RAR_

quelqu'un : Marchi pour les encouragements, oui j'aurais besoin de courage ainsi que de la chance, on sait tous que Malefoy est si pénible...

une visiteuse : Tu ne pollues pas, pas qu'inquiétude à avoir (seulement si tu jettes tes papiers dans la poubelle à droite de la porte, oui, la noire... je sors). Sinon, y aurait-il une mode concernant ces noms anonymes ? On s'inscrit où à votre club ? Je suis grave intéressée :3

Bonne lecture les zenzens !

PS : Cala, je t'aime, notre amour survivra à la perte de ta voiture, je t'en achèterais une. Malefoy me doit quelques gallions ;)


Hermione suçota distraitement sa plume avant de jeter un énième coup d'oeil à la place vide de Drago Malefoy. Aujourd'hui, il n'était pas venu. Personne ne semblait se rendre compte de son absence, mais elle, elle s'en préoccupait. Hermione l'imaginait en train de comploter ou de communiquer avec de mauvaises personnes. À la fin du cours, elle quitta la salle assez rapidement, ce qui était bien différent de ses habitudes. Harry et Ron la regardèrent, surpris.

- Allons faire nos sublimes devoirs... ironisa le rouquin.

Hermione déclina gentiment sa proposition avant de lui fourrer dans les mains ses dissertations. Elle courut ensuite jusque dans la bibliothèque, ne remarquant pas le regard entendu de ses amis. La Gryffondor effleura toutes les allées des yeux sans trouver une trace de son ennemi. Une idée fit frémir son esprit. Et s'il se trouvait dans la Salle sur Demande ? Cette salle avait été retrouvée étrangement intacte après la guerre.

- Miss Granger, l'appela une voix doucereuse.

La jeune fille se figea avant de se retourner. Le Professeur Rogue était égal à lui-même : sombre, impressionnant, et lui inspirant une certaine crainte.

- Veuillez me suivre, lui intima-t-il.

La Gryffondor suivit sans discuter son professeur jusqu'à l'infirmerie. Elle ne put s'empêcher de lui poser des questions.

- Pourquoi m'avez-vous amenée ici ?

Bien entendu, il ne lui répondit pas et lui ordonna d'entrer avant lui. L'infirmerie était bien trop calme. Rogue la guida au fond de la pièce. Le lit était dissimulé par un rideau clair. Hermione jeta un coup d'oeil à son professeur, comme pour lui demander la permission. Il hocha la tête avant de tirer d'un coup sec sur le tissu. La Gryffondor resta interdite devant le spectacle qui s'offrait à elle. Drago Malefoy était étendu sur le lit et semblait encore plus pâle que la veille.

- Je pense que vous avez sûrement remarqué que Drago ne va pas bien en ce moment, commença Rogue.

Son ton était assez ironique car il connaissait déjà la réponse. Le coeur de la jeune fille se mit à s'accélérer : elle savait qu'il allait lui dire ce qu'il avait, et le fait de savoir que sa curiosité allait être satisfaite la mettait dans un état d'euphorie.

- Durant l'été, le manoir Malefoy a été attaqué par des vampires.

Hermione fronça les sourcils. Les sorciers savaient peu de choses sur ces créatures tant elles étaient discrètes. Cette attaque semblait incompréhensible : habituellement les vampires n'attaquaient pas les sorciers car ils les craignaient.

- Ce soir-là, Drago a été infecté par l'un d'eux.

- Vous voulez dire qu'il est devenu un vampire à son tour ?

Rogue hocha la tête, l'air grave.

- Mais alors, comment a-t-il fait pour se nourrir pendant tout ce temps ? Et puis normalement les vampires ne peuvent pas vivre au soleil, mais je l'ai vu dehors à midi, et...

- Pitié, taisez-vous. Ces questions, vous les lui poserez lorsqu'il sera guéri. Il a besoin de vous, de votre sang.

