Plop à tous et bienvenue pour ce dernier chapitre.
Merci à tous, vraiment, de m'avoir soutenue dans ce long et pénible projet. J'ai adoré écrire cette histoire. Malheureusement, celle-ci a souffert mes deux syndromes de la page blanche, et de nombreux... Eh bien, j'ai perdu le sommaire que j'avais trois fois, et le cahier associé deux fois.
L'écriture a été semée d'embûches, et je m'excuse de n'avoir pas pu tenir mes promesses quant au rythme de publication et à tout ça. Il faut savoir que l'omégaverse est une science complexe pour laquelle j'ai encore du mal, maiiiis je me soigne ahah.
Quoi qu'il en soit, sachez que je suis triste d'arriver à la fin de ce chapitre, mais voilà, c'est fait.
J'espère que vous en profiterez bien.
Aussi, je vous remercie encore de me lire, et vous pose une petite question concernant mes prochains écrits : j'ai envie de faire plaisir à mes lecteurs, voilà. Je prévois un petit texte... Hm ? Qu'est-ce qui vous ferait plaisir ? Un OS Destiel, Sabriel, Sastiel, AbaDean, je sais pas moi, TardImpala ? (je shippe. Shhhh.) Voilà voilà voilà.
Bonne lecture à vous, n'oubliez pas de me laisser vos impressions ! Et encore une fois, merci.
Ce chapitre n'a pas été bêta-lu, je m'excuse des fautes.
" Il est peut-être temps de nous expliquer. "
Mélanie avance dans la pièce partiellement éclairée. Le monde est son éclairage. La douce, perverse, lente et glacée folie qui constitue son esprit clignote dans son regard et pourrait presque illuminer la chambre. Les trois personnes dans les coins ne bougent pas. A peine respirent-elles, et encore, ce serait trop demander.
Sam a du mal à penser, du mal à bouger. Les bras ankylosés, les liens qui mordent sa peau sont des entraves dont il ne peut pas se débarrasser. Pour cause, le fait que la pièce soit nue et gardée par des fantômes.
Ou peut-être le fait qu'il n'ait pas plus de vêtements que le jour de sa naissance, aussi. Ca peut jouer.
"Ils ne te feront rien. Ils savent ce qu'ils encourent, s'ils s'approchent trop près.
- Tu les tuerais ?
- Moi ? " Elle hausse les sourcils, qu'elle a fins et bien épilés. Son odeur de cire danse, Febreze intense, et Sam a envie de gerber. " Non, non. Je ne les tuerais pas. Tu es fou. Après tout ce que j'ai fait pour en arriver là, je ne vais pas les tuer. "
Elle sourit, lentement. Ses pas se font plus mesurés sur le sol. Elle semble les compter. Un. Deux. Trois. Cinq. Quatorze. Peut-être moins, sans doute plus. Le tout, c'est que le nombre à la fin soit rond.
"Si je les tuais, Sam, alors tu devrais forcément prendre la place de Dave, ici présent. Je doute que tu le veuilles. Décidément. Je te réserve un avenir bien plus glorieux que ça."
Ses mots sont tranchants. Elle sait s'en servir, et alors que le Winchester observe la pièce - il doit forcément y avoir une issue, un moyen, quelque chose ! Les fantômes, ou quoi qu'ils soient, ne bougent pas et le fixent depuis des heures. Il peut s'échapper. Il le sent, il le sait. - Mélanie s'approche de lui. Qui a besoin de lumière, quand une Alpha à l'odeur écoeurante et aux chaussures bruyantes tente de vous approcher ? On a juste besoin de s'échapper.
"Ah, Bill ! "
La porte claque. C'est vrai que ça sent la mer et, au vu de la réaction de Sam, l'odeur lui est familière. Il remue légèrement sur sa chaise. Dans le coin nord de la pièce, doucement, un gargouillement se fait entendre. Quand lorsque l'eau s'engouffre dans le siphon d'un lavabo, sauf que là, la moquette se gondole en de légères vagues verdâtres, écumantes et pestilentielles. Ca sent la mer.
