La fin.

Enfin, la fin de la fic, pas forcément celle de l'histoire. J'ai, je crois pour tout ce que j'écris, ma petite idée sur ce qui pourrait arriver "après" et celle-là ne fait pas exception.

J'en ai pas encore tout à fait fini, reste quelques modifications pour une meilleure cohérence dans les chapitres les plus anciens et je pourrais la lâcher pour de bon.

...

Ça fait très bizarre d'écrire "la fin", cette fic m'a occupé plusieurs mois pendant mes trajets de bus et les pauses entre les cours. Bref.

Réponse à la review anonyme (QUI N'A PAS DE COMPTE ! HEIN SIFFLY ET NYXOX ?! XD):

Oooooooooow :'o A moi aussi, ça me fait quelque chose :'S

Yep, ne pleurons pas \o (… BOUHOUHOUHOOOUUUU…)

Ow, merci mais je… WHAAAAAAAAT ? O.O Mais… que… Mais… Où… est donc Ornicar… BLBLBLBLBLBLBL O/O Je… hum… Câlin ! *cœur*

A bientôt ;)

Snif, oui restons dignes \o (… BOUHOUHOUHOUHOOOUUU)

...

Et là...

... comme je suis prévisible...

Je tiens à remercier ceux qui m'ont encouragé à poursuivre cette fanfic. (Certains même ont contribué à améliorer mes maigres idées (je pense notamment à Kalincka, à Hippique, à Gentle Slave, à JuliaLutecia, et d'autres encore dont j'aimerais me rappeler tout de suite... :S *coeur*))

Je remercie de tout mon cœur les dessinateurs pour leur fanarts (JuliaLutecia, Merle, EmmaTook, Lise... Et si j'en ai oublié, qu'on me pende haut et court ! x))

Je remercie avec toute la gratitude dont je suis capable tous ceux qui ont lu C'est Naturel, qui ont prêté attention a l'histoire que je voulais raconter. Merci à ceux dont je connais les noms tout comme aux anonymes (puisqu'il doit bien y en avoir x)). Merci à tous les vidéastes qui s'appartiennent et qui possèdent les droits de la majorité des personnages évoluant ici.

Et merci tout particulier à Lise (alias Leze-G sur FF) (qui m'a également permis d'utiliser l'un de ses dessins pour la couverture de cette fanfic !) et à HippiqueAndYDealD (je connais ton pseudo par cœur, maintenant... Mais je vais continuer à t'appeler Hippique. Na. \o) qui m'ont fait découvrir le Mpreg et pour qui j'ai écrit cette fic. (J'espère ne pas vous avoir déçu :') *cœur*) ainsi qu'à ma bêta (enfin... c'est ma tit sœur, mais appelons-la bêta, hein lecteur ? x)) Kalincka qui a fait un boulot formidable. Jamais trop longue même malgré la maladie ou les soirées sans ordi. Elles a réussit à s'adapter même quand je lui proposais un chapitre toutes les semaines et pour ça, elle mérite des tas de cookies en forme de carottes !

Donc... Voilà.

Merci.

Ça m'a fait plaisir d'écrire cette fanfiction... Vraiment.

...

Vous pensez en avoir fini avec le fluff ? Hey, vous êtes devant le grand final de CN, qu'est-ce que vous croyez, que ça va tourner au SM ? (Retenez votre cyprine, les psychopathes xD)

...

Big up à la partie Twitter du fandom, à ma tit femme et à Hippique qui m'ont aidé à choisir les prénoms des OC..

...

...

Alley...

...

Disclaimer particulier: Quelques lignes dans ce chapitre appartiennent au poète Aragon...

...

...

J'vous aime *cœur*

...

Bonne lecture ;')


Chapitre 20 (fin):

— P'pa ?

— Hum ?

— Pourquoi le ciel il est bleu ?

Le Carniste ouvrit de grands yeux, muet un instant, avant de rapidement croquer dans sa tartine d'un air nonchalant, sauvant les meubles par cette phrase magique :

— Papa va t'expliquer !

