Bonne année 2020 ! Je m'excuse pour le retard. J'ai eu un blocage avec ce chapitre… Mais je suis contente, je le poste exactement 5 ans après avoir publié le premier chapitre de cette histoire et grâce à vous, j'ai dépassé le cap des 6000 reviews ! Merci :)

Fourchelangue / Souvenirs

Chapitre 125 : Trouver l'avenir dans les souvenirs du passé

Lucius Malefoy était beaucoup de choses : père, mirage, politicien… Il savait aussi qu'il avait de nombreux défauts. Il était un père laxiste pour son premier né. Il lui avait passé beaucoup de choses dans sa vie, après l'avoir négligé et confié à sa femme et aux elfes de maison Il s'était promis de ne pas faire la même erreur avec les jumeaux mais il était fier de ce qu'était devenu Drago. Il était un mirage intransigeant, dur, à l'image du Mangemort qu'il avait été. Il n'avait aucune honte à ordonner les missions d'assassinats, de vols ou encore gérer les bordels dispersés partout dans le pays. Il avait une morale particulière qu'il assumait parfaitement. Il était un politicien sournois, dont les manigances n'étaient pas loin du mirage, utilisant la loi à son avantage pour atteindre ses objectifs. Etre ministre était l'aboutissement de sa carrière, la consécration de ses manigances multiples sur tous les tableaux.

Mais le père, le mirage et le politicien étaient tous sur le même plan d'inquiétude vis-à-vis d'Hermione et de la situation qui en découlait. Le père s'inquiétait pour sa belle-fille et pupille, le mirage s'inquiétait des conflits avec les créatures magiques et le politicien s'inquiétait pour les retombées internationales. Il gérait depuis trois jours une crise inattendue.

Quand Augusta l'avait prévenu lundi soir qu'Hermione n'était pas venu en cours, c'était d'abord le politicien et le mirage qui avaient parlé. Les deux facettes de lui avaient convenu d'attendre avant de déclencher un avis de disparition. Le père en lui avait toutefois prévenu la famille Granger. Ils lui faisaient confiance et après qu'il leurs ait expliqués les retombées politiques, Jane et Steve avaient accepté d'attendre quarante-huit heures avant de signaler l'absence de leur fille. Lucius les avait invités à rester au manoir Malefoy pour qu'ils soient tenus le plus rapidement possibles de l'évolution de la situation. Il avait ensuite fait une lettre d'absence pour Hermione et Drago, sachant que son fils n'allait pas tarder à la rejoindre, qu'il avait transmis immédiatement à Augusta.

Mardi avait été un mauvais jour. Les débats au ministère s'enlisaient et il avait reçu un appel de Vladmir. Hermione était en transe dans un lieu secret et totalement sécurisé sur le territoire de Poudlard, pour une durée inconnue. Vlad l'avait également mis en garde : les créatures magiques risquaient de se manifester et de rechercher Hermione. Lucius avait détesté à ce moment-là son beau-fils. Le sniffeur allait sortir de son terrier rapidement et il avait peu de temps pour préparer les retombées de la disparition d'Hermione si les principaux dirigeants des créatures magiques s'en mêlaient. Ils n'avaient jamais fait dans la diplomatie…

Le ministre de la Magie avait eu le temps de rassembler en urgence les directeurs Bones, Rowle et Abott afin de coordonner une intervention urgente. Leurs ministères étaient les premiers concernés dans le potentiel conflit, que ce soit la justice magique, les relations internationales sorcières et les relations avec les créatures magiques. Les différents indicateurs des services concernés avaient confirmé les mouvements soudains de plusieurs grands clans de créatures magiques. Le Magenmagot n'était pas heureux, mais l'appel par le Grand Manitou suprême en personne avait débloqué la situation. L'intervention de la CIS ne serait pas positive pour l'image à peine améliorée de leur pays sur le plan international.

Et mercredi était le summum du cauchemar politique. Les dernières guerres entre sorciers et créatures magiques en Angleterre dataient de plusieurs siècles. Les sujets de discordes avaient été résolus à l'amiable ou résorbés violemment sans déclencher de réel conflit armé. Lucius n'avait pas entendu parler d'un tel mouvement de créatures depuis la dernière révolte gobeline au XVIIIème siècle. Mais il se trouvait à Pré-au-Lard devant pas moins de 300 créatures magiques sur le pied de guerre.

