Bon. Y en a toujours par ici ? Non...?

J'évite de regarder la date d'Update parce que bon...

Quand j'ai enfin eu le temps de me poser pour écrire ce chapitre, j'ai relu entièrement la fiction pour me remettre d'aplomb, j'ai relu également quelques-unes de vos review et c'est bon, j'étais partie. J'ai quand même quelques difficultés, parce que les personnages se dévoilent dans le chapitre et il m'a fallu décider ce qu'ils révélaient ou non. J'ai aussi pas mal galéré avec les souvenirs/flash-backs, je vous en dirais plus en fin de chapitre. En tout cas, ils sont séparés par des # dans le texte (ce site accepte les hashtags mais pas les astérisques, c'est quand même fou).

Trêve de blablas inutiles, et bonne lecture !


« Je ne vais pas t'attaquer, répéta Malefoy, agacé. Ni te faire de mal. Je vais simplement entrer dans ton esprit, et tu devras te contrôler. Et me repousser, si tu y parviens. »

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Chapitre 6 :

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- Tu veux entrer dans mon esprit ? S'exclama Hermione, qui venait de comprendre où Malefoy voulait en venir.
- Oui. On appelle ça la l...
- Legilimencie, je sais. Rogue l'a pratiqué sur Harry pour lui donner des cours d'occlumencie pendant la cinquième année.
- Rogue? Pourquoi? Demanda Malefoy, soudainement intéressé.
- Parce que Dumbledore le lui avait demandé. Pour empêcher Voldemort de s'introduire dans son esprit, via la connexion spéciale créé par la cicatrice de Harry.

Le jeune homme semblait tout à fait curieux et prêt à poser une autre question, mais Hermione ne le laissa pas continuer. Parce qu'il parlait là de pénétrer dans SON esprit et c'était hors de question.

Même si elle avait besoin de comprendre avant pourquoi Malefoy pensait cela nécessaire pour lui apprendre le contrôle de ses émotions.

- Je ne vois pas vraiment pourquoi tu veux faire ça. A part pour satisfaire ta curiosité mal placée.
- Il faudrait vraiment que tu arrêtes de croire que ta petite vie intéresse le monde entier, Granger. Parce que ni le monde, ni moi -encore moins moi- n'en avons quelque chose à foutre.

Qu'est ce qu'il était chiant, lui et ses remarques cyniques.

- Alors pourquoi ? Je t'écoute.

Elle croisa les bras et le regarda avec un air presque défiant.

- L'explication est simple. L'être humain est une créature égoïste.

Hermione crut qu'il allait s'arrêter là et la laisser se débrouiller avec ça. Mais il s'arrêta simplement pendant un temps et continua en faisant les cent pas.

- Alors qu'est-ce qui touche le plus un être égoïste ? Ses propres souvenirs, son passé. Tout ce qui le touche personnellement et dans lequel il est impliqué, émotionnellement. C'est pour ça que je dois entrer dans ton esprit. C'est là que repose tout ce qui pourrait le plus te décontenancer, te troubler, te déconcentrer, bref te faire perdre le contrôle.

- Et quel contrôle je suis sensée avoir alors que tu voyages dans ma tête ? Je ne saisis pas bien.

- Le contrôle passe par l'esprit, le mental. Celui que tu devras exercer dans certaines situations futures nécessiteront tout ton sang froid. Alors on va entraîner ton esprit et pour cela il devra contrer mon intrusion.

Malefoy arrêta ses aller-retours dans la pièce et se replaça face à la jeune fille.

- Je vais entrer dans ton esprit et je vais chercher ce que tu aimerais cacher, les choses que tu enfouis en toi. Les mauvais souvenirs. Et tu devras « me repousser » avec les bons souvenirs, ceux auxquels tu aimes bien repenser, ceux que tu gardes précieusement.

- Mais c'est pire que s'introduire dans ma vie privée, c'est violer mon intimité, c'est… Non, trancha Hermione.

- Ecoute, pour une fois, je comprends que tu fasses de la résistance. Je ne voudrais pas que tu entres dans ma tête si la situation était inversée, dit Malefoy d'un ton étonnamment patient. Alors si on se concentre uniquement sur Poudlard, ça limiterait mon intrusion.

