Auteur : Nat. Je ne sais pas pourquoi je le précise encore puisque Olo n'écrit plus de fanfics depuis des lustres, mais bon. L'habitude, sans doute.

Disclaimer : Rien n'est à moi, tout est au vénéré Tolkien. Je ne fais que lui emprunter ses personnages le temps de les torturer un peu plus. L'image de couverture n'est pas de moi, mais j'ignore qui en est l'auteur.

Warnings : Cette fic, ou plutôt ce recueil de courts one-shots, n'a pas la prétention d'être un hymne à la joie. J'ai bien peur qu'il soit plutôt un peu déprimant. Elrond et Maglor ne sont pas du tout dans leurs assiettes, donc attention, risque d'OOC. Sinon, j'ai écrit ces textes en écoutant une version à la harpe de la chanson Evenstar.

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L'enfant en colère

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Elwing a sauté, emportant le Silmaril dans sa chute. Les vagues rugissent en contrebas, au pied de la falaise, engloutissant son corps inerte. Les mouettes et les goélands, réveillés par le fracas des combats, tournent en criaillant au-dessus du champ de bataille.

Debout au bord du précipice, Maedhros crie son impuissance face aux flots indifférents, son poing dressé vers les grands oiseaux blancs. Sa cape ensanglantée et ses cheveux roux claquent dans le vent. Ce n'était pas ce qu'il voulait, Maglor le sait. Et pourtant, ils en sont là. Tous les deux, puisque Amrod est mort.

Maglor se détourne. Les premiers rayons du soleil pointent à l'est, étirant les ombres des cadavres sur les mares de sang parsemant le sol. Restés là où leur mère les a lâché dans sa fuite éperdue, les fils jumeaux d'Elwing se serrent l'un contre l'autre en tremblant. Ils sont si petits. Ils n'ont plus personne.

Maglor s'approche d'eux, oubliant l'épée à la lame rougie qu'il tient encore à la main. L'un des garçons, qui observait le vol des oiseaux de mer, remarque son avancée. Il lui jette un bref coup d'œil avant de détourner le regard. Ses doigts se crispent sur la chemise de nuit de son jumeau. L'autre, quand il le voit venir vers eux, plante son regard déterminé dans celui du fils de Fëanor. Il tend contre lui une petite épée de bois, pressant un peu plus son frère contre lui. Et Maglor sent son cœur chavirer.

Dans son dos, le pas lourd de Maedhros se rapproche. Le géant aux cheveux de feu se tient bientôt à côté de lui, immobile et silencieux.

« Nous ne pouvons pas les laisser là. » S'entend soudain dire Maglor.

Le ton de sa voix l'effraie. Il ne se souvient pas l'avoir jamais entendue si froide, si détachée, pas même après Doriath. Maedhros abaisse sur lui un regard las.

« Souviens-toi des fils de Dior. » Ajoute le ménestrel, de ce ton atroce qu'il ne reconnaît pas.

Les yeux de Maedhros se ferment, mais pas assez vite pour que son frère n'ait pas le temps d'y déceler l'éclat de la douleur et de la culpabilité. Plus que toute autre chose, Maedhros ne supporte pas qu'on puisse faire du mal à des enfants innocents.

« Prends-les. » Tranche-t-il en lui tournant le dos.

Maglor essuie grossièrement la lame de son épée avec le bas de sa tunique tâchée et la range dans son fourreau. Le petit à l'arme de bois le dévisage avec méfiance et confusion. L'autre s'applique à éviter son regard. Maglor les saisit tous deux par l'épaule, fermement mais sans les blesser, et les entraîne à la suite de Maedhros qui s'éloigne.

Sa main souillée laisse une traînée sanglante sur la joue d'un des garçons –celui dont le regard le fuit.

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