Bonjour à tous et bienvenue dans ma nouvelle fiction (oui, oui, dedans, vous êtes embourbés jusqu'aux genoux, faîtes gaffe)

C'est un gros projet qui me tient à cœur depuis le mois de février et que je rédige depuis lors. Je vous passe le calcul du nombre de feuilles gaspillées, de crayons cassés, d'ongles mordus, de cheveux arrachés et de réprimandes familiales ("mais fais autre chose, bon sang!") mais le voilà enfin, suffisamment abouti pour que je prenne le risque de le publier à présent !

A l'heure actuelle, j'en suis au chapitre 46, avec 909 pages et 515 004 mots très exactement et la suite est bien partie !

J'essaierai, une fois n'est pas coutume, de prendre le temps de répondre aux reviews -si j'en reçois- et de publier un chapitre tous les dimanches vers midi, sauf empêchement.

Que dire d'autre... Les personnages ne m'appartiennent pas, ils appartiennent à J.K. Rowling et je ne fais que les emprunter et ceci sera valable pour toute l'histoire. Il y aura de nombreux personnages créés qui n'auront bien évidemment qu'une place secondaire, les principales étant pour Harry, Ron et Hermione mais ces personnages là m'appartiennent et j'aimerais les garder, merci.

Je vous souhaite à tous une bonne lecture et je m'emploierai à répondre à toutes vos questions si vous en avez et je tiens également à préciser que les premiers chapitres ne sont pas totalement représentatifs de la suite de la fiction mais ils sont nécessaires pour démarrer l'histoire !

Bonne lecture !


CHAPITRE I - FUITE


En cette fin de matinée du dimanche 24 décembre 1994, tout le petit quartier de Privet Drive était en effervescence. Les parents voyageaient des coffres de voitures aux garages, tandis que d'autres occupaient les jeunes enfants loin des paquets suspicieux. Certains terminaient d'accrocher des guirlandes aux maisons, d'autres déblayaient la boue héritée des chutes de neige de la semaine passée. Les enfants faisaient des bonhommes de neige, des batailles de boules de neige et chantaient des cantiques de Noël dans la rue.

Bref, la joie, la bonne humeur et l'attente impatiente de Noël étaient au rendez-vous pour tous.

Du moins le semblait-il.

D'une fenêtre à barreaux à l'étage de la maison portant le numéro 4, un jeune garçon regardait toute cette agitation d'un œil envieux. Sa petite main se posa contre la vitre en évitant sciemment le carreau brisé juste à côté. Il frissonna brusquement sous le froid mais l'appuya un peu plus sur la vitre pendant encore quelques secondes avant de la retirer rapidement et de la coller sur sa pommette avec un soupir de soulagement.

De son autre main, il déchira le bas de son vieux tee-shirt et s'en servit pour boucher le carreau brisé, histoire de remonter la température de sa chambre au-delà de zéro. Sa main gelée finit par se réchauffer et il l'ôta de son visage avec une grimace avant de se regarder dans un éclat de miroir accroché à l'intérieur de l'armoire de sa chambre, soulevant les talons pour que son petit mètre cinquante-cinq atteigne le miroir.

Ses cheveux d'un brun foncé presque noir étaient ébouriffés sur son crane, impossibles à coiffer, encadrant un visage émacié et fatigué et masquant une cicatrice en forme d'éclair sur son front. De gros cernes soulignaient des yeux verts, ternes et vides, cachés par de grosses lunettes rondes de guingois dont un des verres était fendillé et dont les branches avaient visiblement été réparées de nombreuses fois au ruban adhésif. Ses lèvres rouge sang étaient si gercées qu'ouvrir simplement la bouche les faisait saigner, amenant le désagréable goût du fer dans sa bouche. Mais ce qui frappait le plus, c'était l'énorme hématome dont la couleur oscillait entre violet et noirâtre qui s'étendait de sous sa pommette jusqu'à sa mâchoire.

