Le Mal n'est qu'une abstraction
Personne n'est blanc comme neige. Personne n'est à l'abri. Le Mal dépend de l'idée que l'on s'en fait et du but que l'on cherche à atteindre. Tout un chacun peut du jour au lendemain se muer en bourreau.
"Ce qui est fait par amour se fait par-delà Bien et Mal." _ Nietzsche.
Note de l'humble auteur :
J'ai vu pas mal de fics impliquant SebastianxRuvik (j'imagine pas ce que ce sera d'ici quelques mois xD), mais toujours sous l'angle d'un rapport de force, de rapports plus ou moins (pas du tout) consentis, si je puis dire. Alors je me suis concocté mon petit challenge personnel. Vous verrez xD D'emblée, je ne partirai pas dans le porno barbelé. Je voudrais tenter une approche différente. A mes risques et périls.
J'avais envie de travailler sur les personnages et leurs personnalités. Lorsque j'ai fini le jeu, je les trouvais assez vagues, creux presque, alors qu'il y avait vraiment matière à exploiter. J'ai bien conscience que The Evil Within ne se range pas du tout dans la ligne des Silent Hill (mes jeux préférés pour leur scénario), mais j'espérais davantage. A tort sans doute. D'un autre côté, je peux faire fonctionner davantage mon imagination xP Encore une précision, je ne tiens pas à retracer l'histoire originelle du jeu, même si, évidemment, certains passages-clefs réapparaîtront. ! ATTENTION AUX SPOILERS DONC SI VOUS N AVEZ PAS TERMINE LE JEU !
Je préfère tout de suite prévenir : Pas de Mpreg, contrairement à ce que laisserait peut-être attendre certains passages.
Le dessin qui m'a décidé à écrire cette fic (même si le dessin n'a pas de rapport avec l'histoire XD) : art/Evil-Tango-492510984
Tout simplement parce que cette image m'a fait rire (gentiment x) et qu'elle témoigne d'une certaine "horreur" poétique.
Chapitre 1 :
Sebastian ne savait plus exactement depuis combien de temps il errait dans ces égouts répugnants. Il avait perdu le fil du temps. Dès son arrivée dans ce monde cauchemardesque, sa montre avait cessé de fonctionner. Les aiguilles restaient figées sur l'heure de son arrivée sur le lieu du crime. L'hôpital. Ce qui le perturbait le plus était la perte de son précieux trench coat, celui que lui avait offert son épouse disparue Myra. Il était incapable de se rappeler où et quand il l'avait perdu. Il avait l'impression grandissante qu'en même temps il s'était dépouillé de sa santé mentale. Il se faufila derrière un groupe de monstres, qui, autrefois, avaient dû être des humains comme lui. A présent, ils ne ressemblaient plus à rien. Toute sanité s'en était allée. Toutes les tortures que le responsable de ce carnage, probablement cet homme au capuchon, leur avait fait subir les avaient brisés, déformés.
Sebastian se pressa jusqu'à l'échelle. Enfin, il quittait les égouts. Une fois à l'extérieur, il arracha un morceau de sa chemise et banda ses blessures, afin qu'elles ne s'infectent pas suite au contact avec les ordures. Il était dégoûtant, les vêtements souillés, mais vivant, sain et sauf. Il dégaina son revolver, compta les munitions qu'il lui restait. Deux. Pas plus, ni moins.
- Merde...
La chance n'était pas de son côté. Il observa brièvement les alentours, ce qui s'apparentait à un petit village abandonné, plongé dans une nuit noire. Sebastian pria pour que cette nuit ne fût pas éternelle. Il s'apprêtait à avancer, quand une voix masculine qu'il reconnut malheureusement l'interpella.
- Officier ! Attendez-moi !
- "Détective" Castellanos, rectifia l'interpellé, non sans agacement.
Il exécrait le docteur Marcelo Jimenez, qu'il avait déjà rapidement rencontré à l"hôpital, juste avant que le cauchemar ne débute. Il le détestait en raison de ce qu'il devinait chez lui ; de l'égoïsme, de l'hypocrisie. Ses sourires, ses politesses, sonnaient faux, se résumaient à une façade qui se fissurerait à la première difficulté. Il aurait tant préféré retrouver l'un de ses coéquipiers, Joseph Oda et Julie Kidman, dont il n'avait eu aucune nouvelle depuis le basculement dans ce monde.
- L'hospice que dirige mon frère se trouve non loin d'ici, l'informa Jimenez ; il paraissait très pressé. Nous devons nous y rendre. Leslie y a été soigné et en garde le souvenir d'une maison. Je suis certain qu'il s'y est réfugié.
Sebastian n'appréciait guère l'idée de s'allier à cet homme, de l'accompagner, mais son devoir de protéger Leslie, l'autiste assurément aussi innocent qu'un agneau, l'emporta sur son aversion pour le docteur. Par la même occasion, il pourrait peut-être s'abriter lui-même pour un temps et en apprendre davantage sur les véritables motivations de Jimenez.
- Je vous suis, dit-il à contrecoeur.
- Détective, je suis autant que vous en devoir de protéger Leslie. Il est mon patient. Ma dignité en dépend.
Tas de conneries. Sebastian fit la moue dans le noir. Lorsqu'ils atteignirent le fameux hospice, une faible lumière parvenait d'un bureau à l'étage. Et pas seulement. Des paroles lentement prononcées, d'une voix suave et démentielle, se faisaient entendre. Sebastian chargeait son revolver, quand Marcelo se précipita dans la salle d'où provenaient les sons.
- Non, attend...
Sebastian soupira nerveusement et le suivit. Le frère de Marcelo leur tournait le dos.
