Salut tout le monde, comment ça va par ici ?
J'ai recroisé cette fic en faisant du ménage sur mon compte et je me suis dit.. pourquoi ne pas la finir ? Alors me voilà. J'ai perdu le plan (en 4 ans en même temps...) donc la fin va être improvisée mais je vais faire de mon mieux !

TW : mention d'hospitalisation/dépression

Enjoy !

Les jours avaient filés. Les semaines. Puis finalement quelques mois. Mathieu et Antoine avaient repris un contact amical par sms, ils prévoyaient des sorties, des soirées, des vidéos mais il y avait toujours un fâcheux empêchement de dernière minute.

Ils ne s'étaient plus revu depuis cette journée dans paris.

Le portable de Mathieu se mit à vibrer alors qu'il émergeait difficilement d'un sommeil post-grosse-nuit-de-tournage

"kestuveu Antoine ?" marmonna-t-il en décrochant

"Ça t'embête si je passe ?"

Sa voix était un peu pressante. fatiguée.

"Nan pas de problème, y'a un truc ?"

"Je t'en parlerais en arrivant, je me met en route"

"Okay, bah je vais me préparer alors"

"Merci"

Antoine avait raccroché.

C'était très inhabituel et Mathieu s'inquiétait de la nouvelle qui avait pu tomber pour que son ami soit dans cet état et plus encore pour qu'il débarque chez lui alors même qu'ils évitaient plus ou moins de se croiser en vrai depuis quelques temps.

Il prit une douche rapide et rangea un peu le lieu de vie qui avait souffert du tournage : des pièces de costume traînaient ça et là, témoignant de son empressement lors des changements de personnage, des canettes de boissons énergisantes vides reposaient en piles sur une table et des emballages de nourriture livrée à domicile faisaient de même au sol.

Il finissait tout juste lorsque des coups furent frappés à sa porte

"Ouais ouais, j'arrive !" lança le vidéaste en se débarrassant de ses dernières canettes dans la poubelle de recyclage.

Il contourna la table de la cuisine pour arriver à la porte et ouvrir à un Antoine qui semblait soulagé de le voir. Mathieu l'invita à s'installer sur le canapé, lui proposa un café qu'il accepta et se joignit enfin à lui, lui tendant une tasse en gardant l'autre. la fatigue le rattrapait déjà.

"Désolé de venir comme ça tout à coup.."

"Mais y'a pas de problème, qu'est-ce qui se passe ? Je peux faire quelque chose ? T'as pas l'air bien."

"j'ai du mal à dormir, le tournage pour le prochain WTC se passe mal je pense que je vais faire une pause."

Mathieu était choqué de la nouvelle mais il voulait avant tout soutenir son ami

"Une pause pourrait te faire du bien si tu n'es plus satisfait."

"Je réfléchi à un concept. Une série audio peut-être. J'ai envie de neuf, je pense à des trucs. J'ai besoin de m'éloigner de YouTube quelques temps."

S'éloigner de YouTube. Mathieu y pensais aussi un peu parfois. S'éloigner de Paris aussi.

"Tu es venu pour me dire que tu allais faire une pause ? Tu n'as pas de comptes à me rendre, en plus on a toujours prévu aucun cameo ensemble donc ça me dérange pas plus que ça, mais je pense que tu vas manquer à ta commu"

"Ouais, possible... Je sais pas si j'ai envie de prendre une pause ou de tout arrêter."

Antoine regardait dans le vide. Il avait l'air épuisé, surtout avec la lumière du matin qui soulignait ses cernes.

Un silence de quelques instants passa

"Tu sais..." Commença Antoine "Je me suis inscrit sur une appli l'autre soir. Je me sentais seul, j'étais bourré..."

"Ah ouais ? Un site de rencontre ?"

"Ouais. J'ai crushé sur un mec je crois. J'ose pas lui envoyer de message."

Le cœur de Mathieu lui faisait soudain très mal.