Les scissions habituelles entre les races étaient perceptibles. Une trentaine de loups garous se trouvaient à proximité des grilles de l'école. Jack Ripper et Remus Lupin étaient particulièrement menaçants. Lucius avait connu le dernier de son temps à Poudlard et de la guerre civile. Il savait qu'il allait devenir père mais pour l'instant, il n'était pas l'homme civilisé qu'il savait pouvoir être. Remus Lupin était l'Alpha d'une puissante meute, aussi dangereux et meurtrier que pouvait l'être Jack Ripper, l'autre Alpha présent à cette rencontre. Comme les autres loups garous, leurs visages étaient humanoïdes, mais les crocs saillants ou encore l'or de leurs yeux étaient totalement lycanthropes. Une partie des plus puissants membres de leurs meutes étaient à leurs côtés, et ils étaient sur le point de prendre d'assaut l'école.

Les vampires s'étaient associés aux loups garous. Lucius en reconnaissaient plusieurs pour les avoir aperçus lors des rencontres avec Caïn, dans les ombres mais toujours présents. Le groupe d'une vingtaine de créatures faisait fi de toute tentative pour paraitre humains. Si Lucius n'avait pas vu le vrai visage de Sergei plusieurs fois, il aurait été aussi inquiet que la vingtaine d'aurors derrière lui. Les veines bleues qui dessinaient des toiles sur la peau translucide des vampires, leurs yeux sanglants et leurs crocs proéminents seraient source de cauchemars.

S'ils n'étaient pas suffisants, la cinquantaine de gobelins rendaient la situation sensible. Ragnok Floblang était en tête, le gobelin lorgnant avec méfiance les autres créatures. Lucius se demandait où était Klorgin, le seigneur hobgobelin, mais le connaissant un tant soit peu, il devait gérer d'une main de fer les répercussions possibles avec les clans gobelins. Lucius savait que bon nombre de chefs de clan étaient réticents à l'accord de paix qu'ils préparaient.

Les vélanes n'étaient pas en reste. Même si elles étaient peu nombreuses en Angleterre, une dizaine avait fait le trajet de France sous le commandement de Tania. Une fois de plus les traits humains avaient disparus. Elles abordaient toutes un physique sublime, mais il était à la fois surréaliste et effrayant. Elles étaient d'une maigreur extrême, presque cadavérique, mais leur aura, la brillance de leurs corps, fascinaient. Heureusement que les aurors avaient de puissants boucliers d'occlumencie pour contrer leurs effets.

De rares autres créatures avaient répondu à l'appel, disséminées à travers les différents groupes. Lucius ne savait même pas que certaines races étaient présentes sur le territoire. Peut-être qu'elles provenaient de l'enclave de Stonehenge ou qu'elles vivaient dans l'anonymat en attendant de voir les réformes en cours… Sept nains, si rares de nos jours, si profondément enterrés sous terre, attendaient avec trois firbolgs, trop grands pour passer inaperçus. Les premiers se cachaient avec les vampires tandis que les seconds attendaient avec les loup-garous. Lucius était persuadé avoir vu une banshee quelque part derrière les vélanes mais il n'en était pas certain. Et les mouvements sur les troncs d'arbres étaient probablement liés à la présence de sylves…

Autant la méfiance entre les différents groupes était toujours présente, autant ils avaient tous le même discours : ils soutenaient qu'Hermione avait disparu. Il était de notoriété commune que les principaux chefs de chaque race en Angleterre avaient juré un serment de protection à la licorine dès qu'ils avaient pu. Certains étaient même des gardiens officiels, comme Jack, Caïn ou encore Tania. Ils avaient donc la capacité de percevoir sa présence dans leur esprit, ce qui leur permettait de la localiser approximativement. Mais elle avait littéralement disparu pour ses cinq gardiens. Malheureusement pour Lucius, cette disparition avait eu lieu sur Poudlard et il devait impérativement empêcher la petite armée de rentrer sur les terres de l'école. Car si une chose pouvait rallier des créatures magiques généralement belliqueuses entre elles, c'était la protection d'une licorine actuellement perdue quelque part dans sur le territoire de Poudlard. Lucius espérait seulement que jeudi ne serait pas la fin de son mandat par sa mort ou sa destitution si la foule attaquait l'école. Il inspira profondément et s'apprêta à discuter avec une délégation menaçante. Heureusement, il avait deux cartes maitresses pour les apaiser : l'auror Sacklebolt et une équipe fouillaient Poudlard à la chercher d'Hermione et Drago, en tant que protecteur de la licorine, avait fait un serment de sang.

