Disclaimer : Les personnages de Reborn ne sont pas les miens, ils sont la propriété d'Akira Amano.

Fandom : Katekyo Hitman Reborn !

Auteur : Efirg

Genre : Drama & Hurt/Comfort

Rating : T

Personnages : H. Gokudera ; K. Hibari & Mukuro R.

Pairing : A déterminer (1859 ou 6959)

Résumé : Si le rouge lui va bien, alors il n'y a que lui qui puisse le teindre en rouge. Les autres les regretteront. Ou sinon, les gardiens de la Dixième génération sont envoyés à leur première mission officielle mais les choses ne se passent pas comme prévu. Gokudera est kidnappé, Mukuro n'aime pas cette idée, Hibari… non plus et Tsuna et Yamamoto ne comprennent pas.

Bon, à l'origine c'était censé être un one-shot de 2 000 / 3 000 mots, tout au plus, mais bon, au bout d'un moment j'ai remarqué que j'étais à 8 000 mots et que je n'avais toujours pas fini. Sans compter que c'était aussi censé être sur le « couple » Gokudera/Mukuro mais Hibari s'est immiscé, mine de rien. Du coup, je ne sais plus quel couple faire.

Enfin bref, j'ai décidé de couper ma fanfiction en deux parties parce que sinon ça serait un peu trop long.

C'est mon deuxième essai dans le yaoi (le premier étant un one-shot très court) donc j'espère que ça vous plaira.

Si vous voyez des fautes, prévenez-moi, j'ai beau avoir relu encore et encore, je trouve à chaque fois de nouvelles erreurs.


Maintenant qu'il y repensait, il ne se souvenait plus exactement de ce qui l'avait intrigué chez le Gardien de la Tempête. Son apparence peut-être. Avec ses cheveux d'une couleur originale, presqu'anormale. Il se souvenait avoir une ou deux fois pensé qu'ils devaient être vraiment doux au toucher. Alors il avait été tenté de passer sa main dans la chevelure argentée, ce qu'il avait fait. Mais l'autre avait, dès que sa main avait touché une de ses mèches de cheveux, réagi d'une manière plutôt … explosive. Il lui avait hurlé dessus, le menaçant de le faire exploser s'il osait recommencer. Du moins il supposait que c'était ce qu'il disait.

Parce que son attention avait été centrée sur la gorge blanche qui était exposée à la vue de tous. Il avait eu une soudaine envie de savoir quel goût sa peau pouvait avoir. Il avait été hypnotisé par les mouvements des muscles de son cou, le mouvement de sa pomme d'Adam au fur et à mesure qu'il parlait, ou plutôt hurlait. Il avait voulu marquer cette peau impeccable, montrer qu'elle était sienne. Il avait imaginé la peau blanche décorée de traces rouges et violettes qu'il lui aurait faites. Oui l'autre avait beau s'égosiller, il ne l'écoutait pas, trop centré sur la clavicule plaisante présente devant ses yeux.

Le mouvement brusque de bras de l'argenté avait alors attiré son attention vers ses mains, aussi blanches que sa gorge. Il les avait trouvées plutôt fines avec de longs doigts qu'il avait pensés, au début, aussi immaculés que la peau de son cou. Mais après avoir observé – contemplé – un peu plus ses mains, il avait remarqué qu'elles portaient de petites cicatrices, à peine visibles, surement dues aux nombreux entraînements et utilisations de ses armes.

Puis son regard s'était dirigée vers le torse du métis pour descendre jusqu'à ses hanches. Sa silhouette était fine, un peu plus que la sienne, ses hanches plutôt étroites, ses jambes étaient également minces mais pas assez pour que l'italien argenté soit considéré comme maigre. De plus malgré une apparence un tant soit peu svelte, il devinait facilement la fine musculature qu'on pouvait légèrement apercevoir à travers son tee-shirt. Son style vestimentaire l'avait clairement aidé à apprécier la vue qui lui était offerte.

Et enfin, c'étaient ses yeux qui l'avaient intrigué. Ce regard pâle et animé en même temps. Ce regard à l'image de leur propriétaire. Oui ces prunelles claires l'avaient énormément intrigué. Elles n'exprimer rien d'autre que, la plupart du temps, de la colère ou de l'admiration (beaucoup plus rarement et envers une seule personne). Mais il avait eu la chance d'observer d'autres émotions dans son regard. Elles partaient généralement rapidement quand le métis se rendait compte de sa présence pour être remplacées par de la colère et de la méfiance. Il avait également remarqué qu'en sa présence, il y avait une certaine insécurité dans les yeux de l'argenté. Alors il avait voulu savoir ce qui était tapi au fond de ces prunelles émeraude, ce que l'italien cachait au plus profond de lui. Il avait voulu être le seul qui connaisse les insécurités et les peurs du Gardien de la Tempête.

Donc oui, son apparence l'avait intrigué. Mais il avait vite été intrigué par sa personnalité. Il avait été intrigué par son énergie, par son caractère, son tempérament. Il avait été amusé par sa facilité à s'énerver pour un rien, par son habitude à attaquer quiconque osait s'opposer à lui. D'ailleurs lui-même s'était mis à s'opposer et à taquiner l'argenté, simplement pour voir ses réactions. Il s'était également mis à observer ses expressions, ses sourires, ceux qu'il n'offrait qu'à son patron. Il s'était mis à vouloir voir ce sourire sur son visage plus souvent.

