Et voilà le second et dernier chapitre !

On continue en musique, et cette fois-ci j'ai choisi The Reason de Hoobastank parce qu'elle reflète parfaitement les sentiments de Law envers son cher et tendre Luffy.

Bonne lecture ~


« I'm not a perfect person ; There are many things I wish I didn't do »

J'ai essayé, j'te promets. J'ai essayé de changer. Mais j'sais pas pourquoi, y'a toujours une merde qui se met en travers de mon chemin. Y'en a qui appelle ça le karma. Quand tu fais de mauvaises actions, ça te retombe toujours sur le coin de la gueule, un jour ou l'autre. J'y ai jamais cru à ces conneries. Jusqu'à aujourd'hui...

Je rentre dans la pièce avec appréhension. Il est là, installé tranquillement dans son grand fauteuil, les jambes croisées. Ses éternelles lunettes de soleil vissées sur les yeux et son sourire malsain plaqué sur les lèvres. Je reste debout devant son bureau, tendu.

- Bonjour, Law. Ça faisait longtemps.

- Doflamingo...

Ça fait quasiment deux mois que je ne suis pas retourné au QG. Depuis que j'ai rencontré Luffy, j'ai tout fait pour éviter missions, combines et autres plans foireux qui m'étaient régulièrement confiés.

- Alors, que me vaut l'honneur de ta visite ?

Sa voix calme et posée me donne des frissons. C'est bien le seul mec sur Terre qui me fait flipper. Parce que j'sais exactement de quoi il est capable. Il n'est pas comme toutes ces grandes gueules qui lancent des menaces en l'air. Non, lui, quand il dit quelque chose, il le fait. S'il te sort qu'il va te buter, t'as plutôt intérêt à te planquer et pas dans la ville d'à côté mais à l'autre bout du monde.

Je souffle un grand coup pour me donner un peu de courage. J'ai la conviction que ce que j'vais lui annoncer, ça va pas lui plaire.

- Je veux arrêter.

- Pardon ?

- J'arrête. J'veux plus continuer à travailler pour toi. J'en ai marre, j'ai envie de me ranger.

Il me fixe pendant dix secondes qui me paraissent interminables puis il éclate d'un rire qui me file la chair de poule.

- Tu te moques de moi, n'est-ce pas ?

- Non, je suis sérieux.

Son sourire se fane lentement, une veine du front palpitant fortement et là, j'sens que je vais passer un sale quart d'heure.

- Et tu crois vraiment que ça marche comme ça ? Quand tu es rentré dans la Famille, tu savais très bien que le seul moyen d'en sortir, c'était les pieds devants. Alors, qu'est-ce qu'il se passe dans ta petite tête pour espérer que j'accepterai ?

Il se lève et se poste devant moi. Malgré mon mètre quatre-vingt dix, il me dépasse d'un tête. Ce mec est un vrai monstre. Il soulève mon menton avec un doigt et me force à le regarder.

- Je n'arrive pas à croire qu'un mec aussi pourri que toi ai envie de se ranger. Comment tu as pu changer à ce point ?

J'peux pas lui répondre. Si je lui parles de Luffy, c'en est fini de lui. Et ça, j'pourrai jamais le supporter.

- Rien de particulier, j'ai juste envie de passer à autre chose.

Il a un rictus et me lâche. Il s'assoit sur le bord du bureau, ses lèvres s'étirent en un demi-sourire.

- Tu mens très bien, Law, mais malheureusement pour toi, je sais tout.

Tout ? De quoi est-ce qu'il parle ? Bordel, me dit pas qu'il...

- Je garde constamment un œil sur mes subordonnés, tu le sais pourtant. Comme ça faisait longtemps que tu n'avais pas donné signe de vie, je me suis inquiété... Si, si, je t'assure, rajoute-t-il devant mon air sceptique. Et je t'ai fait suivre. Très mignon ce petit brun que tu trimbales avec toi...

« I've found a reason for me ; To change who I used to be ;

A reason to start over new »

Mon cœur rate un battement, mon visage se décompose. Putain ! J'me doutais pourtant que j'aurais jamais dû continuer avec Luffy... Mais j'espérais au fond de moi que les choses changeraient, que je changerai pour devenir un homme meilleur.

- Enfoiré, qu'est-ce que tu lui as fait ?

Ça fait trois jours que je ne l'ai pas vu. Pendant ce laps de temps, il a pu se passer tout et n'importe quoi. Il se rapproche brusquement et me cogne avec force. Je l'ai pas vu venir celle-là. Je tombe sous le choc et sens un liquide chaud couler le long de ma joue. J'suis sûr qu'il m'a ouvert l'arcade cette enflure.