Hermione recula d'un pas. Elle avait été amené ici dans ce but précis. Son Professeur la connaissait bien, il savait qu'elle ne pourrait refuser d'aider Malefoy. Un agissement typique des Serpentard, pensa la jeune fille.

- Il n'arrive plus à se nourrir et il est devenu de plus en plus faible. Il s'est évanoui dans mon bureau. Depuis, il ne se réveille pas… St Mangouste ne veut pas s'occuper de son cas car ils le jugent trop dangereux pour être admis dans un hôpital avec autant de patients, ajouta-t-il en la voyant ouvrir la bouche.

Il referma le rideau, cachant le garçon des regards indiscrets éventuels.

- Comme si une école était l'endroit le plus sûr face à un vampire, marmonna-t-il.

- Que faut-il que je fasse ?

- Voyez plutôt ça avec Pomfresh.

Hermione observa l'infirmière se diriger vers elle avec du matériel moldu.

- Nous n'avons pas le temps de mettre le sang dans une poche, je vais directement le transfuser dans ses veines. Suivez-moi.

La jeune fille s'installa dans un siège à côté du lit de Malefoy et releva sa manche gauche. L'infirmière installa son matériel, désinfecta le bras de la Gryffondor avant d'enfoncer une aiguille dans sa chair. Hermione se crispa légèrement avant de se détendre. Le tuyau se terminait dans la bouche ouverte de Malefoy.

- Pourquoi mon sang et pas un autre ? murmura-t-elle.

- Ton sang ou celui d'un "Sang-Pur" ne fait aucune différence. En étant un vampire, il va le savoir mieux que quiconque.

Elle observa Malefoy toujours immobile et commença à se demander s'il allait s'en sortir.

- Il reprend quelques couleurs, annonça l'infirmière.

Hermione soupira de soulagement. Pomfresh prit son pouls et hocha la tête avant de noter quelque chose dans son carnet.

- Combien de temps crois-tu que tu vas encore tenir ?

- Combien de temps faut-il que je tienne ? répondit Hermione du tac au tac.

L'infirmière leva les yeux au ciel avant de lui annoncer qu'elle reviendrait dans quelques minutes. Hermione se mit à observer son ennemi. Il était vrai qu'il avait repris quelques couleurs et ressemblait moins à un cadavre en décomposition. Les yeux du Serpentard finirent par s'ouvrirent et se posèrent sur elle. La jeune fille ouvrit la bouche pour prévenir Mme Pomfresh, mais Malefoy la fit taire en posant sa main dessus. Il lui arracha l'aiguille du bras et l'attira contre lui. Hermione essaya de se débattre, mais il était bien trop fort. Aussi, elle sentit les crocs du vampire percer sa chair. Elle ne put s'empêcher de pousser un petit cri de surprise. Elle sentait ses forces l'abandonner au fil des secondes. Peu à peu, les gémissements rauques de Malefoy accompagnés d'étranges bruits de succion devinrent lointains.

- Malefoy… Arrête.

La seule chose qu'elle entendit ensuite fut la voix affolée de l'infirmière avant de tomber dans le noir complet.

oOo

Hermione grogna en se sentant secouée. Le professeur McGonagall semblait inquiète. Il était rare de la voir hors de son bureau. Elle s'occupait principalement de tous les papiers, car de nombreuses familles étaient encore réticentes à replacer leurs enfants à Poudlard après ce qu'il s'était passé avec Voldemort. Hermione les trouvait stupides : Poudlard était l'endroit le plus sûr au monde, même après la mort du professeur Dumbledore.

- Je vais bien, tenta-t-elle.

Mais ça ne servait à rien. La directrice lui somma de se reposer tandis que Pomfresh s'activait autour d'elle. On l'obligea à avaler un nombre incalculable de biscuits avant de la laisser tranquille. McGonagall semblait au bord de la crise de nerfs et ne cessait de pester contre Malefoy. Hermione n'arrivait toujours pas à croire que son ennemi faisait partie de la race vampirique, ces créatures qui avaient tué son père. La Gryffondor ressentit de la compassion pour Malefoy. Elle n'arrivait pas à imaginer la colère et la tristesse qu'il devait ressentir.