Mais il s'était aussi mis à vouloir briser ce sourire, à vouloir voir ce regard qui l'avait intrigué empli par la peur, par la terreur qu'il provoquerait, à vouloir voir la peau blanche remplie de rouge, marquée par ses soins, à vouloir entendre toutes sortes de sons de la bouche du métis, partant du plaisir à la douleur. Alors il avait commencé à avoir peur de ses propres pensées. Jamais auparavant il n'avait eu ce besoin oppressant de marquer quelqu'un au point que ça en devenait douloureux.

Et donc, il évitait l'italien argenté le plus possible. Non pas que c'était très compliqué, les deux ne fréquentaient pas les mêmes établissements. Mais depuis peu, les gardiens Vongola devaient se réunir tous les week-ends. Alors il le voyait à chaque fois. Et à chaque fois, il avait envie d'attraper l'argenté et le marquer, le frapper jusqu'à ce que l'autre le supplie d'arrêter. Oui il voulait voir toute cette blancheur souillée par le rouge, il voulait souiller cette blancheur, ces cheveux argent, cette peau blanche. Trop blanc, trop pur, pas assez rouge. Le rouge lui irait bien.

Et un jour, ils s'étaient retrouvés tous les deux, seuls dans la même salle. Comment c'était arrivé ? Les autres gardiens étaient tous sortis faire quelque chose qui ne durait pas longtemps, vraiment pas longtemps mais assez pour qu'il cède à la tentation. L'argenté était assis sur sa chaise, les bras croisés sur la table avec sa tête posée dessus. Il semblait ne pas se soucier de lui ou peut-être faisait-il tout pour l'ignorer. Après tout, il savait que le métis ne l'appréciait pas spécialement, pas après ce qu'il avait fait au Decimo Vongola, pas en sachant ce qu'il prévoyait de lui faire. Mais cela ne changeait pas le fait qu'ils étaient seuls dans la pièce et qu'aucun des deux ne semblait vouloir quitter la salle.

Alors il s'était levé, discrètement, agilement. Mais il savait que l'autre l'avait entendu car il lui semblait un peu plus tendu de là où il se trouvait. Ou peut-être que ce n'était que son imagination. Non, peu importe combien l'autre s'emportait pour un rien et semblait se foutre de tout, il était toujours attentif à ce qui l'entourait parce que c'était dangereux de ne pas être attentif. Qui savait ce qui se cachait dans l'ombre quand il ne regardait pas. Donc l'argenté savait qu'il s'était levé et qu'il s'approchait doucement de lui. Mais trop doucement pour que son cerveau enregistre la menace.

Et en quelques pas seulement, il était derrière le Gardien de la Tempête sans que celui-ci n'ait pu détecter la menace, parce qu'il s'était déplacé trop lentement. Et au moment où le bombardier venait d'enregistrer sa présence, trop près de lui, il l'avait attrapé par le bras et l'avait poussé contre le mur en se pressant contre lui, pour empêcher le métis de s'échapper. Il le fixait désormais et appréciait le visage surpris que l'argenté abordait, ses lèvres entrouvertes, son souffle court, encore bloqué dans sa gorge et ses yeux verts pâles, presque gris maintenant, légèrement écarquillés. Ecarquillés à cause de la surprise, parce qu'il s'était fait avoir. Il n'avait pas senti la menace. Mais maintenant la surprise était passée et c'était la colère qui la remplaçait. Ses yeux se rétrécissaient sous l'émotion, ses pupilles étaient presque complétement dilatées. Sa bouche n'était plus qu'une ligne fine et ses dents étaient serrées à tel point que ça devait être douloureux. Il devait se retenir et lui, il ne pouvait s'empêcher de sourire.

Le rouge lui irait si bien. Un peu comme celui qui teintait peu à peu son visage. Mais il n'était pas assez rouge, pas assez écarlate. Mais c'était déjà mieux que le blanc. Alors il passa sa main dans ses cheveux. Ils étaient doux, comme il l'avait pensé. Puis sa main atterrit sous le menton de l'argenté et ses doigts se renfermèrent sur sa mâchoire.

Le Gardien de la Tempête laissa échapper un gémissement parce qu'il serrait fort. Mais maintenant il ne pouvait plus crier parce que sa mâchoire était bloquée et donc il ne pouvait plus ouvrir la bouche. Un grognement s'échappa de sa gorge et ses yeux foudroyaient du regard le propriétaire de la main qui l'empêchait de parler. Il se pencha à son oreille en prenant le temps de respirer son odeur.

"Le rouge t'irait bien, tu ne trouves pas ?" murmura-t-il au lycéen qui s'immobilisa totalement.

Il entendit sa respiration cesser quelques secondes. Puis il pencha légèrement la tête et posa ses lèvres sur la clavicule blanche qui était devant ses yeux. L'autre eut à peine le temps d'émettre un hoquet de surprise qu'il commença à sucer la peau avant de la mordre. Du sang s'échappa de la blessure et il le recueillit avec sa langue. Il releva la tête en souriant et examina l'argenté dont l'expression oscillait entre l'incompréhension et la colère. Le rouge sur ses joues était plus prononcé et désormais un fin sillon rouge coulait de sa clavicule et tachait son haut. Il souriait, un large sourire, parce que maintenant il n'était plus blanc. Et il avait raison, le rouge lui allait bien. Mais il n'y en avait pas assez.

