Note de la traductrice : Hop ! Dernier chapitre un peu plus tôt que prévu, pour ne pas vous faire mariner plus longtemps. Merci à tous les reviewers pour leurs réactions ! Je suis un peu surprise et déçue du peu de succès (statistique) de cette fic par rapport aux autres trads (alors qu'elle est géniale, avouons le^^), mais tant pis pour ceux qui n'auront pas cliqué ! J'espère que la fin vous plaira :) Peace and love jusqu'à la prochaine !
Harry remontait le passage qui menait chez lui en traînant la patte quand une silhouette sortit de l'ombre près du treillage. Harry s'arrêta et soupira. Il n'avait pas du tout l'énergie d'affronter ça. Après tout ce qu'il avait subi dans la journée…
Il reprit son chemin, déverrouilla la porte et l'ouvrit. L'ombre se rapprocha de lui.
« Qu'est-ce que tu veux, Neville ?
- J'aurais dû venir plus tôt, bredouilla Neville. J'ai agi comme un vrai salaud, je suis désolé, Harry. Mais il faut vraiment que je te parle.
Harry regardait droit devant lui, sans réellement faire attention à ce qu'il voyait dans sa maison. C'était irrationnel d'être aussi en colère, non ? Si Harry avait lui aussi trompé Ginny. Il n'arrivait plus à comprendre ce qu'il ressentait.
- Bon, d'accord. Allez, entre.
Neville lui emboîta le pas et referma la porte d'entrée derrière eux. Harry entra dans le salon, ouvrit le placard et se servit un Whisky Pur-Feu. Il posa la bouteille ainsi qu'un second verre sur la table. Si Neville en voulait un, il pouvait se le servir tout seul.
Apparemment, il n'en voulait pas : il s'assit sur le canapé et s'éclaircit la gorge. Harry fit tourner le Pur-Feu dans son verre, puis en descendit une longue gorgée.
- Alors ? Je t'écoute ?
- Je sais que tu penses que tu prends la bonne décision, Harry, mais tu te trompes. Tu es en train de pourrir la vie de tout le monde.
Harry s'étouffa et se mit à tousser, l'alcool lui brûlant la gorge.
- Tu plaisantes, j'espère. Tu viens me voir…
- Je sais que c'est le tien, mais Ginny et moi allons nous marier et l'élever ensemble.
Harry faillit en faire tomber son verre.
- Je te demande pardon ? Et qui a décrété ça ?
- Moi. Et Ginny, même si elle ne le fera pas sans ta bénédiction.
- Ouais, ben, vous ne l'avez pas, ma bénédiction. C'est mon gosse. C'est de moi qu'il a besoin. Il… ou elle mérite d'avoir une vie normale avec ses deux parents. Une famille correcte.
- Il m'aura moi, répondit Neville en plantant les doigts dans le coussin du canapé. Il aura Ginny.
- Mais c'est moi, le père, s'exclama Harry en se touchant la poitrine. C'est à moi d'être à ses côtés.
- Je n'ai jamais connu mon père. C'est ma grand-mère qui m'a élevé.
- Ouais et regarde comme tu as bien tourné.
- J'ai très bien tourné, répliqua Neville avec une pointe d'énervement dans la voix.
- Si on oublie que tu t'es tapé la femme de ton pote derrière son dos.
Neville marqua un temps d'arrêt.
- Ouais, à part ça.
Harry plissa les yeux et se demanda s'il se sentirait mieux s'il collait une droite à Neville. Sans doute pas. Enfin, peut-être, mais ça ne durerait pas assez longtemps pour ça en vaille la peine.
- J'ai grandi sans mes parents. Je sais ce que c'est. Et je refuse d'infliger ça à mon propre enfant.
- Ginny et moi, on n'a rien à voir avec les Dursley. Ce n'est pas comme si tu laissais des inconnus élever ton enfant. Tu ne vas même pas l'abandonner du tout. Regarde Teddy. Il vit avec Andromeda mais tu es quasiement un père pour lui depuis sa naissance.
Harry cilla. Il se rappela la manière dont Teddy lui avait attrapé la main quand le visage de Lavande lui avait fait peur. Il se rappela les soirs passés au chevet de Teddy à lui lire des histoires quand il était malade, le jour où il l'avait vu faire ses premiers pas, quand il l'avait emmené voir son premier match de Quidditch.
- C'est vrai.
- Tu aurais une place dans la vie de ce bébé. On ferait tout notre possible pour que ce soit le cas. Toi-même, tu ferais tout ton possible.
C'était possible… ce n'était pas la vie qu'il avait imaginée ou fantasmée, mais ça pouvait marcher.
- Bien sûr que je ferais tout mon possible.
- Il y a toutes sortes de familles. L'enfant sera entouré d'amour. Et…– Neville s'interrompit un instant et détourna la tête – j'aime vraiment Ginny. Ça fait longtemps que je l'aime. Depuis notre dernière année à l'école, pour être honnête. Et je suis convaincu qu'elle m'aime aussi.
Harry songea à l'amour. Il s'imagina se réveiller tous les matins pour trouver Ginny à ses côtés. Malgré tout ce qui s'était passé, l'idée lui plaisait.
Puis il pensa à Draco et le mirage s'évanouit.
- Il m'appellera « papa ».
- Oui, bien sûr.
- Et je veux le voir souvent. C'est moi qui lui apprendrai à voler. Et je l'accompagnerai au Chemin de Traverse pour lui acheter sa première baguette.
- Oui, oui. Bien sûr.
