Bonjour tout le monde ! Je profite du beau temps et entre deux fiches de révisions pour vous poster le dernier chapitre de cette fiction. Je veux avoir plus de temps pour écrire mais ce n'est malheureusement pas le cas (surtout que je vais bientôt entrer en période de stage) alors je me venge en postant un chapitre.

J'espère que ce chapitre vous plaira et que de ce fait cette fiction vous aura fait sourire, rire peut-être ? Et peut-être même rendu un peu triste, qui sait. J'ai essayé de donner un nouveau visage à Hanamiya; puisque nous le connaissons tous comme étant un grand connard qui fait tout pour arriver à ses fins, alors avec ce petit retour dans le passé pendant ces années de collège, j'ai essayé de montrer un autre aperçu de sa personnalité.

De plus, voici un autre projet de terminé... je suis contente! Enfin ça va bientôt dire que je vais en commencer cinq autre, c'est ce qui arrive souvent haha. Un fini et cinq de nouveau youhou !

Enfin, enfin, je vous souhaite une bonne lecture et n'hésitez pas à commenter ;) Merci pour vos ajouts en favoris ainsi qu'en follows, et bien évidemment vos commentaires! Ça me fait très plaisir !


Regret

Quatrième chapitre –

Ceux qui se détruisaient en s'aimant


A son tour alors, Hanamiya rentra chez lui sans adresser un mot à ses parents et partit rapidement se coucher. Il désirait cesser de penser, cesser de voir derrière ses paupières la silhouette d'Imayoshi lui souriant sincèrement. Le jeune homme en avait assez. Assez d'être tombé amoureux de son pire ennemi, de son martyr, de cet être aussi insupportable que méprisable. Hanamiya haïssait le sourire dédaigneux d'Imayoshi, de sa langue de vipère, de ses yeux qui ne s'entrouvraient que trop peu et rarement pour rassurer celui qu'il regardait. Il détestait autant qu'il l'aimait, et se l'avouer, le savoir du fond de son être, lui sciait le cœur en deux parties distinctes. Plus que tout, Hanamiya voulait que cela cesse alors si pour cela cette fille pouvait l'y aider… il ne cracherait pas dessus.

Une semaine passa sans qu'il n'ait de nouvelles d'Imayoshi, mais il ne cherchait pas vraiment à en avoir. Au club de basket, les autres membres sentirent sans grand mal la tension qui émanait des deux garçons, et personne n'était assez suicidaire pour tenter de démêler tout cela. Alors tout le monde laissa cela comme c'était. Le monde s'y portait mieux. Seulement, un jour parmi tant d'autres, ce fut pourtant celui-ci que choisit Kuchiki qui vint entre deux cours lui proposer cette sortie arrangée avec son amie Sakine Inoue. Cette dernière n'avait même pas le courage de venir par ses propres moyens.

« Merci beaucoup en tout cas Hanamiya-kun ! Je suis vraiment contente que tu es accepté ! Tu verras, Inoue-chan est vraiment adorable, je suis sûre qu'elle te plaira. »

Hanamiya l'espérait, du plus profond de son cœur. Il désirait plus que quiconque que cette fille puisse lui faire détourner les yeux d'Imayoshi. A vrai dire, Hanamiya n'avait plus les forces nécessaires pour s'en prendre à Kuchiki et ainsi briser son couple, il était las. Lassé par ses sentiments à l'égard d'Imayoshi.

Ils attendirent par la suite samedi afin de sortir tous les quatre, car en plus de ne pas avoir le courage de lui proposer directement Inoue avait aussi demandé à Kuchiki de l'accompagner. De la sorte celle-ci eut la superbe idée de joindre au rendez-vous Imayoshi, car en plus cela lui permettait de passer du temps avec son petit-ami par la même occasion. Ainsi, les deux garçons qui n'avaient pas échangé un mot depuis plusieurs jours, qui ne s'étaient même pas jeté un regard depuis leur précédente conversation, se retrouvèrent embarqués ensemble dans le même manège.

Imayoshi nota sans grand mal l'effort vestimentaire d'Hanamiya qui avait sorti la chemise et des chaussures neuves sûrement, tout en ayant auparavant arrangé ses cheveux pour paraître moins décoiffés que d'habitude. Le plus âgé jeta ensuite un coup d'œil à cette fichue fille qui se prénommait Sakine Inoue ; qui avait opté pour une petite jupe et un haut à manche longue qui était à peu près de couleur semblable avec ses collants. Tout cela avec une petite paire de talons qui la grandissait. Elle avait coiffé ses cheveux blonds en une couette haute et n'avait de cesse de jeter des coups d'œil à Hanamiya sans le regarder directement dans les yeux. De toute évidence, pour elle aussi s'était sûrement la première fois qu'elle s'intéressait à quelqu'un.

C'en était gerbant.

« Où allons-nous Imayoshi-kun ? »

Bien que la question provenait de sa petite-amie, Imayoshi ressentit l'irrésistible envie de l'envoyer balader. Ce n'était pas son rendez-vous, ni son affaire, alors pourquoi aiderait-il la vie à ces deux-là ? Le fait de voir Hanamiya aussi gêné le rendait fortement irritable. Depuis quand son kōhai restait-il muet comme une carpe ?

« Qui a mangé ? Pour ma part non, alors allons-y. Qu'en pensez-vous ?

— Si ça convient à Hanamiya-kun, osa timidement Inoue.

— Je n'ai pas mangé non plus.

— Bien ! Alors allons-y ! » S'enthousiasma Kuchiki afin de motiver les troupes.

Elle s'empressa ensuite de prendre contre son bras celui d'Imayoshi et ouvrit la marche aux côtés du brun. Imayoshi ne put s'empêcher cette fois-ci de jeter un coup d'œil en arrière et voir Inoue se rapprocher d'Hanamiya et discuter avec lui. Il vit ainsi son cher kōhai paraître mal à l'aise en présence féminine.

« Ne sont-ils pas mignons tous les deux ? S'enquit par la suite Kuchiki en remarquant son intérêt pour ces deux-là.

