Disclaimer : Les personnages et l'univers de The Walking Dead appartiennent à Frank Darabont et Robert Kirkman.


Chapitre 1

- Pas de 'mmgbmmh'. Qu'est-ce qui t'as fait changer d'avis ?

Daryl plongea alors son regard dans celui de Beth. Il n'était pas le genre d'homme à dévoiler ses sentiments. Son caractère ne lui aurait jamais permis de répondre à ça. Mais il ne voulait pas lui mentir pour autant. Il espérait simplement qu'elle devine toute seule. Et son regard était tellement profond, tellement sincère, qu'elle ne pouvait pas ne pas comprendre. Et puis, elle était loin d'être idiote.

- Oh.

Avant qu'elle ait eu le temps de dire quoi que ce soit d'autre, ils entendirent un bruit à la porte. Daryl se leva.

- C'est sûrement le clébard. Je vais lui donner un truc à bouffer, dit-il.

Il se dirigea vers l'entrée. Soudain, lorsqu'il ouvrit la porte, une vingtaine de rôdeurs lui tombèrent dessus. Par réflexe, il repoussa la porte pour tenter de la refermer, mais les rôdeurs étaient trop nombreux et trop affamés. Il ne put retenir la porte que quelques secondes et eut juste le temps de crier :

- Beth ! Beth ! Il y a une horde. Reste pas là, cours dehors, je te rejoindrai quand je les aurai semés.

- Non, je te laisse pas ! cria-t-elle à son tour.

- Tire-toi, je te dis !

Beth s'exécuta. Elle courut dehors et se cacha derrière un arbre. Elle était inquiète. Elle savait Daryl habile et intelligent, mais une morsure était vite arrivée, surtout avec vingt rôdeurs tout autour.

Il la rejoignit quelques minutes plus tard. Il courait dans sa direction et ne semblait pas vouloir s'arrêter.

- J'ai pas pu tous les tuer. Faut pas rester là.

Elle se mit à courir aussi. Sa jambe la faisait encore souffrir. Elle avait peur, mais elle n'était pas seule. Elle savait que la personne avec qui elle avait le plus de chance de survivre, c'était Daryl. Il serait toujours là pour la protéger.

OoOoO

Ils coururent pendant près d'une heure, jusqu'à ce qu'ils tombent sur un petit pâté de maisons, en bordure de forêt. Daryl semblait vouloir continuer mais Beth n'en pouvait plus.

- Daryl ! On s'arrête deux minutes, s'il-te-plaît, demanda-t-elle, essoufflée.

- Pas ici, c'est trop dangereux. On se cache d'abord.

Il lui prit le bras.

- Viens.

Il l'entraîna jusqu'à la maison la plus éloignée. Il lui fit signe de ne faire aucun bruit. Il tapa deux fois sur la porte de la maison, puis l'ouvrit, son arbalète prête à tirer. Aucun rôdeur ne vint jusqu'à eux, et il n'y en avait pas non plus autour de la maison. Ils entrèrent tous les deux et Daryl barricada la porte.

- Fais pas de bruit, au cas où la horde passerait devant la maison.

Beth acquiesça, trop heureuse de pouvoir arrêter de courir cinq minutes.

Daryl fit consciencieusement le tour de toutes les pièces pour vérifier qu'aucun rôdeur ne s'y cachait.

- C'est bon, y a rien, dit-il finalement.

- On peut passer la nuit ici ? Il fera bientôt noir et j'ai pas envie de courir encore plusieurs heures. En plus, je crois qu'on les a semés.

Daryl regarda par la fenêtre. C'était encore l'hiver, il faisait sombre tôt et d'ici une ou deux heures, il ferait complètement noir. Ils décidèrent de rester.

- Je vais voir s'il y a une autre sortie, prévint le chasseur.

Beth acquiesça à nouveau. Elle fit rapidement le tour de la maison. Une fine couche de poussière recouvrait tous les meubles, mais à part ça, rien ne semblait vouloir dire que l'apocalypse avait eu lieu il y a un tout petit peu plus d'un an. Les lits étaient faits, tout était rangé à sa place, rien n'avait été cassé et il n'y avait pas la moindre trace de sang. Cette famille-là était probablement partie un matin, comme si c'avait été un jour ordinaire, et n'était jamais revenue.