Hermione hésita. D'un côté, c'était un compromis acceptable. Ils avaient tous les deux été à Poudlard, ils partageaient certains souvenirs communs là-bas qu'ils le veuillent ou non. Mais d'un autre côté, c'était déjà laisser Malefoy aller beaucoup trop loin.

- Poudlard est une période révolue, Granger.

Et ça ne voulait pas dire que ça ne la touchait plus et que ce qui s'était passé là-bas ne comptait plus.

Elle ne dit rien, pourtant, parce qu'elle était passée à autre chose, n'est-ce-pas ? Ou, du moins, c'est ce qu'elle essayait de faire.

Sans trop savoir si c'était pour le prouver à Malefoy ou pour se le prouver à elle même, elle hocha la tête pour donner son assentiment.

- Tu… acceptes ? Demanda le jeune homme avec stupeur.

- Oui, affirma Hermione d'une voix ferme. On a assez perdu de temps, non ?

- Très bien. Prête ?

Il leva à nouveau sa baguette et planta ses yeux dans ceux d'Hermione.

- Tu peux toujours me désarmer si tu veux arrêter, ajouta-t-il. Me désarmer, hein.

- Oui, oui. Je suis prête.

Elle avait 8 ans et elle était roulée en boule sur son lit, les mains sur les oreilles et des traces de larmes sur les joues. Ses parents étaient en bas et ils se disputaient tellement fort qu'elle les entendait quand même. Ils ne se disputaient jamais, d'habitude, et c'était de sa faute si aujourd'hui ils se criaient des choses comme ça à la figure. La maîtresse avait encore écrit un mot pour dire qu'Hermione avait abîmé le matériel d'une autre élève. Mais ce n'était pas vrai, elle n'avait rien fait ! C'était les pages du livre que Stella tenait dans ses mains qui s'étaient déchirées toutes seules, jusqu'à n'être plus qu'un tas de miettes. Hermione n'avait rien fait. Elle savait juste qu'elle avait été très énervée -parce que Stella était venue l'embêter et s'était moquée de ses cheveux- et puis ça s'était passé tout seul. Mais ses parents ne la croyaient pas et sa mère voulait même l'emmener voir un psy, mais son père refusait, alors ils se disputaient. Et c'était de sa faute.

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Elle était toujours dans sa chambre mais la décoration avait un peu changée et elle aussi -elle avait trois ans de plus. Partout sur son lit, et dans sa chambre, on trouvait des livres, épais, qui sentaient bons le neuf. Hermione les avait déjà tous lus mais elle espérait pouvoir les mémoriser avant la rentrée. Elle ne voulait pas partir d'un mauvais pied ni en savoir moins que les autres sur le monde de la magie. Tout ça la faisait rêver et la seule chose qui lui permettait de s'endormir sans avoir peur de réaliser au réveil que tout ça se passait dans sa tête, était la lettre qu'elle avait reçue, quelques mois plus tôt. Elle la gardait précieusement sous son oreiller et la relisait chaque soir, comme une litanie, une prière. Ça faisait battre son cœur d'anticipation, et ça lui donnait un grand sourire.

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Elle était rentrée tard de la Bibliothèque ce soir là, et la Salle Commune était telle qu'elle l'évitait au maximum remplis de Gryffondors bruyants. Les livres qu'elle avait emprunté pesaient lourds dans ses bras et elle se dépêcha de traverser la Salle au pas de course, les yeux baissés sur le sol. Peut-être qu'elle n'aurait pas du en emprunter autant au final... Mais elle ne pouvait pas faire l'impasse sur les deux grimoires qui traitaient sous ses moindres détails la théorie du sortilège Wingardum Leviosa, qu'ils allaient bientôt voir en cours de Sortilège, ni sur les trois autres qui étaient de la lecture personnelle.

Elle rentra alors violemment dans quelqu'un, qu'elle n'avait pas vu sur son chemin. Ses livres s'écrasèrent autour d'elle. Les élèves qui étaient autour se retournèrent pour observer la scène et quand Hermione releva les yeux, elle ne put s'empêcher de se maudire. Sur tous les Gryffondors de cette foutue salle Commune, il avait fallu qu'elle tombe sur un Septième année, qui faisait trois fois sa taille et passait plus de temps à dire des blagues débiles qu'à être la tête dans ses livres.

- Regarde où tu marches, l'intello ! Cracha-t-il en écrasant les livres par terre pour rejoindre ses amis, un peu plus loin.

