Zombie-Loan ne m'appartient pas.
Attention : le texte qui suit doit être considéré comme rating M pour des raisons de contenu (et parce qu'il est difficile d'écrire sur Yomi sans passer par le rating M :) . Si cela ne vous effraie pas, bonne lecture à vous.
Le toit. Une cachette astucieuse et évidente à la fois. Il suffirait pour que je sois vue que quelqu'un dans la cour relève la tête, mais on dirait que personne ici ne regarde jamais vers le ciel. L'endroit est si calme, c'est à peine si je soupçonne les bruits en contrebas. A défaut d'être une tour d'ivoire, c'est un endroit idéal pour se cacher. Et pleurer sans retenue. La vérité, vous l'aurez compris, c'est que je suis lasse de cet endroit. Lasse d'obéir à leur règles, lasse de ne rien comprendre aux cours, lasse qu'on me bave dessus, lasse d'entendre les reproches, les rumeurs et lasse de porter ce foutu uniforme ! Cet endroit était jadis un couvent et j'ai l'impression d'être une jeune sœur que l'on envoie ici pour lui interdire de vivre. Et puis il y a l'image de Koyomi qui me suit partout... Parfois, je me dis que c'est ma faute si elle est morte, que j'aurais dû la protéger et qu'elle n'aurait pas été tuée si elle n'avait pas été capable de m'abriter en son être. Elle est morte alors que mon âme ne se trouvait plus dans son corps. La mafia chinoise, le Xu Fu, l'avait séquestrée et emmenée dans son quartier général à Hong Kong. Elle s'est alors retrouvée face à Lao-Ye, le chef de l'organisation, qui avait pris possession du corps de Shito et devait avaler la langue de mon hôtesse pour achever son rituel de transfert d'âme... comment les choses ont-elles pu en arriver là ? Lorsque je ne suis pas dans les bras de Michiru, mes nuits sont hantées par deux cauchemars récurrents. Dans le premier, Koyomi est maintenue immobile par deux sbires et Lao-Ye s'avance vers elle une dague à la main. Mon hôtesse se débat et hurle tandis que ce démon prend tout son temps pour lui sectionner la langue et l'avaler sous ses yeux alors qu'elle gît agonisante sur le sol. Tout ça sous les traits de l'homme qu'elle aime. Le second cauchemar est un peu plus subtil. Dans celui-ci, Koyomi ignore qu'elle fait face à Lao-Ye. Ce dernier commence à l'embrasser, et elle se laisse faire, croyant se trouver avec l'élu de son cœur. Il ne faut pas longtemps pour que le baiser s'approfondisse et que leurs langues s'entremêlent. Koyomi apprécie, elle attendait ça depuis tellement longtemps.. mais les masques tombent soudain lorsqu'elle sent des dents la mordre violemment et qu'elle voit son rêve se transformer en cauchemar. Quoi qui se soit réellement passé, j'aurais dû être là pour l'empêcher.
Tu n'es pas responsable de ce qui est arrivé, Yomi.
Qui a parlé ? Est-ce-que c'est toi Koyomi ? Même si elle n'est plus, j'ai l'impression qu'elle me parle parfois. Comme si une partie d'elle était restée dans ce monde. Je sais communiquer avec les morts, peut-être est-ce pour ça que j'entends sa voix? Si j'arrivais à communiquer pleinement avec elle, peut-être trouverions-nous un moyen de lui faire réintégrer son corps. Les choses recommenceraient comme avant, et mon hôtesse ne serait plus morte... Mais qu'est-ce-que je raconte ? Ce que j'espère est impossible et je le sais très bien. Cette voix que j'entends n'est certainement que le fruit de mon imagination, ou au mieux l'écho de mes propres pensées. Lorsque j'ai plongé dans le fleuve des enfers pour essayer de sauver Koyomi, cette dernière m'a demandé de la laisser partir et de sauver Shito à sa place. On se connaissait à peine et pourtant elle me l'a demandé en souriant comme on sourirait à une amie. C'est à ce moment que j'ai réalisé que j'avais tort à son sujet cette fille n'était pas qu'une hôtesse. Même si je la connaissais à peine, je m'en voudrai toujours d'avoir pensé une chose pareille. En fait j'aurais voulu la connaître, mais je ne le réalise que trop tard. Je me force à essayer d'être elle aux yeux des autres, ceux qui ne savent pas ce qui s'est passé. Mais pourquoi ne comprennent-ils pas par eux-mêmes que ce n'est plus Koyomi qui est en face d'eux ?
Je crois que la première fois que je me suis sentie aussi mal, c'était lorsque Michiru m'avait rejetée, ce fameux jour où nous étions dans les sources chaudes. Elle n'avait pas cessé d'occuper mes pensées pour autant et lorsque plus tard elle s'est excusée...Oh Michiru... Je n'ai pas envie qu'elle me voie dans cet état, mais en même temps je désespère qu'elle vienne enfin me prendre dans ses bras. Cette fille est la plus belle chose qui me soit jamais arrivée, et je la remercie en lui faisant perdre du temps à me chercher dans des endroits improbables. Je suis le fruit de la rancœur de ceux qui sont morts, et cette rancœur je l'ai déversée sur tous ceux qui m'entouraient. Je n'étais qu'un être de haine, un démon, avant de croiser son chemin. J'ai souvent peur qu'elle se lasse elle aussi et finisse par me laisser. On s'est déjà disputées, vous savez. On devrait déjà être parties au Zombie-loan à l'heure qu'il est, mais je n'arrive pas me résigner à bouger. Je veux juste que Michiru soit là pour me consoler, qu'elle m'aide à avancer.
