Titre : Le précepteur de mon fils

Disclaimer : Vous ne le saviez pas ? Je ne possède ni les personnages ni l'univers de Harry Potter... Il paraît que tout ça appartient à une certaine JKR, suis pas sûr, je l'ai jamais vue.

Catégorie : Romance

Rating : M (comme d'hab)

D'autre part, il sera question de slash, un Yaoi, bref une histoire d'amour entre deux hommes. Si cela ne vous convient pas, homophobes merci de sortir (à gauche, au bout du couloir, vous ne pouvez pas vous tromper).

Bêtas : Archimède et Nanachan14 (duo de choc !)

Note 1 : Léger UA magique qui, s'il prend en ligne de compte certains épisodes de la saga, s'en différencie également par d'autres. Harry Potter est le Survivant mais Voldemort a été tué lors de cette nuit du 31 octobre 1981. Oubliez donc les Horcruxes et les Reliques. Sirius, Severus, Remus sont bel et bien vivants, merci pour eux. Evan Rosier, Mangemort tué en 1980 dans le canon est lui aussi vivant. Quant à Lucius, il n'est pas né en 1954 mais en 1967.

Note 2 : Bon, passons par le stade blablatage de l'auteur, je ne le fais qu'une seule fois, c'est maintenant, courage.

Donc cette histoire est un cadeau pour Nanola, ma bichette d'amour et aussi ma maîtresse Tyrannia à ses heures.

Devrais-je le dire ? J'ai été harcelé par Nano. À chaque fois qu'elle entendait via Skype le doux clapotis de mon clavier, j'avais droit à : « Bichette, tu écris ? » - « Oui, » répondais-je, innocente et pure (Hum… le hibou remet fortement cette affirmation en cause) – « Bien, dans ce cas... ENREGISTRE ! » À sa décharge, m'entendre chouiner tous les deux jours parce que j'ai perdu deux pages d'écriture à cause de mon ordi qui surchauffe, je peux comprendre que ses pauvres petits nerfs fragiles ne lâchent.

En dehors de ça, elle avait pleuré pendant des semaines, telle la madeleine moyenne, parce qu'elle voulait un cadeau et que personne ne lui en faisait. Soi-dit en passant, Archimède et moi lui avions déjà fait un OS cadeau mais, alors que nous la faisions tomber toute cuite dans les bras de son fantasme blond, selon Nanola cela ne compte pas au prétexte futile que Harry meurt à cause d'elle. Tssss...

Bref, un moment d'égarement, un excès de bonté dans mon monde soi-disant de psychopathe, un peu trop de rhum dans mon jus d'orange, on ne saura jamais, j'ai dit oui.

Bondissante de joie telle la bichette qu'elle est, elle m'a alors donné les directives de ce qu'elle voulait, en bon tyran qu'elle est également : une Lurry (normal, un grand classique pour Nano, je gère) avec de l'humour (ok... glurps) un Lucius qui reste Lucius mais dont Harry tombe amoureux sans contrainte pour une belle histoire romantique (... what ? tu as bien vu à qui tu parles, là ?) Jusque là, je ruminais, mais passons.

Vous pensiez comme moi que c'était tout ? Que nenni, la gente demoiselle me lance alors deux défis que dans mon inconscience, je relève : placer une fessée (oui, amis lecteurs, une FESSÉE entre Lucius et Harry, et c'est moi ensuite que l'on traite de psychopathe ? hinhinhin, laissez-moi grincer de rire) et aussi le mot « Bisounours »... là, j'avoue, j'ai pleuré. Mais vous savez quoi ? Eh bien je l'ai fait !

Alors maintenant, j'espère simplement que le résultat vous plaira, à vous, comme à Nanola.

Oh, j'allais oublier, vous savez ce qu'on dit, « chasser le naturel, il revient au grand galop », donc n'oubliez pas que cette fiction reste du Mandy et qu'en conséquent, cela ne sera pas toujours tendre. Oui, mon côté Voldemoresque a survécu à l'indigestion de sucre.

Sur ce, je vous souhaite un agréable séjour en ma compagnie.


Chapitre 1

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L'annonce


Harry regardait avec un plaisir évident les différents objets qui se trouvaient sur le bureau de son directeur, les tableaux sur les murs qui devisaient entre eux ainsi que le Phénix au plumage chatoyant qui ronflait doucement sur son perchoir. Cela faisait des mois qu'il n'était pas revenu à Poudlard et des années qu'il ne s'était pas retrouvé ici, dans le lieu sacré de Dumbledore.

Confortablement installé dans un fauteuil recouvert de velours rouge, Harry jeta un faible Tempus afin de savoir depuis combien de temps il attendait en ce lieu. Bon sang, pas moins d'une demi-heure ! Mais que fabriquait donc le vénérable sorcier ?

Alors qu'un lourd soupir s'échappait de ses lèvres, la porte du bureau s'ouvrit, laissant passer le vieux mage, ainsi que Severus Snape.

« Ah, Harry, mon garçon, excuse-nous du retard, une affaire urgente nous a retenu, Severus et moi. Figure-toi qu'un groupe d'étudiants a réussi à faire sauter toutes les toilettes des filles et... »

« Je ne pense pas que ce genre d'explication intéresse tant que cela notre invité, Albus, » le coupa de sa voix basse mais clairement énervée le sombre maître des Potions.

« Pardon ? Oh, oui, c'est vrai, c'est vrai. Et puis je manque à tous mes devoirs ! Harry, une tasse de thé ? Un bonbon ? J'ai aussi de délicieuses tartelettes au citron si tu préfères. »

« Albus... » grogna Severus.

« Mais oui, mais oui, j'ai aussi du café, Severus, » répondit distraitement le directeur en agitant sa baguette afin de faire apparaître une desserte recouverte de pâtisseries, d'une coupe remplie de bonbon, de trois tasses et de deux théières en porcelaine.