A proximité, cachée dans les profondeurs du lac Noir, Hermione avait l'impression de flotter. Son environnement passa d'un brouillard indéfini à un lieu propre, qu'elle ne connaissait pas.

La lumière était aussi brillante que l'air brûlant. Les murs et colonnes peintes de fresques étaient protégés du soleil par des voiles en lin. La femme qui contemplait le port depuis la terrasse était indéniablement une licorine. La peau naturellement hâlée brillait de la même lumière dorée qu'Hermione et le khôl ne cachait pas les éclats d'or dans ses yeux envoûtants.

Cléopâtre, Reine d'Egypte, regardait l'animation du port. Le Nil coulait paresseusement en contrebas du palais et se jetait dans la mer Méditerranée, des esclaves s'occupaient des jardins, des pêcheurs vendaient leurs saisies du jour et quelques prêtresses d'Hathor faisaient des offrandes sur un autel public. C'était une scène calme et quotidienne, qui ne parvenait pas à calmer Cléopâtre. Une profonde colère l'agitait, une colère pour ceux qui osaient s'attaquer à sa culture, remettre en cause ses croyances. Demain, elle rencontrerait Jules César pour la deuxième fois. Cet homme était haïssable. En surface, il acceptait les différentes cultures, mais sa vision de la magie était… étriquée, déformée. Il prônait la domination mondiale des humains sur les « créatures ». Ce terme même la rendait furieuse, renvoyée au même rang que les animaux. Il prônait l'usage de vulgaires baguettes, principal conducteur magique pour leurs bénis, qu'ils appelaient « sorciers », contre les magies de sang utilisées à travers le monde. La magie latine n'était pas la seule au monde, son peuple avait sa propre vision des dons des dieux et elle refusait de s'incliner devant Rome à cause de cela. Les bénis utilisaient le sang comme catalyseur, ils n'avaient pas besoin de ces morceaux de bâtons restrictifs pour utiliser le don offert par Isis.

Elle sourit lorsque les muharibs, les gardiens de la famille royale, passèrent sous sa terrasse. Flottant à quelques centimètres du sol dans leurs bandelettes de coton blanc, ces féroces guerriers utilisaient la magie contenue dans leur corps momifié et les amulettes d'embaumement. Elle espérait les rejoindre à sa mort. D'après les prêtres d'Isis, son sang contenait suffisamment de magie. Seul Osiris pouvait décider si son âme et son corps rejoindraient les rangs des muharibs après la pesée des âmes. Seuls les bénis pouvaient les voir, César, moldu, et sa clique de généraux comportant quelques sorciers les craignaient étrangement. Au lieu d'un agréable vent frais, ils leur provoquaient des visions funestes. Peut-être était-ce un bon présage.

Hermione eut à peine le temps de comprendre ce qu'il se passait que le paysage changea, se brouillant en quelques minutes avant de redevenir précis.

Les éléments étaient déchainés. D'immenses vagues se fracassaient sur des falaises sombres. Le vent soufflait, pliant les arbres environnants. Dominant la mère en furie, une licorine se tenait face à la tempête, ses longs cheveux noirs battants dans le vent.

-Je te maudis, Ulysse. Qu'Hécate te condamne à l'errance perpétuelle sur cette terre et qu'elle te refuse la mort !

La traction sur sa magie se fit écrasante. Circé sentit qu'elle n'aurait pas la puissance nécessaire pour accomplir la malédiction alors elle puisa dans la magie ambiante. Les plantes et arbres qui subissaient déjà la tempête déclenchée par sa rage perdirent leurs couleurs avant de sécher sur pied. Circé rit lorsque la magie l'envahit. Levant les bras vers le ciel aussi noir que l'encre et ignorant la pluie et les vents, elle cria toute sa rage envers celui qui l'avait trompée, l'avait séduite avant de tuer ses enfants et de fuir lâchement en mer. La magie fut relâchée quand elle termina de tisser sa malédiction.

