Personne ne savait depuis quand, ni pourquoi cette guerre existait. Mais elle durait depuis si longtemps qu'on se souciait peu de ses origines. La population vivait sa vie, donnant ses fils à la Nation pour l'effort de guerre. Leur retour au village se faisait dans la douleur, que ce soit pour les morts comme pour les vivants. Les morts parce qu'on ne les verrait plus jamais sourire, rire, vivre. Les vivants parce que la guerre les hantaient de jour, lorsqu'ils prenaient place à leur tout nouvel emploi, comme de nuit, lorsque les cauchemars les réveillaient de leur sommeil agité.
Naruto avait eu de la chance le jour de ses dix-huit ans. Les médecins le jugèrent fragile, ils craignaient que ses os ne se brisent lors de son entraînement militaire. Inefficace, inapte, lui dirent-ils. Pas de carrière de soldat pour toi, mon garçon. A son plus grand soulagement, le vieil Ichiraku le prit sous son aile. Son nouvel emploi n'allait pas consister à tirer sur des ennemis et traîner son corps au travers de la boue du champ de bataille. Il allait apprendre les subtilités de la cuisine et il crut bien faire une syncope quand Ichiraku lui apprit enfin la technique pour faire des ramens, nourriture des divinités dans son esprit.
A la fin de son apprentissage, il créa un petit boui-boui, installé dans une petite rue calme et loin de la place marchande de Konoha fréquentée toute la journée et toute la nuit. Parfois, quand ses clients débattaient sur la guerre, Naruto s'attirait les foudres des personnes aux alentours. Il exécrait la guerre et était content tant que sa famille et ses amis restaient en bonne santé. Mais il n'aurait pu imaginer ce qui lui arriverait l'année de ses vingt-et-un ans...
-This is War-
Naruto aimait les vendredi soirs. Les ouvriers de l'usine militaire venaient assurément dans son boui-boui pour manger et boire un coup, sans que leurs femmes ne débarquent pour les ramener chez eux en les tirant par les oreilles. Le son de la radio en bruit de fond, toujours branchée sur la station d'information, aidait aussi à retrouver cette atmosphère joyeuse et conviviale. Ce jour de la semaine le mettait toujours de bonne humeur, ce qu'il démontra en servant un verre d'alcool de riz à tous ses clients.
- C'est pour la maison ! Déclara-t-il devant les yeux vitreux et curieux.
Aussitôt dit, ses clients se mirent à l'acclamer et à boire goulûment leur verre gratuit. L'un d'entre eux n'hésita pas à lui pincer les fesses à son passage.
- C'est dommage que tu ne sois pas une femme, Naruto-kun ! S'exclama-t-il plus qu'éméché et frottant sa joue meurtrie par le coup de poing de Naruto. J'en connais certains qui n'auraient pas hésité à te mettre la bague au doigt !
- Toi le premier, hein, Nagano ? Dit en riant un voisin de table.
- Moi le premier ! Reconnut Nagano en ne lâchant pas des yeux Naruto. Il réchaufferait mon lit tous les soirs !
Habitué à leurs idioties, Naruto roula des yeux. Ils étaient aussi pervers que son propre parrain. Il n'était pas étonné que les livres de Jiraya soient aussi populaires chez les militaires et les civils. Pour ne plus faire attention à eux, ses mains s'emparèrent automatiquement d'un tissu propre sur son comptoir. Il essuya les verres et les bols, qu'il avait nettoyés plus tôt et qui dégoulinaient encore d'eau. Quant à ses oreilles, elles se mirent à écouter avec ferveur les informations déversées par sa vieille radio.
-... Les autorités vous encouragent à surveiller et dénoncer toute personne suspecte et inconnue. Nous vous invitons à contacter la milice pour connaître les démarches à suivre. Sur une note un peu plus joyeuse, les autorités nous annoncent que la route commerciale du nord, en direction de Suna, est officiellement sous le contrôle du Pays du Feu...
Enfin une bonne nouvelle ! Se dit-il en rangeant la vaisselle et, jetant un regard vers sa montre qui indiquait clairement minuit et des poussières, forçant ses clients à rentrer chez eux d' un grand éclat de voix, ce qui lui valut un concert de désaccords plus ou moins prononcés. Il ne désirait pas être à nouveau la cible de représailles. Ce ne fut que lorsqu'il ferma son boui-boui, une heure après le départ des ouvriers, que Naruto buta contre une chose molle et gémissante. La peur le rongea automatiquement. Konoha était habituellement sûre mais il y avait parfois quelques meurtres étranges dans les rues.
- Ugh...Fit la chose molle à ses pieds.
Il plissa ses yeux pour mieux voir ce qui lui barrait le passage. C'était un corps d'après ce qu'il distinguait et un homme d'après sa voix. Un homme qui perdait rapidement du sang si la tâche sombre, qui s'étendait sur ses vêtements, était bien ce qu'il pensait. Observant rapidement les alentours, Naruto se dépêcha d'aider l'inconnu car mieux valait ne pas se faire prendre. Il le hissa sur ses deux jambes et le maintint difficilement debout, il rentra aussi vite qu'il le put dans son petit appartement tout proche.
S'il y avait une chose que son tuteur lui avait apprise c'était bien celle-ci : tout être sur terre méritait un peu d'aide et d'attention, qu'importe leurs origines ou leurs différences d'opinions. Heureusement son appartement n'était pas trop loin et la rue vide. Peu de gens osait s'aventurer dans sa rue. Trop de violence, trop d'agression. Certains se demandaient encore comment il survivait. Il n'y avait pas de grands miracles, seuls quelques repas gratuits en échange de sa tranquillité.
