Titre : WTF ? Just A Future

Pairing : Yamamoto TYL X Gokudera TYL (8059)

Rating : M

Genres : UA, romance

Disclaimer : Personnages à Akira Amano-Sensei, histoire, mise en scène, tournures et situation d'un goût douteux ou autres... Ça en revanche, c'est de moi. Hélas.

Warning : LOL

Note : Et voilà... On y est... Vous vous en doutiez, non ? Ça pouvait pas se finir comme ça. C'était laid, bâclé, inachevé... C'était moi lol. Ceci est donc le premier chapitre de la suite de WTF, Just Bad Luck. L'écriture n'est pas la même ; tout est moins brut de décoffrage, tout est plus organisé, réfléchi, moins casse-gueule, plus mature. Je vous présente Hayato Gokudera, quelques mois plus tard... Sa manière de s'exprimer est moins brouillon, tout est moins fouillis.. Tout en continuant de l'être, à juste titre. Je vous rassure, vous allez retrouver les personnages que vous aimez, ils sont toujours identiques, ils sont toujours eux, ils sont toujours comme j'ai choisi qu'ils sont. C'est le bordel intergalactique qui anime le cerveau d'Hayato qui sera différent et notamment comment il est exposé à vous lecteurs.

Concernant le titre de la fiction, il est simplement ce qu'il est. Cette suite met en scène le futur de Yamamoto et Gokudera, à deux. C'est le premier chapitre du reste de leur vie.

Vous avez été nombreuses à suivre WTF, premier du nom. Vraiment nombreuses ! Et je vous en remercie encore, cette aventure avec vous a vraiment été géniale. Ce que je vous propose donc, c'est de remettre le couvert. Comme vous le savez, cette fiction me tient énormément à cœur, elle est parti de moi donc juste, merci à vous de la lire. Vraiment.

;)

-x-x-

« Je préfère être en retard dans ce monde qu'en avance dans l'autre. »

.–

-.

.-

...

Qu'est-ce que je fais là ? Sans déconner, qu'est-ce que je fous là ?

Je soupire. Ma langue claque dans ma bouche, improvisant un air bidon, produisant une rythmique quelconque mais qui dans le feu de l'instant, m'amuse hautement. Tout ceci, dans une veine tentative pour extérioriser mon agacement et mon ennui chronique. Évidemment.

C'est bon.. Je sais très bien ce que je fiche là. Je suis ici car j'ai un putain de colocataire – et accessoirement petit ami - bandant et qu'il a pas eu à trop insister pour que je vienne m'enterrer dans ce trou. Ha ha. Enfin je dis trou.. Une fête juste super importante avec le plus gros gratin commercial de la ville et d'un peu partout dans le monde. Rien que ça. Et moi, dans le lot, je me sens comme la plus grosse tache de l'univers.

Salut, salut. Comme on s'retrouve. Ça roule par chez vous ? Tout bien ? Vous m'en direz tant, j'espère. Ça serait cool, parce que là, sincèrement, j'aimerais focaliser mon esprit sur autre chose que le lieu super glauque dans lequel je me trouve. Je vous parle même pas de l'ambiance. A des années-lumières de mon existence. Je me demande même si c'est possible d'être autant en dé-phase avec un truc. Je suis pas à ma place. J'ai chaud et ma chemise commence à coller mon corps par endroit, c'est désagréable et j'arrive pas à détendre les muscles de mon visage. Mon faciès est tordu en une grimace d'inconfort permanente, je suis sûr que j'ai une tête d'ahuri de première.

J'ai envie d'être chez moi, sur mon lit et d'écouter Vaults. Parce que Lifespan, c'est une des plus belles chansons de l'univers. C'est récent, et quand j'ai entendu cette merveille la première fois, j'ai été heureux de vivre. Heureux qu'on puisse encore pondre de telles beautés musicales dans ce règne de Pute.

Oui ? Qu'est-ce qu'il se passe dans le fond là-bas ? Ah... Ma life ? Elle vous intéresse encore, donc ? Sans blague ! Z'êtes toujours des petits pervers à ce que je vois. C'est bon, y'a pas de soucis, je vais vous mettre au parfum et on va reprendre les bonnes vieilles habitudes vous et moi. C'est cool. Tranquilou. Cachez votre joie.