Elle fut coupée de ses pensées par l'arrivée du Serpentard. Ce dernier demanda à l'infirmière de les laisser seuls, en lui promettant avec une certaine ironie qu'il ne mangerait pas sa patiente. La directrice semblait déjà avoir disparu, sûrement en train de continuer à remplir ses nouvelles fonctions. Hermione observa le vampire avec une certaine curiosité. Elle essayait de repérer un détail quelconque lui permettant de voir qu'il était bien différent. Son teint cadavérique était moins prononcé, ses yeux brillaient d'un étrange éclat satisfait. Il semblait plus musclé, ce qui était étonnant compte tenu de son type de corps et du peu de sport qu'il pratiquait. Il avait presque l'air charmant. Il se figea avant de reprendre contenance et de s'installer sur la chaise à côté du lit, puis il la fixa. Non, rien ne laissait voir qu'il était devenu un vampire.

oOo

Hermione se trémoussait, mal à l'aise, tandis que Drago la fixait sans détourner le regard. Il avait longuement hésité avant de venir la voir, car il ne savait pas comment elle allait réagir. Allait-elle lui hurler dessus ? Lui demander de partir ? Après tout, il l'avait attaquée. Il n'avait pas pu s'arrêter. C'était comme s'il était possédé, comme si la bête avait pris le dessus sans qu'il ne puisse faire quoi que ce soit. Tout ce qu'il y avait dans son esprit à cet instant était le désir de boire son sang jusqu'à la dernière goutte. Son ennemie restait pourtant silencieuse et le regardait, non pas avec colère ou crainte, comme il s'était attendu, mais avec une curiosité à peine voilée, typique de la part d'Hermione Granger.

- Merci à propos d'hier soir, souffla-t-il en fuyant son regard.

Elle sembla surprise et même gênée. Cette échange avait quelque chose de beaucoup trop intime pour eux.

- J'avais peur que mon sang t'empoisonne par son impureté, osa-t-elle.

Il secoua la tête avant de replonger ses yeux dans les siens, ignorant sa pique. En tant que vampire, il n'y avait aucune différence entre le sang d'une Née-Moldu et d'une Sang Pur. Il était surpris de l'admettre aussi facilement, lui qui avait été élevé dans un environnement très strict avec des idéaux arrêtés. Il commençait à s'habituer aux nouveaux courants de pensée. Et puis la guerre était finie, et à présent l'éternité s'offrait à lui. Il devait s'habituer à sa condition de vampire et contacter quelqu'un qui sache des choses à propos de cette race.

- Pourquoi m'as-tu aidé ? demanda-t-il soudain.

Hermione prit le temps de réfléchir avant de passer une mèche de cheveux gênante derrière son oreille.

- Pourquoi ne l'aurais-je pas fait ?

- Nous sommes… loin d'être des amis, tu le sais.

La Gryffondor haussa les épaules d'un air las. Il remarqua à quel point elle était fatiguée et voulut l'aider, sans savoir comment faire. Il se sentait impuissant.

- Tu avais besoin de sang et il se trouve que le destin a décidé que ça devrait être le mien.

Son ironie se percevait à cent lieues, mais Drago ne s'en formalisa pas.

- Merci quand même de ne pas m'avoir laissé mourir.

Elle lui adressa un étrange sourire avant d'incliner la tête. Elle semblait vouloir dire quelque chose, mais se ravisa.

- Tu peux, l'informa-t-il.

- Que s'est-il passé cette nuit-là ? demanda-t-elle doucement.

Drago baissa la tête, sachant pertinemment de quelle nuit elle voulait parler. Il se demandait d'où lui venait cette envie d'en parler.