"Tu devrais tenter, on sait jamais ! Je savais pas que tu étais aussi attiré par les mecs, tu caches des choses à ton meilleur pote maintenant !" rit-il faussement

"C'est pas si simple" rougit le chevelu

Il mourait d'envie qu'Antoine parte.

Le voir là, près de lui, en train de parler d'un autre avec timidité, avec tendresse, était insupportable.

Insupportable.

"Ça me fait plaisir que tu sois venu Antoine"

"Ouais, ça faisait longt-"

"Mais j'aimerais que tu partes maintenant s'il te plait" le coupa-t-il

Antoine était presque en état de choc, il n'osa rien dire, fixant Mathieu, éberlué.

"J'ai bossé toute la nuit, dormi deux heures et j'ai beaucoup de montage qui m'attend, donc comme tu vas bien j'aimerais que tu me laisses travailler s'il te plait."

L'attitude de Mathieu trahissait que la raison de sa demande de solitude avait plus à voir avec Antoine qu'avec le boulot mais le grand chevelu hocha la tête, résigné et quitta l'appartement en silence sous le regarde du plus petit qui s'était levé.

Maître Panda arriva juste à temps pour rattraper Mathieu qui s'effondrait, pleurant toutes ses larmes. L'ursidé le réceptionna doucement, accompagnant sa chute au sol et le garda contre lui jusqu'à ce que, plus d'une longue heure plus tard, il s'apaise.


Antoine n'avait pas envoyé de messages à Mathieu.

Mathieu n'avait pas envoyé de messages à Antoine.

Et ça durait depuis des mois.

Antoine avait finalement arrêté les WTC alors que Mathieu rempilait avec la saison 6 que le publique avait de plus en plus de mal à aimer, autant que Mathieu qui haïssait son enfant à présent. Salut Les Geeks n'avait plus que peu de temps devant lui, il le sentait.

What The Cut avait laissé place à Clyde Vanilla, qui avait laissé place au silence.

Sentimentalement, Mathieu était passé du désespoir à la tristesse. De la tristesse à la colère. Et de la colère à l'indifférence. Il ne voulait plus entendre parler d'Antoine pour ne pas retomber dans son propre piège stupide à aimer son meilleur ami qui avait "crushé sur un mec".

Insupportable.

mais là, avec presque une année écoulée, il se sentait prêt.

Il était prêt.

À rencontrer quelqu'un d'autre.

Il s'installa sur son canapé avec de la pizza et une émission quelconque à la télé. Maître Panda, qui était devenu son plus proche confident et ami, s'était installé en silence avec lui, faisant semblant de s'intéresser à la télé uniquement dans le but d'être proche de Mathieu. Au cas où. Il savait parfaitement ce que son créateur était sur le point de faire, ils avaient convenu de se retrouver à cet endroit pour se lancer tranquillement dans la mission : rebâtissons la vie sociale de Mathieu.

Le vidéaste commença par le début : télécharger Tinder, qu'il avait eu bien longtemps auparavant quand il avait commencer à comprendre ses sentiments pour Antoine mais qu'il n'avait pas voulu se l'avouer.

Il s'occupa ensuite de remettre à jour son profil, ses préférences, sa photo et par la suite il commença donc à regarder ce que l'application lui proposait en mâchonnant sa pizza.

Après quelques temps il avait finalement matché avec quelques personnes, femmes et hommes, et engagé quelques conversations. L'un d'entre eux lui plaisait particulièrement, un compte assez mystérieux qu'il avait liké "pour voir" quand il avait commencé à prendre l'application en main. C'était un profil avec une photo de chat en pp, peu de détails sur lui, "Paris" en localisation. Intrigant.

Et plus il discutait avec lui, plus il lui plaisait, acceptant de jouer le jeu de l'autre qui ne voulait pas se montrer.


Ça faisait plusieurs mois que Mathieu discutait avec son mystérieux crush tous les jours, il irradiait de bonheur, bonheur qui était contagieux et avait atteint toute la joyeuse troupe. Même le patron l'avait gentiment taquiné à ce sujet.

Maître Panda l'avait affectueusement félicité d'avoir réussi à passer à autre chose aussi brillamment.

