Le coin de l'auteure :
Bonjour ! Bonjour ! Je sais, je suis plutôt silencieuse ces derniers temps, mais je traverse un passage à vide pour la fanfiction, et j'ai besoin d'un peu de temps pour remettre mes idées en place et savoir ce que je veux. Néanmoins, comme je n'oublie pas mes lecteurs préférés, je publie cet OS qui dormait dans un tiroir. J'espère qu'il va vous plaire.
Bonne lecture !
Bises ;)
Peaseblossom
Disclaimer : univers et personnages sont à l'incroyable JK Rowling.
Mon père va me tuer
.
« Ça suffit, Scorpius ! Tu vas y aller, point barre. Et je me fous des cinquante raisons que tu vas me sortir ! »
Scorpius soupira. Albus exagérait. Comme souvent. Et il criait trop fort. Maintenant, la moitié du château devait être au courant. Son esprit s'ingénia à trouver une raison valable de se défiler, mais à voir le regard de son ami, il était loin d'être tiré d'affaire.
« Si tu n'y vas pas, reprit Albus, menaçant, je te saucissonne et je t'emmène moi-même...
- ... m'offrir solennellement en sacrifice sur l'autel de la catastrophe ? » termina ironiquement Scorpius.
La vérité, c'était que non seulement il avait la trouille, mais aussi qu'il savait que ce n'était pas une bonne idée du tout. Albus lui lança un regard furibond.
La sonnerie l'empêcha une brève seconde de répliquer. Cette brève seconde suffit aussi à le faire changer de stratégie.
« Écoute, reprit-il plus doucement. Je sais à quoi tu penses, et je sais que ça te fait peur. Mais ils ne peuvent pas décider de ce que toi, tu veux. »
Scorpius lui jeta un regard torve. Après tout, c'était de sa faute à lui s'il se trouvait dans cette situation. Quel billywig l'avait piqué d'aller lui dire qu'il voulait la voir après les cours, près du lac ? Parfois… Parfois Scorpius se demandait ce qui le retenait de ne pas l'offrir en pâture au Calamar géant.
« Parce que ce n'est pas ce que tu es en train de faire, peut-être ? » rétorqua-t-il vertement.
Albus balaya son commentaire d'un revers de main magnanime.
« Moi, c'est différent, je suis l'agent de tes désirs profonds. Je ne fais que te montrer ce que tu veux au fond de toi. »
Parfois, Scorpius se demandait pourquoi le Choixpeau avait collé Albus à Serdaigle et pas à Serpentard.
A vrai dire, Scorpius s'était posé la même question à son propre sujet, mais ça, c'était une autre histoire. Grand-Mère avait paru scandalisée qu'il n'ait pas été réparti à Serpentard. Apparemment, il était le premier depuis quinze ou vingt générations, et le vénérable ancêtre qui l'avait précédé dans cette honte s'était, apparemment, révélé être un bien piètre représentant de la famille. S'en était suivi une violente diatribe contre le Choixpeau et sa sénilité manifeste par lettre interposée. Mais ses parents lui avaient conseillé de ne pas trop s'inquiéter pour ça. Grand-Mère était très à cheval sur ses principes et n'était pas toujours très objective. Post-scriptum de son père : « Si tu t'avises de répéter ça à ta grand-mère, je te déshérite ! »
Mais quoi que sa grand-mère puisse penser, Scorpius était bien à Serdaigle, et il s'était trouvé un excellent ami en la personne d'Albus Potter. Là, son père s'était montré un poil plus sceptique. Visiblement, il n'avait pas envisagé que les choses iraient jusque-là. Scorpius avait entendu beaucoup d'histoires au sujet d'Harry Potter et ses amis, la première étant qu'ils ne s'étaient jamais très bien entendus avec son père. En rencontrant Albus, il s'était en toute logique attendu à un garçon un peu orgueilleux sur les bords, prêt à le détester au premier regard. Eh bien, il s'était trompé. Parce qu'Albus était davantage du genre à se cacher pour éviter les fans hystériques qui lui courraient après dans l'espoir d'obtenir un autographe de son père, qu'à mépriser son prochain.