- On s'est fait attaquer par un groupe de vampires. Ils étaient cinq, peut-être dix, je ne me rappelle plus très bien. Après tout, lorsque l'on est dans une situation pareille, on ne pense pas à les compter, mais à sauver sa peau.

Il se tût et remarqua alors que son ennemie avait pris sa main dans la sienne et le regardait d'un air douloureux. Il huma l'air et sentit qu'elle ressentait de la peine pour lui et de la colère. De la compassion… Il en resta abasourdi. Hermione Granger se souciait réellement de lui, sans arrière-pensée. Elle essayait de se mettre à sa place et de le comprendre.

- Tout s'est passé très vite, continua-t-il en serrant cette main offerte. Je l'ai juste vu s'effondrer avec ce vampire sur lui. Je n'arrivais pas à faire le moindre geste, j'étais tétanisé. Je lui ai donc laissé le loisir de tuer mon… et de me mordre.

Il refoula facilement les larmes qui menaçaient de couler et se racla la gorge.

- Mon hésitation a…

- Non, le coupa-t-elle. Je ne veux pas t'entendre dire des choses pareilles. Il faut que tu te mettes ça dans la tête : tu n'y es pour rien. Je sais que c'est dur à admettre, mais tu n'es qu'un adolescent et c'était une horde de vampires, Malefoy. Même si tu avais essayé d'agir, ça n'aurait pas changé grand-chose. Tu n'es pas de taille à les battre.

Je n'étais pas de taille à les battre. Maintenant, nous sommes à forces égales. Il faut juste que j''apprenne à utiliser mes nouveaux pouvoirs, pensa le Serpentard. Il se sentit soudainement habité par une excitation nouvelle.

- Je vais te laisser te reposer, annonça-t-il.

Mais j'avais encore tellement de questions… pensa Hermione.

Drago secoua la tête avant de la laisser seule. Il arrivait à ressentir sa frustration comme si c'était la sienne. C'était déstabilisant.

oOo

Hermione sortit de l'infirmerie peu après. Le lendemain, elle retourna en cours. Elle avait bien récupéré : un peu de sommeil et de la bonne nourriture préparée par les elfes de maison avaient eu raison de sa fatigue. Malefoy avait également repris les cours, maintenant qu'il était en pleine forme, mais la jeune fille se demandait quand il allait avoir de nouveau besoin de sang. Harry et Ron harcelèrent Hermione pendant quelques jours pour savoir ce qu'il lui était arrivé. Elle s'en tira en disant qu'elle avait eu un énorme coup de fatigue à cause du stress pour les ASPICs. Cette raison était tout à fait probable, mais Hermione s'en voulait de leur mentir comme ça. Seulement, elle ne savait pas si elle devait leur parler de Malefoy.

Au bout de deux jours, elle vit qu'il recommençait peu à peu à devenir faible. Elle trouva un moyen de se trouver en sa compagnie à la bibliothèque. La jeune fille prit place en face du Serpentard avant de prendre un livre posé devant elle sur les créatures magiques. Elle ne fit aucun commentaire et l'ouvrit à une page au hasard.

- Tu es plus pâle qu'hier, dit-elle sans le regarder.

- Tu tiens un scoop, Granger, c'est la nouvelle de l'année, ironisa-t-il.

Hermione ne se formalisa pas de sa froideur et se pencha un peu en avant.

- Tu veux vraiment que ça recommence ?

- Que proposes-tu ? Tu veux me donner de ton sang chaque soir ? Il n'y a rien que je désire plus au monde, crois-moi.

Hermione resta interdite. Elle n'avait pas pensé à ça, mais ça pouvait être une bonne chose. Personne d'autre qu'elle ne serait obligé de faire quelque chose contre sa volonté. En se portant volontaire, elle pourrait peut-être apprendre plus de choses à son propos. Il était devenu un vampire contre son gré, certes, mais rien ne l'empêchait de s'allier avec des mages noirs avides de pouvoir.