Réprimant une violente envie de pleurer, Hermione se releva en vitesse, ramasse les livres tant bien que mal et rejoignit le plus rapidement possible son dortoir. Elle ne fit pas attention aux conversations qui se stoppèrent nettes quand elle y entra, ni aux regards un peu moqueurs qu'échangèrent Lavande et Parvati quand elle se laissa tomber sur son lit. Tout ce qu'elle voulait à cet instant, c'était enfouir son visage dans son oreiller si fort qu'elle n'entendrait plus les rires qui l'avaient suivie.

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Hermione était arrivée un peu plus tard que d'habitude pour prendre son petit-déjeuner ce matin-là. Elle avait eu du mal à se réveiller et surtout, elle avait eu besoin de rester allonger quelques minutes pour repenser à ce qui s'était passé la veille. Elle avait manqué de se faire tuer par un troll qui s'était introduit dans l'école, Ron et Harry étaient venus la chercher et ils avaient assommé le monstre. Elle leur avait sauvé la mise auprès des professeurs après, alors on pouvait dire qu'ils étaient quittes.

Mais est-ce que ça voulait dire qu'ils étaient... amis ?

C'est ce qu'Hermione se demanda quand elle vit qu'ils ne restaient plus qu'eux en première année à la table des Gryffondors. Harry et Ron avaient finis de déjeuner depuis longtemps et on aurait dit qu'ils attendaient quelque chose. Ils ne se parlaient même pas, Ron regardait autour de lui et Harry jetait de fréquents regards à la table des professeurs. Peut-être qu'ils l'attendaient, elle ?

Quand elle se leva et qu'ils firent de même, elle se dit cependant que c'était sûrement un hasard, ou qu'ils ne se rappelaient plus de la salle et comptaient sur Hermione pour les guider. Elle se dirigea donc vers la sortie en compagnie des deux garçons.

- Je crois qu'on va devoir courir pour arriver à l'heure au cours de Métamorphose. Avoir assommé un troll de quatre mètres de haut hier ne sera une excuse valable pour McGonagall, malheureusement, dit Ron.

- Alors on ferait bien se dépêcher, ajouta Harry en pressant le pas. Tu viens Hermione ?

Et en courant à côté d'eux, Hermione réalisa qu'elle était incluse dans ce « on ». Pour la première fois, elle avait des amis. Cela lui donna un sourire immense que même la vue d'une excellente note n'aurait pu provoquer.

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Ron et Hermione venaient de quitter les gradins pour rejoindre le terrain de Quidditch, où l'équipe des Gryffondor venait d'être interrompue dans son entraînement par les Serpentard.

- Pourquoi vous ne jouez pas ? Demanda Ron à Harry alors qu'ils arrivaient à sa hauteur. Et lui, qu'est-ce-qu'il fait là ?

- Je suis le nouvel attrapeur des Serpentard, Weasley, répliqua Malefoy d'un ton hautain en se drapant dans sa robe.

Hermione leva les yeux au ciel. Malefoy était d'une telle arrogance. Et voilà qu'il se vantait maintenant des nouveaux balais que son père avait acheté pour toute l'équipe. Il fallait toujours qu'il mette en avant son argent et dénigre ceux qui en manquait, comme les Weasley.

Hermione ne put s'empêcher de dire quelque chose, rien que pour voir Malefoy perdre son sourire supérieur.

- Au moins, aucun joueur de Gryffondor n'a payé pour faire partie de l'équipe. C'est pour leur talent qu'on les a choisis.

L'insulte que lui répliqua le blondinet provoqua de tels réactions coléreuses de la part des Gryffondor qu'elle devina que c'était particulièrement méchant. Et sans en connaître la signification, elle se sentit salie par l'injure -comme toutes les fois où on la traiterait de Sang de Bourbe par la suite.

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Elle venait de rejoindre Viktor devant la Grande Salle et ils attendaient, avec les autres vainqueurs et leurs cavaliers, d'ouvrir le Bal. Harry était derrière avec Pavarti, mais Hermione n'était pas sûr qu'il l'ait reconnu, quand elle lui avait fait un signe de main. Elle était si méconnaissable que ça ? Peut-être que les trois heures de préparation avaient porté leur fruit...

