Note de l'auteure : Voici le chapitre final, dans un contexte bien différent des deux premiers.

Attention, La dernière partie avec Naruto et Sasuke contient des spoiler jusqu'au chapitre 699

Pairing : HashiMito & NaruSasu légers

Bonne Lecture


Le manga Naruto, son univers et ses personnages ne m'appartiennent pas


Chapitre 3 : Aboutissement

Un an plus tard

Hashirama, Hokage en titre du village de Konoha, apprécié et respecté par l'ensemble des habitants, ruminait seul au sommet de la falaise où son visage avait été gravé au cours de l'année. Dans sa traditionnelle tenue rouge et blanche d'Hokage, symbole de son titre, il observait les commerces et habitations en contrebas. La base de paix qu'il avait instaurée se trouvait bien animée et s'apprêtait à célébrer sa première vraie fête de Noël.

Bien que l'idée avait semblé surprendre bon nombre de personnes, tout le monde y avait mis du sien. Les rues s'étaient naturellement décorées de guirlandes de feuilles, de guis et de lanternes, et quelques villageois avaient même émis l'idée d'implanter un immense arbre au centre du village en cette période de fêtes qui regroupait Noël et nouvel an. Après plusieurs suggestions, ce fut le sapin qui fut désigné comme arbre emblème, du fait de sa résistance, sa couleur verte permanente et ses branches semi-rigides qui permettaient d'y apposer des décorations. Les boutiques offraient des promotions pour l'occasion. Les restaurants avaient confectionné un repas spécial Noël avec de la viande de dinde et des fruits de mer. Hashirama ne s'attendait pas à un tel succès dès la première année. Personne ne s'était interrogé sur sa décision. Il n'avait même pas eu besoin de se justifier pour la date choisie. Tous semblaient lui vouer une confiance aveugle, d'autant plus depuis qu'il avait exterminé le démon.

A cette pensée, le cœur du Shodai se serra. Cette année fut longue et très éprouvante pour le Senju. Ses mains tremblaient comme à chaque qu'il repensait au jour où il avait tué l'homme le plus cher à son cœur. Il avait l'impression de sentir encore le sang poisseux de Madara couler entre ses doigts, et il sentait sale. Toutes les larmes qu'il avait versées ne pourraient jamais le laver.

Tout s'était passé très vite. Au mois de janvier, il obtint le titre d'Hokage suite à une assemblée avec les seigneurs du pays du feu puis un suffrage auprès des villageois. Personne hormis lui n'en fut étonné. Tandis qu'il voyait petit à petit son visage prendre forme sur la falaise, il commençait à regretter cette décision grotesque. Ce n'était pas lui mais Madara qu'il voulait représenter comme symbole de paix. Hashirama avait plaidé tant qu'il pouvait qu'il n'aurait jamais envisagé un tel projet sans la coopération et le soutien de son associé et ami, mais les voix se portèrent malgré tout vers lui. Il aurait vraiment voulu donner ce titre à son compagnon qu'il jugeait plus rôdé pour ce poste. Comme Tobirama l'avait prévenu, il ne contrôlait pas tout. Et en effet, tout s'était enchaîné au cours de cette année sans qu'il ne puisse rétorquer quoi que ce soit. Son cadet était devenu son second et faisait partie du conseil du village qui l'aidait à prendre des décisions et à attribuer les différentes missions. Madara n'y avait pas sa place, alors qu'il était autant que lui le fondateur de ce village. Heureusement, il gardait quand même son rôle d'ambassadeur du clan Uchiwa. Rien ne changeait pour lui au niveau de la politique du village et cela ne semblait nullement le gêner. Seulement, avec son nouveau rôle, le Shodai devint si occupé qu'il n'avait pratiquement plus l'occasion de se trouver un créneau pour rejoindre son amant.

Il espérait que les choses finissent par s'arranger, mais sa situation sentimentale s'empira au printemps, lorsqu'il épousa Mito Uzumaki. Malgré sa réponse à la missive, bien qu'il ait lourdement insisté auprès du chef des Uzumaki que ses fonctions actuelles ne lui permettaient pas de prendre soin d'une épouse, la décision semblait avoir été toute prise avant même qu'il ne rencontre sa promise. Et dès que les fleurs sublimèrent les cerisiers, le village fêtait son union avec la jeune fille, sonnant ainsi la fin de sa relation cachée avec l'Uchiwa. Il avait tant répété à Madara qu'il l'aimait, qu'il n'était lié à Mito que par une alliance et une cérémonie ennuyeuse. Le village et son ancien amant comptaient bien plus à ses yeux, mais ce dernier ne voulait rien entendre et répliquait toujours : « Ton foyer t'attend. Satisfais-toi d'en posséder un aimant ». S'il savait qu'il ne se passait rien entre lui et son épouse.

A ce qu'il avait pu en juger au cours de ces derniers mois, Mito était une personne calme et bien éduquée, qui savait parfaitement comment devait se comporter une épouse digne. Bien qu'elle soit une femme, elle se montrait curieuse et instruite et elle possédait une très bonne connaissance des Fûinjutsu, techniques de scellement, art de prédilection de son clan. Elle manipulait son chakra avec une dextérité des plus étonnante, bien mieux que lui, ce qui lui valut de posséder le Byakugô no In, un sceau qui stockait une certaine quantité de chakra en un point. Elle était jolie, courtoise, humble. S'il n'avait pas été si amoureux de Madara, probablement qu'Hashirama aurait pu l'aimer à elle. Elle était tout à fait le genre de femme que beaucoup d'hommes rêvent d'épouser. Seulement voilà, il était fou de son ami d'enfance, de lui et personne d'autre, encore et toujours malgré leur rencontre de plus en plus rare, et même après son départ du village au milieu de l'été.

Il n'avait pratiquement jamais parlé à sa femme, et même jamais touché. Ils partageaient une chambre commune, mais Hashirama séparaient leur futon. Depuis plus de six mois, il s'étonnait de ne pas voir son frère débarquer, la mine sévère, le sommer de se bouger et d'honorer son épouse. Peut-être parce qu'il ne se doutait de rien. Probablement qu'elle n'avait avoué à personne qu'elle était toujours vierge plusieurs mois après ses noces. En journée, Mito apparaissait épanouie. Elle avait cette manie de se caresser le ventre en riant. Laissait-t-elle supposer qu'elle est peut-être enceinte ? A moins qu'elle ne fasse référence à la bête qui sommeillait en elle, qu'elle avait accueilli sans peur en son sein et qu'elle pouvait contenir grâce à son chakra spécial d'Uzumaki. D'une certaine manière, Hashirama pouvait dire qu'il lui avait refourgué un sacré bébé. Il ne savait même pas comment elle vivait le fait d'être devenue l'hôte d'un démon. Il aurait pu le lui demander. C'était le moins qu'il puisse faire pour elle qui avait défendu Konoha aussi bien que son propre pays en acceptant de recevoir Kyûbi dans ses entrailles. Au lieu de quoi, il agissait en parfait égoïste. Le matin où il rentra au village après des heures de lutte, trempé et épuisé, victorieux mais encore accablé par la dépouille de Madara coulant à ses pieds, Mito l'attendait dans l'entrée, elle aussi exténuée par son nouveau locataire qui se débattait pour sortir. Sans un mot pour elle, il s'était effondré dans son giron, mouillant son kimono avec ses cheveux détrempés et ses larmes. C'était elle qui l'avait rassuré comme une mère, lui soufflant qu'il avait fait le bon choix. Ce fut la seule fois où il partagea un moment tendre avec son épouse, ainsi que pendant sa convalescence où elle restait à ses côtés pour lui donner des nouvelles du village, agissant comme un porte-parole des habitants. Après cela, il ne l'avait ni remerciée, et avait continué de l'ignorer, s'investissant comme jamais dans sa tâche d'Hokage pour lutter contre sa mélancolie.

Hashirama avait longtemps cherché la vraie raison qui poussa Madara à déserter puis attaquer Konoha. Il avait bien essayé de le retenir et trouver des compromis, mais rien à faire. Au final, il avait choisi la paix au détriment de son amour. Il ne le regrettait pas. Les sourires des enfants et la bonne humeur des villageois le persuadaient qu'il avait fait le bon choix. Il avait bien pensé rejoindre l'Uchiwa dans la mort, mais ce serait trahir tous ceux qui comptaient sur lui. Il se raccrochait alors aux souvenirs de purs bonheurs qu'il avait passés avec lui, notamment leur premier et dernier Noël ensemble. Quand il s'allongeait sur son futon, tard dans la nuit, il embrassait le précieux cristal pendu à son cou plutôt que son ancien propriétaire, ce même bijou qui avait étrangement réagi à son chakra pour l'aider à canaliser Kyûbi, invoqué par Madara lors de son dernier attentat. Si ce dernier avait su, il ne lui aurait probablement jamais légué ce trésor. Quoique, à l'époque, ils jubilaient encore tous les deux du statut d'amants fusionnels. Aucun d'eux n'auraient cru qu'ils en reviendraient à s'affronter de manière si violente. Autant que possible, Hashirama aurait préféré utiliser ses techniques sur une autre personne que son âme-sœur. Ce souvenir encore trop récent lui arracha une larme. Se remettrait-il un jour de sa disparition ? Chaque jour résonnaient dans son crâne les paroles haineuses et chargées d'énigmes du défunt Uchiwa.

