s'étouffant dans sa gorge serrée alors qu'il reculait, incertain, pour fuir Derek.
— Disparaît de ma vue Stiles ! avait-il insisté hargneusement, ses griffes s'enfonçant dans ses paumes écorchées.
– Mais c'est quoi ton problème, putain ! avait hurlé le jeune, une larme traîtresse s'échouant lâchement sur sa joue.
— Tu m'exaspères ! avait rétorqué Derek dans une rage animale effrayante.
— Mais je ferais n'importe quoi pour toi, Derek ! avait gueulé Stiles, agrippant furieusement son propre tee-shirt au niveau du cœur comme un aveu criant de douleur.
— Alors, dégage, avait grondé Derek sourdement sans le quitter des yeux.
— Je voudrais te haïr pour ça, avait soufflé l'autre se détournant pour partir. Je suis le pire connard que cette terre puisse porter, avait-il murmuré une fois loin, inconscient d'être épié jusque dans son cœur.
Derek se décida enfin à se savonner, tentant de rendre l'exercice le moins agréable possible. Il aurait pu se donner du plaisir, mais il avait compris que les petites morts qu'il s'offrait les jours-là le faisaient davantage souffrir. En fait, il se sentait tellement pitoyable quand il y cédait qu'il ne lui restait plus beaucoup d'estime une fois la jouissance atteinte.
Il se rinça rapidement, presque écœuré par l'eau qui longeait tout son corps, cette caresse qui éveillait l'envie sans son consentement. Derek sortit de la douche, enroula une serviette bien trop douce sur ses hanches et rejoignit sa chambre, ses cheveux s'égouttant sur ses épaules basses.
Il fait nuit, comme tous les jours. La cendre est tombée sur ma vie, un voile d'ombres qui rêve de lumière. Toujours ce même point de vue sur l'horizon et ce soleil qui ne se lèvera plus. La douleur est la seule chose qu'il me reste et elle hurle à ma chair que je suis encore en vie, emprunte mes battements pour les faire déraper, se joue de l'oxygène pour me faire étouffer. Jamais elle ne s'arrête, elle écorche ma gorge, elle danse dans mes veines, se glisse sous ma peau. Les murs enserrent mon cœur, le privent de liberté. J'ai mal, autant qu'on puisse souffrir de ne savoir oublier. Et toujours ces jours sans jour qui s'ajourent sur le vide, qui me font espérer le néant. J'avance sans buts, juste pour ne pas attendre, j'accompagne le mal, ou est-ce lui qui me suit… je donnerais mon âme pour entendre son rire quand il torture mes nuits. Je me sens déchiré, délité, à peine une fracture sur un être incomplet. J'ai mal, toujours j'ai mal. Je voudrais disparaître, m'arrêter pour pouvoir regarder ma fin, ma faim inassouvie qui rassasie mes larmes au point de les empêcher de couler. J'ai perdu, tout perdu, trouvé le non-retour de mon cœur épuisé. J'aimerais délier plus d'un amour, déliter mes chaînes de l'existence, effiler tous ces liens qui m'accablent sans me défiler. Ne plus avoir peur d'approuver l'abandon quand je suis orphelin. Accepter la mort quand je ne suis plus rien.
Derek se laissa tomber assis sur le bord de son lit défait, coudes sur les cuisses, le visage dans les mains. Quand l'odeur familière vint l'enrober comme une caresse, l'homme crut qu'il rêvait encore. Mais ce cœur franc, égal, était bien réel.
Son cœur s'affola.
Pourquoi fallait-il qu'il se pointe justement un jour comme celui-ci ? C'est contrarié au possible qu'il mit un bas de jogging et descendit les escaliers du loft, finissant d'enfiler son tee-shirt une fois en bas.
— Qu'est-ce que tu fous là ? demanda-t-il, agressif, le visage hermétique.
— Je vais faire comme si ton humeur massacrante ne m'atteignait pas, râla Stiles. Les plans, je viens pour les plans, je t'ai dit hier que je passerais ce matin pour te les apporter, Derek, répondit-il avec dépit.
— Putain, j'avais complètement zappé, se renfrogna le loup, épuisé, en se passant une main sur le visage.
— Bon bah… Voilà, c'était chouette. T'es… super agréable le matin, dit Stiles avec une étrange mimique qui appuyait toute l'ironie de sa phrase.
Ce qui lui valut un regard meurtrier.