Ca sent la mort.
Le quatrième coin retient un dernier homme. Le voisin du dessous, un Alpha aux lèvres verdies par une attente. Il est mort comme il a vécu : la question de trop avalée, dans l'odeur iodée.
Il n'a jamais su vraiment nager. Sa voisine le contemple un instant, une part de regret dans les yeux. Mais il fallait qu'il soit là. Il fallait, sans doute, que ça soit lui, maintenant ici.
... Ou pas.
"Bien, nous sommes au complet. "
~O~
Entre deux baisers échangés, deux souffles qui s'apaisent, une âme qui guérit et son ange gardien tentent de rechercher des choses. Les marques encore fraîches dans leurs nuques respectives les réconfortent, alors qu'ils écument sites internet et livres.
Rien. Pas un mot. Autant le fait que Rimbaud, flamboyant Alpha, soit inutile et passablement dépassé - les rumeurs parlent d'un des premiers cas d'Oméga poète au monde, pour lui ; que l'Alpha n'était qu'une couverture -, autant, lire du français ... Plus rien n'importe car il n'y a rien. Rien.
Rien d'utile.
"Un fantôme ? " suggère pour la troisième fois Dean. " Un fantôme qui tue des gens, un fantôme fan de poésie et dont les victimes n'ont aucun lien entre elles... Un fantôme de psychopathe poète qui vit dans une armoire la journée !
- Dean ...
- Oh, quoi. Je peux bien réfléchir, non?
- Oui. Mais donne juste un peu de sens à ce que tu dis. Je suis loin d'être un parfait chasseur, mais crois-moi. Tuer juste pour tuer... L'âme se serait rendue en Enfer, dans ce cas-là. "
L'ange a pas faux. Dean acquiesce et soupire.
"Donc on repart de zéro. Avec un Alpha qui était peut-être un Oméga mort il y a deux siècles, Sam qui ne répond pas et trois meurtres sur les bras.
- Un Alpha qui était peut-être un Oméga ? "
Les yeux de Castiel semblent s'assombrir dans la chambre encore embuée de leurs parfums.
"Dean... Tu m'avais bien dit que les Thêtas ... Etaient prompts à se transformer en monstres.
- Affirmatif. Ou les fantômes les collent. Ce genre de choses.
- Et nous sommes d'accord que les Thêtas sont dans un cas particulier, que votre société avait oublié.
- Hmhm. "
Dean commence à voir où il veut en venir.
" Donc, techniquement, certains pourraient confondre l'Alpha avec un Beta...
- Qui deviendrait un Omega. Cas, t'es génial des fois. " Avec un baiser au coin des lèvres, Dean redonne de l'espoir.
"Ca ne dit toujours pas ce que c'est.
- Ce que c'est, non. Mais nous n'en avons pas besoin. "
Il pousse une page devant ses yeux. Un site, un peu ancien - le fond noir, le comic sans ms et la police blanche -.
Thêtas et vengeance
Loin de leur rôle habituel de bouclier, comme leur nom l'indique, les thêtas sont les êtres les plus sensibles aux perturbations surnaturelles. Nombreux sont ceux qui, à la suite d'évènements traumatisants, développent des capacités extrasensorielles, psychiques ou simplement s'attachent à un fantôme.
Le cas le plus fréquent de ce genre de pratiques involontaires est la création d'un esprit-bouclier.
"Un esprit-bouclier ?
- La traduction est un peu grossière. C'est un terme angélique. Lorsqu'un ange possède un humain, il nous est possible de le protéger en utilisant notre Grâce comme bouclier autour de son esprit, pour éviter la destruction complète. Cependant, cette pratique a été interdite. Une fois le bouclier retiré, l'esprit-bouclier se créait en lui-même, dans le même plan que la personne physique. Une sorte de fantôme avant l'heure.
- Sans pour autant être... Le machin, là, allemand... Un doppelgänger.
