N.A: De retour pour un fic longue (enfin, relativement longue), ça faisait longtemps (coucou, Lise :P). Petit topo d'ailleurs : cette fic fera à peu près 5 chapitres si je respecte le plan de base, et je compte moins de deux semaines d'intervalle entre chaque chapitre, sauf cas exceptionnel, où je ferai part du retard sur Twitter.

Sinon, c'est mon premier Matoine, et dans le doute, je rappelle à tous que ceci est une FICTION, je sais qu'ils ne sont pas ensemble, qu'ils ont tous deux des copines, qu'ils sont sans doute très heureux avec elles, les personnages dont je me suis inspirée n'est que l'image publique qu'ils diffusent lors de leurs émissions, pas eux en tant que tels que je ne connais pas. Je préférais le rappeler au cas où ^^'

Aussi un GRAND MERCI à Crisalys Nara sans qui rien n'aurait été possible parce que, livrée à moi-même, je doute et je traîne ^^' Un merci tout doux aussi à Pamplelune d'Agrumes, alias MlleLol_A, qui a aidé dans une grande partie du lemon et qui fait un petit caméo. Vous êtes géniales, les meufs, mercimercimerci.

Disclaimer: La plupart des personnages mentionnés ici ne m'appartiennent pas, et en cas de demande explicite d'un des propriétaires impliqués, je n'ai aucun problème à supprimer cette fiction.

Je rappelle aussi que toute review me fait plaisir, et toute critique constructive m'aide à m'améliorer, que ce soit sur la qualité générale ou le plot de la fic concernée donc n'hésitez pas :)

Trigger Warning : Lemon yaoi dans ce chapitre

Enjoy !


Tout était allé si vite. C'est ce qu'ils se disaient toujours lorsqu'ils y repensaient. Ils avaient du mal à réaliser, encore. Tant de regrets. Tant de joie.


« Pas encore transformé en zombie ? »

Agaçant. C'est le seul mot qui venait à l'esprit d'Antoine pour qualifier le grand sourire goguenard et profondément niais qu'il devinait s'étaler sur le visage du malotru à la porte de sa chambre.

« Ta gueule. »

Antoine n'était peut-être pas le mec le plus sociable du monde. Soit. Il n'était pas complètement renfermé non plus. Au contraire. Il aimait tisser des liens, il souriait facilement, et l'un dans l'autre, il avait des relations amicales avec beaucoup de monde.

Mais il avait aussi ces crises de solitude où, soudainement, le monde le dégoûtait, et il s'enfermait dans sa chambre pendant une durée indéterminée, n'entretenant de réelles communications qu'avec sa mère et son ordinateur. C'était vraiment une aubaine que son travail n'exige aucun contact avec l'extérieur. Dans l'absolu, il aurait pu vivre en ermite et monter ses vidéos seul dans le grenier.

« Antoiiiine, ouvre moiiii, je sais que tu m'aimeuh ! »

Enfin, c'était sans compter un dessinateur particulièrement énervant qui répondait au doux nom de Nyo. Ronchonnant dans sa barbe – qui aurait bien mérité un rasage en règle -, Antoine ouvrit la porte au chroniqueur qui sourit, l'air satisfait de lui. Son sourire se transforma en grimace lorsqu'il passa en revue l'apparence générale du plus âgé.

« Tu as une tête à faire peur. » l'informa-t-il.

« C'toi qui fait peur. »

Au temps pour son sens de la répartie. Pour être honnête, il avait conscience qu'il devait ressembler en tout point à un déchet. Entre sa bouche pâteuse, ses cheveux gras, sa mine ronchon, son odeur corporelle douteuse… Bon d'accord, il était un déchet. Est-ce que c'était vraiment la peine de le lui rappeler ?