Le garçon esquissa une grimace douloureuse avant de se mordre les lèvres dans un gémissement, essayant d'endiguer le flot de sang de la nouvelle gerçure avec sa salive. Il se hissa sur la pointe des pieds pour examiner son hématome avec attention mais retomba brutalement sur ses genoux en se massant la cheville. Il jeta un regard noir à son pied engourdit par le froid et douloureux par sa chute de la veille au soir et frissonna, rabattant son pantalon sur sa cheville et enfilant une deuxième paire de chaussettes de laine. Il farfouilla un instant dans la grosse malle de cuir dur qui lui servait à l'école et tira sur un gros pull de laine rouge vif avec un griffon doré sur le devant. Il l'enfila sur l'autre pull qu'il portait en souriant avec affection. C'était le dernier cadeau de Noël de Madame Weasley, la mère de son meilleur ami.

Le garçon finit par traîner son petit corps maigre jusqu'à son matelas à même le sol et s'allongea dessus, se roulant en boule sous la petite couverture de laine de mauvaise qualité, grelottant de froid.

C'est pour cette raison qu'il ne vit pas les deux silhouettes encapuchonnées s'avancer vers la maison numéro quatre. L'une était de taille moyenne, un mètre soixante huit, avait les épaules carrées et semblait plutôt masculine. L'autre, plutôt féminine, d'un mètre cinquante cinq marchait d'un pas peu assuré, une main accrochée fermement à celle de son compagnon, l'autre devant elle semblant évaluer les distances.

Les deux personnes s'arrêtèrent pendant quelques secondes devant la porte et la plus petite des deux appuya sur la sonnette qui émit un son strident.

La porte s'ouvrit brusquement et un homme imposant les fixa durement. C'était un gros homme avec une épaisse moustache qui accentuait son absence de cou. Ses petits yeux porcins regardèrent les deux capes beiges des arrivants et il eut une expression de dégoût non dissimulée.

- Bonjour monsieur, je m'appelle Hermione Granger. Vous êtes Vernon Dursley ? Demanda la plus petite silhouette d'une voix incertaine.

- Qu'est-ce que vous voulez ?! Aboya l'homme en verdissant quand il vit la longue baguette de bois dans la main de son interlocutrice.

- J-Je… Nous sommes désolés de vous déranger monsieur Dursley mais nous sommes des amis d'Harry et nous aimerions lui parler, s'il vous plaît.

- La plus grande des silhouettes ôta sa capuche, dévoilant des cheveux roux en bataille et des yeux bleus brillant de détermination.

- Monsieur, je suis Ron Weasley, vous vous souvenez de moi ?

- Hors de chez moi ! Potter n'est pas ici ! Eructa l'homme, le visage rouge, une veine bleue pulsant sur sa tempe.

Le rouquin plissa les yeux avec ruse. Visiblement, il se souvenait, sinon de lui, de ses frères. La jeune fille qui l'accompagnait, Hermione l'assassina du regard, semblant déplorer son manque de tact. Mais Ron avait une bonne raison de se présenter, il avait très bien compris comment marchait Vernon Dursley et même s'il n'aimait pas ces méthodes, c'était un cas d'urgence. Ils devaient parler à Harry. Il prit donc une grande inspiration et lança, l'air peu concerné :

- Dommage. Vous me préviendrez quand il reviendra ? Je reviendrai avec mes parents et mes frères, vous vous souvenez ? Fred et Georges… Avec la Praline Longue Langue… Je crois me souvenir que les jumeaux et votre fils étaient devenus amis… Non ?

L'homme passa du rouge au blanc en l'espace d'une seconde et les saisit au collet pour les projeter à l'intérieur avant de fermer la porte avec violence. La menace avait fait son effet visiblement. Il n'avait pas oublié la bande de rouquins psychopathes qui avaient détruit son salon deux ans auparavant et envoyé son fils unique, la prunelle de ses yeux, à l'hôpital avec leurs monstruosités.