Il y avait deux chambres, mais elles étaient fort peu personnalisées. Pas de poster, de photo, ou n'importe quoi qui aurait témoigné d'une vie de famille passée ici. Rien. Cette maison était neutre comme si elle avait été préparée pour inviter n'importe qui à séjourner là. C'était plus facile pour Beth. Elle n'aimait pas rester dans des maisons qui abritaient encore les fantômes de leurs anciens propriétaires.

OoOoO

Elle ouvrit un placard dans la cuisine. Par chance, il restait quelques boîtes de conserve, mais la plupart des produits étaient périmés. Elle récupéra ce qu'elle put et chercha une boîte d'allumettes pour faire un feu. Il restait du bois à côté de la cheminée et elle finit par trouver ce qu'elle cherchait.

Quand Daryl revint, elle faisait chauffer une soupe au-dessus du feu.

- Tu as trouvé quelque chose ? demanda-t-elle, optimiste.

- Derrière, il y a un espèce de garage. Et une bagnole. On pourra fuir par là s'il faut.

Elle hocha la tête. Daryl s'assit sur une des chaises. Il était fatigué et avait besoin de s'asseoir. Beth servit la soupe dans deux bols qu'elle posa sur la table. Ils mangèrent en silence et vidèrent toute la casserole. Ensuite, Beth se leva pour faire la vaisselle. Par chance, il y avait l'eau courante. Elle se demanda par quel miracle ils étaient arrivés dans une maison où il y avait encore l'eau courante.

Quand elle eut terminé, elle se retourna vers Daryl. Il fixait la forêt, comme s'il redoutait à tout moment de voir apparaître la horde.

- Daryl ?

Il tourna la tête. Elle le sortait visiblement de ses pensées.

- Il y a de l'eau, alors je vais me laver, peut-être que je pourrai trouver du gel douche. Si tu veux, je prendrai le relais pour surveiller, après, comme ça tu pourras te reposer, expliqua-t-elle.

- Non c'est bon, j'ai une idée, répondit-il.

Elle se demanda ce que pouvait bien être son 'idée' mais ne posa pas de question.

Elle monta dans la salle-de-bains et trouva un savon périmé. Elle regarda son aspect et estima qu'il avait encore l'air utilisable, surtout qu'il n'était pas périmé depuis longtemps. Le shampooing, lui, sentait même encore bon. Une chance, se dit-elle.

Elle se lava rapidement, elle avait froid mais voulait se sentir propre. Puis, elle s'enroula dans une serviette et frictionna ses cheveux. Il y avait bien un sèche-cheveux, mais pas d'électricité. Elle enroula finalement aussi ses cheveux dans une serviette, puis s'habilla. Elle avait trouvé des vêtements de femme propres dans les armoires.

Elle sortit de la salle-de-bains et descendit voir Daryl. Elle resta bouche-bée quand elle découvrit ce qu'il était en train de faire. Il déplaçait un à un tous les meubles lourds du salon pour les coincer devant la porte et les fenêtres.

- Mais qu'est-ce que tu fais ? l'interrogea Beth.

- J'ai installé une alarme dehors, avec des casseroles et des vieux piquets. Et ça, c'est une double protection.

- Alors c'était ça, ton idée ?

- Ouais.

Il la regarda d'un air agressif. Il pensait qu'elle trouvait ça inutile, qu'elle se moquait de lui.

- C'est une super idée, Daryl.

Il la regarda à nouveau, étonné cette fois. Elle lui souriait.

- D'ailleurs, tu as souvent des bonnes idées.

Il détourna le regard. Il était reconnaissant mais mal à l'aise avec les compliments. Il ne savait jamais quoi répondre.

- Tu veux quoi ? demanda-t-il.

Elle sourit intérieurement. Elle connaissait sa manière d'éviter de répondre.

- En fait je venais juste te dire bonne nuit, dit-elle en marchant vers lui.

- Tu vas dormir ? Il est tôt, s'étonna-t-il.

- Je suis fatiguée. Et puis, demain, il va falloir qu'on coure à nouveau, alors...

Elle haussa les épaules, puis se rapprocha de lui et l'enlaça. Il fut d'abord surpris puis lui caressa tendrement le dos. Jamais il n'aurait osé le lui dire, mais il aimait ses étreintes. Il ressentait toute la douceur du monde quand elle le prenait dans ses bras.

Elle se dégagea et lui sourit à nouveau.

- Bonne nuit, Daryl.

Il la regarda monter l'escalier sans dire un mot.