« Yomi...
Quand finalement j'entends sa voix, je crois pourtant qu'elle n'est pas là. Lorsque ses bras m'enlacent, je m'accroche à elle comme à une bouée lorsque ses lèvres m'embrassent, j'ai peur de me réveiller. Je commence à me sentir un peu mieux lorsque enfin je réalise qu'elle m'a rejoint. Elle me demande de me calmer, qu'elle est là et que mes larmes vont passer lorsque je lui demande pourquoi Koyomi n'est plus ici, elle ne me dit rien. Elle ne me dit pas non plus que son heure était venue, ni que tout ira bien, ni que personne d'autre ne mourra ou que les choses s'arrangeront d'elles-mêmes. Et c'est peut-être aussi pour ça que je l'aime.
Je commence à me calmer lorsque sa voix transcende mes propres pleurs, alors je me recroqueville complètement contre elle et me laisse bercer par son étreinte tandis qu'elle me caresse affectueusement les cheveux. J'ignore combien de temps cela aura pris, mais je sens enfin la peine me quitter et mon cœur battre à nouveau.
-Merci, Michiru. »
Maintenant décidée à me relever, je la prends par la main et la guide vers la trappe que j'ai empruntée pour venir ici non sans ramasser au passage l'uniforme de Koyomi. Je redescends la première, puis Michiru me suit. Elle se laisse glisser et me tombe dans les bras. Il ne reste plus qu'à sortir de ce couvent.
Quitter l'école n'aura pas été si difficile que ça, finalement. Il viendra peut-être un jour où je n'aurai plus à fuir le lycée, mais en attendant je dois bien admettre que cet endroit m'étouffait, bien que ce ne soit pas pour les mêmes raisons que la plupart des autres gens. Et puis ce n'est pas vraiment comme si je partais pour un meilleur endroit : je déteste mon travail au Zombie-Loan, heureusement qu'il n'est que provisoire. Et puis ce n'est pas le moment de se plaindre après tout, ce n'est pas tous les jours que je peux marcher main dans la main avec Michiru, alors autant profiter du trajet. On ne s'est pas du tout reparlées après être sorties dans la rue, les mots sont parfois inutiles. Autant dire qu'elle m'a bien remonté le moral je n'ai pourtant pas l'impression de l'avoir remerciée comme je l'aurais dû. Je trouverai bien un autre moyen de lui dire merci.
Maintenant que le temps s'est réchauffé et avec du recul, je réalise que la ville (et peut-être ce monde en général) n'est pas si laide que je ne l'aurais cru. Peut-être qu'un jour Michiru me la fera visiter... mais à ce propos pourquoi n'avance-t-elle plus ? Ah, je vois je n'avais pas senti courant d'air froid qui vient de nous traverser, ce même courant qui lui a fait lâcher ma main. Voilà qu'elle se met à trembler tandis que des frissons gagnent tout son corps.
''Tu as froid ?''
Ne t'inquiète pas Chiruchiru, je te promets que ça ne durera pas. Sans perdre de temps, j'enserre mes bras autour de sa taille et me serre affectueusement contre elle. Mes paumes glissent jusqu'à son ventre et ses mains maintenant plus chaudes viennent se poser sur les miennes presque immédiatement après. En fait c'est tout son corps que je sens se réchauffer, pour partager sa chaleur avec moi. Je me laisse alors un peu plus aller et caresse son épaule droite du bout du nez, jusqu'à atteindre son cou.
Profitant de ma position, j'embrasse sa peau douce, et suis ravie par la réponse que j'obtiens. Ravie par ces soupirs de satisfaction et de plaisir que je sais avoir provoqué. Même si je lui demande, je sais qu'elle n'a plus froid du tout. Peu importe sa réponse d'ailleurs, car je ne peux la lâcher maintenant. C'est fou comme je me sens perdre la notion du temps quand je l'ai dans mes bras. Son parfum m'enivre à nouveau... Je crois avoir enfin trouvé un moyen de la remercier. Après tout, il existe autant de façons de dire merci que de dire je t'aime.
Lorsque nous arrivons devant le Zombie-Loan, nous ne voyons personne aux alentours alors j'essaye de convaincre Michiru de nous en éloigner. Tout le long du trajet, j'ai mentalement énuméré les différentes façons que j'ai de lui dire que je l'aime et ai senti monter le désir de les expérimenter. Nous finissons par entrer dans l'immeuble et montons à l'étage. Si la porte en haut de ces escaliers débouche sur un bureau rempli de monde, cela signifie que j'aurai bientôt à faire quelque-chose d'horriblement désagréable et qu'ensuite, je me retrouverai à nouveau seule. Je n'ai pas envie que Michiru s'en aille, je veux que tout ça dure le plus longtemps possible, qu'on reste ensemble le plus longtemps possible et ce même si les meilleures choses ont une fin. Elle marche juste devant moi et se dirige inéluctablement vers l'entrée du bureau... Mais j'ai de la chance : elle stoppe son ascension et annonce, d'une voix empreinte de doute, que nous sommes seules dans cet immeuble. C'est maintenant ou jamais ! Je ne peux m'empêcher de vouloir la remercier et je n'en aurai peut-être plus l'occasion après. Sans attendre, j'enroule mes bras autour de sa taille et prends une voix douce pour ne pas l'effrayer.
« Tu es sûre ?