Le sévère professeur leva les yeux au ciel mais s'assit à côté de Harry dans un élégant mouvement de robe.

« Bonjour professeur, bonjour Severus, » fit alors Harry en retenant difficilement un sourire.

« Bonjour, mon garçon, » répondit aimablement Severus tout en jetant un regard navré au directeur qui sifflotait gaiement en leur servant leurs boissons chaudes qui se mirent à fumer dans les tasses. « Comment vas-tu ? Je n'ai guère eu de nouvelles depuis mon dernier hibou, » continua-t-il en se saisissant de la tasse dans laquelle se trouvait un liquide noir.

Harry reconnut sans peine la pointe de reproches qui perçait dans le ton de son ancien professeur. Après tout, il avait dû endurer Severus durant toutes ses études en tant que maître des Potions mais aussi vivre avec lui pendant plusieurs années quand ce dernier avait eu l'idée subite de vouloir devenir son tuteur.

« Désolé, Severus, mais j'ai eu mes examens de fin d'année, sans compter que Sirius voulait absolument que je l'aide à aménager le deuxième étage de la maison. Je ne sais pas ce qui lui prend en ce moment, sans doute le fait que Tonks et Remus soient devenus parents, mais il est intenable ! »

Severus eut un reniflement méprisant.

« J'avais oublié le chien galeux ! De toute façon, il a toujours été intenable, ce n'est pas une nouveauté ! » répondit-il furieusement.

« Sev'... » soupira Harry.

Mais il ravala prestement la fin de sa phrase devant le regard sombre et courroucé que lui envoya son deuxième cher tuteur et père adoptif de surcroît.

« Bien, bien, bien, je ne voudrais pas interrompre une aussi intéressante conversation, mais il me semble que j'ai, enfin, que nous avons demandé à Harry de venir dans un but précis. Et si mes souvenirs sont bons, cela n'incluait pas de lui faire des reproches, » remarqua Albus avant de mordre dans une tartelette.

Ses yeux pétillants regardèrent par dessus ses verres en demi-lune l'homme en noir qui le gratifia une nouvelle fois d'un œil torve.

« Oui, j'avoue que j'ai été à la fois surpris et heureux de recevoir votre hibou, professeur. Oserais-je croire que mon souhait sera bientôt exaucé ? » fit le jeune sorcier.

« Hélas, je crains que non, mon cher garçon, » l'informa Albus. Voyant le visage de Harry s'affaisser et ses yeux exprimer de la déception, il s'empressa d'ajouter : « Harry, je te l'avais dit, il y a de cela déjà deux ans. Devenir professeur à Poudlard n'est pas évident, peu de places sont disponibles. Tu sais aussi bien que moi que le poste de professeur de défense contre les forces du mal est pourvu par Remus depuis ta sixième année, les professeurs Bibine et McGonagall ne partiront pas à la retraite avant encore longtemps et c'est à ces postes là que tu pourrais prétendre. Je suis vraiment désolé. Mais ne désespère pas, ce n'est pas un non définitif, sois-en certain. »

« Très bien, » murmura Harry, malgré tout atrocement déçu. « Mais dans ce cas, pourquoi m'avoir demandé de venir ? J'avoue que je ne comprends pas. »

« Eh bien, il s'avère que Severus et moi avons été contacté par un homme qui a besoin d'aide. Je dirais même d'une aide urgente. Or, sans nous concerter, nous avons immédiatement pensé à toi. »

Le jeune sorcier regarda les deux autres, dubitatif. Quand Snape et Dumbledore étaient d'accord, cela était souvent annonciateur d'événements importants, bons ou mauvais. Comme par exemple, quand ils lui avaient annoncé la bouche en cœur que son sinistre professeur de potions voulait l'adopter...

« Oh... Et ? »

« Allons Harry, ne prends pas cet air soucieux, c'est tout à fait inutile, » le rassura Albus.

Cependant, Severus gardait les yeux rivés sur ses mains qu'il contemplait avec une étrange et suspicieuse, de l'avis de Harry, fascination.

« Tu veux toujours enseigner, n'est-ce-pas ? Et, si mes souvenirs sont exacts, tu as également fini tes études de culture générale et de littérature appliquée, je me trompe ? »

Harry acquiesça, de plus en plus perplexe. Ou le vieux sorcier devenait fou, ou ce qu'ils avaient à lui demander était encore pire que ce qu'il imaginait.

« Professeur Dumbledore, si c'est pour une mission de sauvetage ou je ne sais quoi d'autre encore du même genre, je vous arrête de suite. Sirius n'a pas réussi à me faire changer d'avis, vous n'y arriverez pas plus. Il est hors de question que j'intègre l'école des Aurors ou que je me lance à la poursuite de mage noir quelconque ! »

« Je peux t'assurer que cela n'a strictement rien à voir. Mais notre proposition ne manque pas d'un certain... danger ? » se moqua Snape.

Le sorcier aux cheveux de jais fronça ses fins sourcils. Allons bon, qu'est-ce que le vieux fou et son abominable persécuteur graisseux lui avaient réservé ?

« Nous ne sommes pas sans ignorer que tu souhaites également te consacrer à l'écriture mon enfant. Alors je pense que notre proposition te plaira. Après tout, si tu veux devenir enseignant à Poudlard, c'est que tu souhaites travailler dans l'éducation et en contact d'enfants. »

« Judicieuse déduction, » marmonna Harry.

« Donc... »

Dumbledore se redressa, un sourire éblouissant aux lèvres.

Harry le contempla avec l'atroce impression qu'il voulait ressembler au Père Noël un 25 décembre. Sa robe rouge parsemée d'étoiles vertes n'aidait d'ailleurs pas à lui faire passer cette vision. Il se pinça les lèvres afin d'éviter d'exploser de rire.

« Nous te proposons un poste de précepteur ! » lança le vieux sorcier comme s'il lui faisait un magnifique cadeau.

Il ne lui manquait plus que le « Hohoho » et quelques kilos en plus pour compléter le tableau.