Il les fusilla du regard, lança deux ou trois jurons colorés avant de leur pointer une chambre du doigt, à l'étage, aboyant qu'il leur laissait dix minutes et qu'après, il ne voulait plus jamais voir d'abominations dans sa maison. Puis il disparut dans le salon d'un pas lourd.

La porte du salon claqua et on entendit un bruit de casse à l'étage, suivit d'un grognement clairement audible.

Ron et Hermione se regardèrent et montèrent rapidement les escaliers, enregistrant que la première et la quatrième marche en partant du bas grinçaient quand on passait dessus. Ils se regardèrent, déterminés et toquèrent à la porte. Ils entendirent un léger remue-ménage et un pas irrégulier se rapprocha de la porte. Celle-ci s'entrouvrit doucement et un œil vert les fixa avec méfiance. Ron esquissa un sourire et Hermione agita la main avec bienveillance.

L'œil s'écarquilla en les voyant et la porte s'ouvrit brusquement en révélant la tête bien connue d'Harry Potter.

Le garçon recula de l'embrasure, leur ouvrant le passage et les accueillant dans sa misère et referma soigneusement la porte derrière eux avant de demander d'une voix rendue un peu rauque à cause du froid mais restant néanmoins très incertaine :

- R-Ron ? H-Hermione ? Que… Qu'est-ce que vous faîtes là ?

- Oh Harry, il fallait absolument qu'on te parle, fit l'encapuchonnée en resserrant ses bras autour d'elle.

- Une seconde Hermione… Harry, qu'est-ce que tu as fait à ta joue ? S'exclama Ron en lui prenant le menton pour mieux voir la contusion.

La joue non marquée du garçon rougit légèrement alors que son regard se détournait. Il humecta ses lèvres et répondit d'une voix faible, embarrassé au possible :

- C-C'est un accident… Oncle Vernon a voulu me frapper et j'ai eu un mouvement de recul. Alors comme j'étais juste devant la porte de ma chambre, je… Je suis tombé dans les escaliers et je me suis pris la tête de la rambarde de l'escalier dans la joue.

Ron fronça les sourcils, imité par Hermione et Harry rougit de plus belle quand ses deux amis remarquèrent le froid glacial et l'état de la chambre. Ils ne posèrent pas de question sur le matelas à même le sol, le parquet rongé par les mites et le carreau de la fenêtre brisé mais en voyant des bouts de verre éparpillés partout sur le sol et la porte de l'armoire en travers de la chambre, ils s'interrogèrent :

- Euh Harry… Pourquoi la porte de ton armoire est par terre ?

- Ah ça ! Euh… Elle ne tient que sur un gond alors quand les portes claquent dans la maison, ça lâche et elle tombe. Et euh du coup… C'est… C'est pour ça que je ne parviens pas à me voir autrement que dans un éclat de miroir. Le seul bout qui reste sur l'armoire. Hum… Plus important, q-qu'est-ce que vous faîtes ici ?

Le petit brun invita ses amis à s'asseoir où ils le pouvaient et se recroquevilla dans un coin de son lit. Ron s'affala à côté de lui et Hermione se posa avec prudence sur la chaise de bureau à laquelle il manquait un pied. Ils regardèrent Harry bander sa cheville saignante, expliquant que quand la porte de l'armoire avait claqué, un bout de verre s'était logé dans sa cheville. Il l'avait enlevé mais il avait encore mal car elle s'était tordue dans sa chute de la veille.

Hermione fronça nettement les sourcils sous sa capuche, visiblement à deux doigts de descendre régler son compte à Vernon Dursley, magie ou pas magie. Ron lui tapota le genou d'un air apaisant et elle se calma –pour le moment- . Elle soupira et commença d'une voix basse :

- Harry, on a un problème. Un gros problème.

Là, le garçon la fixa d'un œil bovin avant d'énumérer d'un ton chargé de délicate ironie :

- Tu… Tu veux dire, plus gros qu'un troll, un basilic, une meute de détraqueurs ou un dragon ?

