« Dans cette guerre, mes amis ne l'ont jamais su, mais j'étais prête à sacrifier bien plus que ma propre vie. J'ai même sacrifié ce pourquoi j'aurai sacrifié ma propre vie… »
''Prologue : L'enterrement''
Mme Weasley n'avait aucune idée de ce qu'elle venait faire ici. Personne ne l'avait invitée, elle ne comptait pas présenter ces condoléances ni à la veuve ni aux enfants. Elle était cependant venue, pour d'obscures raisons qui dépassaient son propre entendement, et grimée en moldue, par-dessus le marché ! Elle observa le cortège remonter lentement l'allée principale du cimetière vers un caveau fraichement construit, d'après ce qu'elle voyait. Elle comprenait : il n'avait pas voulu être enterré au même endroit que son mangemort de père. Elle suivit des yeux la mise en terre du cercueil, puis se détourna. Elle ne parvenait pas à savoir pourquoi elle était venue ici. Dire adieu ? Elle ne savait pas très bien. Ou, plutôt, elle ne voulait pas s'avouer qu'elle avait toujours regretté la manière dont tout s'était terminé entre eux. Parfois, elle avait la sensation que ça ne s'était pas passé exactement comme elle l'avait cru, et cela la mettait en rogne.
Elle s'arrêta un instant, juste avant de franchir les grilles du cimetière. Chacun avait refait sa vie. Elle avait été heureuse, et elle pensait que lui aussi. Mais, un sentiment de malaise lui prit. Un sentiment qu'elle connaissait bien. Ils auraient pu être heureux ensemble quand même… Si il n'avait pas… S'il était simplement revenu… Elle aurait tout quitté. Pour lui, elle aurait tout changé, elle aurait été prête à quitter son mari, à partager ses enfants, même à agrandir leurs familles, si seulement il était revenu. Si seulement…
Elle reprit son chemin, les invités se pressaient maintenant autour de la veuve, lui présentant leurs condoléances. Mme Weasley transplana et se retrouva au milieu de la grand' place de pré-au-lard. Elle n'avait pas vraiment réfléchit à sa destination et se trouva étonnée que son propre esprit l'ait trahie d'une si vilaine manière. C'était leur lieu de rencontre. Elle avait compté rentrer chez elle, mais son cœur l'avait amenée ici. Elle tourna sur place, examinant les lieux. Rien ne semblait avoir changé depuis qu'ils étaient venus ici pour la première fois, et pourtant, les murs et les rues de ce petit village avaient été souillés de sang et de larmes lors de la bataille décisive qu'ils avaient menée il y avait de cela bientôt 60 ans.
Elle s'avança vers l'échoppe que tenait autrefois Mme Rosemerta. Les trois balais étaient ouverts, comme tous les jours. Les tables et les chaises n'avaient pas changé, ni même le type de clientèle. Avec un pincement au cœur, elle poussa les portes du pub et s'installa à la table la plus reculée de l'établissement. Elle ferma les yeux un instant, et lorsqu'elle les rouvrit, le tenancier se tenait devant elle, une ride barrant son front. Il semblait soucieux.
-Dites-moi, vous allez pas y passer ma p'tite dame ?! Ça m'ennuierait un peu. Vous voulez que je contacte quelqu'un ?
La femme sourit. L'homme se détendit.
-Jeune homme, je devrais être horriblement vexée, mais cette journée a été un tantinet éprouvante pour moi. Aussi, je suppose donc que je dois réellement avoir une tête à faire peur, je ne vais donc pas me vexer et simplement commander une bièrraubeurre comme si vous étiez simplement venu prendre ma commande en me saluant.
L'homme parut honteux et se hâta d'aller chercher la commande de sa cliente. Il ne devait pas être très vieux, la trentaine tout au plus. Surement le neveu de Rosemerta. Il revint avec la pinte de Bièrraubeurre et la vieille dame le remercia. Il eut un mouvement pour retourner au bar, puis, semblant se dire que, de toute manière, il n'avait pas beaucoup de client pour l'instant, il fit de nouveau face à sa cliente. Celle-ci, voyant son mouvement, l'invita poliment à s'asseoir.