Harry s'étouffa alors qu'il contenait plus que difficilement son fou-rire. Constatant que ce n'était pas exactement la réaction qu'attendaient de lui ses deux anciens professeurs, il se reprit et demanda d'une voix malgré tout étranglée.

« Précepteur ? Oh, eh bien l'idée est intéressante. J'avoue que je n'y avais pas pensé. Et ce sont les parents qui vous ont contactés ? »

Il ne put rater le coup d'œil rapide et un peu gêné que s'échangèrent les deux autres sorciers.

« En quelque sorte, » se décida à expliquer Snape. « Il s'avère que le père de l'enfant concerné est une... connaissance d'Albus et l'un de mes meilleurs amis. Oui, Potter, j'ai des amis ! » rajouta-t-il sèchement tandis que Harry s'empressait de rabaisser son sourcil qui s'était levé d'étonnement. « Ce n'est pas parce que je n'ai jamais jugé utile de présenter le morveux dont j'avais décidé d'hériter à ceux-ci qu'ils sont inexistants ! »

« Je n'ai strictement rien dit ! » se défendit le brun.

« Non, mais tu l'as pensé ! » l'accusa immédiatement son tuteur. Le garçon ronchonna tout en remettant correctement en place ses barrières d'Occlumencie. « Bref, toujours est-il que cet homme est venu nous trouver afin que nous l'aidions à engager un précepteur digne de confiance et compétent pour son fils unique de huit ans, Draco. Nous avons tout de suite pensé à toi, tu seras parfait pour ce poste. Draco est un enfant, disons, un peu particulier, qui a fait fuir ses différents maîtres. En conséquence, ce poste est très bien payé, sans compter que tu seras logé, nourri, blanchi. Tu auras droit également à un jour de congé par semaine. »

« Je vois... » fit Harry songeur. « Il est particulier dans quel sens exactement ? Qu'a-t-il fait de si extraordinaire pour faire démissionner ses anciens professeurs ? Et combien ? »

De nouveau, un regard cette fois-ci clairement gêné fut partagé entre les deux plus vieux sorciers.

« Je vois... » fit de nouveau Harry, plus morose que jamais.

« Non, attends, ce n'est pas si grave que cela. Draco est juste un enfant un peu capricieux, mais son père le couve beaucoup trop, ce n'est donc pas réellement de sa faute quand on y pense. Pourtant, je t'assure qu'il n'est pas méchant, il est très intelligent et cache un cœur en or ! C'est juste qu'il lui faut du temps pour faire confiance aux gens et se laisser approcher. Je pense que ses anciens précepteurs n'ont pas su comment le prendre ni n'ont eu la patience nécessaire pour le faire, » s'empressa d'affirmer Severus.

« Combien ? » redemanda Harry, lugubre.

« Huit... » avoua Severus. « En deux ans... »

Harry ferma les yeux.

« C'est une blague ? »

« Non. »

Severus ne jugea pas utile d'ajouter que l'un d'eux avait fini à Ste Mangouste avec des algues à la place des cheveux, les pieds et les mains palmés ainsi que des ouïes au lieu des oreilles, un autre dans une maison de repos pour dépression nerveuse (il y était encore) et un troisième avait quitté l'Angleterre pour la Papouasie.

« Je t'assure que tu seras parfait pour cet enfant, » fit Albus, venant à la rescousse de son maître des Potions. « Draco a besoin d'un adulte à la fois ferme mais qui saura l'écouter, je sais que tu y arriveras. »

« Et ses parents ? Ils ne sont ni fermes ni ne l'écoutent ? » railla aussitôt Harry.

« Sa mère l'a abandonné quelques temps après sa naissance. Il ne l'a revue qu'une seule fois, à quatre ans et cela ne s'est pas bien passé du tout, » fit sombrement Severus. « Quant à son père, Lucius est trop faible avec lui, c'est vrai, mais je ne peux pas le blâmer non plus. »

« Toi ? Eh bien, c'est bien la première fois ! » s'exclama Harry avant de plonger rapidement son nez dans sa tasse de thé au citron. Si les yeux d'onyx de son tuteur pouvaient lancer des sorts, nul doute qu'il serait en train de hurler de douleur en se roulant par terre.

« Il est temps que tu reviennes passer quelques temps à la maison, tu deviens beaucoup trop effronté au contact de ce maudit cabot ! » gronda Snape.

« Mais ! Je ne suis pas insolent ! Et je te rappelle que j'ai vingt ans ! »

« Et alors ? Oh, laisse-moi deviner, cela signifie que tu as le droit de parler comme un rustre, de me manquer de respect et de ne plus venir passer quelques jours avec ton père, alors que tu réponds déjà à peine à ses hiboux ? Quelle importance, n'est-ce-pas, si je ne te vois plus et que tu me prêtes des intentions que je n'ai pas. Est-ce ce que tu serais en train de suggérer, Harry ? » susurra Snape, la voix pleine de fiel.

« Non, Severus, » admit Harry, penaud. Il se maudissait intérieurement mais il n'arrivait toujours pas à tenir tête à ce maudit Snape quand il le prenait ainsi par les sentiments.

« Bien, l'affaire est donc réglée. Je vais de ce pas envoyer un hibou à Lucius pour l'informer que nous lui avons trouvé un professeur, » fit le maître des Potions en se levant.

« Je n'ai pas encore accepté ! » s'offusqua le futur précepteur.

De nouveau, le regard noir et profond de son tuteur lui fit baisser ses yeux verts.

« D'accord, d'accord, j'accepte le poste. Mais si ce maudit gamin m'en fait trop voir, je ne resterai pas, que ce Lucius soit ton ami ou non ! »

« Lucius est mon meilleur ami, j'ai été une sorte de mentor pour lui dans sa jeunesse et Draco est mon filleul. J'ose donc espérer que tu résisteras davantage que ces espèces de boursoufflets qui t'ont précédé. »

« Ton... ton filleul ? » ne put s'empêcher de demander Harry en redressant son visage.

