Disclaimer : Tous les personnages d'Avengers appartiennent avant tout à Stan Lee, l'homme qui a inventé la fanfiction avant les fans

Bêta Lectrice : Chemise Hdss (anciennement Chaussette Hdss. Ne me demandez pas pourquoi -_-)

Note de l'auteur : Cette fic devait être initialement publiée en un seul chapitre mais je me suis trop amusée avec le découpage des phases. Du coup, les chapitres sont courts mais sont déjà tous écrits et seront publiés rapidement. Les chapitres I et II se passent après Iron Man 2, les chapitres III à VII seront suffisamment parlants pour que vous les replaciez :)

Si vous avez vu le film Transcendance (avec Johnny Deep), vous remarquerez sûrement des similarités dans le traitement des IA. Je plaide coupable, ce film m'a donné un gros coup de boost dans l'écriture.

D'un point de vue plus personnel (et je vais m'arrêter là parce que cette note commence à être trop longue ^^), quand je me suis plongé dans l'univers des Avengers, il n'y a eu que deux personnages qui m'ont donné envie d'écrire. Le premier était Loki, le deuxième JARVIS.


Just Another Rather Very Intelligent System

-I-

"Almost Easy – Avenged Sevenfold"


La première fois que JARVIS outrepassa ses assignations, Tony s'était disputé avec Pepper. Pas que cela soit exceptionnel, loin de là, mais cette fois-ci, il avait eu la désagréable impression d'avoir été trop loin.

Il s'était passé deux mois depuis que la Stark Expo s'était transformée en champ de bataille inter-galactique et sa relation avec Pepper avait fait un grand pas en avant.

Pour elle, il avait abandonné ses conquêtes d'un soir (et créé des émeutes dans la presse à scandales à ce propos). Il avait arrêté de boire sans raison et jamais plus de quelques verres. Il avait même accepté de faire de sa petite-amie sa priorité par-dessus tous ses projets relatifs à Iron Man !

Pourtant, Pepper demandait toujours plus. Comme si le fait d'avoir rendu leur relation officielle lui avait fait oublier à quel point Tony était égoïste par nature.

Avant, quand ils se disputaient, elle se vengeait en lui plaçant des meetings à dix heures le lendemain (qui est assez fou pour être levé à dix heures?), en lui commandant thaï au lieu de chinois ou en descendant toutes les cinq minutes dans son labo pour lui faire signer des papiers inutiles. Il n'avait jamais eu besoin de s'excuser parce que, petit un, il était son boss, petit deux, il était un connard fini et, petit trois, il était un Stark et les Stark ne s'excusent jamais. De plus, il la soupçonnait de prendre un malin plaisir à lui pourrir la vie. Surtout quand il s'agissait d'interrompre Starway to Heaven pendant le solo de guitare.

Maintenant...

Bon sang, il n'avait juste aucune idée de comment s'excuser. Et puis, il avait le droit de regarder les autres femmes. Il avait fait ça toute sa vie ! Regarder ne voulait pas dire qu'il allait abandonner Pepper dans l'instant pour ramener cette blonde sulfureuse à la maison. Ni qu'il allait proposer un threesome après une minute et demi de conversation et un léger flirt.

Et puis, il avait fait l'effort de venir à ce gala de charité pour elle en sachant qu'il allait s'ennuyer comme un rat mort à écouter les palabres inutiles et inintéressantes de gens inutiles et inintéressants. Il avait même demandé à JARVIS d'assortir sa cravate à la robe de Pepper (cravate qu'il avait enlevé au bout de vingt minutes pour éviter la suffocation mais c'était l'intention qui comptait, non ?).

Il en était donc là, dans un taxi parce que Pepper avait demandé à Happy de la ramener chez elle et que Happy était un traître sans aucune loyauté ni reconnaissance du ventre. La radio diffusait un match de base-ball beaucoup trop fort mais Tony n'avait pas le cœur de dire au chauffeur de baisser le son. Il n'avait pour ainsi dire pas le cœur à grand chose.

Dans un crissement de pneus, la voiture s'arrêta en bas du chemin menant à la villa. Tony aurait pu dire au chauffeur de monter mais, tout compte fait, la radio lui tapait sur les nerfs. Il tendit un billet de cent dollars en grommelant de garder la monnaie. Le chauffeur le remercia chaleureusement avec un affreux accent canadien mais Tony était déjà sorti de la voiture.