Puis je viens me placer face à elle , et remarque le rouge qui s'est déjà installé sur des joues. Elle est vraiment adorable, je ne peux m'empêcher de sourire en pensant à ce que je viens de provoquer et à ce que je vais encore provoquer. Je la pousse délicatement contre le mur. Elle a l'air si fragile, j'ai presque peur qu'elle se brise. Ensuite, je caresse sa joue avec ma main droite pour éloigner ses mèches de cheveux et effleure sa peau avec mon pouce le contact est toujours aussi doux, mais de plus en plus agréable à chaque fois. Enfin j'approche mes lèvres de son oreille pour lui demander :
-Alors pourquoi ne pas en profiter ?
Juste après, je sors mes dents pour goûter à son lobe d'oreille. Michiru essayait de dire quelque-chose, mais je lui ai fait pousser un petit cri à la place. Désolée. Au fond je sais qu'elle a envie elle aussi; mais si jamais elle me demande d'arrêter, je le ferai. Je ne veux pas la forcer ou qu'elle se sente mal à cause de moi, pas une nouvelle fois. Pour l'instant elle ne dit rien, ce qui veut dire que je peux continuer. Mes lèvres tracent leur chemin jusqu'à son cou, tout en semant plusieurs baisers dans leur sillage. Avec mon nez, je la caresse et écarte son col d'uniforme pour l'inciter à me donner une réponse. Je ne veux pas seulement la caresser, je veux qu'elle en ait envie, qu'elle apprécie et qu'elle me rende la pareille. C'est alors que je sens ses mains venir enfin se poser sur mes hanches, m'autorisant à poursuivre mon exploration. J'en suis tellement heureuse que mon cœur manque presque d'exploser de joie. Mais pour l'instant il faut que je me retienne, que tout ce que je fasse lui soit le plus agréable possible. Je soupire contre son cou, et elle tremble de ma même excitation qui animait mon souffle. J'embrasse sa peau claire et me délecte de chaque réponse que son corps me donne. Lorsqu'elle lève la tête pour faciliter mon exploration, je me décide à laisser une trace rouge sur sa peau douce pour y marquer ma possession, juste au cas où. Nos visages se remettent face à face, je me décide alors à lui retirer ses lunettes pour mieux admirer ses émeraudes scintillantes de désir.
Magnifique.
Je veux la voir exprimer ses envies autrement que par son regard. N'aie pas peur Michiru je ne t'enlève que tes lunettes, mais si tu les veux, viens les chercher.
Puis je l'embrasse, une première fois doucement, puis je recommence encore et encore... et voilà que je me bats contre l'irrépressible envie d'obtenir plus de contact, quitte à approfondir nos baisers qu'elle le veuille ou non. Nos bassins se touchent, je les fais s'unir, se caresser, s'entrechoquer.
S'il-te-plaît Michiru fais quelque-chose, je n'en peux plus...
Je sens ses doigts se frayer un chemin jusqu'à mon cou, et j'entends un bruit de fermeture éclair : elle me retire ma veste ! Mon cœur part en vrille lorsqu'elle profite de l'occasion pour caresser ma poitrine. Enfin ! Je la libère de mon étreinte pour laisser ma veste glisser jusqu'au sol, sépare nos lèvres afin de lui éviter de manquer d'oxygène, et lui offre un baiser-papillon pour lui dire une fois encore et d'une autre façon que je l'aime.
Puis je l'embrasse à nouveau, car je ne peux me contenter d'une simple caresse. Je remarque que ses lèvres ont un goût différent cette fois-ci, comme de la framboise mais avec quelque-chose en plus... Désireuse de savoir de quoi il s'agit, je passe doucement mes dents sur ses lèvres pour lui demander si elle veut que nous allions plus loin. Et elle le veut. Elle me laisse explorer sa bouche chaude et humide et laisse nos langues s'entrelacer dans une valse lente et sensuelle. Je commence à mon tour à caresser sa poitrine. Michiru me fait voir des étoiles en gémissant dans ma bouche alors que je sens ses seins se gonfler sous la paume de ma main.
''Oh Michiru, pourquoi dois-tu toujours t'en aller ? Pourquoi dois-tu en laisser d'autres t'admirer ? Je t'aime. Si seulement nous pouvions toujours être toutes les deux...''
Nos joues se touchent. Sa peau est si chaude...
Ses lèvres plongent au creux de mon cou en amenant avec elles des sensations espérées mais inattendues qui me plongent dans un état second. Mes seins se dressent à leur tour, alors je décide de les unir aux siens pour réduire le peu d'espace qui nous sépare encore. Michiru achève de nous réunir lorsque ses mains, jusque-là restées sur mes hanches, glissent sous mes vêtements pour...
Pourquoi fait-il si chaud tout d'un coup ?
Peut-être parce-qu'il est temps de passer à la vitesse supérieure. Je glisse alors ma main sur sa cuisse et fais remonter ma paume jusque sous sa jupe. Elle est encore plus chaude ici, je ne pensais pas que c'était possible. En fait on dirait qu'elle s'enflamme peu à peu à mesure que mes doigts se rapprochent de son centre. On dirait aussi qu'elle se contrôle de moins en moins et gesticule de plus en plus tandis que j'approche de sa fleur intime. C'est amusant de la voir comme ça.