Here we go.

Bon... Là, concrètement, voilà le topo : la boite du beau gosse aka Yamamoto, ça a pas changé, c'est toujours le même hein, a fusionné avec une autre grosse boite dont j'ai zappé le nom et pour faire court, c'est la fête. Ce putain de commercial sexy est un héros, il va monter en grade prochainement et moi... Je sens que je vais finir par mourir d'épuisement – mental s'entend. Ce genre de fête, c'est juste super dur à supporter, je vous assure. Surtout pour moi. Vous me connaissez. Et puis, ça carbure au champagne, mes aïeux... J'en suis à ma huitième flûte et je sais encore énumérer, par ordre de dates de sorties, les différents albums de Led Zeppelin. Autant le dire, je suis aussi sobre qu'une menthe à l'eau et, j'ai vraiment besoin que cette fiesta de merde se finisse rapidement. Je suis mais alors pas du tout à ma place. Ceci dit... Je suis posé contre un mur, et j'observe un peu ce qu'il se passe pour éviter de trop réfléchir à mon cas et ma présence bancale en ces lieux. C'est assez marrant d'admirer l'espèce humaine – de cet acabit social surtout – à l'œuvre. Tout le monde est magnifique, c'est merveilleux. A peu près toutes les gonzesses ici présentes sont maquillées et habillées comme des camion volés et l'authenticité qui se dégagent d'elle est à la limite d'une comparution devant un tribunal pour faux et usage de faux. Elles sont toutes fausses et mielleuses, c'est une horreur. Remarquez, ça me semble pareil de l'autre côté du bateau ; Les gars sont propres sur eux, parfaits, souriants... Je leur filerai même pas mon poisson rouge à garder, c'est vous dire. Enfin heureusement et c'est un peu beaucoup la raison pour laquelle je glande ici... Yamamoto est là. Il est éblouissant de naturel et de classe. Il est beau. Il sourit. J'ai envie de lui. Gloups.

Son costume, un costume trois pièces noir, lui va à la perfection ; cette petite touche de gel discrète et son sourire colgate font de lui un rayon de lumière ambiant. Il rayonne, c'est carrément ça. Et pas seulement parce qu'il a négocié comme un chef le contrat qui lui vaut son ascension et celle de la boite où il bosse, c'est surtout qu'il rayonne naturellement ce type. Il a pas besoin d'un costume hors de prix, de toutes ces midinettes pendues à son bras – je grogne à ce propos – pour sortir du lot. Enfin, je vous apprend rien hein. Il fait pas semblant, il est lui et ce gars est juste la meilleure chose qui me soit arrivé dans ma vie. Ouais, vous avez bien entendu. Quelques temps ont passé et je parviens, petit à petit, à accepter pleinement tout ça. Nous, je veux dire.

On y arrive, donc.

Six mois se sont écoulés et tout est resté relativement pareil. On crèche toujours dans notre appartement dégueulasse ; ceci dit, on a daigné prendre une femme de ménage qui vient occasionnellement nettoyer nos saloperies. A ce stade, c'était vital, je vous jure. Elle est d'origine espagnole, elle s'appelle Manuela et c'est devenu notre nouvelle pote. On la voit rarement puisqu'elle se pointe quand on est au taff' en général mais, la gonzesse elle laisse toujours des trucs pour nous. La fois dernière, c'était un tiramisu à la framboise. On l'a mangé ouais. J'ai étalé le nappage rouge et gourmand sur le torse de Yamamoto avant de venir le lécher sous ses yeux brillants de désir. Bref, c'est un amour de bonne femme et elle nous suggère sérieusement de nous lancer dans l'industrie du porno gay vu notre train de vie et ce qu'elle peut retrouver en nettoyant l'appartement. Coquine. Je l'aime bien. On voulait l'inviter à diner une fois mais elle a refusé en disant qu'il y avait beaucoup trop de tension sexuelle entre Yamamoto et moi et qu'elle avait passé l'âge de ces conneries d'ado pré-pubères. Wait... Les ados pré-pubères, ils ont 25 balais steuplait !