La lueur de peine dans les yeux verts fit grimacer le directeur des Serpentard. Il détestait voir le gamin avec cette expression sur le visage. Il ressemblait beaucoup trop à sa mère en ces instants. C'était d'ailleurs bien ce qui lui avait coûté sa solitude et sa tranquillité.

« Oui, mon filleul. »

Harry déglutit en baissant de nouveau son visage.

« Harry, s'il te plaît... »

« Non, pas la peine, ne te justifie pas devant moi, j'ai parfaitement compris tout à l'heure. C'est vrai, tu n'avais pas envie de dire à tes amis que tu t'étais encombré d'un stupide gamin, je ne devrais donc pas m'étonner que tu ais été le mentor d'un autre jeune, ni que tu aies un filleul de huit ans que je n'ai jamais vu de ma vie. Enfin, je dis un, mais tu en as peut-être d'autres ? Tu es marié et tu as des enfants aussi ? » le coupa fort peu poliment l'ancien Gryffondor, bien plus blessé qu'il ne le voulait.

« Harry ! Non, je ne suis pas marié ni quoi que ce soit ! Et le seul fils que j'ai se tient devant moi à cet instant, » grogna Snape.

Pour le coup, son annonce eut l'effet escompté, à savoir laisser sans voix les deux autres sorciers. Comme par un fait exprès, ce fut l'instant que choisit Fumseck pour se réveiller et se mettre à chanter.

« Stupide volatil, » marmonna le maître des Potions entre ses dents.

« Merci, Père, » fit Harry doucement.

« Grmf, là n'est pas la question. Si je ne t'ai pas parlé de Lucius et de Draco, c'est pour d'autres raisons. Lucius lui-même ne le souhaitait pas. Peu de personnes franchissent le seuil de son manoir et encore moins nombreux sont ceux qui connaissent Draco. Attends-toi à ce qu'il t'assomme de recommandations et d'interdits concernant son fils. Cet enfant est plus couvé qu'un poussin par dix poules, c'est d'ailleurs l'une des raisons de son problème de comportement. »

« Pourquoi ne voulait-il pas que je le sache ? J'aurais aimé les connaître, puisqu'ils te sont si chers, » affirma Harry.

Néanmoins le visage dur de son tuteur le surpris.

« C'est possible, mais je pense que Lucius ne voulait pas mettre Severus dans une position délicate en cas de refus de ta part, ni créer de problème à son ami, » intervint alors Albus qui s'était levé et caressait avec affection son Phénix, lequel semblait ronronner comme un chaton. « Je suis d'ailleurs étonné que tu n'aies pas réalisé de qui nous parlions depuis le début de cette conversation, mon garçon, » rajouta-t-il en le regardant par dessus ses lunettes, un sourire taquin aux lèvres.

Le jeune sorcier fronça ses sourcils, cherchant à mettre toutes les pièces du puzzle dans le bon sens. Ses yeux s'écarquillèrent subitement.

« Attendez, vous avez parlé d'un manoir, plus le fait qu'il connaisse bien Severus, son mentor... Lucius... Vous parlez de Lucius Malfoy ? Le fils d'Abraxas, l'un des plus dangereux Mangemorts de son époque ? »

« C'est exact, » claqua la voix sèche de Severus.

« Hors de question, » fit alors Harry en se redressant violemment de son siège.

« Tiens, ce n'est pas toi qui soutenais vouloir les connaître il y a quelques secondes à peine ? » murmura Snape, bien que tous l'entendirent sans effort.

« Pas les Malfoy ! Abraxas... Il était présent... Severus, tu sais que j'ai lu les rapports des procès des Mangemorts, il était là ! Il n'est pas rentré dans la maison, mais il était là ce jour-là ! Et toi, tu... ? Comment peux-tu être ami avec lui ? » cria Harry.

« Parce que, comme tu le soulignes si bien, il s'agissait de son père, pas de Lucius. »

« Et alors ? Il était un Mangemort lui aussi ! »

« Non, il ne l'était pas ! Tu oublies à qui tu t'adresses ? Moi, je l'étais, Lucius ne l'était pas. »

« Pas encore, tu veux dire ! Quel âge avait-il quand Voldemort a disparu ? »

« Quatorze ans, » répondit, non pas Severus mais Dumbledore. « J'ai témoigné à son procès, ainsi que d'autres personnes. Tu n'as pas eu accès à ce dernier puisque Lucius était mineur à l'époque. Celui-ci n'est pas consultable. »

Harry passa une main rageuse dans ses cheveux.

« Je n'arrive pas à croire que vous vouliez que j'aille dans ce repère d'anciens Mangemorts pour enseigner à leur enfant ! » lança-t-il enfin.

« Cela suffit, Harry ! » explosa alors Severus, faisant sursauter son pupille et son directeur. « C'est moi, qui ne peux croire ce qui sort de ta bouche ! Alors tu penses peut-être que Draco, un enfant de huit ans, ne mérite pas de recevoir une éducation en raison des fautes commises par son grand-père ? Un homme qu'il n'a jamais connu ? Penses-tu que Lucius aurait-dû être traîné à Azkaban, à quatorze ans, parce ce que son père était un Mangemort ? Et c'est à moi que tu dis ça ? Toi ? Toi qui n'as eu de cesse de me critiquer parce que je te reprochais de ressembler à ton père !? Tu mériterais que je te passe la bouche au savon ! »

Harry fit une horrible grimace, tant en raison des paroles de Severus qu'à cause des différents souvenirs qu'elles impliquaient. Car, entre autre, il lui avait déjà lavé la bouche avec du savon...

« Non, inutile... » souffla Harry, penaud.

Un silence s'ensuivit pendant lequel les sorciers les plus âgés regardaient le troisième. Après un long soupir de ce dernier, il finit par abdiquer.

