Disclaimer : Les personnages appartiennent à Marvel, l'univers alternatif et l'histoire à moi. Le titre vient d'une chanson du groupe Fauve, Jeunesse Talking Blues.

Rating : M – sexe, langage fleuri, troubles mentaux, présence de Wade Wilson et autres.

Précisions : il est peut-être utile de dire qu'il y a les personnages d'Avengers et du MCU, mais pas que, parce que... Parce que j'avais envie de Spideypool. Ce qui est une excuse amplement suffisante, honnêtement. Du coup dites bonjour à Peter et Wade, et parce qu'il était pas possible de mettre tous les personnages et pairings dans la description, je signale aussi du Starbucks et du Clintasha.

Note : Ca y est. Je poste mon gros délire, mon petit bébé. Cette idée traînait dans un coin de ma tête depuis un moment déjà, alors j'ai décidé de l'écrire pour le NaNoWriMo. Qui était complètement dingue, complètement génial, et que je referais. L'histoire, c'est un Coffeeshop AU comme on en fait plein, mais j'ai mis beaucoup de moi dedans, et j'y tiens, tout ça. Maintenant je vous laisse lire, dans l'espoir que ça vous plaise.

Playlist : Juste Amen Omen de Ben Harper cette fois-ci, parce que ce premier chapitre est trop court pour plus de chansons.


Chapitre 1

« Welcome to the Nerd, nerd »


« Ça va passer. »

Ça sonne comme une grosse blague ce n'est pas loin de l'être c'est peut-être les mots les moins réconfortants que l'on puisse entendre. La vérité, elle est là : ça ne passe pas. Ça ne passe jamais. Ça te colle à la peau, et au cœur. Ça rentre en toi, ça le devient. Ça te cloue au lit pendant des jours, ça reste en tête pour toute la vie. Ça se calme, parfois, et tu oublies puis ça te reprend aux tripes pour te rappeler que c'est là et bien là, que ça reviendra. Et tu prétends que t'es fort alors qu'une partie de ton monde, tout ce que t'as réussi à construire en quelques mois, quelques années, quelques vies, tout s'écroule. Tu prétends que t'es fort et tu dis que ça va en essuyant du revers de ta manche tout ce que tu viens de pleurer, de vomir, de cracher. Peut-être que tu es fort, mais pas assez. Tu t'es fait battre. Tu es à terre, et le décompte commence.

Ça ne passe pas. Ça ne passe jamais.

Mais tu te relèves faut vivre avec, qu'est-ce que tu veux.

T'es pas assez fort pour battre ça, mais tu peux te battre, toi.


Lorsqu'il fait son apparition dans le Nerd'Coffee, Peter se demande un instant s'il ne s'est pas trompé d'endroit.

Les murs, en bois sombre, y sont couverts d'affiches et de photos. A sa gauche, Uma Thurman transperce de son regard revolver les passants depuis l'affiche de Pulp Fiction. Au dessus du bar, Peter apparçoit à travers les gouttes d'eau qui brouillent ses lunettes les visages d'un Kirk et d'un Spock. Au dessus du comptoir, un grand panneau indique les prix aux clients et à côté, un tableau noir dit « Cocktail USS Enterprise disponible tous les vendredis, trekkies ». Il y a une guirlande de lumières qui décore tous les mots, constituant la plus grande partie de l'éclairage à cet endroit.

Devant lui, sur les tables qui sont rassemblées dans la pièce, se tiennent de petites lampes colorées qui permettent aux clients de se voir entre eux. Au fond à droite, on aperçoit une étagère, croulant sous les livres le coin adjacent a droit à plus de lumière, et deux étudiants y sirotent le contenu de leurs verres en lisant des ouvrages gros comme des briques.

L'endroit donne l'impression à Peter d'être une légende urbaine, du genre qui n'apparaît qu'aux âmes égarées, les jours de pluie, entre dix-neuf heures et quatre heures du matin.

Et globalement, c'est plutôt génial.

La seule chose qui cloche, c'est qu'il n'était pas censé arriver dans un café.

Mais I put a spell on you se met à résonner entre les murs et il se demande si ce n'est pas une raison de plus de rester. Dehors, il fait froid et noir, et lui, il est trempé jusqu'aux os, épuisé. C'est un jour trop important pour que quoi que ce soit tourne mal.

Un an, jour pour jour.

–Je peux t'aider ?