Le Geek avait téléchargé Tinder

Et la vie continuait.

Jusqu'à la vibration du portable de Mathieu, vibration spécifique qu'il connaissait par cœur et attendait chaque jour. Il avait un message sur Tinder.

Son cœur avait raté un battement et il s'était mis à sautiller partout, incitant Maître Panda à lui demander la raison de son excitation

"C'est lui ! Il est dans un bar pas loin et il propose qu'on se voit ! Tu crois que je dois y aller ? Tu crois qu'il va m'apprécier ? Tu crois que c'est une blague ? Tu crois-"

"Mathieu !" l'interrompit le panda avec un grand sourire "Je crois surtout que tu dos prendre une douche, te changer et filer avant qu'il lève le camp !"

Ni une ni deux, Mathieu était lavé, apprêté (mais pas trop pour ne pas avoir l'air coincé) et sortait de chez lui avec la bénédiction de Maître Panda et un préservatif glissé sournoisement dans sa poche par le Patron.

Des centaines de questions lui venaient alors qu'il marchait rapidement vers son point de rendez-vous. Comment était-il alors ? Est-ce qu'il lui plairait autant en vrai que par messages ? Comment allait-il le reconnaître d'ailleurs ? Il ne l'avait jamais vu, il faudrait que ce soit lui qui le voit et lui fasse signe. Est-ce qu'il était trop bien habillé pour une simple sortie au bar ? Ou pas assez bien pour un rencard ? Est-ce qu'il allait remarquer que Mathieu s'était rongé les ongles sur le trajet ? Est-ce qu'il était anxieux lui aussi ?

Lorsque le bar fut enfin à vue, il envoya un message à son aimé pour l'avertir de son approche, le prévenir qu'il l'attendrait à l'entrée puisqu'il ne pouvait pas le reconnaître. La réponse affirmative arriva aussitôt : Il allait venir le chercher.

Mathieu n'en pouvait plus d'attendre, l'impatience le rendait extatique, il ne tenait pas en place et se tordait les mains dans l'entrée du bâtiment en essayant de voir d'où allait arriver son rencard.

La porte s'ouvrit derrière lui, un main se posa sur son épaule, faisant sursauter le vidéaste.

"Salut Mathieu"

Cette voix. Douce. Posée. Un peu rauque.

Il frissonna.

"Si c'est une bague... Elle n'est pas drôle, Antoine." murmura-t-il en se tournant

Antoine l'invita à le suivre dans le bar, s'installant à l'étage où les tables étaient basses et entourées de canapés.

Ils commandèrent des bières et gardèrent le silence un moment.

"J'ai mis beaucoup de temps à me remettre de toi." murmura soudain Mathieu

"Mais tu as réussi."

"pas vraiment on dirait."

Antoine l'observait silencieusement. Il ne s'était pas vraiment fait passer pour un autre, il n'avait juste pas dit que c'était lui.

"Pourquoi n'avoir rien dit ?"

"Tu aurais continué à me parler comme ça ? Aussi ouvertement ? Avec passion ?"

Nouveau silence. Bien sûr que non. Ils le savaient tous les deux.

"Tu as liké mon profil avant ou après que-" commença Mathieu

"Avant. C'était toi mon crush."

Mathieu hocha la tête.

"Et toi, tu as liké aussi. Après."

"Je voulais passer à autre chose. Je me sentais prêt à ne plus penser à toi"

"Peut-être qu'on aurait dû en parler."

"J'avais honte et j'avais mal."

"Je ne voulais pas empiéter sur ton temps, tu avais l'air occupé. Et je me sentais tellement mal quand tu m'as chassé..."

Dans les yeux bleus du plus petit brillaient des excuses et des larmes d'émotion. Il s'en voulait horriblement.

Ils restèrent silencieux quand le serveur leur apporta leurs consommations et commencèrent à boire en silence.

"Et tout ce que tu me disais sur tes voyages, tes projets... tes sentiments ?"

"C'était vrai. J'ai beaucoup bougé, j'ai envie de faire énormément de choses... Et je t'aime."