L'enchanteresse ferma les yeux pour observer son résultat. Son esprit quitta son corps à la recherche d'Ulysse, voyageant sur le plan astral. Elle le trouva à plusieurs centaines de kilomètres et elle eut du mal à croire ce qu'elle découvrit. Ulysse avait osé utiliser la Nekuia. Il avait dérangé la mort pour convoquer une femme. C'était le pire des sacrilèges. Nul n'avait le droit de ramener les morts sur terre sauf Hadès. Avec une joie vengeresse, elle observa le corps d'Ulysse tomber et se momifier alors que son esprit en était éjecté.

-Circé ?

-Bonjour Ulysse.

-Qu'as-tu fait, sorcière ?cracha son ancien amant.

Mais son ton haineux ne pouvait cacher son inquiétude. Circé savoura sa détresse.

-Hécate t'a jugé et puni pour tes crimes. Ton âme errera dix ans avant de retrouver ton corps. Tu ne retrouveras jamais la paix tant que la grande déesse n'aura pas estimée ton crime pardonné, rit-elle.

-Tu es trop faible !

-Je suis une licorine, fille d'Hélios et d'Hécate, gardienne d'Aea, Ulysse. Je suis plus puissante que tu ne le seras jamais. Tu as empoisonné mes serviteurs et m'a trahie alors que je t'avais accueillie toi et les tiens ! Tu seras puni par ma main et à travers elle, Hécate !

-Tes loups étaient des bêtes ! Des monstres assoiffés de sang ! Ils transformaient les malheureux contre leurs grés !

-Ils étaient plus que ça ! Ils étaient les enfants de la lune et du soleil ! Tu as tué mes protégés, tu as utilisé ma confiance et mon amour ! Sois maudit, Ulysse !

Ulysse, le héros de son enfance. Hermione pleura lorsqu'elle vit les souvenirs de la grande salle du banquet qui avait célébré le départ de son amant. Aussi retors que vindicatif, il les avait empoisonnés à l'aconit pour venger la transformation temporaire de ses compagnons en cochons. Ses loups étaient en réalité des loups-garous. Circé avait trouvé leurs corps au petit matin, hommes, femmes et enfants. Trente-quatre loups, la moitié de la meute, étaient morts. Avec horreur, Hermione vit la suite de la vie d'Ulysse aux travers les yeux satisfaits de Circé jusqu'à qu'il meure. Son esprit disparut alors que l'âme quittait son corps.

-Rejoins moi, Ulysse, jubila Circé. Je te condamne à protéger pour l'éternité la demeure de mes enfants !

La puissance dans sa voix força l'âme à rejoindre son corps et ce dernier se leva, enveloppe parcheminée sans volonté.

Le souvenir changea une nouvelle fois.

Fujiko était assise au bord du lac sacré du temps des prêtresses d'Omoikane. Elle était chaudement enveloppée dans un riche kimono pour se protéger du froid de l'hiver. La femme, âgée, regardait l'eau en savourant une tasse de thé. Les rives du lac se mirent alors à geler doucement et des silhouettes s'approcher, mais Fujiko ne bougea pas et ne malgré le froid soudain. Personne ne savait depuis quand les âmes gardiennes protégeaient le lac ni pourquoi, mais Fujiko aimait leur apparence, belle et mortelle dans leurs kimonos blancs et leurs masques de kabuki. Le givre naturel qu'ils provoquaient rendait l'étendue d'eau féerique quelle que soit la saison. Fujiko souffla doucement sur son thé et regarda la buée sortir de sa bouche. Le froid ne l'incommodait pas, en raison de sa nature de licorine.

-Fujiko-sama ?

-Oui Akitoshi-san ?

Akitoshi était un tengu prenant la forme d'un aigle géant. Fujiko adorait son protecteur, malgré son sérieux.

-Narihiro-sama a encore provoqué des troubles à Edo. Tokugawa l'a fait emprisonner.

Tokugawa Hidetada était un ennemi pour les yokais. Le shogun leur reprochait les maux qui touchaient son peuple et les guerres successives, même si elles n'étaient dues qu'à l'inconstance des humains. Un jeune kitsune avait cependant donné son cœur à la fille de ce dernier et essayait désespérément d'avoir son approbation pour créer un lien avec elle. Autant dire que le fils cadet du plus puissant yokai des îles agaçait la famille du shogun. Et comme Narihiro était également son fils, Fujiko était également concernée malgré sa position neutre entre les peuples.