Devant lui, une jeune femme est apparue. Grands yeux, longs cils. Le désordre de ses cheveux bruns, l'orangé de ce semblant de lumière derrière elle et l'atmosphère de l'endroit lui donnent l'aura un peu magique d'une créature fantastique. Elle a de nombreux pins sur sa veste. En dessous, sur son tablier, Peter lit : « Darcy ».

–Tu es seul ? Elle demande.

–Oui, se reprend Peter. Ouais, juste moi.

Elle lui fait signe de la suivre et l'emmène au fond de la pièce, dans le coin. Peter prend place sur un siège bleu. Darcy s'en va et puis revient avec une carte. Elle lui dit qu'elle viendra prendre sa commande quand il aura choisi.

Il est seul sur la table mais pas seul dans la pièce.

On est vendredi soir. Un an, jour pour jour.

Tony Stark prend une gorgée de son cocktail aux couleurs dorées. Clint, lui, achève sa deuxième bouteille de bière, en prenant de grandes gorgées. Quand il boit, il a l'air désespéré, et quand il la repose, il ressemble à un artiste fatigué de créer depuis trop longtemps. Clint ne l'est pas il aime ce qu'il fait. Tony aussi. La passion et l'argent l'un comme l'autre, ils ont les deux. Sur le papier, ils sont heureux. Et vraiment, Clint n'a pas à se plaindre de grand chose. Mais il est un peu ce pote déprimé, mélancolique, le pote alcolo qui s'improvise parfois poète nécessaire à tout groupe d'amis.

C'est ce qu'ils lui disent pour l'emmerder Clint ne se considère ni poète, ni alcolo et il n'aime pas l'idée d'être comparé à un cliché, mais il a arrêté de faire la gueule.

–Je sais plus quoi faire avec elle, il dit. Ce serait moins dur si elle était comme ça tout le temps, tu vois. Si elle était froide en permanence, je m'y serais fait. Mais elle a comme des sautes d'humeur, je sais pas. Hier, elle était adorable, du genre je me blottis contre toi devant la télé et je m'endors sur ton épaule avant la fin du film. Et puis ce matin, d'abord elle fait comme si j'existais pas, puis quand je lui parle, elle me lance des regards assassins. Comme si elle m'avait pas pardonné un sale coup de pute que je lui aurait fait il y a deux ans. Mais j'ai rien fait du tout à ma connaissance, tu vois, je sais pas ce qui lui prend et...

Ni poète, ni alcoolique. Sans aucun doute déprimé et mélancolique.

Tony, Tony Stark : C'est lui l'alcoolique et pire encore. C'est celui qui sort trop, fume trop, boit trop. Tony, c'est celui qui rentre dans des soirées auxquelles il n'est pas invité, qui finit la nuit avec une fille sur les genoux, un garçon entre les jambes et le nez dans la coke.

Tony Stark, c'est un homme le jour. Une fois la soir tombé, c'est une créature de la nuit. Lorsqu'il n'est pas dehors jusqu'à des heures improbables du matin, il est là, dans le café, un verre aub out du bras, ou à la fenêtre de son appartement, une cigarette au bout des doigts. Il ne dort que le dimanche, et tout ceux qui le connaissent suffisamment ont arrêté de se demander comme il fait pour garder les yeux ouverts.

–Clint, mon pote, dit-il. C'est ça ton problème. Tu te prends trop la tête.

–Je te jure que si tu la joues encore rocker solitaire et sans attache à coup de « de toute façon les sentiments ça fout toujours la merde, arrête de vouloir quelque chose de sérieux, ça change la vie », je te casse la gueule.

Tony lève les mains, en témoignage d'innocence.

–Ok, ok, j'dis plus rien !

Il prend une, deux, trois gorgées de son cocktail.

–N'empêche que j'ai raison, finit-il par dire malgré tout, et Clint lève les yeux au ciel. Et je dis ça pour toi. Te méprends pas, j'ai beaucoup de respect pour elle, tu sais que je l'adore. Mais elle te traite un peu comme de la merde et ton attitude fais peine à voir.

–Je t'emmerde, Tony.

Le sujet est délicat. Le sujet, c'est Natasha.

Clint parle d'elle dès qu'il en a l'occasion, mais il est difficile de lui en parler, à lui, parce que le moindre mot de travers et c'est foutu. Elle est parfaite, elle est intouchable. Elle lui fait du mal mais pas trop, et puis elle, elle doit avoir ses raisons. De toute façon, elle est tellement plus que ce qu'il mérite, alors elle a le droit. Il s'estime heureux qu'elle l'ait remarqué, Natasha.