- D'accord, mais seulement en présence d'une tierce personne. Je n'ai pas envie de retenter l'expérience d'hier.

Drago considéra sérieusement sa proposition.

- Hier, j'étais vraiment… assoiffé.

- Ce n'est pas le cas pour l'instant ?

Le Serpentard secoua la tête avant de refermer un livre avec un air las. Il semblait épuisé.

- J'en ai marre de tout cela, avoua-t-il.

- Je sais, mais maintenant on ne peut plus rien y faire. Il faut juste… avancer.

Hermione pensa à Ron et ne put s'empêcher de se sentir terriblement triste. Malefoy croisa les bras sur sa poitrine avant de lever un sourcil interrogateur.

- Pourquoi tu penses à la belette ? C'est un idiot qui bave devant un déhanché de pimbêche intéressée.

- Il n'est pas idiot, et Lavande n'est pas intéressée.

- Tu en es sûre ? Après tout, maintenant Weasmoche est une célébrité, tout comme toi.

- Tu veux bien cesser de faire l'enfant cinq minutes ?

Le Serpentard leva les mains en signe de paix et Hermione ne put s'empêcher de sourire face au ridicule de la situation.

- Hermione ?

La Gryffondor se tourna dans la direction de l'intruse. Ginny Weasley se tenait à quelques pas d'eux, les mains sur les hanches, et pas franchement ravie.

- Je peux savoir ce que tu fais avec lui ? cracha la rouquine.

Tout en osant sourire en sa présence ? semblaient dire ses yeux. Hermione se leva. Elle avait remarqué le regard amusé de son ennemi. Il semblait prédisposé pour un round de joute verbale, mais elle ne tenait pas à ce qu'ils se fassent remarquer. Les rumeurs se propageaient comme une traînée de poudre dans cette école. Elle entraîna son amie hors de portée de voix humaine de Malefoy et lui intima de se faire discrète.

- Tu as oublié ce que j'ai dit quelques jours plus tôt ? Il ne se passe rien avec lui ! Il a seulement besoin d'aide.

- Oh bien entendu, Sainte Granger. Tu as soudain oublié ses insultes ? Sang-de-Bourbe, ça ne te rappelle rien ?

Hermione observa son amie dont la teinte des joues était devenue rouge à cause de son agacement et de sa mini crise de nerfs.

- Il a changé comme toi, comme moi, comme chacun d'entre nous. Tu devrais pourtant le savoir mieux que quiconque.

Voyant son amie baisser la tête, Hermione se sentit coupable. Ça lui avait sûrement rappelé qu'elle avait perdu Fred alors qu'elle essayait tant bien que mal de se construire un avenir avec Harry. Ginny lui avait avoué qu'elle avait toujours pensé qu'elles deviendraient comme des soeurs. Harry, Ginny, Ron et Hermione. C'était si simple pourtant. Quand ai-je tout gâché ? Se demanda la jeune fille. Elle se retrouvait à présent à mentir à ses amis et à passer du temps avec son ennemi de toujours. Pire encore, elle l'aidait à survivre de la façon la plus intime qui soit : en le laissait boire son sang, ce sang qu'il avait insulté depuis sept ans.

- Drago Malefoy restera toujours Drago Malefoy. J'espère que tu sais ce que tu fais. Ron ne va pas aimer ça.

- Je me fiche de ce que pense Ron, s'énerva Hermione. Je suis une grande fille. Il a décidé de ne rien être pour moi de plus qu'un ami, alors qu'il se comporte comme tel et me laisse vivre ma vie.