« Ce soir, » décréta Nyo, interrompant son apitoiement intérieur. « tu sors de ton existence de paria et tu te ramènes à ma soirée. »

« Je suis obligé ? »

« Arrête de geindre. » Tant de froideur envers lui, pourquoi ? Et puis, il ne geignait PAS. « Et oui, tu es obligé. » Le sourire de Nyo s'adoucit. « Je deviendrais quoi si le Boss Final des Internets n'est pas là ? »

« Pédé. »

« Dixit le bisexuel assumé, je sens une ironie cruelle quelque part. »

« Ta gueule. »

« C'est pas moi qui, bourré, ait avoué à mon meilleur pote que je le trouvais ''carrément baisable'' et que la seule chose qui me retenait c'était son caractère ''vachement de merde quand même''. »

« Ta gueule. Et c'est déloyal. »

« A l'amour comme à la guerre, chéri. »

« Je t'ai dit ça il y a deux ans, il y a prescription ! »

Sur un clin d'œil, Nyo redescendit vers la sortie et balança par-dessus son épaule :

« Tu argumenteras en détail ton point de vue ce soir. A ma soirée. »

« J'avais carrément raison en fait ! » lui hurla Antoine sans bouger de sa chambre. « T'as vraiment un caractère à chier ! »

Il entendit la porte d'entrée claquer sur le rire du plus jeune. Le chevelu soupira mais ne put retenir un léger sourire en coin. Nyo était sûrement l'un des seuls à être capable de le sortir de sa torpeur misanthrope.


C'est ainsi que le soir même, Antoine, relativement mais acceptablement propre, se retrouva chez Nyo. Une bière à la main, il parcourut la masse de personnes qui l'entourait du regard. Il voyait beaucoup de gens de connaissance, et encore plus qu'il n'avait jamais vu. Il finit par localiser l'hôte de la soirée, en grande discussion avec… Il ne savait pas qui exactement, l'interlocuteur de Nyo lui tournait le dos.

Fendant la foule, il parvint à les rejoindre, la chemise à peine plus froissée.

« Ha, Antoine ! » s'exclama Nyo. « Laisse-moi te présenter un pote de longue date : Mathieu. Mathieu, je te présente le balai à chiotte que j'ai sauvé d'une nuit de nullité, seul dans sa chambre. »

« Je t'emmerde. » répondit Antoine avec un grand sourire. « Salut Mathieu. »

« Salut, mec. Et ça fait sûrement cliché et fanboy à la manque, mais j'adore ce que tu fais. »

Antoine eut un sourire gêné. Malgré les grands airs qu'il aimait se donner, il était toujours très mal à l'aise quand il s'agissait de recevoir des compliments. Choisissant de reprendre une gorgée de bière pour se redonner une contenance, il examina le jeune châtain par un regard en biais.

Il n'était pas mal, il pouvait bien se l'avouer. Le genre petit et mignon, avec un air de chaton blasé. Un vieux t-shirt résolument geeko-trash, un jean qui avait vécu, des cheveux artistiquement ébouriffés…

« Je rêve ou t'es carrément en train de me mater ? »

A deux doigts de recracher, Antoine se répandit en justifications.

« Ouais, nan, désolé, je, j'étais juste, heu… »

« Ça me plaît, gamin. »

La voix du plus petit avait baissé de plusieurs octaves, et s'était légèrement enrouée pour prononcer cette phrase. Toute son expression elle-même s'était modifiée, de sorte que l'espace d'une minute, Antoine eut l'impression d'être face à une personne totalement différente. La sensation se dissipa rapidement cependant, lorsque Mathieu rit d'un petit rire gêné qui ramena tout à la normale :

« Désolé, mec, mais je suis pas de ce bord. »

Evidemment. Pourquoi fallait-il que tous les gars qui étaient son type soient profondément hétéros ? Une seconde, il le savait pourquoi. Parce qu'il s'appelait Antoine Daniel et qu'il avait la poisse. En amour en tout cas.

Se secouant un peu pour sortir de ses délires paranoïaques et chasser l'atmosphère diffuse de gêne qui s'était installée entre eux, Antoine décida de revenir à des sujets de conversation plus sains. Et plus socialement normés que mon orientation sexuelle par pitié, chuchota désespérément une partie de son cerveau.