Ah ça y est, je ne suis plus qu'à quelques millimètres de sa culotte. De quelle couleur est-elle déjà ? Voyons... rose ? Est-ce-que c'est ça, Chiruchiru ? On dirait bien que c'est ça, car elle s'est arrêtée de bouger au moment où je lui ai demandé. Ou peut-être est-ce parce que je m'amuse à caresser les contours de son sous-vêtement ? Je profite en tout cas qu'elle n'arrive plus à parler pour goûter son cou et l'entendre se retenir de gémir. Les sons qu'elle fait sont adorables mais c'est un autre bruit que j'ai envie d'entendre. Alors... essayons ça...encore un peu... et elle gémit de sa voix enivrante, un bruit tellement envoûtant qu'il suffit pour que les papillons qui volent dans mon bas-ventre explosent dans un feu de joie.
Et si nous passions aux choses sérieuses ?
''Hé ! Vous vous croyez où ?''
Qu'est-ce-que c'est ? Oh merde, j'aurais dû me douter qu'on était pas seules ! A peine ai-je tourné la tête que croise le regard d'un zombie de près de deux mètres de haut quelques marches au dessus de moi. Je le reconnais, il travaille au Zombie-Loan et dissèque des cadavres à la morgue du coin, il s'appelle Otsu je crois. Merde il n'aurait vraiment pas dû voir ça... et il a fait peur à Michiru ! Regardez-là, elle m'utilise pour se cacher... bon, c'est vrai que l'autre a une dégaine de tueur...
Reprends-toi.
Il ne doit surtout pas voir mon embarras, ni lui ni personne et surtout pas devant Michiru.
''Allons allons, je suis sûre que tu as déjà vu pire sur ta table d'autopsie.''
Si on ne se connaissait pas du tout je crois bien qu'il m'aurait giflée, à raison, mais au lieu de ça il se contente de rougir légèrement pendant une seconde avant de reprendre son air de mafieux et descendre l'escalier en silence, en prenant bien soin de ne pas nous approcher.
Ouf. On peut respirer.
C'est bon Michiru, tu peux te montrer. Tandis que je relève son visage qu'elle avait dissimulé entre mes seins, je réalise qu'elle est définitivement plus mignonne lorsqu'elle est gênée.
''Ne t'inquiète pas.''
Je l'embrasse sur le nez.
''Il ne dira rien, c'est comme s'il ne s'était rien passé. Excuse-moi, je n'aurais pas dû m'emporter comme ça.''
Il faut que j'apprenne à me contrôler. Amoureuse ou pas, ce n'est pas normal de vouloir faire ce que j'ai fait dans un lieu aussi peu intime, et ne savoir ça que depuis un mois n'est pas une excuse.
Bon, passé cet incident, Michiru s'approche de la porte. Mais je ne devrais peut-être pas la laisser faire. Il paraît que le passeur a eu des problèmes avec sa hiérarchie. Si ça se trouve ils fermeront le Zombie-Loan d'un jour à l'autre et lorsqu'on franchira les portes de l'agence ce jour là, on sera accueillis par des êtres de l'au-delà qui nous rayeront de la carte. Il paraît qu'ils ont ce genre de pouvoirs, nous faire disparaître, comme si on avait jamais existé. Et si ce jour était arrivé ?
La porte s'ouvre.
Nous sommes accueillies par Yûta, un jeune zombie de l'âge d'un collégien qui sert de secrétaire au directeur, Bekkô, qui est lui vieux de plusieurs siècles.
Finalement, rien d'anormal.
Je n'aime pas beaucoup ce Yûta. Peut-être est-ce dû au fait qu'il ressemble à une fille alors que c'est un garçon.
Il a sûrement déjà dû en piéger quelques-uns avec cette physionomie.
Ou peut-être est-ce parce-qu'il a toujours l'air beaucoup trop insouciant et joyeux pour sa condition de mort-vivant. En plus il parle à ses mains, il n'est clairement pas net celui-là...
Dixit l'antisociale qui parle aux morts...
Oh et il est nécrophile aussi... Bref, tout ça pour dire qu'il ne m'inspire pas confiance.
Sinon les zombies A et B sont là eux aussi. D'ailleurs comme Chika est, comme à son habitude, très patient et courtois, la première chose dit en nous voyant est :
« C'est pas trop tôt !
Avant d'enchaîner avec un ''Qu'est-ce-que vous faisiez ?'' des plus distingués.
Devant tant de considération je ne peux m'empêcher de lui répondre :
-Mêle-toi de ce qui te regarde, Akatsuki ! »
De toute façon, il ne veut pas vraiment savoir ce qui nous a retenues. Une fois les civilités échangées, nous allons nous asseoir face à eux. Lorsque c'est fait, je viens directement enlacer Michiru, me blottir contre elle en faisant en sorte que tout le monde nous voie. Chika et Shito passeront le reste de l'après-midi avec elle, je ne veux surtout pas que l'un d'eux croie qu'il a une chance de me l'enlever. Le message est clair : Michiru est avec Moi. Et puis c'est toujours agréable de l'avoir dans mes bras alors autant en profiter. Comment ça, je radote ?
On se met à parler de chasse au zombie, dés lors ce n'est plus qu'une question de temps avant qu'on ne me demande d'utiliser ce qu'ils appellent la Langue des Morts pour communiquer avec les défunts. J'ai souvent proposé de les aider autrement qu'en utilisant mes pouvoirs, mais il a été convenu que mon don était plus utile dans la chasse aux zombies que mes poings. Vient finalement le moment de commencer ma petite séance de spiritisme.