— J'ai déjà eu mieux comme réveil que la visite d'un fouineur emmerdeur et casse-couille, alors excuse-moi de ne pas t'accueillir avec toute la joie que tu m'inspires, balança Derek, fielleux.
— Waouh ! Tu sais quoi, tu m'emmerdes Derek, je te jure que tu m'emmerdes. Parce que, au cas où tu l'aurais oublié, je fais ça pour toi, parce que tu me l'as demandé. Alors la prochaine fois tu te démerdes, se blessa l'adolescent en serrant les dents, prêt à repartir.
— C'est quoi les croix là ? Les victimes ? réclama Derek qui venait de déplier le plan sur la table sans tenir compte de l'humeur de Stiles.
— C'est quoi que t'as pas compris dans « la prochaine fois, tu te démerdes », Derek ? demanda celui-ci, ahuri par le comportement de l'homme. J'avais pas dans l'idée de passer une matinée avec un gars qui passe son temps à faire ses nerfs sur moi, trouve-toi quelqu'un d'autre, lâcha-t-il en partant.
Derek l'attrapa avant qu'il n'ait franchi le seuil du loft et le traîna sans ménagement jusqu'à la grande table en bois. Stiles se débâtit avec une réelle rage, poussant violemment le loup qui ne lui avait jamais vu un regard aussi hargneux.
— Ça sert à quoi d'avoir fait des recherches si tu ne m'expliques en quoi elles consistent ? questionna méchamment le loup-garou, lui renvoyant un regard sinon plus mauvais.
— Tu sais ce que moi je me demande, Derek ? Je me demande pourquoi je m'évertue encore à te filer des coups de main alors que t'es sans conteste le pire connard de mon entourage.
— Bon, quand t'auras fini ta crise de gamine vexée, tu pourrais peut-être revenir aux plans. À moins que tu veuilles aller pleurnicher dans les girons de ta mère à cause du vilain Derek qui te gueule tout le temps dessus ? réclama-t-il en pinçant les lèvres d'énervement.
Et là, il ne le sentit pas venir, le poing qui s'écrasa sur sa mâchoire avec une telle haine que le choc lui coupa le souffle. Son instinct lui fit attraper Stiles qui avait le regard noir et il le colla au mur le plus proche avec toute la violence qui le caractérisait. Le heurt brutal tira un hoquet à l'humain et une grimace de douleur qui obscurcit davantage ses traits.
Puis Derek mit bien encore quelques secondes avant de comprendre ce qui s'était passé ainsi que la raison pour laquelle l'adolescent était dans un tel état. Quand il eut enfin conscience de ses propres mots, son estomac se retourna. Le cœur au bord des lèvres, il sut qu'il était allé encore trop loin. Il relâcha sa prise sur le maillot du jeune.
— Stiles, j'ai pas réfléchi… tenta-t-il de se rattraper d'une voix rendue rauque par la peur.
— Tiens, comme c'est étonnant, Derek Hale qui ne réfléchit pas, c'est tellement rare, ironisa le cadet frémissant de rage, en réajustant ses fringues.
Stiles s'apprêta à partir, mais Derek semblait en avoir décidé autrement et il plaça ses deux bras de part et d'autre de son visage.
Cette position, bien trop près de l'objet de tous ses désirs, le déstabilisait. Ce n'était pas le bon jour pour coincer Stiles entre ses bras. Encore moins le bon jour pour culpabiliser et crever de peur à l'idée de le perdre encore une fois. Sa peau frémissait littéralement et ce jour le rappelait à ses rêves encore omniprésents.
À ces souvenirs toujours un peu présents.
— Il est parti ! avait hurlé Scott en le poussant violemment contre le mur du loft. Qu'est-ce que tu lui as encore fait ?
— De quoi tu parles, Scott ? c'était-il enragé en le repoussant avec force.
— De Stiles ! Je parle de Stiles ! Ça fait deux semaines que personne n'a plus de nouvelles ! avait craché l'alpha, hors de lui.
Derek s'était senti faiblir.
— P-Pourquoi t'es pas venu me voir avant ? avait-il demandé gravement, fusillant le plus jeune du regard.
— Il a laissé un putain de mot ! Un mot de merde comme quoi il ne faisait que nous ralentir, que TU avais raison ! Il a précisé que rien était de ta faute, RIEN ! QU'ON NE DEVAIT RIEN TE DIRE ! RIEN TE FAIRE ! IL A DIT QUE TU AVAIS RAISON ! s'était enflammé le loup aux pupilles écarlates, tous crocs dehors.
