Ce n'était pas possible, ce ne pouvait pas être lui, pas Alex, pas mon frère ! Et pourtant si. Je le voyais s'avancer d'un pas hésitant. La foule était parfaitement silencieuse. Tous étaient horrifiés. Un frère et une sœur qui participent aux Hunger Games, c'était déjà arrivé, mais jamais la même année. -Non murmurai-je. Qu'ils m'envoient à la boucherie, passe encore, mais mon petit frère, ça, c'est intolérable. Je répétais: -Non! Hurlais-je, non! Alex! Je voulais courir, le prendre dans mes bras,mais un pacificateur m'en empêchait . -Non! Alex!Vous n'avez pas le droit !Alex ! ALEX ! Le pacificateur me traînait dans la maison du maire,dans une pièce somptueuse,mais je m'en fichais. Tous ce qui m'importait, c'était que mon frère aller participer aux Hunger Games, et qu'il allait mourir. stoppais-je. Non. Je ne le laisserait pas mourir. Je ferais tout pour le protéger. Alors l'évidence s'imposa à moi. Si je voulais le garder en vie, le protéger, j'allais devoir me sacrifier. Je contrôlais ma peur et m'obligeais à me calmer. Il le fallait. La porte s'ouvrit, laissant ma meilleure amie Susie rentrer. Je me jetais dans ses bras. -Ça va, me murmura-t-elle, tes parents sont avec ton frère . Susie me connaissait par cœur : elle savait que je voulais savoir comment allait Alex . Je hochais la tête. -Dis-lui que je l'aime ,s'il te plaît. -Bien sur. Maintenant, écoute moi : tu sais te nourrir, et tu sais te servir d'un couteau. C'était vrai. Dans les vergers et les champs, nous utilisons des couteaux afin de couper certaines récoltes,comme les fruits trop murs . Il était déjà arrivé que je lance un couteau: il y avait parfois des grooslings, des oiseaux sauvages, qui se baladaient dans les prés. On ne leur courais pas après: on leur tirait dessus. C'était l'occasion de manger un peu de viande. Et puis je courrais vite et je savais sauter d'arbre en arbre, telle un singe , ce qui pouvait être utile. -Oui , répondis-je , mais je veux sauver mon frère. Elle ne fut pas étonner : elle s'y attendait . -Alors il faut que tu fasses une alliance avec Alex et que tu restes avec lui le plus longtemps possible. Bien sur . Elle avait raison . Mourir dès les premières minutes du jeux n'allait lui servir à rien. -Oui murmurai-je ,oui. Il fallait aussi que je dise au revoir. -Susie (elle me regarda , une sourcil levé),il faut que tu sache que tu es ma meilleure amie , que toutes ces heures passées avec toi dans les champs ont rendus le travail moins pénible. Une foule de souvenirs passa dans ma tête. Nous deux en train de rire aux éclats ;en train d'embêter mon frère; en train de courir dans les champs; racontant a l'autre ses petits secrets . Et voilà. Nous avons les larmes aux yeux toutes les deux maintenant. Un pacificateur interrompit cette scène d'émotion en rentrant brusquement . -C'est terminé. Et il prit Susie par le bras et l'emmena dehors. La seconde visite fut celle du reste de ma famille. Alors que ma mère me serrait dans ses bras, je vis mon père s'asseoir a côté de nous, sur le canapé, l'air hésitant. Grand-mère, par contre, resta debout. L'étreinte avec ma mère terminée, je m'avançais vers mon père. Il eu l'air surpris. C'est vrai que nous nous ne entendions pas très bien, lui et moi. -Veille sur elles ,fis-je d'une voix dure,en parlant de maman et de grand-mère,tu as intérêt à veiller sur elles, d'accord ? -Je vais essayer, me répondit-il. Je me radoucis un peu. -J'espère bien. Et chose incroyable, il me prit dans mes bras. Au début , je fus tentée de le repousser,mais je le laissais finalement faire. Il était musclé et je me sentais en sécurité, coupée du monde. La dernière fois qu'il m'avait étreint, je devais avoir 3 ou 4 ans. Mais après la mort de son père,avec qui il était très proche, il s'était effondré. Il se levait, mangeait, cueillait, mais ne parlait pas, ne nous protégeait pas. Il ne vivait pas. Si au début, j'avais eu peur pour lui, j'avais ensuite peur de lui, de ce qu'il pouvait faire ou ne pas faire. Je m'étais donc éloigné de lui, et lui de moi. C'est à cette période que je m'étais rapproché d'Alex. Aujourd'hui, quand je vais partir pour les Hunger Games, pour une mort certaine, je me rends compte de ça fait 10 ans que j'en voulais a mon père parce qu'il n'a pas fait son deuil assez vite a mon goût. Une raison vraiment stupide, et maintenant je ne pourrais pas me faire pardonner. Je lui rendis son étreinte. -Je suis vraiment désolée, sanglotais-je contre son torse. -Moi aussi, me répondit-il en m'embrassant sur le front. Il avait compris de quoi je parlais. Je le lâchais lentement, puis me tournais vers ma grand-mère. Comme elle n'aimait les câlins, je lui pris les mains,et je sentis qu'elle me donnait quelque chose. Une chaîne, ou un collier. -Je t'aime. Elle me sourit doucement. -Moi aussi. Le pacificateur rentra de nouveau . -C'est terminé. Mais cette fois ,il n'emmena personne de force . Je n'eut plus qu'a leur dire : -Je vous . La porte se referma sur eux, et je me retrouvais à nouveau seule. Pour aller jusqu'à la gare, on a dû une voiture,et du coup, le trajet ne fut pas long. C'était la première fois que je montais dans une voiture. J'aurais étais fascinée si je n'avais pas aussi peur. Où étais mon frère? Il n'était pas avec moi. Heureusement que je n'avais pas pleuré,car la gare grouillait de caméras , de journalistes, de reporters, d'écrans géants. Ce n'étais pas un problème pour moi. Je savais jouer la comédie. J'arrivais parfaitement à donner l'impression que je m'ennuie et c'était tant mieux. Je vis enfin mon frère. Je le connais, et je savais qu'il avait envie de courir vers moi, de se blottir contre moi,et pour être honnête, j'avais envie de faire la même chose. Mais je me retins et lui fis signe d'attendre. Nous pourrions nous parler dans le train. Nous restions là quelques minutes pour que les caméras nous filment, puis on nous laissa monter dans le train. Dès que je fus à l'intérieur,j'eus le souffle coupé par tant de luxe. Il s'ébranla aussitôt et partons pour le Capitole.