- Oui, voilà. A part qu'il n'avait aucune intention de briser l'être, mais au contraire de le protéger jusqu'à la fin. Quitte à le tuer. De plus, il pouvait adopter la forme qu'il désirait."
Dean hoche la tête. "Je vois. On peut tuer ce machin, j'espère."
Cette manifestation étant une manifestation angélique, deux solutions s'offrent à celui qui s'en retrouve victime.
Une lame angélique, maniée par un être dont le coeur a été brisé trois fois, et dans cet ordre : une fois par la mort, une fois par la trahison, une fois par l'indifférence, car l'aimé avait son coeur déjà pris.
La bénédiction de l'ange ayant créé le bouclier en premier lieu.
Le chasseur se mord la lèvre.
"On a pas le choix, hein. On est obligé de voir pour... La lame. On a aucune idée de qui a possédé l'autre poète, là.
- Sans compter qu'il pourrait être mort.
- Ouais."
Un soupir lui échappe.
" On doit en faire quoi, de la lame ? "
~O~
Quatre humains, autrefois, se tiennent dans les coins de la chambre. De leurs corps s'écoulent lentement de vagues qui ressemblent bien trop à aujourd'hui. Demain, peut-être que plus personne ne saura qu'ils ont été réunis ici.
De toute manière, le temps n'a pas d'emprise certaine sur les êtres intemporels. Et il n'y a pas plus intemporel et éternel que la mort.
Quatre humains.
Et au milieu, Sam. Toujours Sam. Encore Sam. Nu. Fragile, dans toute la fragilité que la condition humaine peut apporter.
L'Alpha en face de lui, Mélanie, fait courir ses doigts sur son front, ses tempes et ses cheveux.
C'est juste parce qu'il était là. Rien de plus. Là au bon moment, au bon endroit.
" Vous êtes quoi, au final ? Des fantômes ? Une sorcière ? Des Tulpa ? "
La liste serait longue. Sam n'a aucune idée. La caresse de l'Alpha, sur sa peau moite d'attente et d'espérance stupide, crée un véritable chemin électrique qui brûle et anéantit ses sens.
"Un peu tout, un peu rien. Que crois-tu ? " Son odeur envahit la pièce, dominante, enivrante, détruisant l'instant. Le Winchester, lui, n'a plus rien. Pour un peu, il lui serait simple, si simple de sombrer. D'aseptiser son univers, plus qu'un moment, d'oublier et de dire au monde d'aller chier. L'électricité qui court sur lui - c'est une image, oui - et l'odeur lui font fermer les yeux.
Le temps se suspend.
"Je crois..."
Les mots sont coincés dans sa gorge. Est-ce qu'il croit, simplement ?
"Je vais te le dire, Sam. De toute manière, nous avons besoin de ton consentement pour faire ça. "
Ils ont tous besoin de lui faire dire oui. Voilà. Voilà où le plan s'arrête. Sam en pousserait un soupir de soulagement, s'il pouvait. Les doigts de Mélanie, contre ses lèvres, l'empêche de respirer ou de refuser.
"Vois-tu, les bêtas n'ont pas toujours été reconnus comme tels. Fut un temps où ils n'étaient pas différents des alphas. C'est toujours le cas, crois-moi, dans certains pays.
Or, cette différence de statut a apporté de nombreux... Troubles.
Surtout lorsque certaines personnes se sont mises à expérimenter des pertes sensorielles, des maux de tête... A développer une odeur. "
Son doigt tente de forcer les lèvres de Sam, et laisse, de son ongle qui caresse l'émail des dents, un goût de poussière et de détergent.
" Tu vois ce que je veux dire, n'est-ce pas ? "
Il hoche la tête.
" Oui, les Thêtas ont souvent été prompts à causer de grandes frayeurs aux hommes. C'est pour ça, sans doute, que vous avez refusé de voir leur existence. Enfin. De véritables aimants à surnaturel, je suppose que tu t'en es douté. " Après lui avoir jeté un regard, elle sourit.