Ils s'étaient tout de suite très bien entendus. En revanche, la cohabitation avec la cousine d'Albus, entrée en même temps qu'eux à Poudlard, avait été un peu plus tendue au début. Rose Weasley était… une Gryffondor, une vraie. Comme tous les Weasley paraît-il. Et si elle s'entendait comme larron en foire avec Albus, ce n'était pas tout à fait le cas avec Scorpius, et au début, il le lui rendait bien.
Les Weasley et les Malefoy, c'était une très longue histoire. L'histoire d'une haine qui devait remonter aux débuts de la magie. Potter, passait encore, à la rigueur. Mais Weasley… Bref, Albus avait passé ses trois ou quatre premières années à Poudlard à essayer de réconcilier deux familles qui se détestaient depuis des temps immémoriaux. Le pire, c'est qu'il y avait à peu près réussi. Mais Scorpius n'avait jamais osé en faire part à ses parents. A son père, surtout. Il avait déjà fait beaucoup d'efforts envers les Potter, mais les Weasley… il ne fallait pas trop lui en demander non plus.
Mais depuis quelques temps, les choses se compliquaient un peu trop au goût de Scorpius.
« Ne fais pas cette tête, s'il te plaît, reprocha Albus. A te voir, on croirait que c'est la fin du monde. »
Il ne croyait pas si bien dire. Scorpius soupira de nouveau.
« Ecoute, Albus, j'apprécie ce que tu essayes de faire, mais…
- Tu ne vas pas recommencer ! le coupa son ami. Elle ne va pas te mordre. Tu lui dis, point final. Mais moi, j'en ai plus qu'assez de t'entendre soupirer. »
Ils s'arrêtèrent dans la cour principale. Scorpius se tourna vers Albus.
« Mais imagine que…
- Tu vois ? C'est précisément ce genre de trucs que je ne veux plus entendre. Est-ce que tu te rends compte de ce que ça fait, de t'écouter te lamenter des mois durant ?
- Pauvre chou. »
Contrarié, Scorpius repartit, laissant Albus en plan. Il pourrait au moins essayer d'être compréhensif. Qui est-ce qui l'avait entendu gémir des heures durant la première fois qu'il était tombé de son balai, hein ? Et qui l'avait sauvé d'un Tentacula vénéneux en botanique en troisième année ? Et qui avait supporté sans broncher de l'entendre parler comme un lutin de Cornouailles à la suite d'une blague d'un goût douteux en cinquième année ? De quoi se plaignait-il ?
Il ne faisait que confier ses craintes à un ami. Il ne voyait pas exactement ce qu'Albus lui reprochait. Ou alors, Albus et lui n'avaient pas la même définition du mot "ami". Ils étaient censés se soutenir, non ? Se serrer les coudes ? Mais plutôt que de l'aider, Albus l'envoyait la tête la première dans le ravin. Il y avait de quoi perdre son sang-froid, non ?
« Scorpius ! Scorpius, attends ! »
Albus le rejoignit en courant.
« Je suis désolé, je me suis emporté. Mais il faut que tu comprennes que vous ne pouvez plus continuer comme ça. C'est pénible pour tout le monde, et surtout pour vous deux. »
Scorpius baissa les yeux.
« Ok. Mais imagine qu'elle ne ressente pas la même chose ? Qu'est-ce que je fais, moi ? »
Albus lui adressa un regard plein de compassion.
« Tu viens dire tout le mal que tu penses d'elle à tonton Albus ? »
C'est ainsi que Scorpius se retrouva près du Lac Noir, alors que le soleil était sur le point de se coucher. Il ne faisait pas très chaud en ce milieu d'octobre. Un vent léger faisait onduler la surface du lac, qui reflétait le ciel nuageux comme un vaste miroir. Loin à l'ouest, le soleil qui disparaissait lentement derrière les montagnes noires jetait des rayons flamboyants sur les cimes de la forêt. L'automne était bien avancé, et les arbres étaient tout entier recouverts de leur parure couleur de rouille. Des feuilles rouges et dorées flottaient sur le lac comme des barques poussées par le vent.