-Qu'a-t-il fait ?

-Il a été arrêté alors qu'il tentait de s'enfuir avec Kame-hime.

-Les Tokugawa ne pardonner pas cette fois, devina Fujko.

-Votre fils est jeune et amoureux, dit Akitoshi.

-Mais je le pensais plus intelligent que ça.

-Le shogun vous doit plusieurs faveurs.

-Espérons pour mon dernier-né qu'il s'en souvienne. Il manque un gardien.

Elle vivait dans le temple depuis trente ans, elle avait appris à distinguer les masques des vingt-quatre shinigami.

-Amaterasu l'a béni.

-Son âme est enfin en paix, sourit Fujiko.

Hermione ouvrit les yeux, un sentiment de paix profond en elle. C'était la première fois qu'elle se perdait dans les souvenirs qu'elle avait reçu en même temps que ses dons magiques. Sur les conseils de Nimue, elle avait utilisé ses notions d'occlumencie pour bien cloisonner cet héritage de ses propres souvenirs. Hermione avait eu peur de perdre une partie de sa personnalité en acceptant l'ensemble des souvenirs et elle avait bien fait, Cassandre n'avait pas aussi bien réussi et était devenue folle sous la charge émotionnelle. Mais en ciblant les souvenirs, en recherchant des expériences spécifiques, Hermione avait pu comprendre ses visions.

-Hermione ?

Si la voix douce de son fiancé ne l'avait pas sortie de sa torpeur magique, son apparence aurait suffi. Aucun glamour ne cachait ses traits reptiliens mais ses écailles généralement brillantes étaient ternes et ses yeux inquiets. Derrière lui, elle pouvait voir Kévin et Neville, endormis dans des fauteuils.

-Depuis combien de temps… ?

-Deux jours.

-Tu es épuisé, constata Hermione en se redressant.

Devinant son intention, Drago se pencha et l'embrassa. Elle soupira et s'appuya contre son fiancé, qui l'aida à se lever. Elle grimaça lorsque ses jambes, longtemps immobiles, se dérobèrent. Drago la soutient, mais le mouvement réveilla Kévin et Neville, qui dormaient dans des fauteuils à quelques pas.

-Où est Nimue ?

-Elle prie sur la tombe d'Artus pour ton réveil.

-Que dit Augusta de notre absence ? demanda-t-elle.

Neville répondit qu'ils se moquaient de l'avis des professeurs, à la plus grande indignation d'Hermione.

-Hermione, je crois que tu ne te rends pas compte de ce qu'il se passe, expliqua Drago avec lassitude. Tu as disparu pendant deux jours. Des aurors retournent Poudlard sur ordre du ministère. Les créatures magiques assiègent le ministère et Poudlard. Elles sont au bord de la guerre. La seule question est de savoir si elles s'accuseront mutuellement de t'avoir enlevée ou s'uniront contre les sorciers.

-La CIS s'en mêle, ajouta Neville. La situation de l'Angleterre sur la scène internationale risque d'être pire que durant le gouvernement Fudge, ce qui n'est pas peu dire.

-Le Magenmagot a tenu deux sessions exceptionnelles et plénières en deux jours, signa Kévin.

-Marcus a en vain assuré que tu n'étais pas en danger et ce n'est que la parole de Drago qui a eu un minimum de réponse. Il a dû prêter un serment de sang, précisa Neville.

-Un serment de sang ? glapit Hermione. Tu es totalement…

-C'était la seule solution pour éviter une guerre, répondit Drago en l'étreignant.

-Tu peux être sûre que cette fois, Avalon ne restera pas un secret et nous aurons de la chance si nos liens avec l'Underground ne sont pas révélés, ajouta Neville.

Sa disparition était devenue un sujet politique. Hermione déglutit en regardant Kévin, qui acquiesça. Personne n'aurait reproché à Augusta l'absence de Lord Wyllt. Lord Malefoy et Lord Londubat auraient couvert leur héritier par un prétexte s'ils avaient été prévenus. Mais sa disparition était trop brutale dans l'esprit de ses gardiens. Avalon serait dévoilé et envahi par des meutes de pèlerins pour la tombe d'Artus.