— Hanamiya paraît s'être assis sur un balai ce matin, grogna-t-il pour seule réponse.

— Comment ça ? »

Imayoshi ne préféra même pas prendre le temps de répondre quelque chose à cela. Face à son silence, bien que Kuchiki gonfla ses joues, elle reprit rapidement.

« Enfin j'ai tout de même pensé qu'à un moment donné, on pourrait partir de notre côté et les laisser seuls. Qu'en penses-tu ?

— Ton amie s'en sortira ? Ce n'est pas l'idée de la voir patauger qui me retiens, mais elle coulera si jamais tu n'es plus là non ?

— Elle est grande, non ? Inoue-chan saura s'en sortir. Et puis, j'ai envie de passer du temps avec toi. Seule à seul. »

Fort heureusement, Imayoshi put ne pas répondre à l'invitation de Kuchiki puisqu'ils étaient arrivés à une petite cafétéria. Ce n'était pas l'envie de s'éclipser qui lui manquait, mais autant le faire seul. Il était de mauvaise humeur aujourd'hui et n'était pas certain d'être capable de garder son sang-froid. Ils s'assirent autour d'une table après avoir passé leur commande ; et comme d'habitude Hanamiya n'avait pris que des choses sucrées. Imayoshi se rappela du jour où il s'était moqué du brun, et que ce dernier s'était mis à grogner avant de l'insulter de tous les noms. Ce jour-là, c'était le vrai Hanamiya qui se montrait à lui ; et pas ce garçon timide qui préfère regarder la table que la fille qui s'intéresse à lui. Cependant, le contenu de son plateau amusa beaucoup les deux filles qui se moquèrent gentiment de lui, bien que ce fût surtout Kuchiki qui parlait. Imayoshi remarqua qu'Inoue avait encore un certain mal à se montrer naturelle en présence du garçon qu'elle aimait. En revanche, lui, n'avait pas pris grand-chose. La nourriture le dégoutait.

Plus le temps passait autour de cette table, et plus Inoue commençait à se détendre et devenir à l'aise aux côtés d'Hanamiya qui en fit de même. Sa joue à l'intérieur de sa main, regardant d'un œil absent ce qui se déroulait sous son nez, Imayoshi n'entendait même plus les conversations. Il ne savait pas ce qu'était en train de penser en ce moment même Hanamiya, comment ce dernier voyait cette fille qui s'intéressait à lui, ni ce qu'il pensait faire plus tard. Allait-il sortir avec elle ou non ? Imayoshi en avait assez de cette incertitude.

« Ce serait vraiment génial si vous sortiez tous les deux ensembles, hein Inoue-chan ? S'extasia brutalement Kuchiki, faisant de la sorte réagir Imayoshi qui se redressa.

— H-hein ? Euh… je…

— Voyons, ne sois pas timide ! Je suis sûre qu'Hanamiya-chan t'aime bien.

— Euh je…

— En plus comme ça, si vous sortez ensemble tous les deux on pourrait se faire pleins de rendez-vous à quatre ! Comme aujourd'hui. Ce serait génial, hein Imayoshi-kun ? »

La conversation lui retombant dessus, Imayoshi jeta un coup d'œil en direction de Kuchiki qui lui faisait discrètement signe de confirmer ses propos. Seulement, il ne répondit pas tout de suite et préféra tout d'abord observer l'expression de ces deux idiots ; les joues d'Inoue étaient rouges comme jamais et ses lèvres désormais pincées témoignaient de son embarras tandis que son menton s'enfoncer dans le creux de ses épaules, mais Imayoshi cessa bien vite de l'étudier pour plutôt jeter un coup d'œil en direction d'Hanamiya. C'était lui qui occupait en cet instant ses pensées, et non pas cette cruche.

Hanamiya le regardait droit dans les yeux et il était clairement aisé de découvrir qu'il avait peur. Son kōhai avait peur des mots qui pourraient franchir ses lèvres, et il le connaissait assez pour s'imaginer le pire. Imayoshi en aurait très certainement souri en temps normal, mais l'heure n'était pas à l'amusement. Imayoshi était conscient que la situation lui échappait. Il n'était plus le maître du jeu.

« Oh oui, génial. Vous iriez très bien ensemble, n'hésitez pas. »

Bien évidemment, ses mots étaient faux. Il n'en pensait pas la moindre syllabe. Ces phrases n'étaient là que dans l'unique but de blesser Hanamiya, et cela ne manqua pas. Le plus jeune baissa la tête, ses cheveux recouvrant son visage et il parut bien plus petit que d'ordinaire. Imayoshi faisait plier le redoutable Hanamiya Makoto, mais cette fois-ci il ne s'en réjouit pas.

A ses côtés, Inoue était devenue écarlate et n'arrivait pas à formuler deux mots cohérents.

Pour sa part, Kuchiki ne lâcha pas l'affaire. Elle désirait terminer cette histoire le plus rapidement possible et ainsi pouvoir de son côté profiter de son petit-ami. Alors elle parla de ces sorties à quatre qu'ils pourraient se faire, comme par exemple aller au parc d'attractions où elle raconta à Inoue la frayeur d'Hanamiya et comment cela s'était terminé. La jeune fille prévoyait au-dessus de la comète et plus elle parlait, plus elle alignait ces absurdités, et plus les poings d'Hanamiya contre son pantalon se raffermissaient. Il en avait assez.

Assez de voir la tête d'Imayoshi qui lui rappelait ses sentiments. Assez de cette cruche qui se prétendait être sa petite-amie et qui croyait que pour ça, il allait lui aussi se mettre en couple pour satisfaire ses petits délires de collégienne. Il en avait assez. C'en était de trop.

« Et puis si tu as des questions à me poser Mako-chan, n'hésite surtout pas. Je serais toujours là pour te répondre. » Confessa Imayoshi le plus ironiquement du monde.