A l'instant où la musique démarra, ils entrèrent dans la salle brillamment décorée. Tous les regards étaient sur eux, et si Hermione n'aimait pas ça en temps normal, aujourd'hui faisait exception. Et puis, le regard éberlué de Ron valait toutes les heures de préparation du monde. On aurait dit qu'il venait d'avaler un sachet entier de Dragées Surprise de Bertie Crochu au poivre.

Elle ne savait pas très bien danser, mais Viktor était là pour la guider. Elle ne pouvait pas s'empêcher de sourire, et même de rire quand il la faisait tourner dans tous les sens. C'était la première fois que quelqu'un la regardait comme ça, et c'était aussi la première fois qu'un véritable sourire était présent sur le visage du bulgare. Alors Hermione était heureuse.

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Ils attendaient tous pour le retour du gagnant. Dans les tribunes, l'impatience et l'excitation était palpable. Il ne restait plus que Cédric et Harry à l'intérieur du labyrinthe. Même si cela signifiait que le gagnant du Tournoi était forcément de Poudlard, la compétition persistait. Et l'attente commençait à être longue.

Au moment où Hermione eut cette pensée, quelqu'un apparut soudain en face de l'entrée du labyrinthe. La fanfare se déclencha instantanément, à l'instar des applaudissements et autres cris de joie. On ne distinguait pas encore qui était cette personne, mais il y avait bien un gagnant...

C'était Harry. Allongé sur le sol, tenant dans une main le trophée et dans l'autre, le poignet de Cédric. Cédric qui ne bougeait pas et qui gardait les yeux ouverts, face au ciel étoilée.

Tout le monde s'était levé et essayait d'apercevoir ce qu'il se passait, pour comprendre pourquoi la musique s'était soudainement arrêtée, pourquoi Fleur s'était mise à hurler et pourquoi il se murmurait que quelqu'un était mort.

Le cri de Mr Diggory déchira la nuit. Hermione attrapa la main de Ron et ferma les yeux. Fort. Elle ne voulait plus être ici, au milieu de centaines d'élèves qui observaient, malgré eux, la douleur vive d'un père dont le monde venait de s'écrouler. Elle aurait préféré être sourde plutôt qu'entendre ces pleurs se répéter, encore et encore.

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Ron l'embrassait. C'était la première fois. Il l'embrassait comme s'il voulait vérifier qu'elle était bien là, dans la maison de Bill et Fleur, saine et sauve. Il semblait tellement soulagé, il en pleurait même... et Hermione essayait de le rassurer, d'une voix douce, en le serrant contre elle. C'était fini, ils étaient en sécurité, ils avaient quitté le manoir... c'était fini...

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Quelqu'un criait. Hurlait. Quelqu'un hurlait à s'en déchirer les cordes vocales, et Hermione avait mal. Comme jamais elle n'avait eu mal. Une douleur telle qu'elle n'aurait jamais voulu en connaître.

- Où l'as-tu trouvée ? Réponds-moi ! Où as-tu volé cette épée, immonde Sang de Bourbe ?

La voix aux accents hystériques de Bellatrix fut recouverte par des hurlements, à nouveau. Le bras d'Hermione brûlait, elle aurait voulu se débattre, mais Bellatrix la maintenait au sol et son corps était engourdi. Elle aurait voulu que les cris s'arrêtent, parce qu'ils résonnaient dans sa tête, ils faisaient trembler ses os... mais c'était elle qui hurlait. C'était Hermione qui hurlait face aux yeux fous de Bellatrix.

- REPONDS MOI !

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- Non !

Son cri fut suivit en écho par celui de Ginny et de Ron.

- Non !

- Harry ! HARRY !

Ça ne pouvait pas être vrai, ce n'était pas Harry dans les bras de Hagrid. Il n'était pas...

- Harry Potter est mort !

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Elle était dans les tribunes et Harry venait d'atterrir dans l'herbe en tenant le corps sans vie de Cédric.

Amos Diggory hurlait.

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Elle entendait Harry pleurer dans la chambre d'à côté. Sirius était mort.

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Ils tenaient tous leur baguette vers le ciel, et se tenaient en demi-cercle autour de Dumbledore. Il paraissait presque paisible, allongé ainsi dans l'herbe.

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George était à moitié couché sur le corps de son frère jumeau. Il pleurait pour le rappeler à la vie, mais le sourire sur son visage froid et figé était le dernier que Fred offrirait au monde.

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Un peu plus loin, Remus et Tonks reposaient sur le sol froid de la Grande Salle, leur main se touchant presque.