- T'en fais pas, Law, je lui ai rien fait. Du moins, pour l'instant...

J'lui lance un regard noir. Putain, s'il lui a fait le moindre truc, je jure que je le bute !

- J'te préviens, t'as pas intérêt à...

Il me balance un coup de pied dans les côtes qui me coupe le souffle.

- Pas intérêt à quoi ? Je crois que tu as oublié qui c'est qui commande ici, alors je vais te le dire une seule et unique fois. Ici, c'est moi le Boss et jamais tu ne quitteras la Famille. Si tu me désobéis, c'est ton p'tit copain qui en payera le prix. C'est bien compris ?!

Il me frappe encore. J'peux même pas me défendre. C'est douloureux, humiliant.

Je tente de me relever mais un coup plus puissant me recouche sur le tapis. Du sang gicle de ma bouche et ma tête tourne violemment. Il arrête enfin va de nouveau s'installer dans son fauteuil.

- J'espère que tu as retenu la leçon.

"And the reason is you"

J'erre dans les rues sombres et désolées, traînant le pied comme un zombie. Mes côtes me font un mal de chien. Le sang qui dégouline de mon arcade me cache la vue. Je m'arrête dans une ruelle et j'vomis mes tripes. J'ai mal partout mais les blessures physiques je m'y suis habitué avec le temps. Par contre, les autres, celles qu'on voit pas, celles-là, elles font mille fois plus mal que n'importe quel coup de poing dans la tronche.

Ça me fait tellement souffrir que j'ai l'impression que mon cœur se brise. C'est la première fois que je ressens une chose pareille. J'veux juste que ça s'arrête. Maintenant.

Finalement, mon bonheur n'aura pas duré très longtemps.

J'sors mon téléphone et t'appelles directement. Je soupire de soulagement quand j'entends ta voix à l'autre bout du fil. Tu as l'air d'aller bien et c'est tout ce qui compte pour le moment.

« I'm sorry that I hurt you ; It's something I must live with everyday »

Mon pied bat au rythme de la musique qui joue à travers les enceintes. Posé à une petite table collée à la fenêtre, j'attends ton arrivée au bar du coin. Après mon entrevue avec Doflamingo, il fallait que je prenne une décision, qui va sûrement pas te plaire mais c'est pour ton bien. J'entends le carillon de l'entrée et je relève la tête. Tes prunelles noires observent les environs et ton sourire s'agrandit quand tu me repères. Tu me fais un signe de la main et tu t'approches d'un pas enjoué.

Tu es toujours aussi beau et quand j'vois ton immense sourire, je sais pertinemment que ce que je m'apprête à te dire sera sûrement la chose la plus difficile que j'ai jamais faite de ma vie.

- Salut, Law !

- Salut.

Tu t'installes tranquillement et je remarque que tu te retiens de m'embrasser. J'me souviens que tu l'as fait la première fois que l'on s'est vus en dehors de mon appartement. Je t'avais vite repoussé, je déteste les démonstrations d'affections dans les lieux publics. Et pour une fois tu m'as écouté et tu n'as plus recommencé.

- Hé mais qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?

Tu avises le pansement sur mon arcade. J'étais sûr que ça allait t'intriguer, curieux comme tu es.

- Je me suis pris une porte de placard, ne t'en fais pas.

Je préfère te mentir. Pas la peine de t'inquiéter plus que nécessaire.

- Au fait, pourquoi tu m'as fait venir ici ? Tu préfères que l'on se voit en privé d'habitude.

Tu fronces les sourcils, tu dois bien te douter que quelque chose ne va pas. Je me suis dit que vu ce que j'allais t'annoncer, il fallait mieux être dans un lieu public pour éviter que tu me fasses une crise. Avec tout ces gens autour, tu resteras peut-être calme. Peut-être...

- J'ai quelque chose à te dire et je te préviens tout de suite que ça va pas être agréable.

Tu m'observes fixement, la respiration bloquée. Je prends une grande inspiration et me lance.

- Toi et moi, ça va plus être possible.

Ton sourire se fane et tes yeux s'écarquillent d'étonnement. Ouais, toi non plus tu pensais pas que ça se terminerait aussi vite.

- Mais pourquoi ? T'es pas bien avec moi ? Je...

- Écoutes, Luffy, tu savais qu'un jour ou l'autre, ça finirait par arriver. Tu sais aussi très bien ce que je fais.

Je me pince l'arête du nez. Autant être honnête, tu comprendras plus facilement.

- Je... J'ai voulu tout arrêter pour pouvoir être toi mais j'ai été naïf. Quand tu fais parti de mon monde, tu n'en sors pas aussi facilement. Le Boss de la Famille pour laquelle je travaille m'a explicitement fait comprendre qu'il n'y avait pas de porte de sortie pour moi. Et que si je décidais le contraire alors c'est toi qui en ferais les frais.