On ferme les rideaux car la lumière m'empêche de me concentrer. De ce fait je me retrouve seule, isolée dans l'obscurité. Je ferme les yeux et me laisse lentement glisser dans les limbes de l'inconscient. De là mon esprit descend bien plus loin, jusqu'à atteindre un endroit où errent d'autres âmes. Je ne sais pas comment je fais pour trouver systématiquement les défunts en lien avec nos enquêtes, mais le fait est que j'y arrive. Une question d'instinct, probablement. Parfois le défunt vient me trouver lui-même. L'âme que je rencontre partage ensuite ses souvenirs avec moi, le plus souvent il s'agit de ses derniers. Certaines âmes en revanche refusent de se rappeler leurs derniers instants. Certaines ne savent même pas qu'elles sont mortes, ni ce qu'elles font ici. De ce fait, leurs souvenirs sont cernés de chaînes que je dois prendre le temps de contourner. Mais lorsque c'est fait, je plonge l'espace d'un instant dans un moment de la vie du défunt.
J'oublie alors momentanément qui je suis et ce que je fais pour me retrouver avec d'autres souvenirs, dans un autre lieu, à une autre date.
Je rentrais d'une soirée avec des amis et comme la nuit tombait j'avais décidé de couper par une ruelle sombre pour raccourcir le trajet. Pourquoi a-t-il fallu que je fasse ça ? Pourquoi ? Me voilà maintenant en train de courir, poursuivie par ce qui ressemble à un corps en décomposition qui sourit de ses dents écarlates et me regarde de son unique œil comme un loup regarderait un agneau. Cours, me lance-t-il entre deux grognements, cours tu ne m'échapperas pas ! Comment peut-il courir dans un tel état ? Comment peut-il ne serait-ce qu'être conscient dans un tel état ? Soudain mon pied bute contre quelque-chose au sol et je m'effondre en me cognant le front. Il se jette sur moi, j'essaye de ramper pour lui échapper mais je n'arrive plus qu'à crier lorsqu'il plante ses dents dans mon cou. Je sens ma chair se déchirer lentement tandis qu'il arrache ma peau à la force de sa mâchoire. Je saigne du cou et du front. Il y a tellement de sang... je suis sonnée mais la douleur me maintient éveillée. Je ne peux pas m'enfuir. Je ne peux pas lutter. Je peux seulement crier.
''Au secours ! Quelqu'un ! Sauvez-moi !''
Je n'ai pas mérité ça, pourquoi faut-il que ça m'arrive à moi ? Je ne veux pas mourir, pas ici pas comme ça... Il fait de plus en plus noir, n'y a-t-il vraiment personne pour m'aider ? J'ai tellement froid, pourquoi fait-il si froid ?
Puis plus rien. Après ça je retourne à l'intérieur de ma propre conscience. Les sensations et visions qui accompagnent ce retour sont toujours les mêmes : l'impression de m'élever, de voler dans l'obscurité, j'aperçois de la lumière au dessus de moi, des sons et des voix du monde réel en émanent, je sais que toucher cette lumière me réveillera. J'essaye de l'atteindre, de m'élever le plus haut possible, mais mes forces finissent toujours par m'abandonner et je finis comme écrasée par mon propre poids. Incapable de bouger, je sens cependant Michiru passer sa main dans mes cheveux et ses lèvres sur ma joue. Et je reste là, dans les limbes du royaume des rêves, à y éparpiller mes sens, mon essence et ma conscience. Ainsi vient le règne de l'obscurité.
Des sons qui résonnent. Des voix. Mes yeux qui s'ouvrent. La vision floue d'un plafond miteux. Je cligne des yeux, inspire un grand coup et me lève. Où suis-je ? Je tourne mon regard un peu partout en quête d'images familières.
Le Zombie-Loan, évidemment.
Monsieur Bekkô et Yûta sont en train de s'entretenir avec trois autres membres de l'agence. Une lycéenne aux longs cheveux qui ressemble un peu à Michiru. Un garçon aux cheveux bruns avec une chemise ouverte et un casque sur la tête. Oh et il y a aussi un nain -pardon, un lycéen de petite taille- d'apparence têtu et téméraire, il s'appelle Zen et me rappelle quelqu'un. Mention spéciale pour ce dernier : d'après ce que j'ai entendu il croit que la fille à lunettes, alias Michiru, en pince pour lui.
Oh il doit certainement la faire rire.
Et moi aussi pour le coup, d'une certaine manière je l'aime bien. Tiens, il me regarde.
''Hé, l'amie de la fille à lunettes... Koyomi c'est ça ? Ça te dirait de chasser les zombies avec nous ? Au lieu de rester couchée toute la soirée...''
Pile ce qu'il ne fallait pas dire.
Et j'imagine qu'il va me demander de lui parler de Michiru aussi ! Et sans ce que j'ai fait ce soir, je suis sûre qu'il ne trouverait aucun cadavre à charcuter ! C'est pas vrai ça ! Et est-ce-que c'est vraiment si compliqué de comprendre que...
Du calme, Yomi. Tu n'as plus aucune raison de rester ici. Inutile de perdre ton temps à maltraiter un nain.
''Sotetsu vient de passer, Yomi, me dit la passeur. En te dépêchant tu devrais pouvoir le rattraper, pour qu'il te ramène à l'internat.''