Il sourit et se jeta sur le pot de confiture avec avidité sous les yeux amusés de l'Irlandais, suivant fier de lui la conversation qui se poursuivit à sa gauche :

— Papa ?

— Oui, trésor ?

— Pourquoi le ciel il est bleu ?

— On dit "Pourquoi le ciel est-il bleu"… Demande à ton père.

Un petit silence prit place jusqu'à ce que l'enfant ne secoue la tête, cessant de fixer son regard rêveur sur la fenêtre de la cuisine pour plutôt jeter son dévolu sur un toast, résigné. Le mangeur de viande se détourna, lui, de son assiette, observa d'un œil protecteur son petit garçon dont le reflet dans les verres de ses imposantes lunettes dissimulait ses yeux bruns qu'il savait brillant d'excitation. Avec un demi-sourire, il prit le papier dans lequel étaient empilées quelques tranches de bacon et les présenta à son fils qui pourtant les refusa poliment.

— P'pa, manger de la viande c'est pas bien...

A l'autre bout de la table, le Baron fut prise d'une crise de fou rire, s'attirant ainsi les regards noirs du Syndicaliste et de la Féministe pas spécialement heureux d'être ainsi réveillés après une nuit particulièrement agitée... Le Vegan lâcha d'ailleurs brusquement ses couverts pour leur rendre la pareille, osant regarder dans les yeux celui qui l'avait tant victimisé par le passé.

— Vous auriez quand même pu faire ça ailleurs, marmonna-t-il du bout des lèvres, ce n'est qu'un enfant ! Vous avez bien de la chance qu'il n'ait pas fait la moindre remarque !

Et, prenant l'absence de réponse qui s'ensuivit pour victoire, le végétarien passa une main dans les cheveux blonds de son enfant qui sourit.

— C'est bien, Aloïs.

La lueur de fierté dans les yeux du Vegan arracha au Carniste un grand sourire.

Bien vite, le silence reprit dans la cuisine Beaujolaise. Silence pour ces quelques membres de la famille retardataires qui avaient manqué le départ de leur créateur des heures plus tôt. Seul le tintement des couverts emplirent l'espace, accompagné du léger grommellement du Syndicaliste lorsque son amante repoussa sa main un peu trop baladeuse. Logique. Elle avait refusé de se donner à lui pendant des années, ce n'était pas pour ensuite céder à la moindre occasion. Elle avait sa fierté, comme presque chacun d'entre eux.

— Y sont où, Platon et Nikos ?

Le Carniste manqua de recracher sa bière lorsqu'un fou rire le prit à son tour, encouragé par ceux qu'il repéra immédiatement autour de lui. Aloïs sourit également, simplement heureux de constater comme son interrogation avait provoqué l'hilarité générale.

— C'est malin, marmonna le Vegan l'air pourtant mi-réprobateur mi-amusé. Tu vois, à force de t'entendre dire des bêtises il répète !

Le mangeur de viande secoua la tête, se calma comme il le pu, au risque de s'étouffer pitoyablement. Le Vegan le regarda, un peu consterné, avant de se lever pour débarrasser son assiette.

— Le Prof de Philo et le Présentateur TV sont partis très tôt ce matin avec Kriss pour aller voir le Prof et ramener Rose et le Hippie, expliqua-t-il doucement.

Déposant son verre dans le lave-vaisselle, il laissa échapper un soupir.

— On devrait savoir dès aujourd'hui si c'est une fille ou un garçon...

Le Carniste hocha frénétiquement la tête, jetant d'abord un œil au téléphone toujours muet déposé sur le buffet avant de lever le regard... Et de se figer.

Adossé contre le plan de travail, le Vegan avait pâlit, le regard dans le vide, les yeux larmoyants.

Une réaction qu'il ne comprit d'abord pas avant qu'elle ne lui rappelle ce qui lui semblait être une lointaine période de sa vie. Une période dont les souvenirs l'aidèrent subitement à réaliser.

Le grand défenseur de la nature que comptait la famille Papillon remarqua brusquement après quelques minutes comme son compagnon le fixait et, subitement gêné, s'éclaircit la gorge.