Antoine avait fini sa phrase avec l'espoir que Mathieu y répondrait mais il n'en fit rien. Le silence régna un moment.

"Maître Panda serait en rage s'il savait. Et je crois que le Patron essaierait de te tuer."

"Vraiment?"

"Tu ne sais rien de ce que j'ai traversé pendant tout ce temps."

"Mes cinq mois d'hospitalisation pour dépression grave te disent le contraire."

Antoine était sec. Quoi, ce n'était pas un concours ! ils avaient souffert tout les deux. Bêtement.

"Tu ne me l'avait pas dit..." souffla Mathieu en posant sa main sur celle de l'autre.

Il n'avait pas vraiment changé, quoi qu'il avait maigri, ses joues s'étaient creusées.

"Je ne voulais pas t'inquiéter. Et puis, tu n'aurais rien pu y changer de toute façon..."

"J'aurais pu être là !"

"L'aurais-tu seulement voulu à ce moment ?"

"Oui ! Je t'aimais bordel !"

Aimais. Passé. Intégrer l'information en faisant semblant de ne pas la prendre comme un coup de poing dans l'estomac. Ne pas pleurer.

"Et ce n'est plus le cas ?" tenta-t-il

"Je ne sais pas."

Silence.

Une gorgée de bière.

"Je suis tombé amoureux d'un autre. Et j'apprend que c'est toi. Je suis perdu Antoine. J'avais accepté que ça n'arriverait pas et on est là et je sais plus !"

Il n'avait pas retiré sa main. Espoir.

"On pourrait au moins essayer de se retrouver maintenant ?" proposa Antoine

Ils passèrent alors la soirée à discuter, finalement ils savaient déjà presque tout de l'autre puisqu'ils se parlaient depuis des mois. Ils restèrent sagement sobres, buvant sirops et coca, réussissant à créer finalement une bonne atmosphère entre eux. Ils n'avaient pas pardonné, c'était trop tôt, mais ils donnaient chacun sa chance à l'autre. Ils étaient après tout aussi fautifs l'un que l'autre.

La nuit était tombé quand Mathieu commença à bailler.

"Je te raccompagne." insista Antoine en payant au passage la note

Ils marchèrent tranquillement dans les rues sombres, profitant du silence après le brouhaha du bar. profitant du calme pour apprivoiser leurs ressentis. De l'amour pouvait germer de ces retrouvailles, surtout maintenant qu'ils s'étaient tout avoué, leur passion, leur tristesse, leur fatigue, leur solitude, leurs espoirs.

Sur le pallier de l'appartement, Mathieu sembla hésiter avant de glisser la clef dans la serrure. Il ne voulait pas dire au revoir à Antoine.

"Est-ce que je peux t'embrasser ?"

La question avait été posée tout bas. Sans prétention. Sans insistance.

Mathieu se tourna, Antoine était à une distance de respect, attendant sagement sa réponse.

"Embrasse moi." souffla-t-il

Le minuteur du hall de l'immeuble s'était éteint à ce moment, mais ils ne prirent pas vraiment la peine d'appuyer sur le bouton de l'autre coté du couloir. Antoine posa doucement ses mains des deux cotés du visage de Mathieu et déposa sur ses lèvres un baiser doux, un simple baiser qui voulait dire énormément. Et il s'écarta pour déposer un baiser dans son cou. Juste un.

"Reste dormir.." chuchota Mathieu

Antoine le regarda avec hésitation

"Juste dormir, promis." insista le petit brun

Antoine accepta.

Silencieusement, ils entrèrent dans l'appartement pour aller s'installer dans la chambre. Ils y partagèrent quelques baisers pleins d'espoir et de paix.

Quelques promesses pour après, pour plus tard.

Et passèrent, à partir de là, toutes les nuits de leurs vies ensembles, lovés, embrassés, en paix et pleins de promesses.

Et dire que tout ça avait commencé par juste une danse.


C'est ainsi que je tire ma révérence après tout ce temps, j'espère que l'attente aura valu le coup

Review ?