Juste le temps d'articuler un ''merci'' et et il n'a pas le temps de se retourner vers les membres d'A Loan que je me retrouve à dévaler les escaliers de l'immeuble en quatrième vitesse. Lorsque j'arrive essoufflée devant l'entrée, je trouve Sotetsu en train de faire rugir le moteur de sa moto. Pourtant lorsqu'il me voit arriver, il la fait s'arrêter. Il est bien l'une des seules personnes au monde à sourire en me voyant arriver (d'un sourire désintéressé bien sûr, sinon le passeur compterait également). Il me dit bonjour, me demande comment je vais, bien merci, et propose de me ramener au pensionnat. Je hausse les épaules.
Il n'y a pas de quoi se plaindre.
Sotetsu est la deuxième seule personne que j'aie jamais enlacé, enfin si s'agripper à lui sur une moto filant à travers les rues de Tokyo peut être considéré comme un enlacement. La sensation de vitesse, l'adrénaline, le vent sur mon visage... ce n'est pas tout-à-fait la même chose qu'un câlin. En fait il est l'une des seules personnes avec qui j'ai jamais expérimenté certaines choses. Un soir, après avoir réussi à se saouler sans boire d'alcool, Koyomi s'est mise à flirter avec celui qu'on appelle ''Le Roi du redoublement'' et comme quatre vingt-dix pour cents des flirts alcoolisés, ça s'est terminé dans la chambre du garçon. Et comme Koyomi commençait à se déshabiller, je me suis dit que je pourrais en profiter pour ''prendre du bon temps''.
Mais oui, c'est ça, toute expérience est bonne à prendre.
Je vous épargne les détails sur ce qui s'est passé par la suite on s'est embrassés, caressés, taquinés... Et ensuite j'ai décidé d'arrêter, je lui ai dit que ce n'était pas une bonne idée et que quelque-chose ne m'allait pas. Il n'a pas eu l'air plus déçu ou surpris que ça, je suppose qu'il prend davantage de râteaux qu'il ne veut bien l'admettre. J'ignore pourquoi, mais je crois qu'il a compris à ce moment là que je n'étais pas Koyomi. Ça ne l'a pas empêché de me proposer de simplement dormir avec lui cette nuit, ''pour que tu n'aies pas à retourner dans ta chambre'', m'avait-il dit. Comme je ne connaissais pas encore grand chose à la vie adolescente, je me suis dit que Koyomi réagirait sûrement normalement lorsqu'elle se réveillerait nue dans le lit d'un garçon.
C'est sûr qu'il n'y avait rien de dérangeant là-dedans.
Tout ça pour dire qu'il ne s'est rien passé entre nous, en tout cas rien de grave. Ce qu'on a fait n'était pas foncièrement désagréable, mais lorsque plus tard j'ai rencontré Michiru, j'ai réalisé que je préférais largement les filles.
De retour au pensionnat, Sotetsu prend un temps pour discuter avec moi je ne sais pas pourquoi il se montre aussi amical envers moi, mais comme il a l'air moins con que la moyenne ça ne me dérange pas. Nous voilà donc tous les deux dans le réfectoire, lui assis sur une table une bouteille de bière à la main et moi recroquevillée sur une chaise, une bouteille de Fantan face à moi. D'ailleurs il faudra qu'on m'explique pourquoi tout le monde à l'internat m'en propose toujours. Elle est dégueulasse cette boisson. Comment Koyomi pouvait-elle boire ça ?
« Alors, les cours ? me demande-t-il en buvant une gorgée.
Je hausse les épaules.
-Pas grand chose à dire. Je les apprends, c'est tout.
-Et j'imagine que tu retiens tout.
Il rigole un court instant, puis pousse un soupir.
-Tu sais, je t'envie quelque-part.
Le roi du redoublement. Alors comme ça il est las de son surnom ?
-Ne dis pas n'importe quoi. »
Après ça il y a un blanc.
« Et sinon avec Michiru, ça se passe comment ?
-Pour le mieux.
-Vous êtes déjà sorties en ville, toutes les deux ?
-Pas eu le temps.
Et je ne veux pas savoir à quoi ressemblaient tes rencards avec elle. Je ne devrais même pas parler de ça avec son ex ! Cela dit, peut-être que son... expérience pourrait m'aider.
-Elle n'a pas encore déménagé dans ma chambre. Ni moi dans la sienne. On a essayé d'en discuter l'autre jour et je ne sais pas comment, ça a dégénéré en dispute.
-Te prends pas la tête avec ça, vous avez toute la vie devant vous pour vous disputer.
Je m'esclaffe, d'un rire sec.
-Ça, je n'en suis pas sûre. Si ça se trouve elle ne rentrera pas en vie ce soir.
Cette pensée me fait frissonner.
-A et B sont avec elle.
-Et c'est censé me rassurer ? Elle m'a raconté qu'il n'y a pas si longtemps, ils l'utilisaient comme appât. Et puis je les soupçonne de lui tourner autour... C'est frustrant, mais à un point, de n'avoir aucun contrôle là dessus.
Sotetsu avale lentement plusieurs gorgées.
-Mais d'un autre côté, s'ils déconnent et que tu l'apprends, tu attendras qu'ils soient ressuscités pour les tuer à nouveau. Et ils le savent. Et puis si ça se trouve, Michiru ne les intéresse pas puisqu'ils sont en coulpe tous les deux.
Je pouffe de rire.
C'est drôle ça ?
-T'es con !
Nous rions franchement pendant quelques secondes, ça fait du bien. Et puis je reprends mon calme.
-Mais il y a ce aussi Shinigami. Depuis qu'il a retrouvé ses pouvoirs, je suis sure qu'il la surveille. Ah ça lui aura plu, ce temps où il avait la forme d'une poupée et où Michiru l'emmenait innocemment se baigner avec elle !
