RIVALE ROMANCE

En effet, il attendit la nuit pour le rejoindre dans son manoir. Mais il eut un coup d'adrénaline en entendant comme un combat à l'intérieur. Il entra prestement en appelant l'elfe, mais se stoppa net en s'apercevant que c'était ce dernier qui balançait les meubles d'un bout à l'autre du manoir. Anders croisa les bras et attendit qu'il jette son énième mobilier pour lui lancer :
-ça te fait du bien de détruire ce manoir ? Il n'a rien demandé.
-Qu'est-ce que tu fais là, toi ?
-Oh, rien, je pensais juste que tu avais peut-être besoin de quelqu'un pour parler.
-Non, je n'ai pas besoin de parler, surtout pas à toi !
Une veine d'agacement sorti du front d'Anders qui abandonna l'idée de se contenir:
-Quoi moi ?! Je refuse de payer les pots cassés par Danarius ! Je n'ai rien à voir avec lui et tu le sais !
-Et alors ? Ca finira pareil ! Tu es mage et qui plus est, possédé par une saloperie de l'immatériel !
-Arrête tout de suite ton char ! Ou tu risques de le regretter ! Je ne te laisserais pas m'insulter alors que je t'ai sauvé la mise ! Et devine quoi ! C'était grâce à ma magie et à ce que tu appelles "saloperie de l'immatériel" que cela a pu se faire !
-Je n'ai pas besoin de toi, va-t-en !
-Hors de question ! Je veux d'abord des excuses !
-Je n'ai pas à te demander des excuses !
-Ah oui ? Alors je ne suis pas prêt à te pardonner pour ce que tu es en train de me dire !
-Très bien ! Déteste-moi, haïs-moi ! Ce sera plus facile comme ça !
Anders resta une seconde interdit, il commençait à le connaître, lui et ses fuites en avant, et commença à comprendre ce que cherchait Fenris. Ce dernier n'étant pas armé, Anders posa son bâton de combat et s'approcha de lui en lui disant:
-Tu préférerais que je te rejette, c'est ça ?
-... arrête... tire-toi...
-Tu vas essayer de me blesser pour que je te déteste ?
-Tais-toi...
-Tu veux que je t'abandonne ? Tu n'en as pas assez de te retrouver seul ?
-C'est de toute manière comme ça que ça finira, alors le plus tôt sera le mieux !
-C'est toi qui le décide, ça ! Et c'est toi qui va le provoquer si tu continues !
-Eh bien soit ! ça sera jamais moins douloureux que de se bercer d'illusions !
-De quelle illusion tu parles ?! Tes amis tiennent à toi ! Et moi aussi !
Fenris plaqua les paumes de ses mains contre ses oreilles, fermant les yeux à s'en fendre les paupières :
-Je ne veux pas entendre ça, ce n'est qu'un rêve d'un temps ! Ça ne durera pas !
-Tu ne veux pas entendre ? Alors ressent !
Il lui attrapa le visage pour l'embrasser avec passion. Fenris tenta d'abord de se dégager, mais Anders lui prit la taille pour l'attirer contre lui et prolonger son baiser. Désemparé face à la tendresse de l'apostat, l'elfe fut forcé d'attendre un moment de reprise de souffle pour lui glisser:
-Arrête ça...
-Non... je n'en ai pas envie.
-Mais... Mh...
Un autre baiser lui fit perdre à nouveau pied. Les doigts d'Anders glissèrent dans sa nuque, caressant sa peau et ses cheveux avec douceur. Voyant qu'il s'était calmé, le mage quitta ses lèvres pour son cou et son oreille en lui soufflant:
-Je n'ai pas envie de te laisser seul, je n'ai pas non plus envie de me retrouver seul à mon tour, et j'ai envie de rester avec toi.
Jusqu'alors défensif ou passif, Fenris enlaça soudainement l'apostat pour s'accrocher désespérément à son dos, ne parvenant pas à retenir une larme. Anders la sentit arriver dans son cou et il se détacha un peu de l'elfe pour tenter de le regarder dans les yeux:
-Hey... Fen...
Le guerrier planta un regard triste dans celui du mage et lui lâcha:
-Je vais finir par te détruire... tu sais...?
-Tu me disais l'inverse peu avant, non ?
Fenris baissa les yeux et Anders l'enlaça avec force:
-Je me fiche bien que la magie nous détruise tous les deux, je n'ai juste pas envie de te lâcher...
L'elfe eut un hoquet et glissa sa tête dans le cou d'Anders qui continua:
-Et toi, Fen...? Dis-moi... de quoi as-tu réellement envie ?
Ce dernier lui chuchota:
-Libère-moi...
-Hein ?
-Permets-moi juste... d'oublier qui je suis... tout ce que j'ai fait... j'ai envie... de tout oublier, de recommencer.
-Fen...
-J'ai envie... que tu me prennes... que tu m'aides à exorciser mon passé par la chair, comme ces marques me l'ont enlevé par la chair en douleur...