- Détective, je vous présente mon frère Valerio Jimenez...
Un grognement sonore résonna, sortant du corps massif. Il ne fallut qu'une seconde à Sebastian pour dégainer son arme. Marcelo, quant à lui, demeurait abasourdi, y compris quand son frère se retourna, brandissant une faucille. Ses yeux brillaient, à l'instar de ceux des infectés. Sebastian l'abattit de plusieurs balles dans la tête. La seconde suivante, il vit en flash Valerio se contorsionner, agrippant son crâne comme pour se l'arracher. Ses ongles s'enfonçaient, cherchaient dans sa propre peau, qu'il déchira, au comble de la souffrance. Tranquillement, il ouvrit alors le corps du patient attaché à la table. Quand Sebastian reprit ses esprits, Marcelo, en état de choc, marmonnait quelque chose d'incompréhensible, les yeux rivés sur le cadavre de son frère. Sebastian, quant à lui, inspectait les radiographies révélant la présence de clefs dans l'abdomen du cadavre. Il s'apprêtait à rouvrir le corps, quand il entendit Marcelo murmurer :
- C'est impossible... ça ne peut pas être lui... Ruvik... ça ne peut pas être toi...
Le nom trouva écho dans la tête de Sebastian, qui lâcha le poignard et fit volte-face. La lame se planta dans le plancher, tout près de son pied. Marcelo le regarda d'un drôle d'air, mais Sebastian ne parut pas remarquer quoi que ce soit.
- Que pouvez-vous me dire sur ce Ruvik ? l'interrogea-t-il.
- Pas grand chose... répondit évasivement le médecin.
Des mensonges. Encore. La méfiance de Sebastian à son égard s'accrut ; il lui cachait décidément bien des choses. Sebastian ramassa le couteau et en revint au mort. Contrairement à ce qu'il aurait cru, il n'éprouva aucun malaise, pas même lorsqu'il dut plonger sa main dans les viscères exposées pour dénicher les clefs. Il se rassura en se disant qu'il n'avait jamais été une âme sensible. Les deux hommes redescendaient au rez-de-chaussée de l'hospice, lorsqu'un cri de pure panique retentit au dehors.
- Leslie ! s'exclama sur-le-champ Marcelo.
- Doucement, je passe devant.
Ils finirent par retrouver l'albinos dans une petite arrière-salle d'une autre bâtisse attenante. Il se tenait à même le sol, en position foetale. Dès que Jimenez s'approcha, il se redressa et se mit à brailler, comme un animal craintif.
- Calme-toi voyons ! lui intima le docteur.
Mais le patient semblait trop agité pour l'entendre. Il parlait sans arrêt, débitant les mêmes paroles avec un régularité aussi effrayante que sa voix terrifiée.
- Lui... Il arrive... Il arrive...
Sebastian aussi ne se tenait pas tranquille. Son instinct lui indiquait que quelque chose clochait, qu'ils n'étaient pas seuls. Il sortit de la pièce, fit le tour de l'étage pour finalement revenir bredouille.
- Tout va bien, assura-t-il. Vous pouvez sortir.
Jimenez se chargerait de les guider vers la sortie. Il passa en premier. Tandis qu'il passait à son niveau, Leslie jeta un regard apeuré à Sebastian. Ses lèvres tremblottaient, ânonnaient les mêmes phrases en une boucle interminable.
- Il arrive... Il arrive... Il nous voit. Il nous voit. Il arrive...
Sebastian, bien que ce comportement ne fût pas pour le rassurer, tâcha de se montrer compréhensif et l'enjoignit calmement à suivre Jimenez. Ce dernier avait abouti à une impasse.
- Impossible... murmurait Marcelo, palpant le mur qui n'aurait pas dû exister.
- On est peut-être tous en train de perdre la tête, lâcha Sebastian.
Aussitôt, comme une alarme, de plus en plus fort, Leslie se mit à répéter ces mots. Son cri atteignit son paroxysme au moment même où de violents maux de tête, qui plièrent en deux Sebastian, débutèrent. Lorsqu'il releva les yeux, la douleur s'étant atténuée aussi subitement qu'elle était née, ils tombèrent sur la face pétrifiée d'effroi, ébahie, de Jimenez, qui fixait quelque chose dans son dos. Il était blanc comme un linge, comme s'il venait de voir un fantôme. Ses lèvres tremblantes bredouillèrent :
- Non... Impossible... Ruvik... Alors c'est bien toi...
Sebastian se tourna pour découvrir la mystérieuse silhouette qui l'avait frappé à l'hôpital, la dernière personne qu'il avait vue avant d'être précipité dans ce cauchemar. Rien n'indiquait que le spectre le fixait, mais Sebastian pouvait sentir son regard perçant braqué sur lui, l'ouvrant, le disséquant.
- Qui es-tu ?
L'homme encapuchonné ne répondit pas. Sans souffler mot, il esquissa un vague signe de main, comme s'il le défiait, et lui tourna le dos pour s'éloigner. Sebastian n'écouta pas les avertissements de Jimenez, qui l'exhortait à ne pas poursuivre l'ombre. Le dénommé Ruvik marchait lentement ; il l'aurait vite rattrapé. A peine allait-il l'effleurer que tout disparut autour de lui. Ruvik, Leslie, Jimenez. Il se retrouva seul, dans le couloir qu'il ne reconnaissait plus.
Voilà, un premier chapitre introductif, suivant le cours de l'histoire, juste pour placer des éléments cruciaux (quelques-uns en tout cas).
Les reviews sont appréciées (naturellement !)
Merci aux lecteurs,
Beast Out