Oups, j'en connais une qui est jalouse.
Sotetsu rit de plus belle et m'ébouriffe les cheveux de sa main.
-Ne t'inquiète pas, je suis sûr qu'elle préfère les humains. Allez, il faut que je te laisse.
-Tu t'en vas déjà ?
-Ouaip, je sens que Monsieur Bekkô a besoin d'un garde du corps en ce moment.
Il se lève et commence à partir.
-Prends soin de toi, Yomi. »
Je passe l'heure suivante à essayer d'honorer la promesse de Koyomi concernant ce fameux repas humanitaire, même si je ne sais pas vraiment de quoi il s'agit. J'imagine que des gâteaux feront l'affaire, non ? Le temps de feuilleter un livre de cuisine pour voir à peu près comment on les prépare, et je me mets aux fourneaux. Koyomi se serait sûrement éclatée à faire ça. Je finis par mettre le four -ancien mais toujours en état- en marche et partir à l'assaut des devoirs.
Je vous épargne les détails de mes progrès scolaires, disons simplement que ce n'est pas ce soir que je comprendrai les cours de physique. Et puis ce n'est pas facile de se concentrer lorsque mille pensées tourbillonnent dans ma tête. Une odeur de brûlé finit par me sortir définitivement de mes cours. Je me précipite vers l'origine de cette odeur et finis par me retrouver dans la cuisine, à découvrir une fumée noire émanant du four.
Non non non non non...
je m'empresse de l'ouvrir pour finir aveuglée par les émanations noirâtres. J'ai du mal à respirer. Je tousse. Quelqu'un d'autre arrive dans la cuisine, puis vient le bruit d'un extincteur qu'on allume. Lorsque la fumée est entièrement dissipée, je découvre que mon sauveur n'est autre que Lycan, le protégé de la directrice. J'ai entendu dire qu'il avait été l'hôte des âmes d'une meute entière de loups, et que Shimotsuki (la directrice de l'internat) l'en avait libéré. Depuis qu'elle l'a recueillie et redressé au rang d'être humain, il ferait n'importe-quoi pour elle. Malgré cela, lorsqu'il n'est pas avec elle, il reste silencieux, solitaire et a conservé quelques instincts primaires comme par exemple une méfiance pour les garçons (qu'il mord à tout bout de champ) et un odorat hors du commun. Est-ce-que tout le monde me regarde comme moi-même je regarde ce loup-garou ?
Et le voilà qui se tient debout à me regarder moi, assise sur le sol. Ses yeux sont un mélange d'inquiétude et de sévérité.
« Yomi ! Qu'est-ce-qui s'est passé ?
Je ne sais pas s'il est prudent que je réponde.
-Eh bien ?
Je n'avouerai jamais qu'il m'intimide, et peut-être n'est-ce pas là son but, mais je sens pourtant mon visage se décomposer. Je finis par craquer et tout lui raconter. Lorsque j'ai fini, il sourit d'un air amusé et se frotte en même temps les yeux d'un air consterné.
-La prochaine fois, demande de l'aide.
Et applique-toi davantage, devrait-il rajouter.
Une seconde de silence.
-Tu ne diras rien à la directrice ?
-Lui dire quoi ? Que tu as failli mettre le feu à l'internat ? N'exagérons rien. C'est vrai qu'elle m'a fait dormir dehors pour moins que ça.
Ces mots me font déglutir.
-Mais non, je rigole. Tu sais quoi ? Je vais m'occuper de ça. Allez, va te changer les idées. »
Je me lève, le remercie (d'une petite voix) et me dépêche de quitter la cuisine. Je souffle un grand coup lorsque c'est fait, cet accident culinaire m'aura bien stressée. Il n'empêche, ce Lycan est décidément bien étrange.
Sans commentaire.
Peut-être qu'un bain m'aidera à oublier tout ça? Il ne vaut mieux pas, j'ai encore trop de travail. Et puis un bain sans Michiru, ce n'est pas drôle. Oh, ce qu'elle me manque...
Retour aux études. J'imagine que résoudre une équation paramétrique ne vous intéresse pas ? Moi non plus. Je me demande comment Lycan a fait pour apprendre tout ça, et en quoi ça l'a aidé à changer aussi vite. Mais maintenant que j'y repense, moi aussi j'ai beaucoup progressé en un mois. Au moins sur le plan émotionnel. Avant, il m'arrivait de parler de moi à la troisième personne, probablement parce-que je n'arrivais pas à m'accepter en tant qu'individu. J'ai aussi eu beaucoup de mal à savoir si au fond de moi j'étais un garçon ou une fille étant un esprit à la base, la question n'est pas si simple. J'avais hésité un moment. On dit que je ressemble à un garçon dans un corps de fille, un garçon manqué en somme. Mais en vérité au fond de moi je me fiche de comment on me considère, tant que ça ne m'empêche pas de vivre. Mon vocabulaire a également beaucoup augmenté; les mots d'argot étant venus en tête de liste, vous l'aurez sûrement remarqué. Mais j'ai encore des progrès à faire : il m'arrive de parler dans ma tête à des gens qui n'existent pas.
Le temps passe et sans m'en rendre compte, je baille de plus en plus. Mon corps commence à s'alourdir, mais mes paupières plus que tout le reste. Il faut que je me pose. Je me sens de plus en plus faible, mes yeux n'arrivent plus à rester ouverts. Ensuite, c'est le trou noir.