Il y a un silence entre eux. Clint attrape à nouveau sa bouteille de bière avant de se rendre compte qu'il ne reste plus rien au fond.

Il reprend.

–Tu penses qu'ils font quoi, elle et Steve ? Parce que s'ils faisaient que boire des verres ils pourraient venir ici, non ? C'est pas un peu con d'aller ailleurs quand t'habite ici et que t'as des réductions sur la boisson ?

–J'en sais rien, mec. Ils vont peut-être au ciné. Steve aime bien les films.

–Je suis jamais allé au ciné avec elle.

–Tu m'a dit y'a une semaine que vous aviez regardé le dernier Tarantino chez elle. Tu serais pas un peu une gonzesse, des fois ?

–Oh, mais ta gueule.

Tony soupire. Clint l'entend dire, à mi-voix, que « il est que dix-neuf heures et t'es déjà si agressif, j'ai peur pour ma vie ».

A un moment, Tony remarque Darcy, qui traverse la salle. Elle passe entre les différentes tables, y dépose trois verres et un muffin, puis elle se dirige en direction du coin. Pas le leur, l'autre.

–Eh, fait-il. Tu connais le gars, là bas ?

Les nouvelles têtes sont assez rares au Nerd'Coffee elles n'arrivent pas seules, du moins, pas la première fois.

Et pourtant, Peter est arrivé là seul, ce soir.

Darcy, devant lui, lui demande s'il a fait son choix.

–Je vais prendre un verre de lait avec un cookie.

Elle prend note sur son calepin.

–C'est marrant, dit-elle avec un sourire. Je t'ai jamais vu par ici. Aussi étonnant que ça puisse paraître, les âmes égarées se font rares, par ici.

Peter passe une main derrière sa nuque, par habitude. Il se rend compte qu'il porte encore la capuche de son sweat rouge, vieux comme le monde, et qu'elle est trempée. Il l'enlève, puis enlève aussi ses lunettes pour les essuyer du bout de sa manche qui sous sa veste, a échappé à la pluie. Il sourit. Une âme égarée, hein ? Voilà ce qu'il est.

–Pour tout vous dire, dit-il, je suis quasiment sur de pas avoir atterri là où je voulais aller. Mais je suis pas mécontent, cela dit. La déco et la musique m'ont fait de l'œil.

–Reste tant que tu veux, dit Darcy, et elle range son calepin dans la poche de son tablier. Tu devais aller où, à la base ?

–Visiter un appartement. Je pense pas m'éterniser, quoique je suis déjà en retard alors ça me semble un peu foutu-

Il s'interrompt quand il voit la paume de Darcy s'écraser contre son front, heurtant ses lunettes épaisses.

–Mais quelle conne, s'exclame-t-elle, l'air amusé cependant.

Et Peter ne comprend plus grand chose alors qu'elle rit. Lorsqu'elle arrête, elle prend place sur la chaise en face de lui. Une autre serveuse passe, et elle l'interpelle. Elle lui dit, en lui tendant son calepin :

–Kate, j'ai à discuter avec ce jeune monsieur, tu veux bien être un ange et prendre mes commandes ? J'en ai pour dix minutes.

Puis Darcy se retourne à nouveau vers Peter. Elle le regarde dans les yeux.

–Tu m'excuseras, hein, j'suis désolée. Je suis terriblement tête en l'air, parfois. J'ai eu des tas de choses à faire aujourd'hui, et j'avais complètement oublié, c'est pas très correct. Le truc, c'est qu'à la base, je suis pas serveuse. Là, j'aide Kate. Elle est toute seule ce soir vu que Billy a des travaux pratiques la semaine prochaine et que j'ai pas envie de me retrouver avec son redoublement sur la conscience. Du coup, en vrai, je suis la gérante, en fait. Du café. Et de l'immeuble.

Elle fait une pause, puis comme Peter ne réagit pas, elle ajoute :

–D. Lewis, c'est moi. On s'est parlé par mail.

Oh. Il réalise, soudain.

Maintenant, c'est Amen Omen qui passe. Les gens parlent par dessus, mais la guitare reste la plus forte, la plus belle. De toute façon, Peter est un peu ailleurs et il n'entend plus que le murmure de la musique. Il n'entend pas non plus la fille à côté, qui raconte à ses amis comment elle a recueilli un chaton trouvé dans les poubelles. Il n'entend pas Kate qui proteste en repassant à côté d'eux, répétant à Darcy de se dépêcher. Il entend encore moins Clint et Tony, au fond de la pièce.