Le soleil ayant disparu derrières les arbres, le ciel était maintenant chargé d'obscurité. De son point de vue, Hashirama aperçut les nombreuses lanternes de Noël illuminer le village aussi bien qu'en journée. La fête avait commencé et en tant qu'investigateur de cet évènement, il se devait de prendre part aux festivités, mais le cœur n'y était pas. Il décida plutôt de rentrer. Madara ne viendrait pas le rejoindre au sommet de la falaise, il ne viendrait plus jamais. Il s'était rendu en ce lieu chargé de souvenirs, son cadeau de Noël prêt, dissimulé dans son haori, un second l'attendant chez lui. Il s'était dit qu'il en fallait bien deux pour l'Uchiwa. Un célébrant son anniversaire, l'autre pour Noël, sinon il serait défavorisé, comme tous ceux nés à cette même date. Ces présents resteraient éternellement sans leur propriétaire légitime. Son infime mais futile espoir d'un signe, d'une hallucination, d'un songe ou d'un miracle était complètement ridicule. Noël se fêtait avec les vivants et non les morts. Il devait se faire à l'idée que sa moitié n'était plus. Ce douloureux constant lui arracha de nouvelles larmes. Il sortit l'écharpe tricotée, couleur marine et rouge, et l'enroula de son cou avant de reprendre le chemin de son domicile. Même s'il était loin d'avoir le niveau de son frère ou de sa mère, il était assez fier du résultat. Il avait pris son temps, il avait commencé au début de l'année, demandant conseil à Tobirama pour les renseigner les bases et rattraper ses erreurs. Maille après maille, il avait continué même après le décès de son destinataire. Son écharpe avait bien meilleure mine que les guenilles confectionnées pour son cadet l'an passée. Il y avait mis tout son cœur, mais Madara n'aurait jamais l'occasion de la porter.

En faisait coulisser la porte de son domicile, immédiatement, une petite boule de poil noire vint se frotter à ses jambes, réclamant caresses et attention :

« Je suis rentré, Hitomi » dit-il en prenant la petite chatte de huit mois dans ses bras.

C'était là le second cadeau pour Madara. Il l'avait adoptée au mois de juin, tombant immédiatement amoureux de ses longs poils noirs et ce regard fier qui ne lui rappelait que trop bien son compagnon. Il pensait la lui offrir afin qu'elle lui tienne compagnie quand lui ne pouvait s'occuper convenablement de son amour. Il avait bien remarqué que les relations entre Madara et son clan étaient froides, tout comme il s'amusait de constater l'intérêt qu'il portait aux félins, chose que le chef des Uchiwa niait en bloc. Les chats étaient des êtres solitaires, sauvages, débrouillards, mais également câlins à leurs heures, un peu comme le défunt brun. Il l'avait baptisé Hitomi, la pupille, en rapport à l'Uchiwa qui accordait toute sa puissance à son sharingan. Aujourd'hui, elle resterait la prunelle de ses yeux, un souvenir indéniable de Madara. Quand il la regardait tantôt réclamer son attention et ronronner sous ses caresses, tantôt le fuir car elle en avait décidé ainsi, Hashirama ne pouvait s'empêcher de penser à lui.

Tandis qu'il retirait son haori, le chef des Senju croisa Tobirama dans l'entrée, qui lui semblait prêt à sortir :

« Bonsoir Grand-frère.

- Bonsoir, répondit évasivement l'aîné.

- Tu ne te rends pas au petit festival organisé pour Noël ? Les villageois seraient très heureux de t'y voir, surtout que c'est toi qui as eu l'idée d'instaurer cette fête.

- Dis-leur que je suis fatigué et que je souhaite passer Noël avec mes proches.

- Lesquels ? Ta femme à qui tu n'accordes pas un seul regard ? Ou bien cette bestiole qui semble plus importante que nous ?

- Je t'ai déjà dit que cette bestiole a un nom. Elle s'appelle Hitomi. »

Avait-il oublié de préciser que son cadet n'appréciait guère la présence de la boule de poil, et inversement cette dernière ne le laissait jamais s'approcher d'elle. Encore un point commun avec son défunt amant. Avec Mito en revanche, elle n'hésitait pas à s'installer dans son giron. Mais qui n'aimait pas Mito ? Si elle n'avait pas été son épouse, Hashirama était sûr que même Madara l'aurait au moins appréciée pour ses connaissances et son savoir-vivre. A vrai dire, si elle avait été la femme de Tobirama et non la sienne, il lui aurait même donnée la médaille du mérite.

L'Hokage sourit malgré lui, comme à chaque fois qu'il se souvenait du cynisme de son ancien compagnon, avant de rechuter dans la dépression. Tout chez lui manquait et il ne le retrouvait nulle part ailleurs :

« A propos, merci pour tes friandises, dit Tobirama. Tu m'excuseras, mais ton cadeau de Noël n'est pas au point.

- Ce n'est pas grave.

- Je m'efforce de le terminer au plus vite. Si tu permets, je me rends aux archives. Je ne sais pas à quelle heure je rentrerai.

- Aux archives ? Mais tu ne vas pas au festival de Noël ?

- Tu sais bien que ce n'est pas mon truc. Et vu la tronche que tu tires, je me suis doutée que tu n'irais pas non plus. J'ai donc demandé à d'autres Senju de te représenter.

- Merci »

Hashirama s'enfonça dans sa demeure, pensant la discussion close jusqu'à ce qu'il entende son cadet le rappeler :

« Grand-frère, je suis désolé que tu en sois venu à tuer celui que tu aimes. C'est vrai, je n'ai jamais apprécié Madara, mais j'ai compris l'an dernier combien il comptait pour toi. Je voudrais tant retrouver ton sourire béat d'autrefois. Je m'y efforce tous les jours, encore un peu de patience. »

L'Hokage ne comprit pas les paroles de son frère. Il se retourna pour l'interroger mais la porte était déjà refermée, le laissant seul dans l'entrée. Tant pis, il n'avait pas envie de lui courir après. Il lui demanderait plus tard de préciser le fond de sa pensée. Hashirama se rendit dans sa chambre, bien décidé à dormir pour accélérer le temps et en finir au plus vite avec la nuit de Noël. Sans Madara, cette fête n'avait plus aucun sens pour lui.

Dans sa chambre, Mito l'attendait. A genoux entre les deux futons, le buste penché, la tête courbée et ses doigts joints frôlant le sol, elle se tenait comme toute femme qui attend son mari, ce qui fit soupirer le concerné :

« Relevez-vous, Mito-san. Je vous ai déjà dit de ne pas suivre ce protocole. Vous êtes libre ici.

- Hashirama-san, je vous attendais. Je tenais à vous remercier pour les friandises de Noël, et je tenais à vous offrir votre cadeau en main propre. Approchez-vous, s'il vous plait. »

Le Shodai obéit sans broncher, pressé d'en terminer, culpabilisant un peu de sa négligence envers cette personne qui lui était si dévouée. Ils se parlaient même comme de vrais étrangers. Il avait essayé de se faire une raison, de s'imaginer la chevaucher, mais le souvenir persistant de Madara l'empêchait de toucher quiconque d'autre. Ce serait comme le trahir une seconde fois après l'avoir transpercé par derrière. Le dos avait toujours été le point faible de son ancien compagnon, autant en combat qu'en ébat. De simples frôlements suffisaient à le faire se cambrer de plaisir. Jamais il ne pourrait retrouver les mêmes sensations qu'avec lui. D'ailleurs s'il était là, l'Hokage serait, sans nul doute, la cible de ses vannes. Hashirama pouvait presque l'entendre ricaner : « Tu t'accroches à rester fidèle à un macchabée. T'es encore plus stupide que je ne le pensais, Senju ». A croire que le porteur du sharingan éternel se trouvait toujours là, qu'il ne l'avait jamais quitté. Cette pensée l'apaisa, Madara vivrait toujours dans son cœur.