Il se pencha et cette fois, ses lèvres rencontrèrent ses vis-à-vis qu'il mordilla. Ses yeux étaient plongés dans les prunelles vertes face à lui et il se délectait des émotions qu'il pouvait lire en elles. De près, ses yeux avaient une couleur un peu différente, ils paraissent plus lumineux mais à la fois plus ternes. Ils paraissaient également plus vides à cet instant, leur propriétaire avait cette expression lointaine, comme s'il ne ressentait rien sauf un vide immense. Mais après quelques secondes, il vit cette faible lueur qu'il avait tant désiré voir, cette lueur, cachée par le voile de colère qui était apparu après que l'argenté a compris la situation. Oui il la voyait enfin, et il s'en réjouissait. Cette lueur de peur, bien tapie mais présente. Il savait que l'autre se sentait acculé et qu'il détestait ça parce qu'il ne pouvait pas s'échapper. Parce qu'il était à sa merci. Parce qu'il voyait la lueur dans ses yeux. Parce qu'il savait ce que lui était capable de faire.

Cependant il dut s'arrêter car il entendait des pas s'approcher. Il lâcha donc l'argenté, son sourire ne quittant pas son visage et après une petite caresse sur la joue du Gardien aux cheveux argentés, il retourna s'assoir. Il vit le métis regarder en direction de la porte puis de la sienne, les sourcils froncés à son maximum. Il sourit. Si les regards pouvaient tuer, il serait sûr de l'être dans la seconde. Mais il ne pouvait empêcher la propagation de son sourire sur ses lèvres car il avait eu raison, le rouge lui allait parfaitement bien et il n'était plus aussi blanc qu'avant, plus aussi pur. Et ses lèvres avaient un goût agréable, tout comme sa peau. Son sang avait le goût métallique propre au liquide mais étrangement, ça ne l'avait pas dégouté. Il voulait même y goûter de nouveau, à ce liquide vermeil qui coulait le long de sa clavicule, délicieusement blanche, délicieusement marquée. Par lui.

Mais sa contemplation fut stoppée par l'ouverture de la porte et l'apparition du Decimo Vongola et de son Gardien de la Pluie. Il vit du coin de l'œil l'argenté attraper sa veste et l'enfiler en vitesse afin de masquer la marque qui ornait désormais sa gorge. Mais ses lèvres étaient encore légèrement gonflées bien qu'il doutait que les deux autres le remarqueraient. Il se leva donc et passa devant les arrivants qui fixèrent, perplexes, le sourire présent sur son visage. Avant de sortir, il se retourna une dernière fois.

"A la prochaine fois, Vongola." Cependant son regard n'était pas posé sur le Decimo mais sur son Gardien de la Tempête qui se tendit presque imperceptiblement. Oui presque, parce qu'il le vit de là où il était. Et peut-être même que les deux autres l'avait vu. Il sortit dans le couloir et passa devant le Gardien des Nuages qui adopta immédiatement une position défensive, son regard méfiant posé sur lui. Il soupira, décidément il ne pouvait pas s'en passer.

"Oya, oya, Kyoya, pas la peine d'être sur le qui-vive. Je ne compte pas te sauter dessus. Et tu ne m'intéresses pas de toute façon." Le regard froid du noir l'aurait sans doute gelé sur place s'il ne trouvait pas toute cette situation amusante.

"Laisse l'herbivore tranquille." Il haussa un sourcil et pencha la tête sur le côté. Depuis quand Hibari se souciait-il de choses comme ça ? Et puis ce n'était pas un secret qu'il prévoyait de prendre possession du Decimo Vongola. Bien que récemment ce projet était passé au second plan.

"Et je peux savoir pourquoi je devrais laisser Sawada tranquille ? Simplement parce que tu me le demandes ?" Il avait toujours trouvé le japonais divertissant, appréciait les combats avec – plutôt contre – lui. Alors il souriait toujours en sa présence tandis que l'autre était toujours méfiant, avait toujours cette aura sombre et dangereuse en sa présence. Mais aujourd'hui le japonais semblait encore plus menaçant que d'ordinaire. Il fronça légèrement les sourcils.

"Je ne parle pas de Sawada Tsunayoshi." Son froncement de sourcil s'approfondit. L'autre dut le remarquer car ses lèvres s'étirèrent subtilement. Le seul autre « herbivore » dont il pouvait parler était le Gardien de la Tempête. Mais en quoi cela intéressait-il le Gardien des Nuages ? Et comment pouvait-il être courant ?

"Hum ? Je ne vois pas de quoi tu parles."

Mais l'autre ne répondit pas et continua son chemin. Il resta sur place pendant quelques secondes avant d'hausser les épaules. Ce n'était pas ce gardien atypique qui allait lui dire ce qu'il devait faire. Maintenant qu'il avait pu s'approcher de l'argenté, il n'allait certainement pas abandonner. Disons simplement que c'était devenu son principal but, celui qui venait avant son projet de prendre possession du corps de Sawada Tsunayoshi. Cependant il était intrigué. Qu'est-ce que le Gardien des Nuages pouvait en avoir à faire ? A moins que récemment il se soit converti en protecteur des herbivores, ce dont il doutait fort.


Il ne revit l'argenté que la semaine suivante pendant la réunion et celui-ci s'assurait de ne jamais être seul avec lui tout en lui lançant des regards méfiants. Il remarqua avec amusement que le métis avait mis un tee-shirt dont le col était plus fermé que la dernière fois.

Il n'écoutait que d'une oreille distraite ce que disait l'arcobaleno, son regard braqué sur le Gardien de la Tempête qui semblait avoir du mal à se concentrer sur le discours. Puis son regard dériva vers les autres occupants de la pièce.