— Hum... Je vais... Je reviens...

Il fila en direction du salon, son intervention si rapide qu'elle ne fut d'abord pas remarquée de tous. Le Carniste soupira lui aussi, avant de de nouveau tendre le bacon à son fils qui cette fois le pris pour en glisser quelque tranches près de son pain.

— Merci, p'pa ! murmura Aloïs avec un grand sourire.

Il lui répondit par un clin d'œil. Ce que le Vegan ignorait ne pouvait pas lui faire de tort.

Se levant lui aussi, il posa une main affectueuse sur l'épaule du petit garçon et rejoignit à son tour la pièce voisine, ayant bien pris soin avant de refermer la porte derrière lui de lever un poing vainqueur pour le Syndicaliste à l'insu de la principale concernée.

...

Dans le salon vide et silencieux, il trouva le Vegan assis sur le canapé, fixant l'écran de télévision certes allumé mais dont aucun son ne s'échappait. Le bruit de ses pas se rapprochant ainsi que celui de son corps se laissant lourdement tomber à ses côtés ne sembla pas provoquer chez lui la moindre réaction. Oui, l'air paraissait soudainement plus lourd, plus grave.

Le Carniste soupira tristement.

— Je sais à quoi tu penses...

Encore, après tout ce temps ?

Le végétarien frissonna, cala ses genoux contre sa poitrine et fixa l'horizon sans un mot. Cela faisait si longtemps qu'il ne l'avait pas vu comme ça... Quatre ou cinq ans, au moins... Avant la naissance d'Aloïs.

— Tu sais que si tu veux en parler, je suis là… insista-t-il. Et je pense que ça te ferait du bien.

Silence.

Ce silence qui lui rappela tant de souvenirs désagréables.

Les moqueries des autres à l'égard de son alter, puis sa fausse couche...

— Léo...

Même des années après, le mangeur de viande manqua de lâcher une larme. De pleurer, laisser aller tout ce qu'il pouvait renfermer depuis tout ce temps, mais il se retint. Son rôle était de le réconforter, pas de déprimer avec lui.

Il resta donc fort, l'encourageant silencieusement à poursuivre.

— Je...

Il hocha la tête, chercha la main de son compagnon qui la serra fort, très fort.

— Je... Je me demande si... Si Aloïs doit savoir...

Une série de larmes dépassèrent à cet instant le cadre des lunettes du végétarien. Surpris. Le Carniste était surpris. Il ne s'attendait pas à dire vrai à une telle interrogation. Soulevant tant de problèmes qu'ils lui firent l'espace d'un instant tourner la tête.

Annoncer à leur enfant qu'il n'aurait pas dû exister ? Qu'il aurait dû en être un autre à sa place ?

Son esprit chercha une réponse claire, mais ne fit que ramer, rester dans le flou.

— Ça... Ça me pèse, Carniste... J'ai l'impression de faire comme s'il n'avait jamais existé, de le renier alors que... Que...

Alors que depuis le début, depuis l'annonce de la grossesse, Léo était devenu son enfant. Pour toujours. Et ça, le Carniste ne le comprenait que trop bien.

— Et puis... Ça fait partie de son histoire, l'histoire d'Aloïs...

Le carnivore se mordit la lèvre. Son impuissance et son sentiment d'inutilité le prirent encore, après toutes ces années. Comment pouvait-il le rassurer d'un inconnu si pesant qu'il le craignait aussi... ?

— Nous avons encore du temps pour ça, tenta-t-il toutefois avec beaucoup de précaution, Alo' est un peu jeune, et puis... La question de son éducation à domicile a suffisamment divisé la famille comme ça, il me semble.

Malgré sa prostration, le Vegan esquissa un sourire. Oui, Kriss et le Prof de Philo s'étaient récemment bien battus sur le sujet, arguant pour l'un que le petit devait aller à l'école comme tous ceux de son âge, l'autre que l'éducation devait être prise en main avec sérieux afin d'empêcher l'aliénation, ajoutant même devant un Présentateur un brin gêné qu'il ne serait pas question que sa descendance soit élevée par autrui.