"Non, non, ne t'en fais pas. Tu m'as l'air rompu à ce genre de choses. " Ses yeux s'égarent sur les cicatrices de son corps. "Mais ce n'est pas ta présence en elle-même qui a provoqué tout ça.
Ca aurait pu être un autre, Sam. Un autre thêta. Beaucoup sont inactifs, encore.
Mais pas toi. Curieusement, pas toi. "
Sam tire sur ses liens. Le monde danse, et il tire, encore et encore. Mélanie ne semble pas le remarquer. Pas plus que les autres autour.
"Il y a eu peu de thêtas actifs, dans votre Histoire. Le dernier en date s'appelait... "
Une ombre passe sur son visage, alors qu'elle secoue la tête.
" Il était intelligent, Arthur. " Le nom glisse et ouvre les yeux de la jeune femme - est-elle si jeune ? - comme une blessure. " Il était intelligent. S'il voulait survivre, en ce monde, l'Oméga qu'il était devait disparaître, être scellé. Alors le poète prodige, l'enfant désobéissant, avorté, jamais suffisamment droit aux yeux de la société, reclus... L'enfant a pris sa plume. "
Elle ne bouge pas. La pièce se fige, le monde s'évade. Peut-être le fait-elle disparaître.
" Il y a une forme de magie que seuls les poètes peuvent susciter, avec un peu d'aide et les mots appropriés, s'ils sont guidés par le bon sentiment.
Il n'en a pas parlé, mais un ange lui est apparu. Je le sais, car c'est comme ça que je suis née. L'ange a voulu s'assurer que le poète resterait intact. Ce qu'il voulait faire était noble. Dangereux, mais noble. Et le monde ne pouvait se passer de son oeuvre.
L'ange lui a prêté sa puissance, pour quelques moments. Avec un cercle de quatre âmes errantes, il a su contenir l'instabilité de votre condition. "
Sam fronce les sourcils. Il ne sait pas quoi dire. Ses doigts se replient et se déplient, pour s'assurer que le sang continue de couler.
"Les bêtas sont nés avec moi, ce jour-là. "
Mélanie le regarde, et elle sourit.
" Tu comprends ce que ça veut dire ? Votre génétique n'est même pas stable, mais entachée de la magie d'un homme. Toute la race humaine porte une trace de ce seau en elle. Avec ce seau, votre instabilité, tout ce qui permettait de façonner les génies et les uniques, le sublimement versatile, s'est fixé. Tout. Les thêtas disparaissent totalement, les cas d'Alphas anciennement Omégas se réduisent de plus en plus, et l'émergence d'une troisième dynamique, reconnue par la société. "
Ses cheveux balaient les odeurs et les sens. Dans les coins de la pièce, les fantômes, pales souvenirs des âmes originelles, s'agitent en silence.
"Maintenant, Sam, je te pose une question. Une simple question. Pourquoi les thêtas existent-ils, redécouverts depuis peu, si mon Arthur les avaient scellés ? Hm ?
- Le sceau s'est détérioré avec sa mort, admet le Winchester, dans un souffle.
- Exactement. "
L'heure avance, mais ni Sam ni la jeune dame ne s'en rend compte. De toute manière, dans une pièce close, rien ne passe : ni la lumière du ciel, ni les battements des aiguilles d'une montre ou d'une pendule.
"Un sceau de cette force, ancrée dans le code humain, se nourrit de l'homme l'ayant scellé. Mais le poète était intelligent. Il savait que j'étais là. Depuis le début, il le savait. Et j'étais lui, pas vrai ? J'étais son oeuvre, l'ancien moule de son âme déposé par l'Ange pour le sauvegarder.
Alors, pour ne pas mourir à dix-sept ans, il m'a utilisée en temps que pilier. "
Mélanie ne bouge plus, désormais.
" J'ai besoin de toi, Sam. Ca aurait pu être quelqu'un d'autre, mais ça sera toi. Il faut que le sceau soit renouvelé. Il faut que le travail mis en place par mon double n'ait pas été fait en vain.