Perdu dans ses pensées, Scorpius ne l'entendit pas arriver. Il ne remarqua qu'elle était là que lorsqu'il sentit sa présence tiède et forte s'élever à ses côtés.
« Rappelle-moi d'étriper Albus quand ce sera fini, » marmonna-t-elle à voix basse.
Scorpius se figea.
« Toi aussi il t'a fait du chantage pour venir ici ?
- « Oh, Rose, allez, tu en as tellement envie… Tu sais, il s'en veut de ce qui est arrivé l'autre jour. Si tu ne le fais pas pour toi, fais le pour moi. Je n'en peux plus de vous voir vous disputer tout le temps, vous êtes mes meilleurs amis, ça me fend le cœur de vous voir comme ça, » singea-t-elle. Il aurait dû aller à Serpentard, ce traître. Papa aurait refusé qu'il mette un pied à la maison et j'aurais été tranquille. »
Donc Albus avait joué double jeu. Ce traître, il allait… Une bulle de fureur monta dans la gorge de Scorpius et se dégonfla aussitôt d'elle-même. A sa manière, Albus lui avait rendu service, même s'il s'y prenait d'une manière douteuse. La colère de Rose parut s'apaiser, et une expression songeuse grandit dans ses yeux noisette.
De longues minutes s'écoulèrent, et les deux jeunes gens se contentèrent de regarder le lac se transformer en brasier alors que les derniers rayons du soleil venaient en caresser la surface.
Scorpius chercha désespérément un moyen de relancer la conversation. Mais rien ne lui venait. Et le silence s'éternisa, chargé de gêne et de quelque chose que Scorpius ne parvint à définir.
Enfin, en bonne Gryffondor, Rose prit son courage à deux mains et se tourna vers lui.
« Albus mis à part... Je… Je voulais m'excuser. Pour l'autre jour. J'ai… J'ai été injuste avec toi. Et... »
Scorpius secoua la tête.
« Tu n'as pas à t'excuser. J'étais énervé moi aussi et... et mes paroles ont dépassé ma pensée. »
Rose acquiesça et un léger sourire étira ses lèvres. Aux derniers feux du soleil couchant, ses cheveux flamboyaient comme une auréole autour de son visage. Scorpius sourit à son tour.
Un silence plus léger s'installa. Scorpius regarda pensivement une feuille morte tourbillonner au gré du vent pour aller se perdre sur le lac, au milieu des autres. Il fallait qu'il le lui dise, mais comment ? Il ne voulait pas briser la paix fragile qu'ils venaient de rétablir.
Au bout d'un moment, Rose prit une grande inspiration.
« Scorpius ? »
Il se tourna vers elle. Elle rougissait.
« Je... Enfin... »
Elle s'éclaircit la gorge, sans oser le regarder.
« Parfois, j'ai l'impression que... qu'il y a des montagnes qui nous séparent. Et... Et parfois, je sens que tout pourrait être simple et merveilleux. Je... Je ne sais jamais quoi penser, Scorpius, tu comprends ? »
Elle se tourna vers lui, et Scorpius vit ses grands yeux noisette le supplier de comprendre. Mais il n'en avait pas besoin. Il savait parfaitement ce qu'elle ressentait. Parce qu'au fond de lui, le même tourbillon d'émotions contradictoires le laissait confus et irritable. C'est alors que les mots prirent sens dans son esprit, et il sentit un espoir fou l'envahir.
« Et ça me met en colère. Contre toi. Contre moi. »
Il acquiesça.
« Je comprends, » répondit-il.