La question ne s'était pas posée pour la fille des hippies, ceux-ci l'ayant élevé selon leur principes, lui enseignant du mieux qu'ils le pouvaient leur morale, laissant le reste au Prof, qui, trop heureux d'avoir de nouveau une "utilité" au sein de la famille après son renvoi, faisait un excellent précepteur. C'était après avoir demandé l'avis de la famille Sommet que le Vegan avait tranché, peut-être bien motivé aussi par l'absence de cette séparation avec son enfant, celle que l'on découvre à la première rentrée des classes. Kriss avait une dernière fois déclaré que l'étape administrative pouvait être contournée avant de s'avouer vaincu.

— Préparons-nous d'abord pour septembre, c'est la priorité. Et un jour... Un jour on lui dira.

Le Carniste laissa ses doigts courir sur la peau du Vegan, essuya ses larmes avec un petit sourire qu'il espéra suffisamment rassurant. A sa grande joie, son opposé hocha doucement la tête et se pencha pour déposer ses lèvres sur les siennes.

— Oui... murmura-t-il contre lui.

Le mangeur de viande sourit encore, remarqua toutefois comme le végétarien venait de placer sa main contre son abdomen. Un vieux réflexe.

— Papa ? P'pa ?

Tous deux sursautèrent brusquement. Le Vegan fut le premier à réagir, à essuyer d'un revers de la main les dernières traces d'humidité sur son visage et à se lever.

— Oui, mon brocoli ?

Le Carniste étouffa encore un rire, ajoutant à mi-voix un "Oui, mon ptit steack" qui lui valut un beau facepalm de la part de son partenaire.

— J'ai fait un dessin ! Ajouta la voix fière d'Aloïs depuis la cuisine.

Le mangeur de légumes sourit et se précipita sur la porte, plantant là celui de viande qui ne s'en plaint pourtant pas. Il ne pouvait que se réjouir que les choses aillent mieux.

— Ooooh ! Qu'est-ce que c'est ?

— Un...

— HÉLICOUPTÈRE HÉLICOUPTÈÈÈÈÈÈRE !

Le Carniste sourit. Jetant un dernier regard circulaire au salon, il se leva enfin pour rejoindre sa petite famille.


— Il y en a deux.

Silence. Les yeux du Présentateur TV s'écarquillèrent.

Du coin de l'œil, il détecta une brusque immobilité à l'autre bout de la salle, là où un instant plus tôt son compagnon sortait quelques livres de l'impressionnante bibliothèque du laboratoire pour s'occuper l'esprit.

Un peu perdu, absolument certain d'avoir mal compris, le reporter se tourna vers le scientifique qui analysait toujours le petit écran relié à la sonde.

— Pardon ?

Nouvelle absence de bruit, mais pas de réaction. Un sifflement bien caractéristique derrière lui et le Prof de Philo venait de traverser la pièce pour poser une main sur son épaule.

— Deux ?

Sa voix rauque laissait entrapercevoir toute sa surprise.

Le Présentateur descendit son regard au niveau de son ventre de trois mois et demi... C'était donc pour cela, que le Vegan ne cessait de dire qu'il n'avait jamais eu ce tour de taille ?

— Je suis formel, reprit le détenteur de la blouse immaculée, je vois une fille... Et un garçon.

Un grand sourire se rependit sur le visage de la personnalité enceinte. Sa vision se troubla un peu, une larme roula le long de sa joue, et un nouveau regard en coin lui permit de distinguer à temps le fin sourire qui apparut sur celui de son camarade. Celui-ci s'accroupit, se plaçant à sa hauteur, et posa sa main sur la sienne tout en déposa de l'autre la sonde désormais inutile sur le sol.

— Aaron et Malika ?

Le Présentateur TV hocha énergiquement la tête, ne retenant plus ses larmes.

Des prénoms pas trop conformistes et une référence qui tenait tout particulièrement à cœur à son amant...

— Aaron, ça ressemble à Aragon, fit remarquer celui-ci au moins pour la dixième fois en à peine quelques mois.