Enfin bon. Moi j'me rend plus compte vous savez. Entre Yamamoto et moi, c'est devenu naturel. On se cache plus outre-mesure, on se retient plus, on essaye d'être le plus honnête possible envers l'autre, toussa. C'est la base, il paraît oui. J'ai toujours un mal de chien à formuler concrètement ce qui me passe par la tête le concernant – autre que sexuellement ho - mais je fais des efforts, je m'améliore. La preuve, je suis ici même, a tenter vainement de n'imbiber d'alcool pour tenir le coup. Dixième flûte. J'ai vraiment besoin d'un whisky. Double, le whisky et sans glace. Et puis accessoirement, je voudrais que tous ces cons arrêtent de faire du rentre-dedans à mon mec. Mais bon, hein... J'ai été briefé. Yamamoto m'a prévenu qu'il allait être un peu le centre de l'attention et il m'a promis un petit cadeau si je parvenais à me tenir. Il savait déjà que j'allais être jaloux comme un poux. Et ça manque pas. Mais je suis un grand garçon, je suis un adulte et j'ai décidé – surtout pour faire plaisir à Yamamoto - de me comporter comme tel. Et puis, comme je veux mon cadeau aussi.

Non sérieux, je vous assure, c'est pas évident. Ils et elles sont tous sur lui, et on voit clairement qu'ils ont des regards intéressés, physiquement s'entend. Enfin je veux dire, Yamamoto est super beau et c'est bien connu, la beauté attire. C'est moche mais c'est la vérité. Je peux pas vraiment y faire grand chose. Je soupire une nouvelle fois. Je suis un peu – beaucoup- dépité par cette soirée. Je pensais pas que voir autant de cons accaparer mon mec me rendrait aussi mauvais. Je me rend compte que je suis trop possessif. Je suis trop accro au beau gosse. Je veux qu'il ne soit qu'à moi et qu'il n'y a que moi qui puisse profiter de sa plastique hautement ravageuse. Pff. J'ai besoin d'une clope. Je vais m'éclipser un peu dehors, ça me fera du bien. Je repose mon verre sur un plateau ambulant et me décolle du mur, direction la zone fumeur en extérieur. Elle semble vide.. Ou presque.

- VOIII ! Va te faire foutre, connard de boss de merde !

- Me faire foutre ? T'as la mémoire bien courte, déchet.

Putain. Manquait plus que ça... Le boss de Yamamoto est là, face a un autre gars assez grand et intimidant, une cicatrice sur le visage, ses cheveux bruns hirsutes encadrant son visage de manière sauvage ; il lui lance the regard de psychopathe fini auquel Squalo répond par une expression frisant colère et gêne, en témoigne le brusque rose qui colore son visage. What the... ? Je sais même pas qui est ce type mais rien que voir l'autre aux cheveux de gonzesse fini par me décider quant à mon acte premier : Je vais aller fumer dans les chiottes, seriously. Seulement manque de pot, Squalo machin me remarque avant que je puisse rebrousser chemin et se tourne dans ma direction, agitant ses bras dans ma direction.

- Oy, le maque du gamin, ramènes-toi !

Il est sérieux ? Il veut pas un haut-parleur non plus ? Je jure à voix basse.

Je pousse un soupir à fendre l'âme et déboule dans la zone, mon envie d'être ici devant se lire sur mon visage. Je lance un « bonsoir » à la volée et m'allume aussitôt ma cigarette, sous l'oeil scrutateur des deux autres. Autant déjà le boss de Yamamoto seul fait flipper - on dirait une grosse tante ce type - autant l'autre gars qui visiblement est aussi un boss, me donne envie de me jeter d'un pont tant son aura est mortuaire. Alors les deux ensemble, je vous raconte pas le délire. Squalo étire un sourire en me regardant expirer ma première bouffée de cancer.

- Le gamin a fait un coup de maître, qu'il explique alors, la satisfaction se lisant sur son visage.

Par gamin, il cause bien sûr de mon beau gosse. J'acquiesce en silence, vaguement. J'y connais rien à ces trucs, pas la peine de m'engager dans une conversation où je suis une daube. Et franchement, ça m'intéresse pas vraiment d'entendre tout ça de la bouche de Squalo. Yamamoto m'en parlera plus amplement s'il en a envie, une fois qu'on sera rentré.