- Plus gros oui.

- Oh, murmura-t-il soudain inquiet, excuse-moi… Je t'écoute.

- Pas ici, souffla Ron, on n'est pas en sécurité.

- Ron a raison, ce qu'on a appris est dangereux. On doit s'en aller Harry. Nos valises sont dans un casier à King's Cross et on ne doit pas traîner. Dès qu'ils s'apercevront de notre disparition, ils viendront forcément ici. On doit partir Harry, on a mit les pieds dans un truc qui nous dépasse et on doit s'en aller pour pouvoir réfléchir tranquillement. Vite ! »

Harry prit quand même une seconde de réflexion avant de hocher la tête avec confiance et d'attraper sa valise pas encore ouverte. Il connaissait ses meilleurs amis par cœur, il savait qu'il pouvait leur faire confiance. Si Hermione estimait qu'il valait mieux partir pour se mettre en sécurité avant de lui donner les explications, alors il la croyait.

Ron lui prit sa valise des mains avec un rictus amusé et ils descendirent tous les trois les escaliers en prenant garde à ne pas faire de bruit sautant la quatrième et la dernière marche. Harry ouvrit la porte d'entrée discrètement et laissa passer Ron qui posa la valise sur le perron, attendant Hermione. La jeune fille arriva trente secondes plus tard, essuyant ses mains sur sa cape qu'elle portait toujours et tourna sa capuche vers le rouquin :

- Tu as le bidule expérimental de Fred et George ?

- Oui, oui, t'en fais pas.

Le garçon aux yeux bleus sortit une boule argentée, de la taille d'une balle de ping-pong et la déposa sur le sol, pile au milieu de l'entrée. Harry n'eut pas le temps de poser de questions que Ron referma la porte et reprit la valise en main, s'éloignant rapidement en entraînant Harry par le poignet.

Ce dernier suivit le mouvement, trébuchant tous les trois pas, la douleur à sa cheville se rappelant à son bon souvenir. Hermione qui semblait toujours avoir un sérieux problème d'équilibre le prit par le bras, le soutenant comme elle le pouvait et assurant sa marche de l'autre.

Il lui adressa un léger sourire, soufflant alors que Ron ralentissait finalement, lorsqu'ils s'éloignèrent du quartier de Privet Drive.

Après une bonne demi-heure de marche silencieuse, ils finirent par arriver à un carrefour à la sortie Nord de la petite ville de Little Whinging. Hermione se dirigea vers une cabine téléphonique, couvrant le combiné avec un mouchoir pour masquer sa voix et appela le service de taxi de Londres, pour commander un taxi dans une dizaine de minutes. Pendant ce temps là, Harry et Ron inspectèrent les environs avec discrétion, pour ne pas éveiller la curiosité des résidents.

Ils s'assirent sur un muret d'une maison à vendre, couvrant de leurs jambes le panneau « For Sale » et Hermione reprit la parole à voix basse :

- Harry, on ne doit pas se faire repérer, on a vraiment un énorme problème.

- O-Oui, rassure-toi, j-j'ai compris. V-Vous voulez bien m'expliquer maintenant ? Le taxi nous emmènera où ?

- On va prendre le taxi pour la gare et de la gare, on ira à l'aéroport. On doit s'en aller.

- P-Pourquoi Hermione ? … Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Tu te souviens de ma réaction quand tu as été choisi comme champion pour le Tournoi des Trois Sorciers ? Intervint Ron, l'air mal à l'aise.

Harry baissa les yeux en hochant la tête. Comment aurait-il pu oublier l'expression de jalousie et de trahison de Ron ? Ça avait été le mois le plus long de toute son existence. Il ne voulait plus jamais revivre cette sensation d'avoir perdu son meilleur ami.

- Difficile d'oublier ça, finit-il par murmurer.

- Harry, je-

- N-Non Ron, c'est bon, on en a déjà parlé, excuse-moi d'avoir répondu comme ça. Tu t'es excusé de ne pas m'avoir cru, tout va bien maintenant, c'est tout ce qui compte, souffla-t-il avec douceur.