Derek avait juste porté une main à son cœur, resserrant son t-shirt dans cet aveu puissant qu'il n'avait su que taire.
— C'est bon, je me casse, Derek. Les croix sont pour les victimes recensées, les pointillés sont les rondes à effectuer, par groupe de deux, les carrés pour les endroits supposés niche à oméga, et l'autre dossier est un extrait du bestiaire traduit.
Stiles renifla avec colère avant d'essayer de pousser le loup qui bouffait tout son espace vital.
— Bon, tu comptes me garder en otage jusqu'à ce que tu te décides de ce que tu vas faire de ma carcasse une fois mort ou quoi ? s'énerva le jeune en croisant les bras.
— Je m'excuse, soupira Derek sans jamais changer de position.
— Cool, maintenant bouge de là, j'ai besoin de passer un bon week-end et il a plutôt mal commencé, railla l'autre.
— Non, gronda Derek, ses yeux brillants d'animalité. Pas tant que tu m'auras pas assuré que tu m'excuses, appuya-t-il d'une voix profonde.
— Pour quoi ? Pour le fait que tu m'ais accueilli comme un indésirable ? Que tu te sois permis d'oublier que ma mère était morte ? Où pour m'avoir probablement causé plus d'hématomes aujourd'hui que ces deux dernières années ? provoqua Stiles.
Derek glissa une main sur l'avant-bras du jeune surpris et lui prit sa douleur. Le contact lui donnait plus de plaisir qu'il ne l'aurait imaginé, même s'il ressentit la souffrance que sa brutalité avait causée à son humain. Il fixa sa main sur le bras pâle, caressant de du pouce cette peau parfaite.
Son cœur réclamait plus, son corps aussi. Stiles semblait totalement figé. Quand Derek rencontra à nouveau le regard miel, celui-ci était toujours en colère et gardait les sourcils froncés d'incompréhension. Derek aurait voulu lisser chaque trait tendu du bout des doigts. Sans crier gare, il enfouit son visage dans le cou du jeune à présent vraiment mal à l'aise.
— Pardonne-moi, réclama-t-il en s'enivrant de l'odeur de Stiles.
Au fond de lui, Derek savait qu'il faisait une erreur, qu'une fois dans ce creux, il ne pourrait plus reculer. Il savait que tous les frissons qui envahissaient chacun de ses nerfs risquaient de lui faire commettre l'irréparable, mais plus fort que lui, c'était trop bon. Ses muscles se tendirent d'anticipation, dans ce besoin d'essayer, d'aller plus loin.
Sentir leur peau l'une contre l'autre, rien qu'une fois.
Yeux clos, il entrouvrit ses lèvres et baisa l'épiderme avec volupté. Stiles se tendit sous l'assaut, le souffle coupé, le cœur envolé. Derek sentit le désir affleurer à chacune de ses extrémités et retint difficilement un geignement. Il glissa doucement sa langue dans ce creux parfait. Stiles souffla fébrilement, faisant bouillir les veines du plus âgé qui mordit plus franchement cette tendre douceur délectable.
— haaannnn… expira Stiles, incapable de retenir le râle de plaisir qui s'échappa magnifiquement d'entre ses lèvres. Putain… Derek… tu fais quoi ? s'essouffla-t-il, réprimant difficilement la décharge qui courait dans ses reins.
Derek embrassa la mâchoire du jeune dans cette demande silencieuse de pouvoir goûter à cette bouche qu'il espérait depuis trop longtemps. Sa respiration saccadée l'épuisait d'envie. Stiles se laissait docilement faire, prenant ce que le loup donnait et il donnerait tout pour un rien de Stiles. Il lui offrirait l'extase sans rien attendre en retour.
Quand Derek embrassa la bouche entre ouverte, il dut refréner ses ardeurs pour ne pas lui dévorer ses lèvres inertes et divinement bonnes. Stiles ne lui rendit pas son baiser, mais leur haleine qui s'accouplait rendit Derek extatique. Il regarda son humain qui avait jeté la tête en arrière et fermé les yeux et glissa sa langue entre ses lèvres engourdies, avalant le gémissement chevrotant du jeune qui s'agrippa à ses biceps comme pour ne pas tomber.