« Sinon, tu fais quoi dans la vie ? »

« Un métier de merde. » répondit Mathieu du tac au tac. « Ça vaut pas vraiment la peine d'en parler. »

Le sous-entendu était évident : ''Surtout quand on compare à ce que tu fais, TOI'' Antoine retint à peine sa grimace. Regardant distraitement autour de lui pour voir s'il ne reconnaissait pas quelqu'un qu'il pourrait utiliser comme excuse pour s'éclipser poliment, il fut arraché à sa tentative lâche de fuite par l'amertume palpable dans la voix du plus âgé :

« T'es pas obligé de rester là. J'suis sûr qu'il y a plein de gars beaucoup plus cools qui adoreraient parler avec toi. »

Antoine ne savait pas bien si ce qu'il ressentait était de la pitié ou de l'attendrissement, mais il savait une chose. Par ces paroles, l'évident connard manipulateur qui le faisait face l'empêchait tout bonnement de se barrer sans avoir l'air d'un trou du cul absolu.

''Génial…'' pensa-t-il.

Se résignant à passer une soirée résolument pourrie et avec le sourire le plus faux du monde, Antoine prit la résolution de résoudre ses problèmes avec la seule méthode qui avait fait ses preuves jusque-là : la bière.

Ça allait être une longue soirée.


''Au final'' se dit le présentateur de WTC. ''Mathieu n'était pas si horrible.''

Il était drôle, réfléchi, même si son humour mordant et un peu corrosif semblait à la limite de la rage pure à certains moments. Il était assez étrange aussi. Ou peut-être qu'il ne tenait vraiment pas bien l'alcool.

Mais plus le temps passait, plus la deuxième hypothèse perdait sa crédibilité. Parce que Mathieu buvait. Beaucoup. Antoine était presque étonné par les litres d'alcool que le jeune homme était capable d'ingurgiter sans s'écrouler.

… D'accord, il était complètement sur le cul. Et en matière de beuverie, il en fallait beaucoup pour l'étonner.

« Un problème, gros ? »

« Hein ? Nan, nan, je… réfléchissais. » se secoua le brun sous la question.

« Tu dégages un mauvais karma. »

« Tu crois à ce genre de conneries ? » ne put s'empêcher de demander Antoine. Les miracles de l'alcool et la désinhibition qu'il procurait.

Mathieu le dévisagea d'un regard un peu vitreux, avant de cligner des yeux, de s'approcher de son oreille et de quasiment hurler : « LE PAPILLON DE LA LIBERTE, GROS ! »

« O-kay, je crois que tu as un peu trop bu, mec. »

Titubant d'un pied sur l'autre, Mathieu ne semblait pas l'entendre. Antoine ferma les yeux en soupirant. Il faudrait sans doute le raccompagner chez lui. Vers où habitait-il déjà ? Vers chez Lola, non ? Il chercha la grande brune des yeux. C'était une fille sympa, elle ne lui en voudrait pas de refourguer le jeune homme ivre mort sur les bras. Ou peu. Avec de la chance.

« Hey, Lola ! » interpela-t-il lorsqu'il la repéra.

« Un souci ? » demanda la jeune femme en fendant la foule pour le rejoindre.

« Je te présente Mathieu, il est heu… »

« Complètement torchée. » constata Lola d'un air docte.

« Il habite près de chez toi et je me demandais si… »

« Booooooooobs » prononça soudainement Mathieu d'un ton nasillard, les yeux rivés sur la poitrine qui lui faisait, il faut l'avouer, pratiquement face.

Bon. Pour demander de l'aide à la propriétaire de ladite poitrine à présent, c'était râpé. Elle tirait une tête étrange suite à la déclaration passionnée de celui qu'Antoine avait décidé de renommer ''l'Autre Abruti'' et il ne pouvait pas vraiment la blâmer.

« Laisse tomber. » grogna-t-il en s'éloignant de la jeune fille médusée, traînant l'autre boulet par le bras.

Peut-être qu'il pouvait simplement le laisser sur un canapé et s'éloigner discrètement, lui souffla la partie la moins recommandable de sa conscience – celle qui lui donnait les répliques de Richard. Un reniflement à ses côtés lui fit tourner la tête pour apercevoir un Mathieu aux bords des larmes.

« Je suis désolé, je ne voulais pas dire ça, je voulais pas lui faire peur, je vois pas beaucoup de filles, et… »

« C'est bon, ne pleure pas ! Je… Ecoute, je crois qu'il vaut mieux que tu rentres chez toi, d'accord ? Tu as trop bu… »

Le regard toujours un peu trop brillant, son interlocuteur leva les yeux sur lui.