Le Gardien de la Pluie était affalé sur la table, ses yeux sur l'enfant et il portait une expression concentrée sur le visage, comme s'il tentait de comprendre ce qu'il disait. Le Gardien du Soleil se tenait étonnamment droit mais son visage exprimait une confusion qui ne laissait aucun doute sur son état d'esprit. Le Gardien de la Foudre était en train de jouer avec un objet quelconque, ne faisant nullement attention à ce qui l'entourait. Mais au moins il ne faisait aucun bruit. Le Gardien des Nuages ne faisait absolument pas attention à l'enfant aux cheveux noirs, il était assis, le dos droit et les bras croisés sur son torse. Son regard était porté sur lui comme s'il le surveillait, s'attendant à une attaque de sa part. Mais le regard froid dériva un instant vers le Gardien de la Tempête. Celui-ci avait la tête appuyée contre une de ses mains et ses yeux semblaient vouloir se fermer à tout moment.

Il sourit. Alors comme ça l'argenté avait eu quelques problèmes de sommeil. Il ignora sciemment l'éclat métallique qui semblait promettre mille morts ou morsures à mort, à voir. Mais il tourna la tête vers son propriétaire et son sourire s'élargit. Quelle qu'en soit la raison, il semblait qu'il allait pouvoir faire d'une pierre deux coups : s'approprier l'argenté et emmerder le Gardien des Nuages.

Puis Reborn annonça que chacun des Gardiens allait partir en mission par groupe de trois. Il porta donc son attention sur l'arcobaleno qui ne tarda d'annoncer les groupes. Evidemment, comme la mission allait se passer en Italie, Reborn avait décidé qu'il y aurait au moins un italien dans chaque groupe et donc il en déduisit que malheureusement il ne pourrait pas être avec l'argenté car ils étaient les seuls à parler italien. C'est ainsi que quelques secondes plus tard, il se retrouva en groupe avec les gardiens de la Pluie et du Soleil.

Et donc lui et les autres gardiens furent envoyés dans les environs de Rome tandis que le deuxième groupe fut envoyé près de Naples. D'après l'arcobaleno, ces missions étaient des missions officielles des Vongola qu'il avait choisies spécialement pour eux.

Avant de sortir de la salle, il passa près de l'argenté qui se tendit en le sentant derrière lui.

"A la prochaine fois, Gardien de la Tempête," murmura-t-il de façon à ce que seul celui-ci l'entende.

Trois jours plus tard, il était dans l'avion, accompagné de Yamamoto Takeshi et Sasagawa Ryohei, en direction pour l'aéroport de Rome. Il jeta un coup d'œil ennuyé aux deux autres qui discutaient avec animation. Il aurait bien laissé sa place à Chrome car elle était à même titre que lui Gardien de la Brume mais l'enfant avait stipulé que c'était lui qui était requis pour cette mission. Il n'avait pas compris pourquoi en sachant qu'il n'appréciait pas la mafia mais avait haussé les épaules. Après tout retourner en Italie n'était pas plus mal. Sans compter que désormais il n'était plus recherché. Après quelques heures de vol, ils approchèrent enfin de l'aéroport.

La mission était simple, mettre fin aux activités d'un groupe indépendant dont les affaires ne plaisaient pas aux Vongola. Enfin ça, c'était la version officieuse de la mission. La version officielle était un peu plus développée. Et surtout plus diplomatique. Il avait juste résumé ce qu'il allait devoir faire en une phrase.

C'était la raison pour laquelle deux jours plus tard, ils avaient fini la mission et étaient prêts à retourner au Japon. Les trois autres devaient déjà y être, surtout si on considérait que le Gardien des Nuages était présent et surement prêt à « mordre à mort des herbivores ».

Et ça, c'était la raison pour laquelle ils furent surpris d'apprendre qu'ils devaient rester en Italie parce qu'ils avaient perdu le contact avec l'autre groupe. Ils devaient se diriger vers Naples où était censé s'être déroulée leur mission. Cette fois-ci, le vol s'était passé dans le calme. Ses deux « compagnons » étaient silencieux. Surement inquiets, supposa-t-il. Après tout il ne fallait pas oublier que le Gardien des Nuages était sur cette mission et que, même si les deux avaient du mal à s'entendre, le Gardien de la Tempête était avec lui –bon, il fallait l'avouer, Gokudera s'entendait avec très peu de gens tout comme Hibari–.


A l'aéroport, Tsuna était là, accompagné de l'enfant. Mukuro haussa un sourcil en voyant l'air grave que les deux abordaient. Puis il soupira. Certes les gardiens des Nuages, de la Tempête et de la Foudre avaient disparu mais ça ne pouvait pas être si grave. Effectivement, Hibari se foutait des ordres, la demi-portion… il ne valait mieux pas compter sur lui pour faire un rapport. Donc il ne restait que Gokudera mais il pouvait avoir oublié.

Il leur fallut encore un jour pour trouver l'endroit où ils avaient logé. C'était une simple chambre dans un hôtel. Tout était normal. Certes on aurait dit qu'un ouragan était passé mais rien d'étonnant quand on savait que le Gardien de la Foudre était présent. Il y avait aussi des papiers ici et là près d'un des lits. Là encore, pas vraiment de surprises. Et pas de doutes quant à savoir à qui appartenait le lit. Mais ce qui était moins normal, c'était les tâches rouges, désormais foncées, sur quelques-uns des papiers. La première pensée qu'ils eurent était que les trois disparus avaient été enlevés dans la chambre mais celle-ci ne ressemblait pas à un champ de bataille. Tsuna fronça les sourcils.

Puis des bruits de pas se firent entendre dans le couloir, près de la porte de la chambre pour s'arrêter devant. Mukuro se tendit ainsi que le reste du groupe, attendant de voir qui entrerait. La poignée s'abaissa. Il vit du coin de l'œil le bras de Yamamoto se diriger vers son arme, Sasagawa lever légèrement les poings tout comme Sawada et l'arcobaleno baisser son fedora.