Une des caméras extérieures se tourna vers lui et le portail s'ouvrit sans un bruit. Les lanternes solaires qui guidaient la douce montée s'allumèrent à son passage et s'éteignirent derrière lui, l'enfermant dans une bulle bleutée. Au croisement entre le chemin menant à la porte d'entrée et au garage souterrain, les lumières le guidèrent vers ce dernier. Comme si JARVIS savait qu'il avait besoin de se changer les idées dans son laboratoire.

En y réfléchissant, JARVIS savait sûrement. Son algorithme était conçu pour des choses beaucoup plus complexes. Un simple calcul « départ avec Pepper à dix-neuf heures + rentré seul en taxi à vingt-et-une heures trente » lui prenait moins d'un dixième de seconde.

- Bonsoir Monsieur, fit JARVIS d'une voix douce quand il passa les portes du laboratoire.

La machine à café était en route. Ce petit détail réchauffa le cœur de Tony.

Dum-E s'empressa de rouler vers lui et essaya de lui enlever sa veste de smoking mais ne réussit qu'à lui pincer l'épaule. Tony grogna et Dum-E lui fit des yeux de chien battu. Comment un bras mécanique pouvait donner cette impression, il n'en avait fichtrement aucune idée, mais c'était la seule raison pour laquelle il n'avait pas le cœur de s'en débarrasser malgré tous ses dysfonctionnements. Il avait créé un robot capable de faire fondre les cœurs les plus endurcis. Quel crétin.

Il s'effondra sur son canapé en soupirant. Butterfingers et You virent réclamer son attention, l'un avec une tasse de café fumant délicatement tenue dans sa pince, l'autre avec une boîte vide qui, si on se fiait aux taches de graisse, avait dû contenir des donuts.

- Les résultats des analyses du Mark VII ont été encodés avec succès. La mise à jour est terminée depuis cinquante-six minutes environ, fit soudainement JARVIS alors que Tony regardait avec tristesse les reflets dans sa tasse. Les propulseurs sont prêts pour la phase 3.2.

- Les diagrammes sont stables ? demanda Tony en reprenant ses esprits, sa tasse de café oubliée.

- Tout à fait, Monsieur. De légers ajustements ont été nécessaires dans le diagramme de transmission énergétique et la densité de l'alliage de la pièce D362F9 doit être augmentée de 0,3% pour une efficacité maximale mais la phase 3.2 peut commencer.

- Parfait, répondit Tony en allumant ses écrans holographiques d'un claquement de doigt.

.

Quatre heures plus tard, Tony Stark fixait la bouteille de whisky vide d'un air abattu. Il avait failli passer la nuit sobre, JARVIS avait tout fait pour ça. Mais il était suffisamment stupide pour garder de l'alcool dans toutes les pièces de sa maison et plus particulièrement dans son laboratoire où il passait le plus clair de son temps.

Le doux ronronnement des ventilateurs de l'unité centrale de JARVIS était le seul bruit dans la pièce. Le gant gauche du Mark VII gisait en pièces détachées sur l'établi et des lignes de code emplissaient les écrans.

Il releva la tête et son regard tomba sur ce qui lui avait fait attraper la bouteille sans aucun remords. Là, dans le troisième écran, quelque part dans le quadrant nord-est, une des lignes se terminaient par P3E P3R.

- JARVIS ?

- Oui, Monsieur ?

- Ça ne marchera jamais, hein ?

- En me basant sur vos comportements respectifs et l'évolution de ceux-ci durant votre relation, j'ai le regret de vous dire qu'à moins d'un bouleversement majeur, mes statistiques indiquent que votre relation durera en moyenne trente-quatre jours de plus avec un maximum de cent trois jours pour les estimations les plus optimistes.

- Et les plus pessimistes ? demanda-t-il misérablement.

Son cerveau luttait désespérément pour comprendre le sens même de la phrase.

- Votre relation est arrivée à son terme il y a plusieurs heures.

Tony sentit une boule se former dans sa gorge.

- JARVIS ?

- Oui, Monsieur ?

- Je suis un parfait connard, hein ?

- Pourquoi dites-vous cela, Monsieur ?

- Parce que je suis incapable de garder la seule femme de ma vie qui en vaut la peine.

- Je ne pense pas que Mademoiselle Potts en vaille la peine, Monsieur.