Le malaise aurait perduré si Hermione n'était pas intervenue :

- Même si je peux comprendre la réaction de Ron, c'était juste trop violent ! Je veux dire, tu connais Ron aussi bien que moi Harry, même mieux !

- Mais… J-Je sais Hermione ! J-J'ai été choqué aussi ! S'énerva Harry en frottant ses doigts gelés.

- Oui et bien sa réaction n'était pas naturelle.

Harry fixa alternativement Ron et Hermione, sans comprendre. Que voulait-elle dire par, pas naturelle ? Il fronça les sourcils en fixant son ami roux, dans une demande muette d'explications. Ron serra les poings, l'air bouleversé et finit par dire à voix basse :

- Je sais qu'une partie de moi à toujours envié cette célébrité que tu avais même si je sais, je sais, que ça t'a coûté ta famille et toute ton enfance. Je sais aussi que ça t'a attiré les pires ennuis et la haine de pas mal de gens, je sais tout ça ! Mais comprends-moi… Je n'ai jamais connu la célébrité alors forcément, une partie de moi a envie de connaître ça autrement qu'en étant le meilleur ami du Survivant. Je sais que c'est horrible Harry… Et je t'assure que je n'aime pas penser comme ça. Ce n'est pas contre toi et ce ne sera jamais contre toi ! C'est avec Tu-Sais-Qui, avec celui qui t'a rendu célèbre que j'ai un problème !

Harry resta muet un instant sous la surprise. Alors… Ron ne lui en voulait pas d'être célèbre ? Il en voulait à Voldemort ?

- D-Donc… Tu envies ma célébrité tout en sachant qu'à ma place tu détesterais ça… C-C'est bien ça ? Demanda-t-il très intimidé et effrayé à l'idée de mal comprendre.

- En quelque sorte oui, dit Ron, aussi mal à l'aise.

- Je… Je crois que je peux comprendre ça… A-Après tout, on envie toujours ce qu'on n'a pas. Je veux dire, regarde, m-moi je t'envie d'avoir une grande famille aimante comme la tienne. Mais je comprends ton point de vue, j-je… Je crois. T-Tu as vécu parmi cette famille et tu as parfois eu l'impression de n'être que le numéro six ? Je suis comme toi, avoua-t-il doucement, j'envie ta famille même si je sais que si j'étais à ta place je trouverais ça pesant.

- Merci Harry, souffla Ron, soulagé qu'il le comprenne.

- Quoiqu'il en soit, reprit la seule fille du groupe, ça m'avait interpelé de voir Ron agir comme ça. On sait qu'il a tout du Gryffondor impulsif mais il n'est pas mauvais ! Et j'ai découvert quelque chose. Tu sais que je faisais des recherches sur la Coupe de Feu ?

- Oui, je me souviens, tu trouvais ça complètement injuste qu'on me force à participer alors que je ne le voulais pas et… Et que je n'étais même pas majeur et tu cherchais le moyen de me retirer du Tournoi. M-Mais quel rapport entre le Tournoi des Trois Sorciers et la réaction excessive de Ron ?

- Aucun, c'est juste que j'étais à la bibliothèque quand je suis tombée sur un livre, perdu entre deux rayonnages. C'était un livre de vieux sortilèges oubliés. J'ai trouvé pas mal de trucs intéressants, mais le plus intéressant, c'était le sortilège de diagnostic magique. C'est un sortilège qui permet de faire une liste de tous les sortilèges actifs sur une personne. Je me suis entrainée plusieurs fois, sur plusieurs personnes, juste avant le début des vacances. J'ai fais chou blanc sur le professeur McGonagall, sur Colin Crivey ou sur le professeur Flitwick. Le professeur Rogue a un sortilège actif sur son avant bras gauche.

- Son avant-bras gauche ? Quel intérêt ? Questionna Harry.