Mais au moment où la porte s'ouvrit, il eut à peine le temps d'esquiver. Un tonfa passa à quelques centimètres de son visage. Il se recula de deux pas et sortit son trident, prêt à contre-attaquer mais Reborn se posa sur son bras. Il baissa alors son arme et l'arcobaleno sauta au sol, le regard posé sur le nouvel arrivant.

"Hibari."

Celui-ci baissa les bras et fixa l'enfant. Puis il regarda le reste du groupe. Un froncement de sourcils apparut sur son visage. Tsuna s'approcha. Étrangement, il n'était pas en train de trembler comme à chaque fois qu'il parlait avec le chef du comité de discipline.

"Hibari-san, qu'est-ce qu'il se passe ?"

"Les herbivores ont disparu," répondit simplement le japonais.

Un mauvais pressentiment envahit Tsuna qui fronça davantage les sourcils.

"Comment ça, ils ont disparu ?"

"Hier, pendant les recherches. Les deux herbivores étaient ensembles."

Reborn sauta sur l'épaule de Tsuna.

"Et tu les as cherchés ?"

Hochement de tête.

"Donc tu as des pistes ?"

Nouveau hochement de tête.

"Pourquoi est-ce que tu ne nous as pas contactés ?"

Haussement d'épaules. Il avait probablement oublié.

"Très bien," finit par dire Reborn après quelques minutes de silence, "Où sont-ils ?"

Hibari regarda l'enfant puis les autres gardiens comme s'il se demandait s'ils étaient dignes de confiance. Il répondit finalement quelques secondes plus tard. "Je pense qu'ils ont été pris par nos cibles. Ils étaient mieux préparés qu'on le pensait. Ils savaient qu'on était sur la mission."

Reborn fronça les sourcils. Il avait fait en sorte de choisir des missions pas trop importantes et trop dures, étant donné que c'était pour presque tous leur première mission officielle mais visiblement quelque chose lui avait échappé. Le groupe à neutraliser n'était pas assez important, ni assez puissant pour obtenir ce genre d'informations. Ou alors il s'était trompé. Mais cette possibilité lui était peu envisageable. Son froncement de sourcil s'approfondit. Il restait une autre possibilité. Quelqu'un au sein de la famille les avait prévenus. Et il ne savait pas quelle option il préférait. Il allait poser une nouvelle question au Gardien des Nuages quand il remarqua la tension lourde qui régnait désormais dans la pièce. Les gardiens des Nuages et de la Brume se fixaient mutuellement, une aura sombre émanant d'eux. Tsuna recula de deux trois pas en regardant ses deux gardiens tour à tour.

Les mains d'Hibari étaient étroitement serrées autour de ses tonfas tandis que Mukuro tenait son trident légèrement levé, prêt à parer un quelconque coup. De l'autre côté de la pièce, Yamamoto avait une main sur la nuque et portait une expression perplexe se demandant s'il devait ou non intervenir. Ryohei regardait la scène en se demandant ce qu'il se passait exactement. A vrai dire, Reborn se posait aussi des questions car la tension était trop forte pour que ce soit leur simple rivalité. Mais ils n'avaient pas le temps pour ça parce que deux des gardiens avaient disparu et étaient peut-être en danger.

Tsuna s'en rendit surement compte parce que son expression devint plus sérieuse. Il se plaça entre les deux rivaux, leur intimant d'arrêter. Malgré l'absence de la Flamme de Dernière Volonté, son expression était grave. Il était prêt à les arrêter lui-même s'il le fallait et les deux Gardiens le sentirent car ils baissèrent tous les deux leurs armes respectives.

"Ce n'est pas le moment de se battre, Gokudera-kun et Lambo ont disparu. Hibari, tu as des idées d'où ils peuvent se trouver ?"

L'absence du –san confirma à Reborn ce qu'il pensait. Tsuna savait désormais se faire respecter quand il le devait sans craindre les représailles de ses gardiens. Son ton avait été clair. Il vit Hibari fixer le petit brun avant de soupirer. Il comptait s'occuper de ces herbivores lui-même mais le regard déterminé de l'herbivore face à lui le disait clairement qu'il n'allait pas lâcher l'affaire.

"Un entrepôt dans le quartier sud de la ville. C'était le secteur que les herbivores étaient censé explorer."

Tsuna hocha la tête et se tourna vers les autres personnes présentes dans la pièce. Puis il regarda Reborn.

"Très bien, nous y allons maintenant. Hibari-san, tu nous donneras toutes les informations que tu as en chemin." La demande ne plut pas particulièrement au japonais aux cheveux noirs mais il acquiesça. "Par contre, est-ce que tu as une idée de pourquoi ils ont été enlevés ?"

Le concerné haussa les épaules. "Ils savaient qu'on était sur la mission."

Reborn réfléchissait encore quant à comment ces hommes avaient pu découvrir qui était sur la mission. Et pourquoi les avaient-ils enlevés ? Est-ce que l'un des deux était visé ? Est-ce qu'ils voulaient récolter des informations ? Après tout, deux gardiens Vongola, ce n'était pas rien. Même si Lambo ne pourrait probablement pas être d'une quelconque utilité si ce qu'ils voulaient obtenir était de réponses. Il avait un pressentiment qui persistait depuis qu'il avait donné ces missions. Il craignait que quelque chose n'arrive.

"Bien, dépêchons-nous."


Ses épaules commençaient à lui faire mal. Le sang circulait difficilement jusqu'à ses doigts qu'il commençait à ne plus sentir. Il fallait dire que les chaînes qui retenaient ses poignets étaient très serrées et coupaient sa circulation sanguine. Son torse et son dos le brûlaient. Ses pieds étaient gelés au point que eux non plus il ne les sentait presque plus. En somme, il était mal. Il était comme ça depuis deux jours au moins. Et il commençait à avoir faim. On ne lui avait donné qu'un peu d'eau. Juste assez pour qu'il ne meure pas de soif. Parce qu'il serait inutile mort. Les morts ne parlent pas. Et s'il ne parlait pas, il ne pouvait pas leur donner les informations qu'ils voulaient.