« Je vais devoir rentrer seul… ? »

Son menton tremblait. Bordel, il allait pas se mettre à chialer quand même ? Mais, Antoine se laissa happé par les yeux bleus et si… innocents, il n'y avait pas d'autre mot, qui lui faisaient face.

« Je peux t'accompagner si tu veux… »

Une seconde. Il lui avait seulement fallut une PUTAIN de seconde pour craquer face à cet air de chaton trempé. Il était faible.

Et si Nyo était là, il lui dirait qu'il était très gay.

« C'est vrai ?… »

Devant la reconnaissance évidente du plus âgé (car oui, ce chaton nain était plus âgé que lui), Antoine se sentit fondre. Un trajet avec un mec aussi mignon ne pouvait pas être aussi horrible, pas vrai ?


Et bien, il s'avérait que si, ça pouvait être horrible si le mec mignon en question décidait de passer le trajet à chanter. Chanter à tue-tête et n'importe quoi. Un truc en rapport avec la rhubarbe et des pandas en l'occurrence. Très gênant dans le métro.

Dieu merci, ils arrivaient enfin à destination.

« Et voilà, mon salaud. » marmonna Antoine en fermant la porte de l'appartement avec soulagement. « J'espère que ça te dérange pas que je squatte, parce que là j'ai juste la flemme de rentrer et… »

Mais il eut à peine le temps de finir sa phrase qu'il fut plaqué violemment contre le mur de l'entrée.

« Au contraire, gamin, j'apprécierais particulièrement que tu restes. »

Antoine se sentit frissonner sous la voix qui semblait être descendue de plusieurs octaves ainsi que la poigne solide qui le retenait plus sûrement qu'une paire de menottes.

« Je croyais que tu étais pas de ce bord… »

Un ricanement lui répondit.

« Me confond pas avec l'autre tapette, gamin. »

Et sans attendre qu'Antoine comprenne ce qu'il entendait par là (et sérieusement, ça aurait pu prendre longtemps parce que cette phrase n'avait tout bonnement aucun sens), Mathieu l'embrassa, le privant temporairement de ses capacités cognitives.

Et punaise. Il embrassait bien. Toujours plaqué contre la cloison, le corps de l'autre sur le sien, Antoine se laissa aller à la déferlante de sensations alors que la langue chaude et humide de son vis-à-vis semblait explorer méthodiquement sa bouche.

« Mat' » souffla Antoine alors qu'il s'écartait pour reprendre son souffle.

L'autre ne le laissa pas continuer et souffla contre ses lèvres un « Appelle-moi Patron », semblable à un grondement.

À partir de là, le baiser évolua en un ballet plus agressif, plus dominateur. Il s'appliquait tantôt de mordiller les lèvres, tantôt de presser celles-ci afin d'obliger Antoine à reculer sa tête au maximum. Mathi- non, le Patron semblait déterminer à assoir son pouvoir sur lui. Sa bouche finit par quitter son visage pour s'attarder dans son cou, effleurant sans vraiment toucher, titillant la zone érogène du grand brun. Il entrouvrit les lèvres pour laisser ses dents glisser sur la peau, à présent couverte d'une légère pellicule de sueur, rendant Antoine avide de plus de contact.

« S'il te plaît… » supplia dans un souffle saccadé le YouTuber sous cette douce torture. « S'il te plaît… »

Comme cédant à cet appel, l'autre homme finit par plonger ses crocs dans la chair sensible, pas assez fort pour entailler l'épiderme mais suffisamment pour marquer la peau et exciter ses capteurs sensoriels. Cette douleur bienvenue après cette attente frustrante suscita un soubresaut, qui se propagea dans tout son corps, jusqu'à ses orteils qui se tortillèrent empêtrés dans les chaussettes, et lui arracha un gémissement qui sembla contenter son tortionnaire. Il sentait son sourire contre la morsure.

C'était étrange. Il avait l'impression d'avoir attendu ce moment… depuis toujours. Il n'était pas vraiment du genre à coucher avec n'importe qui, mais les bras de sa nouvelle connaissance semblaient… Etrangement chaleureux. Ses sens se perdaient peu à peu dans un brouillard réconfortant et il se laissa porter par le plaisir pur qui l'envahissait.