Je ne sais plus depuis combien de temps je flotte dans l'obscurité. Seule. Mes forces sont revenues depuis longtemps et la lumière est bien au dessus de moi dans le noir, mais je ne vois aucune raison de venir la toucher. Aucun bruit, aucune voix, aucune présence autour de moi, alors en quoi me réveiller changerait-il quoi-que-ce-soit ? Puis quelque-chose change. Je sens mon corps se déplacer, comme porté par des bras invisibles, et être posé sur une surface plus douce. Puis des mains délicates s'affairent à me retirer mes vêtements, sans que je puisse ou veuille les en empêcher. Elles défont ma fermeture-éclair, me débarrassent de ma veste et de mon t-shirt. Elles me débarrassent de mon pantalon, de ce que j'ai aux pieds, et me recouvrent d'un drap. Ensuite, elle me regarde de ses émeraudes qui me feront toujours frémir intérieurement. Enfin, des lèvres familières viennent rencontrer mon front et c'est lorsque je ne les sens plus que je me précipite de toucher la lumière.
Je suis à nouveau seule lorsque j'ouvre les yeux mais je sais qu'elle était là à l'instant, et qu'elle n'est pas très loin maintenant. Elle, la seule à pouvoir me réveiller.
Je me lève sans même prendre le temps de me couvrir et me précipite dans le couloir dans l'espoir de la rattraper. C'est là que je tombe sur Lycan, qui en me voyant se fige droit comme un i, avec regard ahuri, yeux et bouche grand ouverts.
« Dis, tu n'aurais pas vu Michiru ? Je crois qu'elle vient de rentrer.
Un blanc.
-Eh bien quoi ? Qu'est-ce-qu'il y a ? Dis quelque-chose, on dirait un poisson mort.
Il ferme les yeux, secoue frénétiquement la tête, et hausse les épaules. Ça y est ? Il est revenu à lui ?
-Tu devrais chercher vers les douches.
-Merci.
-Oh, mais de rien » ,crois-je l'entendre dire après avoir fini de le croiser. Vraiment étrange, ce garçon.
Lorsque j'arrive aux douches, Michiru est déjà dévêtue et entre dans l'une d'elles. Elle ne m'a pas remarquée, mais moi j'ai vu qu'elle n'avait pas l'air bien. La chasse aux zombies semble l'avoir fatiguée, troublée, dans tous les sens du terme, et ce un peu plus chaque soir. Je me dis immédiatement qu'elle a besoin de réconfort. Je me plaque contre le mur, ferme les yeux et me mords la lèvre inférieure. J'ai passé la majeure partie de mon existence dans les limbes de l'inconscient à essayer d'imaginer à quoi pouvait ressembler une vie normale. N'ayant même pas un corps à contrôler je pensais que le contact charnel constituait mon unique moyen d'exprimer mon affection à quelqu'un, que c'était la seule chose bien que je serai jamais capable d'offrir. Bien que mon attrait pour Michiru fut surtout physique au départ, la suite me prouva que j'avais tort en tout point mais c'est tout-de-même resté ma façon préférée de l'aborder, de lui dire que je l'aime et bien sûr, de la réconforter. J'arrache mon soutien-gorge et me glisse hors de ce qui me reste de vêtements.
Je m'approche d'elle, elle sursaute en me voyant. Elle essaye de parler mais je ne lui en laisse pas le temps. Nos lèvres s'unissent, nos corps se réunissent. Une pluie chaude vient nous envelopper, et nos sens commencent à s'enflammer. Un océan de chaleur. des vagues de caresses. Et au milieu d'un tourbillon de sensations, trois mots que j'ai deviné, qu'elle refuse de laisser se noyer. Je l'entends me les murmurer, me les soupirer, me l'avouer, le gémir, le crier...
''Je t'aime !''
Je sais Michiru, je sais.
Nos mains se joignant, nous atteignons le firmament. Nos fleurs, se faisant consumer, sont submergées par un raz-de-marée.
Nous échouons sur un lit. Michiru est prête à sombrer dans le sommeil, et je la suivrai bientôt. J'embrasse son visage et surtout ses paupières. Je la couvre soigneusement, puis la caresse et l'embrasse aussi tendrement que je le peux. Puisse tout être parfait pour elle lorsqu'elle s'endormira. Ses yeux se ferment je me pousse alors sur le côté pour à mon tour profiter de la voir somnoler. Elle murmure mon nom. Par instinct, je lui prends la main. Elle me regarde dans les yeux, les siens semi-ouverts, le visage à moitié anxieux. Je lui souris.
Ne t'inquiète pas, je suis avec toi. Viens par là...
Je l'enlace et elle se laisse faire. Elle se serre contre moi, et me laisse jouer avec ses cheveux jusqu'à-ce-qu'elle s'endorme. Avant de l'imiter, je repense à ce que je m'étais dit en lisant un livre un mois auparavant.
Dans ce pays, le deuil a la couleur de mes yeux. Pour moi, les choses étaient claires, cela signifiait que mon existence était vouée à la fatalité. Et puis un jour, Michiru m'a dit qu'elle les trouvait beaux. Elle est peut-être la seule à m'avoir jamais dit pareille-chose, mais cela m'a suffi pour réaliser que je pouvais faire de ma vie quelque-chose de magnifique. Je ne sais pas si Michiru sera toujours avec moi, ni combien de temps mon existence durera. Puisse-t-elle seulement se passer comme une simple journée à ses côtés.
Merci d'avoir lu.