Mais quelque chose le tracassait depuis qu'il était ici, ils savaient déjà qui il était. Il ne lui avait pas demandé. La seule chose qu'on lui avait demandait était tout ce qu'il savait sur les Vongola. Et il ne savait pas comment ils avaient été informés de tout ça. Les questions étaient trop précises pour qu'ils aient simplement saisi l'occasion de capturer un gardien Vongola. Il aurait été même incapable de répondre à quelques-unes d'entre elles s'il était disposé à répondre. S'attendaient-ils à ce qu'il soit au courant de tout juste à cause de son rang ? Il ne faisait parti que de la dixième génération la neuvième était encore à la tête de la famille.

Certes il avait travaillé pour le Nono mais cela ne voulait pas dire qu'il était au courant de tout. Au contraire, il avait presque plus appris depuis qu'il était avec Tsuna que quand il était sous le Nono. On ne confiait rien à un assassin notoire que le chef de famille avait recruté pour effectuer quelques petits boulots. Mais on confiait plus, certes pas beaucoup plus, mais plus quand même, au Gardien de la Tempête.

Il frissonna. Le froid de la pièce se faisait cruellement sentir. Ces types étaient partis il y une vingtaine de minutes. Ils étaient passés quatre fois depuis qu'il avait été capturé. Il siffla et laissa échapper quelques jurons en italien. Il s'était fait avoir bêtement, très bêtement. Mais ils s'étaient fait prendre par surprise, lui et la stupide vache. Il ne s'attendait pas à ce qu'ils soient autant. Comme s'ils les attendaient. Alors quand il avait vu que leurs ennemis étaient trop nombreux, il avait attrapé le gamin et avait couru. Il savait qu'il n'avait aucune chance. Il savait aussi qu'il était trop loin d'Hibari pour qu'il puisse venir les aider. Même si penser ça avait quelque peu blessé sa fierté. Mais il n'était pas assez stupide pour se jeter comme ça dans la gueule du loup avec le mini tueur à gage en costume de vache. S'il avait été seul, peut-être il l'aurait fait mais pas accompagné.

Alors quand il avait réussi à les semer, même quelques minutes – parce qu'ils le retrouvaient, c'était certain –, il était entré dans un des nombreux bâtiments abandonnés. Il avait trouvé une cachette et avait déposé le Gardien de la Foudre en lui ordonnant de ne pas sortir tant qu'il ne lui dirait pas. Lambo l'avait regardé comme s'il était stupide, se demandant si Ahodera lui faisait une mauvaise blague mais une explosion avait coupé court à la réplique qu'il avait préparée. Il avait tourné la tête vers la source de l'explosion et quand il était revenu vers Lambo, celui-ci se tenait contre le mur et le regardait en hochant la tête. Gokudera avait pu apercevoir quelques larmes dans le coin de ses yeux. Il avait soupiré de soulagement et s'était levé pour se diriger vers la sortie en avertissement l'enfant de ne pas bouger.

Il s'était ensuite diriger vers le groupe ennemi en espérant les prendre par surprise mais ceux-ci semblaient l'attendre. Et l'un d'eux était parvenu à l'attraper par derrière, un bras dans son dos, maintenant fermement les siens et l'autre autour de sa gorge, légèrement pressé. Un autre s'était approché et l'avait fixé longtemps, un peu trop longtemps à son goût, avant de sourire. L'italien n'avait pas non plus aimé le regard que l'homme portait, comme s'il était une proie qu'il était fier d'avoir attrapée. S'il avait remarqué que l'autre gardien était absent, il ne l'avait fait remarquer. Gokudera avait froncé les sourcils à ça. Alors Lambo ne les intéressait pas.

Et deux jours plus tard, il était toujours là, suspendu par les mains au plafond. Il se demandait si Lambo allait bien parce qu'il l'avait quand même laissé seul dans un entrepôt désaffecté en territoire ennemi. Et Hibari ? Oui, il avait surement remarqué leur disparition mais est-ce qu'il allait bien ? Parce que, même si le japonais était fort voire très fort, ces types avaient été bien préparés.

Il fronça les sourcils en repensant au chef de comité. Il avait agi plutôt étrangement au début de la mission, et même dans l'avion. Il l'avait surpris en train de le fixer. Plusieurs fois. Presque comme s'il s'attendait à ce que quelque chose lui arrive d'une seconde à l'autre. Ça l'avait déconcerté et énervé à la fois. Il était capable de prendre soin de lui. 'Evidemment, si c'était le cas, tu ne serais pas dans cette situation.' Il soupira. Mais c'était vrai, le comportement du japonais était déconcertant. De plus, quand il le surprenait, le Gardien des Nuages n'avait pas cette aura dangereuse autour de lui. Enfin si, il l'avait mais elle n'était pas aussi intimidante que d'ordinaire. Il s'était même surpris à penser qu'elle était presque chaleureuse… Chaleureux ? Hibari ? Il commençait réellement à divaguer. Le sang n'atteignait plus correctement son cerveau pour qu'il pense ça. La probabilité que ces deux mots soient placés dans la même phrase sans négation était proche de celle de découvrir que Yamamoto avait cerveau qui marchait à plein régime, soit quasi nulle. Pas nulle, quelques fois des miracles se produisaient.