Mito sortit de son kimono un simple bandeau avant de se rapprocher de manière ce que ses genoux touchent ceux de son mari :

« Je suis désolée, je ne voulais pas en arriver là, mais il faut faire quelque chose. Vous n'êtes pas sans ignorer que cette situation ne peut plus durer. »

Elle faisait bien évidemment référence au fait qu'à ce rythme, elle ne tomberait jamais enceinte :

« Je ne fais pas cela par gaîté de cœur, car je sais que le votre ne m'appartiendra jamais. Je ne vous en veux pas, je me sens même responsable de votre tourment. Si vous n'aviez pas été presque forcé de m'épouser, sans doute que vous passeriez cette nuit avec votre aimé.

- Ce n'est en rien votre faute, Mito-san. On ne vous a pas demandé votre avis à vous non plus.

- Contrairement à ce que vous croyez, je n'ai pas été forcée. Mon grand-père m'avait laissée le choix. J'ai accepté avec honneur d'officier pour la paix et l'alliance entre nos deux clans. Et puis, pour la première fois, je voudrais vous avouer quelque chose. On me dit forte, mais pourtant je n'ai jamais trouvé le courage de vous faire cet aveu jusqu'à aujourd'hui. Je vous aime Hashirama-san. Je me suis éprise de vous dès l'instant où je vous ai vu. Accepter de vous épouser se trouve aussi être un acte égoïste de ma part. je vous aimais tant que je n'ai jamais songé à vos propres sentiments. Maintenant, par ma faute, vous souffrez énormément, parce que je vous ai enchaînée à moi. »

L'Hokage n'en revient pas, il ne s'attendait pas à une telle déclaration. Mito ne se contentait donc pas de jouer les épouses modèles comme on le lui avait enseigné. Tous ses actes, elle les faisait par amour. Bien sûr, qui accepterait de recevoir une bête enragée en elle. La volonté d'Hashirama était devenue sienne. Si le Senju protégeait le village par tous les moyens, alors elle ferait de même, quitte à se sacrifier :

« Je vous avoue que j'ai pensé me donner la mort après que ayez scellé Kyûbi en moi, et ainsi j'aurais pu emmener ce démon avec moi pour qu'il ne soit plus une menace pour personne. Mais je crains de ce que ce décès prématuré engendre un conflit avec mon clan.

- Vous ne devez pas surtout faire cela, s'affola Hashirama en posant ses mains sur ses épaules. C'est moi le Hokage. C'est moi qui suis en charge de protéger le village, et je me refuse catégoriquement à sacrifier quelqu'un, encore moins une femme. J'admire déjà votre courage à héberger un démon en vous. En nous débarrassant de son atout, j'ai pu ainsi me concentrer exclusivement sur Madara. Vous m'avez aidé à sauver le village, et je vous en serai éternellement reconnaissant.

- Nous n'en serions pas arrivés là si j'étais restée sagement dans mon pays. Je me sens responsable de la folie meurtrière de Madara. Entre notre rencontre et notre mariage, il n'était plus du tout le même homme. Je ne l'ai croisé que très rarement après nos noces. Il ne me saluait jamais, et à chaque fois qu'il passait à côté de moi, son aura ténébreuse me donnait froid dans le dos. Sa simple présence m'étouffait. En revanche, quand il se retrouvait à vos côtés, malgré son sarcasme, il était une tout autre personne, et vous aussi, vous sembliez si heureux de le voir. J'ai compris que je ne pourrais jamais rivaliser, et bien que je vous aime, je regrette d'avoir accepté cette union. »

La surprise d'Hashirama grandit encore. Jamais il n'avait porté la moindre blâme sur sa jeune épouse qu'il pensait tout aussi victime de ce système. Même après ses aveux, il lui paraissait inconcevable qu'une personne aussi bonne puisse avoir des ambitions malsaines. Elle avait aimé, elle avait espéré, et au moment où elle s'était éprise du Shodai, elle ignorait encore totalement la relation qu'il entretenait avec Madara. D'ailleurs, le savait-elle aujourd'hui ? Le Senju trouvait étrange qu'elle ne porte pas de jugement de valeur, ou paraisse un tant soit peu dégoûtée. Dans son malheur, Hashirama s'estimait heureux que ce soit cette femme qui fut désignée comme son épouse. Sans l'aimer complètement, elle était de toute évidence son alliée dans son effort de paix, ainsi qu'un soutien dans sa vie quotidienne. Dans d'autres circonstances, elle aurait même plu à Madara qui appréciait les têtes bien faites et les personnes qui ne réprimaient pas son autorité, sans non plus se soumettre :

« Ce n'est en rien votre faute, Mito-san. Je vous remercie des sentiments que vous me portez, et je suis désolé de ne pouvoir vous rendre la pareille. J'aimerai vous satisfaire en retour…

- Laissez-moi faire, Hashirama-san. Vous avez juste à mettre ce bandeau sur vos yeux, et je m'occupe du reste » dit-elle en privant son mari de la vue.

Aveuglé, Hashirama crut entendre un frottement de tissus. Son épouse vint s'asseoir entre ses jambes et commença à lui retirer son kimono. L'Hokage la repoussa immédiatement. Ses mains touchèrent directement la peau de ses épaules, signifiant qu'elle se trouvait très probablement nue face à lui qui ne pouvait pas la voir. Il s'empourpra légèrement, gêné à l'idée que ce soit sa femme qui prenne de telles initiatives à son insu, et aussi considérablement refroidi que ce ne soit pas Madara, là, devant lui :

« Que faîtes-vous, Mito-san ?

- Je vous en prie. Je ne vous demande pas de m'aimer, ni même de m'embrasser si vos lèvres ne m'appartiennent pas, dit-elle en frôlant la commissure labiale du bout des doigts, mais nous devons enfanter. Il le faut, Hashirama-san. Je me suis renseignée sur les choses de l'amour, et je suis dans une période propice la fécondité. Laissez-moi juste faire. »

Elle avait raison, elle aussi était la cible d'étranges regards. Sa position n'était pas moins délicate que celle de l'Hokage. Sept mois de mariage et toujours un ventre éternellement plat alors qu'elle était jeune et donc, de toute évidence, fertile à souhait. Hashirama pesta contre ces vieilles mœurs stupides. Personne n'irait penser qu'une femme mariée n'a pas pour seul but de porter les héritiers au plus vite. La fin des conflits signifiait également l'augmentation de l'espérance de vie. En théorie, les couples n'étaient plus obligés de procréer rapidement et le plus souvent possible. Mito n'avait que dix-sept ans. Elle était une jeune fille intelligente, qui possédait assez de connaissance, de valeurs et de maîtrise de son chakra pour faire d'elle une prometteuse kunoïchi. Certes, son corps plus élancé et fragile n'était peut-être pas aussi résistant que celui d'un homme, mais elle possédait des atouts nécessaires au bon déroulement d'une mission. Hashirama aspirait à ce genre de stratégie, et non aux vieilles habitudes de bourrin et la loi du plus fort. Des shinobi variés dans une même équipe peuvent s'avérer redoutables s'ils parviennent à s'entendre et coopérer. Un penseur, un fonceur, un soignant, une mentalité d'entraide entre des membres issus de tribus différentes, c'était là que résidait la vraie force de Konoha, c'était là son objectif : parvenir à faire évoluer les mentalités de chacun. Et donc, faire de Mito une mère à un si jeune âge, juste par tradition, serait un énorme gâchis.

Désormais presque nu, allongé sur son futon et toujours aveuglé tandis que son épouse tentait désespérément de le faire réagir, il la repoussa de nouveau :

« Arrêtez Mito-san, dit-il en cherchant à tâtons un drap ou bien le kimono de la jeune femme pour le poser sur ses épaules. Rhabillez-vous donc, je suis désolé de vous avoir laissée faire.

- Pourquoi ?

- Parce que vous n'en avez pas vraiment envie

- Bien sûr que si. Avant mes sentiments pour vous, je sais quel est mon rôle. Celui de vous donner des héritiers, de mettre au monde une nouvelle génération de shinobi. On m'instruit cela depuis mon enfance. Comment se tenir face à son mari, comment gérer convenablement un foyer, comment se déroule l'enfantement.

- Alors dans ce cas, d'où viennent vos connaissances sur le ninjutsu ? Avec une éducation aussi stricte, ne me dites pas qu'il vous restait des créneaux pour vous instruire l'art de combat des hommes.

- Non en effet, avoua la rousse après quelques secondes de silence. J'ai moi-même fouillé dans les archives de mon clan pendant mes jours de repos, par simple curiosité.