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C'était ses parents, maintenant, qui se trouvaient à la place des jeunes mariés. Leur visage était fermé, leur teint livide. Hermione s'approcha, tremblante.

Ils baignaient dans une marre de sang. Le rouge s'étalait sur les dalles de pierre et atteignait le bout des chaussures d'Hermione. De profondes entailles parcouraient le corps de son père, et les cheveux de sa mère, d'habitude si bien coiffés, semblaient avoir été arrachés par poignée. Hermione hurla.

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- L'auror que j'ai envoyé pour rechercher tes parents est revenu aujourd'hui... il a ratissé toute l'Angleterre, mais il n'y a aucune trace d'eux, je suis désolé Hermione.

Harry paraissait réellement triste et esquissa un geste pour la prendre dans ses bras, mais Hermione recula. Le trouble était inscrit sur son visage.

- Non... Vous n'avez pas assez cherché... ils sont forcément quelque part, il faut continuer... souffla-t-elle en continuant à reculer, comme apeurée.

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Elle venait de l'entendre ! Elle marchait tranquillement dans un petit village d'Irlande et elle en était sûre, c'était la voix de sa mère !

Hermione se mit à courir pour rejoindre cette voix, elle se rapprochait, elle était tout près...

C'était un petit jardin, comme on en trouve tant au Royaume-Uni. Il était joliment fleuri et une table se trouvait au milieu, à coté d'un barbecue fumant. Une famille était en train de manger, pendant que le père s'occupait du barbecue. Il était de dos mais Hermione le reconnut immédiatement. Et la mère, dont la voix l'avait guidée jusque là, sa mère, discutait avec deux garçons qui leur ressemblaient tellement. Ils souriaient tous les quatre, comme si rien ne leur plaisaient plus que d'être ensemble.

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- TU NE CHERCHES PAS ASSEZ, POTTER ! Hurla-t-elle en le repoussant plus loin de sa baguette.

...

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- Arrête ! ARRETE !

Le cri résonna si fort dans la pièce et dans le crâne des deux jeunes gens que le silence qui suivit dura longtemps. Un silence où Drago fixa Hermione, sous le choc. Ils étaient tous les deux tombés par terre et elle restait prostrée sur le sol. Sa respiration était laborieuse et Drago se demanda si elle pleurait.

- Granger ?

Elle ne répondit pas, mais se redressa lentement. Son visage, toujours baissé, apparut un peu à la lumière. Drago vit ses yeux rouges et les larmes qui roulaient sur ses joues. Elle essayait de retenir ses sanglots mais cela semblait difficile. Ses épaules étaient secouées de soubresauts incontrôlables.

Drago était désemparé, il ne savait pas quoi faire, comment réagir. Une telle réaction semblait exagérée. Surtout que c'était loin d'être le pire de ce qu'il avait vu. La mort de ses amis ou les moqueries à l'école paraissait au jeune homme beaucoup plus sujet aux larmes que... ça. Une famille autour d'une table, qui rit et semble heureuse.

Il hésita à aller l'aider à se relever, mais ces pleurs lui faisaient peur. Il savait gérer la colère, la violence, la haine. Mais cette tristesse, cette peine immense et sincère qu'il voyait encrée dans les traits de la jeune femme, ça il ne connaissait pas. On ne pleurait pas chez les Malefoy, on attaquait pour se défendre ou on se murait dans le silence.

Finalement elle se remit debout toute seule. Elle passa une main sur son visage et souffla.

- Tu saignes, remarqua-t-elle en le regardant pour la première fois.

- Hum, ouais. C'est rien, j'ai du me prendre le coin de ta bibliothèque quand tu... as perdu le contrôle.

- Comment ça se fait ?

- Que tu aies perdu le contrôle ?

- Que tu ais été expulsé en arrière comme ça.

- Tu n'arrivais plus à me repousser avec ton esprit, alors tu l'as fait avec ta magie. Et tes livres ont failli avoir ma mort, ajouta Drago, ramassant les volumes qui étaient tombés sur le sol sous la violence de l'impact.

- Désolé.

- Honnêtement, je pensais que tu perdrais le contrôle plus tôt. Et je ne comprends pas , ajouta-t-il après un instant, pourquoi c'est ce dernier souvenir qui m'a éjecté de ton esprit.

- Il faut soigner ta blessure. Tu saignes, déclara la jeune femme d'une voix blanche.