Soudainement, Hanamiya fit brusquement claquer ses mains contre la table. Des verres se renversèrent, faisant se reculer automatiquement les trois autres pour éviter d'être tâchés. Hanamiya releva un regard assassin dans les yeux grands ouverts d'Imayoshi, laissant au plus vieux le loisir de lire sur son visage toute sa haine, son amertume, ainsi que sa fureur à son encontre. Tout cela lui était dirigé.

« Arrête de te foutre de ma gueule ! Putain à quoi tu joues ? Comme toujours tu as su lire en moi, hein ? Alors tu sais très bien ce que je ressens, arrête de t'amuser avec les sentiments de ton entourage espèce d'enfoiré ! Merde… tu fais tellement chier… »

Hanamiya prit son visage dans le creux de ses mains, le souffle court tandis qu'autour de lui, que ce soit ces filles, Imayoshi lui-même, où tous les autres clients de la cafétéria ou le personnel : tout le monde regardait cet adolescent, incrédules.

« Hanamiya-ch…

— Toi ta gueule ! Et ça aussi Imayoshi, c'est quoi le délire ? Depuis quand tu peux sortir avec une personne aussi conne, putain ! T'as pas vu les questions connes qu'elle peut poser ? Ah bordel… ça fait du bien quand ça sort.

— Monsieur, rasseyez-vous ou sortez je vous prie, intervint un serveur mal à l'aise.

— Quoi ? T'as un problème avec moi, idiot ? »

Bien qu'Hanamiya n'était qu'âgé de douze ans et que ce serveur était adulte, et bien plus grand que lui, le brun le prit par le col et le rapprocha de son visage déformé par la fureur. Le véritable Hanamiya avait explosé ; tout ce qui avait été retenu, tout ce qui était encore camouflé aux creux de ses entrailles, était en en train de se révéler au grand jour. C'était comme si un dérangé, un échappé d'asile, possédait à l'instant même Hanamiya : ses traits faciaux n'avaient de cesse de se métamorphoser, de s'étirer, et un large sourire malveillant recouvrait ses lèvres. Sans oublier cette aura crépitante qui n'annonçait à rien de bon.

Imayoshi aurait dû se régaler du spectacle, de voir au grand jour le véritable Hanamiya Makoto, mais il n'arrivait pas à sortir le moindre son de sa bouche entrouverte. Son plan avait pourtant réussi, mais il n'avait aucune force. C'était comme si sous ses yeux, à l'instant même, me en train de se révéler au grand jour. ncore camouflé aux creux de ses entraillun le prit par le col et le rapprocha de son vse trouvait un Démon. Un fichu Démon qui lui volait toutes ses ressources. Et ce démon n'était autre que son propre kōhai, celui qui venait de lui cracher ses sentiments de façons détournés à la figure, et qui en ce moment même était en train de se faire encercler par la sécurité après que ces derniers l'aient obligé à relâcher le serveur qui était depuis longtemps reparti en cuisine.

Hanamiya fut ensuite emmené de force à la sortie, ou plutôt y fut poussé, et sans plus tarder, après avoir frappé contre le sol, il partit dans une direction loin de cette cafétéria. Tous autant choqués les uns que les autres, ils mirent un certain temps avant de redevenir maître de leur cerveau. Et la première chose que fit Imayoshi fut de sourire jusqu'à ses oreilles. Il ne souriait pas car ses plans étaient arrivés à maturité ; oh non, il souriait car il avait eu raison : Hanamiya était amoureux de lui et n'en avait que faire de cette idiote. Oh bon sang qu'il avait envie d'exploser de rire, à l'instant présent, et de relâcher toute cette pression.

Ce spectacle était fabuleux.

« Imayoshi-kun… qu'est-ce qui…

— Oh la ferme ! Hanamiya avait raison, ça fait terriblement du bien. »

A son tour Imayoshi se redressa, il savait au fond de lui qu'il devait rattraper Hanamiya. Il jeta toutefois un regard méprisant en direction de Kuchiki qui était restée interdite, la bouche légèrement entrouverte et qui attendait des explications. A ses côtés, Inoue retenait tant bien que mal ses larmes en comprenant que ses chances avec Hanamiya se trouvaient en dessous de zéro. Il lui avait fait peur, par-dessus le marché.

« Ne pense pas que j'ai vraiment été intéressé par toi. Tout était calculé pour qu'Hanamiya devienne ce qu'il est en ce moment. Donc je me fais le plaisir de te quitter. »

Et avec l'un de ses sourires les plus mauvais et des plus sadiques, Imayoshi les quitta en leur laissant l'addition. A son tour dehors, Imayoshi partit dans la direction emprunté par Hanamiya et pria une nouvelle fois pour retrouver le jeune homme parmi cette foule. Il n'eut aucun mal en écoutant certains passants se plaindre de s'être fait bousculer par un adolescent mal élevé, qui les avait ensuite insultés de tous les noms.

Hanamiya était furieux de toute évidence, et sûrement que le retrouver aujourd'hui n'était pas la meilleure chose à faire. Mais bordel, Imayoshi avait envie de le prendre dans ses bras, de le féliciter, de…

Ses pensées s'égarèrent pour ensuite être inaudibles quand un peu plus loin la silhouette du plus jeune se dessina. Il était en train de maltraiter une poubelle, les mains fourrées dans les poches de son pantalon dont l'une de ses jambes était remontée avant de tomber brutalement contre la ferraille qui se pliait à chaque coup. Hanamiya n'en avait que faire des regards mauvais qui lui étaient assignés, des commérages de ces inconnus qu'il ne reverra jamais de toute façon, et s'imaginait plutôt la tête d'Imayoshi à la place de cette poubelle. Il voulait l'étriper, disperser chaque morceau à chaque coin du monde, crier au monde entier qu'Imayoshi Shoichi n'était plus, jouer avec ses tripes… tant de pensées macabres qui tournoyaient dans son esprit détraqué à l'instant présent.