« Très bien, j'accepte. Quand est-ce que je devrais commencer mon calvaire, pardon, mon travail ? »

« Le 1er septembre, ce qui te laissera donc un petit mois de vacances, » rétorqua Severus.

« Comment cela un petit mois ? Je viens de finir l'université ! »

« Certes, mais je t'attends dès demain à la maison. Il faut que l'on révise certaines choses avant que tu te lances chez les Malfoy. Lucius est très exigeant, il est donc hors de question que mon pupille le déçoive. Nous avons un long mois de travail qui nous attend. Et puis, cela fait si longtemps que tu ne m'as fait l'honneur de ta présence, tu ne voudrais quand même pas que je vous fasse une vraie crise de jalousie, à toi, au chien et au loup ? Je me trompe ? » fit Severus en quittant son fauteuil.

Il s'avança vers la porte alors que Harry gémissait de désespoir.

« Demain, huit heures, ne sois pas en retard. »

Puis il se tourna avec une envolé de robe pour disparaître dans l'escalier de pierre.

« Oh non, mais pourquoi j'ai dit oui ? » se lamenta Harry, se prenant la tête entre ses mains.

« Parce que tu as un énorme cœur, mon enfant, et que tu sais que cette expérience ne peut être que bénéfique pour toi. Je pourrais aussi ajouter, maintenant que Severus est sorti, que tu le fais par amour pour lui, tout comme lui trouve prétexte à ton prochain emploi pour passer un mois en ta seule compagnie, » dit beaucoup trop joyeusement le plus grand mage vivant de son époque. « Tu lui as atrocement manqué ces dernier temps, » rajouta-t-il, plus sérieusement.

« Je me doute, mais ce n'est pas que je ne voulais pas le voir. C'est vrai que j'ai été très pris. J'ai eu quelques soucis aussi. »

« Severus aurait sans doute été heureux de les connaître, pour t'épauler. »

« Je... Je suis désolé. Je vais me rattraper et rester effectivement avec lui la moitié de mon été. »

« Harry, tu sais que Severus avait vendu sa maison, impasse des Tisseurs pour toi, n'est-ce-pas ? Pour pouvoir acheter une autre maison, un endroit où tu serais bien. Un endroit juste pour vous deux. »

« Je m'en doutais, oui. Mon père n'a jamais voulu me le dire explicitement, vous savez comment il est... »

« J'en ai une vague idée, effectivement, » sourit le vieux professeur.

Il ne releva pas que Harry avait appelé Severus ''mon père'', chose qu'il faisait rarement devant d'autres personnes et pratiquement jamais quand l'intéressé n'était pas là.

« Harry, tu as su donner une chance à Severus, comme il l'a fait également avec toi. Il serait sans doute bon que tu fasses de même avec les Malfoy. Je suis pour ma part plus que certain que cette expérience te sera profitable. Draco a huit ans, tu ne passeras avec lui que les trois prochaines années avant qu'il ne rentre à Poudlard. Et, je ne sais pourquoi, mais j'ai comme la prémonition que son départ te sera douloureux. On s'attache rapidement aux enfants qui nous sont confiés. »

Harry sourit à son tour.

« Oh, le professeur Trelawney a encore frappé ? » se moqua-t-il.

« Merlin nous en préserve, une seule prophétie nous a amplement suffi ! »

Puis Dumbledore retourna à la contemplation de Fumseck qui battit mollement des ailes pour s'envoler et se poser sur l'épaule du brun.

« Hé, Fumseck, comment vas-tu ? »

L'oiseau commença à chanter doucement, une mélodie calme qui laissa Harry avec une chaude impression de plénitude pour tout le reste de sa matinée.

Une fois le garçon sortit, afin de retourner chez son premier tuteur pour lui annoncer qu'il allait passer le prochain mois chez le deuxième, Albus Dumbledore se réinstalla dans son fauteuil tout en prenant un bonbon, un large sourire étirant ses lèvres.

« Je pense que nous avons fait du bon travail, mon cher Fumseck. Un bonbon ? »

... ... ...

« Siri', s'il te plaît, ce n'est pas en boudant que cela va arranger les choses. C'est normal après tout, j'ai passé mes trois années d'études à vivre ici, avec toi. »

« Sauf pendant les vacances et pas tous les jours non plus ! » protesta immédiatement l'homme aux cheveux noirs, renfrogné sur son canapé.

« Sirius, si tu arrêtais de faire l'enfant ? Je pense que Harry a parfaitement raison et tu le sais aussi, » fit placidement Remus en se servant un verre dans le bar du salon refait à neuf de la grande demeure Black, Square Grimmaurd.

L'Auror se tassa un peu plus sur le matelas confortable en prenant un coussin qu'il martyrisa entre ses mains.

« Je dis juste que ce bâtard graisseux n'a pas à vouloir passer un mois entier avec mon filleul ! Surtout quand on sait maintenant que ce sinistre conn... »

« SIRI ! »

« Connaisseur en potions en a un bien à lui ! Pourquoi il a voulu piquer le mien, hein ? »

« Sirius, je t'en supplie ! » gémit Harry en posant sa tête contre sa paume.

Tout le bien-être ressenti le matin même après le chant de Fumseck s'était malheureusement envolé, dès l'instant où il avait décidé de dire la vérité à Sirius. Ce qu'il avait, il devait l'avouer, retardé le plus possible.

« Pourquoi faut-il qu'à chaque fois que je passe un peu de temps avec lui, tu réagisses ainsi ? »

« Un peu ? Un peu ? Tu vas passer un mois avec lui ! Un mois complet ! »

« Remus, pitié, aide-moi, j'ai l'impression d'être revenu en cinquième année ! »

Le loup-garou lui adressa un regard compatissant avant de se tourner vers son camarade maraudeur.