Seulement, alors que pour la dixième fois en à peine quelques mois le Présentateur se contenta de sourire sans oser avouer qu'il n'en avait fichtre aucune idée de qui devait bien être encore ce philosophe, le Prof de Philo mêla sa main à la sienne. Un genoux à terre, un léger sourire aux lèvres, il plongea son regard dans celui de son assistant et se mit à murmurer, sans même un regard pour le scientifique de SLG qui, derrière eux, rangeait son matériel:

— "Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur. Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri. Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri. Et pas plus que de toi l'amour de la patrie. Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs. Il n'y a pas d'amour heureux. Mais c'est notre amour à tous les deux."

Le Présentateur resta immobile un instant, laissant ses yeux toujours embués parler pour lui. Enfin, après un doux silence, il embrassa ses lèvres et étendit ses deux bras pour serrer contre lui le Prof de Philo qui, une fois sa surprise passée, s'avança un peu pour une position plus confortable.

De toute façon, il lui passait tout sous prétexte d'hormones. Les quantités astronomiques de sirop de violette qu'il avait pu ingurgiter ces derniers temps en faisait foi.

— Tu réalises ce que ça veut dire ? reprit l'homme de lettres contre son oreille. Deux fois plus d'efforts, deux fois plus de complications, deux fois plus de...

— ... Deux fois plus de nous, coupa le Présentateur en s'écartant. On les garde. Les deux. Aaron et Malika.

Le Prof de Philo soupira, visiblement d'aise.

— Rassurez-vous, intervint le Prof derrière, faisant sursauter le Présentateur. Les moyens que j'ai aujourd'hui à ma disposition me permettront sans craintes de vous aider à accoucher. Elle est bien loin, la transfusion de fortune.

Le cadreur des Hors Sujet lui sourit. Oui, on avait passé beaucoup de temps à le rassurer, notamment le Vegan, qui conservait en lui le traumatisme de sa propre expérience.

Ses pensées un peu grises s'envolèrent lorsque la porte du laboratoire s'ouvrit brusquement, laissant apparaître Kriss qui se précipita aussitôt sur l'écran d'échographie, s'immobilisant en le découvrant éteint.

— Je... On arrive en retard ?

Un cri apparemment du haut de l'escalier l'apostropha aussitôt:

— Alors ? Alors ?

— Mec, on arrive en retard, c'est fini...

— Merde !

Mathieu passa à son tour la porte, enjamba quelques livres de mathématique qui traînaient et atteint à son tour le vide astral du téléviseur. Le Prof de Philo détourna d'ailleurs une nouvelle fois le regard, s'épargnant quelques pulsions vengeresses qui auraient pu à terme sérieusement détériorer le matériel de son confrère, de même que son créateur qui lui aussi porta son attention sur tout autre chose, en l'occurrence le sol.

Le Présentateur TV ouvrit la bouche, désireux d'éclaircir celui-ci sur la situation de sa grossesse, mais fut interrompu par son amant qui posa un doigt sur ses lèvres.

— Il suffira de me rendre visite plus régulièrement, insista le Prof qui devait sentir arriver un conflit et préférait sans doute épargner son précieux laboratoire.

Laissant les deux youtubers se disputer à mi-voix sur le temps qu'ils avaient mis à venir, il aida le Prof de Philo à relever le Présentateur TV, celui-ci se laissant faire avant d'accepter sa rapide poignée de main. Il était encore tôt, tous étaient un peu fatigués, et le café avait cruellement manqué le matin même chez les Papillon... Et cette envie de fromage si soudaine...

Ce fut donc avec un soulagement tout particulier que le cadreur hocha la tête lorsque le scientifique leur proposa de passer par la cuisine pour manger un morceau. Il grimpa l'escalier le premier, prêtant une oreille attentive aux remerciements du Prof de Philo à celui de SLG qui le poussèrent â sourire encore.

Sa main s'attarda sur sa chemise. Des jumeaux. Un garçon. Une fille. Aaron et Malika. Une nouvelle larme apparu au coin de l'un de ses yeux, le gêna une seconde avant de finalement couler librement.

Décidément, la grossesse le rendait bien émotif.