- Aucune idée, dit Ron, on a supposé que c'était pour cacher une cicatrice ou un truc comme ça. Ou peut-être qu'il s'est fait tatouer « Je hais Harry Potter » va savoir.

Harry pouffa de rire. Ce serait bien le genre de Rogue, tiens, de se faire tatouer un truc comme ça. Les garçons rirent doucement, amusé par l'idée alors que la jeune fille levait les yeux au ciel devant leur bêtise. Hermione toussota et reprit le commandement des opérations :

- Les garçons, concentrez-vous. Ce que je veux dire, c'est que j'ai testé le sortilège sur Ron. Il y en a un sur son cœur. Je pense que s'il avait un problème cardiaque, on le saurait et lui aussi. Hors il n'y a rien dans son carnet de santé, on a vérifié avant de partir te voir. Je pense que ça influence ses émotions. Et surtout, ses émotions par rapport à toi et à moi, parce qu'avec ses frères il ne semble pas avoir de réaction disproportionnée.

- Et je n'étais pas au courant, précisa le Gryffondor, c'est pour ça qu'on voulait prendre l'avion pour aller loin, pour enlever ce sortilège et savoir ce que c'est et savoir qui m'en voudrait suffisamment pour s'en prendre à moi ou à quelqu'un qui m'est proche. Parce que ce n'est pas sûr que ce soit moi qui sois visé. Il y a pas mal de gens qui pourraient essayer de se servir de moi pour t'atteindre toi.

- Mais… Pourquoi est-ce que tu n'as pas demandé à tes parents ? Ou à un professeur ? Je veux dire, c'est la première idée que tu aurais eu normalement… Non ?

Harry occulta délibérément le fait que Ron sous-entendait que ce serait encore une fois pour lui faire du mal qu'on s'en prendrait à ses amis. Il ne voulait vraiment pas penser à ça. Plus le temps passait et plus il avait l'impression de porter malheur à ses amis. Et il ne voulait pas s'engager sur cette voix d'auto-apitoiement.

- Hermione et Ron échangèrent un regard étrange avant qu'Hermione ne se lance :

- Harry… Ce sort de diagnostic donne aussi les initiales du lanceur de sort. Je veux dire, si je t'ensorcelle avec un « Jambecoton » et si ensuite je te lance le sortilège de diagnostic, une lumière bleue va entourer tes jambes et les initiales « HJG » vont s'afficher devant le sortilège, tu comprends ? Comme Hermione Jean Granger.

- Oui, je comprends. Quelles sont les initiales en rapport avec ton sort ? Demanda Harry en s'adressant à Ron.

Le garçon s'assombrit brusquement, peu sûr de ce qu'il ressentait à l'idée qu'une personne de sa connaissance aurait pu l'ensorceler avant de répondre :

- Je ne suis pas sûr son identité, parce que je ne connais pas les autres prénoms de ces personnes. Du coup, on s'est basé sur la première et la dernière initiale.

- Ron. Les initiales, insista Harry, les sourcils froncés.

- APWBD, fit doucement Ron, on s'est dit que le « A » et le « D » pourraient convenir à Amos Diggory, le père de Cédric qu'on a rencontré pour la coupe du monde de Quidditch, tu te souviens ? C'est le plus probable, c'est lui qui m'a fréquenté le plus souvent vu qu'il travaille au ministère avec papa.

- Sinon, continua Hermione sans s'apercevoir que Harry avait blêmit, il y aurait Armando Dippet, l'ancien directeur de Poudlard, mais il est mort quand nous avions trois ans et il n'aurait aucune raison de s'en prendre à Ron.

- Et sinon, je me suis renseigné sur les Mangemorts de la Coupe du Monde… Il y en a un qui s'appelle Antonin Dolohov, mais il a été enfermé il y a plus de dix ans à Az-

Harry l'interrompit, le souffle court, les yeux écarquillés :

- Dumbledore…

- … Quoi ?

- Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore… A, P, W, B, D

Ron eut un hoquet et la main d'Hermione disparut sous sa capuche alors qu'elle haletait :

- Harry, c'est son nom complet ?

- Oui, c'est Jedusor qui me l'avait montré dans son souvenir avec le journal, quand on était en deuxième année, j'avais fini par lui demander.

- Oh bon sang… J'espérais presque que ce serait Diggory ou même Dolohov, mais Dumbledore... Ça veut dire que ce n'est pas forcément quelque chose en rapport avec une vengeance contre Monsieur Weasley, c'est certainement plus gros que ça. Et donc, on a quatre vingt dix pour cent de chances que ce soit contre toi, Harry.

Hermione prit une grande inspiration et tourna sa capuche vers Harry :

- Harry, tu comprends maintenant pourquoi on doit s'éloigner de Poudlard ?

- Je comprends. On doit tirer tout ça au clair avant de faire quoi que ce soit. Où est-ce qu'on va ? Si on doit s'éloigner pour longtemps, il faudrait s'éloigner vite et loin parce que le bal de l'école est demain soir et que, même s'ils ont éloigné tout le monde de l'école pour renforcer les protections pendant deux jours, ils vont vite rappliquer ici pour nous ramener à Poudlard.

- Oui, on va aller loin mais ils devraient avoir un peu de mal à nous tracer, j'ai brouillé les pistes, fit Hermione.

- Qu'est-ce que tu as fait ?

- Je t'expliquerai plus tard, voilà le taxi !

Les trois enfants s'engouffrèrent dans le taxi, faisant de leur mieux pour ne pas être reconnus. Hermione et Ron avaient leurs capes et la jeune fille avait donné une paire de lunettes aux verres teintés à Harry qui avait plongé la tête dans une congère pour mouiller ses cheveux et ainsi mieux les plaquer sur son crâne. Le chauffeur de taxi eut un regard un peu méfiant en voyant l'hématome sur la pommette de Harry mais ne dit rien et un beau billet lui fit oublier rapidement l'étrangeté des voyageurs.

Le voyage jusqu'à la gare fut silencieux. Les deux encapuchonnés récupérèrent leurs valises, Hermione acheta des masques à la pharmacie en dépensant les dernières pièces de monnaie qu'elle avait. Les trois jeunes gens posèrent les masques devant leurs bouches et hélèrent un nouveau taxi.

Il les conduisit à l'aéroport en quelques minutes. Une fois arrivés, leurs bagages descendus, le taxi repartis et les enfants mis à l'abri dans un coin, ils firent le point. Hermione leur expliqua qu'elle avait eu quelques heures avant le départ du Poudlard Express vendredi dernier pour compulser quelques ouvrages géographiques. Elle y avait découvert qu'un vieux magicien était un expert en destruction de sorts anciens. Le seul problème se situait dans son lieu de résidence, coupé de tout, éloigné du monde, difficile à atteindre.

Ils discutèrent un moment d'autres détails techniques. Les parents d'Hermione n'étaient au courant de rien et la jeune fille leur avait déjà laissé une lettre leur disant de ne pas s'inquiéter et surtout de ne pas poser de questions à qui que ce soit et qu'elle les recontacterait bientôt. Ron, quant à lui, n'avait donné aucune explication autre que « Je vais faire un tour avec Hermione dans le jardin » Il expliqua qu'il ne voulait pas leur parler de ce qu'il se passait tant qu'il ne savait pas quel était ce sortilège et si ses parents étaient mouillés. Harry lui haussa les épaules en disant que de toute façon, ce n'était pas comme si son oncle et sa tante allaient s'inquiéter s'il disparaissait, alors autant ne pas les prévenir.

Une fois rassurés sur l'avenir de leurs familles respectives, ils prirent le premier vol disponible pour :

- Piranha !

- Non, Ron, pour la troisième fois, c'est Tirana, soupira Hermione, exaspérée alors qu'ils montaient dans l'avion avec grande appréhension pour le seul Sang-Pur du groupe.