- C'est...

Mais Hermione quittait déjà la pièce précipitamment.

- …pas grave, finit-il en fronçant les sourcils.

Quoi que ce souvenir représentait, c'était quelque chose de profondément traumatisant pour Granger. Mais pourquoi ?

Quand Drago rejoignit Granger, qui mettait un temps fou à prendre de quoi le soigner, il la trouva appuyer contre le lavabo, les mains contre les rebords, comme pour ne pas tomber. Elle avait la tête baissée et les paupières fermées avec force.

- Tu devrais t'asseoir, Granger.

- C'est rien, ça va.

- C'est normal de se sentir mal après ce que tu as vu. N'importe qui se sentirait mal en revoyant ses pires souvenirs.

- Ça va, répéta Hermione avec vigueur.

Elle était trop têtue pour son propre bien. Drago avait bien envie de lui dire « OK » et de la laisser se débrouiller, parce qu'après tout c'était Granger et depuis quand se souciait-il de comment elle allait ? Et de pourquoi ? Mais il savait au fond de lui qu'il ne le ferait pas. Il n'était pas un connard à ce point.

Et peut-être qu'il se sentait un peu coupable. Un tout petit peu. C'était lui qui avait forcé son esprit, non ? Dans le cadre d'une leçon, d'accord, mais il avait bien senti vers la fin qu'elle avait totalement lâché prise et qu'elle était submergée. Pourtant il avait continué.

Granger se mit à chercher frénétiquement dans la petite armoire au dessus du lavabo, et en sortit de quoi le soigner.

- Tiens, assis-toi là, sur le rebord de la baignoire. Tu es trop grand sinon.

Drago décida de ne rien dire et de s'asseoir là elle lui indiquait.

- C'est du désinfectant... Pour désinfecter ta plaie.

Elle désigna le flacon qu'elle tenait dans sa main, et le jeune homme haussa les épaules. Il savait ça, quand même.

Granger entreprit alors d'en verser sur du coton, et c'est là que Drago remarqua à quel point ses mains tremblaient.

- T'es sûre de toi là ? Je tiens pas vraiment à finir aveugle.

- Mais oui. Ça va arrêter de trembler.

Mais ça ne s'arrêta pas, les soubresauts semblaient même empirer au fil des secondes.

- Je... commença Granger.

Ses mains se retrouvèrent soudainement entre celles de Drago. Serrées fort pour qu'elles ne tremblent plus.

Le blondinet semblait encore plus surpris que la jeune femme par ce qu'il venait de faire. Il ne la lâcha pas, pourtant, et continua d'emprisonner des doigts encore plus froids que les siens.

Drago n'avait jamais su consoler quelqu'un, ou peut-être qu'il n'avait jamais vraiment essayé. Il ne faisait pas grand chose, là, il ne l'apaisait pas par des caresses sur le dos de sa main ou des mots rassurants murmurés encore et encore. Ça fonctionna pourtant. Il ne sait pas combien de temps ils restèrent ainsi, les mains enserrées, leur regard fixé l'un à l'autre sans rien dire, mais peu à peu, les tremblements cessèrent et la respiration de Granger se calma.

- Tu ne veux toujours pas t'asseoir ?

- … Si.

Elle s'installa sur le carrelage froid de la salle de bain, le dos contre la baignoire.

- Il y a un truc que je comprends pas, Granger.

- Un seul truc ? Reprit-elle avec un semblant de sarcasme.

Pour une fois, Drago sourit à son ironie. C'était encore faible, mais ça rendait la situation un peu plus normale.

- C'était tes parents dans le dernier souvenir, n'est-ce-pas ?

Granger hocha la tête, même si la question de Malefoy était certainement rhétorique.

- Il y a quelque chose qui colle pas. Pourquoi le souvenir de tes parents heureux est celui qui t'a fait perdre complètement le contrôle ? Pourquoi celui-là, plutôt que le souvenir de la mort de tes amis ?

Elle ne répondit pas, alors Drago insista.

- Ce n'est pas logique. Comment une Gry... comment tu peux redouter autant que ça de les voir heureux ?

- Ce n'est pas... C'est...

Elle poussa un soupir et remonta ses genoux contre elle pour y poser son menton. Elle fixait le mur.