-C'est gentil, commença-t-il, mais, je ne voudrais pas me montrer trop envahissant… Cependant… Ça va aller madame ? Vous avez vraiment l'air éreintée…
-Comme je vous l'ai déjà dit, reprit-elle, inlassable, c'est une journée éprouvante pour moi. C'était l'enterrement d'un ami, certes, que j'avais perdu de vue, mais un ami de longue date, et qui avait beaucoup compté pour moi.
-Toutes mes condoléances.
-Merci.
Mme Weasley vit une certaine lueur de curiosité briller dans les yeux du jeune homme, mais elle constatait aussi qu'il était surement trop bien élevé pour lui demander plus de détail. Elle sourit avec malice.
-Vous savez, dans ces moments-là, toute personne éprouve le besoin de se remémorer une partie de sa vie. Je vois dans vos yeux que vous êtes curieux, comme toute jeune personne le serait. Si vous le voulez, je peux tout aussi bien me remémorer tout cela avec vous.
Elle le vit hésiter, puis prit place en face d'elle, là où l'amour de sa vie s'était tenu quelques décennies auparavant. Le jeune homme vit une lumière dans les yeux de la femme, s'éteindre, et il lui sembla que son sourire s'affaissait.
-Vous connaissez certainement l'histoire d'Harry Potter, je présume d'autant que votre tante, si je ne me trompe pas, a elle-même été soumise au sortilège de l'imperium pendant la guerre… commença-t-elle.
-Ma grand-tante, rectifia-t-il.
La vieille dame sembla regarder à travers lui, comme si elle repensait à quelque chose de très ancien. D'un ton étrange, elle articula lentement :
-Oui, Rosemerta… Votre grand-tante… Elle sembla se reprendre : eh bien, voyez-vous, j'avais à peine dix-huit ans lorsque la guerre s'est terminée. Et j'étais alors l'une des plus proches amis d'Harry Potter.
Chapitre 1 : ''Introduction''
Le jeune homme dévisagea celle qui lui faisait face, tentant de se souvenir des histoires qu'on lui avait rapportées…
-Vous n'êtes pas Ginny Potter, je suppose…
Elle secoua la tête.
-Ni Luna, vous devez être Hermione Weasley, je suppose !
Elle sourit.
-Hermione Granger, autrefois…
L'homme était abasourdi. Il sembla cependant reprendre ses esprits au bout de quelques instants, et le regard empli d'intelligence qu'il tourna vers Hermione lui fit penser qu'il venait de réaliser pleinement à qui il avait affaire, et ce qu'augurait ce qu'elle avait annoncé jusque là.
-Un de vos amis est mort… Il ne s'agit pas de Mr Potter, ni de Mr Londubat, ou on l'aurait su, tout comme votre mari Ronald Weasley, mais, bien sûr, vous n'auriez pas dit ''un ami'' s'il avait été question de lui…
Soudain, il parut se rendre compte de l'inconvenance de son entrain. Hermione lui sourit doucement.
-Vous savez, je vous comprends. Vous ne savez pas encore ce qu'est la perte, c'est une notion encore vague pour vous, et je vous souhaite qu'elle reste ainsi le plus longtemps possible. Elle marqua une pause puis reprit : il s'agit effectivement d'un de mes amis, mais pas un de ceux d'Harry. Si vous voulez, je vous raconte, mais alors, il va me falloir expliquer surement depuis le début pour que vous ne me jugiez pas trop vite…
Il se pencha vers elle, l'air plus intéressé que jamais. Il lui fit signe qu'il était tout à elle, qu'il l'écouterait alors, Hermione Weasley, jadis Granger commença son récit…
Voilà, j'espère avoir piquée votre curiosité ;) A très bientôt :)