Derek mordilla sa lippe pour réclamer l'échange qui ne manquerait pas de lui faire perdre pied, puis il lécha de nouveau, avant de passer l'antre de ses lèvres. Il geignit en trouvant sa comparse qui le caressa par réflexe, baignant de salive leur baiser électrique. Un grondement sourd lui échappa alors qu'il se mit à vibrer totalement. Stiles attrapa sa nuque pour approfondir le baiser.
La main de Stiles s'accrocha à sa hanche et la dénuda à moitié par ce geste d'une sublime maladresse. Il rapprocha leurs bassins dans un besoin de contact plus franc et Derek succomba à la vague dévastatrice qui abîma sa résistance. Sentir sa virilité contre celle de l'adolescent lui fit perdre tous ses moyens.
Il n'arrivait plus à l'embrasser tout en s'adonnant à cette caresse, c'était trop. Trop bon, trop brûlant, étouffant. Trop foudroyant, trop prenant. Une exquise asphyxie qui déployait tous ses sens, qui le faisait ployer sous sa puissance. Ses deux bras se retinrent au mur de chaque côté du visage de Stiles qui paraissait s'évader à travers ses propres sensations. Quand la bouche du jeune se colla sur sa peau, tout au creux de son cou, Derek ne savait plus. Il oublia l'espace autour d'eux, désapprit son passé, omit ses mémoires, ne gardant comme unique souvenir que cette attente qui l'avait poussé entre ces bras. Ce besoin qu'il comblait pour la première fois.
Stiles inversa leur position, le plaquant au mur sans aucune douceur pour embrasser son épiderme frissonnant. Derek avait peine à lui rendre sa fougue. Embrumé de désir, il devenait la proie de son prisonnier. Ses râles rauques s'emmêlaient sur eux même à chaque gémissement de Stiles.
Bientôt, le jeune retira son propre tee-shirt et le jeta au hasard. Était-il seulement conscient de s'offrir sans la moindre gêne ? Avait-il lui aussi désiré le loup toutes ses années ? Derek cessa toute réflexion quand il sentit les mains de Stiles s'aventurer sur sa peau, dans ses nerfs, taquinant de caresses impatientes ses abdominaux tout en l'embrassant à pleine bouche.
Très vite, ils se retrouvèrent torses nus, accolés dans une étreinte pleine de soupirs envieux. Derek se laissait envahir par ses sens en exergues, la bouche de Stiles le goûtant avec gourmandise. Il agrippait la taille de son compagnon avec force de désespoir, comme si par ce simple geste il les liait dans l'immuable.
Stiles défit la ceinture du loup, ses râles haletants saturant leur oxygène. Derek était dans un tel besoin physique du jeune homme que le plaisir se transformait en douleur, bandant le moindre de ses muscles, épuisant son être fébrile.
— Derek, Derek, réveille-toi, dit doucement Stiles, faisant sortir le loup de ce songe si agréable.
Derek grogna de frustration et plongea son visage dans l'oreiller dans ce refus d'ouvrir les yeux, de constater qu'il n'avait fait encore que rêver. Une douleur poignante brisa son cœur instable.
Il sentit des mains sur sa peau, un souffle sur le bas de son dos. Il ferma furieusement les yeux, les larmes écorchant sa gorge sèche, alors que des dizaines de baisers papillon voletaient sur sa taille, ses reins, remontant entre ses omoplates.
Un corps inespéré prit place entre ses cuisses et se colla doucement à son fessier. Des lèvres brûlèrent la base de sa nuque alors qu'il sentait le sexe de Stiles se glisser entre ses fesses, ses mains pâles caressant sa taille avec envie.
— C'est un jour de misère ? demanda difficilement Derek.
Il fut incapable de retenir le geignement qui forçait ses lèvres de plaisir et de douleur mêlés. Cela faisait longtemps qu'il n'avait plus pleuré et ce sanglot étrange abîma sa trachée épuisée.
— Un… Un jour de misère ? s'étonna le jeune dans un murmure.
Stiles mordilla le cou à portée et, dans un râle enivrant, colla son bassin avec plus de franchise.
— Définit jour de misère, mon loup, chuchota-t-il en frottant son corps alangui à celui de l'homme éperdu.
Derek aimait ce rêve. Il ne voulait plus jamais s'éveiller. Pour rien au monde, il n'ouvrirait les yeux.
— C'est quand mon cœur s'évertue à battre alors qu'il crève de ton absence.
Bonne Saint Valentin en retard
Gali