Non. Une minute. Qu'est-ce qu'il foutait ? QU'EST-CE QU'IL FOUTAIT PUTAIN ?!

Dans un sursaut, il se força à s'extirper de cet état de luxure passive. A reprendre des idées claires. Ils étaient tous les deux bourrés. Mathieu peut-être plus que lui. Il ne pouvait simplement pas tirer profit de la situation même si Mathieu était complètement bandant, penché comme ça sur lui sur le lit et…. Attends, quand avaient-ils atteint le lit ?

« Mec, mec, stop, qu'est-ce que tu fous ? »

« C'est pas évident ? »La frustration était tangible dans sa voix, annulant presque la raillerie du propos. « J'essaie de rentrer dans ton cul. »

Et sans laisser le plus grand protester d'avantage, Mathieu fondit sur ses lèvres. C'était sale, c'était violent, et surtout, c'était bordélique.

Sale comme les paroles qu'il semblait prendre un malin plaisir à répandre dans ses oreilles entre chaque baiser.

C'était peut-être stupide de se focaliser sur ce détail insignifiant alors que les mains de l'autre parcourraient son corps nu, semblant mémoriser chaque détail, chaque défaut. « Tu crois que je n'ai pas vu comment tu m'as maté toute la soirée ? Tu as une petite idée de tout ce que j'ai imaginé te faire ? » Caressant, encore et encore, d'une douceur contrastant douloureusement avec ses propos, caressant sans jamais s'appesantir, frustration en devenir, mais qui ne pouvait qu'exciter, encore plus. « Te prendre juste là, devant tout le monde, comme la belle pute que tu es. Et t'aurais pris ton pied, crois-moi. T'aurais joui comme jamais. » Remontant sur l'intérieur de ses jambes, redessinant son abdomen, se glissant dans son dos, ses mains semblaient s'être lancées dans une danse absurde sur les vulgarités étonnamment bien construites qu'il prononçait. « Mais au final, j'ai quand même gagné, non ? Je pourrais faire ce que je veux, tu halèterais comme une chienne en chaleur. »

Violent comme la soudaine brusquerie de ses gestes.

Il s'efforçait, visiblement, de ne pas le blesser, mais la manière dont il le plaquait sur le matelas, la rage passionnée avec laquelle il lui avait arraché la chemise, les griffures de plus en plus nombreuses qu'il lui infligeait… Antoine était fasciné. Il n'y avait pas d'autre mot. Rien dans le jeune homme qui s'amusait, littéralement, à exciter ses sens, laissant glisser ses dents à la surface de sa peau, retardant la morsure, inévitable, cette attaque profonde et presque sans retenue dans la chair, mais délicate, à la limite du chirurgical, rien dans celui qui le dominait complètement ne lui rappelait le jeune homme un peu cynique et fatigué avec qui il avait discuté plus tôt. Mathieu huma légèrement en suivant du bout de l'index la longue balafre écarlate qu'il venait de créer. Lentement, il se hissa à la hauteur du visage d'Antoine, le toisant presque. « A moi. » gronda-t-il avant de redescendre beaucoup plus bas, faisant taire les dernières protestations que le brun s'apprêtait à prononcer.

Bordélique comme le flux de pensées qui l'assaillaient en ce moment.

Il ne pouvait pas culpabiliser, c'était impossible en ce moment, pas quand… Il se raidit, crispant inconsciemment ses mains sur le drap froissé. Mathieu prenait visiblement son temps. Il titillait son sexe, le taquinant du bout des lèvres, le léchant légèrement, recueillant le précum et rendant, au bas mot, Antoine fou d'impatience. Le grand brun n'avait même pas conscience des gémissements qu'il laissait échapper de temps à autre, ni même de ses petits mouvements de bassin désespérés. Un ricanement à peine audible parvint aux oreilles du torturé, mais, avant qu'il ait pu protester contre cette absence flagrante de considération, son bourreau se décida enfin à gober la totalité de son pénis. Un bref instant, Antoine se demanda où son partenaire avait appris à faire une gorge profonde sans s'étrangler, lui-même s'y était déjà essayé et avait essuyé un échec cuisant, et sachant que Mathieu avait prétendu qu'il était hétéro, est-ce que ça voulait dire qu'il ne le considérait alors pas comme baisa… OH MON DIEU. Toutes ces questions se dissipaient et paraissaient même futiles face à ce que faisait Mathieu avec sa langue. Joueuse, elle enroulait, s'aplatissait puis s'éloignait pour mieux revenir.