OoOoO

Elle monta dans une des chambres, celle où elle avait trouvé des vêtements de femme. Elle ouvrit un autre placard et en sortit une chemise et un jean propres. Elle posa le tout dans la salle de bain, sur un petit tabouret. Elle se disait que Daryl aurait sûrement envie de se changer, après avoir pris une douche. Elle se coucha ensuite dans le lit et ferma les yeux, en essayant de se convaincre que tout allait bien. Elle finit par s'endormir, mais sans plonger dans un sommeil profond. Aucun endroit n'était sûr, elle devait rester constamment en alerte.

OoOoO

Daryl fit une dernière fois le tour du propriétaire, puis monta à l'étage sans faire de bruit. Il prit une douche et vit que Beth lui avait préparé des vêtements de rechange. Il sourit. Cette fille aurait pu être la sienne, et pourtant elle prenait soin de lui comme si elle était sa mère.

Il se rappela leur étreinte. Il se sentait bien avec elle. Elle était jeune, et pourtant elle avait été obligée de grandir à une vitesse phénoménale, tout comme Carl. Elle pouvait se débrouiller maintenant.

En enfilant les vêtements, il se sentit reconnaissant envers elle. Personne ne s'était jamais occupé de lui comme ça. Sa mère n'en avait jamais eu l'occasion et son père ne l'avait jamais fait.

Il sortit, mais au lieu d'aller dormir dans l'autre chambre, il se dirigea sans bruit vers celle où Beth dormait déjà. Il se coucha sur le lit, à côté d'elle, et fit craquer le plancher involontairement. Beth se retourna violemment, la main sur son couteau.

- Doucement. C'est moi, dit-il.

Elle se recoucha, rassurée.

- Désolé de t'avoir réveillée, souffla-t-il.

- C'est rien, dit-elle.

Plusieurs minutes s'écoulèrent dans le silence.

Beth avait froid. Elle frissonna. Daryl le remarqua.

- Désolé, j'ai du éteindre le feu. Je voulais prendre aucun risque avec les rôdeurs.

Elle se tourna vers lui, et rit doucement.

- Arrête de t'excuser.

Elle se pencha vers lui et déposa un baiser sur sa joue.

- C'est toi qui me garde en vie, reprit-elle. Je sais pas ce que je ferais sans toi, Daryl.

Le compliment le mit à nouveau mal à l'aise. Mais cette fois, une autre pensée lui traversa l'esprit plus rapidement que l'envie d'éviter d'avoir à répondre. Il se dit que c'était faux, qu'elle avait tord. En réalité, ce n'était pas elle qui avait besoin de lui, mais bien lui qui avait besoin d'elle. Elle lui donnait une raison de se battre, elle s'occupait de lui faire à manger et de lui nettoyer ses vêtements, parfois. En échange, il la protégeait et lui apprenait à se défendre et à chasser. Mais il ne voyait pas ça comme un échange, c'était plus que ça. Elle le guidait, elle le gardait en vie grâce à son espoir.

Il mesura alors toute l'importance qu'elle avait à ses yeux.

OoOoO

Daryl plongea une nouvelle fois ses yeux dans ceux de Beth. Elle souriait toujours. Elle savait qu'il veillait sur elle, elle savait qu'elle avait réussi à franchir ses barrières. Elle regarda ses lèvres, juste une fois, furtivement, et Daryl dut prendre ça comme un signal, parce qu'il l'embrassa, doucement et sauvagement en même temps. Elle ne s'y attendait tellement pas qu'elle recula par réflexe. Ils se regardèrent alors sans rien dire, et Beth sentit le désir monter en elle. Elle avait des papillons dans le ventre rien qu'à regarder Daryl. Il était son protecteur, pourtant elle l'avait toujours aimé autrement. Il était différent, fragile.

Daryl se leva du lit. Il se maudit pour ce qu'il venait de faire. Elle s'était reculée et il était maintenant persuadé qu'elle était dégoûtée de lui. Il se dirigea vers la porte, en se détestant.

Beth, toujours sous le choc, parvint tout de même à sortir de sa torpeur. Elle savait ce qu'il pensait, et il fallait qu'elle lui dise la vérité avant qu'il soit trop tard.

- Daryl, attends, dit-elle.

Il s'arrêta sans se retourner. Beth se leva finalement du lit et se plaça devant lui.

- Où est-ce que tu vas ? demanda-t-elle.

- Y a une autre chambre, je vais dormir là, marmonna-t-il d'un ton un peu agressif.