Harry s'affala dans le canapé, au bord de l'évanouissement tant il était soulagé. Il tourna la tête vers Neville, Neville qui restait avec Ginny même si elle était enceinte d'un autre.
- Tu l'aimes vraiment.
- Oui.
- Tant mieux.
Harry ferma les yeux parce qu'il commençait à sentir monter des larmes, et il laissa retomber sa tête contre le dossier.
- Tu es un type bien, Neville. Je te pardonne.
Neville laissa échapper un petit rire de soulagement.
- Merci, Harry. Je m'en voulais tellement. On ne pensait pas que ça allait se reproduire au début, mais c'est arrivé une deuxième fois et puis ça nous a complètement dépassé. Ginny ne voulait pas encore te le dire, et…
- Merlin, ferme-la.
Neville la ferma.
- Tu peux me laisser maintenant ? Il y a quelque chose qu'il faut que je fasse.
- Oui, oui, d'accord. Donc… on se voit au pub vendredi ?
- On verra », répondit Harry en souriant sans rouvrir les yeux.
Quelques instants plus tard, il entendit Neville ouvrir et refermer la porte d'entrée. Harry bondit sur ses pieds, soudain de nouveau plein d'énergie, et s'empara de sa cape.
…
Quelque part entre Ottery St. Catchpole et le Wiltshire, il s'était mis à pleuvoir.
Harry ne mettait jamais les pieds dans L'Antre de la Vipère parce que Draco avait tendance à fréquenter ce pub en particulier, et les quelques fois où Harry s'y était risqué, ça s'était terminé en œil au beurre noir et bleus à la mâchoire pour l'un d'entre eux voire les deux.
Cette fois-ci, cela dit, il se dit : « Et puis merde. »
Il repéra la tête blonde de Draco et fonça, tête basse, vers le bar. Il y avait beaucoup moins de monde que le soir de Noël et Draco, grand et impeccablement mis, se détachait de la foule comme un furet dans un troupeau de hérissons.
« Eh !
Draco sursauta et tourna la tête vers lui, renversant son verre.
Se ressaisissant après un instant de trouble, Draco afficha un rictus méprisant :
- Qu'est-ce que tu fous là, Potter ? Tu viens croquer un morceau de chair sur la carcasse ? Ou tu veux juste continuer à discuter de ce que tu ressens ?
- Je n'en ai pas fini avec toi.
- Oh que si. Fini, fini, fini.
Le reste du pub s'était tu pour observer leur joute verbale. Le barman les regardait en plissant les yeux ; il termina de sécher le verre qu'il avait dans les mains et le reposa.
- Viens me le dire en face.
Harry croisa les bras, le cœur battant la chamade. Draco descendit de son tabouret et approcha de Harry à grandes enjambées.
- Ecoutez, intervint le barman. Je ne veux pas de grabuge.
- Tu as le cran, dit Draco, de venir ici, dans mon bar préféré, où tu sais que je viens noyer mon chagrin après avoir été forcé d'interagir avec des petits ex-Gryffondors binoclards, désolés et indécis, et tu viens me dire que tu n'as pas fini ?!
- Mais c'est vrai, répondit Harry, platement.
Draco lui décocha un coup de poing en pleine face.
Le barman dévoila une force étonnante vu sa stature et une rapidité remarquable en matière de Sorts d'Ejection.
Harry vola par la porte le premier. Il fit un atterrissage disgracieux dans la rue, le cul dans une flaque boueuse. La pluie battante le trempa aussitôt jusqu'à l'os.
Draco suivit quelques secondes plus tard et atterrit sur son dos pour glisser sur le trottoir.
- Notre présence n'est apparemment pas souhaitée là-dedans, dit Draco, levant les yeux vers le ciel tandis que la pluie s'abattait sur lui, lui aplatissant les cheveux et détrempant ses vêtements.
- Qu'ils aillent se faire foutre, dit Harry. Rien à branler de leurs souhaits.
Il retira ses lunettes brisées et les fourra dans sa poche.
- Tu ne m'as pas touché le nez, soit dit en passant. Tu m'as détruit les lunettes, mais tu ne m'as pas touché le nez.
- Je n'aime pas me répéter.
Harry se redressa péniblement sur ses jambes, grimaçant en sentant ses vêtements alourdis de pluie glisser contre sa peau, et se dirigea à l'aveuglette dans la direction de la silhouette floue de Draco. Une fois arrivé, il se pencha et lui tendit le bras. Draco lui prit la main, la serra fort et laissa Harry l'aider à se relever.
Ils se dévisagèrent. D'aussi près, Harry distinguait les traits du visage de Draco, même sans ses lunettes. Même s'il avait les cheveux collés au visage, de la terre et un papier de bonbon accrochés à la joue, les yeux rouges et légèrement gonflés – malgré tout cela, Draco était beau.
- Tu peux te remettre à m'appeler Harry ?
- Je ne regrette absolument pas de t'avoir frappé.
- C'était mérité.
- Un peu, que c'était mérité.
Harry serra les poings, puis les détendit.
- Ginny reste avec Neville. C'est ce que je voulais. Parce que je veux être avec toi.
Un violent frisson parcourut les épaules et les bras de Draco :
- Merlin, Potter. Tu es complètement taré.
- Ah bon ?
Harry s'approcha et passa les bras autour de Draco.
- Je croyais que j'étais un sorcier aux talents extraordinaires.
- Aussi. »
Draco attira Harry à lui pour l'embrasser, le serrant si fort que c'en était douloureux. La pluie redoubla d'intensité. Il y eut un éclair, et quelque part au loin le tonnerre gronda.
Cela ne suffit pas pour les séparer.
~Fin~