- Vos notions et aptitudes dépassent une simple curiosité. Cette maîtrise du chakra que vous possédez est unique et rare, ça tient presque du miracle. C'est bien la première fois que je vois une telle prouesse. Mito-san, ne me dîtes pas que vous avez appris à contrôler votre chakra en lisant trois parchemins de ninjutsu. C'est indéniablement le résultat d'années d'entraînement. »

Elle resta coite, Hashirama en profita pour retirer son bandeau. Son épouse affichait un air coupable, tel un enfant pris en faute, complètement différent de ce qu'il avait l'habitude de voir chez elle :

« Je sais que je n'aurais pas dû. J'ai bêtement pensé que si je pouvais aider ou au moins me défendre seule, alors il ne me coûtait rien d'apprendre les rudiments du ninjutsu. Mais jamais je n'aurais la prétention de me placer à votre niveau. J'imagine que cela doit vous toucher dans votre honneur qu'une femme se permette de s'aventurer dans les affaires réservées aux hommes. »

Là, Hashirama n'était plus sûr d'être en face de celle qu'il croyait avoir épousé. Face à lui se trouvait juste une gamine un tantinet espiègle mais qui s'efforçait de remplir à la perfection la tâche qu'on lui avait confiée :

« Mito-san… Déjà, si nous arrêtions ces formules de politesse. Nous sommes censés être mariés, non ?

- Dans mon pays, les femmes se doivent le respect le plus total envers leur époux.

- Ici également, mais je veux que tout cela cesse. Je ne veux pas d'une domestique dévouée, pas plus que je ne veux d'un enfant conçu de cette manière et dans ces conditions. Les temps changent avec ce village, et en tant qu'Hokage, je me dois de montrer l'exemple.

- Que voulez-vous dire ?

- Que les enfants à naître seront maîtres de leur destin et pas juste des marionnettes dirigées par les coutumes. Les garçons ne seront pas forcés de devenir des shinobi, et les filles ne seront pas éduquées selon le manuel de la parfaite épouse. Je veux que nous nous dirigions vers une époque moderne et plus libre, avec une égalité des droits, quelque soit le sexe, la situation ou bien encore le clan d'origine.

- Vous croyez vraiment en une telle utopie ?

- Je reconnais que nous avons mal démarré. Les Senju s'attirent tout le prestige, alors que chaque clan allié contribue à la fondation de cette paix. J'ai peine à penser que si Madara a quitté Konoha pour finalement l'envahir, c'était en partie à cause des injustices dont sont victimes les Uchiwa.

- Je pensais que c'était la faute à notre union.

- Pas seulement. Mito, ne prend pas toute la folie de Madara sur tes épaules. Il était un homme honnête, fier, mais bien trop sensible. Son amabilité et ses sarcasmes étaient un moyen pour lui de prouver sa force et son autorité dans ce système où l'on dédaigne les Uchiwa. Sous sa carapace, c'était un shinobi brisé, endeuillé par le décès de chacun de ses frères qu'il n'a pu protéger, notamment Izuna. J'étais conscient de son psychisme instable et de son impulsivité. Je l'ai aimé de tout mon cœur malgré ça. Je ne peux l'expliquer, mais dès notre rencontre, j'ai de suite été attiré par lui. Je me suis porté garant de son équilibre, tout en sachant qu'il ne serait pas facile de le contenir. Je lui ai offert tout mon amour et je lui ai donné un nouvel objectif. J'ai tout fait pour lui donner de l'importance, autant dans ma vie que dans la fondation de Konoha. Ca a bien marché au début, mais au final, je me suis plié aux traditions par craintes des blâmes, ce qui l'a fait décompenser. Je ne vois pas d'autres explications. J'ai tenté de le retenir, mais le mal était fait. Madara avait déjà eu beaucoup de mal à nous faire confiance. Entre mon abandon et les répressions que subissait son clan, il n'y avait plus de retour en arrière possible. »

Il l'avait dit. Il avait clairement avoué à sa femme qu'il avait été et même était toujours amoureux d'un homme, alors qu'il en était un lui-même. Cette dernière ne sembla pas surprise outre mesure :

« J'avais donc bien deviné que le lien que vous entreteniez tous les deux allait bien au delà d'une simple amitié. Je vous avoue avoir eu du mal à y croire, je ne savais même pas que ce genre de chose existait. J'ai souvent fraudé pour apprendre le ninjutsu, mais j'ignore encore tout du monde, contrairement à vous qui semblez ouvert à tout.

- La relation que j'entretenais avec Madara n'était pas commune. On peut même la classer de contre-nature

- Ne dîtes pas cela. J'ai été surprise, mais lorsque je vous voyais ensemble, j'ai réellement ressenti quelque chose de spécial entre vous deux. Votre sourire radieux m'a rendue encore plus amoureuse de vous. Je n'avais jamais vu une telle expression chez quelqu'un. Vous vous aimiez vraiment, et je sais vous l'aimez toujours malgré ce qu'il a fait à Konoha. Sinon, pourquoi pleurer la mort de votre ennemi ? Pourquoi refuser de me toucher ?

- Je l'aime, effectivement, mais je me suis rangé du côté de la majorité, et je l'ai tué de mes propres mains. On me considère en héros parce que j'ai anéanti le démon. Mais moi, lorsque je me regarde, je ne vois qu'un monstre qui a assassiné l'homme qu'il aimait de sang froid.

- Lui aussi a essayé de vous tuer, lui rappela la rousse pour le soulager un peu.

- L'aurait-il vraiment fait ? Il m'a déjà empêché de me suicider autrefois.

- On ne pouvait pas savoir, et nous ne pouvions pas prendre le risque de vous perdre. Vous comptez beaucoup pour les villageois. Vous êtes le pilier du village.

- Et sans paraître vaniteux, j'étais aussi celui de Madara. Seulement, j'ai été incapable de respecter mes engagements vis-à-vis de lui, de gérer à la fois mon rôle de chef et d'amant. J'ai fait une erreur, je l'ai réparé de la plus atroce des façons. Je n'ai pas le droit de prétendre l'aimer alors que je l'ai assassiné, pas plus que je me sens digne de ce poste d'Hokage. En tant que chef, je me dois de faire preuve d'humanité et de respect envers mes ennemis. Je n'ai même pas réussi à sauver celui que j'aime.

- Vous avez essayé, c'est ce qui compte. Vous ne vouliez pas le tuer, mais vous y avez été poussé.

- Tu as raison, je ne le voulais pas, mais je l'ai fait quand même, et c'était une énorme erreur. Le peuple n'a pas à acclamer un geste aussi cruel et décisif. Imaginons qu'un autre attentat se produise, par n'importe quel villageois qui perdrait subitement la raison. Vais-je devoir supprimer chaque ennemi de Konoha ? Je commence à mieux comprendre les dernières paroles de Madara. A ce rythme, nous allons bientôt nous transformer en une bande d'extrémiste. A trop vouloir la paix, on finit par anéantir chaque entrave à cette paix, même minime. Ce village en apparence paisible sera le repère d'horribles ténèbres. Quand je pense que j'ai dit être capable de tuer mon frère et même mon propre enfant si jamais il venait à devenir une menace pour le village. En quoi est-ce différent d'avant ? Ca fait des mois que ça me taraude. J'ai tué Madara, le mal est fait, mais c'est fini, je ne veux plus jamais de condamnation à mort. Madara n'aurait pas dû mourir, il aurait dû avoir droit à un procès, quitte à finir sa vie emprisonné et privé de ses pupilles. »

Cette longue tirade et ces souvenirs de l'Uchiwa laissèrent l'Hokage dans un état de prostration. Son ancien compagnon se moquait de ses dépressions spontanées, mais depuis des mois, elle était permanente, et il avait bien du mal garder sa prestance pendant les réunions. Avant, il aimait se promener dans le village et observer l'avancée des travaux. Cela faisait tellement plaisir aux habitants qui se font toujours une joie de le saluer et même de lui offrir de modestes présents. Maintenant, Hashirama se refusait d'encaisser les courbettes trop respectueuses à son goût. Un homme avait même voulu écrire sa biographie, chose qu'il avait expressément refusée. Il ne tenait pas à raconter ce combat qui lui avait tant coûté. Il ne voulait pas que les générations futures prennent exemple sur lui :

« J'espère que les enfants de demain ne commettront pas les même erreurs que moi. Je voudrais tant que chaque habitant considère leur compatriote comme des frères, qu'ils gardent pour toujours les liens entre eux, même si l'un d'eux dévie vers une voie plus sombre. Je voudrais que les futures générations dépassent la nôtre. »

La rousse laissa échapper un gloussement :

« Il n'y a vraiment que vous pour avoir des idées aussi utopistes, Hashirama-san, se moqua gentiment l'épouse de l'Hokage pour détendre l'atmosphère.

- Madara aurait dit la même la même chose, en plus sarcastique, rit à son tour le chef des Senju.

- Mais l'idée me plait, et je veux vous aider à transmettre ces valeurs. Je veux protéger ce village avec mes humbles jutsu.

- C'est cela même. Tu es encore si jeune, ce serait réellement dommage d'être déjà mère et avoir des enfants à élever avec un potentiel comme le tien. Bien entendu, je ne te force à rien, mais j'ai dans l'idée que pour être parvenue à une telle maîtrise du chakra, tu as dû faire preuve de beaucoup de passion et de volonté. Et pour ma part, je ne souhaite devenir un père à l'image du mien. Je veux chérir mes enfants et leur accorder du temps. Mais actuellement, je n'ai pas ce temps. Le village est encore en pleine floraison et m'occupe beaucoup.