« Hanamiya. »

Cette voix. Hanamiya cessa de maltraiter la poubelle pour se retourner vers le responsable de tout cela. Comme ce jour où Imayoshi lui avait offert un regard assassin, bestial, ce fut au tour d'Hanamiya d'entrer dans le jeu. Il lui sortit le regard exact, la parfaite copie, avec encore plus de violence, de dangerosité. Ce n'était définitivement pas le moment pour le déranger. Surtout pas quand on s'appelait Imayoshi Shoichi. Face à la lueur qui brillait dans les yeux de son kōhai, ce fut au tour d'Imayoshi de frémir ; mais pas de peur, non, d'envie.

Cette façon de regarder le monde, de le regarder, il aimait ça. Hanamiya était devenu ce qu'il attendait de lui.

« Viens. Sinon la police pourrait débarquer pour dégradation des biens publics et tu auras des problèmes. » L'avertit-il en lui empoignant le bras.

Seulement, Hanamiya se dégagea aussitôt, et plutôt violemment. Il émit ensuite une distance de sécurité de deux bras avant d'hurler à nouveau.

« Ne me touche pas ! Va plutôt retrouver ta conne de copine.

— Je viens de la quitter.

— Oh ! Tu ne vas tout de même pas me dire que mon petit discours t'a ouvert les yeux, hein ? Arrête de te foutre de moi, idiot. »

Hanamiya n'en pouvait plus de se savoir être la petite souris du cirque d'Imayoshi. Il désirait changer de rôle, voler celui du chat à son senpai et d'en faire pour sa part la petite souris. Seulement maintenant, il n'avait plus envie de voir le visage du brun. Brusquement il lui bouscula l'épaule afin de se mettre en route pour rentrer chez lui, mais au moment de l'impact, où normalement il aurait dû s'en aller et laisser derrière lui Imayoshi et non l'inverse pour une fois, une main vint entourer fermement son avant-bras.

De toute évidence, Imayoshi le retenait. Et le fait qu'il ait entrouvert ses yeux, une lueur malsaine s'y dégageant aussi, révéla à Hanamiya qu'à son tour il ne plaisantait pas. Un silence s'empara dès lors des deux adolescents, aucun d'eux n'ouvrant la bouche et se défiant simplement du regard, à celui qui perdrait le premier, mais Imayoshi en eut assez. Ce n'était pas ce qu'il était venu chercher, comme la première fois dans ce gymnase après qu'Hanamiya lui ait montré une partie de sa véritable personnalité. Alors il tira son kōhai vers l'avant. Il ne lui en laissa pas le choix et remit davantage de force quand Hanamiya chercha à s'extraire de son emprise. Il la resserra au point de laisser des marques contre la peau du plus jeune, mais il s'en fichait royalement.

Hanamiya le comprit bien, alors il cessa de se débattre. Et puis au fond de lui, même s'il était énervé au point d'être capable de fracasser la tête d'Imayoshi contre un mur, le savoir près de lui à l'instant et non aux côtés de sa copine, le fait de le voir insister de la sorte pour le faire rester à ses côtés… son cœur battait un peu plus vite qu'à l'accoutumé. Mais il était bien trop énervé contre son senpai pour l'excuser aussi rapidement.

Ce fut toutefois quand ils mirent les pieds dans une ruelle reculée, à l'abri des regards, qu'Hanamiya s'interrogea sur la raison de leur présence à cet endroit. Il en eut pourtant la rapide réponse quand son dos rencontra avec violence le mur, et ne lui laissant pas le temps de l'insulter de tous les noms, Imayoshi vint accoler son bras à côté de sa tête pour y prendre appui et venir rapprocher son visage du sien. Sans aucune douceur, ni manière, Imayoshi happa ses lèvres. Ce n'était pas doux, ni véritablement agréable, d'autant plus qu'Imayoshi tenta de passer la barrière des lèvres d'Hanamiya, mais ce dernier avait décidé de ne pas se laisser faire et le bouscula vers l'arrière.

« Oï ! Te fous pas de ma gueule. »

De son côté, Imayoshi porta le bout de ses doigts au niveau de sa lèvre inférieure afin de la tâter avant de les mettre sous ses yeux. Hanamiya l'avait mordu avant de le faire reculer, et de toute évidence à cause de son attitude il saignait.

« C'était quoi ça ? Grogna Hanamiya.

— Un baiser. Chose dont tu semblais rêver de ma part depuis des mois, non ? A chaque fois que tu me voyais avec Kuchiki, ton regard ressemblait à celui d'un pauvre petit chien battu… c'était si… »

Mais Hanamiya ne le laissa pas terminer que son poing arrivait déjà contre le visage de son senpai. Pourtant il ne le laissa pas reprendre son souffle et l'attrapa aussitôt par le col, frappant de l'autre côté afin que l'autre joue d'Imayoshi ne soit pas jalouse. A son tour Hanamiya fit claquer le dos d'Imayoshi contre le mur, et bien que plus âgé et plus fort que son kōhai, le plus vieux ne chercha pas à s'extraire de la poigne du brun.

« Tu savais ! Tu savais et tu t'en amusais, avoue.

— Hm… bonne question.

— Arrête de détourner les conversations ! Je n'étais qu'un putain de pion pour toi. Je pensais qu'on était amis, mais j'étais comme tous les autres. Tu ne faisais que t'amuser avec moi, juste différemment des autres.

— Eh bien, eh bien… Au début, c'était peut-être vrai en effet. »

Le fait qu'Imayoshi ne cherchait même pas à nier agaça davantage Hanamiya. Il voulut encore le frapper, déformer ce visage qui avait su lui plaire, étrangement, mais les mains d'Imayoshi vinrent s'enrouler autour de ses poignets.

« Mais crois-tu que j'aurais pris le temps de rejoindre un vulgaire pion, si tu l'étais resté ? Réfléchis un peu.

— Comment je peux te croire ? Tu passes ton temps à mentir et manipuler.