« Je vais… je vais… »

A peine Antoine prononçait ces mots, que l'être inhumain qui prenait tant de plaisir à le molester se retirait déjà et glissait à nouveau vers son oreille, ses mains sur ses hanches le tenant toujours fermement en place. « Tu ne croyais quand même pas que ce serait aussi facile, gamin ? » Ce ricanement rauque, encore.

« Mathieu… »

La voix d'Antoine n'était plus qu'un souffle tremblant. Une gifle sonnante s'écrasa sur sa joue, le coupant dans son élan. Une main saisit sa gorge et le souleva sans ménagement jusqu'à ce qu'il soit quasiment nez à nez avec le visage enragé de l'autre homme.

« Je. T'ai. Dit. De. M'appeler. Patron. » siffla-t-il.

Les yeux écarquillés, manquant déjà d'air, Antoine ne put que tenter pathétiquement de hocher la tête pour que le ''Patron'' le relâche. Il eut à peine le temps de reprendre sa respiration vacillante, que ce dernier le retourna d'un seul geste expérimenté et, utilisant son avant-bras qu'il cala dans son dos pour le plaquer dans cette position, il prit tranquillement place au-dessus de lui.

Et Antoine… Antoine fonctionnait à peine à ce stade. Il avait mal, au dos, au cou. Le visage écrasé contre le matelas, il devait tordre sa nuque pour pouvoir ne serait-ce que respirer, et encore n'était-ce que laborieusement, par bouffées. Et d'un autre côté, il n'avait jamais été aussi excité.

Il ressentait chaque once de peau de Mathieu, du ''Patron'', peu importait, dans son dos, sur ses jambes, sur ses bras, le recouvrant complètement, un poids doux et presque agréable, qui rendait d'autant plus cruelle la poigne de fer qu'il exerçait sur lui. Il ne savait pas comment se positionner pour diminuer la douleur, mais cette gêne omniprésente accentuait, ou plutôt mettait en valeur, le plaisir qu'il retirait de chaque effleurement, de chaque agacerie que s'amusait à lui faire l'Autre, lui soufflant légèrement dans le cou, faisant se redresser ses poils, tandis qu'il sentait sa main libre descendre de plus en plus bas sur son dos.

Il ne put s'empêcher de sursauter en sentant brusquement quelque chose de froid en contact avec son anus. Se tortillant désespérément pour essayer de voir la source de cette perturbation, il fut épargné de ces efforts par la voix rauque de son compagnon :

« Calmos, c'est que du lubrifiant, gamin. »

Antoine avait l'esprit déjà fortement embrumé par les effets combinés de l'alcool et la frénésie du moment, sinon il aurait sûrement noté la sollicitude incongrue de l'autre dans cette attention, pourtant simple. Dans les faits, cela ne lui effleura même pas l'esprit. Un doigt le pénétra lentement et son premier réflexe fut de se resserrer autour de l'intrusion. Un grondement répondit à son initiative.

« Mec… » La voix de Mathieu était presque revenue à la normale, une once de panique semblait la traverser. La main qui le plaquait sembla perdre de sa résolution et les membres qui l'encadraient, pris d'un tremblement infime. Mais Antoine était trop plongé dans l'Instant pour le remarquer. « Mec… Je vais pas pouvoir le tenir longtemps si tu continues comme ça…. »

« Patron… » gémit Antoine, plus focalisé sur ses sensations que sur ce que Mathieu essayait désespérément d'énoncer.

Une brève inspiration suivie d'une pause dans son dos, bientôt brisée par un murmure d'une voix grave et fêlée : « Tu as aucune idée… Aucune, de l'effet que tu me fais. »

Et, avant qu'Antoine ait pu ajouter quelque chose, une interrogation peut-être, Mathieu était déjà en lui, couvrant entièrement son corps, frissonnant. Il resta près d'une minute dans cette position avant de se relever légèrement en s'appuyant sur ses paumes, et de se mettre à bouger.