« Sirius, Harry a raison. Cesse-donc à chaque fois de le placer entre Severus et toi. Si tu as des choses à dire à Severus, fais-le directement. Harry n'a pas à choisir entre vous deux. Il a passé beaucoup de temps avec toi depuis la fin de Poudlard, s'il veut passer un mois avec son père, c'est son droit. Tu devrais être heureux pour lui. »

« Merci, » soupira Harry en regardant son sauveur alors que Sirius lançait un regard assassin à Remus à l'emploie du mot « père » qu'il n'acceptait toujours pas.

« Donc, lui a le droit d'être avec Harry pendant un mois et moi j'ai le devoir de me taire et d'être privé de lui pendant quatre longues semaines sans le voir. Très bien. Est-ce que cette abominable chauve-souris m'autorise à lui écrire ou ça aussi, il faut que je mette un Sombral dessus ? »

« Oh, mais c'est pas vrai, nom d'une gargouille ! J'abandonne ! C'est trop difficile pour vous de comprendre que je vous aime tous les deux ? Vous êtes... épuisants ! Et surtout, vous ne valez pas plus chers l'un que l'autre ! Vous ne pourriez pas faire un petit effort et essayer de vous entendre ? Comme ça, je ne serais pas obligé de choisir tout le temps entre vous deux et je ne sais pas, oh dites donc ! Et si on faisait un truc complètement fou ? Comme tenter de passer une journée tous ensemble sans que vous essayez de vous entre-tuer ! » cria Harry en se relevant de son siège.

Il quitta la pièce dans un grand claquement de porte pour s'enfuir dans sa chambre qu'il verrouilla, laissant les deux maraudeurs dans le salon.

Remus soupira en s'asseyant à côté de son ami, ahuri.

« Non mais tu l'as entendu, Rem' ? Il me compare à... à cette chose ! »

« Il n'a pas tort, Siri. Franchement, Severus et toi vous vous comportez comme deux enfants qui se battent leur doudou. Harry a dû passer les dernières années à se partager pour les vacances scolaires et maintenant qu'il a fini ses études, cela continue. Vous devriez vraiment enterrer la hache de guerre, Severus et toi. »

« Jamais, pas après tout ce qu'il a fait ! »

« Dois-je te rappeler ce que toi, tu lui as fait également ? »

« Il a refusé de témoigner en ma faveur quand Pettigrow s'est échappé ! J'ai perdu un an de liberté, un an où j'aurais pu vivre avec Harry, comme je lui avais promis. Et lui, il a fait quoi cette année-là ? Ce vil serpent à sonnettes en a profité pour devenir le tuteur légal de Harry et me priver de mes droits envers lui ! Il n'a même pas été fichu de le protéger lors de cette maudite Coupe de Feu ! »

« Ce n'est pas qu'il a refusé de témoigner, il n'a fait que dire la vérité, à savoir qu'il était inconscient. Et tu oublies qu'il a ensuite témoigné en ta faveur quand il est allé sauver Harry dans le cimetière et qu'il a désarmé Peter. Et aussi que tu as retrouvé tous tes droits de tuteur auprès de Harry, ainsi que ton travail en tant qu'Auror. »

« Justement, en parlant de ça, il t'a fait perdre ton emploi ! »

« J'ai surtout perdu mon emploi à cause de parents intransigeants, d'hommes politiques stupides et c'est aussi grâce à Severus si j'ai pu le retrouver... Sirius, mon ami... Il est vraiment temps de laisser le passé derrière toi. »

Le dernier des Black se renfrogna encore plus, déchirant le tissu du malheureux coussin de ses doigts nerveux.

« D'accord, mais uniquement si lui aussi le fait ! » finit-il par éructer, faisant pousser un gémissement de désespoir à son meilleur ami.

... ... ...

Allongé sur son lit, Harry réfléchissait. Ses bagages étaient déjà faits afin que demain, à l'aube, il puisse prendre le Réseau de Cheminette pour se rendre chez Severus. Ce dernier avait dû quitter son appartement des cachots et devait être en train de préparer sa chambre, au cottage. Harry ne l'aurait jamais avoué devant Sirius, mais il adorait cette petite maison accrochée à une falaise et dont un petit chemin tortueux en descendait jusque sur la plage. Il n'avouerait jamais non plus que c'était Severus qui lui avait appris à nager dans la mer, avec une patience qui avait étonné l'adolescent à l'époque.

La vérité, c'était que Harry avait hâte d'être au lendemain pour passer un peu de temps avec son tuteur. C'était l'évidence même de dire que l'homme n'était pas aussi gai ou passionné que Sirius, mais Harry aimait son côté tranquille et rassurant.

Pourquoi fallait-il que lui comme Sirius lui compliquent la vie ? Pourquoi ne pouvaient-ils pas faire l'effort de s'entendre ? Harry était persuadé qu'avec un peu de bonne volonté, les deux hommes pourraient devenir amis, ou du moins, se supporter une journée sans chercher à s'arracher les yeux ou à s'ouvrir la gorge ! Cela serait tellement plus simple.

Le jeune homme soupira tout en se retournant vers sa fenêtre. Sa chambre ici était confortable, c'était l'ancienne de Sirius, toujours décorée aux couleurs de Gryffondor. Totalement différente de celle du cottage, bien sûr. Ici, il était avec l'ami de son père, l'ancien Gryffondor, ancien maraudeur et de nouveau Auror depuis son acquittement doublé des excuses publiques et financières du ministère. Là-bas, il était avec l'ami, que dire, l'ancien épris de sa mère, le directeur de Serpentard et maître des Potions le plus admiré par ses pairs.

Harry ferma les yeux. Il en demandait peut-être trop.

L'inconvénient avec ce genre de situation, c'était aussi qu'il ne savait pas trop vers lequel de ses tuteurs se tourner quand il avait un souci. Enfin, en général, si, il savait : Severus, s'il voulait un conseil sérieux, un avis sur son avenir, pour l'aider dans ses devoirs à l'époque de Poudlard. Sirius, si c'était pour se détendre, chasser ses idées noires. Le problème étant, une fois encore, que si celui qui n'avait pas été averti, en premier ou du tout, l'apprenait par la suite, il piquait une crise de jalousie envers l'autre.

