Deux heures du matin venaient de sonner à un clocher dans le lointain et Dudley Dursley ne parvenait à trouver le sommeil. Les doutes qui l'assaillaient depuis des semaines, des mois, s'étaient réveillés avec encore plus d'acuité avec les évènements des derniers jours et la nécessité de devoir abréger le séjour en colonie de vacances de sa fille ainée Agatha.

Deux jours auparavant, Dudley avait un instant cru vivre son pire cauchemar quand la directrice de la colonie de vacances l'avait appelé pour l'informer que Agatha était introuvable, communication interrompue par l'arrivée tonitruante de ses parents accompagnés d'Agatha qui était mystérieusement apparue devant leur portail, à plus de 300 km de Little Winging.

-"Mon garçon, il faut vraiment que tu te préoccupes de la façon dont ces bons à rien d'animateurs s'occupent de ma petite fille" avait vociféré Vernon Dursley avant de repartir. La seule explication qu'Agatha avait pu donner était qu'elle avait couru le plus vite possible pour échapper à Wanda et Alison, ces ennemies jurées, deux sales gamines qui lui empoisonnait la vie depuis le début de l'été.

Dans son sommeil, un détail revint à l'esprit de Dudley, sa Mère déposant un gros carton rempli de vieux albums photos en lui disant qu'elle avait besoin de lui parler, un autre jour peut être quand l'ambiance serait plus calme.

Puis à nouveau un sommeil agité et toujours les mêmes rêves qui reviennent en boucle. Le salon du 4 Privet Drive envahit de lettres destinées à son cousin Harry, la fuite à travers l'Angleterre pour aboutir sur un ilot battu par les flots et les vents, et la silhouette d'un géant se découpant sur fond de ciel d'orage, la cheminée du salon explosant pour laisser passage à une tribu de sorciers rouquins, la Tante Marge transformée en ballon, la visite d'un vénérable sorcier et toute la famille agressée par des verres d'hydromels enragés, de longs mois passés à voyager de maison en maison, protégé par des sorciers... Et tout à coup, l'obscurité, le froid, la fuite devant une terreur indicible, la chute et une silhouette masquée qui semble vouloir dévorer votre âme, l'horrible sentiment de n'être qu'un horrible monstre, bouffit d'égoïsme et de rancune, ...

-"Les détraqueurs...!" se mit à marmonner Dudley avant de se lever. A ses côtés sont épouse ouvrit les yeux un instant avant de marmonner : "Hein? kskia de détraqué?" et de se rendormir.

A présent complètement réveillé et plutôt que de risquer de réveiller son épouse et le bébé endormi dans son petit lit, il opta pour aller s'allonger sur le canapé du salon. Une fois sur le palier, il s'arrêta quelques instants avant d'entre-ouvrir la porte de la chambre d'Agatha. La fillette dormait à poings fermés, tandis que Majestic, son chat préféré, le plus gros chat que Dudley ait jamais vu, semblait veiller sur son sommeil. A la fenêtre, Dudley eu le temps de voir une chouette prendre son envol.

-Il faudra quand même que quelqu'un m'explique cette passion qu'elle a pour les chats et les hiboux" se dit Dudley.

Comme s'il avait compris qu'on parlait de lui, le chat tourna sa tête vers la porte entrebâillée avant de sauter en douceur et se diriger vers la porte. Une fois dans la cuisine, toujours suivi par Majestic, Dudley hésitât un instant avant de prendre une bouteille de lait, de s'en servir un bol et d'en verser dans l'écuelle du chat.

-A la tienne, Majestic, ... Je dois avoir l'air d'un parfait crétin à trinquer avec un chat, ...

Dans la salle à manger, le carton trônait sur un coin de la table encombrée de tout un tas de vieux albums photos, de boites débordants de photos, de négatifs et de vieux papiers que son épouse avait entrepris de trier et numériser. Comme attiré par un aimant, ou une généreuse portion de son dessert préféré à une certaine époque, Dudley ouvrit le carton, puis un épais album à la reliure de cuir ouvragé. Le premier feuillet était une affichette jaunie du cirque Barnum & Bailey, datée de 1888. mais ce fut la dédicace écrite à la plume l'intriguât aussitôt : "En souvenir de Ebenezer Marmaduke Evans et de la magie, de la vraie magie". Les photos montraient un magicien à la mode du 19ème siècle. Dudley feuilleta le l'album quelques instants avant de tomber sur une série de coupures de journaux.

-Belle notoriété - ne put s'empêcher de penser Dudley en passant en revues les coupures de journaux - Washington Post, Los Angeles Herald Examiner, Winston Salem Journal.

Mais la dernière feuille, pliée en deux, lui réservait une belle surprise.

-Et voyons celle-là. ..." la tournée triomphale de Ebenez M. Evans au Etats Unis nous prouve que le monde de la magie peut se rapprocher du monde moldu !". Dudley cru que son cœur s'arrêtait avant de déplier la feuille qui était une coupure de la Gazette du Sorcier".