Je n'osais pas bouger.

Ce n'était pas du tout ridicule.

J'étais simplement un père responsable.

Je veux dire, n'importe quel parent SAIT qu'il ne faut pas réveiller un bébé qui dort.

Et le fait que ledit bébé ne soit pas humain ne change rien à l'affaire.

Ni d'ailleurs que ce ne soit plus vraiment un bébé.

Apollon, 1 an aujourd'hui, me faisait l'immense honneur de dormir sur moi.

Et en ronronnant, s'il vous plait.

Apollon méritait bien son nom. Au début quand nous sommes allés choisir notre futur chat, ma fille et moi, parmi la portée qu'avait eu la chatte de mon adjoint, j'étais légèrement sceptique sur le prénom qu'elle avait choisi, qui me paraissait bien lourd pour les maigres épaules d'un chat de gouttière.

Sauf qu'Apollon était à présent un grand beau chat, au pelage tigré magnifique, avec les deux yeux jaunes les plus expressifs que j'avais jamais vu.

Et gentil avec ça.

Toujours à venir sur Bella ou moi pour des caresses et des frottements de tête.

Apollon c'était un peu la cerise sur le gâteau.

Moi qui avais végété pendant pratiquement 15 ans, menant une vie dépourvue de réel intérêt, je me rendais compte que j'avais en quelque sorte fait un travail de deuil.

Celui d'une vie de couple avec une femme que j'avais réellement aimée, celui d'un rôle de père que je pensais avoir perdu.

Sauf que ce rôle j'aurais pu le tenir. Je m'étais montré lâche, et défaitiste.

Mais j'avais évolué. Il est impossible de rattraper le temps perdu mais j'avais retrouvé ma fille.

Qui m'avait ouvert les yeux.

Bella était jeune, belle, intelligente, encore un peu naïve sans doute. Elle était ma fille, depuis sa naissance, mais j'étais enfin son père, plus que je ne l'avais jamais été. Mais elle était bien plus que cela. Elle représentait la vie, en quelque sorte. Elle a été, à deux reprises, un immense tournant dans ma vie. La première fois en venant au monde, bien entendu, et peut-être plus encore en demandant à venir vivre avec moi.

Elle m'a permis de me positionner dans sa vie, en tant que père, mais aussi dans la mienne. Je suis redevenu moi-même. En devenant père à temps plein je suis aussi redevenu un homme. Un homme amoureux. Notre histoire, à Sue et à moi, était devenue solide, durable. J'étais heureux, tout simplement.

Bella vivait elle aussi une histoire d'amour avec le petit Cullen. Edward était gentil avec elle. Et si au début j'attendais qu'elle le quitte, se rendant compte qu'elle était trop jeune, ce qui n'est évidement pas arrivé, je m'étais habitué à lui.

Il venait souvent chez nous.

Et un jour, quelques temps après l'arrivée d'Apollon chez nous, il est arrivé en voiture et s'est garé dans l'allée. J'étais à la fenêtre du salon et il ne se savait pas observé.

Il s'est avancé vers la porte mais Bella a du faire du bruit à sa fenêtre, à l'étage, et il a levé la tête vers elle.

Il l'a regardée en souriant. Cela n'a duré qu'un instant parce qu'il a continué son chemin pour entrer mais j'ai vu son regard et son sourire.

J'y ai lu l'admiration, la tendresse, l'amour.

Il aimait ma fille. Pour de bon.

J'ai soupiré et j'ai su que je ne pouvais qu'accepter la place qu'il tenait dans nos vies.

Il a toqué à la porte et je lui ai ouvert.

Bella descendait déjà les escaliers, le chaton dans les bras.

Après m'avoir serré la main, il a marché vers ma fille, il se sont embrassés puis il lui a pris le chat des mains et l'a caressé en le couvrant de compliments. Bella rayonnait.

Puis il a sorti quelque chose de son sac à dos. C'était une couverture, pas très bien tricotée.

Il a souri :

« C'est pour Apollon, c'est Alice qui l'a tricotée ».

J'ai retenu mon rire et je pense que Bella aussi.

C'était gentil de la part d'Alice, et on sentait qu'elle y avait mis tout son cœur.

Depuis, Apollon adorait dormir sur cette couverture. Sue disait souvent que je traitais ce chat comme mon bébé et qu'il avait même une couverture doudou.

Ces (gentilles) moqueries ne m'atteignaient pas.

J'avais évolué. Je n'étais plus un vieux célibataire. J'avais une fille, une compagne, des beaux-enfants, un meilleur ami, des amis, un chat.

J'étais heureux, tout simplement.

Et j'étais vraiment content d'avoir ce chat, les WE comme aujourd'hui où Bella passait sa journée chez les Cullen et que Sue était de garde à l'hôpital. J'avais Apollon pour me tenir compagnie, puisque je n'étais plus habitué à la solitude.

Contrairement à ce que j'avais crains au début, il n'avait jamais été question que Bella reparte vivre avec sa mère. Elle aussi était heureuse de vivre avec moi. Nous nous ressemblions plus que l'on aurait pu croire.

En caressant mon chat j'ai enfin mis les mots sur notre situation : nous étions devenus une famille. Et c'est plus que je n'avais jamais espéré de la vie.

FIN

Ndla : Je suis vivante -) . J'espère que cet épilogue vous a plu. Merci à qui me lisent encore !