-Très bien, mais pour cette fois, ce ne sera pas en douleur...
Anders releva le visage de Fenris dans un sourire en coin et ce dernier lui rendit le même sourire, glissant ses bras autour de son cou.
Ils s'embrassèrent encore, puis débutèrent les préliminaires en se déshabillant et en se déplaçant vers la chambre, puis le lit. Après encore un baiser, couchés sur le matelas, Anders dit à Fenris:
-Je vais pousser ton plaisir aussi loin que le fut ta douleur...
Fenris rougit, puis lui demanda:
-Comment tu comptes faire une chose pareille ?
-Laisse-toi faire... sourit le mage.
Ce disant, il fit descendre ses lèvres le long de son torse, et toujours plus bas, jusqu'à l'emprisonner de ses lèvres. L'elfe se laissa fondre, il avait vraiment besoin de se sentir bien, de ne plus penser à rien. Et Anders y arrivait à merveille, Fenris se perdait dans des sensations toujours plus agréables, commençant à oublier le reste. Puis, le mage mit ses doigts en action pour aller chercher l'elfe en profondeur. Ce dernier commençait à haleter de plaisir et à lâcher des soupires d'aises excitants. Mais l'apostat n'allait pas s'arrêter en si bon chemin, sans stopper ce qu'il était en train de faire, il se concentra pour faire glisser une aura magique douce et agréable tout le long de ses tatouages en Lyrium. Surpris, Fenris lâcha un gémissement. Ces marques étaient habituellement douloureuses en continu et d'autant plus lorsqu'il les utilisait, le sentiment d'apaisement que lui procura le sort du mage était tel qu'il lui vrilla l'esprit. Satisfait, Anders accentua alors ses caresses en bas, poussant Fenris à se cambrer de délice. Les doigts, la langue, et... il avait du mal à se l'avouer, mais, la magie de l'apostat, l'avaient transporté dans une bulle fermée à toute pensée négative. Anders poussa un peu plus loin, puis remonta pour savourer son regard voilé par le plaisir. L'elfe l'embrassa avec passion, et le mage se glissa contre lui pour le prendre avec douceur, sans cesser de faire couler son aura magique le long des marques de Fenris, éclipsant toute douleur de son corps. Alors qu'Anders s'installait en lui, l'elfe entoura ses hanches de ses jambes et glissa ses mains le long de son torse dans un long baiser. Malgré ses appréhensions premières de retrouver les souvenirs douloureux des viols répétés de feu son maître, Fenris n'eut aucun mal à se concentrer sur le fait que contre lui à cet instant, c'était Anders et le plaisir qu'il lui procurait défiait largement le dégoût et la douleur qu'il avait pu ressentir avec Danarius.
Sans alcool, consentant et avec un désir brûlant, Fenris fit à ce moment une large différence entre un maléficien tel que son ancien maître et le mage guérisseur, bien que possédé, qui, au final, n'avait jamais levé un seul sort destructeur contre lui, malgré tout ce qu'il avait pu dire, sur lui et ses semblables. Alors que son amant lui offrait des roulements de hanches grisants, il le serra contre lui en lui chuchotant:
-Merci...
Anders se mordit la lèvre et l'embrassa avec fougue. Le voir, ainsi que l'entendre se perdre sous lui le rendait dingue et il avait vraiment du mal à ne pas craquer tout de suite en l'entendant le remercier. Il maintint pourtant sa volonté et repoussa encore plus loin le plaisir de son partenaire. Ce ne fut que lorsque Fenris susurra à Anders qu'il ne tenait plus que ce dernier lui envoya ces derniers assauts avant de se lâcher en même temps que son amant.

Le lendemain, Anders se réveilla avec Fenris dans les bras, complètement détendu. L'apostat ne put retenir un sourire mélangé de fierté et d'attendrissement devant le visage si calme de son amant. Il se mit à lui caresser les cheveux avec tendresse en fredonnant un air qu'il se souvenait avoir été chanté par sa mère avant qu'on ne l'arrache à elle pour l'enfermer dans la tour avec les autres mages. Fenris s'éveilla quelques minutes plus tard, encore engourdit agréablement par les restes du plaisir de la nuit. Il leva les yeux sur son amant et lui lâcha un sourire à mourir. Anders en oublia de fredonner la fin de sa chanson et embrassa l'elfe avec tendresse. Fenris se laissa porter par cette douceur matinale, puis se blottit contre lui, sur lui, lui soufflant alors:
-Je suis désolé...
-Ne t'en fais pas, je t'ai déjà pardonné dix fois depuis.
Fenris eut un sourire, puis lui demanda:
-Pourquoi est-ce que tu m'as aidé au lieu de t'en aller... ?
-Très bonne question ! rit l'apostat, Peut-être que je t'aime plus que je ne le devrais !