-Comment justifier la présence de Kévin et Neville ?

-Nous nous considérions plus comme une famille que comme des amis, répondit Neville.

-La famille est importante dans le monde sorcier, de cœur ou de sang, ajouta Kévin.

-Vlad et toi êtes frères de sang. Si je…

-Non. Les liens de sang sont très particuliers et impossibles entre différentes espèces. Tu n'es plus humaine et je ne suis pas certaine de savoir ce donnerait le lien de sang.

-Un serment de prendre toujours soin les uns des autres, proposa Kévin en gestes rapides. Comme je ne parle plus depuis près d'un an, ils penseront tous que le serment est plus ancien.

-Vladmir ne pourra pas le…

-Je suis là, Mione.

Le dernier membre du pentagone avait un visage fatigué et des vêtements froissés. Il priait avec Nimue quand il avait senti qu'elle se réveillait. Hermione fut enlacée par son ami et Vladmir posa sa tête sur les cheveux soyeux. Il ferma les yeux quelques secondes, savourant sa magie familière. Il s'était inquiété depuis l'annonce de sa disparition. Katya lui avait conseillé de rejoindre Hermione. Elle ne savait pas qu'elle était en transe à Avalon – le Pentagone n'avait confié à personne l'emplacement de l'île – mais les créatures du monde entier prenaient d'assaut la CIS et le ministère anglais à cause de la disparition de la licorine. Elle savait que Vladmir voulait être avec ses amis.

-Tu…

-Je suis arrivé quand Kévin m'a dit que tu ne t'étais pas réveillée après un jour complet. Tu nous as fait peur. J'espère que cela en valait la peine.

-Plus que je ne le pensais, confia Hermione.

-Prononçons d'abord ce serment avant que tu ne nous dises ce que tu as découvert, conseilla Vladmir.

-Moi, Kévin Warren Wyllt, je jure sur Magia d'offrir toujours un soutien indéfectible à ma famille de cœur. Je désigne sous le terme de famille de cœur Hermione Jane Granger, Neville Franck Londubat, Vladmir Vassilievitch Kemenov et Drago Lucius Malefoy. Ainsi soit-il, siffla Kévin.

Le serment, simple, leur convenait à tous les cinq : ils auraient pu le prononcer plus tôt. Vladmir, Neville, Drago et Hermione jurèrent à leur tour avant de s'installer. Vladmir sortit le sac de provisions que lui avait donné Katya à son départ.

-Qu'as-tu appris Hermione ? questionna Kévin.

-Les détraqueurs. Je sais comment les détruire.

Elle devrait encore ordonner les souvenirs et faire quelques recherches avec Kévin. Les créatures magiques et les sorciers disposaient d'une âme, un corps, un esprit et une magie. Les théories magiques restaient floues sur le devenir de l'esprit et l'âme à la mort des sorciers. Les détraqueurs étaient peut-être une clé pour la compréhension. Hermione trouvait fascinant d'avoir pu, bien que brièvement, avoir à disposition les avis de différentes cultures sur ces notions.

-Ce sera une merveilleuse nouvelle pour Severus et Camelot, se réjouit Drago.

-Avalon ne peut pas être dévoilé, c'est un sanctuaire, dit Hermione.

-Et tu peux le déclarer comme tel, révéla Nimue. Les licorines les plus puissantes ont depuis tout temps eu un lieu privé, réservé, leur refuge accessible à leurs seuls amis et protégé par Magia.

-Comme l'île d'Aea pour Circé ou le temple d'Omoikane pour Fujiko ?

-Exactement.

-Mais n'est-ce pas déjà le vôtre ? demanda Neville.

-Je suis morte et même vivante je n'étais pas assez puissante pour en avoir un, révéla le fantôme.

-Comment puis-je faire ? demanda Hermione.

-Quand nous serons seules.

Kévin pinça les lèvres et Vlad fronça les sourcils alors qu'Hermione s'offusquait. Neville cependant tempéra les réactions. C'était une affaire de licorines.

Poudlard était en tumulte. La disparition de Kévin Wyllt, Hermione Granger, Neville Londubat et Drago Malefoy agitait déjà les quatre tables de la grande salle mardi midi lorsque les protections signalèrent la présence de créatures magiques. Ce n'était pas une attaque, pas encore. Mais elles se rassemblaient, de plus en plus nombreuses. La directrice avait fait le choix de confiner les étudiants dans leurs dortoirs pour leur sécurité, mais les rumeurs avaient rapidement parcouru les salles communes. Sans compter que les hautes tours de Gryffondor et Serdaigle donnaient une vue parfaite sur l'entrée.