–Maintenant que j'y pense, Darcy avait parlé d'un nouveau locataire, non ? Demande Tony, les yeux toujours posés sur eux.

–J'sais pas, marmonne Clint. Tu sais, j'habite pas ici, moi, à la base.

–Chipote pas, c'est tout comme.

–Je sais même pas si je reste ou si je rentre chez moi, ce soir. J'ai envie de rester, mais... T'imagines si elle me fout à la porte ? Autant me barrer tout de suite.

Tony roule des yeux.

–C'est jamais arrivé et merde, Clint, t'as le double des clés. Arrête de psychoter, tu me stresses.

Il fait une pause.

–Tu penses qu'il va rester ?

Il s'est remis à observer Darcy et le type, au bout de la salle.

–Pourquoi tu tiens absolument à le savoir ?

–Il a l'air d'un lycéen. Je me demande combien de temps il va survivre.

–C'est sur qu'avec toi dans les parages...

–Encore moi, toujours moi. Tu veux une clope ?

–Volontiers.

A l'intérieur, Ben Harper chante toujours.

Amen omen, can I find the place within to live my life without you ?

Peter rit dans sa manche.

–Merde, dit-il. J'ai l'air stupide. J'aurais du dire directement que je venais pour l'appart', mais je m'attendais pas vraiment-

–A jeune femme frâiche et jolie ? Tu peux le dire. Quand il est arrivé, et c'était y'a cinq ans, Tony m'a dit qu'il visualisait un cinquantenaire bedonnant.

–Non, non ! Fait Peter en riant. Je m'attendais pas au café, surtout. Je sais pas, vu le prix, j'avais un immeuble assez conventionnel en tête.

–Ouais, pardon aussi. Faudra que je pense à prévenir, sur l'annonce. Remarque, je me dis que c'est mieux de découvrir l'endroit de soi-même. C'est assez particulier, alors autant être fixé dès le début. Ca te plait ?

–Si je pesais mes mots, je dirais que c'est plutôt pas mal. Mais je vais être franc et te dire que c'est absolument fantastique.

Honnêtement, Darcy avait déjà du le deviner aux étoiles dans ses yeux.

–Je te remercie, dit-elle.

–Je suis quand même curieux de savoir, fait Peter. Si c'est pas indiscret. T'es la fille du riche patron d'une agence immobilière qui te laisse faire ce qu'il veut avec sa propriété ?

–Même pas. J'avais une tante, un peu cinglée, un peu fantasque. Je l'avais pas vue depuis que j'étais gamine, elle avait fait le tour du monde avant de s'installer en Inde. Y'a cinq ans, on m'a appelé pour m'annoncer qu'elle était décédée et qu'apparemment, elle avait un gros paquet de thune et six immeubles à son nom un peu partout sur terre, et qu'une partie de tout ça me revenait. J'ai utilisé l'argent pour le Nerd, mais y'a toujours les chambres au-dessus. C'est assez confortable, assez clean. Les gens sont un peu tarés, mais ils sont pas méchants. Je connais personnellement chacun des locataires de cet immeuble et je les aurais pas gardés ici s'ils étaient des teignes c'est bizarre de vivre avec eux, mais on s'y fait vite.

La serveuse – Kate – arrive avec la commande de Peter. Elle dépose sur la table le verre de lait et un cookie trop grand pour tenir dans une main.

Et alors que Darcy parle, il oublie presque quel jour on est.

Un an, jour pour jour.

–Bon, fait Darcy. Je dois te laisser, comme je t'ai dit on est que deux aujourd'hui. Kate va me faire la gueule si je vais pas l'aider. Je t'offre ta consommation. Quand t'auras fini, viens me voir et je prendrais deux secondes pour te montrer où tu dors et on t'installera ce matelas que je garde chez moi pour quand j'ai de la visite. Et je te prête des draps propres. Le temps que tu déménages, où que tu t'achètes de quoi dormir, tu m'as comprise. Ah, et tu peux fumer dans l'appartement, mais pas dans le café. Ça tiendrait qu'à moi, j'aurais mis un coin fumeur quelque part puisque la quasi-totalité de cet établissement , mais les lois américaines sont ce qu'elles sont.

–Tu me fais pas visiter avant.

Darcy sourit.

–Sois pas con.

Peter aussi.

–Bienvenue au Nerd, nerd.

Il y a un an, jour pour jour, la vie de Peter Parker s'est effondrée. Son monde : écroulé, détruit, ruiné.

Et aujourd'hui, seulement aujourd'hui : Peter Parker a décidé de vivre.


A dans une semaine!