Une fois installés et l'avion décollé, ils se permirent d'ôter masques et leur capuche pour Ron. Harry, perplexe regarda la capuche d'Hermione et finit par demander :

- Hermione, pourquoi tu n'enlèves pas ta cape ? Tu la portes depuis ce matin… Il y a quelque chose qui ne va pas ?

La jeune fille eut un rire nerveux et ôta sa capuche, dévoilant son visage. Harry eut un hoquet et Ron baissa les yeux d'un air coupable.

Si on distinguait toujours le visage en forme de cœur, les cheveux broussailleux, le nez en trompette de la jeune Gryffondor, toute la partie gauche de son visage était masquée par d'épais bandages, lui cachant le front, toute la joue et l'œil. Son autre œil noisette évitait sciemment de croiser le regard de ses amis. Harry finit par lui prendre la main en hésitant, l'encourageant à lui raconter.

- Je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé en fait, commença-t-elle. C'était avant qu'on vienne te chercher, juste au moment de sortir des limites du Terrier, j'ai essayé un « Finite Incantatem » sur la poitrine de Ron…

- On a tous les deux pensé que c'était une bonne idée de commencer par là, gémit Ron, alors que Harry posait son autre main sur celle du rouquin, semblant voir sa culpabilité.

- Mais il s'est passé quelque chose qu'on n'avait pas prévu, le sort a semblé rebondir vers moi et je me le suis pris dans l'œil.

- Son œil a commencé à chauffer et elle n'y voyait plus rien, alors j'ai mis une compresse de glace et je lui ai fait un bandage pour que ça tienne, mais je ne savais pas quoi faire de plus. J'ai voulu l'emmener à St Mangouste, même si ça devait retarder nos projets, mais elle a insisté sur le fait de venir te voir, Harry. Je ne sais pas quoi faire pour que ça aille mieux…

Ron se prit la tête dans sa main et Hermione lui tapota brièvement l'épaule, l'air quand même angoissé en se souvenant de son problème d'équilibre et d'évaluation des distances depuis qu'elle ne voyait plus que d'un œil :

- Ron, c'était mon choix. J'avais le sentiment qu'on ne pourrait rien faire de plus. C'est comme si mon instinct me disait que cette blessure allait déboucher sur quelque chose qui allait me servir. Alors, même si ça me gêne et même si ça m'effraie, je vais faire comme toi Harry, je vais écouter mon instinct. Jusqu'ici il ne m'a jamais fait défaut.

- Hermione… Tu pourrais perdre ton œil, tu sais ?

- Je sais Ron, ça me terrifie rien que d'y penser, mais je reste persuadée que c'était la meilleure chose à faire.

- C'est très courageux ce que tu fais, d-dingue, mais courageux, fit Harry, inquiet.

- Pas courageux, dangereux, grommela Ron.

- C'est une impression, mais depuis tout à l'heure, ça me brûle de plus en plus dans l'œil…

- Une fois qu'on sera en Albanie, on ira voir ce vieux sorcier à Shkodër, il guérira ton œil, enlèvera le sortilège du cœur de Ron et on pourra enfin réfléchir au pourquoi du comment de tout ça, ç-ça vous va ? Conclut Harry.

Les deux autres hochèrent la tête. Hermione alla dans les toilettes de l'avion pour déposer une nouvelle poche de glace sur son œil brûlant et refaire le bandage soigneusement. A son retour, Harry fit glisser Hermione entre eux deux et lui prit la main, la pressant pour lui rappeler sa présence et son soutien. La jeune fille sourit et s'endormit rapidement, sa tête retombant sur l'épaule de Ron.

Le rouquin rougit, ce qui fit doucement rire Harry. Les deux garçons discutèrent, le plus petit profitant de ce calme pour commencer à soigner ses lèvres meurtries avec un baume cicatrisant. Ils finirent tout de même par s'endormir en ayant prit soin de remettre leurs masques pharmaceutiques, épuisés de leurs émotions de la matinée.


A suivre...