- Oui, mais aujourd'hui ou dans quelques années, le problème restera identique si vous refusez de me toucher par respect pour Madara. »

A la surprise de l'Uzumaki, Hashirama prit son visage entre ses mains et déposa un chaste baiser sur ses fines lèvres rosées. Cette fois, ce fut au tour de la jeune femme de rougir. Elle se savait amoureuse, mais elle n'aurait jamais imaginé qu'être, ne serait-ce qu'un tantinet, touchée par l'être aimé déclancherait de telles sensations dans tout son corps. C'était un vrai rêve de princesse qui devenait réalité, du moins jusqu'à ce que son mari lui annonce :

« Je ne peux rien te promettre de plus pour le moment. La blessure est encore trop fraîche. Mais je t'assure que viendra le jour où je ferai vraiment de toi ma femme puis la mère de mes enfants.

- Cela signifie que je ne vous écoeure plus ?

- Détrompe-toi, je n'ai jamais rien eu contre toi. Tu ne me dégoûtes pas et je ne suis d'ailleurs pas complètement homosexuel. C'est juste qu'il n'y avait que Madara, ce n'est pas une question de sexe. Mon amour démesuré pour lui et ma culpabilité refoulée après sa mort m'empêchaient de regarder quiconque d'autre, pas même ma propre femme. Après réflexion, je l'ai déjà poignardé dans le dos, je pourrais difficilement lui faire un pire coup. Et puis s'il était là, il se moquerait très certainement de ma tristesse et ma retenue, rit finalement le Shodai. Il m'a toujours chambré sur mes humeurs changeantes. J'avoue que ses réflexions me manquent un peu. »

Mito sourit. Le discours d'Hashirama avait radicalement changé en très peu de temps. Maintenant, il pouvait parler de son ancien compagnon en riant. C'était des souvenirs uniques et précieux aux yeux de son mari. Elle ne tenait pas à prendre la place de Madara dans le cœur du Shodai, mais plutôt d'imposer tout doucement la sienne en restant elle-même :

« Pour ma part, quand vous déprimerez, je me ferai un plaisir de poser votre tête sur mes genoux pour vous consoler.

- Je pourrais également y prendre goût. »

Hashirama se sentait plus serein et plus déterminé que jamais à instaurer ces nouvelles modalités au village de ses rêves. Sa discussion avec Mito venait de lui ouvrir les yeux sur beaucoup de choses, notamment sur la politique de Konoha bien trop incomplète à son goût. La sentence de mise à mort de Madara avait été prononcé sur un état de panique générale, et lui avait commis l'erreur de l'exécuter sans réfléchir. C'était comme s'il y avait un programme enregistré dans sa tête : « Tuer tous les ennemis de Konoha, qui qu'il soit ». Inconsciemment, il avait adopté la ligne de conduite de son père qu'il exécrait autrefois : « Tuer tous les membres du clan ennemi, hommes, femmes ou enfants ». Maintenant qu'il s'était réveillé, au lieu de s'apitoyer et ressasser sa faute, il se devait d'en tirer des leçons.

La disparition brutale de l'Uchiwa prenait à présent un tout autre sens à ses yeux. Pour lui, Madara venait de passer d'ennemi juré de Konoha à shinobi sacrifié pour une ère nouvelle. Certes, dans les faits, il avait vraiment attenté au village, mais ce camp encore anarchique fonçait, de toute évidence, droit dans un mur. Ses dernières paroles « Tu as changé tes priorités, cela mènera le village dans les ténèbres », prenaient tout leur sens dans l'esprit de l'Hokage. Son utopie allait bien trop loin. A croire que Madara avait toujours gardé sa tête bien saine et lui devenait fou à force de vouloir cette paix à tout prix, quitte à tuer tous ceux qui s'y opposaient. Son idée était bonne, mais il utilisait les mauvaises méthodes.

La paix ne signifiait pas l'absence totale de conflits, et les conflits n'étaient pas que synonymes de mises à mort et de tortures physiques et psychologiques envers les ennemis. Hashirama voulait briser ces vieilles coutumes, adopter d'autres méthodes moins barbares pour faire parler les opposants, comme l'hypnose par exemple. Il ne voulait pas d'une paix montée sur une montagne de souffrance.

Il tenait aussi à casser certaines mœurs comme l'héritage absolu et l'isolation des clans. Il comptait sur la coopération de son épouse pour la mise en attente d'une progéniture, et également le mélange des sangs qui donnerait un bon exemple aux villageois qu'il n'y a rien de mauvais à épouser une personne issue d'un autre milieu. Il se doutait cependant que certains clans comme les Uchiwa où même les Hyûga ne seraient pas facile à convaincre. Mais à la longue, peut-être dans cent ans, Konoha deviendrait ce qu'il avait toujours rêvé. Non pas un ramassis de divers clans mais bien une grande famille qui se protégeait les uns les autres, avec le courage et le travail d'équipe de ses nombreux shinobi. Voilà son ultime objectif : altruisme, persévérance, assistance, volonté…

La Volonté du feu

« Regardez Hashirama-san, il commence à neiger » lui fit remarquer Mito qui s'était rapprochée de la fenêtre.

En effet, de gros flocons blancs tombaient sur les arbres et les toitures, recouvrant le village d'une fine couche immaculée :

« C'est le miracle de Noël » dit Hashirama.

Même à travers les générations, personne hormis lui ne soupçonnerait que cette fête de Noël était à l'origine un hommage de la naissance de Madara Uchiwa. Cet homme criard mais honnête était définitivement un don divin. Maintenant encore, Hashirama se persuadait que cette neige était l'œuvre du défunt Uchiwa, la faisant tomber du ciel où il résidait afin de purifier le village, effaçant ainsi son tumultueux envol pour repartir sur de bonnes bases :

« Joyeux Noël Mito, lui dit-il en enroulant autour de son cou l'écharpe initialement destinée à Madara.

- Merci, Hashirama. Demain, je te préparerai une soupe de champignon. Je sais que tu aimes ça. »

Le Senju sourit avant d'enlacer les épaules de la rousse. Mito venait de briser la derrière barrière de pudeur entre eux en le tutoyant et en l'appelant par son nom. Elle était maintenant sa femme, sa complice et non plus une parfaite étrangère.

\**-**/

Pendant ce temps, dans un local situé à proximité des archives du clan Senju, Tobirama se concentrait sur des parchemins traitant sur le corps humain, ignorant tout de ce qui se passait au sein de sa demeure entre son frère et sa belle-soeur :

« J'ai essayé sur une poupée vide, même sur un cadavre, ça ne marche pas. Il me faut un corps humain vivant, mais cela signifie de faire un sacrifice. Je pourrais toujours piocher parmi les pires criminels, mais mon frère s'en rendra bien compte. Et puis, un crime de la sorte est vraiment déloyal, je m'y refuse. Ma solution, créer un corps afin que je puisse rappeler l'âme de l'autre. »

Depuis des mois, le cadet des Senju travaillait sur une technique de nécromancie en toute discrétion. Personne n'était au courant, pas même Hashirama. Par soucis d'éthique et de respect des défunts, il avait préféré ne rien révéler pour ne pas provoquer de scandale. Comme il était l'investigateur de nombreuses techniques, et également un shinobi honnête et dévoué au village, personne ne le soupçonnait de toucher à ce genre de techniques occultes. A vrai dire, l'idée lui était venue lorsqu'il avait entendu son frère pleurer la mort de leur pire ennemi. Tobirama ne reconnaissait plus son aîné spontané et optimiste, et il avait bien compris que seul Madara pourrait lui rendre son enthousiasme d'avant. Mais l'Uchiwa était mort, et l'albinos avait eu l'idée de rappeler son âme, sur une durée limitée et avec la possibilité de le contrôler pour limiter les risques de catastrophe. Seulement voilà, les âmes ne peuvent errer sur terre sans corps. La solution était d'en trouver un, mais quels seraient les dégâts sur les possédés ? Tobirama essayait de trouver une autre solution avant d'en venir à choisir des cobayes humains.

S'il parvenait à un résultat, il se réjouissait déjà de la mine surprise mais infiniment heureuse de son aîné qui lui manquait plus qu'il ne l'imaginait, et qui lui rappelait un peu leur mère par moment. C'état là son cadeau de Noël pour Hashirama, mais cela lui prenait plus de temps que prévu. Par cette technique, il avait même pensé rappeler sa génitrice, ce qui le motivait encore plus à la finaliser. Il lui avait même déjà donné un nom : l'Edo tensei, la réincarnation des âmes. Une future technique légendaire.