Ginny resta interdite et la regarda comme si elle avait décidé de ressusciter Voldemort. Elle secoua la tête avant de prendre congé et de la laisser seule. Hermione rejoignit Malefoy et s'installa en face de lui sans un mot, tout en parcourant un livre déjà ouvert. Elle sentait que Drago l'observait, mais il n'ouvrit pas la bouche. Au bout de quelques minutes, il se plongea aussi dans un bouquin. Ils restèrent ainsi durant plusieurs heures, sans un bruit. Le silence était déchiré par des pages qui se tournaient et le grattement des plumes sur les parchemins. Quelques chuchotements les accompagnaient.

- Pourquoi fais-tu ça ? Et cette fois, réponds-moi sérieusement, demanda soudainement le vampire.

- Peut-être parce que je pense que tu peux changer.

Le Serpentard semblait exaspéré. Il ouvrit la bouche et sortit ses longues canines éclatantes. Hermione ne pu retenir une exclamation de surprise. Elle se souvint alors que ces crocs avaient percé sa gorge, et d'étranges vagues de chaleur parcoururent son corps jusqu'à atteindre cet endroit intime, tout en bas. Hermione croisa les jambes fermement en se traitant de folle.

- Et ça, c'est pas un changement considérable selon toi ? Tu crois que j'ai envie de changer encore plus ?

Il se figea soudainement avant de humer l'air autour de lui. Un grognement animal sortit du fond de sa gorge et il la fixa comme s'il allait… eh bien…

- A quoi penses-tu, Granger ? Ton odeur change. Elle devient irrésistible.

Hermione resta stoïque. Le Serpentard semblait avoir du mal à se retenir de lui sauter dessus, et cela lui faisait bizarre. Ron ou encore Viktor n'avaient jamais éprouvé plus que de la tendresse, mais Malefoy était le seul à lui montrer un intérêt beaucoup plus physique, primaire, animal. Étrangement, au lieu de se sentir dégoûtée, elle se sentit flattée. Il avait de plus en plus de mal à rester assis dans cette chaise peu confortable. Sa respiration se faisait plus profonde, plus pressante, et ses grognements éveillaient en elle des sensations inattendues.

Il plongea son regard lubrique dans le sien et elle se sentit fondre. Elle hoqueta de façon sensuelle sans réellement s'en rendre compte avant de se tortiller sur sa chaise, de moins en moins à l'aise. Le vampire se leva d'un bond avant de prendre ses affaires et de quitter la bibliothèque en vitesse. Hermione sentit toute la tension sexuelle disparaître. Elle resta interdite durant quelques instants avant de froncer les sourcils. Elle rangea les livres et partit à la poursuite de cet imbécile. Elle parcourut la plus grande partie du château sans le trouver. La jeune fille était en train de se dire qu'il était reparti dans la Salle Commune du Serpentard quand elle entendit distinctement la voix du vampire dans sa tête.

- Je suis à la tour d'Astronomie, Dents de Lapin.

Elle pensait devenir folle, mais suivit tout de même les directives. Elle fut surprise de trouver le Serpentard adossé à la rambarde de sécurité. Il avait le regard dans le vide et un sourire en coin.

- C'est bien ce que je pensais, murmura-t-il. Je peux lire dans tes pensées.

Hermione le regarda sans comprendre pendant quelques secondes avant de réaliser ce qu'il venait de dire.

- Quoi ? hurla-t-elle. Tu te fiches de moi !

Son ton était étrangement suppliant. Drago décida de s'arracher à sa contemplation et posa ses yeux sur la Gryffondor.

- Tu crois que ça m'amuse, Granger ? Ton cerveau qui tourne à plein régime me donne un sacré mal de crâne.

Ça te changera de d'habitude, pensa-t-elle avec mauvaise foi. Aussitôt, le Serpentard lui lança un regard noir.

- Et moi alors ? Les mots "vie privée" n'ont plus aucun sens à présent ! Mais toi, tu peux toujours garder tes pensées pour toi.

Hermione fulminait de rage. Elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi cela lui arrivait à elle. Pourquoi sa curiosité malsaine l'avait-elle mise dans une situation pareille ?...

- Vas t'en.