Drago se laissa alors glisser à côté d'elle, lui aussi le dos contre la baignoire. Ça n'avait rien de confortable, surtout que la salle de bain était si petite qu'il pouvait à peine tendre ses jambes complètement.

- Tu sais ce qui est arrivé à mes parents, Malefoy? Demanda finalement Hermione dans un souffle.

- Ils ont disparus, si j'ai bien compris, avant la Guerre, et Potter a envoyé des aurors à leur recherche mais ils ne les ont pas retrouvés.

- Et tu sais pourquoi c'est si difficile de les retrouver ? Pourquoi ratisser le pays ne sert à rien et pourquoi lancer des avis de recherche est inutile ?

Malefoy secoua la tête et attendit que Hermione poursuive. Celle-ci prit une inspiration.

- Après la sixième année, après tous les événements qui s'étaient passés à Poudlard, je savais que je n'allais pas retourner à l'école l'année suivante. Nous allions partir, Harry, Ron et moi, pour trouver un moyen d'anéantir Voldemort. Je savais que mes parents auraient affaire tôt ou tard aux Mangemorts, ou au ministère, quoi que c'était la même chose à cette époque. Que ce soit parce que je n'étais pas à Poudlard pour ma septième année ou parce que j'étais en fuite avec l'indésirable n°1. J'aurais pu les envoyer se cacher quelque part, avec des membres de l'Ordre peut-être... mais ils se seraient trop inquiétés et j'avais trop peur qu'on puisse les retrouver. Je voulais qu'ils soient introuvables.

A ce moment là, Hermione laissa échapper un ricanement ironique. Ah ça, elle l'avait bien réussi...

- Je leur ai lancé le sort d'oubliette. Je me suis effacée de leur mémoire, et je suis partie. Ils n'ont plus de fille et s'appellent Wendell et Monica Wilkins . Leur plus grand rêve est de partir en Australie et si tout s'est passé comme prévu, ils y sont à l'heure qu'il est.

Peut-être bien que Drago était soufflé. Estomaqué serait plus juste. C'était le truc le plus Gryffondoresque qu'il n'avait jamais entendu. Et pour une fois, il ne le pensait pas de manière péjorative.

- Le dernier souvenir qu'on a vu, ça n'en était pas un. C'est un cauchemar, qui revient souvent, comme celui de mes parents morts dans une marre de sang. Et je suis horrible, hein ? D'avoir encore plus peur de les voir heureux avec une autre famille, qu'assassinés par des Mangemorts ?

- Non. C'est humain. Et ce n'est pas parce que nous avons des peurs irrationnelles que nous le sommes. Ce qui n'est pas humain, par contre, ce que bien des humains ne seraient pas capable de faire, c'est se supprimer de la vie de quelqu'un pour leur sécurité.

- Merci, murmura Granger en se tournant vers le blondinet, les yeux légèrement brilants.

Drago s'en foutait que ça rassure la Gryffondor, il n'avait pas dit ça pour ça, il le pensait vraiment. Pour la première fois, il n'y avait pas d'arrière pensée, pas de sarcasmes ni de moquerie. Ce n'était même pas de la flatterie, pourquoi voudrait-il la flatter ? C'était juste vrai.

- Il y a des fois où moi j'aimerais ne pas savoir où sont mes parents.

Ils étaient restés longtemps, sur le sol de cette salle de bain. Ils avaient parlé un peu, de Poudlard, des choses moins douloureuses. Malefoy s'était remémoré le coup de poing qu'Hermione lui avait envoyé en pleine figure pendant la troisième année, pas qu'il l'ait déjà oublié, et de la fois où elle et Crabbe avaient tout deux été envoyé à l'infirmerie car le blondinet se battait avec Potter.

Hermione l'avait soigné aussi, ou plutôt enfin, et cela faisait une dizaine de minutes qu'ils restaient dans un silence léger.

La phrase sortie de nulle part réveilla Hermione qui luttait contre un demi-sommeil. Elle se redressa. Malefoy à côté était toujours aussi droit, le regard planté dans le mur d'en face. Il avait presque les iris bleus, quand Hermione avait passé du désinfectant sur son visage, mais maintenant, elles étaient devenues grises.

- Pourquoi ? Demanda doucement la jeune femme.

- Tu sais ce qui est arrivé à mes parents, Granger ?

Peut-être qu'il avait fait exprès de reprendre ses mots, peut-être pas.