La directrice et plusieurs professeurs les plus compétents en duel s'étaient rendus à la rencontre des créatures afin d'avoir une explication sur leurs actions belliqueuses mais la discussion n'avait mené à rien et Lady Londubat avait fait le choix de déclencher l'ensemble des protections de l'école, dont certaines n'avaient encore jamais été activées. Le mercredi matin, une délégation de créatures magiques d'une cinquantaine de représentants, étroitement surveillés par des aurors et représentants du ministère et de la CIS, avait rencontré la totalité des étudiants dans la grande salle. La peur avait été palpable et certains avaient même pleurés, affolés par les histoires sanglantes transmises par leurs familles. Tous seraient interrogés au sujet de la disparition de la licorine et de ses plus proches amis.

Cette invasion avait ravivé les tensions entre créatures et sorciers et ceux qui souffraient le plus étaient les métisses. Padma et Parvati Patil avaient subis des attaques en raison de leur sang d'akshasas par plusieurs sang-purs. Les loups-garous étaient des vieux alliés aux akshasas et trois guerriers de Ripper auraient mordu les coupables sans l'intervention de Pomona Chourave et Aurora Prince. Augusta avait fini par isolé les élèves partiellement créatures magiques. L'objectif de professeurs et des aurors étaient d'éviter les morts et de retrouver Hermione Granger.

Augusta détestait que son école soit envahie pour satisfaire la politique et que l'éducation de ses étudiants soit perturbée. Mais elle savait que Lucius n'avait pas eu d'autre choix que d'autoriser les créatures à enquêter sur l'absence d'Hermione pour éviter une guerre. Pas que cela ne change grand-chose si Hermione ne revenait pas rapidement.

-Votre attention s'il vous plait.

Personne n'avait senti les cinq sorciers entrer. Ils avaient après tous des héritiers de fondateurs parmi eux et Poudlard leur accordait quelques privilèges. La voix calme d'Hermione traversa le tumulte habituel qu'accueillait depuis quelques jours la grande salle et tous la regardèrent. Hermione était visiblement mécontente des réactions excessives dues à sa convocation par Magia et sa magie s'en ressentait. Cependant personne ne fit la bêtise d'ignorer les quatre jeunes hommes à ses côtés. Drago Lucius Malefoy n'était plus vraiment humain, ses crocs découverts en une grimace menaçante. Vladmir Vassilievitch Kemenov était le plus composé, les bras croisés devant lui avec l'arrogance et la fierté caractéristiques des mages polaires de son pays. La ligne dure de des lèvres de Neville Franck Londubat et l'éclat dans ses yeux dissuadaient quiconque de le questionner. Lord Kévin Warren Wyllt, presque inoffensif comparé aux autres, avait dégainé sa baguette magique quoiqu'il feignît de jouer.

-Mademoiselle !

-Hermione !

-Lady Granger !

-Dame Magia !

Le grognement de Drago fit reculer tout le monde. Hermione posa une main apaisante sur son épaule.

-Madame la directrice, professeurs, auror Shacklebolt, excusez-moi pour l'inquiétude que mon absence momentanée vous a causée mais Magia m'a appelée, expliqua Hermione.

Le grognement de Drago empêcha toute remarque de la part des différents sorciers.

-L'appel de Magia est l'essence même des licorines, la raison de leur présence sur terre, dit Caïn en apparaissant à côté de Shacklebolt, qui le regarda avec méfiance.

-Et l'absence de messieurs Wyllt, Londubat et Malefoy ? fit remarqué l'auror.

-Nous avons accompagné notre sœur pour la protéger pendant sa transe, annonça Neville.

-Votre sœur ? releva la professeure Vector.

-En tout sauf en sang, confirma Vladmir.

-Personne n'ignore les liens entre eux, dit Hagrid, qui recevait fréquemment des membres de l'Alliance dans sa cabane.

-Avez-vous réclamé un sanctuaire ? demanda Alastor.