Tu clignes des paupières et je remarque que des larmes menacent au coin de tes yeux.

- Mais c'est pas grave, on peut continuer comme on le fait maintenant. Ça me gêne pas ce que tu fais, je te l'ai déjà dit !

- C'est trop dangereux pour toi. Je ne peux pas me permettre de mettre ta vie en danger comme ça. Tu mérites une vie saine, comme tout les gens de ton âge et...

- Non, Law, s'il te plaît, me laisse pas !

Tu t'écries et plusieurs têtes se tournent vers nous. Finalement, un endroit avec du monde, c'était pas forcément la meilleure idée. J'aurais dû me douter que tu perdrais ton sang froid.

- Je m'en fiches de ce qui peut m'arriver, je veux juste être avec toi !

Ça y est, tes larmes t'échappent et ta voix monte dans les aiguës. Putain, j'aurais jamais dû te laisser rentrer la première fois. Je pensais pas que tu te serais autant attaché.

- Je suis désolé, Luffy, sincèrement.

J'me lève, bien décidé de mettre fin à notre histoire. Cependant, tu m'attrapes le bras quand je passe près de toi.

- Je t'en supplie, Law.

Bordel de merde ! C'est encore plus dur que je l'aurais pensé. Te voir comme ça, le visage baigné de larmes, me suppliant de rester, ma détermination en prend un sacré coup mais je peux pas faire autrement. Tu saisis pas que c'est pour ta sécurité que j'fais ça.

Je me détache difficilement, n'osant pas croiser tes yeux, sinon je sais que j'vais craquer. J'ai tellement de mal à te résister.

Tu ne me suis pas et ça me soulage dans un sens. Je me retourne une dernière fois et mon cœur se brise quand j'te vois la tête entre les mains, le corps secoué de sanglots.

« And all the pain I put you through ; I wish that I could take it all away »

Deux semaines se sont écoulées et j'ai déménagé pour pas que tu me retrouves. Mais malgré mon éloignement, ça ne m'empêche pas de toujours bosser pour cet enfoiré de Doflamingo. Je ne prends plus aucun plaisir à braquer, torturer ou tuer.

Y'a toujours ces cheveux en bataille, ces prunelles envoûtantes et ce sourire à damné un saint qui reviennent comme un boomerang à la gueule.

Je peux pas m'empêcher de penser à toi. C'est la première fois que je ressens de la solitude, de l'ennuie.

Je déballe mon dernier carton et j'me fige quand je vois la photo quand j'ai entre les doigts. Une photo de toi et moi à la foire. J'ai l'impression que ça date d'une éternité alors que ça fait seulement quelques semaines. Mes lèvres s'étirent en un demi-sourire quand je repense à cette journée...

Je t'observes, satisfait après nos ébats. J'pensais pas qu'un gamin comme toi serait aussi doué au lit. T'as le bras posé en travers de mon torse, les joues encore un peu rouge. Je caresse doucement tes cheveux, me perdant dans mes pensées. Tu te redresses subitement et plante tes prunelles dans les miennes.

- Je viens d'avoir une super idée !

Je hausse un sourcil, franchement sceptique. Toi et les bonnes idées, ça fait deux.

- Et si on allait à la fête foraine ? C'est le dernier jour et j'y suis pas encore allé.

- Non.

- Allez, s'te plaît !

- Pourquoi t'y vas pas avec tes potes ?

- C'est avec toi que j'veux y aller !

Tu me lances un regard de chien battu et j'sens mon cœur fondre malgré moi.

- Non, que j'te répète d'un ton catégorique.

Mais j'sais, au fond de moi, que c'est uniquement pour la forme. Tu m'fais chier, sale gosse, t'arrives toujours à tes fins.

Tu te mets à genoux sur le lit et sautille comme un enfant.

- S'te plaît ! S'te plaît ! S'te plaît !

Je soupire et encore une fois, je te cède, faible que je suis quand il s'agit de toi.

- Bon, d'accord. Mais on reste pas longtemps !

- Merci !

Tu m'embrasses rapidement et te précipite hors du lit.

T'as des étoiles pleins les yeux, tout excité. Tu me prends la main pour me faire avancer plus vite. Ta paume douce et chaude au creux de la mienne me réconforte et finalement, je ne regrette plus de t'avoir dit oui.

Pour plus de sécurité, j'ai mis mon vieux bonnet blanc tacheté et des lunettes de soleil pour me balader incognito. J'sais pas pourquoi, mais j'pense que des soucis avec les flics, c'est pas l'meilleur moyen de passer une bonne journée. Et j'veux qu'elle soit parfaite. Rien que pour toi.