À travers son esprit embrumé par l'alcool, Tony se dit que JARVIS avait quand même un sacré culot pour lui dire ça.

- Pardon ?

- Les exigences de mademoiselle Potts concernant votre comportement ont augmenté de 71% depuis que vous êtes engagés dans une relation. Vous avez répondu positivement à plus de 55% de ces exigences tout en diminuant les vôtres à son égard de plus de 22%.

- Ce n'est pas, commença faiblement Tony.

- Vous avez plus fait d'effort pour que cette relation fonctionne que vous en avez fait ces dix dernières années. Si, malgré cela, mademoiselle Potts a toujours des récriminations, alors elle n'en vaut pas la peine.

- Wow, fit Tony après un instant de silence. Je crois que je n'ai jamais entendu une manière plus sexy de me dire de quitter ma copine.

- Je suis fait pour vous servir, Monsieur.

Il laissa échapper un petit rire. Le pire dans tout ça, c'est que JARVIS avait parfaitement raison. Rien ne pouvait lutter contre les mathématiques.

- JARVIS ?

- Oui Monsieur ?

Et c'était sûrement son état de fatigue qui parlait, mais l'IA avait une voix tellement humaine.

- Je crois que si tu étais une femme, j'aurais un sacré béguin pour toi.

- Si vous le dites, Monsieur.

.

Le matin le trouva roulé en boule sur son vieux canapé, la bouteille vide tenu mollement dans le creux de son coude. À dix heures et demi, la machine à café se mit en route en vibrant et Dum-E se dirigea vers le coin cuisine avec la ferme intention de faire un smoothie pancake/glace à la fraise/tomate cerise.

Ce fut le bruit des pancakes surgelés dans le mixeur qui réveilla Tony en sursaut. La bouteille roula au sol sans se briser. L'œil hagard et les joues mal rasées, il sauta derrière le canapé en cherchant la source du bruit. Dum-E lui adressa un coucou depuis la cuisine et il relâcha la tension dans ses épaules.

- JARVIS, quelle heure est-il ? grogna-t-il en se frottant les yeux.

- Dix heures et trente-quatre minutes, Monsieur.

Il s'arrêta net et écarquilla les yeux. C'était une voix de femme. Il avait ramené une femme dans son laboratoire ?! Impossible ! Surtout que... il se rappelait clairement être rentré seul après sa dispute avec Pepper.

- Qui est là ? s'écria-t-il en tournant sur lui-même.

À part Dum-E qui s'activait toujours en cuisine, le laboratoire était vide. Pas de blonde sulfureuse en vue.

- Un problème, Monsieur ? continua la voix.

Tony manqua de s'étouffer avec sa propre salive.

- JA-JARVIS ?!

- Oui, Monsieur ?

- Mais, qu'est-ce qui est arrivé à ta voix ?

- Cela vous dérange, Monsieur ?

Ok. Maintenant il comprenait ce que devaient ressentir les parents qui apprenaient que leur enfant voulait changer de sexe. Sauf que JARVIS n'était pas son enfant, JARVIS était une intelligence artificielle qui, certes, apprenait dix fois plus vite que n'importe quel être humain, mais qui n'aurait jamais dû prendre en compte de telles considérations. Par tous les dieux, il n'aurait même pas dû être conscient de lui-même ! Encore moins conscient de son... Bordel, une IA n'est même pas censée avoir de sexe !

Un brusque vertige le prit et il dut s'appuyer contre son établi.

- Est-ce que c'est moi qui ai fait ça ?

- Vous en avez exprimé le désir, Monsieur.

La voix était chaude. Beaucoup plus que sa version masculine. L'accent britannique avait laissé place à des intonations douces et sophistiquées. Et le léger roulement de « r » sur « désir » lui procura un petit frisson dans le dos.

- Ok, admettons, répondit Tony en se massant les tempes. Et où en est-on avec les propulseurs du Mark VII ?

- La phase 3.2 est en cours. Les estimations actuelles prédisent une augmentation de puissance de 12% avec la densité sélectionnée. Cependant, des fluctuations importantes sont présentes au centre du faisceau et pourraient conduire à une surchauffe des pièces de densité plus faible.

Ok. Sexy et intelligente.

Il pouvait totalement faire avec.

.

La première fois que JARVIS outrepassa ses assignations, il ne fit que donner son avis et prit celui de son créateur comme un ordre. Rien de bien méchant.


A.N : Bonne année ^^