Il avait lu avec délice les très nombreux écrits de Merlin sur les licorines et les protecteurs conservés dans sa bibliothèque Wyllt. C'était la seule explication pour la disparition d'Hermione dans l'esprit de ses gardiens et l'impossibilité de la retrouver par tous les moyens.

-En effet professeur : l'île d'Avalon, sur les terres de Poudlard. Maintenant, suite à l'appel de Magia ? ajouta Hermione en ignorant les réactions au nom d'Avalon.

-Jeune femme, je ne sais pas qui vous croyez être mais vous… commença Kingsley Shacklebolt.

-Auror Shacklebolt, je suis une licorine. Mon peuple et le service de Magia passeront toujours avant mes études à Poudlard.

-Petite…

-Si Magia appelle sa prêtresse, intervint Alastor, elle lui répond.

Son intervention calma les aurors. Il était respecté par tout le service, même les plus jeunes connaissaient sa réputation et ses antécédents. Il était une légende vivante parmi eux. Sacklebolt pinça les lèvres mais n'ajouta rien et fit un léger pas en arrière. Le ministère de la magie et la directrice Bones acquiescèrent à son mouvement stratégique.

Avez-vous pu satisfaire notre Mère ? reprit doucement Alastor.

-Oui, professeur.

-Vous devriez désigner un représentant qui saura si vous êtes en transe pour éviter que de nouvelles disparitions ne provoquent une telle crise, ajouta Androméda Black.

-Un représentant anglais, précisa Anja Klughorf, la professeure de potions, lorsque Hermione regarda Vladmir.

-Drago Malefoy Kévin Wyllt et Neville Londubat.

Son choix se portait non pas sur un mais plusieurs représentants. Son protecteur et ses meilleurs amis anglais, tous influents dans leur cercle.

-Bien, coupa Augusta, Auror Shacklebolt, je vous invite à prévenir vos supérieurs de l'heureuse issue de cette crise. Je suis persuadée que Lady Bones attend votre appel avec impatience. Minerva, Filius, Hagrid, demandez à toutes les créatures magiques dans l'école de venir immédiatement dans la grande salle. Alastor, préviens Lady Goyle du retour de son neveu. J'avertirai Lady Kemenov, M. et Mme Granger, mon fils et ma belle-fille.

-Je contacte également Lord Abott et je me charge de la CIS, annonça Lucius. Lord Rowle, j'aurais besoin de votre assistance.

Lord Abott, à la tête du Département pour les Relations avec les Créatures Magiques, était occupé au ministère de la Magie à gérer la foule qui avait envahie l'Atrium. Lord Rowle, en charge des Relations internationales, avait suivi le ministère à Poudlard à la demande de la CIS.

-Avec plaisir Monsieur le Ministre.

Augusta retint un soupir qui aurait fait mauvais genre. Pourquoi, chaque fois qu'il se passait quelque chose, fallait-il que ces cinq-là soient impliqués ? Elle n'avait aucune hâte d'être prochainement convoquée au ministère avec ces énergumènes pour s'expliquer.

Bonsoir à tous :

Miss MPREG : Merci ! Pour Hermione, tu comprendras bientôt pourquoi elle n'a pas prévenu le reste de l'Alliance. Pour Amiphilius… au fond, il n'est pas mauvais...

Aussidagility : Miss MPREG et toi, je vous adore ^^ je pourrais copier/coller la réponse ci-dessus tant vos reviews étaient semblables dans le fond, bien qu'avec des manières tellement différentes dans la forme XD

HP : J'avoue, le choix était un peu au hasard -_-'

Rosas : bientôt tu auras droit à un mariage, promis XD

Charlotte : merci :) j'espère du coup que le chapitre valait l'attente ! (et tu as lu le chapitre à 7h du mat au réveil ou avant de te coucher XD ?)

RCR : pas de soucis et comme toujours, merci pour ta review et ta correction !

Artemis : merci d'avoir persévéré dans la lecture ! J'espère que la suite te plaira tout autant !

Angelnight05 : je vais essayer de reprendre mon rythme de publication habituel, soit 1 chapitre toutes les 2 semaines !

Lady Arsena : la voici :)

Full : non, je continue, mais la vie a fait que je n'ai pas pu me consacrer autant qu'avant à ma fic…

Big Apple : Merci :) j'espère aussi pouvoir poster la suite plus régulièrement ^^