- Et me laisser mourir de froid toute la nuit ?

Elle ne savait pas comment il allait réagir, mais décida de se lancer.

Elle posa doucement ses mains sur son torse. Elle le sentit se tendre. Elle remonta ses mains jusque derrière sa nuque et le regarda dans les yeux.

Il y avait peu de lumière dans la pièce, seule la Lune éclairait leurs visages, mais elle lui sourit encore. Elle se mit sur la pointe des pieds et posa ses lèvres sur les siennes.

Daryl se détendit, lui qui pensait l'avoir dégoûtée à tout jamais, il comprit que tous deux voulaient en réalité la même chose et se laissa aller. Il passa ses mains dans ses cheveux, puis descendit jusqu'à sa taille. Il l'embrassa plus fougueusement qu'elle ne l'avait fait jusqu'ici, leur baiser devint sauvage. Il passa alors ses mains sous ses fesses et la souleva contre le mur. Beth enroula ses jambes autour de sa taille. Il l'embrassa dans le cou et elle ferma les yeux. Ça faisait longtemps qu'elle attendait ça. Elle enleva son t-shirt et il la redéposa sur le sol. Elle enleva sa chemise rapidement et caressa son torse un peu poilu et super musclé. Elle l'embrassa à nouveau et il la porta, jusqu'au lit, cette fois. Ils continuèrent à s'embrasser et le désir montait chez l'un comme chez l'autre.

Jusqu'à ce que Daryl relève la tête.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Beth.

Il lui caressa les cheveux, tendrement.

- On devrait pas faire ça, dit-il doucement.

Il se tourna et s'assit sur le lit.

- Je peux pas faire ça, Beth.

Il se leva.

Agacée, Beth sortit une nouvelle fois du lit pour se planter en face de lui. Elle regarda Daryl dans les yeux.

Elle était à la fois en colère et folle de tristesse. Elle savait qu'ils ne pouvaient pas être ensemble. Pourtant elle était là, devant lui, brûlante de désir. Comment pouvait-il dire non ? Elle se sentait vexée qu'il la rejette.

- Tu veux que je te dise ? commença-t-elle. Tu crois que tu n'es bien pour personne, que tu n'es qu'un bon à rien. La vérité c'est que tu rejettes tous ceux qui s'approchent de toi parce que tu ne veux pas t'attacher à eux. Parce que tenir à quelqu'un, c'est s'inquiéter pour lui et souffrir s'il lui arrive quelque chose. Et la souffrance, c'est une faiblesse, et dans ce monde, on ne peut pas se permettre d'être faible. Tu t'arranges pour que tout le monde te déteste, tu te comportes comme un sale con, pour être certain que personne n'en ait rien à foutre de toi. Et tu sais quoi ? En général, ça fonctionne. Oui mais cette fois, t'as pas géré, t'as complètement foiré ton coup. Et c'est trop tard. Tu ne peux pas revenir en arrière, alors tu devrais arrêter de fuir. Et tu veux savoir pourquoi ? Parce que je t'aime, Daryl. Et ça, tu peux bien essayer de le refuser, mais ça ne changera rien. Je t'aime et tu ne peux rien y faire.

Daryl regardait Beth droit dans les yeux.

Elle essayait de lire en lui, de comprendre ce qu'il pensait mais elle n'y arrivait pas. Elle avait peur, son cœur battait à cent à l'heure. Elle venait de prendre le risque de le perdre et le regrettait déjà.

Elle crut soudainement voir ses yeux briller sans en être certaine. Et puis, Daryl leva la main et caressa les cheveux de Beth, doucement. Elle l'avait touché. Elle se blottit contre lui et il l'enlaça de tout ses bras.

En réalité, elle était bien plus qu'il n'aurait jamais pu l'imaginer. Elle était son ange.

Il recula, prit son visage entre ses mains et l'embrassa sur la joue. Tendrement, avec un amour infini.

Elle se recoucha dans le lit et il se coucha à côté d'elle. Il lui caressa les cheveux jusqu'à ce qu'elle s'endorme, puis se rhabilla et sortit de la chambre. Il descendit les escaliers, vérifia les alentours de la maison et se décida.

Il sortit dehors et alluma une cigarette.

Il pensa très fort à Beth, à son visage, à ce qu'elle lui avait dit.

En réalité, lui aussi, il l'aimait. Mais jamais il n'aurait eu le cran de le lui dire.