— Bon... Tout le monde est parti dans notre dos, mais on ne sait toujours pas si c'est un garçon ou une fille...

Kriss hocha la tête.

— A moins qu'ils ne savent pas... C'est pas instantané, faut que l'enfant soit dans la bonne position...

Silence, le schizophrène du Beaujolais lâcha finalement un petit rire.

— J'en connais au moins deux qui pourraient faire une vanne bien dégueulasse, après cette phrase...

— Et moi, alors !

Il rit encore un moment, se dégoûtant un peu lui-même d'avoir laissé ses personnalités le pervertir à ce point, lorsqu'il leva soudainement un sourcil perplexe. Il extirpa en effet son téléphone portable de sa veste, grimaçant avant de le faire taire.

— GunLet demande le sexe du bébé...

Le téléphone bipa encore, il le sortit pour la deuxième fois tandis que son camarade schizophrène faisait de même.

— Pareil pour Alexis...

— Et l'autre Alexis...

— Tiens, Nyo aussi...

— ... Et Loka...

— ... Bob...

— ... Ma mère...

— ... Gabriel...

— ... Victor...

— ... François...

— ... Fred...

— ... Seb...

— ... L'autre Fred...

— Manque plus que...

A ces mots, le téléphone de Mathieu vibra plus fort, signe d'appel. La grimace fut cette fois pour lui lorsqu'il jeta un œil au numéro en question avant de décrocher, enclenchant le haut-parleur pour son camarade.

— Alors, le bébé ? Richard n'arrête pas de me dire depuis ce matin qu'à leur place, la bouteille, il l'aurait pas bu, alors tu penses bien que j'allais pas oublier de prendre des nouvelles ! Et le Professeur Pédoncule, bah... Comme d'habitude, il s'en fout. D'ailleurs, ça va faire cinq ans que je t'en dois une, de bouteille, pour celle qu'il s'est sifflée entière pendant la fameuse soirée chez toi...

— Oublie, t'as qu'à nous inviter ! La retraite te rend aigris, mon pauvre Antoine.

— Parce que tu crois que le boulot est fini pour moi ? Faut bien vivre, mais arrêter les vidéos ça ne fait honnêtement pas de mal... Sans compter bien sûr l'éclate que j'ai eu à tourner mon grand final, ça c'était un final fantasy paro... Alors, ce bébé ?

— Euh...

Mathieu jeta un regard interrogateur à son collègue qui, à côté de lui, haussa les épaules.

— Ben on est arrivé en retard à l'échographie, donc on ne sait pas, annonça-t-il franchement.

Silence.

— Putain les mecs... Mais vous êtes des boulets !

Mathieu sourit et répondit du tac au tac :

— Hey, ce n'est pas moi qui ai abandonné la plateforme !

— Mais ne te méprend pas, mon chou, j'attends toujours l'épisode 217 de SLG !

— Ben tu attendras comme les autres, j'ai pas fini de le monter ! Tu es un abonné parmi des millions, maintenant !

— Je pourrais jouer la groupie alors, depuis le temps que j'attends ça !

— Quoi, du rentre dedans ? Alors que je pourrais être considéré comme grand père ?

Kriss se facepalma.

Et dire que tous leurs amis ainsi que leur propre famille avaient reçu un choc lorsque, cinq ans auparavant, ils leur avaient annoncé la nouvelle, allant jusqu'à montrer la petite Rose pour preuve. Antoine s'était évanoui en direct sur Skype sous les yeux ébahit de tous, sauf de Victor qui s'était roulé une clope en marmonnant que, décidément, la suite de l'adaptation de 50 nuances de Grey était une belle merde. Il se souvint d'ailleurs que la conversation avec ce dernier s'était brusquement stoppée lorsque le personnage du cinéphile s'était mis à chantonner à l'autre bout de son appartement un "SODOMYYYYYY" reprit en cœur par son créateur qui avait alors coupé pour retourner se mater les Feebles.

Depuis, la chose était devenue d'une banalité presque hilarante entre eux et Kriss, retenant tant bien que mal la moindre remarque, choisit plutôt de s'éloigner pour prendre à son tour l'escalier menant à la cuisine.