Antoine se retint de grimacer. Mathieu avait beau aller lentement, il allait aussi… au fond des choses pour ainsi dire. Le brun n'avait pas été assez préparé, et après une (relativement) longue période d'abstinence, cela se faisait ressentir. Plus enrageant encore, il le sentait si près de ce point sensible, particulier à l'anatomie masculine, mais en l'évitant toujours de peu. Il voulut se mouvoir légèrement pour modifier l'angle, mais Mathieu se pencha à nouveau jusqu'à son oreille :

« Laisse-moi faire… » Promesse.

Les bases de ses mains étaient maintenant appuyées dans son dos, et si la pression était indéniablement présente, elle n'était ni dérangeante ni douloureuse. Les allées et venues s'accélérèrent, devenant de plus en plus intenses, comme des révélateurs de rage, ou plutôt de passion, difficilement contenue. Le dos d'Antoine s'arqua brusquement, alors que sa prostate fut –finalement – touchée. A partir de ce moment, Mathieu sembla perdre toute notion de contrôle et, saisissant Antoine à bras le corps, il le redressa jusqu'à ce qu'ils se tiennent tous les deux à genoux sur le lit.

« Touche-toi » ordonna-t-il de cette voix, à laquelle Antoine se sentait tomber accro.

La position était inconfortable et il avait du mal à se concentrer, et sur les mouvements que lui imposait le plus petit pour l'empaler, et sur sa propre masturbation, et pourtant, il se sentait si bien, tellement à sa place, qu'il aurait pu… Il ne savait pas lui-même. Jusqu'à présent, il s'était toujours considéré comme un mec plutôt vanille question sexualité mais maintenant, il avait l'impression qu'il n'avait jamais connu l'Extase qu'à ce moment.

« Si bon, putain… »

Le bras serré autour de son torse entravait un peu sa respiration, mais il n'en avait cure. Ici et maintenant, seuls comptaient son plaisir et celui de Mathieu. Mathieu…

« Ma…Patron… Je vais… Je vais… »

Un morsure profonde et subite dans l'épaule, presque jusqu'au sang, assez large pour laisser la langue s'amuser sur la chair blanche malmenée entre les deux rangées de dents, l'interrompit. Sous le coup de la surprise, de la douleur et du plaisir, le tout mêlé dans un fouillis impossible, Antoine jouit et se laissa tomber à quatre pattes alors que Mathieu le relâchait finalement, après s'être extrait de lui.

Une partie de son cerveau enregistra que le plus âgé n'avait pas encore été satisfait, au sens le plus basique du terme, mais une voix, toujours cette même voix, bourrue, le fit encore une fois de plus frissonner malgré son impression de vide physique.

« Antoine… »

Il se retourna, s'allongeant sur le dos et déglutit. Devant lui, toujours dans la même position, Mathieu, les lèvres rougies et entrouvertes, les cheveux aussi décoiffés que les siens, continuait de se masturber lascivement. Pourtant, ce ne fut pas le mouvement de sa main qu'Antoine regarda en retour, mais ses yeux si sombres, ses pupilles dilatées qui l'hypnotisaient.

« Antoine » chuchota encore Mathieu avant de se vider sur l'abdomen de l'autre, et de s'effondrer, à moitié sur lui, à moitié à côté.

''Je vais être bien dégueu demain….'' fut la dernière pensée qui traversa l'esprit d'Antoine avant qu'il ne sombre dans le sommeil.


''Putain de bordel de bite, je suis dégueu'' fut la première chose qui traversa l'esprit d'Antoine lorsqu'il se réveilla. Ça et la pensée qu'il était seul. Seul et dans un lit qui ne lui appartenait pas. Une situation qui n'indiquait rien de bon dans la grande majorité des cas. Il essaya de se lever mais se rassit bien vite en grimaçant à cause d'un léger tiraillement désagréable. Hmm. Il s'était apparemment bien amusé hier soir.