Malgré quelques difficultés à attraper ses clefs et les insérer dans la serrure, Naruto réussit à s'introduire dans son appartement et à déposer son invité dans l'unique lit qui lui appartenait. Il était mal en point. De la boue sur tout le corps, du sang sur son uniforme militaire du Pays du Son ; Naruto savait déjà qu'il allait au devant de grands ennuis. Ce ne fut pas pour autant qu'il hésita une seule seconde à attraper sa trousse de secours, à rouler ses manches, déchausser les bottes en cuir de l'inconnu et le déshabiller délicatement. Le torse couvert de bleus et de cicatrices, ainsi que l'atroce blessure le firent grimacer légerement. Mais avec un geste presque tendre, il réarrangea les mèches collées au front de son invité par la sueur.
- T'as dû en voir des choses, murmura Naruto en prenant l'alcool qu'il appliqua doucement avec un coton. Ca a pas dû être facile.
Son invité gémit de douleur sous les soins qu'il lui prodiguait. Il inspirait un peu pitié à Naruto mais c'était une blessure par balle et il devait absolument la désinfecter. Il avait aussi remarqué à son plus grand soulagement que la balle avait déjà été retirée.
- Au moins, j'aurais pas grand chose à faire pour soigner tout ça, se dit-il à voix haute. Par contre, j'aimerai bien savoir comment tu t'es infiltré dans Konoha comme ça. Je dis pas que c'est difficile ! Mais y a quand même la milice qui s'assure de patrouiller les alentours toutes les heures...
Naruto soupira en se demandant ce qu'il allait faire. Pas qu'il regrettait sa décision, mais comment allait-il se sortir de tout ça quand l'inconnu irait mieux ? Il ne pouvait pas non plus juste le laisser partir comme ça, si ? Un grognement s'échappa de sa gorge quand il imagina ce qu'il en ferait pendant ses heures de travail.
- Bah, je trouverai bien un moyen..., fit Naruto en terminant de poser un pansement sur la blessure avant de bailler bruyamment. En attendant je vais aller me coucher, mon canapé m'appelle.
Les paupières alourdies, Naruto termina son travail et se dépêcha d'attraper une couverture dans son armoire. Il s'occuperait de nettoyer son invité le lendemain. Il tombait de sommeil pour l'instant et son canapé paraissait être le plus beau des lits à cet instant. Sans plus de cérémonie, Naruto se laissa tomber dans son canapé et se recouvrit de sa couverture. Ses yeux bleus se fermèrent doucement.
-This is war-
Lorsqu'il se réveilla le lendemain, Naruto ne s'attendait pas à ce qu'on le menace de son propre couteau de cuisine. Tout avait pourtant bien commencé. Il s'était levé, lavé et habillé. Il avait aussi profiter de l'occasion pour débarbouiller son invité et lui mettre, bien que difficilement, des vêtements propres. La seule tâche restante était le petit déjeuner qu'il avait commencé à préparer. Maintenant il ne pouvait que déplorer ses oeufs brûlés et la lame froide du couteau sur sa gorge.
- Où est-ce que je suis ? Demanda agressivement l'étranger dans son dos. Parle avant que je ne décide de te couper la gorge.
Naruto déglutit et une goutte de sueur coula le long de sa tempe. Son cœur battait douloureusement la chamade pendant que de la bile cherchait à remonter son œsophage asséché par la panique et la peur. Il tressaillit légèrement en sentant les crocs de la lame s'enfoncer dans sa peau. L'étranger ne semblait guère apprécié son silence.
- K-konoha ! Finit par lâcher Naruto. Konoha.
- Tch, fit l'étranger semblant être contrarié.
Naruto le comprenait. Se retrouver dans une ville du pays ennemi n'était vraiment pas une manière agréable de se réveiller !
- Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas dénoncé ? Si je me souviens bien, le Pays du Feu offre une belle somme pour tout soldat du Son.
- Ah, ah, rit nerveusement Naruto aussi immobile qu'une statue. On m' a appris à ne pas détourner les yeux devant les personnes dans le besoin.
- Même si ça peut être au prix de ta vie ? Fit le soldat incrédule devant ses actions qu'il ne savait être stupides ou extrêmement stupides.
- Peut être que je suis allé un peu trop loin, reconnut Naruto avant de s'emporter. Mais je n'allais pas laisser quelqu'un mourir dans la rue ! Je ne suis pas inhumain !
Ses paroles semblèrent laisser le soldat muet de stupeur. Peut-être que laisser mourir des gens dans la rue était normal en Son ? Si c'était le cas, Naruto était bien content qu'il ne soit pas né là-bas.
- Il aurait peut être mieux valu que tu me laisses mourir, dobe, déclara le soldat en retirant enfin le couteau de sa gorge.
- Je ne suis pas un dobe ! S'exclama Naruto en se retournant vers l'étranger et en enfonçant son index dans sa poitrine. Mon nom est Uzumaki Naruto et je t'ai sauvé la vie ! Tu ferais mieux de t'en souvenir, teme !
Voilà, premier chapitre fini !
Merci d'avoir pris la peine de le lire en entier, j'espère que ce petit bout vous a plu. J'avoue ne pas être une pro non plus en grammaire et en conjugaison, donc si jamais il y a des fautes je m'excuse.
J'aimerais aussi beaucoup avoir vos avis pour voir s'il y a certaines choses que je dois modifier.
Et, bien sûr, Naruto ne m'appartient pas. Je ne fais qu'emprunter les personnages et le contexte à l'auteur.
A bientôt !