- Lui et Ganauche ont fait du bon boulot, voiii ! Qu'il reprend tout sourire, continuant de gueuler comme le braillard qu'il est.

Moi a ce moment, je tique deux secondes et répond rien. J'ai pas encore croisé Ganauche justement et grand bien m'en fasse car ça aussi, je le sens moyen. D'une car Yamamoto tirera la tronche je le sais s'il nous voit ensemble et de deux car je saurais mais alors strictement pas quoi lui dire au type. On s'est pas revu depuis que je l'ai envoyé boulet au bar ce soir là. Ha ha. Tristesse. Et Yamamoto m'a dit qu'il lui avait dit qu'on était … Hum... Ensemble. Donc voilà le topo. J'ai vraiment aucune envie de tomber sur Ganauche, et pourtant je sais qu'il doit être là quelque part parmi la foule.

- T'es qui ?

Je relève la tête et croise le regard de l'autre type. C'est officiel, ce type me fait flipper de ouf ! Même sa voix est un condensé de flippe. Son ton de voix vient directement du fin fond des enfer. Il s'adresse à moi et me fixe en attente d'une réponse.

- Je heu... Je suis le colocataire de Yamamoto.

« Cheveux de gonzesse » me lance un sourire sarcastique et je le fusille du regard tandis que l'autre continue de me sonder genre examen approfondi bien stressant avant de s'allumer une clope lui aussi.

- Ton nom.

- Hayato Gokudera.

- T'as un boulot ?

- Heu, ouais... Je bosse dans un magasin de..

- Quitte ce boulot de merde.

Je lui lance un regard genre ahuri puissance mille doublé de la version gars qui capte que dalle et je constate que Squalo en fait de même, fusillant l'autre du regard, la surprise se lisant sur ses traits. Visiblement, il en a compris plus que moi.

- VOIII, t'es pas sérieux ? !

Le gars à l'aura de mort étire un sourire de psycho à nouveau et s'avance vers moi, me tendant sa main. J'oscille entre son visage et la main tendue face à moi, sachant mais alors pas quoi foutre de moi, mon corps tout entier.

- Xanxus, chef de la Varia.

Je finit par lui serrer la main parce que si je le fais pas je vais mourir sur le champ et l'interrogation prend un cran au dessus sur mon visage. La Varia, c'est quoi ça ? Squalo se met à agiter ses bras dans tous les sens en ouvrant à nouveau sa grande bouche pour gueuler :

- VOIII, putain ! Tu décides encore tout seul, connard !

Xanxus lui adresse un regard amusé, un large sourire sardonique barrant ses lèvres. Moi je capte absolument que dalle à ce qui se passe. C'est quoi cette Varia ? C'est quoi ce plan ? J'ai pas le temps de réfléchir d'avantage à ce qui se trame puisque l'illumination apparaît alors soudainement. Entendez par là que Yamamoto a débarqué et que j'ai toujours rien bité au tableau des deux autres. Le beau gosse m'a lancé un léger sourire qui m'a fait frissonner comme d'habitude et à salué respectueusement les deux autres. Squalo lui a donné une tape sur l'épaule et ce type, Xanxus donc, putain de nom chelou m'a refilé sa carte discrètement avant de saluer Yamamoto a son tour et de quitter les lieux, l'autre gueulard sur ses talons qui s'était remis à crier comme un échappé d'asile. Le silence est revenu doucement, fort heureusement, et je bloquais encore sur la carte avant de sentir le corps de Yamamoto se coller au mien, derrière moi, tandis que ses bras passaient autour de mes hanches. Un frisson de plaisir me parcours à nouveau et je laisse un soupir coupable s'échapper de ma bouche. Le beau gosse sourit et joint ses deux mains contre mon ventre; je sens sa bouche se poser contre la peau de mon cou devenue frissonnante.

- Je te voyais plus, qu'il fait en venant frotter son visage tantôt contre ma joue tantôt contre ma mâchoire. Tout va bien ?