— C'est à toi de voir. »

La maigre réponse d'Imayoshi agaça Hanamiya qui au final relâcha son senpai. Celui-ci put ainsi se décoller du mur et masser sa mâchoire douloureuse. A l'intérieur de sa bouche il n'avait de cesse de gouter la saveur de son propre sang, ce goût métallique qu'il n'appréciait pas tellement. Hanamiya était tourné sur le côté, et semblait réfléchir. Bien que son kōhai était toujours en colère, il paraissait moins furieux, moins dangereux. Et cela ravi Imayoshi : comme cela, il pouvait l'approcher.

« Depuis quand tu l'as remarqué ? »

Cette question fit sourire Imayoshi, mais pas pour les raisons que crut Hanamiya. Il ne se moquait aucunement de lui ; seulement, cette question lui rappelait leur première véritable conversation, dans ce gymnase lorsque Hanamiya lui demandait comment il avait pu démasquer sa vraie nature. Tout semblait si proche, alors que ça datait du début de l'année.

Tout en calculant chacun de ses pas pour se rapprocher d'Hanamiya, Imayoshi vint délicatement, précautionneusement, poser sa main par-dessus l'épaule d'Hanamiya. Celui-ci la regarda un instant, reporta ensuite son regard dans le sien entrouvert mais ne la refusa pas. Alors Imayoshi se rapprocha davantage, il fit bientôt face à Hanamiya, se délecta du visuel qui s'offrait sous ses yeux : il sentait frémir Hanamiya au moindre contact, ses yeux l'observaient remplit d'incertitude, se demandant comment tout cela allait se terminer. Finalement, et tout en allant doucement, pour ne pas perdre sa dernière chance, Imayoshi fit remonter sa main de l'épaule d'Hanamiya jusqu'à sa joue en passant avant tout par son cou. Ses doigts caressèrent de leur extrémité le bout de peau offerte, jouant ensuite avec les mèches de cheveux, avant de s'appuyer délicatement contre la joue du plus jeune. Hanamiya le regarda faire sans faire quoique ce soit, ou dire quelque chose. Il restait là, à observer en silence. Sûrement en profitait-il aussi.

« Sûrement avant toi. Avant que tu n'en prennes toi-même conscience.

— Et les chevilles ?

— Eh bien, eh bien… je les sentais un peu lourdes ces derniers temps moi aussi. Ça se voit autant ? »

Sa plaisanterie eut au moins le mérite de faire jurer à voix haute Hanamiya, mais loin d'être méchamment, plutôt amusé. Alors à son tour Imayoshi sourit, sa main toujours contre la joue d'Hanamiya. Il décida alors de passer à l'étape suivante, celle de se rapprocher du visage du plus jeune. Imayoshi ferma dès lors ses yeux, pencha de côté sa tête mais avant d'avoir pu déposer ses lèvres correctement cette fois-ci contre celles d'Hanamiya, un cri fut poussé derrière eux. Kuchiki était parvenue à les retrouver, comment, ni Imayoshi ni Hanamiya n'auraient su y répondre mais le fait était là.

La jeune fille se trouvait à quelques mètres d'eux, les mains collées contre sa bouche de façon choqué et les yeux si écarquillés qu'ils ressemblaient à deux soucoupes bien grosses. Imayoshi allait pour répliquer quelque chose, la faire déguerpir sur le champ, mais il n'en eut guère le temps. Brusquement l'emprise d'Hanamiya contre sa veste le ramena face au jeune garçon qui après s'être redressé sur la pointe de ses pieds, venait de plaquer ses lèvres contre les siennes. Agrandissant ses yeux derrière ses lunettes, Imayoshi ne revint pas du fait qu'Hanamiya engage cette fois-ci le baiser, mais il comprit rapidement que ce dernier agissait de la sorte car Kuchiki se trouvait derrière. Cela l'amusa ensuite grandement.

Provocation hein, pensa-t-il en riant intérieurement.

Lui aussi pouvait jouer sur ce terrain, et il n'hésita pas un seul instant : ses mains descendirent au niveau de la taille d'Hanamiya, le rapprochant de lui pour ainsi coller leurs deux bassins l'un contre l'autre, avant de venir taquiner la lèvre inférieure du plus jeune afin de lui quémander l'entrée. Imayoshi était tout à fait conscient que Kuchiki se trouvait encore derrière, les maudissait, lui en particulier, avant de disparaître en pleurant, mais il s'en fichait. Il embrassait Hanamiya. Il sentit contre lui son kōhai attraper son bras de manière fébrile, frémissant contre son torse à chacun de ses mouvements pour amplifier leur échange, et tout cela, oh oui tout cela, Imayoshi s'en régalait. Il avait pour lui le redoutable Hanamiya Makoto ; il était le seul à se rendre compte de la douceur de ces lèvres, de cette timidité insoupçonnée pour répondre à l'échange, et cette façon si adorable de fermer les yeux et de complètement se laisser conduire par lui. Imayoshi aurait pu se croire sur un petit nuage si seulement Hanamiya ne mit pas fin à l'échange, le plat de sa main s'appuyant légèrement contre le torse de son senpai pour le faire reculer.

Les joues rougies, le regard fuyant malgré ce qu'ils venaient d'échanger, Hanamiya reprenait son souffle.

« Tu es vraiment un Démon, soupira finalement Hanamiya tout en s'écartant de lui.

— Je prends ça comme un compliment. » Lui sourit-il tout en ébouriffant ses cheveux.

Puis un silence vint les entourer, loin d'être gênant ou désagréable, mais Hanamiya le brisa.

« Alors… est-ce que nous sommes…

— Ensemble, hm ? » Se moqua Imayoshi en étirant un large sourire.

Le regard assassin d'Hanamiya lui fit comprendre d'arrêter de se moquer de lui, seulement c'était une chose impossible pour lui.

« Je sais pas. Ça dépendra jusqu'à quel point tu peux m'être utile, comme tu n'es qu'un pion.