Il ferma les yeux, tentant de retenir ses souvenirs fuyants de la nuit passée. ''Mathieu'' Il rouvrit brusquement les yeux. Il se souvenait. ''Patron''. Une vague de panique le saisit alors qu'une question s'imposait à son esprit : ''où était Mathieu ?''

Après avoir cherché et trouvé successivement un fût et un T-shirt et bataillé un peu pour les mettre, Antoine trébucha maladroitement jusqu'à la porte de la chambre et courut presque jusqu'au salon. A moitié affalé sur le canapé, deux tasses de café, dont une à moitié entamée reposant sur la table basse, Mathieu, la tête rejetée en arrière semblait réfléchir intensément en fixant le plafond. En entendant les pas du plus grand, il se redressa brusquement.

« Antoine ! »

Le ton n'avait rien à voir avec celui employé la nuit dernière. Il était manifestement sur ses gardes, presque réservé, avec une pointe tangible d'inquiétude et de nervosité. Le cœur d'Antoine se serra douloureusement. Il se gifla intérieurement. A quoi s'était-il attendu ? Ça n'avait visiblement été qu'un coup d'un soir. Mais peut-être avait-il espéré au fond de lui que Mathieu ne serait pas contre retenter l'expérience. Il s'injuria mentalement. Il n'était qu'un idiot qui s'attachait trop vite, trop con et naïf pour…

« Tu veux du café ? »

Il se força à se recentrer sur Mathieu qui avait tout d'un chaton fatigué avec sa petite mine bouffie de sommeil et ses mèches pointant dans toutes les directions. Sans attendre une réponse, Mathieu poussa une des tasses vers lui, et se rencogna dans les coussins du canapé. Après un instant d'hésitation, Antoine s'en saisit et se laissa tomber lui aussi sur le siège avec la grâce d'une baleine amorphe.

« Je suis désolé. » finit par lâcher Mathieu.

Antoine ferma les yeux.

« Tu n'as pas… Je comprends que tu regrettes. Si tu préfères, on peut agir comme si rien ne s'était passé et ne plus jamais se croiser. »

Il prit une gorgée de café qui lui parut bien amère.

« Regretté ?... »

L'incompréhension dans la voix de Mathieu le fit relever les yeux vers lui pour constater sa parfaite perplexité.

« C'est pas… Mec, je t'ai quasiment forcé alors que t'étais saoul, et tu crois que je regrette d'avoir tiré mon meilleur coup depuis plus de six mois ? »

Antoine le contempla, la bouche ouverte, ne prêtant plus aucune attention à sa tasse Est-ce qu'il entendait correctement ?

« Dès que je t'ai vu, j'ai… je t'ai trouvé assez mignon. Mais j'ai… un problème pour garder mes émotions sous contrôle si tu veux. C'est pour ça que je t'ai fait croire que je n'étais pas… intéressé. » Il eut un petit rire nerveux. « Je pensais que… que ça m'empêcherait d'allait aussi loin. » Il prit une profonde inspiration. « Je suis si désolé. Je ne t'ai pas demandé ton avis et j'ai le vague souvenir d'avoir été, hum,… »

« Mec ? »

« Ouais ? »

« T'as bien dit que tu regrettes pas ? »

« Oui… Enfin, j'veux dire, non, je ne regrette pas. »

« Moi non plus. »

Mathieu le fixa un moment avant que tout son visage ne s'éclaire soudainement d'un sourire et qu'il ne replonge dans sa tasse de café. Antoine se sentit absurdement heureux de cet état de fait.

Une heure plus tard, habillé correctement, debout sur le pas de la porte, Antoine hésita avant de se décider. Après tout, qui ne tente rien n'a rien, pas vrai ?

« Ça te dirait de.. hum… aller au resto ? Un soir ? Avec moi ? »

« Oui, bien sûr ! »

Mathieu se mordit la tête en se morigénant intérieurement. Il avait paru trop enthousiaste, il avait répondu trop vite, trop fort, Antoine allait…

Mais Antoine prit sa main et la serra en souriant.

« Je compte sur toi mercredi soir alors. »

To be continued….


Ce cliffhanger du pauvre, j'ai presque honte x) Ce premier chapitre est presque exclusivement du lemon mais ce sera le seul de cet acabit donc ne vous attendez pas à un PWP ^^'

A plus tard :P