Mmh. Je frémis en sentant son souffle chaud et chargé d'envie s'échouer contre moi. La chaleur de sa peau vient s'ajouter à la lave qui me sert de sang à chaque fois que l'on se touche. Il a toujours, si ce n'est plus, ce pouvoir incroyable sur moi ; celui de faire de mon corps un volcan en l'espace d'une demi-seconde où, comme d'habitude, je suis aussi faible et vulnérable qu'un animal acculé.

- Ouais, je répond, ma voix me trahissant quant à une quelconque assurance m'habitant encore, mais si tu continues à me coller comme ça, tu sais ce qu'il risque de se passer. Hnn.

Je le sens étirer un autre sourire contre ma peau. Il tourne avec obligation mon visage, ne rencontrant à mon grand regret encore aucune résistance et nos lèvres se retrouvent. Hum. J'ai tellement envie d'aller plus loin, ici et maintenant mais on en reste au baiser plus ou moins chaste, frottant doucement nos bouches l'une contre l'autre avant de s'éloigner. Pure sécurité. S'il reste contre moi, je le viole.

- Eh bien... Qu'il fait alors en observant toujours le morceau de carton plastifié entre mes doigts. Xanxus qui donne sa carte personnelle, c'est plutôt rare.

Je pose mon regard une nouvelle fois contre le petit rectangle en carton souple et le cale dans ma poche alors que mes yeux s'échouent à nouveau sur Yamamoto.

- J'ai rien compris, et pourtant je suis même pas bourré. Sérieux, c'est quoi ce champagne de merde ?

Il étire un sourire amusé. Ses grands yeux caramels brillent d'une lueur bienveillante alors qu'il continue de me regarder. On se fixe encore pendant des secondes qui me semblent interminables. Mon visage brûle, ma chemise recommence à fusionner avec ma peau et mes sourcils se froncent sans que je leur aient ordonné. C'est toujours pareil, j'arrive pas à soutenir son regard sans lui montrer que je suis en pleine lutte intérieure et émotionnelle. Je sais toujours pas comment il fait pour garder son calme dans ce genre de situations. Quand on est tous les deux. J'ai jamais su comment il faisait. Il y arrive, c'est tout.

- Je dois comprendre que tu parviens à rester sage ?

Sa voix. Explicitement rauque et sensuelle au possible. Il me chauffe encore, le salaud, c'est pas possible ! Une audace indescriptible s'empare alors de moi, mélange un peu chaotique dans mon esprit mais...Je lui lance un regard à la fois noir et agacé puis m'avance à nouveau vers lui, le poussant doucement contre le mur derrière nous. Il se laisse religieusement faire, toujours un sourire - coquin maintenant - planté sur les lèvres. Heureusement que les lieux sont déserts. Personne fume dans ce tas de mensonges ambulants ? Ma bonne volonté vacille et ma raison commence à me dire d'aller gentiment me faire foutre et c'est entièrement sa faute. Tout est toujours sa faute. Takeshi Yamamoto est l'unique fautif de mes états d'âmes de dépendant notoire. Je suis tellement dépendant de ce gars désormais et quand j'y pense trop souvent et trop longtemps, ça continue à me faire peur. Je fais des efforts, je continue de travailler sur moi-même mais je suis toujours aussi terrifié face aux sentiments que je peux avoir pour lui. Ce mec est devenu ma plus grande faiblesse... Avant ma faiblesse c'était moi, maintenant, c'est Yamamoto.

- Je suis l'incarnation de la sagesse.

Bien sûr. Tout le monde y croit. Même moi, j'ai envie de rire de ma gigantesque connerie. Parce qu'il fallait, à ce moment, que je sorte une connerie, c'était vital. Surtout pour moi et mon putain de cerveau déglingué. Evoquer une quelconque sagesse alors que j'ai purement et simplement envie qu'il me taille une pipe là maintenant, Blague. Yamamoto sourit toujours et ses yeux quittent mon visage avec une lenteur calculée, une lenteur criminelle et équivoque. Il sait déjà que le prochain truc qu'il dira me retournera le coeur. Et il en joue. Comme toujours. Il s'amuse avec l'effet qu'il a sur moi. Connard. Je t'aime.

- T'es vraiment sexy habillé comme ça, Hayato...

Bingo.

- Fuck you, tu fais chier ! Arrête de me chauffer, ok ? Je le menace, un sifflement accusateur à l'appui, en approchant mon visage du sien tout en restant a une distance excessivement raisonnable.