— Oï, connard ! »

Hanamiya se pressa de rattraper Imayoshi qui avant d'avoir fini sa propre phrase quittait déjà cette ruelle reculée pour revenir dans la principale où les passants n'avaient de cesse de déambuler d'un endroit à un autre. Derrière lui, Imayoshi entendait Hanamiya l'insulter de tous les noms, de lui prévoir une mort lente et douloureuse au-dessus d'un piquet, mais il s'en fichait. Après tout, il en avait l'habitude. Il n'avait eu le droit qu'à ça depuis la première fois qu'il s'était adressé à Hanamiya.

Les jours qui suivirent cet épisode, au début Hanamiya et Imayoshi pensèrent que Kuchiki et Inoue auraient étendu des rumeurs à leurs propos et que de ce fait tout le reste du collège les éviterait comme la peste. Seulement, ce ne fut pas le cas. Personne ne dit rien ou ne fit semblant de ne rien savoir. Les deux garçons pensèrent donc que les filles n'auraient rien dit. Peur des représailles ? Ou honte ? Imayoshi ne savait pas, mais pencherait un peu pour les deux au final. Mais c'était tant mieux, au moins ils n'avaient pas à mentir. Ainsi, le soir, quand Imayoshi venait rejoindre Hanamiya dans sa salle de classe, ce n'était plus que pour discuter de stratégies et de basket. Ils passaient des moments à discuter dans cette salle de classe, à s'embrasser, se fichait l'un de l'autre que cela soit méchamment ou non, se balançaient des choses à la figure, surtout Hanamiya, et partaient ensuite ensemble se restaurer au fast-food.

Hanamiya était heureux : il sortait désormais avec son senpai et n'avait plus à cacher ses sentiments. Sortir avec un homme n'était pas aussi dérangeant qu'il ne se l'était imaginé ; bien que jamais Imayoshi n'essaya d'aller plus loin que de simples baisers, même si ceux-là pouvaient se révéler passionnés ou bien parfois violents. Après tout, ils n'étaient qu'au collège, ne savaient pas forcément comment tout cela se passait, et se satisfaisaient tout simplement de ce qu'ils avaient. Et même s'il arrivait à Hanamiya ou Imayoshi de se faire inviter dans la maison de l'autre, et ainsi découvrir la chambre de l'un comme de l'autre, cela n'alla jamais plus loin que la main de son senpai qui enserrait sa taille, le rapprochant de lui, et profitait de la douceur de ses lèvres.

Leur relation ressemblait tout pour tout à un amour partagé entre deux collégiens, qui découvraient simplement les plaisirs de se tenir la main et de s'embrasser du bout des lèvres. La suite, même si les deux garçons pouvaient la connaître, ne les intéressait pas pour l'instant. Hanamiya était satisfait de sa relation avec Imayoshi Shoichi, baissant complètement ses barrières et sa vigilance pour son senpai.

Ce fut sûrement sa plus grosse erreur.

La relation d'Imayoshi et Hanamiya perdura jusqu'aux examens finaux, jusqu'à ce qu'Imayoshi se retrouve en dernière année, et comme âgé d'une année de plus qu'Hanamiya, il allait devoir partir le premier de ce collège. Cette idée avait bien sûr traversé l'esprit du plus jeune, qui s'était dès lors demandé comment ils pourraient continuer à se voir avec Imayoshi, s'échafaudant milles et une possibilité sans pour autant les communiquer au principal concerné. Hanamiya n'avait rien dit de ses craintes du fait du changement d'établissement scolaire d'Imayoshi. Il espérait que son senpai soit celui qui aborde le sujet.

Ce fut avec cette pensée en tête qu'Hanamiya, âgé de treize ans, rejoignit Imayoshi qui avait son diplôme en main et se faisait féliciter par les professeurs en vue de son score quasiment parfait. En le voyant arriver à sa hauteur, Imayoshi conclut les conversations avant de venir rejoindre son petit kōhai dont l'expression de chien battu lui rappelait le temps où il sortait avec cette cruche de Kuchiki, quoique cette fois-ci l'expression était plus marquée, les larmes au coin des yeux où seule la fierté sans pareille d'Hanamiya les retenait encore entre ses cils. Jamais son kōhai n'accepterait de pleurer devant lui.

« Alors tu vas partir, hein ? Souffla Hanamiya d'une voix qui se voulut soulagée de le savoir partir loin, mais dont la fragilité témoignait de sa bataille intérieur pour ne pas montrer ses véritables sentiments.

— Oui, oui. Tu m'auras plus dans tes pattes, content ?

— T'as même pas idée à quel point ! »

Hanamiya et sa mauvaise foi, de toute évidence une grande histoire d'amour. Imayoshi s'en amusa grandement et enfouit sa main dans la chevelure de son kōhai avant de la retirer et l'enfouir dans la poche de son pantalon, les yeux fermés et un sourire dédaigneux recouvrant ses lèvres. A l'apparition de ce rictus, Hanamiya aurait dû comprendre, il aurait dû saisir les pensées qui se trouvaient derrière un tel sourire. Malheureusement, Imayoshi était au fil du temps devenu quelqu'un d'important pour lui : un senpai, une personne à abattre, un profiteur, avant de devenir un ami puis enfin un amant. Et cet amant qui se trouvait en cet instant précis sous ses yeux, Hanamiya ne voulait pas le voir s'éloigner ; et sa pensée première était de rapidement terminer ses études ici pour rejoindre Imayoshi dans son choix de lycée.

« Est-ce que nous nous verrons l'année prochaine ? S'enquit finalement Hanamiya, les yeux rivés dans ceux d'Imayoshi toujours clos.

— Eh bien, eh bien… je ne sais pas. Penses-tu vraiment que notre relation mérite le coup de continuer ? Après tout, nous sommes deux garçons. On peut faire passer ça pour de la curiosité, qu'est-ce que t'en dis ? »

Sans aucune difficulté, Imayoshi qui avait alors entrouvert ses yeux pour voir l'expression défaite d'Hanamiya put ainsi lire dans le regard de celui-ci tout un tas d'émotions. De la surprise, de l'incompréhension, avant de passer par de la colère et de la fureur. Imayoshi vit ensuite Hanamiya contracter ses poings et toutes larmes au coin de ses yeux disparurent comme si elles n'avaient jamais été là.