\**-**/

Quatre-vingt années plus tard

Dans une nuit froide du mois de décembre, Sasuke attendait, assis sur des rochers au sol, un petit feu brûlant devant lui qu'il avait allumé pour voir et se réchauffer. Non loin, il entendait une cascade couler entre deux statuts décapitées. Lors de leur dernier affrontement il y a presque trois mois, Naruto et lui avaient transformé ce lieu culte en désolation la plus complète. Ils avaient tout saccagé avec leur pouvoir. Heureusement que le shodai Hokage ne décidait pas de revenir d'outre tombe pour voir cela. Il aurait… très probablement déprimé. Sasuke avait cru comprendre qu'Hashirama Senju était un homme bien trop bon pour sévir. Même sous la forme d'un zombie, le brun avait pu ressentir sa bienveillance, et il avait du mal à croire que cet homme ait, un jour, pu tuer qui que ce soit, encore moins Madara Uchiwa qu'il semblait aimer profondément. Il ne lui avait pas directement avoué lorsqu'il lui avait raconté l'histoire de la naissance de Konoha, mais Sasuke, toujours perspicace, avait remarqué cette étrange passion chaque fois qu'il prononçait le nom de Madara.

Bien que son ancêtre soit également son ennemi juré, le dernier Uchiwa était heureux, au fond de lui, qu'il se soit délivré de cette haine au cœur à la toute fin, et qu'il adresse ses derniers mots à Hashirama. Il n'en était pas complètement sûr, mais le brun se doutait très fortement que la relation entre les deux fondateurs allait au-delà de la simple amitié. Ce lieu par exemple. Pourquoi le shodai avait-il décidé d'ériger des statuts de lui et le renégat qu'il avait tué ? Sans doute qu'il ne voulait pas qu'on oublie une légende comme Madara Uchiwa, qui avait aussi un peu contribué à la naissance de Konoha. Vraiment, c'était quand même un peu dommage qu'ils détruisent ces statuts, mais sur le coup, Naruto et lui n'y avaient porté aucune attention. Cela dit, il n'y avait pas que du mauvais. Même lui, le garçon renfrogné, souriait lorsqu'il voyait la position qu'avaient involontairement prise les doigts en pierre des deux anciens. A croire qu'il s'agissait là d'une intervention divine :

« Un don Divin, hein ? dit Sasuke qui repensait aux parles du Shodai. Peut-être que le premier Hokage avait raison au sujet de Madara. Je suppose que ses raisons et ses intentions, au fond pas complètement mauvaises, ont fait le monde d'aujourd'hui. Loin d'être parfait, mais pas si mauvais non plus. »

En effet, la dernière guerre avait permis une alliance entre les cinq grandes nations qui subsistait encore, créant aussi des précieux liens d'amitié. Même s'il ne vivait pas à Konoha, Sasuke se tenait au courant des nouvelles du village grâce à son ancienne équipière Karin, restée là-bas, et qui lui envoyait régulièrement des missives avec le faucon que toute son équipe pouvait invoquer. Parmi eux, Suigetsu arpentait actuellement les routes et les mers à la recherche des épées légendaires ou de nouvelles pouvant remplacer celles qui ont disparu, comme c'était là son souhait depuis le début. Quant à Jûgo, désireux de respecter la rédemption de son chef, il avait fui avec Orochimaru afin de surveiller les agissements de ce dernier. Contrairement à Kabuto qui s'était rendu, l'ancien serpent n'était pas du genre à se laisser attraper et rôdait donc toujours Dieu sait où. Pour l'heure, il n'y avait eu aucun comportement suspect. Il se cachait seulement pour faire oublier son existence, dixit une missive de Jûgo.

Sasuke sourit. Bien qu'il soit seul, il savait qu'il comptait beaucoup pour l'équipe sept ou bien Taka. Cet éloignement, il en avait besoin pour se faire pardonner ses actes immondes envers toutes ces personnes chères à son cœur. Il avait toujours été habitué à la solitude, mais là, elle lui pesait déjà. Une personne parmi tous lui manquait bien trop, et c'était justement cette personne qu'il attendait :

« Qu'est-ce qu'il fiche, ce crétin ? grogna le brun qui frissonnait et regrettait la chaleur de l'auberge où il créchait pour la nuit.

- Sasuke » résonna une voix malicieuse dans la nuit que l'Uchiwa reconnut sans problème.

Quelques secondes pus tard, Naruto se tenait devant lui, éclairant à lui seul les alentours grâce au chakra de Kurama qui lui valait cette forme dorée. Définitivement, il n'y avait qu'une personne comme Naruto qui avait la possibilité de faire ami-ami avec un démon à queue comme Kyûbi. Le cancre, le fanfaron, l'idiot de service, le monstre. Qui aurait cru qu'un jour, celui que tous ne voyaient que comme une calamité devienne une telle légende. C'était face à ce garçon que Sasuke avait perdu, à lui qu'il avait confié et ses rêves et ses tourments les plus profonds, à lui qu'il s'apprêtait à se confesser :

« Désolé pour le retard, mais je ne voulais pas les renverser, se justifia le blond en montrant la caissette qu'il transportait avec lui.

- Ca serait plutôt à moi m'excuser de te faire déplacer en pleine nuit et si loin de Konoha.

- Qu'est-ce tu racontes ? C'est un jeu d'enfant pour moi » se vanta l'Uzumaki qui en faisait trop, comme d'habitude.

Naruto oubliait parfois que sans le pouvoir de Kurama, peut-être qu'il ne serait pas devenu la légende qu'il incarnait en ce moment. Quoique, Naruto n'aurait jamais abandonné, même sans la puissance du démon, et c'est cela qu'il aimait le plus chez lui. Sasuke s'était toujours demandé où est-ce qu'il allait chercher son infaillible volonté :

« Et puis, c'est très bien ici, ça me rappelle des souvenirs. De bons souvenirs » précisa-t-il.

La vallée de la fin, un lieu hanté par les combats et la souffrance. Là où tout s'était finit avant de tout recommencer, autant pour eux que pour les précédentes réincarnations d'Ashura et Indra, avec quelques différences :

« Je suis vraiment heureux que tu m'aies convoqué. Même à l'autre bout de la planète, je serai venu.

- Tu en aurais bien été capable, bête comme tu es.

- M'insulte pas ! Pose tes fesses sur ce rocher, j'ai amené notre repas. Je me suis surpassé pour notre premier Noël ensemble.

- Rassure-moi, tu n'as pas amené des ram…

- Et voilà, dévoila fièrement le blond. Ramen saveur tomate pour toi, et garniture triple naruto pour moi. De mon invention bien sûr. J'ai pensé à un plat qui nous correspondait à tous les deux. Ingénieux, non ?

- C'est… Mangeable ? osa demander le brun sceptique devant son bol tout juste fumant de nouilles trempant dans un liquide rouge.

- Bien évidemment, c'est le grand maître des ramen Teuchi qui les a confectionnés. Moi, je n'ai fait que donner l'idée. C'est une recette unique que tu ne trouveras nulle part ailleurs. Dès que je saurais me servir correctement de ma prothèse, j'apprendrai à les faire moi-même et on les savourera chaque fois qu'on se verra. »

En effet, lors de leur dernier affrontement, l'un comme l'autre avaient perdu un bras. Ils devaient s'estimer heureux de s'en sortir seulement manchot suite à la collision de leur attaque respective, aussi puissante que la chute d'une énorme météorite. Cette blessure serait la marque de leur ultime combat, mais ironie du sort, grâce aux précieuses cellules du shodai, il leur avait été possible de recouvrer l'usage d'un bras artificiel pour remplacer celui qu'ils avaient perdu. Naruto possédait déjà le sien, lui pas encore étant donné qu'il avait quitté Konoha. Il avait éprouvé quelques difficultés au début, mais il commençait à s'habituer à ce handicap :

« Tu veux que je te donne la becquée ? demanda le blond en affichant un sourire béat.

- Pardon ?

- Ben, ça ne doit pas être facile de manger des ramen avec un seul bras.

- Je peux me débrouiller. Je te paris même que je termine avant toi.

- C'est un défi ?

- Non, pas pour cette fois. Je veux me délecter lentement de la saveur de ton plat. »

Ou plutôt prendre le temps de s'habituer au goût très spécial de ce mélange, étrange mais pas immangeable. A côté de lui, Naruto terminait déjà son unique bol et pestait de n'avoir emporté qu'une seule portion, bien trop insuffisante pour lui :

« Tu veux terminer le mien ?

- Pas question, je déteste les tomates. Je déteste tous les légumes.

- Pour ta gouverne, les tomates sont des fruits, pas des légumes.