Elle hocha la tête, rouge comme une tomate. Il détourna galamment le regard pour lui laisser le temps de se remettre de ses confidences, mais au fond de lui, une petite voix exultait. Il n'avait pas vraiment voulu croire que, peut-être, elle partageait ce qu'il ressentait, et... et soudain tout s'éclairait.
Il l'observa à la dérobée. Elle était vraiment jolie. Elle ressemblait à un esprit de l'Automne, avec ses cheveux roux toujours ébouriffés, ses grands yeux noisette et ses taches de rousseur. Elle ramena machinalement une longue boucle rousse derrière son oreille.
Une feuille jaune voltigea et vint se coincer dans sa tignasse. Scorpius se tourna vers la jeune fille, et la retira délicatement. Ses joues rosirent.
« Rose, je... Je ne sais pas trop comment te le dire. Je croyais qu'on ne pouvait que se détester, avec nos familles, nos parents, mais en fait, non. Et... »
Il balbutiait et savait qu'il devait avoir l'air ridicule, à essayer de se justifier pour une chose à laquelle il ne pouvait rien. Pourtant, Rose l'écoutait attentivement, sans avoir l'air de vouloir se moquer de lui.
« Et Albus a raison. Je ne peux pas continuer à faire comme si de rien n'était. Je ne veux pas continuer à me disputer tout le temps avec toi. Et après ce que tu viens de dire, je… Enfin, bref. Alors... euh... Rose... Est-ce que... »
La suite resta bloquée dans sa gorge. Pas qu'il ne veuille pas le dire, mais… il avait l'impression que s'il prononçait les quelques mots qu'il avait en tête, il sauterait à pieds joints dans un ravin, et il n'était pas sûr de savoir comment faire pour remonter. C'était une sensation étrange, surtout pour lui, qui tenait tant à paraître sûr de lui. Ne pas montrer que l'on avait peur, c'était un moyen de maîtriser la situation. Et là, il ne maîtrisait absolument rien.
Rose lui adressa un léger sourire, très doux, et Scorpius se sentit fondre.
« Je parle trop, c'est ça ? » demanda-t-il.
Le sourire de la jeune fille s'élargit.
« Je te le dit tout le temps, non ? » répondit-elle.
Scorpius sourit à son tour. Il tendit la main à Rose qui la prit sans hésiter. Lentement, ils se rapprochèrent. Scorpius se perdit dans le regard noisette de la jeune fille, emporté par les tourbillons dorés de ses iris. Le soleil dansait dans ses cheveux roux. Légèrement hésitant, il leva la main et laissa le bout de ses doigts glisser sur la peau blanche de sa joue. Elle frissonna et sourit. Sentir son souffle effleurer ses lèvres avait de quoi le rendre fou. C'est elle qui combla les derniers centimètres qui les séparaient. La suite se perdit dans le tourbillon d'émotions et de confusion qui embrouilla l'esprit du jeune homme.
A bout de souffle, ils se séparèrent. Rose souriait toujours. Scorpius noua ses bras dans son dos et soupira. Il venait d'embrasser Rose Weasley, et il n'était absolument pas contre le fait de recommencer, mais...
« Mon père va me tuer, murmura-t-il.
- Tu veux dire que mon père va te tuer, » corrigea-t-elle.
Scorpius secoua la tête. Le sourire de Rose s'élargit encore. Elle se nicha contre lui et une bouffée de tendresse le submergea.
« Qu'ils essayent seulement, murmura-t-elle, et ils verront de quoi une Weasley en colère est capable. On étripe Albus tout de suite, ou on le laisse mariner encore un peu ? »
Scorpius eut un sourire en coin. Foi de Malefoy, il n'était pas dit qu'Albus allait s'en tirer à si bon compte.
« Qu'il marine. Après tout, tout ça c'est de sa faute. »
Elle acquiesça, une lueur espiègle dans les yeux.
« Excellente idée. Et si tu m'embrassais en attendant ?
- Excellente idée, mademoiselle Weasley. »
FIN