Avec Yamamoto, vous connaissez le topo, il faut que je reste à une distance de sécurité. Il faut, à chaque putain de fois, que j'évalue une autre nouvelle putain de distance de sécurité. Ça me fatigue. J'en peux plus. J'en veux encore. J'en veux toujours plus.

- Je fais que dire la vérité.

Je détourne les yeux. Mon pauvre corps me donne envie de me bidonner de rire tellement il est pathétique. Je me retiens, je me fais barrière et ma cage thoracique me fait un mal de chien. J'ai le coeur au bord des lèvres.

- C'est quoi mon cadeau ?

J'élude ses propos... Pour demander ça. Je suis un con. Il m'adresse un clin d'oeil et là, je sens mon cerveau qui me dit merde.

- Tu verras quand on rentrera.

On se jauge une nouvelle fois du regard et j'insiste pas. Trop casse-gueule aussi. Et puis, entre nous, vu la haine que je me tape a être dans ce genre d'endroit, son cadeau a intérêt à valoir son pesant de cacahuète. Pervers comme il est, je suis sûr que ce sera un truc d'ordre sexuel. L'idée me botte carrément.

- Hé. Dis à tous ces cons que t'es a moi, ça me saoule de les voir te bouffer du regard. Et l'autre là qui s'est pendue à ton bras, si je la retrouve, je crève ses pneus, ok ?

Ça faisait longtemps. Trop longtemps que ma véritable nature avait pas montré sa vilaine trombine. Yamamoto m'adresse un nouveau regard attendri et lève son bras dans ma direction. Il tend la main vers moi et effectue un léger mouvement de tête pour m'intimer à venir. Voyant que je bouge pas, restant aussi droit qu'un piquet tout en fixant sa main, il recommence mais avec la voix basse et presque enfantine en prime.

- Viens la...

Je plisse les yeux, le jaugeant du regard. Je sens que ce plan va être outrageusement foireux mais merde, c'est tellement tentant et il est tellement excitant dans son putain de costume. Son visage est légèrement amusé ; il voit que je suis à nouveau en pleine lutte intérieure.

- Nan.

La facilité. Quand vous hésitez, la réponse négative c'est le plus rapide et sécurisant des plans. C'est lâche et totalement inutile aussi. Yamamoto étire une moue un peu boudeuse et son sourire se change en quelque chose de mignon qui colle pas du tout avec son image de beau gosse débordant de virilité et qui a un sex-appeal aussi gigantesque que ma mauvaise foi.

- Allez, juste un moment...

- Tu veux ma mort ou quoi, sale incube ?

Il secoue la tête, dépité et amusé à la fois. Moi, j'hésite à m'allumer une nouvelle cigarette pour enfin occuper mes mains inutiles depuis ma naissance devenues moites.

- Je veux juste te toucher un peu avant d'y retourner, Hayato...

Ce gars est un putain de démon. Je le déteste. Sa voix est implorante et son visage feinte, désormais, une innocence presque enfantine. J'ai de plus en plus envie de le plaquer contre le mur et de voir son visage se déformer sous l'effet du plaisir.

- Tu penses à quoi ?

Il demande. Il ose demander. Je me met à rire bêtement, la nervosité commençant à avoir raison de moi. Je commence à craquer complet, ça y est.

- Je pense que tu devrais y retourner, je souffle, en un ultime effort qui franchit la barrière de mes lèvres alors que je continue de me bidonner comme un cinglé. Je vais fumer une autre clope, ok ? Tout roule, je suis sage. C'est cool, Takeshi. Va finir ce que t'as a faire et on se casse. Sérieux, faut vraiment qu'on se casse, steuplait.

Il m'adresse un nouveau sourire tendre et s'approche doucement. J'ancre mes yeux dans les siens et il en fait de même. Sa main se pose contre ma joue. Quelques doigts joueurs replacent une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Je frissonne une nouvelle fois, poussant un soupir plaintif et sa main finit par longer mon oreille en une caresse grisante puis bientôt il suit ma mâchoire pour se loger dans mon cou, toujours avec cette mobilité manifeste et aussi légère qu'une plume. Je mord ma lèvre et détourne les yeux. J'ai envie de crever. C'est TROP. Finalement, il retire sa main, sa bouche se pose contre mon front et il se recule très légèrement. Je sens toujours son souffle frais et fruité s'échouer contre mon visage.