Il faut que tu acceptes de devenir le cinquième pilier. "
~O~
Dean conduit vite, dans le brouillard qui entoure la ville comme un foulard étouffant. Il conduit vite, sans vraiment savoir. Castiel regarde l'écran de son téléphone, où le traqueur du téléphone de Sam leur indique un immeuble - on l'avait dit, que les nouvelles technologies vous traquaient partout. Il n'empêche que, dans ce cas-là, c'est bien pratique - .
Derrière, il y a une lame qui danse, au rythme des virages.
Pourvu qu'on arrive à temps.
Pourquoi qu'on y arrive, surtout.
~O~
"Et mourir jeune ?
- Quelqu'un doit supporter le sort. Les âmes... Elles ont tendance à s'effilocher. Regarde. " Le geste vers les hommes et femmes, morts, dans chaque coin, les englobe dans un pan d'éternité auquel ils n'ont sans doute pas voulu assister.
Eternel ne veut et ne voudra jamais dire éternel.
"J'ai dû changer mes compagnons déjà cinq fois, au cours des années. A chaque fois que le sort menaçait de rompre. Mais maintenant, je le vois. Ce ne sont pas eux.
C'est moi. "
Elle lève une main à hauteur de son visage. De là provient la lumière de la pièce : elle semble faite de rais luminescents qui, doucement, s'éteignent au rythme de ses respirations. "Le rôle perdure, mais le porteur meurt. Sam. "
Sam sait résister.
"Ca aurait pu être n'importe qui, tu me l'as dit. Alors pourquoi moi ?
- Parce que ça aurait pu être n'importe qui, justement. "
Les mains sur ses épaules, elle s'assoit sur ses cuisses, calmement. "Ne veux-tu pas te débarrasser de tout ça, Sam ? Ne veux-tu pas être libéré des évanouissements, des vas et viens entre les dynamiques ? Ca va s'empirer tu sais. Devenir un cauchemar, petit à petit. "
Les liens tombent. Sans doute les a-t-elle détruits, d'un simple mouvement. "Nous sommes un peu tout, nous sommes sans doute rien. Mais nous sommes liés à l'Humanité. " fait-elle remarquer. " Tu verras. C'est intéressant.
- Sauf que. " L'homme la repousse, pour se lever, pudiquement. " Je n'ai pas la vie éternelle.
- Quand l'heure viendra, je pense que l'Ange viendra te donner un double. Un double, sans doute pire que moi, que tu pourras utiliser. "
Mélanie hausse les épaules.
"Et même s'il ne vient pas... Tu trouveras bien quelqu'un. Je t'ai bien trouvé, toi."
~O~
La porte s'ouvre dans un coup de feu. De toute manière, l'immeuble est presque détruit. Plus rien n'a d'importance, mis à part la bulle d'éternité qui englobe doucement toute la chambre.
"Sam ! "
Dean qui court. Une lame d'acier, bénie et trempée dans les larmes d'un ange déchu - on ne peut pas faire plus gothique que l'acier céleste - qui tourbillonne dans les airs et vers le couple.
Mélanie qui ne bouge pas. Le coup la traverse comme s'il n'avait jamais été. Ou comme si elle n'était, déjà, plus là.
" Je suppose qu'il s'agit de ton frère, commente-t-elle. Non, non, il ne m'intéresse pas. "
Bill se met à bouger. C'est silencieux, légèrement visqueux et glauque. Dean, sans s'en rendre compte, se retrouve dos au mur, plaqué par un homme noyé aux yeux vides.
Castiel ne bouge pas. Il regarde Sam, puis son amant, la lame au sol et l'esprit.
Le monde est fini.
Il avance calmement, posant une main sur l'épaule de Mélanie. Sa Grâce fait briller ses yeux, et des mots sortent de sa bouche.
Peut-être que ça marchera.
"Autant je t'apprécierai presque, Sam, autant l'ange là me semble stupide. Et ton frère... Je me suis déjà prononcée."
Ledit ange recule, de force, repoussé par l'incompréhension de ne pas pouvoir régler cela.. Et aussi peut-être par le jeune homme gelé qui le tire vers l'autre coin de la salle.