D'accord, là c'était clair, il était fatigué et son cerveau manquait d'oxygène parce que ce qu'il pensait était vraiment n'importe quoi. Et puis pourquoi il pensait à Yamamoto d'abord ? D'ailleurs est-ce qu'il avait remarqué sa disparition ? Non pourquoi il l'aurait remarquée, il était sur une autre mission avec la tête de gazon et Mukuro.

Un frisson lui parcourut le corps en repensant à l'illusionniste. Lui, il était sans aucun doute celui qui agissait le plus étrangement. Il se souvenait encore ce jour, il y a quelques semaines, quand l'autre avait touché ses cheveux comme si c'était la chose la plus normale à faire. Il n'avait pas vraiment apprécié le contact alors il lui avait hurlé dessus. Qu'est-ce qu'il devait faire de toute façon ? L'illusionniste n'avait pas semblé surpris par sa réaction, il avait même souri ce qui l'avait, par conséquent, encore plus énervé. Il avait tempêté et l'avait insulté dans toutes les langues qu'il connaissait. Mais il avait bien remarqué que l'autre l'écoutait à peine. Il avait vu son regard se déplacer le long de son corps, suivre ses mouvements de mains. Il avait vu la lueur dans son regard et ça l'avait perturbé, énormément. Mais il ne l'avait pas laissé paraître, il avait hurlé plus fort. A tel point que le Judaïme et Yamamoto étaient entré dans la pièce pour savoir ce qu'il se passait. La scène les avait plus ou moins surpris. Après tout, ce n'était pas tous les jours qu'on pouvait voir le Gardien de la Tempête hurlait à pleins poumons des insultes dans toutes sortes de langues contre le Gardien de la Brume qui semblait peu voire pas du tout se soucier de ces insultes.

Mais il avait vite oublié ce jour, ou plutôt avait tenté de l'oublier parce que ce n'était pas facile quand il était obligé de le revoir chaque semaine à ces réunions que Reborn avait instaurées. Et chaque fois il était légèrement plus tendu que d'ordinaire et restait sur ses gardes. Et puis il y a eu ce jour, ce putain de jour où il savait qu'il n'aurait pas dû se lever et se porter malade. Parce que, merde, cet enfoiré avait… Bordel, rien que d'y penser le mettait en rogne et lui retournait l'estomac. Pour qui s'était pris ce type ? Il savait qu'il aurait dû sortir de cette putain de salle mais il était trop fatigué pour se lever. Il avait à peine dormi la nuit. Et il aurait dû le surveiller. Même s'il faisait attention à ce qu'il se passait, il n'avait pas remarqué que l'autre s'était déplacé. Il n'avait pas fait attention à son aura que l'illusionniste avait bien fait attention à rendre la moins hostile possible. Alors il ne l'avait pas remarqué jusqu'à ce qu'il soit derrière lui et qu'il l'ait bloqué contre ce putain de mur.

Et il l'avait mordu. Cet enfoiré d'illusionniste l'avait mordu ! La morsure était encore là et il osait à peine la regarder quand il était devant le miroir. Bon certes la tête d'ananas n'avait pas mordu assez fort pour que ça laisse une cicatrice, mais assez pour que ça laisse une marque pendant quelques temps, et il n'avait pas besoin de ça. Ce n'était pas facile de cacher une marque pareille, surtout avec son style vestimentaire. Sinon comment il était censé répondre si on lui posait la question ? Qu'un barjot illusionniste à tête d'ananas s'était amusé à le coincer contre un mur pour le mordre à la base du cou et ensuite l'embrasser. Non ! Stop ! Il ne voulait pas particulièrement se rappeler cette partie. Autant, il pouvait supporter, et à peine, le fait que cet enfoiré l'ait mordu, l'idée qu'il l'avait embrassé le remplissait de dégoût. Il sentait encore les lèvres de l'autre contre les siennes mais il ne voulait plus. De cette sensation. De ce frisson quand il y repensait. Alors il ne voulait pas y repenser. Mais il obtenait rarement ce qu'il voulait, la preuve, il y repensait, coincé dans cet entrepôt.

Et il y avait repensé dans son appartement. Parce qu'il n'y avait pas de distraction. Parce qu'il était seul. Conclusion, il avait peu dormi. Son cerveau avait ressassé la scène sans interruption. Il aurait dû être plus prudent, plus attentif. Il savait que c'était dangereux de rester seul avec lui dans la même pièce. Il le savait. Mais cet enfoiré avait été trop lent, trop calme. Alors il ne s'était pas alerté. Il aurait dû. Et maintenant le voilà avec ses aurait et ses si. Il n'avait pas été assez attentif et prudent. C'était tout. Rien d'autre à dire. Il n'avait pas écouté son instinct qui lui avait dit de sortir de cette pièce parce qu'il était trop fatigué.

Il soupira mentalement. Ses yeux se fermaient mais ils ne devaient pas. Mais il était fatigué. Après tout, il n'avait rien à faire. Mais c'était dangereux de s'endormir. Mais il n'avait pas dormi ces deux derniers jours. Fatigue. Fatigue. Fatigue. Repos. Mieux dormir. Un lit. N'importe quoi de confortable. Sans compter qu'il avait l'impression que tout le fatiguait en ce moment. La lecture le fatiguait. L'école le fatiguait. La mafia le fatiguait. Les Vongola le fatiguaient. Le sommeil le fatiguait. Le matin il avait l'impression de ne pas avoir dormi et d'être plus fatigué que la veille.