Tu t'arrêtes devant un stand de tir blindé de peluches. Tu les observes pendant quelques secondes et finalement tu pointes ton index vers un gros renne au nez bleu.

- J'veux celle là !

Je pouffe de rire quand j'te vois rater tout les ballons. T'es vraiment pas doué avec une arme. Tu fais la moue et me fixes avec un air de défi.

- Vas-y, essaye toi !

J'te prends la carabine des mains et explose les ballons en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Comme quoi, ça peut avoir du bon, de descendre des mecs à longueur de temps.

Tu m'regardes, les yeux ronds. Mais ton étonnement se dissipe bien vite quand je te fourre la peluche entre les bras. Tu me souris à pleines dents et j'peux pas m'empêcher d'y répondre.

- Merci, Law ! T'es le meilleur !

Tu fais pas si bien dire, gamin... Ouais, le meilleur tueur à gages de la Famille Don Quichotte, c'est bien moi.

- Viens, ils vendent de la bouffe là-bas. J'pourrais entendre ton estomac gueuler à l'autre bout du parc.

- Oui ! Et y'a des stands de photos, on pourra en faire pour garder un souvenir !

...

Ouais, la vie était tellement plus simple et plus belle quand on était ensembles.

Je m'installe à mon bureau et sors une feuille blanche et un stylo du tiroir. J'ai décidé de t'écrire parce que ça me bouffe de l'intérieur que tu ne saches pas mes sentiments. Que ça me troue le cœur que tu souffres par ma faute et que tu puisses me haïr.

« And be the one who catches all your tears ; That's why I need you to hear... »

" Luffy,

Tu sais que je n'ai jamais été doué pour exprimer mes sentiments alors c'est pourquoi je préfère te les écrire. Je tenais absolument à ce que tu connaisses ce que je ressens pour toi.

C'est vrai qu'au début, j'ai eu peur. C'était la première fois que je ressentais ce genre de choses. C'est pour cela que j'étais réticent et puis j'avais peur pour toi à cause de la vie que je mène.

Mais ton innocence, ton optimisme, ton petit côté enfantin, ça m'a fait craquer. J'ai jamais réussi à te résister.

Ça me fait bizarre de dire ça, mais c'est un gamin qui m'a fait connaître de nouvelles choses. Des trucs agréables pour changer. L'envie, la passion, l'amitié et surtout l'amour.

Parce que oui, je te l'ai jamais dit mais je suis littéralement tombé amoureux de toi. Amoureux de ton sourire, de tes caresses, de ton odeur. Ta présence m'est vite devenue indispensable.

Quand on était ensemble, tout me paraissait plus beau. Moi, qui est toujours détesté le monde, c'était un pas gigantesque.

Je veux que tu saches à quel point tu as changé ma vie et l'a rendue meilleure.

Que tu saches que te laisser a été la chose la plus difficile que j'ai eu à faire de ma vie.

Que tu saches que j'ai tout fait pour changer, que j'ai tout fait pour qu'on puisse avoir un avenir ensemble. Mais, tu dois comprendre que la vie est cruelle et que mon amour pour toi n'y changera rien.

Maintenant, tu dois juste passer à autre chose, m'oublier, tu as toute la vie devant toi. Tu rencontreras quelqu'un sûrement meilleur que moi. Tu le mérites plus que n'importe qui sur cette terre.

J'espère seulement que tu trouveras au fond de ton cœur, la force de me pardonner. Ce que j'ai fais, je l'ai uniquement fait pour te protéger et même si pour l'instant ça te fait plus de mal que de bien, tu sauras plus tard que j'ai pris la bonne décision.

Tu as été ma lumière dans les ténèbres, mon rayon de soleil dans l'obscurité de ma vie, mon oxygène dans ce monde oppressant. Pour toutes ces choses, je ne cesserais jamais de t'aimer.

Law."

" I've found a reason to show ; A side of me you didn't know ;

A reason for all that I do "

Le point final me laisse un goût amer dans la bouche et malgré mes paupières fermement closes, des larmes s'en échappent. La sensation est désagréable, je n'ai pas pleuré depuis que j'étais môme.

Mon estomac se serre et j'ai le cœur au bord des lèvres quand je poste la lettre. J'sais que c'est le dernier contact que j'aurais avec toi.

Et une fois n'est pas coutume, je remercie le ciel de t'avoir mis sur ma route. Tu m'as fait découvrir des côtés de moi dont j'ignorais l'existence. Tu es la raison pour laquelle je continue à vivre, la raison pour laquelle je ne tomberais plus dans les ténèbres.

La raison pour laquelle mon cœur continue de battre.

" And the reason is you. "