Croquer dans quelque chose de consistant devait bien valoir la peine d'affronter sa personnalité littéraire, n'est-ce pas ?


Mouvement de drap à peine perceptible dans la chaleur et le presque silence du matin. En tendant l'oreille, il pouvait percevoir le lointain chant d'un oiseau. Ceux si différents de la campagne, qui mangent jusqu'à plus faim tout et n'importe quoi. Réveil différent, donc, mais pas désagréable. Annonciateur de bons moments, promesse de la fin de sa solitude temporaire, cet oiseau le tirait au contraire lentement du sommeil, aidé de la main qui se mêla à la sienne. Qui glissa ses doigts parmi les siens.

— PAPOU !

Le Hippie sursauta, avant de pousser un petit grognement lorsque la lumière du combi perça l'obscurité.

La main qui serrait la sienne se retira et poussa tout à fait les couvertures d'un geste bien moins subtil qu'auparavant. Un poids se hissa sur la couchette pour venir le secouer par les épaules.

— Papooouuu !

Le Hippie aux dreads soupira mais ne fit pas un geste, même si son "agresseur" continuait encore et encore, même si son bras s'était tordu d'une telle manière dans son sommeil qu'il en était tout engourdi.

— Dude, marmonna-t-il mal réveillé, le jour où on a décidé que je serais "papou", on devait être grave ché-per...

Un grognement lui parvint depuis l'autre bout du lit. Toujours allongé, les yeux fermés, un bras autour de son oreiller, il sourit.

— Mouais, gros, on en avait trop pris...

Sa main chercha à tâtons, trouva rapidement celle qui venait de le quitter.

— Papa !

La prise sur ses épaules se desserra, mais sans toutefois déclarer forfait.

— Ouais, gr... Ma chérie ?

— Aide-moi à réveiller Papou !

— Allez, débout "Papou" !

— Ah non, man ! Pas toi !

Un rire perça les cris. Le fumeur officiel de Minute Papillon consentit à se relever.

— Papou, Kriss attend dehors avec Platon et Nikos !

— Trésor, tu ne devrais pas répéter tout ce que dit tonton...

— Lequel ?

Ses yeux mi-clos s'habituant peu à peu à la lumière, le Hippie les ouvrit tout à fait et débuta la journée en les levants au plafond du véhicule, avant de les poser sur sa fille.

Un œil fort, un œil calme. Rose le fixait, perplexe, ses bras enlaçant son doudou de manière protectrice. Doudou qu'elle lui tendit, lui collant presque sous le nez devant le regard amusé de son second père.

— Dis-lui bonjour ! Réclama-t-elle, de son autorité pleine de candeur.

Le Hippie aux dreads sourit et porta son attention sur la peluche-papillon.

— Bonjour, Minute.

...

La peluche était si expressive et colorée qu'elle semblait lui sourire... Peut-être même aidé d'un joint la verrait-elle lui faire un clin d'œil... Mais c'était une expérience qu'il ne tenait pas vraiment à faire, le doudou en question et sa fille étant inséparables et le tabagisme passif étant le sujet favori de son créateur dès qu'on lui laissait l'occasion d'en placer une sur le sujet.

Rose tendit Minute au Hippie de SLG qui fit de même et, satisfaite, fit un bref câlin groupé avant de sauter du lit, se ruant sur la porte du véhicule.

— Alors, Papou ? Faut se dépêcher, on a quatre heures de route ! C'est long, quatre heures !

Le pacifiste de Kriss hocha la tête et se leva à contrecœur. Déjà se quitter, dès le matin, dès le réveil. Se quitter pour il ne le savait combien de temps.

— Vivement la retraite, man ! s'exclama-t-il alors que son alter-ego le rejoignait, enfilant ses lunettes. Ces émissions nous tiennent à l'écart depuis bien trop longtemps et c'est pas un bon rythme pour la petite...