Et là, il était fatigué. Il voulait dormir parce que ça faisait près de quatre jours qu'il n'avait pas dormi correctement. Il avait somnolé une fois ou deux dans l'avion et à l'hôtel mais chez lui, c'était presque impossible. Sauf avec ces pilules. Ces maudites pilules qui traînaient dans un de des placards de la salle de bain. Bien cachées au fond du placard. Là où il ne les voyait pas. Il ne les voulait pas, il voulait les jeter mais elles étaient encore là. Il ne les voyait pas mais il savait qu'elles étaient là, dans son placard, dans sa salle de bain, dans son appartement. Près de lui. Shamal les lui avait données un jour, il y a un mois peut-être. Peut-être plus. Peut-être moins. Il ne savait plus mais il les lui avait données parce qu'il ressemblait à un putain de zombie qui ferait fuir n'importe quelle femme à proximité et que Shamal ne voulait de ça quand il était avec lui. Mais c'était rare. Très rare. Une ou deux ce dernier mois. Oui au moins une puisqu'il lui avait donné ces pilules. Quelle excuse de merde. Il ne pouvait tout simplement pas lui dire la vraie raison. Non, aucun de deux ne voulait savoir la vraie raison. Il n'était pas prêt alors il avait accepté l'excuse. Aussi merdique qu'elle soit. Il en manquait trois au flacon. Le premier soir où il en avait eu besoin, il avait pris la pilule et l'avait fixée une vingtaine de minutes avant de l'avaler. Le second soir, pareil, il l'avait fixée, longtemps, plus longtemps que la première fois. Mais il ne l'avait pas avalée. Le cachet avait fini dans l'évier. Et il en avait pris un autre et il l'avait fixé encore plus longtemps. Dehors la nuit était très avancée, très sombre. Parce que les lampadaires de sa rue ne fonctionnaient plus la ruelle était sombre. C'était dangereux de se promener la nuit. Mais il l'avait fait. Après avoir envoyé le cachet rejoindre son homonyme dans l'évier.

Le froid lui avait toujours fait du bien mais là il voulait juste se réchauffer. Parce qu'il avait froid. Et faim. Et mal. Non il ne voulait pas juste se réchauffer, il voulait sortir, rentrer à l'hôtel. Mieux, au Japon. Il avait mal pressenti cette mission. Mais il n'avait rien dit parce qu'il était censé être le bras droit du Decimo Vongola. Alors il ne pouvait pas refuser une mission. Mais là encore, il aurait dû écouter son instinct. Il ne serait pas dans cette situation.

Et combien de temps allait-il rester ainsi ? Jusqu'à ce qu'il crache toutes les informations que ces enfoirés attendaient ou jusqu'à ce qu'ils s'ennuient de lui et décident qu'il était inutile. De toute façon, ça ne serait pas la première fois qu'on le trouverait inutile. On n'hésitait pas une seconde pour le lui dire. Son père, sa "mère", sa sœur, tous ces gens en Italie. Il se demandait encore pourquoi le Nono Vongola avait fait appel à lui. La pitié peut-être. Pour ce pauvre gamin perdu dans le monde joyeux qu'est celui de la mafia. A vrai dire, à l'époque il s'en fichait. En fait il s'en fichait encore. Mais il n'avait rien d'autre à faire.

Qu'est-ce qu'on peut bien faire, attaché et suspendu au plafond avec pour unique occupation la contemplation du joli mur en face ? Non, il pouvait aussi fixer la porte. Peut-être qu'elle s'ouvrirait et qu'il pourrait faire autre chose que s'ennuyer. Même si ceux qui entraient étaient ces kidnappeurs. Parce qu'au moins, il ne serait plus seul. Non pas qu'il n'aimait pas la solitude, au contraire, il avait même appris à l'aimer. Après tout, on est toujours seul quand on est une erreur, quand on ne doit pas exister. On est toujours seul quand on est dans la rue. Aucun amis, juste des connaissances. Des outils, des profiteurs. Mais pas d'amis. Chacun pour soi. Parce que dans la rue, la seule règle, c'est celle de la survie. Peu importe ce qu'il faut faire. Parce qu'il ne voulait pas mourir et il ne le veut toujours pas. Il y avait assez de gens qui souhaitaient qu'il meurt. Alors il était seul et ça ne le dérangeait pas. Mais cette solitude lui pesait par moment. Et c'était un de ces moments. Donc n'importe qui ferait l'affaire, tant que cette porte s'ouvrait. Certes il préférait que ce soit Tsuna ou même Yamamoto. Mais si Hibari venait à entrer, il ne râlerait pas. Parce qu'il avait cette aura depuis quelques temps. Calme. Froide. Puissante. Presque apaisante. Oui presque parce que ça restait Hibari et Hibari était dangereux et imprévisible. Mais il était aussi… attentionné. Rarement. Avec les petits animaux. Avec Hibird et Roll. Mais pas avec les herbivores.

D'ailleurs, est-ce qu'il allait bien ? Evidemment. Est-ce qu'il avait retrouvé Lambo ? Aucune idée. Est-ce qu'il avait prévenu les autres ? Peu probable. Mais si c'était le cas, est-ce qu'ils le cherchaient ? Il espérait. Il espérait parce qu'il était fatigué et qu'il voulait rentrer. Où ? Il s'en fichait. Tant qu'il n'était plus ici. Il était fatigué. Ses yeux restaient difficilement ouverts. Peut-être qu'il allait enfin pouvoir dormir. Même si ce n'était pas prudent parce que c'était dangereux ici. Mais il s'en fichait. Il voulait dormir.


Voilà pour ce premier chapitre, j'espère qu'il vous a plu. Comme je l'ai dit au début, je ne sais pas quel couple faire, si ça sera Hibari/Gokudera ou Mukuro/Gokudera. Donc si vous avez des préférences, faites-moi savoir.