« T'es sérieux là ? » Grinça-t-il par la suite, au bord de la rupture.

Un large sourire se dessina sur les lèvres d'Imayoshi, dévoilant ainsi ses dents blanches qui narguèrent davantage Hanamiya qui contracta sa mâchoire. Il n'avait pas envie de pleurer ni de partir en courant pour fuir, et encore moins de détruire cette face de vipère, non… il se sentait simplement con. Con d'avoir pu penser que cette relation marcherait. Il ne pouvait que s'en prendre à lui-même.

Seulement, quand Imayoshi voulut de nouveau lui ébouriffer les cheveux, Hanamiya vira méchamment son bras avant de lui cracher à la figure :

« T'es un homme mort, Imayoshi Shoichi. Je monterai ma propre équipe et crois-moi que lorsque ce jour arrivera, je te ferai perdre ce sourire qui me donne envie de gerber. Tu regretteras amèrement de m'avoir utilisé pour tes petits plaisirs ridicules. »

Sans ne serait-ce qu'un regard supplémentaire ou un mot de plus, Hanamiya se détourna une bonne fois pour toute d'Imayoshi sans jeter un coup d'œil derrière lui. Il était à vrai dire bien trop remonté contre sa propre personne pour penser à ce qui composait son environnement, et bien qu'il n'avait de cesse de faire défiler tout un tas d'insultes dans son esprit envers Imayoshi, il ne pouvait empêcher sa poitrine de crier de douleur.

Putain que ça faisait mal.

-x-x-x-

Seirin jouait contre Tōō et la jeune équipe, sur laquelle personne n'avait osé parier, était en ce moment même en train de l'emporter. C'était serré, cela ne se jouait qu'à quelques points, mais l'évidence était bien là sous ses yeux. Debout dans les gradins, à l'écart de tous les autres spectateurs et des autres joueurs, accompagné des membres de sa propre équipe n'étant nulle autre que Kirisaki Daichi, Hanamiya était spectateur de l'effondrement de l'école qui terrorisait la plupart des autres équipes.

Le chronomètre n'avait de cesse de s'approcher du chiffre inévitable, et bien que les deux équipes se dépassaient pour ne pas perdre, les jeux étaient faits. Le regard fixé sur la silhouette de son ancien senpai qui courait d'un bout à l'autre du terrain, Hanamiya n'eut pas la force de sourire. A vrai dire, il aurait préféré cent fois plus être en train de jouer en ce moment même contre Tōō, et d'être parmi ceux qui feraient tomber cette école. Malheureusement, Seirin l'avait terrassé avant de se dresser contre Imayoshi et son équipe.

Hanamiya n'avait pas pu combattre contre son ancien senpai, contre son bourreau. Et cela le mettait en rogne.

Le fait qu'il se retira pour s'éloigner de ses coéquipiers attira l'attention de Hara qui fit éclater sa bulle de chewing-gum avant de lui demander où il allait, attirant ensuite tous les regards sur le capitaine de leur équipe. Hanamiya ne leur répondit pas et s'éloigna. Peu de temps après, alors que le brun parcourait les couloirs, le coup de sifflet retentit jusqu'à lui et les cris pour la victoire de Seirin vinrent agresser ses oreilles. Au final, Hanamiya s'assit entre deux couloirs, où se trouvait un petit banc dans un coin obscur auquel peu de personnes prêtaient attention. Sans plus tarder, il ferma les yeux et attendit.

Ainsi pendant que Momoi recherchait Aomine à l'extérieur, que l'équipe de Seirin dormait dans leur vestiaire attribué, Imayoshi donna son titre de capitaine à Wakamatsu les yeux légèrement rougis. Ils avaient perdu. Ça ne s'était joué qu'à un point, mais le résultat était là : il avait perdu. Désormais, il devait ranger son uniforme de basketteur au placard et se concentrer sur ses études, sans espérer un jour remporter la Winter Cup.

Imayoshi sortit en dernier accompagné de Susa après avoir jeté un dernier coup d'œil au vestiaire. Il traversa ensuite les immenses couloirs sans échanger un mot avec son ami mais vint néanmoins à s'arrêter quelques mètres plus loin, sentant un regard pesant contre sa personne. Cela le fit se tourner vers la droite pour apercevoir ce minuscule couloir plongé dans l'obscurité où il était difficilement discernable la silhouette assise sur un banc.

« Hanamiya, quel bon vent t'amène venir nous voir ? » S'exclama-t-il le plus ironique du monde.

La raison de sa présence ici s'étant enfin manifestée, Hanamiya s'était redressé pour rejoindre Imayoshi et ainsi lui faire face. Pas un seul instant il jeta un coup d'œil à Susa.

« Je rage de ne pas t'avoir offert la défaite que tu méritais. Seirin a été trop gentil avec vous.

— Mako-chan aurait voulu me faire hospitaliser comme ce cher Teppei ? »

Susa était simple spectateur de cet étrange spectacle qui se dressait à lui, le fait de connaître depuis plusieurs années Imayoshi lui faisant réaliser que l'emploi de suffixe, et un tel que 'chan' n'était pas là pour ridiculiser la personne qui se tenait face à lui. C'était la manière à son camarade de saluer cette personne et voir comment celle-ci se portait. Et de toute façon, ce joueur le savait aussi.

« Je ne rentrerai pas dans ton jeu, crétin.

— Alors pourquoi mon gentil kōhai vient il me rendre visite ? Ce que tu es en train de voir te plaît ? »

En effet, Hanamiya avait remarqué sans difficulté les marques rouges qui s'étaient installées sous les yeux désormais fermés de son aîné. De toute évidence, Imayoshi devait avoir versé quelques larmes, de rage ou de tristesse ce n'était néanmoins pas son affaire. Il n'était pas là pour se soucier du moral d'Imayoshi.