La jeune fille regarda son ennemi sans comprendre. Il n'y avait pas une once d'agacement dans sa voix, ni de la colère, ce qui renforçait son incompréhension.

- Je n'ai pas besoin de ton aide, je peux me débrouiller sans toi.

- Tu… en es sûr ? demanda-t-elle d'une petite voix. Tu sais, si tu me promets de ne pas être toujours en train d'écouter mes pensées - jamais, ce serait le top -, je peux m'y faire.

Drago tressaillit, mais hocha la tête. Hermione lui lança un regard suspicieux.

- Et comment voudrais-tu faire si tu n'as plus mon aide ? Tu veux organiser un casting ? ironisa-t-elle.

- Tu n'as pas la moindre idée du nombre de filles qui seraient capables de tuer pour être à ta place.

La Gryffondor leva les yeux au ciel.

- Eh bien, où sont-elle ? Montre-les-moi, parce que je n'en vois aucune.

- Vas t'en, Granger. Tu pollues mon air.

Il fit mine de plisser le nez, comme s'il sentait une odeur désagréable. La jeune fille ramena ses cheveux derrière ses épaules, exposant volontairement sa gorge. Son ennemi se figea avant de déglutir. Voyant le regard animal, presque envieux, du Serpentard fit sourire la jeune fille. Elle repositionna sa crinière de sorte à ne plus s'exposer autant face au vampire avant de se poster devant lui. Leurs souffles se mêlaient presque, mais la jeune fille fit abstraction de l'étrange sentiment qu'elle ressentait. Elle se sentait toute chose, et soupçonna Malefoy d'y être pour quelque chose.

- Tu as besoin de moi, pourquoi ça te tue de l'avouer ?

Elle plongea ses yeux dans les siens avec assurance, sans donner l'impression d'être perturbée. Pourtant, le fixer sans détourner le regard lui demandait beaucoup d'efforts, et elle était surprise de ne toujours pas avoir flanché.

- Je n'ai pas envie de recevoir de l'aide de la part de quelqu'un comme toi, cracha Drago.

Ces paroles lui firent l'effet d'une gifle. Hermione recula d'un pas. Il n'avait pas changé, finalement. Il avait toujours autant de préjugés envers les nés-moldus. Elle n'osait pas le regarder et se sentit déçue. Elle avait vraiment cru qu'il pouvait devenir quelqu'un de différent, de meilleur. La Gryffondor hocha mollement la tête pour lui montrer qu'elle avait compris, puis elle lui tourna le dos. Alors qu'elle allait atteindre les escaliers, elle sentit deux mains puissantes l'attirer contre un torse bien trop fin. Avant d'avoir pu pousser le moindre cri de surprise, deux canines lui transpercèrent la chair. Hermione se retint au bras pâle qui la soutenait sous sa poitrine. Elle pencha la tête en arrière pour offrir au vampire un meilleur accès à sa gorge. Ce dernier répondit par un grognement d'approbation en resserrant sa prise. Au bout de quelques secondes, il se détacha à contrecoeur et lécha la morsure qu'il lui avait faite. Les deux petits trous se résorbèrent aussitôt. Drago resta un instant interdit pendant que la jeune fille palpait l'endroit de la morsure.

- Comment as-tu su ? murmura-t-elle faiblement.

- Je ne sais pas, c'est venu naturellement, comme si j'avais fait ça toute ma vie.

La jeune fille hocha la tête, et voulut le sermonner pour l'avoir "attaquée", mais elle se sentait trop faible pour penser à quoi que ce soit. Il était clair qu'il n'avait pas eu la main leste sur la quantité de sang qu'il avait pris. Lorsqu'il la lâcha, elle tangua et se rattrapa sur lui. Il était à présent fort comme un roc. À chaque fois qu'il buvait du sang, il semblait plus fort.

- Désolée, chuchota-t-elle.