Et pour son problème actuel, Harry ne voyait vraiment pas auquel des deux s'adresser. Sans doute ni l'un, ni l'autre. Ni personne. Il allait devoir le régler ou plutôt, l'assumer, tout seul. Et le jour où il y arriverait, il allait devoir l'annoncer ensuite aux deux, en même temps. Ce qui ne laissait donc pas beaucoup d'occasion annuel : son anniversaire et Noël.

« Super, encore une fête de gâchée, youpi... » marmonna Harry dans la barbe qu'il n'avait pas.

Il soupira et se retourna une nouvelle fois, pensant à son passé, depuis le jour où Hagrid avait bouleversé son existence en lui annonçant qu'il était un sorcier, jusqu'à il y avait trois jours, quand ce délicieux inconnu lui avait fait connaître l'expérience la plus jouissive, c'était le cas de le dire, mais aussi la plus perturbante de sa vie.

Quand Harry avait compris qu'il était un sorcier, il ne savait rien de sa vie, de sa vraie vie. Les Dursley lui avaient toujours affirmé que ses parents, des bons à rien sans le sous, s'étaient tués dans un accident de voiture. Accident dont il avait miraculeusement, pardon, honteusement de l'avis de Vernon, réchappé. En témoignait la fine cicatrice blanche en forme d'éclair qu'il avait sur le front.

La vérité, Harry l'avait découverte en entrant à Poudlard, grâce à ses amis Ron, Hermione et tous les autres Gryffondor, mais aussi grâce à ses ennemis, notamment ce prétentieux d'Ethan Rosier et de ses acolytes, Gregory Goyle et Vincent Crabbe. Sans oublier le plus dangereux de tous, son propre professeur de défense contre les forces du mal, Quirinus Quirrell.

Ses parents avaient été assassinés par le plus grand mage noir d'Angleterre, Lord Voldemort. Il avait voulu le tuer, lui, à cause d'une prophétie, dont il n'avait d'ailleurs découvert l'existence que bien plus tard. Mais quand le Seigneur Noir lui avait lancé le sortilège interdit, il s'était retourné contre lui et l'avait détruit à jamais.

Le Seigneur des Ténèbres n'était plus. Cependant, ses partisans, eux, n'avaient pas abandonné la lutte. De nombreux Mangemorts continuaient leurs exactions dans l'ombre. Beaucoup d'entre eux pensaient qu'il fallait finir ce que leur Maître avait commencé, à savoir tuer un enfant. Pour les autres, ce même enfant était la solution pour faire revenir à la vie Celui-Dont-On-Ne-Devait-Pas-Prononcer-Le-Nom.

Considérant le fils de James et Lily Potter toujours en danger, Dumbledore l'avait donc déposé sur le pas de la porte de la sœur de Lily, lui permettant ainsi la protection de son sang. Mais ce faisant, il avait aussi offert à Harry dix longues années de chagrin et de maltraitance.

À la fin de sa première année scolaire, il avait été très difficile pour le jeune sorcier de retourner chez les Dursley. Il savait qu'il était en danger, Quirrell n'étant pas le seul Mangemort en liberté, loin de là. Il avait échoué à se servir de la pierre philosophale, mais avant d'être entraîné à Azkaban, il avait juré que ses camarades continueraient le combat. Harry savait que sans l'aide du professeur Snape, averti par Hermione, il ne serait sans doute pas sorti vivant de cette salle qui abritait le miroir du Rised. C'était pendant le procès de Quirrell, durant l'été entre sa première et deuxième année, que Harry avait appris encore plus de choses sur sa propre vie. Il y avait été convoqué en tant que témoin et avait été escorté par Dumbledore et, à sa grande surprise, Snape.

Malgré ses suppliques, il avait dû finir son été chez les Dursley, avant que Ron ne le fasse évader avec Fred et Georges.

La deuxième année aurait dû être plus calme, si ce sale type de Rosier Senior n'avait pas eu la brillante idée de mettre dans le chaudron de la petite Ginny un dangereux artefact de magie noire ayant appartenu au Seigneur des Ténèbres. C'était Arthur Weasley qui avait complété les explications de ses fils sur la famille Rosier. Le grand-père d'Ethan avait été un Mangemort de la première heure. Son fils, Evan, travaillait au ministère. C'était une vieille famille de sang-pur, crainte, riche et respectée. Comme les Malfoy. À la chute de Voldemort, Evan Rosier avait déclaré avoir agi sous emprise de l'Imperium que lui aurait lancé tout d'abord son propre père. Ce mensonge éhonté avait réussi à passer grâce à quelques pattes bien graissées. Les membres survivants de l'Ordre du Phénix en avaient été malades, mais impuissants.

Le jeune homme aux cheveux ébène se demanda furtivement si cela avait aussi été la stratégie de défense de Lucius Malfoy. À moins que son jeune âge au moment des faits ait suffi à le faire acquitter ? Il ne pourrait sans doute jamais le savoir, les archives étaient effectivement interdites puisque que Lucius était mineur. Et Harry doutait fortement qu'un jour Severus lui explique ce qui s'était passé.

Est-ce que Draco ressemblerait à Ethan ? Merlin l'en préserve, sinon Harry était sûr qu'il ne survivrait pas plus de trois jours au manoir avant que ses nerfs ne le lâchent.

Harry grommela en se roulant en boule. Quelle poisse, vraiment. Comme si ce qu'il avait vécu ces dernières années n'avait pas suffi. Il avait détruit le Basilic, sauvé Ginny et avait été sauvé lui-même par Fumseck. Et découvert que le Lord Noir, en plus de sa cicatrice, lui avait offert le don de parler Fourchelang.