Hermione savait que sa mère était morte, un an et demi après la fin de la Guerre. Elle avait été gracié, car Harry avait témoigné en sa faveur lors des Grands Procès. Après tout, c'était en partie grâce à elle si Voldemort avait été vaincu, même si elle n'avait fait que prononcer un mot et cela dans l'espoir de sauver son fils. Lucius avait eu moins de chance et avait été condamné, à l'instar des autres Mangemorts, à Azkaban à perpétuité.

- Pour ton père, oui, enfin j'étais là lors des Procès. Et j'ai appris la nouvelle pour ta mère par les journaux comme tout le monde.

- Quels journaux ? Ceux qui se sont réjouit de la maladie qui l'a emportée, parce que ce n'était que justice après tout, ou ceux qui l'ont décrite comme une folle furieuse qui avait enfin mis fin à ses jours ?

Le ton de Malefoy était tellement dur, tellement différent de ce qu'il avait été dans les heures précédentes. Et même si cette colère, cette rage même, n'était pas dirigée contre elle, Hermione se sentit presque coupable.

- Ils n'étaient pas totalement dans le faux, en plus. Elle a bien eu une maladie, et elle s'est en quelque sorte suicidée, parce qu'elle a refusé de se faire soigner. Elle s'est laissée crever.

- Parce qu'elle ne supportait pas sa nouvelle vie ?

- Parce qu'elle n'avait plus rien. Parce qu'on lui avait tout arraché, tout, du jour au lendemain. Son mari, sa gloire, sa richesse. Même moi, je n'ai pas été capable d'être là. Elle ne sortait pas de la petite maison qu'on avait réussit à avoir avec ce qu'il nous restait d'économie et ça la rendu folle.

- Et ton père... ?

Il m'a détesté encore plus, après ça. Parce que c'était ma faute. De toute façon, je suis la seule personne qui lui rend visite à Azkaban alors il faut bien qu'il déverse sa haine sur quelqu'un.

- Tu n'y es pour rien.

Un rictus apparut sur le visage de l'ex Serpentard.

- Quoi qu'il en soit, depuis qu'il sait pour mon nouveau métier, il refuse de me voir, ajouta-t-il en haussant les épaules.

- Ton nouveau métier ?

Malefoy lâcha un juron, et laissa sa tête cogner contre le rebord derrière lui. Cette information lui avait échappé.

- Quel nouveau métier ?

- Je ne vais rien te dire de plus, Granger. Tu en sais déjà trop.

Hermione souffla.

- Et je n'ai pas la force d'insister alors je vais garder mes questions pour plus tard.

- C'est inutile, je n'y répondrais pas, rétorqua Malefoy avec un demi sourire.

Hermione ferma les yeux à son tour, et marmonna un bref « Hm, hm » qui voulait tout aussi bien dire « c'est ce qu'on verra ».

- Ah et avant que j'oublie, rajouta le jeune homme. Comme on a pas vraiment fini cette leçon comme je l'imaginais.

- Hm ?

Elle était trop fatiguée pour s'exprimer autrement.

- Pour contrôler tes émotions, il faut que tu trouves une ancre. Pas au sens littéral bien sûr, même si je préfère préciser avec toi, mais quelque chose sur lequel se raccrocher. Un truc qui te calme et qui t'apaise suffisamment pour prendre le dessus sur tes autres émotions...

Hermione hocha la tête, se rappela qu'il avait aussi les yeux fermés, voulut acquiescer à voix haute, s'endormit avant.

.


Hermione qui s'endort est donc la conclusion de ce chapitre!

Vous en avez pensé quoi des souvenirs de Hermione? De sa réaction et des confessions qui ont suivi ?

J'ai donc assez galéré pour les passages dans l'esprit de Hermione. Je les imaginais parfaitement dans ma tête mais c'était compliqué à retranscrire par écrit. J'espère que vous avez compris que -au début au moins- il y a un enchaînement entre souvenirs heureux et souvenirs tristes. Ils sont plus longs au départ puis cela va beaucoup plus vite, dans le but de montrer l'affrontement entre Hermione et Drago, comme un duel. Quand j'ai commencé à les écrire ils étaient vraiment plus longs que ça, mais je me suis vite rendue compte que ça allait faire trop et que ce n'était pas très intéressant. J'aurais pu développer beaucoup plus mais ce n'était pas vraiment le but ici.

Moins d'attente pour le prochain. Pro-mis.

B.