Il ne dit rien et la raccompagna jusque devant le tableau de la grosse dame, tout en jetant des coups d'oeil inquiets autour de lui. Heureusement, ils ne croisèrent personne. La plupart des élèves étaient à la bibliothèque ou dans leurs salles communes.

- Merci… Encore une fois, dit-il, incertain, avant de la laisser seule.

Hermione eut un faible sourire et entra dans la salle commune des Gryffondors. Comme toujours, cette pièce transpirait la bonne humeur. Outre son aspect chaleureux avec les couleurs chaudes de sa maison, il y régnait un sentiment familial. Les conversations, les rires et les cris de joie, de colère et d'exaspérations composaient son foyer. Pour rien au monde elle aurait voulu être ailleurs. Elle aperçut ses amis dans un coin de la pièce, mais elle se sentait bien trop fatiguée pour pouvoir tenir une conversation sensée. Elle se coucha donc de bonne heure tout en se sentant mal à l'aise à propos de beaucoup de choses. Ron pensait qu'elle fricotait avec Malefoy, Lavande racontait à tout le monde qu'elle sortait avec lui en cachette, et puis Malefoy était un vampire ! Elle n'arrivait toujours pas à se faire à cette idée. C'était tellement inattendu ! Elle ne l'aurait jamais cru si elle ne l'avait pas vu. Si Rogue ne lui avait pas permis de l'aider, elle n'aurait jamais su que le Serpentard était devenu un suceur de sang. Certaines pièces du puzzle s'assemblèrent. Rogue savait des choses ! Rogue devait avoir des réponses. La jeune fille s'endormit tout en se jurant d'aller quémander des informations à son professeur.

oOo

Drago n'avait pas perdu une miette des réflexions de son ennemie, et il sentit bouillir en lui une rage qu'il ne se connaissait pas. Il se retourna dans son lit une fois de plus tout en ne trouvant pas le sommeil. Au bout de quelques minutes, il renonça et se leva. Il enfila un pantalon et une chemise d'un grand couturier sorcier et se rendit dans le bureau de Rogue non loin d'ici. Heureusement il n'y rencontra pas le concierge, il y avait peu de chance d'ailleurs. Rusard traînait plus souvent du côté de la tour des Gryffondors. Après tout, ces imbéciles ne savaient rien faire d'autre que se mettre dans des situations dangereuses. Une image d'Hermione Granger s'imposa à son esprit, mais il la chassa le plus rapidement possible.

- Eh bien, Drago. As-tu quelque chose à me demander ?

Le Serpentard observa son parrain avec appréhension. Rogue était assis sur la chaise derrière son bureau et fixait d'un air absent la cheminée qui éclairait à elle seule la pièce. Cette dernière n'était pas bien grande et froide, tant par ses couleurs fades de gris, de noir et de vert que par son atmosphère. Drago se sentit mal à l'aise et prit soin de ne pas regarder les bocaux remplis de produits étranges plongés dans une sorte de gélatine.

- J'entends les pensées de Granger. Et je pense que ça se passe depuis qu'elle m'a donné son sang, avoua-t-il d'une traite.

- Mes condoléances.

Le professeur prit sa plume et un parchemin.

- J'ai trouvé un vampire.

Drago sentit son coeur battre plus vite. Il n'arrivait pas à déterminer ce qu'il ressentait. De la peur ? De l'excitation ?

- Qui est-ce ? Où dois-je le rencontrer ?

- Ils viendront ici. La directrice y a consenti, le calma-t-il.

- Ils sont plusieurs ? s'écria le jeune homme.

- Un couple. Ils ont assuré qu'ils t'aideraient, pour la sécurité des élèves. Je pense que tu vas beaucoup apprendre d'eux.

- Quand viendront-ils ?

- Je vais leur demander de venir demain soir. Libre à toi d'amener Miss Granger ou non.

Drago hocha mollement la tête avant de retourner dans son dortoir d'un air pensif.