- Peu importe, je ne fais nullement confiance à tout ce qui pousse naturellement dans la nature. L'autre jour par exemple, j'avais un peu mal à la gorge alors j'ai demandé à Sakura-chan de me préparer une petite décoction qui me remette vite sur pied. En plus d'être affreusement écœurant, le mélange de plantes m'a donné la chiasse toute la nuit. Alors plus jamais ! Je préfère jouer les insomniaques à tousser dans mon lit qu'à me tenir le ventre sur les chiottes. »

Depuis sa sortie de l'académie, si Naruto s'était vu évoluer de façon considérable dans sa puissance et sa maturité, niveau délicatesse, il y avait encore beaucoup de chose à revoir. Cela n'empêcha pas Sasuke de glousser légèrement, amusé malgré tout par la franchise du blond :

« Si Sakura t'entendait, elle te frapperait.

- Ca c'est sûr. D'ailleurs, ça me fait penser qu'elle t'a préparé quelque chose pour Noël, Karin et Kakashi-sensei aussi. »

Naruto sortit de sa besace trois petits emballages. Sasuke crut à une blague, mais le sourire de son ami le convainc du contraire. Ses lèvres s'étirèrent aussi en une fine risette. Voilà bien des années qu'il n'avait plus eu de cadeau. Il ne se rappelait que trop bien les fêtes de Noël qu'il avait pensées en famille, lorsqu'il était enfant. Des repas succulents préparés par sa mère, de son père qui semblait faire de considérables efforts pour paraître plus convivial que d'habitude, et de son frère qui lui offrait toujours le cadeau idéal et prenait exceptionnellement le temps pour s'amuser avec lui en ce jour béni. L'ambiance actuelle était très différente, mais Sasuke n'en était pas moins heureux :

« Allez, ouvre » l'incita Naruto qui semblait tout aussi excité que lui à découvrir ses cadeaux.

Il déballa d'abord un livre qui les fit grimacer tous les deux, devinant à sa couverture qui était l'expéditeur de ce présent :

« Kakashi-sensei a toujours eu des goûts littéraires à chier, commenta le blond.

- On ne eut pas savoir sans l'avoir lu.

- Quand je m'entraînais avec l'ermite pervers, j'avais commencé à lire en cachette. J'ai très vite arrêté, c'est juste dégelasse.

- Peut-être parce que tu n'aimes imaginer un homme et une femme dans l'action.

- Et qu'est-ce que je devrais imaginer selon toi ?

- Autre chose. »

Cette remarque fit sursauter le blond, mais Sasuke ne lui laissa pas le temps de réfléchir davantage qu'il ouvrait déjà un autre cadeau. Il s'agissait d'un fin parchemin, avec juste un dessin représentant l'équipe sept dans son grand complet, à savoir Naruto, Sakura, Kakashi, cet autre garçon nommé Sai et lui, bien évidemment. Au bas du parchemin, il y avait une note rédigée avec une fine écriture féminine : "l'équipe sept est une famille, et la maison de chacun reste ouverte pour les autres" :

« C'est une idée de Sakura, précisa Naruto. C'est Sai qui a fait le dessin à sa demande et elle a rajouté cette petite phrase. Elle veut te faire comprendre que tu seras toujours le bienvenu à Konoha.

- Encore à rêver du grand amour ? se moqua gentiment le brun.

- Euh… Comment te dire ça sans te blesser dans ton ego ? Sakura-chan, elle… Enfin, elle a… quelqu'un d'autre.

- Comment ça ?

- Elle sort avec Sai, voilà. Elle ne t'attend plus. Enfin si, elle souhaite que tu reviennes, mais pas pour les même raisons qu'autrefois. Elle ne quittera pas Sai pour toi. »

Au lieu d'en être irrité, Sasuke état plutôt heureux, non pas pour lui mais plutôt pour leur équipière qui avait tant souffert par sa faute :

« Tant qu'elle est heureuse, dit Sasuke.

- Tu regrettes ?

- Pas du tout, elle ne m'a jamais intéressé, amoureusement parlant. C'est juste une bonne amie, tout comme Karin. J'espère qu'elle-aussi n'attend rien de moi.

- Je ne m'inquiète pas pour elle, c'est une Uzumaki après tout. Tu vois, ça fait deux mois qu'elle s'est installée à Konoha et elle a déjà une sacrée réputation. Faut pas lui chercher des noises. D'ailleurs, c'est d'elle que vient le dernier cadeau. Elle a dit qu'elle l'avait confectionné elle-même.

- Un parfum ? s'exclama Sasuke qui se rappelait la passion de son ancienne équipière. Je suppose que c'est l'intention qui compte.

- Elle m'a dit aussi de te préciser qu'elle s'était durement renseignée et que ça n'avait pas été facile. Sens-le au lieu de prendre ton air blasé. »

Un effluve bien féminin envahit les narines du brun qui fit une légère grimace, dérouté à l'idée que la rousse lui ait confectionné un parfum pour femme. Que cherchait-elle à faire au juste ? Cependant, il avait l'impression de reconnaître cette odeur, et sa mémoire l'entraîna des années en arrière. Il se souvenait se blottir contre une poitrine, être entouré de bras fins mais protecteurs, et respirer cet arôme de fleurs. Une fine larme coula le long de la joue de l'Uchiwa. A peu de chose près, Karin avait reproduit le parfum de sa mère. La senteur agréable et nostalgique avait fait remonter bien des émotions qu'il voulut balayer, mais Naruto arrêta son unique bras avant qu'il ne puisse essuyer la traînée humide sur son visage. Devenu sérieux, il lui dit :

« Tu as le droit de pleurer quand tu es heureux. »

Sasuke le vit se rapprocher de lui jusqu'à faire toucher leur hanche, leur nez se frôlant également. N'importe qui se reculerait immédiatement, mais pas l'Uchiwa qui vouait une confiance totale à son ami qui l'avait extirpé des ténèbres. Dès qu'il était là, il avait l'impression d'y voir plus clair et même dans cette noire nuit d'hiver.

Un vent léger souffla, mais au lieu de le frigorifier, Sasuke sentit une chaleur incompréhensible monter en lui, ainsi que des petits oiseaux qui se baladaient dans tout son ventre. Ce n'était pas de l'appréhension mais de l'excitation. Au cours de ces quelques semaines d'errance, il avait cruellement ressenti la frustration, la solitude, l'envie d'entendre quelqu'un lui parler. Il avait tremblé dans son lit froid et vide, et il avait prié Naruto de le rejoindre pour réchauffer sa vie comme il l'avait toujours fait. Ce court temps avait suffit à lui faire comprendre que, désormais, il avait besoin du blond dans son quotidien. Ce qu'il ressentait pour lui allait de toute évidence bien au-delà de l'amitié. Leur relation avait toujours été assez spéciale et profonde. Naruto était allé le pécher jusqu'au fond des ténèbres, l'avait tiré de toute ses forces, il ne l'avait jamais abandonné. Aujourd'hui encore, il était là pour lui. Il avait parcourue des kilomètres un soir de fête pour le retrouver, à lui et lui seul. Qui serait capable d'un tel exploit chez un cas désespéré comme lui ? Hashirama peut-être, avec Madara. Ces deux-là s'étaient aimés avant de s'entretuer, Sasuke n'en doutait pas. Cette fête de Noël en était une des nombreuses preuves. Tous savaient que cet évènement avait été introduit par le Shodai Hokage, et étrangement, en lisant les archives de son clan, Sasuke avait découvert la date de naissance de son ancêtre : le vingt-quatre décembre. Un simple hasard ? Sasuke n'y croyait pas. Noël, un symbole de paix et d'amour, un hommage inconscient à Madara Uchiwa que tous ignoraient. Hashirama Senju aurait été bien capable de cela. Le Nidaime soupirait bien assez à cause du caractère expansif et des idées saugrenues de son aîné. Ce dernier était comme Naruto : optimiste, spontané, honnête, un homme qui savait voir les gens, qui regardait avec le cœur et ne se fiait pas aux rumeurs. Le blond avait bien trop souffert des messes basses et injures dans son enfance qu'il n'approuvait nullement de juger quelqu'un sur quelques ragots. Naruto avait toujours vu le vrai lui, et il appréciait sa vraie personne, pas comme tous les hypocrites qui en ont après son nom :

« Sasuke, je veux que tu reviennes à Konoha, demanda doucement à Naruto. Tu nous manques, à tous, et tu me manques surtout à moi. »

Le brun détourna les yeux, plus intimidé qu'il ne le pensait de sa proximité avec Naruto. Oui, il voulait rester avec lui, mais serait-il capable de revenir à Konoha, comme ça, comme une fleur, après seulement trois mois d'errance. Les villageois le regarderaient étrangement, et alors ne deviendrait-il pas comme Madara, écœuré par le mépris des autres pour son clan. Possédait-il assez d'affection pour le blond pour supporter cela ?