Mélanie hausse les épaules. "Bien. Est-ce que, maintenant, nous pouvons finir ? J'ai une idée ! Si je les tue, tu accepteras ? Hm ? "
Sam regarde autour, désespéré. C'est donc comme ça qu'ils vont finir ? Sur une chasse quasiment ordinaire, pour préserver un pseudo ordre dans l'Humanité ? Partir dans un coup d'éclat, oui.
Mais partir pour cette cause là, Sam n'y croit pas.
" Comment je fais ? "
~O~
Mélanie place une lame dans la main du jeune. Une lame brillante, gravée de symboles angéliques. Elle reflète la jeune femme mourante, et quelques mots dansent sur la garde. Le Winchester la fait tourner entre ses doigts.
"Acceptes-tu, Sam, d'être membre du cercle ? "
Il hésite. La jeune femme est si proche. Si fine. Et il voit bien qu'elle lutte. Il voit qu'elle va s'effilocher dans peu de secondes, s'étioler comme un nuage dans le vent. Qu'elle lutte pour maintenir un peu d'équilibre.
Mais la société évolue.
La société change, elle accepte et rejette pour peu de temps. Avec du travail, avec des mouvements... Avec tout. Avec rien, et même avec quelques-uns, le monde auquel le poète avait voulu se soustraire n'existe plus.
Alors il faut lui donner sa chance.
Le brun ne répond pas. La lame qu'il a en main plonge au coeur de l'esprit. Ses yeux s'illuminent, violemment, d'un pourpre qui vire au violet incandescent.
Elle explose doucement, comme un rêve qui s'épanouirait dans la réalité pendant une seconde, même pas.
Elle explose doucement, et avec elle le sceau se brise. Des mots s'envolent, peuplant la pièce, pendant un instant, de rimes brillantes qui rient et dansent, libres de ne plus retenir les instables génies et les souvenirs d'une époque révolue.
Elle explose pour que le monde ait une seconde chance.
~O~
"Il faudra que tu m'expliques, Sam."
Le matin est venu. Tout ressemble à un mauvais rêve désormais, rien de plus. Un mauvais rêve, imaginé par un fou de poésie, une cuite et un livre ouvert entre deux cadavres de textes avortés.
"Une prochaine fois, Dean. Je veux juste... Dormir."
Habillé, le cadet jette un regard à la chambre. Débarrassée de tout ce qui l'encombrait, les fantômes évanouis et Mélanie souvenir parmi les souvenirs, elle ressemble à toutes les chambres : trop propre, trop vide, sans personne pour peupler le lit.
Et pourtant, Sam sourit. Castiel est là, dans un coin. A relire, perplexe, un vieux livre trouvé dans une table de nuit.
"Eh, Sammy." Dean l'interpelle, doucement. Après un soupir, celui-ci répond :
"Quoi ?
- Comment tu as fait ? Pour t'en débarasser je veux dire ?"
Le plus jeune hausse les épaules.
"J'avais une lame. J'ai donné un coup.
- Le seul moyen de s'en débarasser, à part la bénédiction de Cas qui n'a pas marchée, c'était pour une personne au coeur brisé trois fois de poignarder l'être bou-..."
Il le dévisage. Au fond des prunelles vertes de son grand frère, Sam voit danser la douleur. Le regret.
Et l'amour fraternel, cette étincelle qui dit 'je suis là. Excuse-moi.'
"Jess. Ruby... C'est ça, hein ? C'est à cause d'elles ? Le coeur brisé par la mort et la trahison."
Sam hoche la tête. Leurs noms évoque des souvenirs douloureux. Mais mieux vaut maintenant qu'avant.
"Et le coeur déjà pris, c'était Amelia ?"
Sam ne répond pas. Ses yeux se sont posés sur Castiel, et, l'espace d'un instant, il se demande si son frère, à son hésitation, comprendra. Il voit la marque au creux de son cou, et son coeur se brise une nouvelle fois.
" Oui, c'est ça."