Et puis était arrivé sa troisième année. L'évasion de Sirius, dont il ignorait jusqu'à l'existence. L'arrivée de Remus. La trahison de Peter qui lui avait été révélée. Et surtout, pendant quelques minutes fantastiques, il avait connu l'espoir, la joie de penser qu'il allait avoir une autre maison, un vrai foyer avec quelqu'un qui voulait de lui. Sirius lui avait proposé de venir vivre chez lui. C'était son parrain, son véritable tuteur. Il pouvait exiger sa présence une fois son procès en réhabilitation obtenu, n'en déplaise à Dumbledore et à quiconque.

Malheureusement, il avait fallu que Snape soit présent. Que Pettigrow s'échappe. Que Remus soit accusé lui-aussi d'avoir aidé le traître Black. Et Harry s'était retrouvé plus seul que jamais. C'était à ce moment-là que l'improbable s'était produit.

Severus Snape avait fait une demande auprès du ministère de la magie pour être déclaré tuteur et donc responsable légal de Harry James Potter. À ce souvenir, les lèvres de Harry s'étirèrent en un fin sourire. Si ce jour-là quelqu'un lui aurait prédit qu'il serait heureux de vivre avec celui qu'il appelait avec colère la chauve-souris des cachots, il n'y aurait jamais cru et aurait demandé son internement à Ste Mangouste.

Et pourtant, aujourd'hui c'était ce qui arrivait. Que de chemin parcouru. C'était bien la preuve, selon Harry, que rien n'était encore perdu entre Severus et Sirius. Si lui et Snape avaient pu s'entendre, alors eux aussi.

Il se demanda subitement si c'était l'une des raisons qui avait poussée aussi bien Dumbledore que Severus à le proposer, lui, comme percepteur chez les Malfoy. Pensaient-ils que son passé l'aiderait à apprivoiser le garçon et à réussir là où les autres avaient échoué ? Draco était-il aussi malheureux que lui l'avait été ? C'était surprenant. De ce qu'il en savait, pour en avoir discuté avec Remus et Sirius, Lucius Malfoy était connu pour être un père aimant envers son fils qui était clairement trop gâté. Ses déboires avec les différents professeurs de Draco étaient bien connus au ministère où le grand blond était souvent présent.

Cette nouvelle information n'était pas pour rassurer Harry. Lucius Malfoy avait dû connaître Rosier, cela semblait évident, et il agissait dans les mêmes hautes sphères de la société. Rosier était encore à ce jour à Azkaban, Ethan l'avait suffisamment reproché à Harry toute la fin de leur scolarité. Il n'était pas sans savoir que ce dernier avait désormais quitté l'Angleterre pour rejoindre l'Europe de l'Est, mais nul ne savait ce qu'il y faisait exactement.

Normalement, tous les anciens partisans de Voldemort, tous ceux qui étaient encore actifs en tout cas, étaient désormais en la lugubre compagnie des Détraqueurs. Certains avaient même reçu un baiser de leur part après la dernière tentative de résurrection de l'âme de leur Maître, lors de cette sinistre cérémonie dans le cimetière des Riddle, à Little Hangleton. Cela avait été le cas de Peter Pettigrow. Rosier y avait échappé, une fois encore de justesse, mais ne reverrait jamais plus la lumière du soleil.

Ce souvenir-là fit perdre son sourire à Harry. Comment oublier le fait qu'il avait été torturé, une fois encore, par d'anciens Mangemorts. Comment oublier la mort de Cédric. Et une nouvelle fois l'arrivée de son sauveur, Severus, accompagné par Dumbledore et des Aurors.

Il poussa un soupir à fendre l'âme. Que n'aurait-il pas donné pour se retrouver dans les bras de ce fameux Mickaël, Américain de son état, qui était venu à leur soirée étudiante de fin d'année que l'université sorcière avait organisée. Mais le beau brun était reparti dans son pays natal le lendemain matin après la fête. Ils s'étaient quittés sans promesse aucune, juste avec un dernier baiser. Et beaucoup d'interrogations pour le jeune Anglais. Dans les bras de Mickaël, il avait pourtant trouvé certaines réponses à des questions qu'il se posait depuis quelques temps déjà. À savoir, pourquoi aucune de ses relations « amoureuses » avec ses différentes petites-amies, peu nombreuses il en convenait, n'avait réussi à fonctionner ? Forcément, réaliser que l'on regarde avec plus d'envie et de concupiscence le fessier du grand frère de sa copine que sa copine elle-même vous obligeait à la réflexion. Lorsque que le grand brun venu du Minnesota l'avait entraîné dans un recoin sombre et tranquille, Harry n'avait dans un premier temps pas vraiment réalisé ce qui allait suivre. Mais dans les minutes suivantes, avec la langue de l'homme dans sa bouche, tout était devenu évident. Y compris le fait que ce baiser lui donnait bien plus de sensations que ce qu'il n'avait connu jusqu'à présent. Plus une formidable érection dont son amoureux d'un soir s'était occupée à l'aide de ses mains, en compagnie de la sienne.

Mais voilà, maintenant, il ne savait plus quoi faire. C'était une chose que de constater son homosexualité, une autre de l'admettre et de la montrer à la face du monde. Enfin, à ses parents et amis dans un premier temps. Un étrange nœud dans son ventre se forma. Oui, il aurait vraiment aimé se confier à l'un de ses tuteurs, mais il ne savait lequel ni ce qu'il allait pouvoir dire. Il avait peur, tout Gryffondor qu'il était, que ces derniers le rejettent à cause de sa « spécificité ». Il ne voulait pas connaître un nouveau rejet, ne plus avoir de famille, lui qui avait tant rêvé d'en avoir une alors qu'il en avait été privé. Le simple fait de découvrir que Severus avait un filleul caché avait été suffisamment douloureux.

Le jeune sorcier secoua la tête. Il préférait se rappeler de son adoption par Snape. Quelque chose lui disait que ceci l'aiderait bien plus que tout le reste quant à sa prochaine « mission ».

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À suivre

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