Il ouvrit la porte du combi pour rejoindre la cour, suivit de sa famille. Le Hippie de SLG avisa le car de Kriss garé un peu plus loin et stoppa son compagnon d'un geste, tandis que Rose étendait les bras à la fraîcheur du matin et tournait un peu sur place, soulevant les pants de sa robe à fleurs et envoyant valser son Peace & Love, souvenir de Goa.

— Gros... Tu m'appelle en arrivant chez toi ?

— Bien sûr, man, bien sûr...

Bref silence gêné. Aucun d'eux ne voulait se dire au revoir, mais il le fallait bien. Comme d'habitude, ils faisaient en fonction du tournage de leurs créateurs respectifs, ce qui permettait également à leur enfant d'alterner entre leurs deux familles...

— Gros...

Le Hippie de Minute Papillon cessa de fixer ses chaussures, ignora le coup de klaxon qui l'appela dans son dos, et plongea son regard dans les yeux si bleu qu'il distingua derrière les lunettes si mauves. Près d'eux, il distingua la forme de Capsule de Bière qui était sorti en trombe de la maison pour faire la fête à Rose, lui réclamant son lot de caresses quotidien. La jeune fille tint aussitôt Minute hors de portée de peur que le canidé ne l'endommage avant de le caresser le rire aux lèvres. Wifi sortit à son tour mais l'évita soigneusement, ne souhaitant pas s'en doute s'attarder si près du Berger Belge qui se frottait contre les mollets de la fillette en bavant un peu sur le sol de la cour.

— L'important c'est que l'on se retrouvera toujours, reprit le pacifiste de Salut les Geeks, Y'a jamais rien qui pourra changer ça, gros...

Une impression de déjà-vu. Un second coup de klaxon.

— Ouais, man...

Comme à chaque séparation depuis plus de cinq ans, il voulut lui lâcher la main avec des mots doux, des mots qui viennent du cœur, mais, comme à chaque séparation depuis plus de cinq ans, finit par répondre au baiser de son alter.

— Man, murmura-t-il en s'écartant, est-ce qu'on lui dit pour...

Troisième coup de klaxon.

Son hippie lui sourit.

Plus tard. La prochaine fois qu'ils seraient de nouveau réunis.

Une petite main tira sur le T-shirt "For Tomorrow" et la petite hippie sauta dans les bras de son compagnon, en profitant probablement pour lui murmurer à l'oreille de touchants au revoirs. Elle sourit et prit la main du second drogué pour le tirer vers le car dans lequel Kriss s'agitait, craignant sans doute de trop tarder à rentrer. Certes, le Carniste et le Vegan avaient beaucoup mûris, mais les tenir responsables d'une maison pleine à craquer de personnalités multiples dont un Gâteau de Riz restait un risque.

— Alors, l'enfant ? Insistait le créateur en fixant son double littéraire tandis que le Hippie montait pour aider Rose à attacher sa ceinture.

Le Prof de Philo avisa la petite et, jugeant sans doute qu'il se devait de rester poli en sa présence, se contenta de hausser les épaules et de porter son regard sur le ventre du Présentateur avec un demi-sourire. Kriss marmonna quelque chose à propos de l'ingratitude de sa famille avant de desserrer le frein à main.


Resté seul dans la cour, le Hippie regarda le véhicula s'éloigner lentement avant de disparaître à l'horizon.

Peut-être s'il avait tendu l'oreille aurait-il perçu le hurlement de surprise que poussa Kriss lorsque le Présentateur TV se pencha pour tenter de discrètement le mettre au parfum, se faisant aussitôt grillé par ce retentissant "COMMENT ÇA, DEUX ?".

Lui souriait.

Il aurait volontiers rejoint l'appartement en traînant des pieds, Capsule agitant d'ailleurs la queue en lui tournant autour, mais un soudain haut-le-cœur le contraint brusquement à plaquer une main contre sa bouche.

La nausée passa heureusement au bout d'un instant, lui rappelant au passage quelques souvenirs. Désormais un brin amusé, il se hâta pourtant de rejoindre le salon, près des toilettes… Et du téléphone.

Oui, malgré les quelques difficultés auxquelles il devait encore faire face, tout était parfait…

… Et ça n'était pas près de s'arrêter là.