Une nouvelle bise souffla, ranimant la flamme devant eux qui commençait à faiblir. Sasuke la regarda danser au rythme du vent, et ses pensées se tournèrent à nouveau à nouveau vers son ancêtre. Madara possédait un chakra de nature Katon, comme lui et tous les autres Uchiwa. Hashirama, quant à lui, maîtrisait le Mokuton. Le feu et le bois se combinent pour s'enflammer, provoquer une grande vague de chaleur avant de s'éteindre. Avec le vent, c'était différent. Les braises pouvaient toujours revivre. Tant qu'il y aurait du vent, même minime, la flamme ne s'étendrait jamais. C'était cela qui faisait toute la différence avec leur prédécesseur. Naruto avait révélé un chakra de nature Fuiton, capable de vous emporter tel un typhon. Ses petites bourrasques veilleraient à toujours ranimer sa flamme. Avec lui, Sasuke ne craignait rien, certainement pas la solitude.

Le bun posa son unique main pâle sur une joue ornée de moustaches avant de demander :

« Tu ne m'abandonneras pas ?

- Bien évidemment que non, s'empressa de répondre son ami qui avait déjà passé une main au bas du dos de l'Uchiwa, le faisant frissonner. Sasuke, je ne peux plus te le cacher. Je t'aime. Je t'en prie, reviens à Konoha. Je veux vivre avec toi. Je te protégerai, je t'aiderai à te réintégrer. Si tu ne veux pas de ce genre de relation, alors je prendrai sur moi. Mais je t'en supplie, reviens, tu me manques trop. Ne pas te voir, ne pas savoir où tu es, ç'en ait devenu insupportable. »

Le dernier Uchiwa n'y tint plus. D'un geste rapide, il tira le visage du blond et déposa ses lèvres sur les siennes. Le baiser était simple et léger, mais tellement plus doux que le malencontreux accident d'il y a cinq ans. Naruto ferma les yeux et rapprocha leur deux corps. Il colla leur buste, appuya d'une main sur les épis noirs, enserra la taille de son autre bras, et enfin il faufila une de ses jambes sous celles de Sasuke qui se laissa faire, rythmant ses lèvres à celles de Naruto. Ce dernier décida d'approfondir le baiser en venant caresser les lèvres du bout de la langue, et son partenaire lui permit cette intrusion dans sa cavité buccale, faisant maladroitement danser sa langue avec celle du blond. Le brun ramena son unique main vers lui afin de farfouiller dans son poncho à la recherche d'un objet qu'il avait gardé caché. Quelque seconde plus tard, l'Uzumaki mit fin au baiser en sentant un poids déposé sur sa cuisse :

« Joyeux Noël » dit simplement Sasuke qui attendait la réaction de son nouveau compagnon.

Il venait de déposer un médaillon rond, rouge et argenté, avec un motif d'étoile ou de fleur qui rappelait fortement le sharingan de son ami. Au dos, Naruto reconnut l'emblème du clan Uchiwa. Mais en y regardant bien, la partie haute et arrondie de l'éventail se trouvait ornée de traits, comme si une spirale était dessinée à l'intérieur même du symbole rouge et blanc, faisant ainsi fusionner l'insigne de leur tribu respective :

« C'est mon cadeau ? demanda Naruto qui connaissait déjà la réponse.

- Je ne l'ai pas fabriqué moi-même, mais comme toi, j'ai longtemps cherché un cadeau qui te plairait. Pendant notre convalescence, tu m'as dit que tu avais perdu un collier auquel tu tenais beaucoup*, et donc j'ai pensé à ça.

- C'est une excellente idée. Je l'adore, merci beaucoup, jubila Naruto qui se jeta sans retenu au cou de son ami. Je le porterai toujours.

- Il y a autre chose. Ferme les yeux. »

Tout excité, Naruto s'attendait à recevoir un nouveau baiser, aussi il s'empressa d'obéir, se léchant les lèvres à l'avance, trouvant celles de Sasuke fraîches mais délicates et agréables, avec un léger goût de thé. Seulement, la délicieuse sensation ne revenait pas. A côté de lui, il entendait Sasuke gesticuler et grogner un peu avant de finalement lui permettre de rouvrir les yeux. Le blond ne pensait pas retrouver un bonheur similaire au jour où Sasuke avait finalement accepté de saisir sa main. Mieux encore que le bijou qui ornait désormais son cou, Naruto pleura pour de bon cette fois quand il vit son nouveau compagnon, sourire aux lèvres, son bandeau frontal rayé passablement érigé sur son front. L'Uzumaki comprenait maintenant les jurons qu'il avait entendus quelques minutes plus tôt. Il ne devait pas être aisé de le nouer avec une seule main, et pourtant il y était parvenu. Sasuke était décidément incroyable.

Devant son absence totale de réponse, Sasuke prit l'initiative d'arrêter les larmes du blond avant de se lever et lui tendre son unique bras pour lui suggérer :

« On rentre »

Sa décision, il l'avait déjà prise depuis un moment. C'était justement pour cela qu'il avait proposé ce rendez-vous à Naruto, en cette sainte nuit de Noël. Il n'en doutait pas, mais il voulait quand même s'assurer que son nouveau compagnon ne commettrait pas la même erreur qu'Hashirama Senju, qu'il n'allait pas l'abandonner sous le poids des responsabilités et de la pression sociale. Les erreurs d'hier faisaient le monde d'aujourd'hui, et Naruto avait définitivement changé leur destin de réincarnation d'Ashura et Indra en stoppant leurs futiles affrontements.

Sasuke attendit que le blond saisisse sa main et le guide jusqu'à cet havre de paix, débarrassé des ténèbres qui le rongeait autrefois, afin qu'ils puisse vivre ensemble l'idylle que leur ancêtre n'avaient pu poursuivre.

\**-**/

* Tu m'as dit que tu avais perdu un collier auquel tu tenais beaucoup : Je fais bien entendu référence au collier du shodai que Naruto hérite de Tsunade et qui se détruit je ne sais plus exactement quand. En fait, bien que je connaisse la fin, je n'en suis qu'au début de shippuden (que je connais uniquement dans ses grandes lignes). Mon idée de base était que Naruto offre à Sasuke ce fameux ce fameux collier, mais j'ai préféré vérifié, et j'ai bien fait puisque j'ai appris que le collier s'est brisé.

Petite anecdote perso, le collier qu'offre Sasuke à Naruto, j'ai le même mais avec le sharingan de Madara.

Note de l'auteure : Merci d'avoir lu

Ce chapitre était censé être le plus court, au final c'est le plus long des trois. Je le trouve même un peu lourd pour un simple chapitre et ça peut vous rebuter (je ne ferai plus de chapitre si long). En tout cas, sachez que cette fic sera publiée et disponible longtemps sur ce site. Donc quel que soit le moment où vous la lirez, je serai toujours heureuse de recevoir un commentaire, même longtemps après sa parution. J'adore le HashiMada, j'espère partager ma passion de ce couple avec d'autres.

J'espère que vous avez compris l'état d'esprit d'Hashirama dans ce chapitre et sa remise en question. Personnellement, j'adore le shodai, mais j'avais trouvé fort ses paroles « Je ne pardonnerai quiconque s'en prendra au village… ». La riposte de Madara avant de "mourir" « Le village plongera dans les ténèbres » a quand même eu lieu malgré cette remise en question d'Hashirama, avec le personnage de Danzô, souvent disgracié mais que je trouve fortement intéressant.

J'aime beaucoup le HashiMito aussi, et je suis donc contente d'avoir un peu écrit sur eux. Je trouve dommage qu'on n'en sache pas plus sur Mito Uzumaki, car je trouve que cette kunoïchi a beaucoup d'allure.

La dernière partie avec Naruto et Sasuke est là pour démontrer que le shodai a réussi son objectif. A cette époque, Naruto n'a jamais eu pour intention et n'a pas tué Sasuke. Au contraire même, il l'a sauvé, cette génération a donc dépassé la précédente. Ceux qui connaissent les chapitres finaux ont dû remarquer que j'y ai fait quelques modifications. Déjà il n'y a pas de SaiSaku à la base (c'est un couple que j'aime beaucoup aussi et je suis contente d'y faire un petit clin d'œil), et on ne sait pas ce que devient la Team taka et Orochimaru, ce qui me désole car ils font partis de mes personnages préférés. J'ai fourni une explication brève et rapide, mais j'avais initialement débuté autre chose avec cette dernière partie. J'ai écrit trois pages avant de me dire que ça devenait trop long. Et puis l'histoire me plaisait bien, et donc, au lieu de l'effacer, je l'ai mis sur un autre fichier en vu d'un éventuel OS.


Réponses aux reviewer sans compte

Guest (du 24/12/2014) : Thanks so much, you give me a fabulous gift. HashiMada is actually my favorite Yaoi Pairing in Naruto.