Fenris rougit. Comment pouvait-il une chose pareille avec autant de désinvolture ? Mais après tout, il était celui qui était resté, malgré tout, malgré la haine qu'il avait pu lui envoyer, il est resté. Alors qu'il savait qu'il allait être rejeté pour son talent de mage, qu'il allait recevoir encore d'autres horreurs de sa part, qu'il allait même peut-être être maltraité, voir malmené, il est resté. Cet apostat têtu avait fini par lui tirer plus d'émotions et de sentiments qu'il ne l'aurait jamais imaginé. L'elfe réfléchit encore quelques instants, la tête posée sur le torse du mage.
-Est-ce que ça va ? demanda ce dernier.
-Oui... étonnamment bien...
-Ah, tant mieux alors ! J'ai pris un risque en utilisant mon mana sur toi, mais j'étais sûr de mon coup !
Fenris secoua la tête dans un sourire, comment pouvait-il se trouver autant d'insouciance et de franchise dans une tête de mule pareille ? L'elfe se suréleva pour s'assoir sur Anders et lui dire:
-… je crois… que je suis un imbécile…
-Ah, au moins tu le remarques !
Fenris, une veine sur la tempe, lui frappa le crâne:
-Laisse-moi finir !
-D'accord, d'accord ! sourit Anders, taquin.
-En fait… je n'ai vraiment pas envie de te perdre… … je ne pensais pas que tu tiendrais à rester... je pensais que tu...
-Ne venait que pour s'envoyer en l'air ? J'ai pensé pareil pour toi de mon côté...
-Et pourtant tu es revenu me voir malgré tout ce que j'ai dit ... ?
-Ouais...
-Comment je peux faire maintenant... ?
-Faire quoi?
-Pour vivre... sans t'avoir à mes côtés...
Anders resta interdit, surpris, mais heureux. Il lui lança alors en passant sa main contre sa joue:
-Qu'est-ce qui te fait croire que ce ne sera pas le cas ?
-... tu ne pourras pas me supporter indéfiniment...
-Après ce que je viens d'entendre, bien sûr que si ! rit l'apostat.
-... mais...
Le mage lui attrapa la nuque et l'attira contre ses lèvres pour un baiser passionné. Puis il lui souffla:
-Tu n'as toujours pas compris, abruti ?... Je t'aime.
Ce que Fenris ressentit à ce moment-là était comparable à ce qu'il avait ressenti au plus fort de cette nuit. Il ferma les yeux un instant, puis glissa une main le long du torse de son amant. Ce mage rompu au combat et à la vie de paria n'avait rien du physique basique d'un maléficien ne comptant que sur ses pouvoirs magiques et il le trouvait très excitant. Il aimait sa volonté à toute épreuve, même s'il n'était pas foncièrement d'accord avec ses idées en soi, il appréciait le fait qu'il utilise plus souvent sa magie pour soigner que pour envoyer des malédictions, il aimait la manière qu'il avait de le regarder, son esprit espiègle, sa tendresse et cette manière de le comprendre malgré tout, de l'accepter comme il était. Fenris eut un petit soupir et Anders s'en inquiéta:
-Fen ? Quelque chose ne va pas ?
L'elfe sourit:
-En effet...
-Dis-moi... quel est le problème ?
-Je suis amoureux de toi...
Anders resta bouche bée et s'arrêta même de respirer. S'il avait pensé que sa déclaration lancée à brûle-pour-point l'aurait un peu secoué, il ne s'était pas du tout attendu au moindre retour de ce genre. Et plus encore, il ne s'était pas attendu à ce que ça lui fasse autant d'effet. Mais il tenta de reprendre contenance rapidement en plaisantant:
-C'est un sacré problème, effectivement ! Tout du moins pour toi ! Parce que pour ma part...
Il lui grimpa dessus pour planter son regard dans le sien:
-Je ne vois pas meilleure situation...
Fenris eut un petit regard de chiot durant une seconde et Anders craqua, l'embrassant longuement, glissant les doigts d'une de ses mains entre ceux de l'elfe. Ce dernier se laissa faire, attendant qu'il se détache de ses lèvres pour lui dire:
-Tu penses que ça va aller... ?... je veux dire... que c'est possible... nous deux ?
-Aucune idée, et je m'en fiche, j'ai envie d'être avec toi, c'est tout ce que je retiens et je ferais tout pour ça.
Il lui dit ça en lui effleurant l'oreille avec le bout du nez et le cou avec les lèvres.
-En fait... fit Fenris ne pouvant s'empêcher de sourire sous les caresses d'Anders, Tu ne fais que ce que tu as envie, si j'ai bien compris.
-Tout à fait ! Et tu devrais faire de même !
-Vraiment ? Alors très bien !
Et Fenris repoussa Anders pour passer sur lui et lui mordiller les lèvres:
-On échange pour ce matin.
Surpris, mais lâchant rapidement un sourire en coin, pervers, Anders glissa ses mains sur son amant pour une nouvelle intense partie de jambes en l'air.