« Quand nous étions au collège, je m'écœure en me souvenant à quel point je t'idéalisais. Tu as été le premier à savoir qui j'étais vraiment, et bien que ça m'avait cassé les burnes, tu m'as fait m'améliorer. Et je m'écœure encore plus à l'idée que le moi d'aujourd'hui, tu l'as en parti construit.

— Hé, hé. De rien, s'amusa Imayoshi sous le regard attentif de Susa.

— Mais en réalité, tu es petit, Imayoshi. Tu es si minuscule que je me ferais un plaisir de t'écraser avec la semelle de ma chaussure, mais tu ne mérites même pas que je la salisse pour toi. Je voulais la confirmation en te voyant face à face, et maintenant que je l'ai, poursuivit Hanamiya comme s'il ne l'avait pas entendu.

— Ah oui ? Et puis-je donc savoir de quoi tu me parles ? »

Le visage d'Imayoshi était devenu beaucoup plus sombre, ses yeux semi-ouverts n'annonçaient rien de bon, mais Hanamiya n'avait plus peur. Il ne le craignait plus.

Alors Hanamiya enfonça les mains dans les poches de son pantalon, le regard fixé dans celui toujours entrouvert d'Imayoshi qui guettait le moindre de ses gestes, le moindre mouvement de ses lèvres. Il eut bien raison puisque lorsque Hanamiya prit de nouveau la parole pour lui répondre, les camarades de celui-ci hélèrent son prénom et couvrirent ainsi le couloir d'un bouquant phénoménale. La voix d'Hanamiya avait été complètement couverte, et de ce fait Susa n'eut rien entendu de ce qu'avait bien pu dire le jeune homme de Kirisaki Daichi qui se faisait en ce moment même emmener par ses coéquipiers.

De nouveau seuls, Susa tourna un regard inquiet en direction d'Imayoshi pour savoir ce qui avait bien pu être dit, mais il put simplement voir les lèvres de son ami s'étirer en un sourire sincère. Un sourire qui parut pour Susa d'une beauté jusqu'à lors insoupçonnée de la part du brun, une douceur et une fragilité qu'il n'avait jusqu'à lors jamais aperçu. Susa se gratta ensuite la nuque pendant que son autre main vint recouvrir l'épaule de son coéquipier.

D'un simple geste, il intima à Imayoshi de partir devant, et pendant que celui-ci pivotait son visage dans sa direction, les yeux fermés, l'étirement de ses lèvres persista.

« Quoi ? Tu ne veux plus de ma présence ? L'embêta-t-il de sa voix moqueuse.

— Tu devrais vraiment le suivre.

— Hm… je ne pense pas. Ce serait le laisser gagner et je ne veux pas perdre à ce jeu. »

A ces mots, Susa fixa avec intérêt l'expression de son ami qui bien qu'ayant gardé ce sourire sincère, venait de s'assombrir et de révéler à tout le monde sa véritable nature. Susa était conscient qu'Imayoshi était un manipulateur hors pair, doté en plus de cela d'un sadisme sans égale. Des frissons lui traversèrent le bas du dos en songeant à ce que pouvait bien concocter Imayoshi à propos de ce garçon, qu'il ne connaissait que de nom après que son camarade le lui en ait parlé quelques fois.

« Vous êtes franchement douteux tous les deux. »

Le commentaire de Susa fit beaucoup rire Imayoshi qui continua de marcher au même pas que son camarade de classe, les mains dans les poches de son pantalon et les yeux fermés. Mais intérieurement, Imayoshi jubilait. Certes, Tōō venait de perdre et ainsi de quitter la course pour la victoire, mais avec ce match, avec cette défaite, Hanamiya était venu. Si Tōō l'avait remporté, Hanamiya se serait sûrement éclipsé et ne lui aurait pas fait le mérite de sa présence.

Et puis, Imayoshi préférait de toute façon prévoir que d'attendre bêtement que l'adversaire attaque. Il avait déjà tout planifié, comme d'habitude.

Ainsi, pendant qu'Imayoshi et Susa quittaient le gymnase de la Winter Cup, et repartaient chacun chez eux, Hanamiya pour sa part souriait de toutes ses dents ; l'expression surprise de son senpai valant toutes les victoires : cette fois-ci, ce serait à lui de jouer. Imayoshi Shoichi était pris dans le fil de sa toile. Seulement, quand il rentra chez lui, salua ses parents, et écouta sa mère lui indiquer qu'une lettre à son nom avait été déposée le matin même, Hanamiya comprit. Il reconnut l'écriture d'Imayoshi et surtout ce smiley qui tirait la langue. Et sur le bout de papier, d'une écriture élégante, sans le moindre défaut, quelques kanjis qui disaient : « Sans rancune, hein, Mako-chan ? »

Mais dans leur langage, dans leur monde, Hanamiya comprit la réelle portée de ces mots. Des mots de regrets, d'excuses informulées, et l'utilisation de ce stupide surnom qui remontait au collège ; comme si rien n'avait changé, comme si quelque chose était toujours là depuis le départ, depuis la première fois qu'ils s'étaient adressés la parole, et que l'un comme l'autre avait pu voir la véritable nature de son vis-à-vis. Car Hanamiya en était conscient, personne, hormis eux même, ne pourrait jamais mieux comprendre le fonctionnement de l'autre. Ils étaient faits pour être ensemble, pour s'apprécier, s'aimer peut-être même, mais leur fichue fierté ne leur permettrait jamais de le dévoiler à voix haute, et encore moins à la personne concernée. Ce n'était que le simple jeu du chat qui court après une souris, inlassablement, et sans jamais réussir à l'attraper complètement ; mais cela plaisait à Hanamiya et de ce fait, devait aussi plaire à Imayoshi : toujours se chercher, se tourner autour, savoir l'un comme l'autre que leurs sentiments étaient pourtant réciproques, sans jamais pour autant conclure la chose, car aucun d'eux n'avouerait jamais et de ce fait ne se déciderait à sauter le pas et d'admettre être celui qui aime le plus l'autre.

Jamais.