- Je fais vite.

J'acquiesce et lui adresse un regard entendu. Mes yeux, embués, se posent contre ses lèvres. Tentantes. Parfaites. Pleines. À quelques centimètres des miennes. Il le remarque et attend. Il attend que je fasse le prochain mouvement. Il a vu dans mes yeux que j'avais envie de ses lèvres, là, tout de suite. Du bruit dans le couloir amenant à la zone fumeur se fait entendre, des conversations et des rires se mettent à fuser dans le calme ambiant qui régnait ici et aussitôt, on se recule chacun d'un pas supplémentaire, cachant aux yeux du monde ce qu'il en est réellement. Yamamoto réajuste sa cravate, l'air de rien, avec naturel et j'en profite pour sortir une nouvelle cigarette, enfin.

Le groupe de gens débarque alors dans la zone et parmi eux se trouve Ganauche. L'inconfort me prend encore une fois aux tripes et le sourire qui se profile sur son visage s'évanouit aussitôt qu'il nous voit Yamamoto et moi.

- Yamamoto-san !

Le beau gosse se fait aussitôt assaillir par les nouveaux venus - beaucoup de nouvelles, pff - et Ganauche s'éclipse pour se placer de l'autre côté de l'entrée, à l'opposé de ma position. Il m'adresse un léger sourire poli et je le lui rend, un peu gauchement. Je le vois sortir une cigarette lui aussi et il tâte ses poches en quette de son salamèche. J'ai encore le mien dans ma main et contre toute attente, sans réfléchir outre-mesure, je me poste devant lui et lui présente la flamme de mon zippo. Il relève la tête, croise mon regard et amène doucement son cancer en tube contre la chaleur du gaz. Le batonnet blanc s'enflamme alors qu'il expire avec lenteur.

- Yamamoto est en train de me tuer du regard, il fait alors, un léger mouvement de tête à l'appui en direction de l'entrée.

Je tourne moi aussi la tête vers mon beau gosse et lui adresse un simple clin d'oeil entendu. Son visage semble se détendre et il se remet à sourire face à une gonzesse qui lui agrippe le bras. Tch.

- T'inquiète, ces filles servent juste à faire beau... Ce sont des mannequins de la boîte, il reprend alors en m'adressant un mince sourire. Comment tu vas ?

- Ça va. Et toi ?

- Plutôt ouais.

Le silence retombe. Inconfortable. Mes yeux se posent sur une nuée de moustiques qui dansent autour de la lumière de la cour, au dessus de la porte d'entrée.

- Écoute... Je-

- C'est bon, y'a pas de soucis Hayato, me coupe Ganauche en tapotant sa cigarette nonchalamment contre le cendrier. Je sais ce que tu vas dire et je t'assure t'as pas besoin de faire ça, tout roule. Je vais bien, tu vas bien, c'est OK.

Je réplique pas et mes yeux quittent la lumière pour se poser sur lui. Il hoche la tête en m'adressant un regard assuré. Alors j'acquiesce en silence et on continue de se niquer la santé dans le semi-calme que le permette le groupe de pintades toujours planté autour de Yamamoto.

Vous savez... La voix de Ganauche était assurée. Son regard était franc et déterminé mais bizarrement, j'y ai pas cru une seule seconde. J'avais trop d'empathie, c'était ça le soucis. J'ai toujours eu trop d'empathie et ce même si j'étais un misanthrope fini et que l'espèce humaine ne m'inspirait qu'un puissant sentiment de dégoût. C'était paradoxal. C'était la vérité. Et ça m'avait flingué. Ça continuait et ça continuerai probablement de me descendre mais je pouvais rien y faire. C'était pas mon combat. C'était pas ce pour quoi je me battais. J'ai terminé ma clope, j'ai fourré mes mains dans mes poches et je suis parti. Seul. Il fallait vraiment que cette soirée de merde se termine.

Je voulais passer le reste de ma vie, nu, contre le corps de Yamamoto.